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Module 14: Contrôle des produits de la pêche destinés à la consommation humaine


14.1 Introduction
14.2 L’innocuité du poisson en tant qu’aliment
14.3 Le contrôle du poisson et ses limites
14.4 Les facteurs favorisant le changement dans les systèmes d’inspection du poisson
14.5 Qu’est-ce que l’équivalence? L’approche Codex
14.6 Conclusions et recommandations

C.A. Lima dos Santos
Division des industries de la pêche

OBJECTIF

L’objectif de ce module est de passer en revue les exigences et éléments de base d’un système national d’inspection du poisson, dont il décrit les difficultés et les avantages actuels. Les concepts, les principes et méthodes en cours y sont présentés. L’accent est mis sur l’importance de la collaboration entre les services publics, l’industrie et les consommateurs pour une meilleure protection des consommateurs et un développement économique à travers un renforcement de la commercialisation de produits de la pêche sains et de qualité.

POINTS CLÉS

· Les pays en développement contribuent plus de 50 pour cent du poisson et des produits de la pêche entrant sur le marché international.

· Les activités de contrôle et d’inspection du poisson font défaut dans plusieurs pays, avec des répercussions négatives à la fois pour les exportations et pour le marché intérieur.

· Les facteurs favorisant l’évolution dans les activités d’inspection du poisson incluent le système HACCP (Analyse des risques - points critiques pour leur maîtrise), l’harmonisation des directives européennes pour l’inspection du poisson et la mise en place des réglementations américaines obligatoires pour les produits de la mer.

· Les analyses effectuées sur les produits finis aux fins de certification vont devenir moins importantes à mesure que les pays adopteront les principes et accords d’équivalence du système HACCP qui met l’accent sur le contrôle depuis la capture du poisson jusqu’à sa consommation.

· Les pays importateurs qui sont bien avancés en matière de systèmes d’inspection du poisson devraient aider leurs partenaires commerciaux moins développés en fournissant appui technique et aide financière.

14.1 Introduction

L’importance du commerce des produits de la pêche pour les pays en développement

Les pays en développement contribuent plus de 50 pour cent des produits de la pêche commercialisés au niveau international. La plupart en exportent et, pour la majorité d’entre eux, les recettes de ces exportations sont une des principales sources de devises étrangères. L’Union européenne (UE), le Japon et les Etats-Unis comptent pour plus de 80 pour cent des importations mondiales. Ils dominent le marché en terme de prix et d’exigences en matière de qualité.

Les difficultés rencontrées par les pays en développement

Sur le marché international du poisson et des produits de la pêche, l’une des plus sérieuses difficultés auxquelles font face les exportateurs des pays en développement résulte des différentes normes et régimes imposés par les pays importateurs pour s’assurer que ces produits sont conformes à leurs exigences nationales. Les différences entre la législation, l’organisation et le fonctionnement des services d’inspection et le modus operandi de ces services sont parmi les plus importantes difficultés pratiques rencontrées par les pays en développement pour respecter les conditions posées par les pays importateurs pour s’assurer que leurs produits sont conformes aux normes nationales. Les certificats exigés pour les différents pays créent tout autant d’inconvénients aux exportateurs qu’aux fonctionnaires et responsables des instances de réglementation. Ces certificats sont de différentes formes et dans différentes langues, ce qui entraîne souvent des confusions.

L’application du concept d’Analyse des risques - points critiques pour leur maîtrise (HACCP) constitue une alternative à ces barrières traditionnelles, et il est aujourd’hui adopté partout par les secteurs publics et privés. L’application à l’échelle internationale des principes du HACCP, tels qu’ils sont recommandés par la Commission du Codex Alimentarius, devrait pouvoir stimuler l’harmonisation du système d’inspection du poisson à l’échelon international.

Néanmoins, même après la ratification de l’Accord sur l’application des mesures sanitaires et phytosanitaires au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), des différences risquent de persister entre les différentes normes nationales et les systèmes d’inspection, et de maintenir ou de créer de nouvelles barrières non douanières. Dans ce cadre, il apparaît donc essentiel de progresser vers une approche d’«équivalence» afin d’éliminer les obstacles et de libéraliser le commerce international des produits de la mer sans sacrifier pour autant la qualité et l’innocuité des aliments. Selon la Commission du Codex Alimentarius, le concept d’«équivalence» définit la capacité de systèmes d’inspection et de certification distincts à atteindre les mêmes objectifs.

