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2. MESURES ACTUELLES DE CONSERVATION DES RESSOURCES GÉNÉTIQUES FORESTIÈRES


2.1. Activités menées par l'administration forestière
2.2. Activités menées par la recherche forestière
2.3. Activités menées par les populations rurales

Dans ce chapitre, il sera surtout question des activités menées en Côte d'Ivoire en matière de gestion des ressources génétiques forestières en zone de savane.

2.1. Activités menées par l'administration forestière

Dès 1931, le service forestier colonial a initié la conservation de la biodiversité floristique et faunique par les décrets de création des forêts classées (annexe 4), réserves et parcs nationaux. La liste des massifs forestiers relevant du domaine de l'Etat s'est étoffée avec le temps. Avec l'avènement du développement de l'agriculture, les superficies des forêts ainsi protégées ont connu d'énormes fluctuations. Certains massifs forestiers de l'Etat n'existent que de nom pour avoir été l'objet de déclassement de fait (plantations et villages clandestins). L'Etat a même été contraint quelque fois de procéder au déclassement officiel de certains massifs forestiers déjà disparus sous la hache et le feu des agriculteurs et éleveurs.

La situation actuelle des forêts classées, des réserves et parcs nationaux des savanes du Nord de la Côte d'Ivoire est consignée dans l’annexe 5. La gestion de ces forêts classées a connu beaucoup d'échecs dans le temps du fait des effectifs, très souvent réduits, des agents des Eaux et Forêts qui en avaient la charge. En 1992, bon nombre des forêts classées ont été confiées en gestion à la SODEFOR (Société de développement des forêts) qui dispose de plus de moyens que le service forestier de l'Etat. Seuls les réserves et les parcs nationaux restent sous la gestion du service forestier de l'administration.

Les centres de gestion de la SODEFOR ont en charge la réactualisation des limites des forêts classées et leur gestion. Des plans d'aménagement sont en cours d'élaboration pour la majorité de ces forêts classées. Cela semble militer en faveur du maintient de la biodiversité floristique. Les plans d'aménagement sont élaborés par les services techniques, des centres de gestion de la SODEFOR, avec l'appui non négligeable du Département foresterie de l'Institut des forêts (IDEFOR/DFO), structure actuelle de la recherche forestière en Côte d'Ivoire, pour une meilleure gestion des forêts classées de l'Etat. La grande innovation de ces plans d'aménagement est l'implication effective des populations riveraines à la gestion des forêts classées. Le fait d'intéresser les populations riveraines pourrait jouer en faveur d'une politique, plus soutenue, de protection et de surveillance de ces forêts.

2.2. Activités menées par la recherche forestière


2.2.1. Objectifs de la recherche forestière en zone de savane
2.2.2. Programmes de recherche forestière en zone de savane
2.2.3. Valorisation des résultats

Les activités de recherche forestière en zone de savanes du Nord de la Côte d'Ivoire sont relativement récentes. Jusqu'en 1988, la station de recherche forestière la plus au Nord en Côte d'Ivoire était celle de Kokondékro à Bouaké. Des essais ont été implantés dans le Nord (Korhogo, Odienné) mais n'ont pu être correctement gérés à partir de Bouaké. En 1998, grâce à un financement de la CEE/FED, la première station de recherche forestière du Nord de la Côte d'Ivoire a été créée par le CTFT Côte d'Ivoire. Cette station de recherche forestière a été baptisée du nom de Kamonon Diabate en hommage au Directeur du CTFT-C.I. tragiquement disparu au cours d'une mission pour la création de la station. Elle a essentiellement fonctionné sur fonds CEE/FED jusqu'en juin 1993, date à laquelle l'IDEFOR/DFO (ex CTFT-C.I.) a pris le relais.

