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Méthode de culture et mode d’élevage

La production alimentaire, en majeure partie sous régime pluvial, répond en général au besoin du pays. L’agriculture itinérante sur brûlis demeure la méthode principale de culture la plus répandue et se pratique au détriment de la savane naturelle. Les jachères sont de plus en plus sujettes aux feux de brousse et au surpâturage. Les défrichements continus provoquent la disparition des galeries forestières et de la végétation arbustive. L’infiltration de l’eau sur les versants étant réduite et le ruissellement important, on constate des pertes de sols qui, conjuguées à l’érosion des berges, provoquent l’envasement des cours d’eau et des puits villageois.

La culture se pratique de plus en plus loin et couvre des bas-fonds plus humides et plus fertiles mais aussi plus éloignés. L’agriculture fait face au défi du déclin de fertilité des sols. L’exportation des minéraux du sol à travers les céréales et les tubercules est six fois plus élevée que les restitutions éventuelles à travers l’engrais.

Dans le Nord du pays, les feux de brousse détruisent 50 000 ha/an et 100.000 ha sont défrichés annuellement pour la culture du coton et de l’igname ( PNUD, 1997). Dans la sous-préfecture de Karimama au nord du Borgou, on note des signes de désertification, et cela s’étend actuellement aux sous-préfectures de Kandi et de Banikoara à cause de l’expansion de la culture du coton. Dans le Sud du pays, la pression démographique se traduit par une fragmentation excessive et une réduction substantielle des périodes de jachère qui, en l’absence de pratiques culturales améliorées, ont des effets négatifs sur la fertilité des sols.

Ainsi donc, le développement de la culture cotonnière au centre et au nord du Bénin a considérablement réduit la densité des strates arbustive et arborée, tandis que les domaines classés subissent la pression de la culture de l’igname.

D’importantes superficies ont été détruites, entraînant la réduction très nette du couvert forestier qui, en 1949 représentait 20% du territoire national et serait aujourd’hui à moins de 12% ( DAT/MEHU, sans année).

Il convient de souligner que l’occupation des massifs forestiers pour l’installation des cultures , ainsi que des prélèvements de produits ligneux ont pris une ampleur considérable depuis les années 1970

L’érosion se développe à une très forte vitesse et double pratiquement en 2005 atteignant des niveaux catastrophiques en particulier dans le Zou et dans l’Ouémé, comme le montre le tableau suivant :

Tableau 9: Erosion du sol en 1990 et 2005 par département: simulation

 

Départements

Erosion totale en millions de tonnes

(1990)

Erosion à l’ha

( tonnes /ha/an)

Erosion totale en millions de tonnes

( 2005)

Atacora

2,3

12,3

4,0

Atlantique

3,5

23,8

5,4

Borgou

3,0

8,0

6,7

Mono

5,6

37,0

10,0

Ouémé

5,9

24,5

9,4

Zou

7,2

23,0

13,7

Total

27,4

 

49,2

Source: (MEHU, 1993)

Les coûts de cette érosion des sols sont estimés par défaut à: 6100-11100 millions de francs CFA.

L’élevage avec environ 1 million de bovins, 2 millions de petits ruminants et 500 000 de porcins représente un cinquième de la production agricole. Les sept millions de pâturages disponibles ne sont que partiellement utilisables en raison de l’absence de points d’eau. Les trois quarts des pâturages sont situés dans les départements septentrionaux où la faible utilisation de l’espace engendre un système traditionnel d’élevage extensif. Les contraintes d’accès à la nourriture et à l’eau entraînent le surpâturage et la dégradation rapide de l’environnement.

L’élevage de transhumance exerce une pression de plus en plus forte sur les pâturages naturels. Pendant la saison sèche, ce système résulte en des feux de brousse, à l’élagage et à l’étêtage des arbres pour permettre aux troupeaux de s’alimenter.

