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I. INTRODUCTION ET CONTEXTE FORESTIER NATIONAL

1.1. Introduction

A l’issue de la Conférence au sommet sur le développement de l’Afrique tenue à Maastricht (Pays-Bas) en 1990, l’une des grandes conclusions auxquelles les participants ont abouti est que «le développement n’est pas possible si les transformations de comportements et des structures socio-démographiques, culturelles et politiques ne sont pas associées aux mesures purement économiques, organisées selon une vision partagée et inscrite dans le temps».

S’inscrivant dans cette logique, le Gouvernement du Bénin avec le concours du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a réalisé des études dites ‘’Etudes Nationales de Perspectives à Long Terme entendu en Anglais National Long Terme Perspectives Studies (NLTPS ) - Bénin 2025 -’’ suivant un processus qui s’est déroulé de mars 1994 jusqu’à septembre 1998 avec une phase très active durant les deux dernières années. Spécifiquement en rapport avec le secteur forestier, le Bénin participe depuis décembre 1999 à l’étude prospective du secteur forestier qui est une initiative conduite par la FAO, en partenariat avec tous les pays africains, la Banque Africaine de Développement, la Commission Européenne, des Organisations Intergouvernementales sous-régionales et régionales, la Banque Mondiale et d’autres organismes. L’Etude Prospective du Secteur Forestier en Afrique, (FOSA) a été approuvée par les pays africains à la onzième session de la Commission des Forêts et de la Faune sauvage pour l’Afrique (CFFA), tenue à Dakar, au Sénégal, en avril 1998. L’élaboration d’un document national de prospective du développement du secteur forestier pour chaque pays est l’une des étapes fondamentales les plus importantes devant conduire à la production du rapport sur les perspectives forestières sous-régionales et régionales.

1.2. Objectif du rapport

Le principal objectif du document national de prospective est d’examiner la situation future du développement ( d’ici 2000 ans ) du secteur forestier dans le pays en tenant compte notamment des évolutions futures des facteurs internes et externes qui interagissent sur le secteur forestier. Partant des données actuelles sur le secteur forestier, le contexte socio économique du pays et des grandes tendances observées, l’étude tentera de visualiser l’évolution la plus probable des ressources forestières et de la faune sauvage, du tissu industriel forestier, du cadre institutionnel législatif et réglementaire du secteur forestier et son articulation avec les autres secteurs économiques de développement du pays sur les 20 prochaines années. L’étude vise aussi à évaluer les conséquences politiques, technologiques, économiques, sociales, environnementales et culturelles des faits nouveaux qui intéressent le secteur forestier au Bénin.

Le document identifiera les principaux facteurs de changement (moteurs de changement) dont il fera une analyse critique afin de prévoir non seulement leur influence probable sur le secteur mais aussi et surtout les mesures correctives qui s’imposent notamment dans les domaines institutionnels, politiques, technologiques, socio économiques et culturels tant au niveau local, régional que sous régional.

 

1.3. Contexte du secteur forestier

La République du Bénin comptait une population d’environ 6 millions d’habitants en 1998 inégalement répartie sur une superficie totale de 112 622 Km² avec plus de 82% de la population répartie sur 27 % de la superficie du territoire national dans la partie sud du pays, ce qui pose déjà de sérieux problèmes environnementaux.

Il y a environ dix ans, l’on a estimé qu’environ 7,8 millions d’hectares soit 70 % du territoire national étaient couverts de diverses sortes de formations forestières mais dont seulement environ 200 000 ha étaient encore couverts de quelques espèces économiquement intéressantes et constituaient de fait l’essentiel des réserves en bois du pays. De plus environ 2,7 million d’ha soit 19 % du territoire national se trouvent à l’intérieur des parcs nationaux (843 000 ha), des réserves de faune (420 000 ha) et des forêts classées (1 436 500 ha)

Malheureusement de nos jours, des surfaces importantes sont détruites chaque année ( 100 000 ha par an ) pour des fins agricoles, cynégétiques, pastorales et pour la récolte de bois (bois d’œuvre et bois-énergie ) à l’intérieur de ces zones pourtant sous protection.

Selon l’audit institutionnel réalisé en 1999, le secteur forestier serait marqué par un dysfonctionnement institutionnel caractérisé par une administration forestière affaiblie par une réduction drastique de ses effectifs occasionnée par le gel de recrutement imprimé par le Programme d’Ajustement Structurel, un arsenal juridique inadapté aux évolutions actuelles des rôles des différents acteurs et un personnel démotivé. A côté de cette administration forestière se dresse un Office National de Bois suréquipé, puissant, et seulement responsabilisé dans la gestion des quelques 13 000 ha de plantations domaniales à dominance teck.