Ce module offre un aperçu des particularités pratiques et techniques dans le cas particulier du poisson et de son contrôle. On tentera donc ici de décrire les principales actions que les pays en développement doivent mettre en œuvre pour appliquer l’approche de l’«équivalence» dans le domaine de l’inspection et du contrôle de la qualité du poisson et des produits de la pêche commercialisés au niveau international. Les problèmes et difficultés rencontrés pour appliquer ce genre d’accords sont aussi identifiés.

14.2 L’innocuité du poisson en tant qu’aliment

Les risques alimentaires liés aux produits de la pêche sont connus et clairement définis

La plupart des produits de la pêche destinés à la consommation humaine sont sains. Comme tous les aliments, ils comportent cependant certains risques. Les problèmes de sécurité alimentaire liés aux produits de la pêche sont très spécifiques, clairement définis et limités à quelques espèces. En ce qui concerne le poisson et les crustacés impliqués dans l’irruption des cas rapportés par le Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies, plus de 90 pour cent des incidents et 75 pour cent des cas individuels relèvent de la présence de ciguatoxine (qui provient de quelques espèces de poissons coralliens) et de scombrotoxine (qui provient du thon, du maquereau, du thon rouge et de quelques autres espèces) et de la consommation de mollusques bivalves (crus pour la plupart).

Les risques sanitaires liés aux produits de la pêche (produits de l’aquaculture et captures sauvages) peuvent être classés en risques environnementaux, de transformation, de distribution ou induits par le consommateur. Les risques environnementaux sont ensuite subdivisés entre les dangers naturels (exemple les biotoxines) et les contaminations d’origine anthropique (exemple, les biphenyls polychlorés).

En général, les problèmes liés à la consommation des produits de la pêche peuvent être divisés en trois groupes: ceux liés à l’innocuité des produits, à la qualité commerciale (fraîcheur, hygiène, apparence générale, taille, couleur, etc.) et à des défauts d’étiquetage ou à de la fraude économique. Les dangers qui ne sont pas liés à l’innocuité des produits sont considérés comme des «défauts» par la Commission du Codex sur les produits de la pêche.

La qualité du poisson et son évolution

Les problèmes associés à l’altération rapide du poisson ne sont que trop bien connus par les techniciens du poisson - comment et pourquoi ils se manifestent, ainsi que les mesures préventives à prendre. L’altération apparaît comme la résultante de l’activité microbienne et enzymatique et de la dégradation chimique. Les actions nécessaires pour prévenir l’altération et préserver la qualité incluent toutes les étapes nécessaires à une manutention rapide et soignée du poisson et à son maintien à basse température. Le premier défi auquel doit répondre un programme de contrôle de qualité se situe à ce niveau.

14.3 Le contrôle du poisson et ses limites

L’inspection du poisson a une longue tradition

L’inspection et le contrôle de la qualité des produits de la pêche ont une longue tradition. En Europe ils datent de l’ère médiévale lorsqu’ils couvraient plusieurs aspects relatifs au transport, à la vente du poisson et des produits de la pêche. Le type, le poids et la qualité du produit étaient sévèrement contrôlés dans les différents ports et marchés. Par exemple, en France, un tonneau de saumure de hareng salé ne pouvait être fermé qu’après un examen visuel d’un inspecteur qui appliquait le sceau officiel du village sur la partie supérieure du robinet du tonneau.

14.3.1 Le contrôle du poisson en tant qu’aliment et ses limites

Malgré ce démarrage précoce, le développement à l’échelle mondiale du contrôle alimentaire dans le domaine des produits de la pêche a été lent. En fait, il y a quelques années encore, plusieurs pays développés ou en développement n’avaient toujours pas de programme spécifique pour les produits de la pêche. Dans la plupart des pays, particulièrement dans les pays en développement, les systèmes nationaux de contrôle des aliments n’ont été mis en place que très lentement et généralement plusieurs ministères et départements sont alors impliqués. En conséquence, dans de nombreux pays, différentes agences continuent de revendiquer le droit d’inspection et de contrôle de la qualité du poisson.

