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3. RÉSULTATS

3.1 Interprétation empirique des résultats

Le résultat obtenu, suite à une classification hiérarchique, se présente sous la forme d'un arbre illustrant le regroupement successif des éléments soumis à l'analyse dans des classes qui fusionnent, pour former finalement un groupe unique correspondant à la population totale. La lecture de l'arbre peut se faire de façon descendante (du “tronc” aux “feuilles” de l'arbre) ou ascendante (des “feuilles” au “tronc”). Le problème consiste donc à définir une coupure dans l'arbre pour fixer le nombre de classes pertinentes pour la typologie. L'analyste des données proposera, suivant des critères statistiques, une ou plusieurs coupures sur la base des “sauts” entre les nœuds successifs (on appelle “nœud”, la division d'une branche en deux branches): plus le saut est important et plus le groupe qui se dégage montre une différence importante avec l'autre branche du nœud. Les critères quantitatifs utilisés pour choisir le niveau de coupure sont:

La structure générale de l'arbre informe sur l'hétérogénité du jeu de données et sur la performance de la classification pour en extraire des classes. Le résultat obtenu est fonction de l'algorithme de classification utilisé; c'est pourquoi il faut toujours préciser quelle méthode a été utilisée (dire qu'on fait une Classification Ascendante Hiérarchique - CAH - ne suffit pas); par exemple, pour la typologie de la flottille côtière marocaine, la méthode de classification hiérarchique utilisée est l'algorithme de Ward, technique d'agrégation basée sur la variance). Le résultat dépend également de la taille du tableau de données soumis à la classification et donc du nombre d'individus et de variables utilisés. Ce dernier point est essentiel: en effet, si vous changez le nombre d'individus soumis à la classification ou le nombre de variables, vous risquez d'obtenir des résultats légèrement différents, surtout si la structure des données est “floue”. Plus l'ensemble des éléments soumis à la typologie sera hétérogène avec des classes franches, et plus les résultats de la typologie seront stables. Toute la difficulté réside dans la construction du tableau de données soumis à l'analyse, du choix des individus et des variables et du codage des données. Il peut être nécessaire d'enlever certains individus “aberrants” (les traiter alors en individus supplémentaires), d'éviter des variables redondantes, de regrouper des modalités de variables nominales (éviter des modalités de trop faibles fréquences). Le premier tableau de données peut éventuellement (mais c'est souvent le cas) être révisé, suite à l'analyse des relations entre les variables et entre les individus. C'est pourquoi, il est conseillé de faire en première étape une analyse factorielle qui permet de prendre connaissance, dans les plans factoriels successifs, des sources de variabilité du jeu de données, d'identifier les variables responsables de cette variabilité et de repérer les individus qui montrent des comportements atypiques. Cette examen de la structure des données aide à structurer la démarche d'analyse. Cette démarche s'élabore bien, dans un premier temps, en laissant parler le jeu de données et en réagissant avec des ajustements successifs. On doit, dans la construction même du tableau de données faire généralement plusieurs retours en arrière. La figure 7 illustre ces étapes successives et la boucle de rétro-action souvent nécessaire en Analyse de Données.

Figure 7

Figure 7: Les 10 points chauds dans l'analyse des données (adapté de J.P. Fénelon, 1981. Qu'est - ce que l'analyse des données ? Lefonen, Paris, page 89).

L'arbre de classification hiérarchique (ou dendrogramme) issu de la typologie des 497 bateaux des flottilles côtières marocaines à partir des caractéristiques techniques, est illustré ci-dessous. La représentation de l'arbre est limité à 45 feuilles, alors que l'arbre complet en comprend 497 (le nombre d'individus à classer). La structure mise en évidence dégage 3, voire 4 classes bien distinctes; la coupure à 4 classes explique 40,87% de la variabilité totale des caractéristiques techniques des 497 bateaux.

