Page précédente Table des matières Page suivante


9. CONCLUSIONS


Dans les Hébrides et les Highlands de l'Ouest, la sécurité alimentaire fondée sur le poisson est compromise en raison de l'épuisement des ressources marines locales dû à l'effort de pêche, à la pollution et à la prédation animale. On estime à plus de 900 000 tonnes de poisson par an la production des zones maritimes VIa et VIb du CIEM voisines de la région. Près de 75 pour cent de ces quantités sont le fait de la pêche, bien que 80 000 tonnes soient rejetées à la mer en tant que rebut. Le restant est prélevé par les phoques, les oiseaux de mer et divers mammifères marins. Seulement 60 000 tonnes, soit un dixième des captures sont débarquées sur place par les flottilles de pêche réunies de la côte est et de la côte ouest, opérant en permanence à partir des ports de la région. La flottille exploitée par des pêcheurs locaux débarque moins de la moitié de cette quantité, soit environ 25 000 tonnes.

Ces 25 000 tonnes constituées surtout de crustacés et de certains poissons capturés par la flottille locale, est essentielle pour l'économie et la viabilité des communautés côtières, puisque celles-ci n'ont pas d'autres industries de quelque importance. L'élevage du saumon est confronté à de graves problèmes sanitaires et écologiques. La production de tweed Harris a été brutalement réduite à une fraction de la production antérieure de ce secteur et le tourisme ne pourrait se développer qu'à condition que les villages restent des communautés vivantes et prospères.

L'attribution d'une partie limitée du stock global de la zone VI pourrait constituer une différence considérable pour les communautés de pêche locales. Si les rejets en mer pouvaient être limités et si l'action des prédateurs pouvait faire l'objet d'un certain contrôle, alors il serait possible d'attribuer à la flottille locale le double de son contingent actuel, sans prélever un seul poisson des captures réalisées par les navires britanniques européens.

La petite part prélevée par les pêcheurs locaux sur les ressources halieutiques locales est actuellement en voie de diminution, parce que les licences de leurs bateaux sont achetées par de grosses entreprises ou par de riches propriétaires de super chalutiers désireux de légaliser ou d'accroître la puissance ou le tonnage de leurs navires. Lorsqu'une licence est achetée par une entité extérieure, elle est concrètement définitivement perdue pour la communauté en vertu des règles en vigueur, étant donné qu'aucune nouvelle licence n'est délivrée et que les acteurs locaux n'ont pas les moyens financiers de les racheter.

Dans la région, il y a proportionnellement nettement moins de valeur ajoutée liée aux produits d'alimentation dérivés du poisson que dans les autres régions du pays pratiquant la pêche. Ainsi, les usines de transformation du poisson pour l'alimentation risquent de fermer leurs portes faute d'approvisionnement. Certaines sont à présent dans l'obligation d'importer du poisson à l'étranger pour pouvoir fonctionner. Il en résulte une diminution du nombre d'emplois dans le secteur local post-récolte de cette industrie.

Les pêcheurs locaux des Hébrides et de la côte occidentale ont traditionnellement pratiqué une pêche à petite échelle respectueuse de l'environnement, qui a pour effet de limiter les journées en mer, en s'abstenant d'opérer pendant les week-ends. Les réductions spectaculaires des stocks observées dans les années 1970 et qui se sont traduites par la disparition de bancs de morues, d'aiglefins, de harengs et de maquereaux des estuaires et des détroits ont été provoquées par l'activité des flottilles venues de l'extérieur. Les associations de pêcheurs locaux ont fait preuve d'un engagement et d'une aptitude à organiser des systèmes de gestion des ressources côtières, à contrôler l'effort de pêche et à résoudre les conflits entre les flottilles concurrentes et les flottilles dotées d'engins mobiles et statiques.

A présent, les associations locales ont proposé des mesures visant à empêcher de nouvelles destructions des stocks, à restreindre le champ du commerce des licences et des contingents et à assurer la durabilité des pêches côtières. (Note: la restriction du champ du commerce consiste à établir des accords qui interdisent les échanges de licences de navires et de contingents de pêche au-delà de la zone où elles ont été attribuées initialement, mais les autorisent exclusivement à l'intérieur de cette zone de façon à ne pas altérer ou épuiser l'ensemble des droits dont bénéficient les communautés de pêche locales). A long terme, de telles mesures permettraient de reconstituer les stocks côtiers au bénéfice tant des pêcheurs locaux, que des flottes locales et des flottes hauturières. Or, pour mettre en place le type de gestion proposé il faudrait créer des instances locales de gestion participative habilitées à définir les réglementations en vigueur à l'intérieur d'une bande de 25 milles et dans le cadre de la politique générale des pêches nationale et européenne.

La sécurité alimentaire de la région serait considérablement accrue par une gestion efficace de ce type, propre à améliorer la durabilité de l'approvisionnement en poisson grâce à une réduction des quantités rejetées en mer et des captures de juvéniles, et à garantir simultanément un taux de survie adéquat à des fins de reproduction. Une sécurité alimentaire renforcée comporterait nombre d'avantages sociaux: un plus grand nombre d'emplois durables, la fin d'une émigration compromettant l'existence même de certains villages et la stimulation des activités marines connexes et du tourisme, notamment de l'écotourisme.

Tout ceci pourrait être obtenu sans pénaliser les flottilles hauturières du reste du Royaume-Uni et d'Europe. Elles seraient certes tenues d'observer les règlements locaux en vigueur dans la région, mais bénéficieraient de l'amélioration à long terme des ressources halieutiques.


Page précédente Début de page Page suivante