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Système d’exploitation agricole mixte


CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME

De par son type de propriété, sa gestion, ses traditions agricoles et ses modèles de production, le système d’exploitation agricole mixte qui couvre 85 millions d’hectares est très représentatif des pays d’Europe centrale qui souhaitent entrer dans l’UE[107]. Les conditions agroécologiques de l’Europe centrale, bien que variées, sont en générale bonnes. Les types et la qualité des sols sont très variables (des sols pauvres sableux aux riches tchernozioms). La pluviométrie annuelle varie de 300 mm au sud-est à plus de 3 000 mm dans les parties montagneuses. Des périodes très sèches affectent sporadiquement la production végétale et les rendements des zones les plus chaudes de la région. Malgré cela, les zones irriguées ne représentent qu’un peu plus de 10 pour cent des 35 millions d’hectares de terres cultivées. Ces terres sont situées dans les plaines, séparées entre-elles par des montagnes et des collines qui conviennent mieux à la production animale. On estime à 14 millions le nombre de têtes de bétail dans ce système.

Encadré 4.3 Données de base: système d’exploitation agricole mixte

Population totale (m)

99

Population agricole (m)

16

Superficie totale (m/ha)

85

Zone agroécologique

Subhumide

Superficie cultivée (m/ha)

35

Superficie irriguée (m/ha)

4

Population animale (m)

14

La population totale est de 99 millions de personnes, dont 36 millions vivent en zone rurale et 16 millions mènent des activités agricoles. Bien que, jugée d’après des standards régionaux, la fréquence de la pauvreté y soit faible, il existe cependant des groupes de population plus vulnérables, exposés à la pauvreté (minorités, groupes marginaux, travailleurs sans emploi et sans qualification et personnes vivant en zones marginales).

De nombreux agriculteurs privés cultivent la terre à l’aide de machines obsolètes provenant des anciennes coopératives ou achetées aux enchères; toutefois, ceux qui gèrent les plus grandes exploitations ont réussi à acheter de nouvelles machines. Afin de minimiser les coûts les agriculteurs réduisent souvent les façons culturales et utilisent de faibles doses d’engrais. Les cultures les plus importantes sont le blé d’hiver, le tournesol, le colza oléagineux, les fourrages et dans une moindre mesure l’orge de printemps et la luzerne. Le maïs, la betterave à sucre et les potirons sont cultivés sur les meilleurs sols. Cependant, les surfaces consacrées aux cultures de forte valeur sont limitées. La production animale à l’étable vient souvent en appoint de la production végétale, une partie des cultures est alors utilisée comme aliment du bétail. Le revenu des plus petites exploitations diversifiées (voir encadré 4.4) dépend beaucoup de l’élevage. Ce système d’exploitation agricole comprend aussi un certain nombre d’exploitations plus importantes, spécialisées dans l’élevage; le nombre d’animaux varie alors de 30 à 70 porcs, de 10 à 30 vaches laitières ou de 15 à 40 génisses ou taurillons à l’embouche, selon le type de spécialisation.

Encadré 4.4 Une ferme familiale typique du système d’exploitation agricole mixte

Une ferme familiale typique mixte culture-élevage dispose de 20 ha de terres cultivées, principalement en propriété familiale avec de la terre en location partout où cela est possible. Elle a quatre ou cinq membres, et une force de travail équivalant à 1,6 personnes employées à plein temps. La plupart du travail est effectué par la famille.

Les principales cultures sont le blé et l’orge (20 à 30 pour cent), le maïs pour le grain ou l’ensilage (30 à 40 pour cent) et les oléagineux (5 à 15 pour cent). Les deux tiers du revenu de la ferme proviennent de la production animale (2 à 3 cochons à l’engraissement, 1 à 5 vaches laitières et 1 à 3 bouvillons à l’engraissement ainsi que de la volaille). La production végétale représente le tiers restant. La culture est mécanisée, l’agriculteur utilise des semences certifiées, des engrais (60 à 80 kg/ha d’éléments nutritifs) et des apports limités de pesticides.

TENDANCES ET PROBLÈMES DU SYSTÈME MIXTE

Les rendements ont baissé, particulièrement pour les petites exploitations familiales, en raison de la diminution de l’utilisation d’intrants et des changements dans l’assolement des cultures qui ont suivi la privatisation des terres. La superficie des terres cultivées par les agriculteurs privés s’est accrue, son utilisation est devenue moins intensive. Dans certaines zones, la production végétale est sujette à de fréquentes calamités naturelles (sécheresse, inondation) contre lesquelles il n’existe pas de système d’assurance efficace. La hausse du prix des intrants comparée à celle des produits a entraîné une baisse de leur utilisation. Toutefois, leur utilisation a augmenté à nouveau dans certains pays où la politique de prix leur est favorable. Les taux d’intérêts élevés de nombreux pays de l’ECS, limite aussi leur utilisation.

Actuellement, de nombreuses exploitations familiales sont petites et fragmentées, mais les réformes structurelles et l’ajustement au modèle de l’agriculture de l’UE devraient entraîner la consolidation des terres et l’accroissement de la taille des exploitations de 20 à 120 ha. Les revenus hors exploitation, lorsqu’ils sont possibles, ainsi que l’agriculture à mi-temps devraient permettre d’accroître les revenus familiaux.