Classification hiérarchique de Ward des 497 bateaux décrits par leurs caractéristiques techniques

Une fois le nombre de classes fixé, l'analyste génère les statistiques (moyenne, écart-type, fréquence) pour toutes les variables caractéristiques (actives et supplémentaires) de la partition, afin de décrire chacune des classes issues de la typologie. Parallèlement, il peut-être intéressant de donner la liste des individus de chacune des classes, ainsi que la liste des individus les plus proches du centre de gravité de la classe; ces individus caractéristiques de la moyenne de la classe sont appelés “parangons”: ils correspondent à des éléments stéréotypes de la classe (ex : bateaux-types représentatif des caractéristiques moyennes de la classe de bateaux).

L'étape suivante consiste à faire intervenir le spécialiste du domaine. Il est, en effet, généralement difficile pour la personne en charge de l'analyse de faire seule l'interprétation des résultats. Seul, l'expert du domaine peut juger de la pertinence des classes et de problèmes éventuels liés à l'affectation des individus dans des classes. A partir de la liste des variables caractéristiques des classes, l'expert peut normalement donner un nom à chacune des classes, sur la base de l'association de ces variables. Le but d'une classification consiste bien à confirmer l'existence de classes soupçonnées par les experts ou, éventuellement, à mettre en évidence des classes insoupçonnées même des experts ! Ce travail d'interprétation doit être mené conjointement entre l'analyste et le propriétaire des données afin de prendre en compte des éléments qualitatifs, non quantifiables et difficiles à faire figurer sur des tableaux, et qui sont connus par expérience des scientifiques et/ou administratifs locaux. Lors d'une étude typologique, il est certain que l'expérience individuelle oriente l'interprétation des données. C'est pourquoi, il est nécessaire de conjuguer, d'une part, la prise en compte de la connaissance experte et, d'autre part, l'objectivité et la rigueur de l'analyse statistique. Ceci nécessite un travail de concertation et, pratiquement, l'organisation de groupes de travail.

Le travail de typologie des flottilles de pêche côtière marocaine a été réalisé à partir d'une enquête menée en 1996–97 par l'INRH, basé à Casablanca. L'analyse des données a été menée par un consultant FAO de l'ORSTOM (Institut Français de Recherche Scientifique pour le Développement en Coorpération) basé en France. Outre les nombreux échanges par fax ou messagerie électronique, plusieurs missions et réunions ont eu lieu en rapport avec le traitement des données:

  • une première mission de la personne en charge de l'analyse des données, une semaine dans le pays concerné: réunion préparatoire, recommandations pour la base de données, résultats attendus, activités à mener et collaborations requises;
  • une deuxième mission de l'analyste des données, sept mois plus tard, d'une durée d'une semaine: présentation des résultats obtenus sur la typologie des caractéristiques techniques (voir le schéma d'analyse présenté sur la figure 5): confrontation des points de vue des différents experts, validation de la première typologie (concernant donc les caractéristiques techniques des bateaux de la flotte), évaluation de la poursuite du traitement des données; une réunion de travail a notamment été organisée entre le consultant FAO et des représentants des trois institutions concernées par le Programme de Modernisation de la Pêche (soit pour le cas précis du Maroc, l'INRH, l'Office National des Pêche et le Ministère des Pêches Maritimes). Chacune des variables de l'enquête a été passée en revue avec les spécialistes, afin de préciser des demandes particulières pour des traitements spécifiques (présentation de certains tableaux, calcul de nouvelles variables composites, exemple: fourchettes de coûts d'achat de matériel électronique; rapports TJB/puissance, TJB/nombre de personnes embarquée ; relation longueur de câble sur le treuil * puissance du chalutier afin d'apprécier les possibilités pour les gros chalutiers de prospecter dans les zones plus profondes);
  • une mission d'un technicien du Service de Technologie de l'INRH, “le spécialiste du domaine”, en France le mois suivant, une semaine: étude détaillée des résultats de l'analyse statistique en fonction des caractéristiques de l'enquête, de la connaissance experte de la flotte marocaine et des objectifs poursuivis;
  • remise du premier rapport sur la typologie des caractéristiques techniques;
  • une troisième et dernière mission de l'analyste des données, encore une semaine, le mois suivant: élaboration de la typologie sur les stratégies d'exploitation (voir le schéma d'analyse présenté sur la figure 6);

La fin de l'analyse des données et la remise du rapport final, des annexes et des disquettes informatiques contenant les programmes et données remaniées ont été réalisées avant la fin de l'année 1997. L'analyse de l'information, depuis sa planification jusqu'à son traitement et sa restitution, aura donc nécessité une année complète, en faisant appel à des ressources extérieures à temps partiel.