Les efforts du secteur forestier à la constitution du PIB sont encore mal ou pas du tout connus. Les chiffres officiels indiquent que le secteur forestier ne participe qu’à concurrence de seulement 2,8 % au PIB répartie en bois de feu (2,3 %), Charbon de bois 0,1 % et autres 0,4 %. Ces chiffres ne prennent pas en compte les produits de sciage qui représentent à peu près le triple du bois énergie en valeur.

Selon l’étude filière bois réalisée par MPREPE/BM 1999, la consommation de bois d’œuvre est estimée en 1997 à 112 000 m3 de grume/an face à une disponibilité de 652 000 m3 en grume/an. Ce chiffre serait obtenu à partir d’une production de 52 000 m3 de teck des plantations domaniales et de 60 m3 de bois rouges extraits de nos formations naturelles avec une partie provenant des importations du Nigeria et du Togo. Mais en réalité, compte tenu du fait que d’autres grandes scieries viennent d’être installées et qu’une part importante de bois est consommé dans l’informel ce chiffre doit être revu à la hausse.

Les importations en contre-plaqués, papiers, cartons et autres produits forestiers ces dernières cinq années ont atteint environ 5 093 600 Kg. selon une récente étude de la FAO, (Revue et amélioration des données relatives aux produits forestiers du Bénin M. B. Tchiwanou 2001).

Dans la même période, le Bénin a exporté et réexporté plus de 6 000 m3 de sciage, 4 817,317 m3 de parquets et 2 443,2084 m3 de frises selon la même source que dessus.

Le tissu industriel forestier du pays peut être qualifié de rudimentaire. Un sondage fait en 1996, mentionne que le pays compte 80 industriels de bois. pour 398 exploitants forestiers et 1261 commerçants de produits forestiers. L’ONAB à qui incombe la gestion des plantations domaniales de teck traîne derrière lui l’une des usines de bois les plus sophistiquées en voie de privatisation d’ailleurs. Les autres unités de transformation au nombre de 910 pour les ateliers de débitage, les menuiseries et les ébénisteries et les scieries au nombre de 12 sont concentrées dans la partie Centre –Sud du pays.

Bien que le secteur forestier soit générateur d’emploi et procurerait de revenu pour une frange non négligeable de la population notamment des femmes, aucune étude ne permet aujourd’hui de dire avec exactitude l’importance de sa contribution à la résorption du chômage et la réduction de la pauvreté au Bénin. Les produits comme les palmes du bambou, le vin de bambou, les amandes de Karité, les feuilles fleurs fruits et racines comestibles de certains arbres, le pâturage, le gibier et autres produits forestiers non ligneux utilisés en pharmacopée font nourrir des populations toutes catégories confondues dans nos campagnes.

1.4. Problématique de développement du secteur forestier

Elle se caractérise essentiellement par une dégradation continue des ressources forestières et de la faune sauvage depuis plus de trente ans. Cette dégradation résulte d’un ensemble de facteurs complexes dont les principaux peuvent être classés en deux catégories. Facteurs d’ordre climatique (sécheresse, chute de pluviométrie assèchement des cours et plans d’eau entraînant une fragilisation des écosystèmes) et d’ordre anthropique (forte croissance démographique entraînant des pressions animales et humaines sur les ressources, système de production extensif inadapté, feux de brousse etc.

La situation la plus préoccupante est que les populations dont la majorité se trouve largement en dessous du seuil de pauvreté, sont obligées parfois de détruire leur propre environnement pour survivre, ce qui aggrave les pressions exercées sur les ressources naturelles. Dans les zones forestières où l’on note une forte pression démographique en raison du flux important de migrants et de colons agricoles, les pressions sont de plus en plus fortes et sont génératrices de conflits. Ces pressions auraient pu être limitées si les populations venaient à être suffisamment impliquées dans la conception et la mise en œuvre des différents programmes de développement relatifs à la gestion des ressources naturelles. De toutes les façons, tant que les stratégies forestières élaborées ne s’intégreraient pas assez harmonieusement dans les politiques globales agricoles du pays et dans l’économie nationale, l’inversion du processus de dégradation de ressources naturelles ne serait qu’un vœux pieux.

Les principaux problèmes auxquels le secteur forestier est aujourd’hui confrontés sont essentiellement:

un cadre institutionnel inadéquat,

une faible participation des populations la gestion des ressources naturelles,

une mauvaise gestion des ressources forestières

une mauvaise gestion des ressources de la faune et de son habitat

 

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