Des pratiques courantes dépassées

De nombreuses lois et réglementations ont été édictées sans la coordination appropriée du travail des différentes administrations. Plus d’une fois, cette situation a débouché sur l’existence de dispositions qui empiètent les unes sur les autres ou qui se contredisent, et sur des difficultés d’application. Souvent, ces lois et réglementations se sont avérées dépassées et ne répondaient plus aux besoins du pays. Les changements des structures sociales, des habitudes alimentaires, des technologies alimentaires, des pêcheries modernes ne trouvaient ainsi aucun écho dans ces réglementations dépassées.

Dans la plupart des pays, l’administration et les tâches et objectifs de l’agence d’inspection du poisson n’ont pas été clairement différenciés de ceux des autres services situés au sein de la même administration. Le personnel et les infrastructures, particulièrement les services d’analyse, ont donc pu être utilisés par d’autres divisions à l’intérieur de la même instance ou d’autres instances.

Les institutions nationales qui élaborent des normes pour les produits alimentaires - dont les produits de la pêche - sont représentées dans pratiquement tous les pays en développement. Leur organisation et leurs fonctions sont très semblables et le nombre de normes qu’elles produisent est très important. Ces normes sont toutefois de nature généralement volontariste et ne sont appliquées qu’au plan interne. De fait, les normes qui ont une réelle valeur pratique et qui sont suivies par l’industrie du poisson et appliquées par les administrations qui contrôlent les exportations, sont celles des pays importateurs.

En général, les services d’inspection des produits de la pêche manquaient de personnel qualifié formé, d’infrastructures, de pouvoir et de moyens financiers pour opérer. L’inspection consacrée au contrôle de la qualité était un fait relativement nouveau qui restait très peu compris. Dans ce domaine, quelques pays ont appliqué une inspection minimale ou pratiquement aucune inspection.

Les agences d’inspection existantes se concentraient principalement sur la certification des établissements pour le marché international. Elles effectuaient des analyses de produits finis en laboratoire puis délivraient des certificats sanitaires pour l’exportation. Très peu d’efforts ont donc été faits pour améliorer les techniques de manutention et de traitement à l’intérieur des établissements, ou à la qualité des produits de la pêche vendus localement, ou pour améliorer la diversification des produits. Il y avait un manque d’attention des agences d’inspection pour ce qui concerne le marché local. Très peu de pays ont fourni une couverture équitable pour le marché local et international.

La faible priorité accordée à la promotion et au renforcement des bonnes pratiques de fabrication et des systèmes de contrôle de qualité efficaces appliqués dans les établissements de transformation constituait une faiblesse dans la plupart des programmes nationaux d’assurance qualité. Les services d’inspection concentraient tous leurs efforts et toutes leurs ressources à tester les produits avant l’exportation. Comme prévu, les faiblesses fondamentales de l’inspection avant expédition conduisent à une longue histoire de rejets et de détentions des produits de la pêche des pays en développement par les principaux marchés d’importation.

Suite à cette situation, la majorité des établissements de la plupart des pays en développement du secteur de transformation du poisson destiné aux marchés locaux sont à petite échelle et le travail y est intensif. Des produits en-deçà des normes, à durée de conservation courte ou faiblement attractifs, y sont préparés. La nécessité d’une bonne hygiène et de pratiques de contrôle de la qualité sont souvent oubliées. Très peu d’efforts sont menés pour mécaniser, améliorer l’efficacité et moderniser les activités. Les marchés du poisson sont pour la plupart invariablement situés dans des endroits inaccessibles de la ville; ils sont souvent vétustes, sans infrastructures adéquates pour garantir pour le moins le respect des normes de base de nettoyage et de désinfection. Les sites de débarquement offrent généralement la même situation déplorable ainsi que les infrastructures de transport, de stockage et de distribution.

