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V. TENDANCES DE LA COMMERCIALISATION ET DE L'EXPORTATION.

5.1. Tendances de la commercialisation

5.1.1 Les fruits forestiers, l'huile de palme

Comme souligné plus haut, les statistiques portent sur les produits ayant fait l'objet de permis de coupe, c'est à dire des produits pour lesquels la redevance a été payée. Ces produits sont destinés au commerce loin des zones de production, particulièrement dans les grandes agglomérations. Leurs quantités sont contrôlées par le service forestier.

A côté de ces quantités, il y a lieu de noter l'existence de celles issues des pays limitrophes, en d'autres termes les produits importés. Tenant compte de l'absence de quantités de fruits forestiers exportées l'on peut affirmer que l'ensemble des quantités exploitées et celles importées constituent la quantité commercialisée.

 

5.1.1.1 Commercialisation.

L'analyse des quantités exploitées, donc commercialisées, permet de noter une évolution progressive des quantités ainsi que l'existence de plusieurs pôles ou zones de commercialisation. Il s'agit de :

la zone de collecte,

la zone de groupage,

la zone des grands centres urbains.

 

5.1.1.1.1. La zone de collecte.

C'est la zone de production. Deux catégories d'acteurs dominent cette zone, il s'agit des autochtones et les étrangers au terroir.

Au niveau de ce pôle de commercialisation, on remarque une absence d'organisation des populations en structures qui gèrent l'exploitation des produits. Or, cette organisation à la base pourrait faciliter l'accès aux crédits, ce qui contribuerait à un meilleur développement de la filière

De façon générale, le séjour des commerçants qui interviennent dans cette zone est assez long, du fait des problèmes d'approvisionnement qu'ils y rencontrent. Cela se répercute au niveau des prix et met les producteurs à la merci des commerçants qui fixent, le plus souvent, leurs prix.

La stratégie de développement, qui est envisagée pour la gestion des formations forestières, est basée sur une responsabilisation et une organisation des populations riveraines des formations forestières. Cela devrait aboutir à la mise en place d'une structure de gestion à la base avec plusieurs filières : la filière combustibles domestiques, la filière apiculture, la filière production d'huile de palme, la filière fruits forestiers, etc.…. Cette organisation, nécessaire pour un bon développement des pôles de collectes, pourrait permettre la mise en place d'un système efficace de formation en techniques de récolte et de conservation des produits. Il en est aussi de même pour l'alphabétisation des producteurs dans le but d'une meilleure gestion des produits forestiers et de façon générale de des ressources naturelles.

 

5.1.1.1.2. La zone de groupage.

Les produits des zones de collecte sont acheminés vers les marchés hebdomadaires ou les gros villages pour leur commercialisation. Dans les zones de collecte qui ont une frontalière avec des pays comme la République de la Guinée Conakry, celle de la Guinée Bissau, celle du Mali ou celle de la Gambie, les produits importés y sont acheminés par voie terrestre ; ils viennent ainsi, sans discernement, s'ajouter à la production nationale.

Les grands opérateurs économiques, disposant d'une capacité financière assez importante, viennent s'approvisionner au niveau de cette zone ; c'est à ce niveau où la redevance est payée, ce qui permet à ces opérateurs de pouvoir acheminer leurs marchandises vers les grandes agglomérations. C'est dire que les pertes et la consommation enregistrées en amont, dans les zones de collecte et même de groupage, ne sont pas prises en compte dans les statistiques.

 

5.1.1.1.3. La zone des grands centres urbains.

Elles concernent les grandes agglomérations ; c'est à dire les communes et les petites villes. On y enregistre un commerce florissant de divers produits forestiers non ligneux destinés soit à l'alimentation, soit à l'artisanat ou à la médecine traditionnelle. Ce commerce, bien que non encore étudié de façon détaillée, procure des revenus à des milliers d'individus (producteurs, vendeurs, transporteurs), aux communes et à l'Etat à partir des taxes qui sont versées.

