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3 DESCRIPTION DE QUELQUES ESPECES ET PRODUITS PRIORITAIRES

Les principaux produits forestiers non ligneux pour lesquels, les informations sont disponibles sont :

La gomme arabique

La noix de karité

La spiruline

La chasse officielle

3.1 La gomme arabique


3.1.1 Historique

Au XV ème siècle, des navigateurs européens découvrent la gomme arabique sur les côtes du Sénégal et de la Mauritanie actuelle. Au XVIII ème siècle, une "guerre de la gomme" sanglante et acharnée permet à la France d'obtenir le monopole de son commerce sur la côte ouest africaine (Dandoy, G., 1996).

Au début du XX ème siècle, l'Angleterre désenclave l'autre grand berceau de la gomme arabique en faisant construire une ligne de chemin de fer entre Eloubeid c_ur de la région de Kordofan et Port soudan. L'Angleterre et la France transforment en Europe la gomme que leurs flottes marchandes acheminent à partir des comptoirs : la gomme devient une denrée d'initiés, commencée par les deux puissances coloniales (Didier GAVENS, 1999).

3.1.2 La gomme au Tchad

C'est une vaste zone profonde de 300 à 400 km qui borde, l'ensemble des déserts sahariens, de l'Afrique à l'ouest indien. Le gommier en occupe la portion la plus méridionale la plus arrosée en contact avec une autre zone notamment aussi délimitée, celle des combrétacées.

Le Tchad est traversé d'est en ouest par une "écharpe gommière" (Michon, P., 1968), correspondant à une zone où la pluviosité variant de 260 à 450 mm et favorable à la végétation des gommiers et à l'exsudation de la gomme arabique.

Selon Michon, P., les premières exploitations du Tchad, ont commencé à partir de 1956 - 57 avec moins de 60 tonnes. La commercialisation a atteint en 1965-66, plus de 850 tonnes, soit dix ans plus tard.

La gomme était connue des tchadiens qui la commercialisent aux petits tas sur les marchés locaux pour leurs besoins propres. S'ajoute à cela, les commerçants du Darfour (Soudan) venaient acheter la gomme aux paysans de la région frontalière.

A l'origine, il n'y avait pas de saignée, c'était un produit de cueillette, ce qui donne une mauvaise qualité avec des déchets d'écorces.

Aujourd'hui, l'aire de répartition de la gomme est la zone intertropicale sèche située entre les latitudes 11_ et 17 _ nord avec les isohyètes de 150 mm à 900 mm/an. Les principales zones de prédilection de la gomme arabique sont : le Ouaddaï, le Biltine, le Batha, le Guera, le Kanem, le Lac, le Salamat et le Chari-Baguirmi.

Les principales espèces rencontrées sont : l'Acacia senegal, l'Acacia seyal, l'Acacia laeta et le Sterculia setigera. L'aire de répartition de L'Acacia Sénégal (kitir) est estimée à plus de 38.000 km2. Les espèces gommières ( A. Sénégal et A. Laeta) sécrètent une gomme dure proche de KORDOFAN soudanais qui représente la référence mondiale pour la qualité.

L'espèce gommière A. Seyal produit de la gomme appelée "talha". C'est une gomme de qualité mondiale que les deux premières espèces suscitées. Quant à l'espèce gommière Sterculia setigera, elle exsude de la gomme qui n'est pas pour le moment demandée sur le marché international.

Les potentialités gommières de toutes les zones du Tchad sont estimées à 19.040.034 hectares.

Aujourd'hui, le gommier dans sa zone production, il est planté, saigné et récolté de la gomme à l'âge de trois ans.

3.1.3 Les méthodes d'exploitation

Plusieurs techniques ont été préconisées dans le cadre du programme d'Appui à la filière gomme arabique en zone sahélienne, depuis le choix de l'emplacement, au semis, plantation, l'entretien, jusqu'à l'exploitation.

Comme souligner plus haut, à l'origine, la gomme résulte de l'exsudat naturel de l'arbre. Par la suite plusieurs techniques sont préconiser pour garantir la viabilité de la filière ainsi que l'amélioration de la qualité du produit commercialisé.

