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Chapitre 4: Conclusions

Les chapitres précédents montrent bien que l'information joue un rôle essentiel dans le cadre des économies de marché. De plus, si l'on veut être équitable, il faut permettre le développement d'une base aussi large que possible et éviter tout abus de force dû à une connaissance privilégiée des conditions de marché. Il faut donc que les SIM soient accessibles à tous.

Néanmoins, il existe une grande différence entre reconnaître le besoin d'information et combler ce même besoin. Ces dernières années, de nombreux pays se sont heurtés à ce problème. A vrai dire, les pays en développement possédant actuellement des SIM commercialement valables et capables de fournir leurs informations en temps utile sont assez peu nombreux. Les SIM étatiques souffrent des problèmes usuels dont souffrent toutes les Administrations des pays pauvres. Ils ont presque tous des problèmes de personnel, la plupart ne disposant pas des ressources nécessaires pour pouvoir même assurer le quotidien, ce qui entraîne naturellement une démotivation du personnel. Tandis que les déficiences des Administrations ne sont pas toujours visibles de l'extérieur, l'échec d'un SIM est flagrant. Des panneaux d'affichage non actualisés et/ou non repeints depuis une dizaine d'années, des rubriques qui disparaissent des colonnes des journaux, et des émissions radio quotidiennes qui deviennent brusquement hebdomadaires sont autant de preuves tangibles du problème. Lorsqu'un SIM commence à dévaler la pente, il devient très difficile de le récupérer, et actuellement, de nombreux SIM n'en ont plus que le nom.

Le chapitre 3 a établi les questions à affronter si l'on veut éviter que tout nouveau SIM suive ce même chemin. Une évolution graduelle est fortement recommandée. Quand ils décident de mettre en place un SIM, les pays se laissent souvent prendre par leur enthousiasme et veulent absolument tout couvrir, tous les produits et tous les marchés. Cet enthousiasme est souvent encouragé par les bailleurs de fonds qui veulent obtenir de grands résultats de leur assistance, et le plus rapidement possible. Pourtant, cette façon d'agir entraîne souvent l'impossibilité d'assurer la viabilité du SIM dans le temps. Les budgets des pays bénéficiaires sont insuffisants pour pouvoir se permettre un personnel ayant les capacités du personnel initialement offert par le bailleur de fonds. Si un employé est muté, il n'est pas remplacé ou, s'il l'est, ce sera sans doute par une personne qui n'aura pas la formation nécessaire, faute de moyens. Les ordinateurs et autres équipements ne peuvent pas être réparés ou remplacés par faute de ressources inscrites au budget. Les coûts de collecte des prix et de diffusion augmentent, soit à la suite d'une dévaluation qui a fait monter le prix du carburant, soit parce que la station radio étatique ou les journaux ont été privatisés et demandent dorénavant à être payés.

De nombreux SIM ont été conçus dans le but essentiel de créer une base de données statistiques à l'usage de l'Administration, et non de donner des renseignements commercialement utiles aux acteurs de la chaîne de production et de commercialisation des produits. Pour reprendre le vocabulaire employé au chapitre 1, leur orientation est plus «historique» que destinée à la satisfaction des besoins «courants». Il est toujours à craindre qu'un nouveau SIM s'engage dans cette voie, surtout quand il est organisé au sein d'un ministère qui provient d'une longue expérience empreinte de l'élaboration de statistiques, loin des réalités commerciales. En prendre conscience est sans doute le meilleur moyen d'y remédier. Les concepteurs de SIM doivent s'efforcer d'encadrer les nouveaux SIM dans les secteurs des ministères qui sont les plus proches des agriculteurs et de la collectivité commerciale.

Pour avoir un rôle commercial valable, un SIM doit commencer par se concentrer sur un seul marché, ou du moins sur un petit nombre de marchés de gros ou de groupage. Les produits pris en compte devraient se limiter à ceux cultivés par un nombre suffisant de cultivateurs, qui sont soumis à des fluctuations saisonnières et dont la demande est importante. Les produits sortant de l'ordinaire (les salades, par exemple) qui font l'objet d'une faible demande et dont le prix est difficile à déterminer par manque d'unités standards de mesure, devraient être laissés de côté. Les SIM devraient prévoir de fournir des informations quotidiennement, même si cela demande au personnel de travailler hors des heures normales de bureau. Il est essentiel de fournir des informations actuelles sur les prix, notamment pour les produits périssables qui subissent de continuelles fluctuations. Ce n'est que lorsqu'un SIM a su s'affirmer sur cette base d'activités limitées, et pense pouvoir continuer à fonctionner normalement ainsi, qu'il peut commencer à envisager de s'étendre plus avant.

Le présent bulletin s'est penché sur les possibilités d'un SIM géré par le secteur privé. Les SIM privés ou semi-privés ont pour avantages de n'être pas sous la contrainte des règlements auxquels sont soumis les services publics en matière d'utilisation du personnel et de possibilité de licenciement des personnes ne répondant pas à l'esprit du service à fournir. De plus, les SIM gérés par le secteur privé peuvent, par définition, produire des revenus, alors que les services publics ont tendance à penser que tout financement obtenu au nom du SIM doit être versé dans les escarcelles centralisées de l'Etat. Toutefois, les SIM gérés par le secteur privé ont pour désavantage de risquer de cesser toute activité si par malheur ils cessent de produire des revenus, même s'il ne s'agit que d'une période passagère non favorable. Les SIM étatiques devraient quand même assurer un engagement plus stable dans le temps, sauf s'ils se trouvent en condition de totale impossibilité de continuer le service.

Dans les pays où les petits producteurs sont nombreux, il faut pouvoir assurer à tous la possibilité de recevoir les informations et éviter absolument que seuls les obtiennent ceux qui sont en mesure de les payer. Dès qu'un SIM privé est en mesure d'attirer des sponsors, il faut qu'il envisage de fournir gratuitement ses informations à tous, à travers la radio et/ou les journaux. Malheureusement, le pouvoir d'achat des petits agriculteurs ou des petits négociants n'a pas le mérite d'attirer particulièrement les sponsors ou les agences de publicité. Il pourrait être possible de contourner ce problème en dirigeant une partie des informations aux consommateurs, mais ceci comporterait d'autres difficultés. Il existe aussi la possibilité qu'un SIM privé vende (par l'intermédiaire d'Internet, d'autres moyens électroniques ou simplement du téléphone) des informations plus poussées aux gros agriculteurs plus commercialement engagés tout en fournissant une information plus restreinte, mais gratuite, aux petits agriculteurs par l'intermédiaire des médias usuels.

De toute façon, quelle que soit la méthode adoptée par un pays déterminé, l'essentiel est que les informations soient collectées régulièrement, toujours au même horaire et de façon précise et qu'elles soient aussi diffusées à l'ensemble des utilisateurs, notamment aux agriculteurs, en prévoyant des services de divulgation pour les aider à bien les interpréter. Des erreurs ont certainement été faites par le passé, mais ce bulletin a pour objectif d'essayer de ne pas les reproduire à l'avenir.


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