La région étudiée comprend l’ensemble du littoral des trois États du Sud-Est du Nigéria: Rivers, Akwa Ibom et Cross River. Elle est constituée du Delta du Niger et des deltas des rivières Binny, Endoni et Cross Rivers, outre la totalité du système fluvial et lagunaire formé par les milliers de rivières, ruisseaux, lagons et canaux artificiels qui divisent cette jungle aquatique en une myriade d’îles, d’îlots et de chenaux sur tout l’est du pays jusqu’à la frontière du Cameroun. Sa limite septentrionale coïncide plus ou moins avec le cinquième parallèle au nord de l’équateur. Puisque dans cette région les activités liées aux pêches sont la principale source de revenus et d’approvisionnement en protéines, elle a été choisie par les pouvoirs publics du Nigéria pour bénéficier du projet du développement des pêches artisanales FIDA/Nigéria auquel la présente étude est consacrée.
La caractéristique physique prédominante de cette région est la présence de mangroves comportant ça et là des zones surélevées d’à peine quelques dizaines de centimètres autorisant la présence d’établissements humains. Ces marais sont bordés par des bancs et des plages au niveau du littoral marin et estuarien qui sont plus propices aux établissements humains. Nombre des eaux voisines sont saumâtres, de même que les eaux souterraines dans les zones de marais. Il n’y a pas de terres agricoles à proprement parler. Les transports, les trajets quotidiens et les communications à l’intérieur de la zone couverte par le projet se font de façon quasi exclusive par voie d’eau. Pendant la saison sèche, lorsque les eaux sont basses, la navigation est difficile à certains endroits et exige un grand savoir-faire local. Le climat est chaud et humide et le niveau des précipitations annuelles compte parmi les plus élevés au monde.
Les plages et les accès aux lagons et aux estuaires sont souvent inaccessibles depuis la haute mer en raison de plusieurs lignes de déferlement successives dues à la houle atlantique. Plus la houle est haute et plus il est dangereux de franchir les bancs de sable dans la zone de déferlement, notamment en revenant au rivage avec des pirogues lourdement chargées: au fil des ans, les pêcheurs paient un tribu constant en pertes de vies humaines et de matériel.
Dans la partie septentrionale de la zone du projet, la mangrove cède la place à des terres légèrement plus élevées et plus sèches. Là, l’agriculture peut être pratiquée et l’on trouve des villages permanents, des villes et des agglomérations; les transports routiers sont possibles bien que les voies d’eau continuent à jouer un rôle économique majeur. Au nord-est, en remontant le cours de la Cross River, le paysage change et le relief s’accentue. Cette région loin de la mer, où l’agriculture joue un rôle prédominant, est parsemée d’éléments du système fluviatile et lacustre, la rivière demeurant une voie de transport importante (Abasiatai, 1987; Bell-Gamm, 1990; FIDA, 1988 et Scott, 1966).
