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2. LES MOTEURS DU CHANGEMENT ET LEURS IMPLICATIONS SUR LE SECTEUR FORESTIER

2.1. Changements socio- économiques (Population, distribution rurale et urbaine de la population, variation du revenu par habitant, distribution du revenu, indicateurs sociaux du développement, pauvreté etc.)

Le secteur forestier a des liens étroits avec toute une série d’activités politiques économiques: industrie, énergie, agriculture, élevage extensif, etc. Les niveaux de politiques, le développement socio-économique ont des implications directes ou indirectes sur le secteur forestier.

2.1.1. Populations, distribution rurale et urbaine

Selon les résultats du deuxième Recensement Général de la Population et de l’Habitat (2eme RGPH), la population béninoise qui était de 4,9 millions en 1992, est estimée en 1996 à 5,5 millions d’habitants et avoisine 6 millions d’habitants en 1998.

Les projections de l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique (INSAE) indiquent que cette population s’accroîtra rapidement au cours des 30 prochaines années pour atteindre environ 9 757 000 d’habitants en 2012 et plus de 17 millions en 2027.

Cette population est par ailleurs une population jeune. On estime à 46,6% la population âgée de moins de 15 ans et à 6% celle des personnes âgées de 60 ans et plus. On estime en outre à 51% la proportion des femmes. Dans son ensemble cette population surtout rurale reste soumise à un exode rural qui se traduit par le déplacement massif des bras valides des régions déshéritées vers les zones moins dégradées.

Tableau N° 1b: Caractéristiques générales de la population du Bénin

Départements

Densité

(habt/km²)

Poids démographique

(%)

Population rurale

(%)

Population urbaine (%)

Atacora

21

13,2

67,0

33,0

Atlantique

322

21,7

42,5

57,5

Borgou

16

16,8

66,1

33,9

Mono

169

13,8

80,0

20,0

Ouémé

193

17,8

64,1

35,9

Zou

43

16,7

75,8

24,2

Ensemble

43

100,0

64,4

36,0

Source: INSAE,1994

Tableau N° 2: Principaux indicateurs démographiques de la population béninoise

Caractéristiques démographiques

Valeur

Taille moyenne des ménages

5,9 personnes

Taux brut de natalité

47,4/1000 habitants

Groupe d’âge 0-14 ans (% de la pop. Totale)

49%

Espérance de vie à la naissance

54,2 ans

Taux moyen d’accroissement de la population

3,2%

Taux moyen d’accroissement de la population urbaine

4,0%

Taux moyen d’accroissement de la population rurale

2,2%

Source: INSAE, 1994

2.1.2. Variation des revenus des ménages

Selon les données de l’INSAE, le revenu par tête a connu deux tendances au cours des dix dernières années. De 1986 à 1990, il a régressé passant de 114 984FCFA à 103 409FCFA soit une décélération de 10,0%. Entre 1990 et 1996, le revenu par tête a crû, passant de 103 409 FCFA à 112 523FCFA, soit une accélération de 8,8%. La variation relative moyenne de –2,1% traduit une légère régression de l’économie nationale au cours de la période 1986-1996. En analysant la série des données, cette évolution caractérise la situation économique et financière du pays au cours de la première période, le pays a connu une récession qui a atteint son paroxysme en 1989. La mise en application des mesures de redressement, à partir de 1989, a contribué à la relance de la croissance de l’économie.

Des progrès considérables ont été accomplis, entre la fin des années 80 et aujourd’hui. La croissance a été retrouvée, passant de –2,9% en 1989 à plus de 4% par an sur la période de 1990-1995, grâce aux performances de la production cotonnière, mais aussi grâce aux activités du bâtiment , des travaux publics et du transit. Malgré cette reprise économique, le PIB per capita (116.095 FCFA) est resté très faible et évolue peu en raison notamment de la forte croissance démographique (3,2% contre une moyenne de 3% pour l’Afrique au sud du Sahara)

Tableau N° 3: Evolution du revenu par tête de 1986 à 1996 (Prix de 1985)

Indicateurs

1986

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

PIB (MF CFA)

