Page précédente Table des matières Page suivante


5. ACTIVITÉS ASSOCIÉES ET DE SOUTIEN


5.1. La formation
5.2. La recherche
5.3. Les aspects législatifs et de politique forestière

5.1. La formation

La recherche forestière souffre d’un manque chronique de cadres de haut niveau et surtout spécialisés dans les principaux domaines de recherche. A titre d’exemple, signalons que le DRF ne dispose ni de généticien forestier, ni de phytopathologiste, ni de biométricien. De même le CNSF fait aussi face à ce manque de personnel qualifié. Dans le cadre du plan de formation de l’INRAN, des efforts ont tout de même été réalisés avec notamment la formation d’un chercheur (niveau Ph.D.) et de trois ingénieurs (niveau M.Sc.). Actuellement, un chercheur est en formation de DEA et un autre en M. Sc.

Dans le plan de formation du projet financé pour l’appui au CNSF, il est prévu la formation d’un chercheur dans le cadre d’un Ph.D. en génétique et de trois M.Sc. en amélioration génétique et approvisionnement en semences. Il est également prévu sept formations de courte durée à l’intention des techniciens du centre et des stages de perfectionnement pour les agents de terrain.

5.2. La recherche


5.2.1. L’INRAN
5.2.2. Les autres institutions

5.2.1. L’INRAN

Bref historique

C’est en 1963 que les premières implantations de la recherche forestière ont vu le jour au Niger. Exécutée jusqu’en 1975 par le Centre technique forestier tropical (organisme français spécialisé dans la recherche tropicale), la recherche forestière ainsi que les autres recherches agronomiques ont été nationalisées et confiées à l’Institut national de la recherche agronomique du Niger (INRAN).

Décret de création - Statut de l’INRAN

L’INRAN a été créé par l’Ordonnance nº75-1/PCMS du 7-1-1975, assortie de deux décrets d’application (Décret nº75-37/PCMS du 13-2-1975, puis Décret nº75-91/PCMS du 5-8-1975). L’INRAN a le statut d’établissement public doté de l’autonomie financière et relève du Ministère de l’agriculture et de l’élevage.

Organisation

L’INRAN est doté d’une Direction générale s’appuyant sur les structures suivantes:

- une Direction scientifique;
- une Direction des affaires administratives et financières;
- une Division des études et de la programmation;
- un Conseil financier;
- des Centres régionaux de recherche.
La Direction scientifique se compose d’unités d’appui que sont les cinq départements (agronomie, écologie, forêts, économie rurale et zootechnie), les programmes et laboratoires, la division information, valorisation et documentation, la division statistique et informatique et la division formation scientifique et technique.

Le Département de recherche forestière (DRF), un des cinq départements de recherche, regroupe en son sein tous les chercheurs du domaine scientifique forestier et de faune et pêche. Le département a un responsable de département à sa tête chargé d’animer la vie scientifique et d’assurer le bon fonctionnement des unités de recherche rattachées à son département.

Le DRF s’appuie sur les quatre Centres régionaux de recherche agronomique (CERRA) créés à Niamey, Kollo, Maradi et Tahoua pour mener ses activités ainsi que sur les unités d’appui. Les centres régionaux et la direction générale jouissent d’une autonomie financière. Cela n’est malheureusement pas le cas des départements dont le fonctionnement est assuré par la direction générale, ce qui ne facilite pas l’accès aux ressources financières dans les délais pour la mise en place des essais.

Budget

La recherche forestière est le parent pauvre de la recherche agronomique. A l’instar des autres départements de recherche, le DRF ne dispose pas d’un budget bien identifié. En effet, la gestion centralisée au niveau de la Direction générale ne permet pas de connaître le montant réel de crédit de fonctionnement alloué à chaque département de recherche. Il n’existe pas de budget prévisionnel bien établi, les besoins étant satisfaits à la demande.

D’autre part, les critères retenus dans le cadre du Plan à long terme de la recherche agronomique pour l’attribution des ressources et des années recherches qui sont entre autres la contribution du secteur au Produit Intérieur Brut Agricole, leur place dans la consommation alimentaire et dans la production, ne sont pas de nature à favoriser la recherche forestière. En effet, contrairement au secteur agricole et d’élevage, la contribution du secteur forestier est insuffisamment évaluée en particulier celle des sous-produits forestiers et des produits non-ligneux qui ne sont guère pris en compte dans la comptabilité nationale et dans le bilan alimentaire.

