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3. Analyse des tendances et des orientations

 

3.1. La production

3.1.1. Les tendances passées et présentes

Nous n’avons pas pu trouver des chiffres ni sur la production du bois de feu ni sur celle du charbon de bois. Nous avons cependant trouvé des informations sur le couvert forestier qui sert à la production du bois-énergie que nous relatons ci-après.

Le couvert forestier varierait en 1987 de 165.000 ha à 200.000 ha sur toute l’étendue du territoire 1 . De 1992 à 1997, il est passé de 206.000 à 174.000 ha La crise de 1993 ayant considérablement contribué à sa diminution (voir tableau n°5).

Il n’y a cependant pas de relation entre superficie et production de bois, car les formations naturelles sont supposées ne pas produire du bois étant donné qu’elles sont protégées.

Quant aux plantations communales et à certaines plantations domaniales, leur productivité est presque nulle suite aux coupes répétitives non réglementées et non contrôlées.

La production du bois en provenance des boisements domaniaux installés lors des grands projets de reboisement reste également faible car le Département des Forêts n’a pas encore défini les modalités de leur gestion et les conditions d’exploitation.

Ce sont donc les boisements privés et les plantations agroforestières qui fournissent l’essentiel du bois autoconsommé en milieu rural et commercialisé en milieu urbain sous forme de bois de feu ou de charbon de bois.

 

3.1.1.1. Les grandes tendances observées et leurs causes

Une forte chute des productions en bois issu des forêts naturelles

Depuis le début du siècle, on observe une forte diminution du couvert boisé à cause d’une part de la pression démographique et d’autre part du fait que les populations considèrent les forêts naturelles comme une «affaire de l’Etat » et ne se sentent donc pas responsables de leur protection.

La crise sociopolitique de 1993 a également occasionné des coupes illicites assez importantes. Actuellement, la superficie des formations naturelles est estimée à 55.000 ha alors qu’elle était de 100.000 ha il y a 20 ans1.

Une forte diminution des forêts communales tendant à leur disparition.

Les forêts communales installées depuis 1930 ont fortement diminué surtout après l’indépendance.

Leur mode de gestion qui tend à favoriser l’accès libre a conduit à la disparition quasi totale de ce patrimoine.

Actuellement, les forêts communales sont évaluées à 12.000 ha mais la production de ces boisements est très faible (moins de 3m3/ ha/an en moyenne). Le volume du bois issu de ces forêts est donc fortement réduit.

 

L’inaccessibilité des boisements de Etat

Avant la crise de 1993, la superficie totale de ces boisements était d’environ 80.000 ha. Mais ce type de boisements reste inaccessible aux populations car ces boisements sont situés à des endroits physiquement inaccessibles (fortes pentes...), ensuite le Département des Forêts n’a pas encore défini les modalités de gestion et d’accès à ces boisements pour le public.

L’émergence des boisements privés et l’augmentation du bois en provenance de l’agroforesterie

La création de «forêts artificielles » au Burundi est relativement récente (1930). Mais depuis ces dernières années, on remarque que l’agroforesterie et les microboisements privés se développent progressivement. Actuellement, l’essentiel du bois de feu et du charbon de bois provient de ce genre de boisement.

3.1.2. Les orientations futures dans le domaine de la production

 

3.1.2.1. Objectif général du Ministère de l’Energie et des Mines dans le sous secteur du bois-enérgie

L’objectif général est d’améliorer et de rationaliser les conditions d’approvisionnement, de production, de distribution et de consommation d’énergie dans le respect des intérêts à long terme du pays1.

Cet objectif consisterait à renverser le processus de déforestation en cours et stabiliser le couvert forestier à un niveau permettant la satisfaction des besoins de la population en bois énergie (300.000 ha).

Les actions envisagées sont :

l’accroissement des plantations surtout en agroforesterie

la poursuite des programmes de conservation de la ressource ligneuse

la poursuite de la politique de substitution par d’autres formes d’énergie

la participation des populations par le biais des collectivités locales concernées dans la gestion des ressources en bois de leur terroir et dans le partage éventuel des retenus de leur exploitation

la révision des codes forestier et foncier

la révision du prix du charbon de bois et du bois pour refléter le prix réel

la sélection et la culture des essences de bois à croissance rapide.

 

3.2. La consommation

3.2.1. Les tendances passées et présentes

La consommation du bois-énergie augmente progressivement. On estime qu’en 1990, la consommation totale du bois de feu était de 6.501.380m3 alors qu’en 1998 elle était de 8.230.953 m3 selon les données du Département de l’Energie.

La consommation totale du charbon de bois elle, était estimée en 1990 à 40.414,3 tonnes et à 53.818 tonnes en 1998.

C’est le milieu rural qui absorbe la plus grande partie du bois de feu, c’est à dire jusqu’à plus de 76 % de la consommation globale à raison de 2,41 kg par personne et par jour en 1989 1 et 2,93 kg par personne en 1994 2 .

Le bois de feu est un combustible devenu de plus en plus rare. En témoigne les distances qui sont de plus en plus longues pour son ramassage : jusqu’à 3 heures de voyages (Nkurunziza, 1994). Le bois de feu est complété par les déchets végétaux.

Le charbon de bois est par contre utilisé principalement en milieu urbain avec une consommation moyenne de 0,47 kg par personne et par jour en 1989 et 0,68 kg par personne et par jour en 1994.

La consommation du bois de feu et de charbon de bois semble quelque peu excessive dans la mesure où elle impliquerait un couvert de plus de 188.000 ha (avec moins de 174.000 ha disponibles aujourd’hui) ; en raisons d’une coupe normée à 34 m3 par ha par an, i.e. pouvant permettre la reconstitution de la forêt. Aussi, cette consommation prouve à elle seule, sans ajouter la coupe du bois d’œuvre, qu’une déforestation est imminente si des mesures palliatives ne sont pas envisagées très vite.

En plus des problèmes liés à la consommation du bois-énergie, les feux de brousse perpétrés dans certaines régions du pays et le défrichement font une pression constante sur les ressources existantes.

3.2.2. Les orientations futures dans le domaine de la commercialisation

Les trois axes prioritaires de la politique sectorielle du Ministère de l’Energie et des Mines dans ce secteur sont les suivants :

Diffuser les fours de carbonisation et les foyers améliorés à haut rendement

En effet, les fours traditionnels ont un rendement énergétique modique, estimé à 9 % malgré un prix de revient élevé par rapport aux méthodes améliorées.

Les fours améliorés ont également un rendement pouvant atteindre 25 % avec une réduction sensible du coût de revient, estimée à 45 % par rapport aux fours traditionnels

Valoriser le potentiel d’économie d’enérgie-bois dans le secteur artisanal

Le secteur artisanal est jugé gros consommateur d’énergie-bois : briqueteries, tuileries, boulangeries, restaurants. Il devrait en conséquence bénéficier des techniques et des dispositifs efficients pouvant réduire le coût de revient des produits fabriqués et diminuer leur rythme de demande en bois-énergie.

Substitution du charbon de bois par le gaz

Le Ministère de l’Energie et des Mines envisage d’analyser les possibilités de développer l’utilisation du gaz butane pour des besoins domestiques qui a contribué à réduire sensiblement le rythme de déforestation dans certains pays africains et à améliorer les conditions de vie des populations.

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