3.1. Les actions de reboisement
Elles constituent les plus importantes actions menées pendant et après les sécheresses des années 70 pour réhabiliter et améliorer l'environnement. En effet, les premiers projets forestiers ont surtout privilégié le développement des bois de villages, les ceintures vertes et l'enrichissement des terres de cultures.
Le développement des reboisements forestiers s'est surtout accompli au cours des années 80 grâce notamment aux appuis du projet IDA/FAC/CCCE (1979-1990) et ses objectifs ambitieux de plantations de type industriel en sec et en irrigué, et à l'engagement de Maradi (1984).
Malheureusement, la plupart de ces projets ont connu un échec plus ou moins prononcé. Les problèmes liés à leur développement sont multiples et se situent à plusieurs niveaux :
* problèmes fonciers (appropriation des terres par l'État) ;
* implication insuffisante des populations ;
* vision trop sectorielle des opérations,
* matériel végétal méconnu,
* suivi défaillant des actions après projet,
* utilisation des semences forestières tout-venant ;
* insuffisance de l'encadrement,
* conditions climatiques et édaphiques mal appréciées,
Par contre, certaines réalisations de protection : protection de koris, lutte contre l'ensablement, brise-vent et haies vives, etc. ont donné des résultats satisfaisants, dus en grande partie à l'intérêt que leur ont accordé les populations, et leur dimension relativement maîtrisable.
Les actions agroforestières, développées suite aux insuffisances constatées dans les projets de première génération (opération enrichissement des terres), ont également enregistré des succès pour avoir associé les populations aux repérages et à la protection des plants forestiers, à la plantation de brise-vent sur leurs propres champs, etc.
Les plantations réalisées concernent :
Les sites agricoles (cultures pluviales ou de contre saison) ;
Les sites pastoraux ;
Les sites forestiers (forêts classées et protégées, réserves)
Les sites sylvo-pastoraux ;
Les Sites agro-sylvo-pastoraux ;
Les sites menacés (berges, koris, dunes de sables)
Trois catégories de plantations sont conduites généralement au niveau de ces sites à savoir :
plantations en bloc : elles regroupent l’engagement de Maradi (1984), les bois de village, la fête de l’arbre, les plantations de ceinture verte, de haie vive, bord de champs, alignements, protection linéaires, etc.)
les regarnis : toutes les plantations exécutées à l’effet de remplacer des plants morts sur les plantations antérieures à la campagne.
3.1.1. Réalisations effectuées au niveau national
Ces réalisations sont présentées dans le tableau 5.
Tableau 5 : Réalisations effectuées de 1992 à 1996 au niveau national
Opérations |
Année |
|||||
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Totaux |
|
Plantations en bloc (ha) |
1764 |
3851 |
9215 |
655 |
4944 |
20429 |
Plantations linéaires (km) |
1394 |
1461 |
4242 |
1686 |
1288 |
10071 |
Fixation biologique de dune (ha) |
1045 |
508 |
640 |
577 |
564 |
3334 |
3.1.2. Réalisations effectuées de 1992 à 1996 au ni veau des régions
Au niveau des régions, on peut noter que les superficies plantées sont variables (Tableau 6, 7 et 8). Cette différence peut être liée aux moyens disponibles au niveau des différentes régions.
Tableau 6 : Plantations en bloc (ha)
Régions |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Agadez |
10,2 |
27,596 |
39,32 |
17,5 |
134 |
Diffa |
106,57 |
20 |
15 |
28,3 |
79,75 |
Dosso |
312,43 |
312,455 |
1585,84 |
41,545 |
223,38 |
Maradi |
323,26 |
76,85 |
1123,07 |
181,8 |
115,2 |
Tahoua |
168,3 |
2866,37 |
2640,8 |
237 |
209 |
Tillabéry |
610,65 |
80,9 |
2624,26 |
106,2 |
3810 |
Zinder |
308,62 |
334,76 |
1186,18 |
40,66 |
369,85 |
Niamey |
14,25 |
10 |
0,6 |
2 |
2,7 |
Tableau 7 : Plantations linéaires (km)
Régions |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Agadez |
1,078 |
2,8 |
10,79 |
3,5 |
13,134 |
Diffa |
5,1 |
5,8 |
5,2 |
23,342 |
24,66 |
Dosso |
102,52 |
110,139 |
133,51 |
101,493 |
398,8 |
Maradi |
405,295 |
652,97 |
444,94 |
197,387 |
461,35 |
Tahoua |
847,9 |
415,92 |
3446,11 |
151,1 |
369,6 |
Tillabéry |
321,25 |
239,62 |
122,513 |
1069,818 |
148 |
Zinder |
70,97 |
21,71 |
78,86 |
138,856 |
3 |
Niamey |
- |
0 |
0,3 |
1 |
Tableau 8 : Fixation biologique de dune (ha)
Régions |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Agadez |
2,39 |
- |
0 |
- |
0 |
Diffa |
511,4 |
208,5 |
113,5 |
115,35 |
252,5 |
Dosso |
- |
- |
0 |
- |
0 |
Maradi |
- |
44,25 |
105,51 |
75,3 |
0 |
Tahoua |
226,9 |
149,66 |
278,4 |
300,8 |
215 |
Tillabéry |
11,2 |
14,4 |
5 |
- |
0 |
Zinder |
226,35 |
159,6 |
137,53 |
85,17 |
96,7 |
Niamey |
- |
- |
0 |
- |
0 |
La production des plants forestiers a connu une évolution significative notamment après "l'Engagement de Maradi" en 1984. Au cours de la période 1984-1990, la production cumulée de plants forestiers est de l'ordre de 42 000 000 de plants dont le 1/3 est issu des pépinières villageoises.
Mais il faut noter que le succès enregistré au niveau des plantations forestières reste très mitigé en raison :
- d'une part, de leur insuffisance à l'égard de l'ampleur du phénomène à combattre (désertification) et de la part minime que ces plantations représentent en rapport au prélèvement effectué (5 000 ha de reboisement contre 200 000 ha de formation forestière perdue chaque année),
- d'autre part, du fait du faible taux de réussite des plantations (50 % en moyenne).
Au niveau individuel, le réflexe de plantation et d'entretien des arbres se généralise tant en milieu urbain qu'en milieu rural avec une tendance prononcée à la réhabilitation des espèces locales.
Au niveau des efforts des collectivités, villages et associations, après le sursaut observé au cours les cinq premières années, les opérations dites "Engagement de Maradi" sont tombées dans l'oubli à mesure que l'on s'éloigne de la date de cet appel historique du conseil des Ministres du 31 Mai 1984.
3.2. Les actions d'aménagement des forêts naturelles
L'élan observé à partir des années 80 pour le développement des plantations industrielles s'est estompé face aux résultats médiocres obtenus en matière de production de bois. Les forêts naturelles ont continué donc à fournir l'essentiel, sinon tout le bois dont les populations ont besoin, dans le contexte d'une dégradation avancée de leurs ressources. C'est ainsi qu'en 1982 un intérêt marqué a commencé à être accordé aux forêts naturelles par le projet PUSF / USAID. Ce dernier a initié, dans le cadre de son volet "Sites Modèles", un essai d'aménagement forestier afin de tester les possibilités d'exploitation à rendement soutenu d'une forêt naturelle à Combretacées à Guesseibodi.
Cette expérience, souvent critiquée sur ses aspects institutionnels et techniques, s'est quand même imposée comme une approche valable d'utilisation rationnelle de l'espace rural, et un modèle d'implication des populations dans la gestion des ressources naturelles.