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6 LES APPROCHES DE LA COOPERATION INTERNATIONALE

Sur la base de l'analyse qui précède et de discussions plus générales sur certaines questions mises en relief dans cette étude, une série de stratégies générales et spécifiques ont été élaborées pour promouvoir l'aménagement durable des forêts, en faisant appel à la coopération internationale. Ces stratégies sont brièvement exposées ci-dessous:

· Il est sans doute déraisonnable d'espérer parvenir à un accord sur la signification réelle de l'aménagement durable des forêts, surtout si ce concept englobe un grand nombre des biens et des services qu'elles procurent. Même le concept de la production durable de bois, qui est pourtant infiniment plus simple, peut être interprété de diverses manières. C'est pourquoi, il est plus concret de concentrer les efforts sur l'amélioration de l'aménagement des forêts, en particulier en réduisant ou en éliminant les pratiques de tout évidence non durables et en favorisant l'adoption continue de pratiques sylvicoles plus durables.

· L'aménagement durable des forêts aux fins de la production de bois est possible dans les conditions écologiques, économiques et politiques les plus diverses. En revanche, il est impossible de concevoir des approches bien définies et efficaces à cent pour cent pour améliorer la gestion des forêts, car la durabilité de l'aménagement dépend de facteurs aussi nombreux que complexes. Il n'existe pas de formule-miracle universellement applicable qui permette de promouvoir des pratiques plus durables dans des contextes politiques, économiques et sociaux différents. Les forces qui influencent l'aménagement des forêts, à savoir - les procédés technologiques, les conditions environnementales et économiques; les facteurs politiques et sociaux - sont généralement toutes réunies dans la majorité des cas. Toutefois, comme elles se combinent différemment, il faut concevoir un ensemble de mesures spécialement adaptées aux conditions locales pour favoriser une amélioration de l'aménagement de chaque forêt considérée.

· Pour promouvoir des pratiques sylvicoles durables, il faut des institutions et des politiques solides, et un appui politique pour faire passer les réformes. La solidité des institutions est peut-être l'élément le plus important pour améliorer l'aménagement des forêts, grâce à une définition claire des règles du jeu, à une gestion efficace des ressources forestières et à l'élimination des politiques néfastes et de la corruption. Dans les pays où ces conditions ne sont pas réunies, la coopération et les institutions financières internationales peuvent jouer un rôle décisif en introduisant de nouvelles idées, en informant le public de ce qu'il se passerait si l'on laissait les choses suivre leur cours, et en développant les institutions. Toutefois, comme ces réformes reposent largement sur des facteurs politiques, les institutions internationales ont peu de prise sur elles. En pareil cas, il faut parfois du temps pour mobiliser l'appui des forces politiques. Toutefois, une foule d'expériences démontrent qu'il est inutile de chercher à résoudre le problème par l'argent si les politiques et les institutions ne sont pas adéquates. Il est également prouvé que des réformes durables des politiques ne peuvent pas être "achetées" par des institutions internationales, ni imposées efficacement comme condition de l'aide (Spears 1994). En revanche, dans les pays où les institutions et les politiques sont solides, ou dans lesquels les gouvernements sont déterminés à introduire des réformes, les ressources financières peuvent avoir un impact.

· On notera que pour promouvoir un meilleur aménagement des forêts, il ne faut pas nécessairement beaucoup d'argent. C'est même souvent le contraire. Certaines mesures visant à favoriser un meilleur aménagement des forêts, comme l'élimination des subventions, peuvent économiser l'argent des gouvernements ou augmenter leurs recettes. Ainsi, l'importance du rôle des institutions de financement du développement tiendra probablement moins aux fonds additionnels qu'elles apporteront, qu'à leur contribution à l'amélioration de la gouvernance.

· Un grand nombre, sinon la majorité, des mesures visant à promouvoir un meilleur aménagement des forêts devront être orientées vers d'autres secteurs que celui des forêts. En outre, elles seront souvent impopulaires. Pour garantir un développement plus durable, des changements peuvent être nécessaires dans des secteurs comme les transports, l'extraction minière, et la prospection pétrolière. Les réformes des politiques doivent être basées sur une évaluation soigneuse de l'impact des changements introduits dans ces secteurs sur les différentes parties prenantes, car les coûts et avantages seront probablement inégalement répartis. Au départ, l'appui international devrait être mis à profit pour analyser et faire connaître les conséquences de l'inaction, éduquer le public et renforcer les institutions. Des fonds peuvent être nécessaires pour indemniser ceux qui sont lésés par les réformes des politiques.

· Il est souvent inutile de concevoir de nouveaux modèles ou approches pour améliorer l'aménagement des forêts. Il serait plus productif de focaliser les efforts sur les défaillances des politiques et des institutions qui exacerbent la prolifération de pratiques non durables.

· D'une manière générale, il est important de mettre un frein à l'exploitation "anarchique" des ressources forestières publiques. Il peut être nécessaire d'en garantir l'accès, notamment aux ruraux pauvres, mais de façon plus réglementée. Le soutien des institutions financières de développement devrait être axé sur la garantie des droits de jouissance des biens publics, la démarcation des terres, l'attribution de titres fonciers et la mise en application des droits sur les terres. Aucun investissement visant à améliorer l'aménagement des forêts n'exercera suffisamment d'attrait tant qu'il sera possible d'exploiter de manière non durable des bois précieux acquis pour un prix symbolique dans des forêts publiques.

· Les plans, politiques et projets d'amélioration de l'aménagement des forêts ne sont valables que dans la mesure où les connaissances sur lesquelles ils se fondent le sont. Les institutions internationales devraient soutenir des travaux de recherche appliquée dans des institutions de pays en développement qui donneront des informations de base sur les forces économiques, politiques, sociales et technologiques déterminant le type d'incitations à mettre en _uvre pour améliorer l'aménagement des forêts.

· L'amélioration des données et la diffusion de l'information constituent un domaine d'investissement prioritaire. Les pays qui peuvent prendre leurs décisions sur la base de connaissances et d'informations adéquates ne peuvent qu'améliorer la gestion de leurs forêts. La Banque mondiale et d'autres institutions internationales devraient s'efforcer de renforcer les capacités des pays, pour qu'ils soient mieux à même de rassembler et d'analyser des informations sur le secteur forestier et de prendre leurs décisions concernant l'aménagement des terres, en connaissance de cause.

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