La transhumance est donc perçue comme un système de production dégradant pour l’environnement, en raison du fait qu’elle occasionne des déplacements massifs de cheptel à la recherche de pâturages et de points d’eau et engendre des conflits parfois sanglants entre éleveurs et agriculteurs. La dégradation se manifeste par la diminution des ressources pastorales, suite à leur utilisation irrationnelle par l’élevage. A titre d’exemple, pour la campagne 1994-1995, près de 200 000 têtes de bovins et de 17 000 têtes d’ovins / caprins provenant des pays limitrophes (Niger, Nigéria, Burkina Faso) sont rentrées au Bénin à la recherche de pâturages et d’eau. Ces mouvements ont souvent pour conséquences des conflits sanglants ente éleveurs et agriculteurs

Tableau 10: Superficies pâturables et capacités de charge des pâturages du centre et du Nord-Bénin

Département

Superficie pâturable

(M ha)

Capacité UBT/12mois

(M ha)

Charge actuelle

1989

Disponibilité UBT

Atacora

2.100

420

160

260

Borgou

3.300

660

370

290

Zou

1.500

300

85

215

Total

6.900

1.380

615

765

Source: FAO/CP, 1990:

2.4.4. L’extension des grandes villes et du réseau d’infrastructures routières

Le développement de nos grands centre urbains et du réseau routier porte un préjudice sérieux à la couverture forestière nationale Les conséquences fâcheuses pour les forêts de l’extension de ces villes peuvent être de deux ordres:

Conséquences directes

Il s’agit ici des empiétements ou grignotage de la forêt afin d’implanter les infrastructures de la ville. Que ce soit à Abomey, à Parakou, à Natitingou ou à Djougou, par manque de volonté politique affirmée en faveur du développement de la forêt surtout urbaine, les autorités livrent toutes ou partie des périmètres de reboisement au lotissement et au développement de la ville. Dans ces villes citées, le cas de Natitingou est le plus criard, car sur environ 256 ha classés au départ, les 76 ha actuellement restant est encore menacé de déclassement. A Djougou, les forêts de kilir et de Soubroukou seraient déjà loties et distribuées et celle de Sérou très menacée. Au niveau de Parakou, la traversée du Périmètre de reboisement par la voie bitumée réalisée par les Chinois a non seulement perturbé l’écosystème mais ouvert la voie à des tentatives de récupération d’une partie de la forêt soit à des fins de lotissement soit pour l’exploitation de la carrière de granit. Pour le moment le personnel réduit de l’administration forestière essaie de résister mais pour combien de temps encore avec une population urbaine qui croît à un fort taux de 4 à 6 % ?

La situation est très alarmante et nécessite des cations immédiates et durables.

2.4.5. L’accroissement des grands périmètre hydro agricoles

Le Bénin bénéficie d’un réseau hydrographique important de cours d’eau à débits et longueurs modérés et un régime irrégulier. Ces cours d’eau prennent leurs sources sur les hauteurs de l’Atacora et déterminent trois grands groupes de bassins versants.

Il s’agit de:

Le bassin du Niger, d’une superficie de 38 000 km2, comprend le fleuve Niger, 130 Km, la Mékrou, 410 km l’Alibori, 338 km et la Sota 250 km.

Le Bassin de la Volta composé des rivières Pendjari, Koumongou, Perma, Sinaiciré, Bohoun et Kara.

Le Bassin côtier comprend les sources du Mono et du Couffo mais surtout le bassin versant de l’Ouémé qui couvre une superficie de 45 000 km2. L’Ouémé fait 510 km et reçoit l’Okpara 200 km et le ZOU 150 km de même que la Terrou

Après une politique volontariste en matière d’irrigation dans les années1060 1970 et qui s’est soldée par un abandon d’une grande partie des surfaces aménagées, à cause de diverses erreurs de conception, le Bénin a considérablement réduit ses activités dans le domaine de l’irrigation. Les seules actions d’envergure menées depuis lors se résument à la réhabilitation d’anciens périmètres rizicoles sur 427 ha , à la réalisation d’un périmètre sucrier de 400 ha à Savè et à l’aménagement de 450 ha de bas-fonds.