4479871

4472673

4488875

474946

4490142

513361

532749

548963

573673

599945

629226

Population

4173361

4290632

4411199

4535154

4739449

4781668

4915555

5076000

5241000

5413000

592000

PIB/Tête en F FCFA

114984

110164

110826

104725

103418

107360

108380

108149

109459

110834

112523

Source: INSAE, Comptes Nationaux

2.1.3. Indicateurs sociaux de développement

Indicateur de Développement humain (IDH)

L’Indicateur de Développement Humain du Bénin a passé de 0,261 à 0,378 entre 1991 et 1995. C’est le résultat de la croissance économique enregistrée dès 1990 (en moyenne 4,5% par an ) d’une part et d’autre part, des efforts fournis par les autorités nationales et soutenus par les partenaires au développement du Bénin à travers divers programmes sociaux. Avec un indicateur de développement égal à 0,378, le Bénin fait partie du groupe des pays ayant des indicateurs sociaux les moins favorables.

Tableau N°4: Indicateur du Développement Humain (IDH)

Années des données exploitées

1991

1992

1993

1994

1995

Années d’édition du rapport mondial sur le développement humain

1994

1995

1996

1997

1998

Valeur de l’IDH ( y compris entre 0 et 1

0,261

0,332

0,327

0,327

0,378

Rang selon l’IDH

156

155

154

146

145

Source: Rapport Mondial sur le Développement Humain

Indicateur socio-sanitaire

Les taux de fréquentation des services de santé ont chuté de 32 à 12% entre 1987 à 1990 à cause de la baisse généralisée du pouvoir d’achat pendant cette période. En 1995, le pays comptait un seul médecin pour 19 617 habitants. De façon générale, l’état de santé de la population, suivant les conditions de vie actuelle, est assez précaire et se traduit notamment par un taux brut de mortalité estimé pour la période 1992-1997 à 14 pour mille et une espérance de vie à la naissance de 54 ans. Quant au taux brut de natalité, il est estimé à 46,7 pour mille, d’où un taux d’accroissement naturel de 3,2%. Les données sur l’utilisation des méthodes contraceptives sont toujours faibles: de 2,7% en 1993, la pré valence contraceptive au niveau national passe à 6,6% en 1995. L’état sanitaire du pays reste marqué par la pandémie du SIDA dont. Le taux de prévalence de l’infection progresse en dépit des efforts louables que déploie le gouvernement.

Indicateurs socio-éducatifs

Dans l’enseignement primaire, les effectifs d’élèves ont augmenté de façon soutenue de 1985 à 1989, passant de 44.232 élèves à 482.451. En 1990, en raison des mouvements sociaux qui ont paralysé tout le pays, le nombre d’inscrits a chuté à 418.272; mais déjà en 1991, la tendance s’améliore (480.129 inscrits) et l’effectif passe à 624.178 inscrits en 1994, puis à 677.900 en 1995.

Après avoir connu des effectifs records en 1985, l’enseignement secondaire général et l’enseignement technique et professionnel ont été confronté, de 1986 à 1992, à une baisse remarquable du nombre d’inscrits : les effectifs ont chuté de 32% entre 1985 et 1992 dans l’enseignement moyen général et de 43% dans l’enseignement technique et professionnel. Alors que les données disponibles font ressortir que cette baisse se poursuit encore dans l’enseignement technique et professionnel, on assiste depuis 1993, à une reprise sensible dans l’enseignement moyen général: de 1993 à 1995, les effectifs ont augmenté de 30%

Au niveau de l’enseignement supérieur, les effectifs sont en croissance continue : de 7300 en 1985, ils se situent à 9200 en 1990 puis à 10585 en 1994.

Le taux de scolarisation passe de 17% en 1998 à 26,87 % en 2010

Indicateurs en matière d’accès à l’eau potable

Des progrès très importants ont été faits entre 1990 et 1995 sur le plan de l’approvisionnement en eau potable en milieu rural: de 48% en 1990, la couverture des besoins est passée à 64% en 1995. En milieu urbain ou périurbain, l’alimentation en eau est assurée par la Société Nationale d’Electricité et d’Eau (SBEE); le nombre d’abonnées est en augmentation constante; il est passé de 40.175 en 1990 à 56.000 en 1995, soit une augmentation de 39%. Mais, on estime que plus du tiers de la population des zones urbaines ou périurbaines n’ont pas encore accès à l’eau potable. De façon générale, on estime que seulement 50% de la population du pays ont accès à l’eau potable.