Les méthodes rationnelles de saignées sont principalement :

- la méthode soudanaise dite "tapping" : les arbres sont écorcés à la bache (Farrar) instrument à petite lame avec lequel on effectue deux entailles longitudinales parallèles peu profondes de 40 à 60 cm de long ensuite l'écorce est arrachée à la main. Soit le "tapping tool" l'usage d'un instrument en forme de hallebarde permettant d'effectuer des saignées à une grande distance du tronc. Soit la méthode carrée qui consiste à faire avec le "farrar" trois à quatre carrés sur une branche ou sur le tronc, ceci conduit à obtenir une bonne intensité du gemmage et éviter le dépérissement de l'arbre. Ceci dans le strict respect de la période de gommose : de décembre à juin ;

- apprendre aux paysans exploitants une bonne pratique d'élagage des Acacia gommiers pour le pâturage aérien et autres usages traditionnels.

3.1.4 Les différents types d'aménagement des gomméraies

pour garantir la production de la gomme arabique sans entamer la pérennité de l'arbre, quelques aménagements s'imposent :

3.1.5 Les mises en défens systématiques

En raison d'une emprise humaine et animale très forte (exploitation intensifiée pour le bois de feu, surpâturage, coupe systématique des arbres gommiers par les éleveurs pour le pâturage aérien, feu de brousse, saignée exagérée), on assiste à un dépérissement des peuplements entiers des gommiers. La mise en défens peut être une solution à toutes ses menaces.

3.1.5.1 L'aménagement agro-sylvo-pastoral

Les zones de gomméraies étant généralement à vocation agro-sylvo-pastorale. Ce type d'aménagement pourrait mieux assure une bonne gestion. Il peut promouvoir une augmentation globale de la production du fourrage aérien, satisfaire le besoin en bois de chauffe, augmenter la production de la gomme arabique et aussi augmenter les rendements des cultures céréalières. En effet, c'est un aménagement qui consiste à associer le gommier aux cultures traditionnelles soit simultanément et successivement le bétail dans des plantations des gommiers de 3 0 4 ans.

3.1.6 Les droits de possession

Selon l'article 3 du décret n_80/PR-EFPC du 3 mai 1965 portant réglementation de l'exercice des droits d'usage en matière forestière, est excepté (des règlements des taxes) ; L'exploitation commerciale, des gommiers par les collectivités auxquelles ces récoltes appartiennent traditionnellement ; cette exploitation peut être cependant limitée pour des raisons de sauvegarde des peuplements. En effet, ce texte donne un droit d'accès limité aux exploitants.

A coté de ce texte, on distingue trois modes d'accès :

- libre

- communautaire

- individuel

L'accès individuel à l'espace est conféré par le chef de l'unité de production. L'accès libre ne confère qu'un droit de passage et de prélèvement. En raison de son caractère multiforme, l'espace non clos reste libre d'accès pour un usage limité correspondant au droit d'usage. L'accès communautaire permet d'exploiter le milieu, d'en tirer un profit.

L'exploitation du milieu nécessite la disposition d'un droit de culture, de coupe de saignée des gommiers. Ces droits se trouvent dans les mains de celui qui détient une exclusivité sur l'espace (chef de village, chef de terres, etc.).

Le territoire de l'espace conditionne la forme de contrôle qui s'exerce dessus. Ainsi l'espace fréquenté par les pasteurs reste jusqu'à une certaine latitude de contrôle par les sédentaires. A la mise en culture se rajoute depuis peu l'exploitation de la gomme arabique. Traditionnellement, les pasteurs ont toujours eu l'habitude des saigner les acacias pour récupérer la gomme dure qu'ils commercialisent au marché le plus proche sans aucune forme de restriction.

L'augmentation du prix a eu pour conséquences une réticence progressive de la part des villageois vis à vis de la saignée des arbres situés leur terroir. Ce qui a obligé aux pasteurs d'obtenir de l'autorisation pour saignée ou des contrats de types métayage.

Toujours face à l'accroissement de la valeur commerciale, la gommaraie fait l'objet d'un contrôle exclusif par les sédentaires qui considèrent leur brousse comme une source réelle de profit qu'ils entendent exploiter eux-mêmes et donc par préserver (BARRIERE, O., 1999).

3.1.7 La destination de la gomme arabique

La destination de la gomme est fonction de son utilisation. D'une manière générale, on distingue deux types des destinations depuis sa production, jusqu'à sa consommation finale. On distingue la destination pour la consommation locale et l'exportation.