3.2 Exemples de typologie

3.2.1 Captures et efforts de pêche

Une typologie à partir des captures et des efforts de pêche est menée, par exemple, dans le cadre d'une étude sur l'analyse de la structure des flottilles (type, nombre et caractéristiques des différentes unités composites de la flotte) en regard de leur impact potentiel sur les ressources; l'objectif, en terme de gestion, est de mieux apprécier la pression de pêche et la pérennité de l'exploitation en tenant compte des interactions techniques entre les navires. L'analyse peut être réalisée à partir de la composition des captures annuelles ou mensuelles par navire ou des captures par unité d'effort (CPUE). La classification des unités de pêche sur la base de leurs captures et de leurs efforts de pêche et l'identification de flottilles homogènes sont nécessaires pour calculer les puissances de pêche ou répondre au besoin de modélisation de l'allocation des efforts de pêche. On trouvera une discussion sur l'utilisation des résultats d'une typologie de flottilles dans Biseau in Rochet et al. (1994).

La typologie à partir des captures est généralement réalisée à une échelle temporelle fine, soit au niveau des sorties de pêche (marée), des traits de chaluts ou des rendements mensuels. Ce type d'analyse se situe en amont de la typologie proprement dite de la flottille, puisque l'élément soumis à la classification n'est plus le bateau mais la sortie de pêche. Cette typologie est requise afin d'étudier des pêcheries multi-spécifiques ou des associations d'espèces au sein des captures. En général, les analyses sur les productions sont conduites en parallèle avec celle des efforts de pêche. Le couplage entre deux typologies utilisant des critères différents est assez répandu: tableaux croisés entre deux typologies indépendantes obtenues à partir des mêmes marées, d'une part, sur les activités, “l'effort de pêche” et, d'autre part, sur les productions (les captures); couplage d'analyses des quantités capturées et des fréquentations de secteurs de pêche. Le schéma d'analyse de la figure 4 montre deux exemples de couplage (pêcherie artisanale sénégalaise et pêcherie chalutière de la mer Celtique) entre le jeux de données sur les captures et le jeu de données sur les efforts de pêche.

La typologie des tactiques de la pêche artisanale au Sénégal a été élaborée à partir des données échantillonnées en routine, par les techniciens du Centre de Recherche Océanographique de Dakar-Tiaroye, pour le suivi des statistiques de pêche. Le schéma d'analyse (figure 4) appliqué aux données de captures et d'efforts, pour chaque sortie échantillonnée en 1992, a permis d'identifier 6 types de comportements de pêche (comportement-types ou “tactiques”). Chaque tactique ou comportement-type est décrit par la combinaison des 4 variables qualitatives (figure 3) décrivant un comportement de pêche (espèce-cible * engin * lieu de pêche * mois) et par des variables supplémentaires (profondeur et effectif de l'équipage).

Dans le tableau ci-dessous, chaque tactique est nommée par le groupe d'espèces caractéristiques trouvé dans les captures (en caractère gras). L'espèce cible est indiquée en caractère italique. Dans la colonne “Engin”, El signifie “ligne sans moteur”, E2 “ligne avec moteur de moins de 9 kW” et E3 “ligne avec moteur de plus de 9 kW” (codification des efforts de pêche utilisée par le CRODT). La profondeur est codée en 7 catégories, mais seules des tranches de profondeur caractéristiques sont mentionnée dans le tableau pour simplification (tiré de Pelletier & Ferraris, Can. Journal 2000).

