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RESUME SUR LE SECTEUR FORESTIER DU BURKINA FASO

 

I. LES FORETS ET LE SECTEUR FORESTIER

La République du Burkina Faso (anciennement la Haute-Volta), pays enclavé et situé dans la zone soudano-sahélienne, couvre une superficie de 274 200 km2 et compte 10,5 millions d’habitants. Quatre-vingt-neuf pour cent de la population est rurale.

Le développement du Burkina Faso dépend en grande partie de l’aide extérieure. Le revenu par habitant est inférieur à 190 dollars E.-U. par an. Le secteur agricole fait vivre plus de 85% de la population et contribue pour plus d’un tiers au Produit Intérieur Brut (PIB) dans les bonnes années.

Le secteur forestier joue un rôle important dans le pays, tant au plan économique que social et culturel. Les forêts et les formations boisées couvrent environ 6,6 millions d’hectares et sont situées principalement dans les deux parcs nationaux, à la frontière avec le Bénin et le Togo. En 1990, les forêts naturelles s’étendaient sur 4 416 000 ha (soit 16,1% de la surface totale) . Leurs formations (galeries forestières, forêts claires, savanes arborées, savanes arbustives, fourrés tigrés) se répartissent comme suit: domaine non-classé 11 604 000 ha (75%) et domaine classé 3 816 000 ha (25%). Le domaine classé comprend: parcs nationaux 390 000 ha (10%); réserves de faune 2 545 500 ha (67%); forêts classées 880 000 ha (23%) . La déforestation annuelle est de 40 000-60 000 ha, tandis que la reforestation annuelle est de 1 100 ha. Les formations végétales couvrent 254 100 km2 , soit 92% du territoire national englobant les surfaces brûlées et les jachères arbustives.

Parmi les espèces à usages multiples, le Néré (Parkia biblobosa) et le Baobab (Adansonia digitata) sont bien représentés dans le pays. Le Karité (Vitellaria paradoxa) a toujours été soigneusement conservé, et aujourd’hui, le centre du pays ressemble à un immense verger à karité qui garde un aspect vert et boisé.

La foresterie communautaire est bien développée au Burkina Faso. Le pays a fait œuvre de précurseur dans le domaine de la foresterie rurale, de l’aménagement participatif des forêts naturelles et des petits boisements, ainsi que dans la gestion de la faune et de la flore sauvages. Le concept d’aménagement des terroirs est mis en œuvre avec succès. Il est adopté comme principale stratégie de développement de la foresterie communautaire. Cependant, son adoption dans ce pays se heurte encore à certains obstacles majeurs comme le manque de sécurité de jouissance des terres et des ressources, les faiblesses de la législation foncière et les politiques inadéquates en matière d’agroforesterie.

 

Au Burkina Faso, le mode d’intégration des systèmes économiques ruraux et urbains n'est pas encore arrivé à faire émerger un véritable secteur moderne d’exploitation des forêts pour l’approvisionnement urbain en combustibles ligneux. La consommation des produits pétroliers, qui sont tous importés, est basse, et le bois contribue pour 91 % à la consommation totale d’énergie. Le niveau de consommation est particulièrement sensible autour des villes où l’accélération du processus d’urbanisation a engendré une sur-exploitation des ressources les plus proches, créant ainsi une auréole de désertification caractéristique. Dans le long terme, le gouvernement se fixe pour but de promouvoir l'usage du butane comme combustible domestique et comme une alternative au bois afin de prévenir la déforestation. En dépit de la réduction des taxes, le butane coûte le double du bois, toutefois son prix est relativement plus favorable que celui du charbon de bois.

Le bois de feu, le bois de service, le bétail, la faune, les médicaments, le karité et le miel restent les principales industries forestières du pays. Le bois de feu représente 85% du total du PIB de tous les produits ligneux commercialisés dans le pays, suivi par le bois de service (12%) et le bois d'œuvre (3%). La consommation annuelle de bois d’œuvre se chiffre autour de 25 000 m3, dont 93% sont importés des pays voisins, et seulement 7% disponibles sur place

En 1990 la contribution du secteur ne représentait que 5,2% du PIB (un peu plus de 40 milliards de FCFA). Cette contribution est largement sous évaluée dans la mesure ou plusieurs activités économiques qui prennent appui sur l’exploitation forestière ne sont pas prises en compte. Il s’agit notamment des activités de cueillette de fruits, gousses, feuilles et parties d’arbres, de l’exploitation forestière pour les besoins de la pharmacopée traditionnelle et de l’alimentation du bétail.

