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2. LES ACTIVITÉS MENÉES EN MATIÈRE DE RESSOURCES GÉNÉTIQUES FORESTIÈRES


2.1. Les besoins et production de semences pour les programmes de reboisement
2.2. La conservation in situ
2.3. La conservation ex situ
2.4. L’amélioration génétique

2.1. Les besoins et production de semences pour les programmes de reboisement

La production de plants forestiers a connu des variations sur le plan national depuis 1984. En effet, de 1984 à 1988, cette production a connu une évolution constante passant de 2 millions de plants en 1984 à 6 millions de plants en 1988. A partir de 1989, année de démarrage de grands projets de reboisement, cette production est passée à 7 voir 8 millions de plants par an et s'est maintenue à ce niveau jusqu'en 1991, avant de retomber autour de 5 millions aujourd'hui. Cette chute spectaculaire est imputable à l’arrêt de plusieurs projets forestiers et/ou l'accent mis sur l’aménagement des forêts. Le démarrage prochain de plusieurs projets d’aménagement forestier et de développement de capacités de production en plants (projet de renforcement des pépinières) permettront de relever cette production au moins à son niveau de 1991.

Pendant cette première phase (1984-1988), l'essentiel de la production des plants était assuré par les pépinières centrales sous la coupe des services forestiers. L’avènement de projets forestiers et de projets de gestion de terroirs villageois a permis l’émergence de pépinières villageoises. Ainsi, en 1991, sur une production de 7,8 millions de plants, 4,5 millions ont été produits dans 1 151 pépinières villageoises. Au rythme actuel de la production nationale (5 millions de plants par an), les besoins nationaux en semences forestières sont estimés à 2 tonnes par an.

Pour faire face à cette demande constante en semences, il a été créé en 1987 un centre de semences forestières doté d'une chambre froide d'une capacité de stockage de 2 tonnes. De plus, 18 peuplements semences des espèces locales les plus importantes ont été identifiés. La vocation du centre est d'assurer un approvisionnement régulier en semences forestières de qualité et en quantité suffisante afin de permettre aux utilisateurs d’opérer leur choix de semences non pas en fonction de la disponibilité des semences mais plutôt en fonction des conditions écologiques et des besoins réels de produits forestiers et de protection des sols. Depuis sa création, le centre récolte en moyenne 350 kg de semences toutes espèces confondues (locales comme exotiques) par an, avec un taux de diffusion de l'ordre de 70%. Les services forestiers continuent cependant à récolter et à diffuser des semences de façon ad hoc, surtout pour les besoins de production des pépinières centrales. Les pépinières villageoises, le plus souvent mises en place par les projets de développement ou les ONG, s’approvisionnent au niveau du centre de semences forestières.

Depuis une décennie, il existe un regain d’intérêt pour les espèces locales. Ainsi, leur part dans les opérations de reboisement est en constante augmentation, passant de 20% en 1987 à 47% en 1997. Cela prouve la nécessité d'entreprendre des travaux plus poussés pour une meilleure connaissance des espèces locales.

2.2. La conservation in situ

La conservation in situ est la forme la plus courante en matière de conservation des espèces forestières. Cette conservation s'effectue dans les domaines classés et protégés. Le domaine classé inclut les forêts classées, les périmètres de reboisement et de restauration, les réserves naturelles intégrales, les parcs nationaux et les réserves spéciales. Le domaine protégé inclut les formations forestières non classées et non comprises dans les terroirs aménagés à des fins agricoles et pastorales et l’exploitation y est autorisée. Ces formations naturelles peuvent être librement exploitées par les communautés. A ce titre, leur utilisation est libre et collective. Cependant, l'Etat accorde une concession rurale aux populations riveraines, qui auront de ce fait l'exclusivité de l'exploitation commerciale du bois extrait de ces forêts (marchés ruraux).Dans le cadre de la politique de transfert de la gestion des ressources forestières aux communautés rurales, des organisations et associations paysannes (coopératives forestières) ont été créées par le Projet Energie II - Energie Domestique et elles contribuent à améliorer la gestion de ces aires.