Très peu d’industries disposaient d’un système de contrôle de qualité bien conçu et lorsque de tels programmes existaient, ils étaient généralement mal compris ou mal exécutés. Ceci ne concerne pas seulement les petites unités de transformation mais également les établissements impliqués dans le commerce international de produits de la pêche. De grands secteurs de l’industrie ont commis l’erreur de ne pas reconnaître leur part de responsabilité concernant la salubrité et la qualité de leurs produits et leur incapacité à se conformer à des normes acceptables. Ceci était dû aussi au fait que dans plusieurs établissements de transformation, la compréhension du contrôle de qualité était limitée aux travaux menés dans les laboratoires plutôt qu’à un ensemble de mesures nécessaires pour retarder l’altération, éviter la contamination et préparer le produit conformément aux bonnes pratiques industrielles et aux spécifications requises.

La mauvaise qualité de la matière première a ainsi constitué souvent un sérieux problème dans plusieurs pays en développement en raison de cette approche erronée, qui a induit de mauvaises pratiques de manutention, de conservation et de stockage à bord des navires de pêche, de même que le manque de soin et les mauvaises pratiques de débarquement et de transport à terre. Les opérations de pré-traitement menées en dehors de l’établissement, dans des conditions plutôt mauvaises du point de vue hygiénique et sanitaire, étaient les principales causes de contamination et de décomposition: la classification, l’étêtage et le décorticage de crevettes; la classification et le nettoyage des céphalopodes; le décoquillage de la chair des crabes, le décorticage des coquillages, étaient faits à même le sol sur les plages sablonneuses des sites de débarquement de poisson et à l’intérieur des maisons. L’explication était toujours la même: «nous n’avons aucun contrôle de ce qui se passe hors de l’établissement. Ce n’est pas notre affaire».

Des efforts malheureusement insuffisants ont été consentis pour sensibiliser les ouvriers aux principes de base de l’hygiène du personnel. L’éducation et la formation étaient presque impossibles à réaliser dans des pays où les ouvriers ne restent jamais suffisamment dans le même établissement, comme dans le cas de travailleurs rémunérés à la journée ou à la pièce, chose courante dans nombre de pays en développement.

14.4 Les facteurs favorisant le changement dans les systèmes d’inspection du poisson

Les activités d’inspection du poisson ont été profondément affectées, au cours des cinq aux dix dernières années, par les changements radicaux de procédures et de méthodes traditionnelles de travail. L’apparition du HACCP, l’harmonisation des réglementations de la Communauté européenne en matière d’inspection et la mise en œuvre obligatoire des réglementations américaines appliquées aux produits de la pêche sont les principales forces à l’origine des changements de pratiques d’inspection désormais adoptées par les pouvoirs publics et les industries du poisson. Le rythme du changement va encore s’accélérer dans un futur proche, dans la mesure où plusieurs acteurs impliqués ne comprennent toujours pas la nécessité de tels changements et/ou de mise en pratique.

14.4.1 L’impact du HACCP sur les activités d’inspection

Parmi les systèmes existants, le HACCP (Analyse des risques - points critiques pour leur maîtrise), est considéré comme la stratégie qui offre une meilleure sécurité au consommateur de poisson. La production et l’inspection de la salubrité et de la qualité du poisson et des produits de la pêche sont en train de muter d’une inspection et analyse en laboratoire à une approche préventive où les problèmes critiques sont évités avant leur apparition.

Le grand avantage du système HACCP est qu’il s’agit d’une approche par anticipation d’assurance de la qualité, et qu’elle est à la fois systématique, structurée, rationnelle, multidisciplinaire, adaptable et peu coûteuse. Appliqué correctement, il n’existe aucun autre système ou méthode qui produira le même degré de sécurité et d’assurance de la qualité. De plus, le coût journalier de mise en œuvre du système basé sur le HACCP est faible comparé à un programme d’échantillonnage plus large.