2.2.1. Objectifs de la recherche forestière en zone de savane

La recherche forestière en zone de savane, du fait de son existence très récente, s'est voulue directement opérationnelle en milieu réel. Pour ce faire elle s'est fixée trois objectifs:

- sélection d'espèces et de provenances performantes adaptées aux conditions écologiques locales et répondant aux besoins socio-économiques;

- mise au point de techniques sylvicoles assurant une production intensive et durable de bois d'énergie, de service et de bois d'œuvre de qualité, tant en plantation qu'en forêts naturelles;

- intégration (ou réinsertion) de l'arbre dans les terroirs villageois (associations agro-sylvo-pastorales) afin d'améliorer la fertilité des sols par voie biologique, permettre une meilleure gestion des ressources forestières et diversifier les revenus des populations.

2.2.2. Programmes de recherche forestière en zone de savane

Pour atteindre ces principaux objectifs, les activités de recherche ont été regroupées dans les programmes suivants:

a) Sylviculture

- connaissance phénologique des espèces pour la maîtrise des récoltes de semences;
- amélioration des techniques de pépinière et de semis direct;
- étude du comportement d'espèces ligneuses, diverses, locales ou exotiques;
- amélioration génétique des espèces utilisées:
· sélection de provenances adaptées;
· création de vergers à graines pour la production de semences améliorées;
· sélection de clones pour la multiplication végétative;
- gestion des peuplements forestiers (élagages, éclaircies, tarifs de cubage et courbes de croissance).
b) Agroforesterie
- comportement d'espèces exotiques à usages multiples;

- création et gestion de haies vives;

- création et gestion de brise-vent;

- jachères améliorées;

- restauration des parcs arborés;

- étude du processus de la régénération biologique de la fertilité des sols;

- influence des arbres sur les rendements des cultures;

- études des contraintes socio-culturelles quant à l'intégration «non traditionnelle» de l'arbre dans le paysage agricole.

c) Formations naturelles
- gestion rationnelle des formations naturelles:
· étude de la productivité des formations naturelles en fonction des différents faciès;

· reconstitution du couvert forestier sur les terres épuisées abandonnées par les agriculteurs;

· techniques de protection des formations naturelles contre les feux de brousse et la divagation du bétail;

· tarifs de cubage.

- valorisation des espèces de bois d'œuvre:
· étude des caractéristiques technologiques des bois de plantation et de forêt naturelle (sciage, séchage, caractéristiques technologiques, durabilité);

· valeur énergétique et carbonisation des bois.

2.2.3. Valorisation des résultats

- recherches à la demande;

- formations aux techniques forestières;

- transfert des résultats acquis en collaboration avec les structures de développement (SODEFOR, ANADER, Eaux et Forêts), les ONG et la recherche agronomique.

2.3. Activités menées par les populations rurales


2.3.1. Les parcs arborés
2.3.2. Les lieux de culte

2.3.1. Les parcs arborés

Les populations rurales des zones de savane densément peuplées sont conscientes du niveau de dégradation de leurs terroirs. Depuis près de deux décennies, certaines communautés villageoises ont réagi face à cette situation, en faisant des feux de brousse un interdit sur leurs terroirs et en épargnant les jeunes tiges des essences fruitières et fourragères dans les champs. Le résultat est spectaculaire aujourd'hui et les photographies aériennes de la zone dense de Korhogo en sont une illustration éloquente: les vues aériennes de 1955 de cette zone montrent de vastes étendues de sol dénudé, pratiquement dépourvues d'arbres et les plus récentes montrent des parcs arborés et des jachères naturelles, donc une recolonisation importante du milieu par les ligneux malheureusement avec une biodiversité réduite. La revégétalisation de ces zones a pu être possible grâce à la migration des populations valides vers des zones plus fertiles.

2.3.2. Les lieux de culte

Les bois, les berges des rivières et les rochers sacrés, protégés contre les feux de brousse et toute autre action anthropique demeurent les seules reliques des formations initiales des savanes du Nord de la Côte d'Ivoire. Ces îlots de forêt dense sèche ou de galeries forestières sont de véritables trésors de biodiversité végétale (plus de 200 espèces/ha).


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