3.1.7.1 La consommation locale

Localement, la gomme est utilisée comme une série des produits alimentaires et des besoins destinés à l'alimentation humaine dans des préparations des pharmacopées traditionnelles.

3.1.7.2 Exportation

Pour la commercialisation/exportation, on distingue trois niveaux de distribution :

- producteurs

- intermédiaires ou commissionnaires

- exportateurs

Au niveau des exportateurs nationaux, on distingue deux principales destinations :

* destination 1 : depuis la douane tchadienne jusqu'au port maritime de Douala au Cameroun pour être expédier vers la France, l'Allemagne, l'Inde et l'Angleterre.

* destination 2 : depuis la douane de l'aéroport par voie aérienne, la gomme est expédiée vers la France et la Communauté Européenne.

3.1.8 Utilisation de la gomme

3.1.8.1 Utilisation traditionnelle de la gomme

Au Tchad, la gomme est utilisée sous plusieurs formes :

- dans le Ouaddaï, les paysans produisent une mixture à base de gomme arabique et des fruits des Balanites appelées "sarné" en arabe local ;

- de la gomme arabique bouillie est servie à la femme juste après l'accouchement ;

- de la gomme écrasée pour soigner les furoncles ;

- la gomme est utilisée pour le traitement des maladies de la peau, des blessures, de la lèpre, de la dysenterie etc. ;

- Les maçons l'utilisent pour assure l'imperméabilité des toitures (à la base d'argile et de pailles) ;

- les peintres le mélangent à la chaux (1/10 ème de la quantité de chaux vive utilisée) pour peindre les mûrs des maisons ;

- les marabouts utilisent pour produire de l'encre ;

- Les artisans pour certaines teintures ( Eldjima, S., 1993)

- etc.

3.1.8.2 Utilisations industrielles

La gomme est souvent utilisée dans les industries des produits alimentaires, cosmétiques, pharmaceutiques, dans la préparation des peintures et des encres d'imprimerie. Pour les industries alimentaires, la gomme est utilisée pour la confiserie, la fabrication du sucre, la gomme à mâcher, les pastilles, d'arômes lyophylisés, bières, etc.

Elle est utilisée aussi pour la stabilisation des produits congelés, la préparation des fruits confis, des gelées de fruits, des conserves des viandes et des poissons, du lait chocolaté, etc.

Elle est utilisée en pharmacie pour fabriquer des comprimés, des dragées, d'emplâtres, des pastilles et sirop, des laxatifs, des traitements des hypertensions, etc.

Ajouter à cela les incorporations dans les différentes encres et colles, la formation des images sur plaques métalliques et des fibres textiles.

3.1.9 Tendances de la gomme

3.1.9.1 Evolution de la production de la gomme au Tchad

L'évolution de la production de la gomme exportée a été obtenue à partir de plusieurs sources depuis 1965 à 1998. La gomme consommée localement n'a jamais été estimée.

Tableau 1 : Evolution de l'exportation

Années

production en tonnes

Sources

1965

743

Ministère de Tourisme

1966

527

"

1967

947

"

1968

1149

"

1969

862

"

1970

414

Ministère du Plan et bulletin statistique n_ 208 et 212

1971

540

1972

658,5

1973

176

1976

137

1986/87

2400

NVM International 1990/91 couvrant la période allant de janvier à juin 1991

1987/88

1400

1988/89

500

1989/90

1700

1990/91

1350

1991/92

1600

1992/93

5000 - 4687

1993/94

5840

Douane de Ngueli

1994/95

6800

Douanes

1995/96

6700

Douanes

1996/97

5800

Douanes

1997/98

10.000 à 15.000

Marabé, N., 1999

La gomme du Tchad est produite dans une vaste bande qui souffre d'un déficit en équipement infrastructurel et en organisation d'appui et d'accompagnement au développement. Ainsi, les zones d'intervention ont été définies par rapport à l'implantation des ONG sur le terrain et en fonction des potentiels. Le projet ne touche qu'une centaine de villages. De ce fait, il est difficile de donner un point de vue exacte sur les tendances de la gomme. Mais en se fiant aux productions des différentes années, la tendance générale qui se dégage est à la hausse. Cette tendance continuera à évoluer positivement, voire prendre la première mondiale si toutes les potentialités du Tchad sont exploitées.