L’adoption à grande échelle du concept HACCP par l’industrie halieutique et son application par les agences réglementaires nationales de contrôle est une étape majeure dans la garantie de l’innocuité et de la qualité alimentaire du poisson. Les avantages du HACCP sont:

Les avantages du HACCP

Une meilleure communication d’ensemble

Concernant les aspects commerciaux, l’introduction du concept HACCP enjoint à mieux communiquer et à une meilleure compréhension entre le secteur privé (producteurs, exportateurs, importateurs), les agences de contrôle, la communauté scientifique et le grand public. Cela sera bénéfique à tout le monde.

Le cas des pays en développement

La plupart des pays, particulièrement les pays en développement, répondent positivement aux défis créés par l’application du HACCP dans leur secteur de la pêche. Le principe général du concept HACCP est d’orienter les énergies et les ressources vers des domaines où celles-ci sont le plus nécessaires et le plus utiles. Ceci fait du HACCP un outil idéal dans les situations où les ressources sont rares, comme c’est le cas dans les pays en développement. L’objectif de mise à niveau d’un secteur sous-développé peut paraître immense et impossible à réaliser. Mais l’utilisation du concept HACCP permet justement d’identifier les points où les changements et les améliorations à y introduire sont nécessaires.

Une collaboration plus étroite entre pouvoirs publics et industrie

Les pouvoirs publics et l’industrie ont renforcé leur collaboration et ont créé de nouveaux moyens pour mettre à niveau l’ensemble de la filière d’inspection et de qualité du poisson.

Un engagement total pour «améliorer la qualité et l’innocuité»

Un engagement total «pour améliorer la qualité et l’innocuité» a été pris dans un nombre croissant de pays. Tout le monde désire y participer: premièrement en apprenant ce qu’est le HACCP, quelles sont les Directives de la Communauté européenne, l’Organisation internationale de normalisation (ISO), le Programme canadien de gestion de la qualité (PGQ), la Gestion totale de la qualité et aussi comment développer et appliquer ces techniques d’assurance qualité.

Education et formation à tous les niveaux

Les initiatives d’éducation et de formation en technologie du poisson, en inspection et en assurance qualité à tous les niveaux du secteur public et du secteur privé se développent dans plusieurs pays en étroite collaboration avec l’industrie, les services d’inspection et de contrôle de qualité, les institutions de formation et les compagnies privées chargées du contrôle de qualité. La plupart de ces activités de formation ont été effectuées avec ou sans une assistance internationale. Le principal objectif est d’enseigner le développement, l’application du concept HACCP et les nouvelles exigences en matière d’importation promulguées par les Etats-Unis, l’UE et le Canada.

L’approche optimiste («nous devons et nous pouvons le faire»)

La majorité des initiatives mentionnées ci-dessus sont guidées par une approche optimiste: «nous devons le faire», «nous pouvons le faire». La compréhension des détails techniques du concept HACCP donne à tous l’assurance que les nouvelles mesures sanitaires faciliteront considérablement le commerce des produits de la pêche. Cependant, existe le sentiment général que l’on doit faire beaucoup plus dans l’optique d’un véritable changement, d’une véritable amélioration, par un travail et des études sérieux, une collaboration entre les secteurs intéressés et des investissements financiers selon le besoin.

La récompense: maintien, extension des marchés et amélioration des prix

La récompense en est le maintien des marchés internationaux, les possibilités de proposer de meilleurs prix et différents marchés à travers une meilleure qualité et des produits plus sûrs.

14.4.2 Union européenne: l’harmonisation réalisée!

L’harmonisation des législations nationales des pays de l’Union européenne en une Directive unique 91/493/UE du 22 juillet 1991 est une étape singulière dans le domaine de la mise à niveau de l’inspection et du contrôle de qualité des produits de la pêche à l’échelle internationale. L’objectif principal de la Directive UE est d’assurer la sécurité de ces produits et d’éviter la détention systématique, l’échantillonnage laborieux et les contrôles de laboratoires aux points d’entrée dans la Communauté. Une nouvelle orientation vers la prévention systématique apportée par le HACCP est la principale caractéristique technique des nouvelles procédures d’inspection et de contrôle de qualité incluses dans cette Directive.