2.4.6. Les changements dans la consommation du bois-énergie, usages des combustibles de substitution et économie d’énergie

En milieu rural, comme en milieu urbain, certaines ONG s’occupent entre autres de la sensibilisation des populations à l’utilisation rationnelle du bois énergie par la diffusion de foyers économiques. Au nombre de ces ONG, on peut citer: l’OFEDI, BENIN 21, CATWELL.

En milieu rural, les résidus agricoles, les sous produits d’élevage, les branches de palme les sciures de bois provenant des scieries, les copeaux, les tourteaux, les coques de coco, les coques de palmes sont utilisés comme sources d’énergie. MAMA (1991) qui indique que la consommation de branches de palme pour l’année 1990 s’élève à 971 tonnes à Porto-Novo et 16 tonnes à Abomey. TOSSOU (1993) signale que les branches de palmiers ont contribué pour 21,4% à la consommation des ménages du département du Mono en combustibles ligneux.

En milieu urbain, notamment le kérosène (pétrole lampant) et le gaz butane sont utilisés comme énergie de substitution aux énergies traditionnelles pour la cuisson. Il est supposé que la consommation de ces produits évoluera avec la croissance de la population et l’augmentation éventuelle du pouvoir d’achat des ménages.

Malheureusement, aucune stratégie de subvention de ces produits de substitution n’est pratiquée. Tout au contraire, on note une hausse des prix du pétrole lampant et une inaccessibilité du gaz par les consommateurs. Même quand il existe, les frais de consignation sont trop chers pour les ménages à revenus moyens. Ils sont passés de 8.500 FCFA à 25.000FCFA pour la bouteille de gaz de 12,5 kg. C’est ce qui a provoqué un retour massif à l’utilisation des énergies traditionnelles dans les villes et dans les campagnes mettant ainsi dangereusement en péril les ressources naturelles.

De façon timide, le secteur privé représenté par la société ORIX-ADDAX a commencé la distribution du gaz dans certaines villes du pays. L’expérience béninoise dans le domaine du biogas est modeste. La technologie est simple et efficace, mais la contrainte majeure liée à sa diffusion reste le coût élevé des installations.

2.5. Dépendance vis a vis du bois énergie (bois de feu et charbon de bois) et ses conséquences sur le devenir des forets).

La plus forte tension sur les ressources naturelles se situe sur le rapport entre l’offre soutenable et la demande de combustibles ligneux (bois de feu et charbon de bois). Comme l’indique les tableaux ci-dessous, l’offre soutenable c’est à dire celle qui pourrait être satisfaite sans prélèvement sur le stock et donc sans causer de déforestation était déjà globalement inférieure à la demande en 1990, et seul le Borgou était en excédent.

Selon les normes, la consommation journalière de bois de feu équivaut à 1,2 kg/personne en milieu rural et en milieu urbain la consommation journalière de charbon de bois est estimée à 0,3 kg/personne en milieu urbain et 0,2 kg/personne en milieu rural 93% de la population utilisent du bois-énergie en milieu rural, contre 80% en milieu urbain la consommation des branches d’activités économiques serait d’environ 10% de celle des ménages pour le charbon de bois et 20% pour le bois de feu, on aboutit aux estimations suivantes: alors que la demande globale en bois-énergie en 2027 serait de 17.816.587 tonnes /an, le potentiel global du bois –énergie ne serait que de 5.786.462 tonnes.

Tableau 11: Perspectives démographiques du Bénin de 1992 à 2027 (x 1000 hbts)

Année

1992

1997

2002

2007

2012

2017

2022

2027

Population totale

4.196

5.780

6.811

8.145

9.757

11.733

14.138

17.068

Urbaine (%)

1.756

35,7

2.190

37,9

2.767

40,4

3.535

43,4

4.562

46,8

5.930

50,5

7.680

54,3

9.911

58,1

Rurale (%)

3.159

64,3

3.590

62,1

4.075

59,6

4.611

56,6

5.194

53,2

5.084

49,5

6.458

45,7

7.157

41,9

Source: INSAE, 1992

Tableau 12: Prévisions de la demande de combustibles ligneux au Bénin pour la période

de 1992 – 2027 (tonnes/an)