. Longtemps encore, le commerce des produits forestiers non ligneux, plus accessibles et demandant peu d'investissements continuera à se développer du fait surtout de la détérioration des facteurs économiques et de la crise de la balance de paiements.

Par ailleurs, le secteur devenant de plus en plus porteur, les ressources forestières seront davantage sollicitées.

Ceci constitue autant d'opportunité permettant d'envisager un développement de l'exploitation, donc de la commercialisation, des produits forestiers non ligneux en général. Toutefois avec d’une part, la politique de décentralisation mise en œuvre depuis 1996 et qui transfère la gestion des ressources naturelles aux Collectivités locales et d’autre part, les stratégies d’aménagement mise en œuvre avec implication et responsabilisation des populations locales environnantes, l’on devrait assister à une meilleure organisation à la base. En effet, les modèles de gestion qui seraient mis en place s’appuieront sur une organisation des populations locales en comités de gestion.

A court terme, les stratégies développées permettront d'envisager une diminution des pertes de production ; ce qui contribuerait à une augmentation de la production nationale. Toutefois, avec l'accroissement de la population, les besoins vont augmenter. Ainsi, une bonne gestion des ressources impliquant et responsabilisant les populations à la base est indispensable faute de quoi, la pression sur ces ressources entamerait leur développement.

5.1.2. Les crintings et les tiges de bambous

Ces produits font partie de la catégorie des produits contingentés ; la quantité à exploiter, donc à commercialiser est fixée au début de chaque campagne annuelle d'exploitation forestière. Le taux d'exécution du quota n'a pas atteint 100%, du fait des difficultés que rencontrent les exploitants pour trouver le produit. La tendance de la commercialisation est, ainsi, intimement liée aux possibilités des peuplements de bambous. A ce sujet, les fortes pressions qui pèsent sur ces peuplements, expliquent la limitation des zones d'exploitation dans la région de Kolda qui accueille les 4/5ème du quota et dans la région de Tambacounda.

Malgré la stratégie de gestion envisagée, la commercialisation des produits issus de l'exploitation du bambou connaîtra un certain répit. L'importation à partir des pays limitrophes tendra à se développer considérablement pour répondre aux besoins des populations.

5.2. Tendance à l'exportation.

5.2.1. Les produits forestiers d’origine végétale.

L'analyse de la situation des exportations des produits forestiers d’origine végétale révèle que les produits concernés sont très limités. Les exportations concernent principalement la gomme arabique et la gomme mbepp. Ces produits continueront, pendant longtemps encore, à occuper le secteur de l'exportation des produits forestiers non ligneux d’origine végétale, compte- tenu de la tendance enregistrée au niveau de la commercialisation des autres produits.

5.2.2. La faune sauvage.

L’exportation des oiseaux au Sénégal se fait dans le cadre de la Convention sur le Commerce International des Espèces de Faune et de Flore menacées d’extinction. Ainsi l’opinion internationale est très attentive aux conditions de capture et d’exportations des espèces concernées. Or l’exportation connaît des problèmes liés à l’organisation de la filière même. En effet, les opérateurs économiques qui évoluent dans ce secteur sont organisés et suivis par le Service forestier. Ils travaillent avec les collecteurs qui achètent la production aux ramasseurs qui ne sont ni organisés, ni suivis par le Service forestier.

Des enquêtes portant sur les méthodes de captures n’ont pas pu être menées dans le cadre de la présente étude. Ce qui n’a pas permis d’analyser l’impact des actions à la base. Mais il faut noter que, durant les deux dernières années, le Sénégal a fait l’objet d’une suspension de l’exportation des oiseaux de la part du Secrétariat permanent de la CITES. C’est dire qu’une bonne analyse de cette filière devant déboucher sur une stratégie conforme à une bonne gestion des ressources est nécessaire, faute de quoi l’exportation des oiseaux risque d’être compromise.

 

 

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