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Système d’exploitation arboricole


CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME

Ce système est d’abord basé sur la production des cultures arboricoles, principalement le cacao, le café robusta, l’huile de palme et le caoutchouc. Des cultures vivrières sont souvent intercalées dans les cultures arboricoles. Les racines et tubercules (manioc, ignames et taro) sont les principales cultures vivrières. Les cultures arboricoles et les activités hors exploitation constituent la source essentielle de revenu.

Encadré 2.6 Données de base: système d’exploitation arboricole

Population totale (m)

50

Population agricole (m)

25

Superficie totale (m ha)

73

Zone agroécologique

humide

Superficie cultivée (m ha)

10

Superficie irriguée (m ha)

0,1

Nombre d'animaux (m)

2

L’élevage est dans de nombreuses zones limité par la présence de la mouche tsétsé, obligeant à la préparation manuelle des terres. Les principales espèces animales sont les porcins et la volaille. L’aquaculture est très répandue dans certaines zones. Les activités hors exploitation agricoles sont relativement bien développées. L’encadré 2.7 présente un ménage agricole typique de ce système.

A l’origine, un ménage déboisait chaque année une surface de forêt équivalente à celle qu’il pouvait cultiver avec le travail familial (de 0,5 à 1 ha), il y plantait des caféiers ou des cocotiers et les intercalait avec des cultures vivrières (un mélange de manioc, d’ignames, de céréales et de légumineuses). Cependant, après un an ou deux, la main-d’oeuvre familiale devenait insuffisante pour cultiver les nouvelles terres ainsi acquises et pour entretenir les champs établis les années précédentes.

Les agriculteurs confiaient alors le soin de leurs plantations de caféiers de deux et trois ans à d’autres agriculteurs migrants originaires de la zone de savane, en échange du droit de pratiquer des cultures intercalaires entre les arbres. Lorsque la couverture des arbres empêchait les cultures intercalaires, les caféiers produisaient suffisamment pour payer le travail des salariés.

Les pratiques actuelles des plantations commerciales sont très différentes des systèmes indigènes. Les programmes commerciaux fixent en général une taille minimum de plantation (5 ha par exploitant) et les agriculteurs doivent planter toute la superficie en une année, ce qui force certains d’entre eux à s’endetter. Le manque d’échelonnement des plantations accroît aussi leur vulnérabilité aux maladies. C’est une des raisons principales des difficultés rencontrées par les agriculteurs adhérents à ces programmes.

Encadré 2.7 Un ménage représentatif du système d’exploitation arboricole

Un ménage typique du système d’exploitation arboricole possède 5 ha de terre, couverts de caféiers à divers stades de maturité. Des cultures vivrières comme le manioc, l’igname et les céréales sont intercalées entre les jeunes arbres. Il a un jardin étagé avec des fruits et des légumes. La femme possède une vingtaine de poules picorant alentour. Les jeunes fils ont une ou deux chèvres et la femme élève elle-même un couple de chèvres. Le mari peut avoir une boutique ou s’occuper de commerce. Parfois, un agriculteur possède une mare à poissons. Le ménage est généralement autosuffisant en nourriture et son revenu par tête est bien supérieur au seuil de pauvreté.

Un travailleur émigré pauvre typique de ce système de production a une femme et une famille dans la savane qui travaille pour le père de l’homme. La famille peut se nourrir par elle-même pendant 4 à 6 mois par an et doit combler le déficit par la migration. Le revenu tiré du soin des cultures arboricoles et des cultures vivrières intercalaires est insuffisant pour permettre de dépasser le seuil de pauvreté.

TENDANCES ET PROBLEMES DU SYSTÈME ARBORICOLE

Les principales difficultés rencontrées par le système d’exploitation arboricole concernent: i) la pression démographique sur les ressources naturelles; ii) la détérioration des conditions de commercialisation et la diminution des parts de marché; iii) le démantèlement de l’offre parastatale d’intrants et de services de commercialisation; et iv) le retrait du secteur public de la recherche sur les cultures industrielles et de la vulgarisation. Le résultat a été d’accroître la pauvreté et les conflits sociaux entre propriétaires et travailleurs migrants, en particulier en Côted’Ivoire.

Une forte concurrence internationale a entraîné une baisse des prix au producteur et une perte de parts de marché pour la plupart des cultures arboricoles de la région. Le manque de rentabilité a conduit à négliger certaines cultures arboricoles et à diminuer la demande en main-d’oeuvre salariée dans les grandes plantations commerciales. Dans certains cas, les bas prix au niveau des producteurs sont dus à la forte taxation des cultures d’exportation et à la faible part du prix d’exportation revenant aux agriculteurs. L’utilisation d’engrais et de produits phytosanitaires est en baisse en raison de leurs prix élevés, de la faible productivité et du manque de crédit.