Indicateurs en matière de la nutrition et la sécurité alimentaire

L’agriculture vivrière occupe près de 70% des actifs agricoles au Bénin et la production vivrière porte sur trois principales spéculations: les céréales (maïs, mil, sorgho), les tubercules (manioc et igname) et les légumineuses (haricot et arachide).

Sur la période de 1985 à 1995, la production moyenne annuelle est d’environ 550.000 tonnes de céréales, 1.800.000 tonnes de tubercules et 120.000 tonnes de légumineuses.

Malgré la disponibilité en produits vivriers, la malnutrition sévit dans certaines parties du pays. Les couches les plus touchées par ce fléau sont surtout les enfants et les femmes allaitantes.

Selon les résultats préliminaires de l’enquête démographique et de santé, 29% des enfants de moins de 3 ans souffrent de malnutrition globale, 25% de malnutrition chronique ou retard de croissance et 15% d’émaciation ou malnutrition aiguë. Il est à souligner que certaines régions du pays observent encore de longues périodes de soudure chaque année l’une des raisons de l’exode rural de ces zones.

Indicateurs en matière de conditions d’habitation

Au Recensement Général de la Population et de l’Habitat de 1992, il a été dénombré, 832.256 unités d’habitation; elles sont constituées essentiellement de concessions (34,7%), de maisons en bande (24,3%) et de maisons isolées (21,6%). Les toits des maisons sont surtout en tôle (67%) ou en paille (28%), les murs en terre dans 63% des cas, et les sols de plus en plus en ciment (45%). En somme, le logement traditionnel est encore dominant au Bénin ce qui accroît leur dépendance de la disponibilité des ressources forestières.

A travers ces quelques données, il apparaît qu’au Bénin, les indicateurs sociaux demeurent encore assez modestes dans leur ensemble avec des disparités importantes entre les départements.

Sur le plan sanitaire, les ratios population/personnel de santé restent élevés par rapport aux normes de l’OMS, la morbidité et la mortalité sont encore élevées.

Au niveau de l’éducation, des efforts considérables restent à faire en vue de la scolarisation universelle et l’alphabétisation des adultes.

Dans les domaines de l’approvisionnement en eau et de la production vivrière, la situation est assez satisfaisante, mais des poches de déficit alimentaire subsistent et dans certains quartiers périurbains, le problème d’accès à l’eau potable se pose encore avec acuité.

Indicateurs en matière d’action sociale

Il n’existe pas de données quantifiées dans ce domaine mais l’on peut citer des faits illustrant le phénomène

le trafic des enfants

l’exploitation économique et sociale des enfants et des femmes

la dégradation des mœurs et son impact

la faible attention accordée à la protection et à la prise en charge des besoins spécifiques des personnes marginalisées (handicapés, enfants abandonnés, délinquants, femmes chefs de ménage et femmes en milieu rural …etc.).

L’ensemble de ces problèmes trouvent leur racine dans la pauvreté, l’insuffisance du personnel d’encadrement, l’inadéquation des politiques en matière d’action sociale.

Face à tous ces problèmes sociaux, le gouvernement béninois devra s’engager dans une politique globale d’inversion de ces tendances négatives des indicateurs sociaux en offrant à ces citoyens toutes leurs aspirations sociales, économiques, politiques environnementales, culturelles et technologiques.

2.1.4. La pauvreté

Les seuils de pauvreté annuels moyens en milieu rural sont les suivants :

Seuil de pauvreté alimentaire (SPA): 38.000FCFA

Seuil de pauvreté non alimentaire ( SPNA): 17.700 FCFA

Seuil de pauvreté global (SPG): 56.500 FCFA

Le seuil de pauvreté le plus élevé se trouve dans la zone cotonnière du centre-Bénin et le plus faible dans l’Ouest-Atacora.