3.1.10 Impact de l'utilisation de la ressource

La gomme résulte de l'exsudation naturelle ou part une saignée de l'arbre. L'exsudation est due à plusieurs facteurs :

- vent

- sécheresse

- intervention de l'homme

- animaux

- des insectes

- etc...

La saignée quant à elle est une pratique qui accroît la production et donne des boulets de gomme souvent plus grosse que celle issue de la sécrétion naturelle.

La production commence à partir de la 4 ème année, les rendements optimaux s'observent à partir de 7 à 15 ans.

L'impact de l'utilisation résulte, surtout des conditions techniques. Généralement, la production se fait avec du matériel rudimentaire tel que la hachette traditionnelle. La population rurale manque souvent un encadrement dans le domaine de la gestion du peuplement, en techniques de saignée et de cueillette.

La viabilité de la ressource filière est tributaire de la maîtrise des techniques adéquates par les producteurs à la base.

3.2 LE KARITE


3.2.1 Système d'exploitation

Le karité est un arbre à usage multiple ; qui pousse naturellement entre les isohyètes 750 mm au nord et 1600 mm au sud. Il ne vient pas du tout les zones inondables. D'après les prospections (Assana Darnace, 1999), la densité du karité diminue graduellement de l'est à l'ouest avec 13 pieds de karité par hectare à 7 pieds par hectare. Jusqu'à là, l'exploitation est faite à partir des formations naturelles.

3.2.2 Méthode de production

3.2.3

L'exploitation du karité au Tchad, est pour l'essentiel, réalisée par des femmes, en ramassant les fruits mûrs sous les arbres de karité. Par la suite, après avoir enlever la pulpe, on obtient la noix, puis séchée, l'amande se sépare de sa coque. On pile et on concasse les noix pour séparer la coque. L'extraction du beurre se fait à l'aide de la chaleur jusqu'au suintement de l'huile, puis piler par les femmes pour une graisse qui peut être récupérer petit à petit, jusqu'à obtenir l'huile de karité.

Les activités de transformation (extraction manuelle de l'huile, fabrication de savon ou de pommades) sont exclusivement aux mains des femmes.

3.2.4 Utilisation/Destination

L'huile de karité constitue un apport énergétique non négligeable tout au long de l'année. Chaque personne en consomme de 4 à 6 litres par an, dans la zone de production.

Les vertus du karité son innombrables. Aliment gastronomique et festif, très nourrissant, l'huile entre également dans la pharmacopée traditionnelle comme antiparasitaire externe, décontractant par massage, laxatif, etc., il est utilisé comme cosmétique pour la peau et les cheveux. Les tourteaux sont utilisés comme anti-termites et pour le lissage des mûrs de construction. Les fleurs pour le miel et pour leur parfum délicat dans le thé, l'écorce comme antiparasitaire interne et externe.

La transformation et le commerce sont assurés par le secteur informel, généralement par des femmes. Le karité, dans sa zone est un arbre d'économie rurale, particulièrement au moment de soudure (Assène D., 1999).

L'huile de karité est autoconsommé ou commercialisé localement, apporté vers les autres agglomérations du pays, surtout au niveau de la capitale.

Les consommateurs actuels sont pour la plupart les personnes d'origine méridionale.

3.2.5 Tendances actuelles

Pour une collecte de l'ordre de 120 kg de noix par foyer, on peut estimer les revenus monétaires de la vente entre 5000 FCFA et 20.000 FCFA, soit l'équivalent de 25 à 100 kg de mils achetés au moment des soudures. La part de collecte vendue augmente depuis 10 ou 20 ans, avec les besoins monétaires, au détriment de l'autoconsommation.

L'augmentation de la production par une protection de la ressource et une meilleure transformation et valorisation des produits des cueillettes.

3.2.6 Impact de l'utilisation sur la ressource

De sérieuses menaces pèsent sur la ressource du fait que :

- les cueillettes précoces (l'arbre est secoué ou battu pour faire tomber des fruits immatures, qui donnent peu ou pas d'huile) provoque la destruction des rameaux fructifères, compromettant les récoltes suivantes ;

- Lorsque la ressource en karité fait l'objet d'une concurrence entre collecteurs, les cultivateurs ont tendances à intégrer les arbres à leur propriété foncière : cette tendance augmente la pression sur les arbres de brousse.

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