Les services aux petits agriculteurs ont disparu en raison de l’échec du secteur privé à fournir les intrants, le crédit, la vulgarisation et l’achat des produits, services qui étaient réalisés auparavant par des organisations parastatales. Le secteur privé s’est montré réticent à faire l’avance des intrants aux agriculteurs et à déduire leurs coûts de la vente des produits. Avec le démantèlement des offices parastataux de produits, la vulgarisation des cultures arboricoles fut confiée aux services publics de vulgarisation. Ces derniers ont été sévèrement réduits à cause de l’incapacité des gouvernements à en supporter les coûts. Les services publics de vulgarisation sont actuellement en train d’essayer de transférer la vulgarisation des cultures industrielles à des groupes privés de producteurs.

Les réformes politiques ont amené les instituts de recherche agricole du secteur public à se retirer de la recherche sur les cultures d’exportation et à laisser ce domaine au secteur privé. Toutefois, la recherche privée ne s’intéresse qu’aux produits d’exportation et délaisse les autres aspects du système d’exploitation arboricole et de subsistance, laissant les agriculteurs sans solution pour les problèmes liés aux cultures vivrières et à la fertilité des sols.

PRIORITÉS DU SYSTÈME ARBORICOLE

Le système d’exploitation arboricole était, à une certaine époque, la principale source d’exportations agricoles d’un bon nombre de pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. En dépit des problèmes indiqués ci-dessus, ce système possède un fort potentiel et ses perspectives de croissance à moyen terme sont bonnes. Les principales stratégies des ménages pour réduire la pauvreté sont l’intensification, à la fois des cultures arboricoles et intercalaires, et l’augmentation des revenus hors exploitation. La diversification - y compris la transformation et le calibrage - et l’augmentation de la taille des exploitations contribueront ensemble à améliorer les revenus. Il est essentiel d’améliorer les services d’appui, particulièrement la distribution d’intrants agricoles et la commercialisation pour l’exportation. Afin d’être efficaces, ces améliorations devront être adaptées aux besoins particuliers des différents groupes d’agriculteurs.

Les options pour améliorer les conditions de commercialisation des cultures traditionnelles d’exportation comprennent: l’amélioration de la qualité des produits d’exportation (réhabilitation des cultures, replantations avec des variétés plus productives, amélioration de la transformation, du conditionnement et de l’emballage); la transformation jusqu’au produit semi-fini ou fini; la recherche de créneaux de marché (cacao produit biologiquement); et la diversification vers des produits non traditionnels pour diminuer la dépendance aux variations de prix du marché mondial. Il est recommandé d’augmenter la part du prix d’exportation revenant aux producteurs lorsque ces prix sont encore déterminés par des organismes parastataux et que les produits d’exportation sont fortement taxés.

La disparition de l’offre d’intrants, de crédit et de services de commercialisation peut être compensée en aidant les petits planteurs de cultures arboricoles à former des groupes de producteurs capables de prendre en main la fourniture d’intrant et la commercialisation. Une autre stratégie complémentaire est de créer des institutions de microfinancement et d’épargne autosuffisantes capables de satisfaire les besoins des planteurs en prêts saisonniers de production.

La participation des femmes à ces groupes de microfinancement est particulièrement importante. Cependant, comme ces institutions ne peuvent pas se permettre de proposer des prêts à long terme, des tels prêts pour financer la mise en place des plantations ou leur replantation peuvent être aussi nécessaires.

La recherche agricole doit concentrer ses efforts sur les problèmes prioritaires de production des petits agriculteurs et faire participer les producteurs à toutes les étapes de la recherche afin d’encourager l’intensification. Le développement technologique devrait s’intéresser aussi bien à la production des cultures vivrières qu’à celle des cultures arboricoles - et impliquer les femmes dans la formulation, les tests et la diffusion de ces technologies - pour réduire la faim. Il est nécessaire de développer des technologies basées sur les principes de l’agroforesterie pour assurer une gestion durable de l’ensemble arbre-culture-sol. On peut améliorer l’efficacité des services de vulgarisation en renforçant les associations de petits producteurs pour les aider à formuler leurs problèmes prioritaires, et lorsque cela est possible à contracter des services de conseil auprès des ONG.

La nécessité de stimuler les services d’appui - y compris pour la commercialisation - montre bien l’importance de l’accès à l’information sur les prix, la qualité des produits et les marchés. Ces services pourraient être organisés par un partenariat entre le secteur privé et les organisations d’agriculteurs; le principal défi consiste à s’assurer de l’intérêt et de la viabilité financière des services d’information ainsi créés.


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