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4. IDENTIFICATION DES PRIORITÉS NATIONALES

Les premiers travaux sur l’identification des espèces prioritaires ont eu lieu en 1995 uniquement dans la vallée du fleuve Niger. Ainsi, il est difficile d’avoir une lecture plus large des espèces prioritaires au niveau national. Des études menées par le projet Energie II - volet offre ont permis d’identifier les espèces les plus prisées pour le bois de feu. Une autre étude sur les espèces alimentaires a fourni toute une gamme d’espèces mais sans choix préférentiel. Les espèces les plus sollicitées qui jouent un rôle stratégique dans la vie des communautés et qui peuvent être classées parmi les espèces prioritaires, sans être exhaustives, sont les suivantes: Acacia senegal, Acacia nilotica, Faidherbia albida, Prosopis africana, Borassus aethiopum, Boscia senegalensis, Parkia biglobosa, Ximenia americana, Ziziphus mauritiana, Hyphaene thebaica, Adansonia digitata, Sclerocarya birrea, Lannea microcarpa, Tamarindus indica, Balanites aegyptiaca, Detarium microcarpum, Maerua crassifolia, Eucalyptus camaldulensis, Azadirachta indica, Moringa oleifera et Prosopis juliflora (annexes 3, 4, 5 et 6).

Le baobab (Adansonia digitata), dont l'écorce fournit par ailleurs des fibres d'excellente qualité, produit des fruits riches en vitamine. Les feuilles et les fruits font l’objet d’un commerce organisé. Le baobab comme le néré est une espèce complètement intégrée dans le système de production paysan et fait également partie des biens légués en héritage. Le baobab et le néré sont également connus pour leur richesse en sucre et en certains oligo-éléments tels le Fer, le Zinc et le manganèse. Les plus grands peuplements de baobab sont surtout localisés dans la région de Torodi et du parc du W. Au Niger, nous n’avons pas connaissance de travaux qui aient été effectués aussi bien sur le plan de la connaissance de l’espèce que de son amélioration génétique.

Le gao (Faidherbia albida) est, de toutes les espèces forestières, celle qui joue un rôle prépondérant tant sur le plan agricole (fertilisation des sols) que sur le plan fourrager. Depuis l’aube des temps, le paysan nigérien a reconnu l’importance du gao pour la fertilité des sols. C’est pourquoi l’imaginaire populaire a attribué des vertus à cette espèce permettant ainsi sa protection. Dans le département de Zinder, un sultan a du interdire l’exploitation de cette espèce dans le but de favoriser son développement dans les champs de culture. Les gousses de gao font l’objet d’un commerce dans les villes notamment pour les éleveurs emboucheurs. Au niveau rural, en plus du fait que le gao fait partie des espèces protégées par le code forestier, une appropriation tacite des pieds de gao par les paysans a lieu s’opposant ainsi de plus en plus au ramassage des gousses par les éleveurs.

Le gommier (Acacia senegal), se rencontre dans toutes les contrées du Niger mais les plus grands peuplements se trouvent dans le département de Diffa à l’extrême Est du pays aux abords du lac Tchad. Dans les années 1970, le Niger était un important exportateur de la gomme arabique avec un volume exporté de l’ordre 300 tonnes par an en moyenne. Ce volume ne prend pas en compte la part du commerce informel le long de la frontière entre le Niger et le Nigeria. Depuis la sécheresse de 1973-1974, les peuplements naturels ont été sévèrement décimés et le gouvernement a engagé un programme de reconstitution de la gommeraie dans les années 1980. Les premiers travaux de recherche sur les gommiers ont débuté dans les années 1955 au niveau du département de Diffa notamment sur les techniques de tapping. La remontée du cours de la gomme arabique au plan mondial offre une bonne opportunité pour les populations du Manga et de celles des régions où la production de la gomme s’avère rentable. On assiste actuellement au développement d’une importante filière de collecte et de commercialisation de la gomme. Au niveau de cette filière encore informelle, les prix pratiqués sont très intéressants car le sac de 100 kg se vend à 70 000 francs CFA. Le chiffre d’affaire de cette filière serait de l’ordre de 400 à 500 millions de francs CFA.

Le rônier (Borassus aethiopum) est aujourd’hui une espèce végétale dont l’importance est unanimement reconnue au Niger sans doute en raison des multiples usages de cette espèce. Au Niger, le rônier est considéré comme une plante nourricière. Cette espèce est assez bien représentée. En effet, elle se rencontre dans deux zones naturelles à savoir le Dallol Maouri, au Sud du pays avec un important peuplement de plus de 30 000 ha dont 738 ha de forêt classée (classement en 1955). Il s’agit de la formation la plus importante d’Afrique de l’Ouest. Le deuxième peuplement (forêt classée de Dezga) d’une superficie de 665 ha, classée en 1942, est localisé au Sud-Est du Niger à la frontière du Nigeria dans l’arrondissement de Matamèye. D’autres peuplements isolés de moindre importance existent le long du fleuve Niger dans le Parc W et le long de la rivière Mékrou. Des plantations artificielles ont été réalisées dans les années 1940-1953 à Niamey (Lamordé) et Doutchi. Le rônier est la principale source de bois de service au Niger. Les rôniers fournissent un revenu monétaire important à des milliers de petits exploitants tout en leur permettant de se nourrir et de s’abriter. Toutes les parties du rônier (stipes, feuilles, pétioles, fleurs, bourgeons terminaux, fruits, racines) sont utilisables mais leur utilisation varie d’une région à l’autre. Les usages clefs ont trait aux domaines suivants: alimentation humaine et animale, bois de service, artisanat, agronomie, etc.

Le Prosopis (Prosopis africana) est une espèce très appréciée des populations pour la qualité de son bois utilisé dans l’artisanat, pour le charbon de bois utilisé pour les forges ainsi que ses feuilles utilisées comme fourrage d’appoint pendant la période de soudure. Malgré son statut d’espèce protégée, le Prosopis est sérieusement menacé du fait de la surexploitation dont il fait l’objet. Sa régénération naturelle est assez bonne: les premiers essais réalisés par le DRF en 1973 ont montré que l’espèce avait une bonne croissance les quatre premières années. Le Prosopis est essentiellement confiné dans la frange Sud du pays en particulier dans les départements de Dosso, Maradi et Zinder où il existe les plus grands peuplements. Les causes de mortalité les plus fréquentes sont l’émondage et les feux de brousse. Aucun travail d’amélioration n’a été entrepris sur cette espèce.

Le néré (Parkia biglobosa) produit des graines dont la teneur élevée en protéines est si appréciée qu'il est nommé «la viande du pauvre». Le néré a fait l’objet d’important travaux notamment sur sa biosystématique et l’amélioration par le Dr Abdou Salam Ouédraogo du Centre national des semences forestières du Burkina Faso avec l’appui de l’Institute for forestry and nature research de Wageningen en Hollande. Le CNSF du Niger dispose des semences de plusieurs provenances de Parkia biglobosa. Le néré se rencontre surtout dans la bande Sud des départements de Zinder, Maradi, Dosso et Tillabéry. Les peuplements les plus importants se situent dans les zones humides ou pluvieuses de la région de Gaya, le long des dallols et dans la région de Torodi. Le néré est une espèce appropriée par le paysan et fait partie des biens transmis en héritage. Les graines du néré servent à la fabrication du «soumbala», un arôme très prisé qui fait l’objet de fabrication industrielle au Nigeria. La poudre tirée de la pulpe sert à fabriquer un gâteau et des boissons fraîches.


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