 

II. POLITIQUES, INSTITUTIONS ET PROGRAMMES FORESTIERS

Politiques. Le processus de démocratisation, entamé en 1990, suivi en 1994 par la dévaluation du franc CFA, ont favorisé les bonnes performances économiques, et le rythme soutenu des réformes permet de voir l’avenir avec un certain optimisme.

De 1990 à 1994, les nombreuses réflexions relatives à la stratégie d’intervention dans le domaine de l’environnement et des forêts, ont conduit à: (i) l’adoption de l’approche terroir, (ii) l’adoption du PANE; (iii) la création d’une Direction générale de l’environnement au lieu de la Direction des eaux et forêts, avec missions élargies à la coordination et à l’application de la politique dans les domaines forestier, piscicole, cynégétique et d’amélioration du cadre de vie. Une nouvelle loi foncière a été promulguée en 1991, ce qui a eu un effet fort sécurisant sur les usagers.

Le document de référence pour la définition des politiques et stratégies de développement est le Plan Quinquennal de Développement Populaire 1991-95. Six engagements nationaux ont été renouvelés par le Gouvernement en 1994: (i) la sauvegarde de l’environnement et la lutte contre la désertification par un nouveau programme intitulé "8000 villages, 8000 forêts- une école, un bosquet"; (ii) l’accroissement de la production agro-pastorale; (iii) l’organisation et l’appui du secteur informel et de l’artisanat; (iv) le soutien des activités rémunératrices des femmes; (v) l’élévation du niveau général des connaissances à la base.

Institutions. La Direction Générale de l’Environnement (DGE) est la structure centrale de l’administration forestière. Son organigramme est contenu dans celui du Ministère de l’Environnement et du Tourisme (MET). Ses principaux soutiens sont la Direction des Affaires Administratives et Financières, la Direction des Etudes et de la Planification et l’Inspection Générale des Eaux et Forêts. Une commission nationale de décentralisation a été mise en place en juillet 1994 pour impulser et animer la réflexion autour de la décentralisation. Un Secrétariat chargé de la coordination de la mise en œuvre du Plan d’Action National de Lutte Contre la Désertification (PAN-LCD) et des autres Programmes de Conservation et de Gestion des Ressources Naturelles, a été créé en 1995.

L’effectif du MET en 1993 comptait pour le domaine forestier: (a) 141 ingénieurs des eaux et forêts; (b) 127 contrôleurs des eaux et forêts; (c) 144 agents techniques et (d) 130 agents (préposés). C’est évident que le personnel d’encadrement et d’exécution reste nettement insuffisant dans le secteur. La formation académique des cadres forestiers est assurée par l’Institut du Développement Rural de l’Université de Ouagadougou (IDR) (niveau inférieur); l’École Nationale des Eaux et Forêts (ENEF) de Bobo-Dioulasso est le centre de formation des agents forestiers (contrôleurs-assistants-agents).

Programmes. Le Gouvernement du Burkina Faso entreprit dès le début des années 80 plusieurs actions avec l’appui de la FAO et du PNUD. "Le projet d’aménagement des forêts naturelles sur un rayon de 150 km autour de la ville de Ouagadougou " pour l’approvisionnement de ladite ville en bois de feu, qui a démarré en 1986, est actuellement dans sa troisième phase. Il a pour objectif essentiel de concilier la pression de la demande urbaine en bois de feu avec la nécessité de la gestion rationnelle et durable des forêts environnantes.

Le Plan d’Action Forestier National du Burkina Faso (PAFN-BF) a été lancé en juin 1989. Le PAFN a été conçu à l’origine comme une composante du Plan national de lutte contre la désertification (PNLCD), adopté par le Gouvernement en juillet 1986. L’avant-projet du rapport provisoire PAFN a pu être analysé lors de l’atelier national d’août 1991. Il a été finalisé à la fin de 1991, sous le nom de Plan d’Action Forestier Tropical du Burkina Faso (PAFT-BF), avec le soutien financier de la GTZ et l’appui technique de la FAO.

En outre, le Burkina Faso a adopté en août 1992 le Plan National d’Action Pour l’Environnement (PNAE), qui intègre le PNLCD et le PNGTV (Programme National de Gestion des Terroirs Villageois), afin de définir une politique associant étroitement développement et environnement.