Produits

Niveau

1992

1997

2002

2007

2012

2017

2022

2027

 

 

Bois de feu

Ménages milieu urbain

630.685

786.560

993.796

1.269.631

1.638.488

2.129.819

2.758.349

3.559.635

Ménages milieu rural

1.329.680

1.511.096

1.715.241

1.940.858

2.186.248

2.443.008

2.718.288

3.012.510

Activités économiques

392.073

459.531

541.807

642.097

764.947

914.565

1.095.327

1.314.429

Total

2.352.438

2.757.187

3.250.844

3.250.581

4.589.683

5.487.392

6.571.964

7.886.574

 

Charbon de bois

Ménages milieu urbain

153.826

191.844

242.389

309.666

399.631

519.468

673.768

868.204

Ménages milieu rural

214.464

243.725

276.652

313.041

352.621

394.033

438.434

485.889

Activités économiques

36.829

43.557

51.904

62.271

75.225

91.350

111.120

135.409

Total

405.119

479.126

570.945

684.978

827.477

1.004.851

1.222.322

1.489.502

Equivalent en bois

2.700.793

3.194173

3.860.300

4.566.520

5.516.513

6.699.007

8.148.813

9.930.013

Demande globale de bois-énergie

5.053.231

5.951.360

7.057.144

8.419.101

10.106.196

12.186.392

14.720.777

17.816.587

Source: RPTES-BENIN, 1999

Tableau.13: Evaluation du potentiel global en bois-énergie du Bénin de 1997 à 2027

 

Année

Formations naturelles

(tonnes /an)

Plantations

(tonnes /an)

Total

(tonnes /an)

1997

6.683.669

36.800

6.719.469

2002

6.517.264

36.800

6.554.064

2007

6.355.954

36.800

6.392.754

2012

6.198.636

36.800

6.235.436

2017

6.045.212

36.800

6.082.012

2022

5.895.586

36.800

5.932.386

2027

5.749.662

36.800

5.786.462

Source: RPTES-BENIN, 1999

2.6. Industrie du bois

Le tissu industriel forestier béninois est rudimentaire. On rencontre des produits de première, deuxième et troisième transformation.

Onze (11) scieries seraient officiellement agréées et enregistrées à la Direction des Forêts et Ressources Naturelles. Il existerait cependant au plus Cinq (5) scieries dites modernes dont la caractéristiques est qu’elles transforment le bois de teck qu’elles exportent exclusivement. Ces usines sont:

ONAB (Branche industrie)

Compagnie du Golfe

Bentect S.A.,

SOPACOB et

Société Justin

Pour la plupart, ces usines sont localisées dans le sud Bénin sauf celle de Saclo située à environ 125 Km de Cotonou sur l’axe Cotonou – Parakou ainsi que le montre le tableau de répartition ci-dessus:

Tableau 14: Estimation du volume de bois d’œuvre utilisés par les ateliers et de débitage, les menuiseries et des ébénisteries du Bénin:

Lieu

Nombre d’entreprises

Consommation annuelle de bois d’œuvre

   

M3 de grumes par entreprise

Total m3 de grume

Cotonou

200

200

40 000

Cotonou

300

50

15 000

Porto Novo

50

100

5 000

Porto Novo

100

20

2 000

Départements du Sud

40

70

2 800

Départements du Sud

150

20

3 000

Départements du Nord

20

70

1 400

Départements du Nord

40

20

800

Total

   

70 000

Note:

1-Départements du Sud:Atlantique,Ouémé, Mono, Zou

2- Départements du Nord:Atacora, Borgou

3- Non compris les usagers exportateurs des billes de teck

4-Le total de 70 000 m3 par an comprend 40 000 m3 de bois rouges et 30 000 m3 de teck (tableau 4 .1. 4.)

Source: Etude filière bois au Bénin, 1997.

Les plus importantes de ces unités de même que leur niveau de consommation de bois de sciage se résument dans le tableau ci-dessous.

