Remarque préliminaire: définition des deux démarches envisageables:
- une approche statistique: c'est une démarche ascendante à partir des données les plus détaillées, pour faire émerger des types (ou construire une typologie pertinente);- une approche experte: c'est une démarche descendante qui définit des seuils à partir de connaissances externes à la base de donnée, qui permet de structurer la pêcherie.
Les deux démarches sont complémentaires, peuvent se valider mutuellement, mais doivent eu tous les cas faire l'objet d'une documentation explicite sur la méthode adoptée
Zone autorisée: il s'agit de l'interprétation d'un texte réglementaire définissant les conditions d'accès qui s'appliquent à l'intérieur d'une ZEE. La zone autorisée exclut les zones interdites (pêche ou autre), a une période de validité précisée dans les textes, et s'applique à toute ou fraction de la flottille. Ses contours sont déterminés dans les textes relatifs aux différents accords de pêche (qui font en fait souvent état des zones interdites), et doivent par ailleurs exclure les zones globalement interdites (zone militaire, chenaux de navigation,...).
Zone accessible: il s'agit d'une zone physiquement fréquentable par une flottille s'adonnant à la pêche, et dont les limites sont déterminées par les caractéristiques (type physique, moyen de navigation, moyen de conservation) propres à cette flottille, la ZEE doit structurer la zone accessible, sans toutefois la délimiter, et ceci afin de rendre ce concept exploitable en pêche artisanale comme en pêche industrielle, à l'échelle nationale comme à l'échelle régionale; par ailleurs, certaines limites peuvent structurer la zone accessible lorsqu'elles sont pertinentes d'un point de vue économique.
Les contours de cette entité géographique sont déterminés à partir du port (ou du point de transbordement, qui est souvent situé dans une rade) par le rayon d'action spécifié pour le type de bateau, moins les éventuelles régions inaccessibles relatives aux obstacles physiques pour ce type de navire (faible bathymétrie pour les gros navires, mer trop forte pour les petits,...).
La zone accessible a une durée de validité temporelle, liée à une stabilité des paramètres intervenant dans la définition de ses limites.
Les principaux paramètres permettant d'appréhender les distances maximales, ainsi que les obstacles physiques, ont été listés:
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Type d'information |
Paramètre géographique |
Paramètre physique flottille |
Valeur du paramètre physique |
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distance maximale |
® rayon d'action |
motorisation |
moteur/non moteur puissance moteur |
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moyen de navigation |
équipements de navigation présents |
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® autonomie |
mode de conservation |
type et volume de conservation |
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capacité des réservoirs |
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® inventaire des lieux fréquentés à partir d'un port |
combinaison des paramètres ci-dessus |
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obstacles physiques |
® bathymétrie minimum |
tirant d'eau pour les grands bateaux |
valeur du tirant d'eau |
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® agitation de la mer |
tenue à la mer pour les petits bateaux |
taille et forme de la coque |
Zones d'activité:
Il est nécessaire de distinguer la zone d'activité potentielle de la zone d'activité effective. Toutes deux sont nécessairement incluses dans la zone accessible.
La zone d'activité potentielle est délimitée par les contours des régions où le bateau pourrait réaliser concrètement des opérations de pêche, compte tenu de la pratique de pèche concernée, et indépendamment de la réglementation en vigueur. Elle est déterminée par des critères objectifs au niveau de la connaissance experte (critères relatifs à la capacité d'un équipage à mettre en oeuvre un engin donné). Les fonctionnalisés propre au SIG permettront de la construire en combinant les facteurs de l'environnement contraignant la fréquentation de la zone accessible.
La zone d'activité effective correspond en revanche aux zones d'activité potentielles où l'on observe effectivement des opérations de pêche. Certains paramètres de la pratique de pèche restreignent en effet la zone d'activité potentielle:
- le respect de la réglementation en vigueur à travers la zone autorisée (dans la mesure où l'on peut considérer que la réglementation relative à la zone autorisée est respectée);- habitudes de pêche, niveau de connaissance des zones maritimes, risques envisagés;
- tout autre paramètre subjectif propre à l'exploitant.
L'approche statistique permet d'appréhender directement la zone d'activité effective, dans la mesure où les objets géographiques utilisés pour la représentation de cette information statistique sont d'une échelle compatible à cette analyse.