Moyens

Les moyens en personnel ont connu des fluctuations. L’effectif actuel est composé de six chercheurs dont un Ph.D, deux 3ème cycle, deux M Sc. et deux ingénieurs. Dans cet effectif, il existe trois agroforestiers, deux spécialistes en pêche, deux ingénieurs généralistes. Le Département ne dispose d’aucun généticien. Trois techniciens de recherche complètent l’équipe. Dans le cadre de la révision du Plan à long terme de la recherche agronomique du Niger, il est proposé d’attribuer au DRF dix années recherche (AR) en priorité 1 et deux années recherche en priorité 2 dont sept pour la foresterie et quatre pour la faune et la pêche.

Le DRF dispose de plusieurs stations de recherche dont les plus importantes sont localisées dans la région de Niamey. Les moyens de travail (véhicules et autres matériels agricoles) sont gérés en pool au niveau des CERRA et de la Direction générale.

Objectifs généraux et programmes correspondants

Pour répondre aux exigences écologiques du Niger, la recherche forestière se fixe comme objectif la satisfaction de deux priorités que sont l’amélioration de la production forestière et celle de la protection des sols et du milieu. A cela s’ajoute l’objectif de développement des ressources halieutiques et fauniques. Six programmes majeurs sous-tendent les objectifs généraux à savoir:

1. Programme de Sylviculture
2. Programme Ecologie/Génétique
3. Programme sur la détermination des paramètres de l’érosion
4. Programme sur la conception du dispositif anti-érosif
5. Programme Pêche/Aquaculture
6. Programme Faune sauvage
Le Programme de sylviculture est composé des deux sous-programmes suivants:
- Le sous-programme sylviculture artificielle a été la première activité de recherche depuis sa création en 1963. En effet, dans le but d’obtenir une bonne productivité et une meilleure forme des produits, les premières expérimentations ont été axées sur les espèces exotiques à croissance rapide (Eucalyptus, Neem, Prosopis, etc.). Les travaux ont ainsi porté sur le travail du sol, les techniques de pépinières, les écartements de plantation, etc.

- Le sous-programme sylviculture naturelle est composé des travaux menés sur l’aménagement des formations naturelles. Ce volet a démarré tardivement (1975) et a consisté essentiellement en des travaux d’inventaire des peuplements naturels, la connaissance de la productivité de ces peuplements, les techniques de coupe et l’étude de la régénération naturelle. Depuis bientôt dix ans, le DRF s’oriente de plus en plus vers le développement de l’agroforesterie et la caractérisation des parcs agroforestiers.

Le programme sur la conception du dispositif anti-érosif a vu ses premiers travaux démarrer avec la création de la recherche forestière en 1963. C’est assurément un des domaines où la recherche forestière a fait des avancées assez significatives notamment par la mise au point de dispositifs anti-érosifs (murettes armées, demi-lunes, Zai, tranchées, etc.) aujourd’hui largement utilisés dans les travaux de restauration des terres dégradées.

Le programme écologie/génétique est mis en œuvre en étroite collaboration avec le CNSF en particulier le sous-programme génétique dans ses composantes suivantes: prospection des peuplements, récolte des provenances, gestion des semences, tests de provenances et plantations conservatoires.

Le programme sur la détermination des paramètres de l’érosion est conjointement exécuté par le DRF et le Département écologie à travers la composante gestion des ressources en sol, conservation des eaux et des sols et défense et restauration des sols (GRS/CES/DRS).

Le programme pêche/aquaculture est un programme récent. Les domaines d’intervention du programme sont les suivants:

- sélection et amélioration des espèces de poissons;

- mise au point d’aliments pour poissons présentant les meilleurs rapports qualité/coûts/disponibilité locale;

- réduction des coûts de production de poisson.

Le programme faune sauvage est un nouveau programme qui vient d’être inscrit dans le cadre de la révision du Plan à long terme de la recherche agronomique du Niger. Les objectifs seront définis ultérieurement.

