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4 - Exemple: étude de la filière fruits et légumes au Mali


4.1 - Les objectifs de l'étude et la description rapide d'une filière

Un exemple d'une étude de filière effectuée sur les produits alimentaires qui participent à l'approvi-sionnement des villes nous paraît le meilleur guide pour réaliser une étude de filière. Nous avons choisi la filière des fruits et légumes au Mali qui a été réalisée en septembre 1995 par l'auteur de ce guide.

4.1 - Les objectifs de l'étude et la description rapide d'une filière


4.1.1 - Les objectifs de l'étude
4.1.2 - La description rapide de la filière d'exportation de la pomme de terre produite au Mali

4.1.1 - Les objectifs de l'étude

Ce document a été réalisé dans le cadre du PREA du Mali, un des neuf programmes du SDSDR. La mission, qui a été réalisée pour analyser la situation du secteur économique fruits et légumes, s'est faite en collaboration avec la Cellule de planification et statistiques (CPS).

L'objectif de l'étude était de faire le point sur un des secteurs d'exportation les plus dynamiques du Mali: les fruits et légumes. Cette étude de filières devait déterminer les produits et les flux d'exportation qui devraient être encouragés par des mesures de soutien. Elle devait mettre l'accent sur les points forts et les points faibles de chacun de ces produits faisant l'objet d'une exportation.

Pour cet exemple, nous ne reprendrons qu'un seul produit sur les cinq étudiés dans le document publié afin d'être aussi clairs que possible sur la démarche suivie.

4.1.2 - La description rapide de la filière d'exportation de la pomme de terre produite au Mali


4.1.2.1 - La production: lieu de production, quantités produites et organisation
4.1.2.2 - La commercialisation et l'exportation de la pomme de terre
4.1.2.3 - Le marché ivoirien
4.1.2.4 - L'image de la pomme de terre du Mali
4.1.2.5 - L'évolution du prix sur le marché d'Abidjan et la rentabilité de la filière
4.1.2.6 - Les organismes d'encadrement

4.1.2.1 - La production: lieu de production, quantités produites et organisation

La pomme de terre est produite et exportée principalement par la région de Sikasso (65 pour cent de la production), le solde se situant dans les environs de Bamako. Dans cette région, c'est la deuxième source de revenu après le coton.

La production varie entre 25 000 et 31 000 tonnes selon les sources; à raison d'un rendement moyen de 20 tonnes/ha, les superficies occupées par la culture de pomme de terre se situeraient entre 1 200 et 1 500 ha.

Avant le démarrage de la campagne, une estimation de la production est faite afin d'importer d'Europe les semences nécessaires. Deux sociétés locales fournissent les producteurs en semences de qualités diverses. En principe, les producteurs devraient échelonner leur plantation afin d'étaler l'arrivage de la récolte sur le marché; cependant, en 1994/95, ce ne fut pas le cas, et la mise sur le marché a été difficile car ce dernier fut inondé du produit au même moment.

4.1.2.2 - La commercialisation et l'exportation de la pomme de terre

Les plus gros volumes partent vers la Côte d'Ivoire dont le marché consommateur est de loin le plus important de la sous-région et entièrement pourvu par l'importation. Cette consommation était estimée à 20 000/25 000 tonnes par an avant la dévaluation. La plus grosse société d'importation du pays importait 15 000 tonnes du produit en 1993, en provenance de la Hollande (60 pour cent), de la France et de l'Afrique du Sud. En 1994, ces importations ont été divisées par trois avec seulement 4 500 tonnes importées. Le Mali fournit une estimation de 6 000 ou 7 000 tonnes par an. Le plus gros marché de consommation est représenté par la ville d'Abidjan.

Pour exporter, les négociants se regroupent à plusieurs pour louer un camion de 10 à 30 tonnes, car la grande majorité des exportateurs ont des fonds de roulement insuffisants pour acheter une grande quantité du produit (au plus six tonnes). A partir de là, les négociants doivent remplir différents documents administratifs les autorisant à exporter.

Le long de la route pour Abidjan, le camion et le produit sont contrôlés des dizaines de fois, chaque barrage générant une taxe illicite. Arrivé à destination, le produit est déchargé au marché d'Adjamé et la vente est prise en charge, soit par des courtiers maliens résidant à Abidjan, soit par le commerçant malien lui-même. Beaucoup d'entre eux s'adressent au plus important importateur de cette origine basé sur le marché de Treicheville.

Cependant, cette filière exportation, au départ du Mali, est encore mal organisée: pendant la campagne 94/95, tout le monde a exporté, du gros commerçant au petit producteur en passant par les petits commerçants opportunistes. Beaucoup se sont plaint de la chute des prix sur le marché d'Abidjan

4.1.2.3 - Le marché ivoirien

Le marché de la pomme de terre à Abidjan est assez bien structuré. Pour l'approvisionnement en produits extra-africains, les grossistes de la place et les centrales d'achat s'approvisionnent auprès de la SABIMEX qui est l'importateur presque exclusif. Les demi-grossistes et les détaillants achètent chez le grossiste pour vendre sur les marchés d'Abidjan.

Pour la pomme de terre malienne, le point de départ se fait au marché d'Adjamé, là où arrivent toutes les marchandises en provenance du Mali. Il existe un gros importateur de pomme de terre malienne: la société Habache qui s'occupe de la revente sur les marchés de la ville ou auprès des grandes surfaces.

Le paiement des transactions pour la pomme de terre du Mali se fait généralement à crédit, ce qui n'est plus le cas de la pomme de terre extra-africaine.

4.1.2.4 - L'image de la pomme de terre du Mali

L'origine Mali n'est pas beaucoup appréciée par les consommateurs. On reproche au produit son goût moins agréable que celui de la pomme de terre du Burkina Faso ou d'Europe.

D'autre part, tout le monde est unanime à dénoncer son manque de fermeté. La pomme de terre du Mali est souvent mal emballée et pas suffisamment aérée lors de son stockage et de son transport, ce qui provoque une rapide pourriture dès qu'elle arrive à Abidjan.

4.1.2.5 - L'évolution du prix sur le marché d'Abidjan et la rentabilité de la filière

Le prix de la pomme de terre a fortement réagi à la dévaluation, surtout pendant la période d'importation européenne (octobre, novembre et décembre 1994); il a oscillé entre FCFA 500 et 600 /kg. L'arrivée de la pomme de terre du Mali en janvier 1995 a fait chuter les prix mais ceux-ci ne sont pas descendus en dessous de la barre des FCFA300 /kg.

La filière est particulièrement rentable, même en période de prix au consommateur faible, et cela surtout pour les exportateurs et les distributeurs à Abidjan. Même pour le producteur, la pomme de terre reste un produit intéressant lorsque le prix de vente se situe au-delà du prix de revient de FCFA 170 /kg.

Une étude des coûts estime les frais d'approche entre Sikasso et Abidjan à FCFA100 /kg en comptant un bénéfice net de FCFA77 /kg pour l'exportateur.

4.1.2.6 - Les organismes d'encadrement

La production et la commercialisation de la pomme de terre sont encadrées par plusieurs organismes dont le Kafo, cellule décentralisée du PAVCOPA(projet financé par la Banque mondiale), qui a aidé à

la mise en place de plusieurs actions réalisées par la CMDT, la Direction régionale de l'agriculture ou par des opérateurs privés.

L'appui du Gouvernement est récent dans ce domaine et doit se développer.


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