33% de la population rurale, vivent en dessous du seuil de pauvreté

Au Bénin, en moyenne 33,7% de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté globale, revenu annuel au dessous de 56.600 FCFA / équivalent -adulte/an (les dépenses de consommation alimentaires et non alimentaires sont en dessous du seuil de pauvreté). Cette moyenne de pourcentage se décompose en 33,1% en milieu urbain et 33,9% en milieu rural (ECVR, 1996 et ELAM, 1996). 57% de la population béninoise est estimée pauvre ou vulnérable à la pauvreté monétaire. Cette situation explique en partie les agressions commises par les populations sur l’environnement, aussi bien rural qu’en milieu urbain.

2.2. Performances économiques globales , changements attendus dans les rôles relatifs des différents secteurs, impacts des politiques de libéralisation économique

2.2.1. Les performances économiques globales

Le PIB per capita du Bénin en 1995 était de l’ordre de 380 $US (population estimée à 5,5 millions d’habitants et un taux de change annuel moyen de 500FCFA = $1US). L’évolution du PIB réel au cours des dernières années indique un redressement progressif de l’économie béninoise. En effet, la croissance enregistrée en 1993 est de 3,2%. Elle est estimée à 4,8% en 1995 et de 5,5% en 1996; l’évolution moyenne de cette croissance au cours de la période 1991-1996 fut de 4,1%

La contribution du secteur primaire au PIB du Bénin fluctue autour de 35%. Les produits agricoles constituent l’essentiel de la production du secteur primaire (25%) et l’élevage (10%) (Direction de l’élevage citée dans PADEB Borgou, 2000). La contribution du secteur forestier à l’économie est minime. Elle est de 2 ;8% du PIB, répartie comme suit:

bois de chauffage 2,3%

charbon de bois: 0,1%

autres 0,4%

 

2.2.2. Analyse de la conjoncture dans le secteur réel

Tableau 5: La répartition du PIB par secteur

Secteur

Année

1992

1993

1994

1995

1996

Primaire

36,8

35,8

35,5

33,9

35,1

Secondaire

12,7

12,9

13,5

14,2

13,7

Tertiaire

50,5

51,4

52,0

51,8

51,1

PIB(milliards de FCFA)

570,9

601,8

847,7

1035,8

1125,5

Taux de croissance réel (%)

4,1

3,2

4,3

4,8

5,5

Déflateur (%)

2,4

2,1

35,0

16,6

3,0

Source: INSAE, Comptes nationaux

Tableau 6: La Balance commerciale du Bénin 1993-1996 (milliards de FCA)

 

1993

1994

1995

1996

Exportations (FOB)

94,2

170,7

200,0

217,6

Importations (CAF)

161,8

208,3

243,0

257,6

Balance commerciale

-67,6

-37,6

-43

-40

Source: Ministère des Finances, 1996. Rapport économique et financier

2.2.3. Croissance économique: revenus, investissement et emplois

Des progrès considérables ont été effectués, entre la fin des années 80 et aujourd’hui. La croissance a été retrouvée, passant de –2,9% en 1989 à plus de 4% par an sur la période de 1990-1995.

Tableau 7a: Le taux de croissance (en %) sectoriel et national entre 1992 et 1996 se présente comme suit :

Années

Secteur

1992

1993

1994

1995

1996

Primaire

3,8

1,9

10

0,2

6

Secondaire

8

4,5

3

5

3,4

Tertiaire

3,8

4,2

0,1

7

3,4

Total

4

3,8

4,2

4

4,1

Source: Ministère des Finances, 1996. Rapport économique et financier

Tableau 7b: taux de croissance et PIB entre 1985 et 1996

Années

1985

1992

1993

1994

1995

1996

Taux de croissance économique (%)

2,3

4,1

3,0

4,1

4,8

5,0

Taux d’inflation (%)

(déflateur du PIB)

-4,9

2,4

2,7

37,1

16,2

6,8

PIB (milliards de francs CFA)

469,8

570,8

601,7

847,7

1034,8

1162,1

PIB non agricole (milliards de FCFA)