5.2.2. Les autres institutions

Les autres institutions impliquées dans la recherche forestière sont l’Université de Niamey avec la faculté d’agronomie et la faculté des sciences, le Centre national de semences forestières.

Le Centre national de semences forestières, comme signalé au paragraphe 2.3. (conservation in situ), mène des activités dans le cadre de la conservation des ressources génétiques forestières notamment celles des semences en étroite collaboration avec le DRF. L’activité principale du centre est la collecte, la conservation et la diffusion des semences forestières et pastorales ainsi que l’identification et le suivi de semenciers à travers le territoire national. Le centre élabore également des fiches techniques à l’intention des services de vulgarisation, des ONG et des populations rurales.

La nouvelle structuration du centre conduira à la création d’une direction avec deux sections (section récolte, manutention et diffusion et section sources de semences) et quatre antennes régionales (Dosso, Maradi, Tahoua et Zinder) ainsi qu’une section chargée de l’amélioration génétique partagée avec le DRF. Le personnel du CNSF sera alors composé d’un 3ème cycle en foresterie, directeur du centre, trois ingénieurs des Eaux et Forêts dont deux spécialistes en amélioration génétique et un spécialiste en approvisionnement en semences, quatre ingénieurs forestiers généralistes, responsables des antennes régionales et huit techniciens forestiers dont quatre sur les antennes régionales et les quatre autres au niveau de la direction du centre.

La Faculté d’agronomie (CRESA) a entrepris des travaux sur la jachère au Niger depuis bientôt trois ans. D’autres travaux de thèse sont également conduit sur la dynamique des formations de plateaux dans l’Ouest-nigérien ainsi que des études pédologiques en relation avec les formations de brousse tigrée.

La Faculté des sciences a entrepris plusieurs travaux sur la connaissance des formations végétales du Niger ainsi qu’un inventaire des espèces spontanées alimentaires. Des travaux sur les espèces médicinales et des essais de dosage de médicaments ont été entrepris par une équipe de chercheurs de la faculté des sciences.

5.3. Les aspects législatifs et de politique forestière


5.3.1. Politique forestière
5.3.2. Législation

5.3.1. Politique forestière

La politique forestière du Niger a connu de profondes mutations à partir de 1984 avec la définition de nouveaux axes stratégiques basés sur une plus grande implication des populations dans la gestion des ressources forestières. Ainsi, après l'organisation du Débat national sur la lutte contre la désertification, le Niger a élaboré un Plan national de lutte contre la désertification (PNLCD). Depuis bientôt deux ans, le Niger s'est engagé dans le processus d'élaboration de son Plan national de l'environnement pour un développement durable (PNEDD) qui tiendra lieu de Plan national d'action environnementale (PNAE). Le PNEDD comporte actuellement quatre programmes majeurs qui constituent sa dimension opérationnelle à savoir:

- la Stratégie nationale de la conservation de la diversité biologique;

- le Programme d'action national de lutte contre la désertification et la gestion des ressources naturelles (PAN/LCD/GRN);

- le Programme national sur les changements climatiques et le potentiel de la couche d'ozone;

- le Programme national d'amélioration de cadre de vie, de la lutte contre les pollutions et les nuisances.

Parallèlement à ce processus, le Niger, dans le cadre de la mise en œuvre des politiques préconisées, continue à mener des actions concrètes dans le domaine de l'environnement et du développement durable. C'est dans ce cadre que s'inscrit la Stratégie énergie domestique (SED) élaboré entre 1986 et 1987 et mis en place en 1989. Située au centre des politiques environnementales, des forêts et de l'énergie, cette stratégie prévoit le développement d'un ensemble d'actions qui visent à améliorer les conditions: (i) de consommation d'énergie des ménages (en l'économisant et en la substituant) et (ii) d'exploitation et de commerce du bois de feu destiné aux consommateurs urbains.

Pour le volet exploitation et commerce du bois de feu, l'objectif visé est d'élaborer un cadre global permettant, compte tenu des besoins en bois sans cesse croissants des populations urbaines, de garantir un approvisionnement qui soit à la fois durable, régulier, performant, au meilleur coût pour le consommateur et pour la collectivité, tout en assurant une gestion conservatoire et rationnelle des ressources ligneuses.