 Variables activesVariables supplémentaires
Effectif de la classeType de capture (nom de la “tactique” en caractère gras)EnginNo de ZoneMoisEspéces inclues dans les captures (espèce-cible en “italique”)ProfondeurNombre hommes équipage
14901. DoradeE2 E3L14,L6,L13, L21, L7Fév., Jan., Mar., Déc., Nov., MaiPagellus bellottii
 Decapterus rhonchus
 Brachydeuterus auritus
 Dentex canariensis
25 à 50m4, 3, 5
13212. Mérou
 Espèces d'eaux chaudes
E3L2, L24, L5, L8, L15, L17Juin, Jul., Avr.Epinephelus aeneus
 Sparus caeruleostictus
 Pomadasys incisus
 Epinephelus goreensis
 Pomatomus saltator
 Plectorhynchus mediterraneus
 Epinephelus gigas
10 à 25met
75 à 120m
3,2
3393. RougetE1L15, L40, L10, L11Juil., Aout, Sept.Pseudupeneus prayensis
 Diplodus vulgaris
 Pomadasys rogeri
 Sparus caeruleostictus
 Plectorhynchus mediterraneus
10 à 50m1,2
4494. Voilier
 Espèces d'eaux chaudes
E2L20, L13, L7Aout., Sept., Juil., Oct.Istiophorus platypterus
 Scyris alexandrinus
 Coryphaena hippurus
 Brachydeuterus auritus
25 à 75m2
11125. Poulpe
 Espèces d'eaux chaudes
E1L9, L11, L40, L10, L17Mars, Oct., Mai, Nov., Avr.Octopus vulgaris<25m1
7166. Espèces profondesE3L16, L23, L21, L17Mars, Déc., Avr., Oct., Sept., Fév.., JanDentex spp.
 Branchiostegus semifasciatus
 Brotula barbata
Scorpaena spp.
 Merluccius senegalensis
 Centrophorus spp.
 Trachurus trachurus
>75m4,5

3.2.2 Caractéristiques techniques des bateaux

La typologie des flottilles à partir des caractéristiques techniques des bateaux nécessite de faire un tri préalable des variables. En effet, ces variables concernent généralement plusieurs rubriques qui ne comportent de l'information que si le bateau possède l'élément décrit par la rubrique: ex: les dimensions de l'engin de pêche “senne” ne seront données que si la variable précédente “présence d'une senne” est positive, c'est à dire s'il y a un filet à bord ! Il peut donc être judicieux de faire plusieurs classifications: la première sur les variables communes à tous les bateaux (caractéristiques générales), puis par sous-groupes correspondants chacun à un ensemble de bateaux d'un même type pour lesquels on dispose de la même série d'information. Autant que possible, il faut essayer d'équilibrer le nombre de variables par rubrique afin d'éviter de donner trop de poids à une rubrique de par son nombre de variables; en effet, le calcul de la ressemblance entre deux bateaux sera fonction des écarts observés pour chacune des variables et donc du nombre de variables par rubrique. Il est également conseillé de mettre en variable supplémentaire toute variable redondante avec celles conservées en actif pour construire l'arbre de classification. Les variables supplémentaires sont réintroduites au moment de l'interprétation des classes et apportent la preuve à posteriori de l'effet lié à ces variables qui n'ont pas contribué à la classification. Par exemple, la majorité des variables sur les caractéristiques techniques sont en quelque sorte reliées à la taille du bateau (ou même en dépendent): capacités de stockage, nombre d'engins ou d'équipements, etc. Il est donc judicieux de conserver en variable supplémentaire les variables de taille (longueur, puissance, creux) pour montrer une fois que les classes sont construites qu'on obtient bien une séparation des bateaux en fonction de leur taille.

Les résultats de la typologie se présentent finalement, après une série d'analyses successives, sous la forme d'arbres de classification et de tableaux statistiques. La présentation des résultats consiste généralement en la présentation des points essentiels dégagés au cours de l'analyse, ainsi que la démarche adoptée. On présente ci-dessous, de façon détaillée, le résultat obtenu pour la typologie des caractéristiques techniques des flottilles côtières marocaines.

La typologie des caractéristiques techniques de la flotte côtière marocaine a donc été réalisée en plusieurs étapes:

1 - une typologie globale sur 29 variables actives: propulsion = 4, équipement = 5, engins = 4, capacités de stockage = 6, électronique = 6 et sécurité = 4.