321,6

361,0

386,7

560,3

684,2

724,3

PIB par habitant

117,5

116,5

118,5

157,8

184,9

207,4

Source: Ministère des Finances, 1996. Rapport économique et financier

2.2.4. Investissements

Le taux d’investissement m esuré par le rapport FBCF/PIB (Formation Brute de Capital Fixe /Produit Intérieur Brut) a connu une progression régulière passant de 13,6% en 1991 à 14,0% en 1992, puis à 18,9% en 1995. Cette évolution est due entre autres, aux infrastructures routières et aux travaux réalisés dans le cadre du Sommet de la Francophonie tenu à Cotonou en Décembre 1995. La part de l’investissement public qui avait baissé (-0,6%° entre 1990 et 1992, s’est accrue sensiblement (2,4%) entre 1993 et 1995. L’état, avec un taux d’investissement de 7% en 1995, demeure le principal investisseur. Il est cependant suivi par les ménages et les entreprises privées dont les taux d’investissement en 1995 s’élèvent respectivement à 6,4% et 5,5%.

2.3. Changements politique et institutionnel

La nouvelle constitution du Bénin adoptée le 11 décembre 1990 consacre la séparation des pouvoirs et la mise en place des institutions démocratiques. Il s’agit notamment de l’Assemblée Nationale, de la Cour constitutionnelle, de la Cour Suprême, de la Haute Cour de Justice, de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) et du Conseil Economique et Social.

Cette même Constitution prescrit la création de collectivités territoriales administrées par des conseillers élus et dans des conditions prévues par la loi. Cette réforme consistera à la fois en une déconcentration et une décentralisation de l’administration territoriale dont les deux objectifs majeurs sont la promotion de la démocratisation à la base et la réalisation du développement local. C’est la loi n° 97-028 du 15 janvier 1999 portant organisation de l’administration territoriale qui consacre la décentralisation. Cette loi ne définit pas les pouvoirs de L’état et des collectivités sur la gestion et l’aménagement des forêts. Ce vide juridique pourrait conduire à une surexploitation des ressources pour la mobilisation des économies locales.

2.4. Les faits nouveaux intéressants le secteur agricole , autres secteurs et conséquences pour le secteur forestier

On estime à 100.000 ha la superficie défrichée chaque année à l’échelle nationale pour l’installation de nouveaux champs (BOURREAU et SYLLA 1989, in DAT/MEHU, sans année). Ce taux de dégradation élevée des forêts a été accentué par des faits nouveaux ou récurrents tels que:

2.4.1. L’accroissement démographique et la dégradation du couvert forestier

Parmi les défis majeurs auxquels le Bénin devra faire face au cours des deux décennies à venir figurent en grande place la dégradation généralisée et continue des ressources naturelles et de l’environnement.. Ces phénomènes s’expliquent principalement par la forte croissance démographique qui marque certains pays dont le Bénin depuis le début du 20ème siècle. Ainsi la lecture des données statistiques fait ressortir un doublement de la population en 40 ans entre 1910 et 1950, puis en 29 ans entre 1950 et 1979. Par contre entre 1979 et 1992 on a constaté une augmentation démographique de 1 584 345 habitants, soit un taux de croissance annuel moyen de 2,84% et un doublement seulement en vingt-cinq (2 5 ans).

En l’an 2000, cette population est estimée à 6,7 millions d’habitants contre 4,92 millions en 1992, connaissant ainsi un surcroît de (3,2%) par an. Les projections pour l’an 2025 (14,36 millions d’habitants) font ressortir une dynamisation de la démographique. La dynamique démographique explique donc la pression sur les ressources naturelles. Cette pression s’accroît au fur et à mesure que la population s’accroît. Ainsi les tendances montrent que l’évolution démographique entraîne l’extension des terres cultivées pour l’alimentation et l’exportation, la poursuite de la collecte de combustibles ligneux pour les besoins énergétiques courants, la poursuite de l’exode rural résultant de la déforestation et de la baisse de fertilité des terres.

2.4.2 L’échec des stratégies d’amélioration des rendements des cultures céréalières et de rente.

D’une manière générale le Bénin accuse un faible niveau de développement dans le domaine technologique; il accuse un retard important dans ce domaine. Les quelques innovations qui existent çà et là ne font malheureusement pas l’objet de vulgarisation suffisante pour stimuler un développement conséquent. L’absence d’une politique d’encouragement et de suivi d’innovation technologique fait que l’on assiste à des cloisonnements entre les structures de recherches, les entités de formation et les unités de production. Ce tard serait dû au système éducatif hérité de la colonisation.