L’adoption du concept HACCP et son application dans les pays membres de l’UE et dans les pays souhaitant exporter vers la Communauté est une étape majeure vers l’assurance de la salubrité et une meilleure qualité du poisson en tant qu’aliment au niveau international.

14.4.3 Etats-Unis: enfin l’inspection des produits de la pêche obligatoire!

Le système HACCP obligatoire dans l’administration américaine pour les aliments et médicaments (US Food and Drug Administration) est entré en vigueur le 18 décembre 1997. Il est conçu uniquement pour la sécurité. Les transformateurs sont libres d’étendre le HACCP à la qualité et à la fraude économique, mais ne sont pas obligés de le faire. Les nouvelles réglementations s’appliquent à tous les transformateurs nationaux de produits de la pêche et à tous les transformateurs étrangers qui exportent des produits de la pêche vers les Etats-Unis. Il s’agit des unités de transformation, d’emballage, de stockage en gros, des bateaux usines (mais pas des bateaux de pêche), les transporteurs ou les établissements de vente au détail. Il est demandé aux importateurs de jouer un rôle actif en vérifiant que les produits qu’ils importent ont été contrôlés sous le régime HACCP.

Plus de 50 pour cent des produits de la pêche consommés aux Etats-Unis sont importés. Traditionnellement, les stratégies de la FDA pour le contrôle des importations se faisaient à travers l’examen dans les ports d’entrée. Un nombre limité d’inspection des transformateurs étrangers a ainsi été opéré. Le contrôle dans les ports d’entrée va être maintenu. La FDA devra cependant prévoir une modification de la nature de ces contrôles selon que les pays d’origine auront ou non signé un accord de type équivalence avec les Etats-Unis. Le développement de ces accords sera une priorité.

14.5 Qu’est-ce que l’équivalence? L’approche Codex

Selon la Commission du Codex Alimentarius (CAC) «l’équivalence est la capacité de différents systèmes d’inspection et de certification de parvenir aux mêmes objectifs» (Commission du Codex Alimentarius, 1997). Par conséquent, l’accent est mis sur la capacité de différents systèmes d’inspection et de certification de réaliser les mêmes objectifs, sans tenir compte des détails relatifs aux méthodes utilisées pour les deux systèmes.

Le «Projet de Directives sur la conception, l’évaluation et l’accréditation des systèmes d’inspection et de certification pour les importations et exportations des produits alimentaires», récemment préparé par la commission du Codex Alimentarius (1997), décrit les étapes nécessaires qu’il est recommandé de suivre pour la détermination de l’équivalence entre deux ou plusieurs pays intéressés par des relations commerciales. Les sujets à considérer doivent inclure la structure législative nationale, l’efficacité et l’adéquation des programmes de contrôle appliqués, les infrastructures disponibles en termes d’équipements, de transports et de communications. Le document encourage également l’utilisation du HACCP et met l’accent sur l’importance de la formation du personnel de l’administration et de l’industrie sur le sujet. Comme initialement indiqué, l’hypothèse générale est que les principes du HACCP joueront un rôle prépondérant dans chaque accord d’équivalence. Les exigences préalables, pour le nettoyage et la désinfection, l’échantillonnage et l’analyse des produits finis par les pays exportateurs, joueront un rôle mineur mais nécessaire dans la conformité aux objectifs de l’accord. Les pays importateurs doivent éviter un contrôle systématique sur les produits importés qui ramènerait vers le système d’inspection classique.

Le rôle des principes d’évaluation des risques

La Commission du Codex Alimentarius, dans son projet de Directive, insiste sur la nécessité de respecter le principe d’évaluation des risques. Cette évaluation des risques est une mesure scientifique de la probabilité et de l’importance des dangers potentiels connus et ayant des effets sur la santé d’une personne exposée aux dangers d’intoxication alimentaire (FAO/OMS, 1995). Pour déterminer l’équivalence entre des services d’inspection, différents pays peuvent présenter plusieurs types d’évaluations des dangers et des risques. Les services d’inspection doivent concevoir des programmes de contrôle qui s’appuient sur des objectifs bien précis et des analyses des risques appropriées. En l’absence de recherches scientifiques spécifiques, les programmes de contrôle doivent être basés sur les exigences tirées des pratiques et des connaissances actuelles. Tous les efforts doivent être dirigés vers l’application de l’analyse des risques basée sur une méthodologie internationalement reconnue.