La Direction des Etudes et de la Planification du Ministère de l’Environnement et du Tourisme a ensuite décidé d’intégrer le PAFN-BF et le PNAE. Trois programmes techniques de développement ont été envisagés et formulés: (i) un programme national de foresterie villageoise; (ii) un programme national d’aménagement des forêts naturelles; (iii) un programme de dendroénergie.

Par ailleurs, un programme d’appui institutionnel et de renforcement des capacités a été préparé. Il comprend: (a) une étude sur la législation forestière; (b) une étude sur le renforcement des structures du secteur forestier et sur les problèmes relatifs à la coordination; (c) une étude sur le rôle de la formulation et de la recherche pour le développement forestier.

Le MET a reçu une aide du PNUD pour la préparation d’un Plan Directeur intégrant les différents programmes du secteur élaborés dans le cadre du PAFT-BF et du PNAE. Les projets locaux de plantation d’arbres sont fortement encouragés par le gouvernement et de dures sanctions ont été appliquées sous le régime du Président Sankara pour des abattages illégaux. Le gouvernement a introduit en 1991 un programme à long terme de gestion de l’environnement au niveau national grâce à un crédit de 16,5 millions de dollars E.-U. de la Banque Mondiale. Le projet vise à stopper la dégradation des ressources naturelles, à assurer la croissance agricole durable, à rétablir la diversité biologique et à gérer les ressources forestières. Entre 1994 et 1997, près de 15 millions de semis d’arbres ont été plantés dans le cadre de la campagne de reforestation nationale et une nouvelle campagne visant à planter encore 7 millions d’arbres a été lancée.

En 1991 plusieurs autres programmes ont été initiés: (i) lutte contre la désertification, élaboré dans le cadre d’une stratégie sahélienne, (ii) planification familiale, (iii) lutte contre les feux de brousse non contrôlés, (iv) lutte contre la divagation des animaux et (v) lutte contre la coupe abusive de bois de feu. Un fonds forestier national a été créé.

Les principaux problèmes actuels liés à la gestion de l’environnement sont: (a) la sécheresse et la disponibilité des ressources en eau; (b) l’érosion des sols; la pénurie de bois, avec de très fortes pressions dans le Nord et le Centre du pays; (c) la forte pression exercée par les troupeaux transhumants; (d) la perte de diversité biologique et spécialement celle de la faune.

Contraintes. Le paysage institutionnel est complexe, car il est caractérisé par de multiples plans et programmes relatifs à l’environnement. Il est indispensable que la mise en œuvre des plans nationaux à caractère technique soit bien coordonnée institutionnellement. La multiplicité des plans et programmes et des institutions chargées de les gérer rend cette coordination difficile, d’autant que les capacités nationales sont limitées (manque de personnel et de moyens logistiques). Le poids économique du secteur reste difficile à établir à cause de l’insuffisance des méthodes de collecte et de traitement des statistiques forestières et des clivages méthodologiques pour la prise en compte de l’auto-approvisionnement pour l’auto- consommation. Les problèmes financiers existent toujours. Il convient par ailleurs de souligner les pressions anthropiques considérables : braconnage, défrichements, feux de brousse, surpâturage, qui ont contribué à une réduction drastique des effectifs de la faune sauvage. D’autre part, les ressources hydrographiques et les plans d’eau intérieurs dont le potentiel halieutique est estimé à plus de 12 500 tonnes de poissons par an, sont largement sous-exploités (à peine 7 000 tonnes/an), du fait surtout des aléas climatiques, de l’insuffisance de formation, d’équipement et d’organisation des pêcheurs.

 

III. ACTIVITES ACTUELLES (OU EN PREPARATION) DE LA FAO

La FAO a une longue tradition de coopération avec le Burkina Faso. Durant les quinze dernières années, plus de 80 projets forestiers ont été préparés et exécutés par l’Organisation, dont:

Production et Commercialisation de Bois de Feu, BKF/85/011

Aménagement de la Forêt Classée de Toumousseni, Province de la Comoe, GCP/BKF/036/SWE.

Appui à la Direction des Etudes et de la Planification du Ministère de l’Environnement et du Tourisme, BKF/86/014.

Aménagement des Forêts Naturelles pour la Sauvegarde de l’Environnement et la Production de Bois, BKF /89/011

Projet de Reboisement/UPV.3-28/78

Projet de Conservation des Eaux et des Sols et Agro-Foresterie/63/87 IF-BKF 17

Projet Forestier (CR.982-UV)51/88 CP-BKF 20CR

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