Tableau 15: Liste des scieries dites modernes en activité au Bénin

Nom

Produits fabriqués

Capacité installée

(m3-grume/mois)

Production courante

(m3 -grume/mois)

ONAB

Sciage, parquet, frise à parquet, bois de feu

4000

2500

Compagnie du Golfe

Sciage, équarris, parquet, frise à parquet, palettes, meubles

1200

100

Trebi

Parquet, frises à parquet

1000

300

Benteck

Sciage, parquet, frises à parquet

1500

600

Total

 

7700

3500

Source Revue et amélioration des données relatives aux produits forestiers ( rapport FAO M.Tchiwanou 2001)

2.7. Politique et législation forestière

Le Gouvernement du Bénin a élaboré en 1994 une politique forestière traduisant la volonté du gouvernement de se doter des outils nécessaires à une véritable gestion des ressources sur une base durable. Cette politique fait suite à l’adoption en 1993 d’un Plan d’Action Environnemental. Les textes législatifs essentiels régissant les terres, les forêts et les ressources forestières du Bénin sont les suivants:

loi N° 93 009 du 2 juillet 1993 portant régime des forêts en République du Bénin;

décret N° 96-271 du 2 juillet 1996 portant modalités d’application de la Loi N°93-009 du 2 juillet 1993;

arrêté interministériel N° 96-008 portant modalités d’exportation de bois transformé de teck et d’autres essences forestières;

l’ordonnance N° 74-26 du 22 mars 1974 portant fixation des taux de taxes et redevances perçues à l’occasion de la délivrance des permis d’exploitation forestières.

Les deux premiers textes législatifs ci-dessus mentionnés sont les documents de base régissant le secteur forestier du Bénin. Sont soumis aux dispositions de la Loi et à son Décret d’application:

la gestion

la protection

le commerce, et,

l’industrie des produits forestiers et connexes

Parmi les nombreux articles de la Loi 93-009, il est opportun de rappeler dans le cadre du présent rapport, l’article 53 qui est explicite concernant l’utilisation de la tronçonneuse au Bénin. Cet article s’énonce en ces termes : L’utilisation de la tronçonneuse pour le sciage des bois est interdite. Cette interdiction bien connue des acteurs de la filière bois est souvent enfreinte dans la pratique.

L’Arrêté interministériel 96-008 est également d’une importance particulière car il interdit, à son article 1er , l’exportation de bois brut dans les termes suivants:

«Il est interdit sur toute l’étendue du territoire national de la République du Bénin l’exportation de bois de teck et d’autres essences forestières sous forme brute (billes, poteaux, équarris, plots), ainsi que le charbon de bois»

Il faut faire remarquer que la nouvelle loi met un accent particulier sur l’intégration des populations riveraines dans l’aménagement et la gestion des écosystèmes forestiers. Finalement, il est à noter que l’Ordonnance N° 74-26 portant fixation des taux de taxes et redevances forestières n’a pas été mise à jour depuis 1974.

2.8. Décentralisation de L’administration territoriale et incidence sur la gestion des ressources naturelles

La loi sur la décentralisation a été votée par l’Assemblée Nationale en 1999. Le nombre de départements passe de 6 à 12. L’Administration territoriale sera décentralisée au niveau unique de 77 collectivités locales qui prendront la dénomination de Communes.

Ces dernières seront dotées de personnalités juridiques et d’une autonomie financière. Elles seront administrées par un Conseil élu.

La décentralisation de l’Administration territoriale aura des impacts sur la gestion des forêts du Bénin. Sous cette nouvelle Administration, les Forêts Protégées appartiendront aux Communes et relèveront de la compétence territoriale des maires. Les Communes pourront avoir un plan d’aménagement où pourraient être prévues des espaces verts ou des reboisements. Les Forêts Classées quant à elles sont considérées comme patrimoine national et continueront de relever de L’état central, et en particulier, de la Direction des Forêts et des Ressources Naturelles relevant du Ministère de l’Agriculture de l4Elevage et de la Pêche. La décentralisation implique donc une nouvelle approche de gestion des ressources naturelles. Elle va permettre aux départements de créer de nouvelles forêts départementales, et au niveau des communes, de nouvelles forêts communales. Les communes devront se doter de compétences qui leur seront propres afin d’assurer une gestion plus moderne de leur territoire.