Tout le monde allant vers une reconnaissance des principes du HACCP et de l’équivalence, l’amélioration du contrôle depuis la capture jusqu’à la consommation va permettre de parvenir à une certification tout en réduisant au minimum l’analyse des produits finis. Les calendriers, les coûts et les efforts devront par contre être réorientés de façon à prévenir l’apparition de dangers potentiels de santé publique sur la chaîne de production.

Regarder la réalité en face

Bien que l’équivalence ne soit pas l’objectif immédiat de plusieurs pays, la première priorité pour rester compétitif sur le marché international doit être accordée à l’amélioration et à l’établissement d’un système réglementaire et d’un service efficace d’inspection et de contrôle de la qualité du poisson. Le but actuellement le plus réaliste pour obtenir les autorisations d’importation est de respecter les exigences de base telles que la mise en œuvre du HACCP ou les réglementations nationales sur les importations telles que les Directives de l’Union européenne.

14.6 Conclusions et recommandations

L’introduction et la mise en œuvre obligatoire de l’approche de prévention du concept de HACCP ont eu, de façon évidente, un impact considérable à l’échelle mondiale sur les services nationaux d’inspection et de contrôle de la qualité du poisson. Cela se reflète dans plusieurs pays en développement où de nouvelles législations sont en cours de promulgation pour rendre obligatoire le HACCP dans les établissements de transformation et le long de la chaîne de production. Tandis que les pays exportateurs se battent pour mettre en œuvre le HACCP sous la surveillance intense des acheteurs, ces derniers doivent aussi s’assurer que leur propre secteur de la pêche applique effectivement un système approprié basé sur le HACCP. Il faut noter que malgré les gros efforts consentis par les organisations internationales telles que l’OMC et le Codex pour s’opposer aux barrières non douanières, ce problème existe encore et est loin d’être éliminé.

Dans le cadre de la libéralisation et de la globalisation du commerce, et afin d’assurer une protection maximale de la santé publique, des accords d’équivalence fondés sur les directives du Codex doivent être activement recherchés. Ce but ultime ne pourra guère être atteint tant que la communication, la compréhension et la confiance mutuelle entre les services d’inspection des partenaires commerciaux ne seront pas améliorées. Les pays importateurs doivent avoir une attitude plus positive à l’égard des pays exportateurs qui ont fait de gros efforts en matière d’inspection et de contrôle de qualité.

Les pays importateurs qui ont bien avancé quant aux systèmes d’inspection du poisson, devraient apporter une assistance technique et financière à leurs partenaires commerciaux qui ont moins progressé. Cela serait bénéfique pour tous.

Les problèmes de manque de personnel qualifié, d’adéquation des formations et des infrastructures auxiliaires permettant d’améliorer les performances dans le domaine de l’inspection et de la vérification doivent être traités et résolus par des organisations internationales d’appui et par les pays développés. Les pays exportateurs et importateurs doivent organiser et mettre en œuvre des programmes conjoints de formation à l’attention de leurs inspecteurs afin de promouvoir une meilleure communication et compréhension entre les agences d’inspection.

L’approche traditionnelle d’inspection du poisson basée sur les analyses des produits finis doit être réduite au minimum afin d’éviter d’inutiles dépenses économiques avec des tests de laboratoire qui induisent les consommateurs en erreur quant au niveau de protection de la santé publique. Les exigences de certification ne doivent plus être considérées comme le principal critère d’acceptation d’une cargaison. Ce type de procédure ne fait que rajouter du travail supplémentaire et crée une fausse impression de sécurité en ce qui concerne la qualité du lot. Les pays importateurs doivent appliquer des normes et réglementations plus réalistes et applicables, basées sur des justifications scientifiques et des évaluations de risques recommandées par la Commission du Codex Alimentarius.

BIBLIOGRAPHIE

FAO/WHO. 1995. Report of the Joint Expert Consultation on the application of risk analysis to food standards issues.


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