Le Niger compte 84 forêts classées pour une superficie estimée à 600 000 ha; mais dans la pratique, ces forêts ont été fortement dégradées et plus de 50% de ces forêts ont perdu l'intégralité de leur potentiel forestier. Les périmètres de reboisement et de restauration, malgré leur importance numérique, sont méconnus d'un point de vue de leur composition et de leur richesse. Leur superficie est estimée à 70 000 ha mais ce chiffre est certainement en deçà de la réalité si l’on prend en compte les réalisations des grands projets de restauration des sols depuis une décennie. Les réserves naturelles intégrales sont peu nombreuses et les plus importantes sont la réserve naturelle intégrale de l'Air et celle du Ténéré dite «sanctuaire de l'Addax» qui couvre une superficie de 1,2 millions d'ha ainsi que la réserve de Tamou qui jouxte le parc du W avec une superficie de 70 000 ha. Le seul parc national du Niger est celui du W et il jouit aussi d'un statut de réserve naturelle intégrale. Il couvre une superficie de 220 000 ha et il est situé au bord du fleuve Niger dans la partie méridionale du pays. Les réserves de Gadabéji et du Tadress constituent deux sites non moins importants. La réserve de Gadabéji a fait l'objet d'une intervention au cours de ces dernières années, effort qui est actuellement plus ou moins compromis du fait de la rébellion qui sévit dans la zone.

Le domaine forestier comprend deux catégories: les forêts classées, propriété de l'Etat et les aires protégées, domaines privés. Dans la pratique, les domaines privés de l'Etat présentent une diversité mieux conservée, en particulier dans le parc national du W. A côté des schémas de conservation susmentionnés, il existe d'autres méthodes de conservation telles que les méthodes traditionnelles qui sont liées à des pratiques socioculturelles. Elles contribuent dans une certaine mesure à conserver la variabilité génétique du gesmoplasme. Au Niger, l'exemple le plus typique est la conservation à travers la protection de certaines espèces autour desquelles est développé un mythe sur son utilisation. Leur exploitation nécessite alors un certain nombre de cérémonial comme c'est le cas pour Acacia albida, Tamarindus indica et bien d'autres espèces. Cette forme de gestion communautaire des ressources forestières génétiques intègre convenablement la problématique de protection de la nature et peut servir de cadre de réflexion dans la recherche de solutions aux problèmes posés par la préservation des espèces.

2.3. La conservation ex situ

Il existe deux formes de conservation ex situ à savoir la conservation traditionnelle (sous forme d'épis et de graines) surtout utilisée dans le domaine agricole et la conservation moderne (dans les chambres froides et les congélateurs). Cette dernière forme de conservation est celle qui est aujourd’hui utilisée par le centre de semences forestières essentiellement pour les semences forestières et pour une conservation de courte durée. En effet, il n'existe pas de conditions adéquates de conservation à moyen et long termes.

La conservation ex situ a véritablement démarré en 1972 à l'issue des travaux d’amélioration génétique sur Eucalyptus camaldulensis dans des parcelles conservatoires. Ainsi, trois parcelles conservatoires d'Eucalyptus camaldulensis (provenances 8298 et 8411) ont été installées en 1972, cinq en 1973 et une en 1978 sur la station de N'Dounga aux environs de Niamey. En 1975, une parcelle conservatoire constituée d'un mélange pied par pied de trois autres provenances d'Eucalyptus camaldulensis (Ec 304, Ec 245 et Ec 303) a été délimitée sur la station de Bengou à 300 km au sud-est de Niamey. Cet effort de conservation s’est poursuivi à travers la mise en place de nouvelles parcelles. En 1991, le DRF a installé une collection composée de trente cinq espèces locales à N'Dounga.

Malgré son importance stratégique dans les actions de reboisement, la conservation des semences n'a connu son début d'organisation qu'à partir de 1987 avec l’avènement des premiers grands projets de reboisement. En effet, par le passé, l'essentiel des semences utilisées dans les opérations de reboisement était du tout venant, à quelques rares exceptions près (les projets forestiers qui se procuraient les semences d’origine contrôlée auprès du DRF).

