Page précédente Table des matières Page suivante


I. INTRODUCTION


Le bromure de méthyle ou bromométhane est un fumigant à large spectre, très efficace pour contrôler les parasites des sols cultivés infestés dans le monde. Lorsqu’il est utilisé comme fumigant du sol, le gaz de bromure de méthyle est appliqué avant le semis dans le sol, et celui-ci est recouvert de bâches. Ce traitement tue effectivement les micro-organismes du sol mais une fois les bâches enlevées, une partie du gaz pénètre éventuellement dans l’atmosphère.L’un de ses principaux usages pour le sol est la fumigation des lits de semis de tomates, de piments, d’aubergines, du tabac, de fraise, des plantes ornementales et autres cultures. Selon les estimations, plus de 80% des utilisations de bromure de méthyle est destiné à la fumigation du sol.

Le bromométhane (MeBr) a été scientifiquement défini comme un produit chimique qui détruit la couche d’ozone. Le Potentiel de destruction de l’ozone (ODP) est estimé à 0,4, i.e. plus élevé que le seuil admissible de 0,2. Le brome libéré par le bromure de méthyle à l’usage est estimé à 40 fois plus destructeur que le chlore dans l’ozone par atome.

Toute cette information a conduit à un processus de suppression progressive planifiée des substances qui détruisent la couche d’ozone dans les pays développés et les pays en développement sous le Protocole de Montréal. La suppression totale du bromométhane dans les pays développés est prévue pour 2005, tandis que dans les pays en développement elle devrait avoir lieu au cours des années 2000 avec la fin du processus en fin 2015.

La suppression progressive suppose que les pays devraient développer des alternatives viables pouvant remplacer l’usage de bromométhane. Ces alternatives doivent être efficaces dans la lutte contre les parasites des sols, sans dommage pour l’environnement, faciles à utiliser et économiques pour le paysan. Dans la plupart des cas, il est peu probable qu’une seule alternative soit capable de remplacer le bromométhane. Il serait probablement nécessaire de combiner au moins 2 (deux) mesures de lutte afin d’atteindre les mêmes résultats que ceux du bromométhane.

L’adoption de la gestion intégrée des déprédateurs (GID) est aussi l’une des solutions. Aucune option magique ne sera disponible pour lutter contre les parasites du sol; une estimation régulière des organismes nuisibles du sol sera requise pour prendre des décisions adéquates de lutte antiparasitaire.

GID est un processus de prise de décision qui considère toutes les mesures possibles de lutte, aussi bien culturale, mécanique, biologique que chimique, en vue de sélectionner une méthode de lutte convenable à chaque situation prise individuellement. Là où la lutte chimique est indiquée, des populations de parasites spécifiques sont ciblées pour le traitement au moment où elles sont plus vulnérables, au lieu d’une simple application de pesticide total. Par l’usage de méthodes de lutte appropriées, la GID peut entraîner une réduction dans l’usage de pesticides y compris le fumigant bromométhane.

Ainsi le processus GID commence avec le paysan (qui prend des décisions dans son champ) et non avec les parasites. Avant de prendre des décisions efficaces, les paysans ont besoin de comprendre l’agro-écosystème, l’interaction des différents composants qui interviennent dans le champ et voir comment leurs décisions affectent l’équilibre général. Les chercheurs ont besoin de comprendre les besoins locaux et de donner aux paysans une vaste gamme d’options qu’ils peuvent adapter et appliquer dans leur situation individuelle. Les services de vulgarisation et/ou les services de protection des végétaux devraient aider à faciliter ce processus pour que les chercheurs comprennent les besoins des paysans et que ceux-ci soient eux-mêmes capables d’adapter les technologies disponibles.

La formation des formateurs (FDF) et les champs écoles paysans (CEP) sont des activités centrales dans la formation en GID et le processus de vulgarisation. Le dernier cas est une voie efficace pour actualiser les nouvelles alternatives développées du MeBr et sur la GID en général. La connaissance acquise leur permettra d’organiser les champs écoles paysans dans leur localité.

Les champs écoles paysans sont basés sur des principes écologiques, la formation participative, et les méthodes d’éducation non formelles. Ce modèle met l’accent sur l’apprentissage par l’expérience et l’exercice avec des problèmes réels du champ. La formation selon tels principes implique le processus d’apprentissage plus que l’instruction. En plus, les champs écoles paysans donnent aux paysans l’occasion d’expérimenter, d’affiner leur observation et leur aptitude de recherche et de prendre des initiatives en adoptant les alternatives aux conditions locales. En effet, l’une des plus importantes leçons apprises dans le passé par les services de vulgarisation a été que les recommandations généralisées à l’endroit des paysans par recherche et la vulgarisation aient besoin d’être attentivement examinées, testées et adaptées par les paysans eux-mêmes compte tenu des conditions spécifiques à leur localité. Les champs écoles paysans réalisent ce processus par l’amélioration de la connaissance existante et les talents que les paysans ont acquis au cours de plusieurs années d’expérience.

L’expérience de la FAO sur la gestion des déprédateurs dans différents pays en Asie du Sud-Est, en Afrique, et en Amérique latine a démontré que le processus de formation est vital pour l’adoption des méthodes de contrôle des parasites par les paysans. Cette formation ne sera pas une démonstration au champ ou l’organisation de journées au champ isolées. Habituellement, les paysans sont pressés d’opter les technologies de contrôle de parasites qu’eux-mêmes ont testées et améliorées.

Ce manuel expose les étapes requises pour conduire une formation compréhensible sur les nouvelles alternatives pour remplacer le MeBr. C’est la première édition et nous sommes sûrs que les éléments développés ici seront enrichis et améliorés par les prochaines expériences au champ pour la suppression du Bromure de méthyle dans différents pays.


Page précédente Début de page Page suivante