Cependant, d’importants investissements ont été consentis dans notamment, la culture de maïs à Niaouli du temps de l’IRAT et du coton Bohicon et Ina avec l’IRCT et par la suite la RCF. Ces efforts devaient permettre d’avoir des rendements jusqu’à 1500 Kg de coton à l’ha et 2 tonnes de maïs à l’ha. Mais les exigences imposées par les technologies devant conduire à ces rendements sont jugées comme trop contraignantes et abandonnées au profit de la culture itinérante sur brûlis dévoratrice de terres fertiles.

L’utilisation de la fumure organique ( fumier, compost, déchets domestiques, engrais verts, déchets industriels ) n’ont jamais trouvé une application pratique sur le terrain ; il en est de même pour le respect soit des doses de fumures minérales ou d’application des pesticides, ou encore des dates d’opérations. Un fait qui mérite d’être souligné est l’installation des cultures dans les zones qui ne leur sont pas favorables, c’est l cas du coton dans certaines région comme kandi, Karimama, Boukombé, Ouaké pour ne citer que ces cas.

Dans le domaine forestier, le Centre Technique Forestier Tropical a installé quelques essais de provenance et de comportement de certaines essences comme le teck, le pin, l’Eucalyptus, l’Iroko, qui aussi sont restés sans suivi. La recherche forestière a particulièrement fait piètre figure en raison du manque de politique, de volonté politique, d’initiative à s’investir dans l’amélioration du potentiel génétique de certaines essences jugées d’avenir porteur

2.4.3 Le système de production de coton

Le Bénin a enregistré ces dernières années un boom cotonnier passant de 90 000 ha de superficie cotonnière en 1989 à 380 000 ha en 1999 avec une production de 43 000 Tonnes de coton graine en 1989 à 359 331 Tonnes en 1999. Les rendements qui étaient de l’ordre de 1 200 kg/ha sont tombés à 945 kg/ha et la tendance est à l’augmentation des surfaces. La culture du coton fait l’objet d’une filière bien organisée garantissant un prix plancher aux producteurs, l’approvisionnement des intrants, le crédit, la transformation et la commercialisation du produit fini.

Mais malheureusement le coton est surtout cultivé dans des agro systèmes traditionnels où il n’y pas ou très peu de restitution d’éléments fertilisants exportés par les cultures, ce qui oblige les paysans à laisser en jachères les sols épuisés ou envahis par les mauvaises herbes dont le rendement est devenu très faible. De ce fait, il n’est pas exagéré d’affirmer que la culture du coton dans les conditions actuelles et un facteur de destruction des ressources naturelles et de fragilisation des écosystèmes forestiers. Le tableau ci-dessous illustre quelle régression les forêts ont subi de 1980 à 1997.

Tableau 8: L’évolution des superficies boisées de 1980 à 1997

Type de formation

1980

1985

1990

1995

1997

Forêts décidues , semi décidues et galeries forestières

63 125

59 427

55 946

52 669

50 046

Forêts claires et savanes boisées

1 274 375

1 119 726

1 129 449

1 063 289

1 750 650

Savanes arborées et arbustives

6 095 625

5 738 560

5 402 411

5 085 954

2 991 088

Formations saxicoles

235 000

221 234

208 275

196 075

227 288

Formations périodiquement inondées

162 500

152 981

144 020

135 584

27 086

Total

7 830 625

7 371 928

6 940 101

6 533 571

5 046 781*

Sources: Revue et Analyse des données relatives aux produits forestiers, FAO, M.B.Tchiwanou 2001

Les données de 1997 concernent les seuls départements de l’Atacora et du Borgou, d’ailleurs ce sont aussi les départements les plus boisés..

L’évaluation des coûts environnementaux créés par la perte du couvert forestier (érosion des sols, perte de la végétation ligneuse, feux de savanes et de forêts, appauvrissement des sols) donne une valeur comprise entre 10 155 – 19 855 millions de francs CFA soit environ plus de 3% du PIB. Cette situation rend impérative la mise en œuvre d’une politique conséquente de gestion rationnelle et responsable de l’espace en général et des ressources naturelles en particulier pour garantir les besoins actuels et futurs des populations.

 

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