Le Centre national de semences forestières (CNSF) a comme principale attribution d'assurer l'approvisionnement régulier des pépinières villageoises et centrales en semences forestières de qualité et en quantité suffisante sur l'ensemble du pays. Il participe en étroite collaboration avec le DRF à la gestion de parcs semenciers déjà existants ou nouvellement créés ainsi qu’à la collecte et à la conservation des ressources phytogénétiques. Le CNSF dispose d'une chambre froide fonctionnelle d'une capacité de 2 tonnes ainsi que d’équipements pour la récolte et la diffusion des semences. La chambre froide fonctionne toute l’année à une température constante de 5ºC et permet la conservation d'une collection de semences forestières orthodoxes de quinze espèces locales et exotiques ainsi que la conservation de courte durée de plus de 350 kg de semences de diverses espèces destinées à la diffusion aux services techniques, aux populations, aux ONG et autres organisations rurales.

Par ailleurs, la ceinture verte de Niamey d’une superficie de 2 500 ha constitue un patrimoine génétique d'importance. Un certain nombre d'arboreta a été créé à Niamey notamment par la Direction de l’environnement en 1979 et la Faculté des sciences de l’Université de Niamey. Cependant, tous sont dans un état peu satisfaisant par manque de suivi. A cela, il faut ajouter les plantations artificielles réalisées au cours des différentes campagnes de reboisement qui se présentent sous forme de bois de villages, de plantations de restauration et de protection, de haies vives, de brise-vent, de plantations d'ombrage et d'alignement. Le rythme annuel de reboisement est en moyenne de 4 000 ha par an. La superficie totale reste encore méconnue car n’ayant pas fait l’objet d'un inventaire exhaustif. Des travaux parcellaires existent mais ils nécessitent une synthèse.

2.4. L’amélioration génétique


2.4.1. Les espèces exotiques
2.4.2. Les espèces locales

Les travaux d’amélioration génétique ont débuté dès 1963. Depuis 1963, l’effort de recherche a porté essentiellement sur les Eucalyptus et sur quelques espèces exotiques habituellement utilisées en zone tropicale sèche. L’intérêt sur les espèces locales a débuté seulement à partir de 1973 et l’opération amélioration du neem (Azadirachta indica) a commencé en 1975.

2.4.1. Les espèces exotiques

Les eucalyptus

De 1963 à 1974, 107 espèces d’eucalyptus ont été testées au Niger. Le schéma de recherche a suivi six étapes principales à savoir: (i) Elimination d’espèces, (ii) Elimination de provenances, (iii) Sélection individuelle, (iv) Plantations conservatoires, (v) Adaptation à différents types de sols et (vi) Etudes biologiques. Après une décennie de recherche, seule l’espèce Eucalyptus camaldulensis a fait l’objet d’adoption avec trois provenances (8298 et 8411 pour les plantations en sec et 10544 pour les plantations en irrigué).

Les autres espèces exotiques

Les travaux ont porté sur deux axes majeurs à savoir (i) Elimination d’espèces et (ii) Amélioration et études biologiques. De nombreuses espèces utilisées en reboisement dans les zones tropicales sèches ont été introduites au Niger. Ces introductions ont concerné surtout le neem (Azadirachta indica), seule espèce (en dehors de l’Eucalyptus camaldulensis) qui soit actuellement recommandée dans le reboisement.

De 1963 à 1974, 107 espèces d’eucalyptus ont été testées au Niger, mais seulement une seule espèce, en l’occurrence Eucalyptus camaldulensis, a fait l’objet d’adoption par les services de vulgarisation.

2.4.2. Les espèces locales

Les premiers travaux ont débute en 1973 avec l’étude sur la morphologie, l’écologie et le comportement de 12 espèces d'Acacia (Acacia senegal, A. laeta, A. nilotica, A. seyal, A. sieberiana, A. raddiana, A. macrostachia, A. caffra, A. gourmaensis, A. samoryana, A. pennata), Faidherbia albida et 16 autres espèces locales. Pour Acacia nilotica, un tarif de cubage a été établi en 1976 sur des plantations artificielles en zone inondable le long du fleuve Niger à Niamey. Un autre essai sur la réponse à la coupe et son utilisation avec d'autres espèces comme haie-vive sur les sites maraîchers. D'autres essais sur les techniques de propagation par semis directs et plants à racines nues sont en cours avec Combretum micrantum, Combretum glutinosum, Anogeissus leiocarpusm, Entada africanam, Prosopis africana et Tamarindus indica. Un important programme d’agroforesterie est engagé depuis bientôt dix ans, notamment sur la caractérisation des espèces locales des parcs agroforestiers.


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