La Stratégie énergie domestique s'appuie concrètement sur les trois composantes suivantes: fiscalité-contrôle forestier-marchés ruraux auquel s'ajoute le Schéma directeur d'approvisionnement qui est un outil de planification des ressources forestières et permet de définir les zones prioritaires d'intervention et de déterminer le (ou les) mode(s) de gestion à appliquer. Le transfert de la responsabilité de la gestion des ressources forestières se fait à travers les marchés ruraux, créés officiellement par une ordonnance promulguée en 1992. Il est à rappeler que le point le plus important du dispositif réside dans le fait que ces structures de production prélèvent la taxe de transport du bois à la source, au moment de l'achat du bois par les commerçants.

Cette Stratégie énergie domestique est aujourd'hui un élément de la politique forestière de la Direction de l'environnement (également chargée des forêts) basée sur le fait que si la valeur sur pied du bois exploité et vendu dans le cadre des marchés ruraux est augmentée, alors les bûcherons et les villageois pris dans leur ensemble seront plus intéressés, voire motivés à la protection de leur environnement et au maintien des potentiels productifs agricoles.

La politique forestière du Niger a connu de profondes mutations à partir de 1984 avec la définition de nouveaux axes stratégiques basés sur une plus grande implication des populations dans la gestion des ressources forestières. Ainsi, après l'organisation du Débat national sur la lutte contre la désertification, le Niger a élaboré un Plan national de lutte contre la désertification. Le Niger a engagé de profondes réformes sur le plan institutionnel mais aussi législatif, notamment: la réforme en cours du code forestier, l'adoption de la loi 92037 relative à l'organisation de l'exploitation et de la commercialisation du bois de feu au Niger ainsi que plusieurs autres mesures incitatives. Ces réformes politiques ont abouti entre autre à l'adoption des Principes d'orientation du Code rural, des Principes directeurs pour une politique de développement rural pour le Niger, de la loi sur la décentralisation, de la loi sur les études d'impacts environnementaux, autant d'arsenal juridique pouvant permettre une meilleure implication des populations locales dans la gestion durable des ressources génétiques forestières.

5.3.2. Législation

Le Niger ne dispose pas de législation ciblée pour la protection des ressources génétiques forestières. La flore sauvage est protégée grâce aux lois forestières. Mais l’expérience a montré que le degré de protection offert par de telles lois demeure limité. Pour le contrôle de l'importation et de l'exportation du matériel végétal il est fait seulement recours aux lois de protection phytosanitaire, de quarantaine et de certification des semences agricoles. Ces lois ne donnent malheureusement pas satisfaction car elles ne sont pas adaptées à ce matériel végétal. Beaucoup d'introductions de semences d’espèces forestières échappent malheureusement au contrôle des structures techniques souvent non représentées aux postes d’entrée (aéroport, frontières terrestres).

C’est pourquoi, depuis bientôt trois ans, la législation forestière est en cours de révision en vue d'inclure des mesures relatives à la conservation et au développement durable des forêts en tenant compte des changements socio-économiques. Ce nouveau code prévoit les procédures à mettre en place pour le contrôle, la quarantaine et la certification des semences forestières pour l’élaboration d'une loi phytosanitaire. Au Niger, il n'existe pas de forêts communales, ce qui limite considérablement la participation des populations locales dans la gestion participative des forêts. La pratique actuelle de droit coutumier favorise plus le niveau régional, ce qui ne facilite pas l'appropriation au niveau communale; c'est pourquoi le code en cours de révision prévoit la création de forêts communales. Le code rural, dont le Niger s'est doté, a défini le foncier de l'arbre et les modalités d’accès à la propriété de l'arbre.

Le Niger a établi en 1995 une loi sur la propriété intellectuelle. Il n'existe pas d'entreprises commerciales qui s'intéressent au domaine de la biotechnologie et de l’amélioration des plantes. Il y a aussi lieu de souligner l'absence du secteur privé dans la conservation des ressources génétiques forestières. Cependant il existe quelques tentatives menées par des ONG mais non encore concluantes.


Page précédente Début de page Page suivante