Laccès durable au «capital» des pêches pour les populations des communautés étudiées conditionne leurs moyens dexistence. A cet égard on peut analyser comme suit ce capital. (a) le capital naturel, cest-à-dire les écosystèmes marins et les espèces biologiques qui y vivent; (b) le capital matériel, notamment les navires de pêche, les équipements, les lieux de débarquement, ainsi que les installations de transformation et de commercialisation; (c) le capital financier nécessaire à la poursuite des opérations, à lobtention des différents équipements matériels et à la prise en charge de diverses activités économiques et sociales et parfois à lentretien et à la valorisation du capital naturel; et (d) le capital social et culturel humain, notamment les compétences humaines et les informations utilisées dans le cadre des activités de pêche, ainsi que lensemble des connaissances accumulées susceptibles dêtre mises à profit dans lexistence en général.
Dordinaire, la plupart des communautés de petits pêcheurs disposent en outre dautres moyens dexistence, lesquels sont associés à des ressources qui leur sont propres et qui sont également intégrés à leur tissu social et culturel; habituellement, les divers moyens disponibles sont complémentaires et interdépendants, les membres dune communauté bénéficiant collectivement dune sécurité accrue grâce à la multiplication des possibilités à envisager. Il se peut toutefois que certains des moyens en question entrent en compétition pour les différents types de capital, dont les activités de pêche sont tributaires. Ainsi, les différents besoins de ressources hydrologiques, nés par exemple du développement de lagriculture, du tourisme, et de la mariculture, peuvent être sources de difficultés pour les membres dune communauté de pêcheurs.
Dans différentes régions du monde, les principes culturels en vigueur quant à lutilisation des ressources naturelles connaissent actuellement une rapide évolution, étant continuellement modulés et réexaminés à loccasion des conflits qui apparaissent avec les défenseurs de lenvironnement. Dune part, certains continuent à oeuvrer en faveur de la croissance et du développement, souhaitant obtenir une amélioration de leurs conditions de vie, quand bien même la croissance à laquelle ils aspirent ne saurait être maintenue à long terme; dautre part, un nombre croissant dindividus, de groupes et de sous-cultures émergentes qui attirent lattention sur différentes atteintes à lenvironnement observées dans le passé, oeuvrent à présent en faveur dune utilisation nettement moins intensive des ressources naturelles. Poussées à la limite, ces deux attitudes risquent daltérer radicalement le capital potentiellement disponible pour assurer la subsistance des communautés de petits pêcheurs.