Les avantages liés à ce transfert de compétence en matière forestière aux administrations locales sont le rapprochement de l’administration des administrés et la possibilité d’avoir des stratégies de développement des ressources adaptées à chaque région.

Par contre, les inconvénients pourraient être:

une trop grande immixtion de la politique dans les questions de gestion forestière, se traduisant par la complaisance des autorités locales face à la destruction des forêts par les populations; par la perpétuation de pratiques coutumières dommageables notamment en matière de tenure foncière.

l’utilisation des ressources forestières pour financer des opérations électorales ou pour constituer en grande partie le budget des communes.

2.9. Les faits nouveaux dans les infrastructures et les communications

Le Bénin est bien doté en infrastructures routières. Le réseau routier est en pleine expansion depuis 1975. Le désenclavement de nouvelles zones forestières comme la sous-préfecture de BASSILA accélère la colonisation agricole de ces zones et leur exploitation forestière. Pour l’ensemble du pays, le bois exploité sous n’importe quelle forme peut être transporté d’un bout à l’autre soit par train, soit par transport ferroviaire ou par transport terrestre.

2.10. La libéralisation du commerce

Traditionnellement, le secteur des services a toujours été au Bénin le grand producteur de richesse nationale (55,7 % du PIB entre 1963 et 1972; 53, 0 % entre 1994 et 1997. La population béninoise a une aptitude particulière pour le commerce ( surtout les femmes) et la position géographique du pays le prédestine tout naturellement à la fonction de transit. Mais cette position est fortement menacée par les lenteurs observées au niveau de la chaîne de transport et l’importance des coûts de transaction. Les infrastructures des communication et de tourisme et les institutions financières nécessaires pour accompagner et consolider cette fonction ne sont pas suffisantes et modernes. Cette situation mérite d’être corrigée à l’avenir. De plus le Bénin a connu de 1972 à 1989, la mise en place des principes de l’économie socialiste accordant prioritairement un traitement social à toutes préoccupations d’ordre économique au détriment de la recherche de la performance, de la productivité et la compétitivité. Cette expérience, avec la prise en charge par L’état des secteurs vitaux de l’économie nationale a conduit aux crises économiques, financières, sociales et politiques de la fin des années 1980 C’est le cas de a Société Nationale ^pour le Développement Forestier dissoute en 1982.

L’ère de la l’économie libérale consacrée par la Conférence des Forces Vives de la Nations en 1990 a ouvert la voie de la dénationalisation. Des privatisations et liquidations livrent des milliers de travailleurs au chômage. Les prix des produits de premières nécessités augmentent régulièrement ( carburant, ciment, boisson etc.) et le niveau de vie des populations diminue considérablement. Les béninois aspirent à un type d’économie libérale dans laquelle toutes ces insuffisances seraient amoindries.

2.11. La politique de gestion des ressources naturelles et de l’environnement

La tendance actuelle de la croissance économique du Bénin dépendra pour longtemps encore de son agriculture. Pour maintenir/sauvegarder cette tendance les efforts du Gouvernement Béninois doivent tendre à protéger le capital productif et à asseoir une agriculture durable. Cette préoccupation passe par l’adoption de nouvelles stratégies de gestion des ressources naturelles telles que définies par le séminaire sur la Stratégie du Secteur Rural en juillet 1990. Ainsi, il s’agira non plus de s’aventurer dans des programmes de reforestation et des mesures de protection ambitieuses très souvent inapplicables et économiquement insoutenables, mais plutôt de proposer des mesures et mécanismes portant sur la formation et la responsabilisation des populations par une clarification des droits sur les ressources naturelles et une définition de stratégie de leur utilisation durable.