Validité temporelle des zones d'activité: la zone d'activité potentielle est bornée dans le temps par l'existence des types techniques de bateaux et des pratiques de pêche qui ont permis de la définir. A l'intérieur de cette période, la zone d'activité effective peut varier au cours du temps (par exemple si la zone autorisée change, ou si les connaissances de l'équipage évoluent).
La confrontation des zones d'activité potentielle et effective permettra éventuellement, à travers l'identification des régions maritimes discordantes, de déduire certains des paramètres experts jusque là non pris en compte, explicatifs de l'existence de régions non fréquentées lors des activités de pêche.
Zones d'exploitation:
La zone d'exploitation correspond au niveau de résolution spatio-temporelle le plus fin tenant compte de la nature des facteurs qui expliquent le comportement des exploitants. A ce niveau, le comportement de l'exploitant s'extériorise par le choix et la recherche d'espèces cibles. La zone d'exploitation a donc un sens proche du critère "zone" entrant dans la définition du métier.
La zone d'exploitation est un produit d'analyse en terme de modélisation spatiale, c'est donc un résultat de l'application SIG: sa délimitation résulte de la confrontation de l'information sur la ressource (seuils d'abondance, de variabilité ou d'occurrence des espèces cibles), et de la localisation de l'activité des groupements d'exploitation. La calibration sur une base géographique commune de ces deux sources d'information doit permettre de statuer sur les paramètres expliquant le comportement des exploitants. C'est donc l'approche statistique qui reste privilégiée pour la délimitation des zones d'exploitation.
La difficulté d'élaboration des zones d'exploitation tient essentiellement dans la définition des groupements d'exploitation et la connaissance de leurs comportements. La stratégie d'un groupement d'exploitation est définie sur la base de critères sociaux (reconnaissance, ...), économiques (rentabilité, minimisation du risque), culturels (opportunisme, ...). A chaque stratégie correspond une représentation différente que peut avoir l'exploitant de la ressource ciblée. De ce fait, l'approche experte reste possible, mais implique une bonne connaissance du système d'exploitation.
La typologie des zones d'exploitation doit résulter d'une démarche rigoureuse permettant de répondre aux questions: quelle exploitation, quand et ou a-t-elle heu, et quels buts poursuit elle ?
Identification des groupements d'exploitation
C'est un ensemble qui répond à une définition, qui constitue un objet d'étude sur lequel on veut faire une analyse spatio-temporelle. Il a une période de validité, et éventuellement on lui associe une fréquence d'analyse (la résolution temporelle).
L'objet d'étude est construit pour répondre à un objectif d'analyse. De cet objectif découlent des questions qui permettent de définir la résolution spatio-temporelle et les variables d'intérêt.
Un groupement d'exploitation est caractérisé par un ensemble de critères, et plus précisément à partir de la valeur d'un ou plusieurs de leurs attributs:
ces entités sont:
- port
- licence
- type technique
- armement
- pratique de pêche
- métier
exemple: groupement des pêcheurs artisans motorisés de Saint Louis pratiquant la mixité ligne-filet
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Entités utilisées comme critères |
Combinaison de valeurs de certains attributs | ||
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et |
Port ® |
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nom = "Saint Louis" |
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Type technique ® |
et |
embarcation = "pirogue" moteur = "oui" |
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et |
Pratique de pêche ® |
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Engin = "ligne ou filet" |
Dimension spatio-temporelle associée au groupement d'exploitation: le groupement correspond à une échelle de perception de la pêcherie à un niveau spatio-temporel qui correspond au degré d'organisation étudié:
exemple: groupement des pêcheurs artisans motorisés de Saint Louis pratiquant la mixité ligne-filet
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période |
1982 - 1992 |
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résolution temporelle |
quinzaine |
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résolution spatiale |
strate (bathymétrie x latitude) |
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couverture géographique |
région nord Sénégal |
La définition de ce groupement d'exploitation correspond donc à une sélection des individus de la base de donnée (concept de "vue"), à laquelle on doit pouvoir associer une population statistique, ce qui implique donc la connaissance de la démarche d'acquisition de l'information (plans d'échantillonnage, enquêtes, ...).
L'exemple ci-dessus illustre le fait que l'information doit être préalablement compilée au niveau de la résolution spatio-temporelle sur laquelle on souhaite travailler.
Relations entre zones de géo-aménagement et groupements d'exploitation
Le tableau 2 du texte principal récapitule une liste des principaux attributs relatifs aux entités d'exploitation, dont les combinaisons permettent de définir différents groupements d'exploitation ainsi que les zones de géo-aménagement correspondantes.