Les agriculteurs ne sont pas encore certains de pouvoir vendre leurs produits et d’en recevoir le paiement à temps. L’accès aux intrants est encore difficile en raison des monopoles locaux dus à la privatisation incontrôlée des capitaux non fonciers des exploitations d’état et des coopératives antérieures. Les nouveaux propriétaires, souvent anciens directeurs, louent les machines agricoles, fournissent les intrants et servent d’intermédiaires dans la vente des produits agricoles. Le manque d’institutions d’appui et d’information sur les marchés ainsi que le manque de capacité de gestion et de connaissance empêchent l’accroissement de la commercialisation et l’établissement de relations avec la chaîne de distribution alimentaire. L’absence de marchés efficaces d’intrants agricoles et de produits empêche le bon fonctionnement du secteur agricole nouvellement privatisé.

Dans le processus d’accession à l’UE, les pays candidats sont en train d’ajuster leurs cadres institutionnel et politique. Bien que beaucoup de progrès aient été réalisés dans un certain nombre de domaines, il existe encore une prise de conscience insuffisante, particulièrement aux niveaux local et de l’exploitation, de l’étendue des changements nécessaires. Il est essentiel d’arriver à une définition claire des droits de propriété, d’élaborer et de mettre en application la législation nécessaire qui permettra le développement d’un marché de la terre pleinement fonctionnel et de systèmes de crédit rural efficaces. Ces réformes faciliteront l’accès aux nouvelles technologies et aux pratiques agricoles améliorées, elles auront un impact bénéfique sur les rendements et la productivité, et sur l’environnement des exploitations.

PRIORITÉS DU SYSTÈME MIXTE

Les priorités pour améliorer les systèmes agricoles des agriculteurs pauvres sont associées à: i) l’intensification de l’ensemble des productions existantes; ii) la diversification des activités; et iii) l’augmentation de la taille des exploitations grâce à un régime foncier et à un marché de la terre améliorés. De plus, le revenu hors exploitation deviendra une source importante de réduction de la pauvreté.

La fragmentation des petites exploitations familiales réduit leur efficacité; toutefois, en l’absence d’un marché de la terre fonctionnel, les possibilités d’accroissement de la taille des exploitations sont, à moyen terme, limitées. Dans le même temps, dans un certain nombre de pays, des zones importantes sont laissées incultes, car de nombreux anciens propriétaires qui ont récupéré leurs terres ne sont pas intéressés par l’agriculture. C’est pourquoi il est nécessaire de faciliter et d’améliorer les possibilités de location de terre pour que les ménages agricoles les plus pauvres puissent en bénéficier. A plus long terme, il sera nécessaire d’améliorer le fonctionnement du marché de la terre et de mettre en place des programmes de consolidation des terres. Dans le cas des petites exploitations, l’intensification - et dans certains cas la spécialisation - peut permettre d’améliorer la compétitivité et d’accroître les possibilités d’augmenter les revenus.

Les canaux de commercialisation conçus pour la production à grande échelle qui existaient dans le passé n’ont pas été remplacés par des mécanismes appropriés de support au marché, laissant ainsi les exploitations familiales nouvellement installées sans possibilités de commercialiser efficacement leurs produits. De plus, l’intégration de la production et des phases suivantes est insuffisante pour permettre une qualité alimentaire qui puisse concurrencer les importations subventionnées. En conséquence, les petites exploitations familiales ont un accès difficile non seulement à l’exportation mais aussi aux marchés nationaux. Le développement et la promotion des marchés locaux devraient, dans de nombreux cas, être considérés comme prioritaires. Afin de pouvoir profiter des nouvelles possibilités qu’offre les marchés, les agriculteurs ont besoin d’une meilleure information, de services d’appui aux décisions et de développer leurs qualités de gestionnaires et d’organisateurs. Une meilleure coopération et une participation accrue des groupes d’intérêts et des organisations d’agriculteurs peuvent aider à la promotion des services et des compétences. Il existe de nombreux exemples où les agriculteurs se sont organisés par eux-mêmes, parfois sans l’aide du gouvernement ou sans cadre institutionnel approprié.

La restructuration des grandes exploitations coopératives ou des sociétés par actions et l’agrandissement des petites exploitations familiales devraient être accompagnés de mesures permettant d’accroître les possibilités d’emploi hors exploitation en zone rurale. De plus, l’orientation vers le mode d’agriculture de l’UE implique aussi une approche intégrée pour les zones rurales - non seulement pour fournir l’espace aux activités agricoles mais aussi pour créer des possibilités de développement de toute une gamme d’activités hors exploitation et de services (tourisme rural, protection des sites et de l’environnement, etc.). Dans tous les pays candidats à l’accession, les programmes agricoles passés et récents financés par l’UE ont servi à aider au développement institutionnel et des infrastructures. La promotion d’activités de remplacement ou complémentaires sur l’exploitation et hors exploitation est nécessaire pour faciliter la création de nouvelles possibilités par les programmes de développement rural, et pour permettre ainsi de créer de nouvelles sources de revenu et de diversifier les systèmes de mode de vie.


[107] Bien que les caractéristiques générales des Etats baltes (Estonie, Lituanie et Lettonie) soient semblables à celles des autres pays en ce qui concerne leur accès à l’UE, les différences dans les conditions agroécologiques et dans les ressources naturelles de base font que les systèmes d’exploitation agricole de ces pays sont principalement basés sur l’élevage et les productions forestières (voir le système agricole d’élevage basé sur la forêt).

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