Le souci de garantir à chaque citoyen un environnement sain et l’acuité des problèmes environnementaux ont conduit à la création d’un Ministère spécialement chargé des questions environnementales.

Par ailleurs, au lendemain de la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement tenue à Rio de Janeiro en Juin 1992 et à laquelle il a pris une part active, le Bénin s’est doté d’un Plan d’Action Environnementale, véritable réceptacle de tous les enjeux environnementaux auquel tout programme de développement doit se référer. Pour baliser le chemin, un Agenda 21 national a été conçu dans un processus itératif.

Dans les grands axes d’actions inscrites figure le Projet de Gestion des Ressources Naturelles mis en œuvre d’octobre 1992 à juin 1999. En 1993, le Bénin a pris une nouvelle loi pour régir la gestion des forêts et en 1994 une nouvelle politique nationale forestière. Ces deux réformes importantes visaient à une plus grande responsabilisation des communautés locales dans la gestion des Ressources Naturelles et leur Environnement.

Adhérant aux principes de développement durable, le Bénin depuis 1996 a ratifié l’accord sur le principe et début 1998, il s’est doté d’un Centre Béninois de Développement Durable (CBDD).

En dépit de tous ces efforts, le secteur forestier a encore du mal à jouer sa partition dans la gestion des ressources naturelles et de l’Environnement et c’est pour remédier désormais à cet état de chose qu’un Audit Institutionnel de ce secteur a été effectué tout récemment. Dans les conclusions de ce diagnostic, les rôles des futures Communes ont évolué pour tenir compte du processus de décentralisation dans lequel le pays est engagé.

Comme on peut le constater, la volonté politique du pays, la disponibilité des communautés locales ainsi que les ressources humaines disponibles militent aujourd’hui en faveur d’une bonne politique de gestion des ressources naturelles et de l’environnement

2.12. Les progrès technologiques dans le secteur des forêts et connexes

Dans tous les domaines de la vie, le Bénin accuse un retard notable en matière du développement technologique et plus particulièrement dans le domaine forestier. Les quelques essais d’introduction ou de comportements installés depuis l’ère coloniale manquent cruellement de suivi, de conclusion et de vulgarisation. Cet état de chose peut s’expliquer par le manque de politique d’encouragement et de suivi des innovations technologiques. Les différents centres de recherches, les centres de formation et les unités de production utilisatrices des résultats de recherche végètent dans des cloisonnements incompatibles à un développement subséquent suscité par les nouveaux paquets technologiques. Des questions importantes comme l’amélioration du potentiel génétique des essences de valeurs et des espèces utiles de la faune sauvage, les connaissances nouvelles sur la production, la transformation, la commercialisation et la consommation des produits forestiers ligneux et non ligneux demeurent encore sans réponses.

L’on a tendance à se rabattre sur les technologies endogènes qui quoiqu’importantes ont leur limite et ne sont plus compétitives avec les technologies modernes. L’évolution technologique sur le plan international avec l’apparition de nouveaux produits sur le marché national grâce au développement des nouvelles technologies de communication a affaibli l’élan dans les investissements dans le développement des programmes de recherches.

Cette situation est préjudiciable pour le secteur forestier qui depuis plus d’un siècle ne peut tirer plus des 15 m3 de charbon de 100 m3 de bois anhydre. Même si certaines technologies permettent aujourd’hui d’aller jusqu’à 40 % de rendement sciage sur grume, les conditions de l’application de cette technologie limitent encore le nombre d’exploitants. La tronçonneuse malgré que son utilisation soit prohibée par la loi continue d’être l’outil privilégié de sciage du bois occasionnant des pertes énormes souvent estimées à plus de 40 %. La fabrication de charbon n’a pu guère encore dépassé le triste rendement de 15 %. Dans les villes, on note la prolifération des scieries favorisée par la proximité du Nigéria et l’ouverture récente du Bénin au marché des engins et véhicules usagés en provenance d’Europe et d’Amérique. Ce sont là des menaces certaines pour le secteur forestier en terme de recul des superficies boisées.

 

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