2 - des typologies sectorielles réalisées sur chacun des groupes principaux de la première typologie à partir des variables spécifiques à chacun des groupes (dans ce cas précis, trois groupes vont être identifiés lors de la typologie globale et les typologies sectorielles seront donc au nombre de trois). On donne en annexe IV la liste des variables actives et supplémentaires (ou “illustratives”) utilisées pour chacune de ces typologies.

1 - La typologie globale

La première typologie dégage 3 groupes (ou branches) dont la première variable explicative est l'activité dominante:

  • la première branche correspond à 98% à des bateaux dont l'activité dominante est le chalutage. La classe est composée à 72,4% de chalutiers, 13,8% de chalutiers-sardiniers (et donc 13,8% autres);
  • la deuxième branche correspond à l'activité dominante sardinier: 92,6% de cette activité est dans cette classe, qui est relativement spécifique à cette activité, et la classe est homogène pour cette activité à 98,3%. 89% du type de licence SARD sont dans cette classe, mais 26% des bateaux de la classe ne sont pas de ce type (hétérogénéité de la classe);
  • la troisième branche est associée à l'activité dominante des palangriers (spécificité des palangriers = 95%; homogénéité = 80,6% palangriers + 7,2% non précisé): la classe est composée à 76% de bateau type PAL, 20,86% de type PALSA.

Ces premiers résultats montrent donc qu'il existe quelques contradictions entre le type de licence et l'activité dominante pratiquée par les navires et que le type de licence ne reflète pas systématiquement la nature des équipements à bord des bateaux de pêche.

2- Trois typologies sectorielles

2.1- La typologie sur le premier groupe (ou branche), 181 bateaux dont l'activité dominante est le chalutage, permet de reconnaître 4 classes en fonction de la taille de l'unité et du type de bateau:

  • les bateaux correspondant à des caractéristiques moyennes des variables utilisées (classe 1 = 110);
  • les bateaux au-dessous de la moyenne (classe 2 = 30 bateaux); cette classe a comme caractéristiques principales des bateaux de l'ordre de : longueur = 16 m; TJB = 29,8 tonneaux; puissance = 173 CV (avec un effet d'âge au niveau acquisition du moteur (11 ans par rapport à 7 ans sur l'ensemble des bateaux du groupe 1)) et un effet géographique puisque 71,4% des bateaux d'un même port (M'diq) appartenant au groupe 1 se retrouvent dans cette classe.
  • les bateaux au-dessus de la moyenne (classe 3 = 31 bateaux); cette classe regroupe des grandes unités, à grande capacité; elle a pour caractéristiques principales des bateaux de l'ordre de : longueur = 21,4 m; puissance = 433 CV; TJB = 75,2 tonneaux et des unités bien équipées au point de vue électronique (94% ont une radio; 58% un GPS).
  • la classe 4 (= 10 bateaux) correspond à des bateaux dont l'activité dominante est sardinier ou palangrier; ces bateaux sont en moyenne plus petits que ceux de la classe 2 (14,8 m) avec un TJB plus élevé (36,6 tonneaux); 50% de ces unités sont équipées de tuyère.

L'analyse est approfondie sur les 3 premières classes, une fois enlevées les unités n'ayant pas de chalut: la classification révèle la même structure que précédemment, soit une structure de taille.

2.2- L'analyse du groupe (ou branche) II (177 bateaux à activité dominante du type “sardinier”) dégage 3 groupes. Les bateaux sont soit des sardiniers types purs, soit des mixtes dont majoritairement des chalutiers-sardiniers et palangriers-sardiniers. L'arbre de classification présente trcis branches principales séparant les unités sur un critère de taille:

  • la classe 1 (71bateaux) correspond à des bateaux ayant comme caractéristiques principales: longueur = 15,5 m / 19,6 m; TJB = 24,3 tonneaux; puissance = 156,8 CV (des caractéristiques inférieures à la moyenne); relativement moins bien équipés au point de vue électronique que d'autres groupes (87% ont un écho-sondeur); 62% sont équipés d'un lamparo; 14% n'ont pas de cale et 80% font du stockage en caisses; on note un effet géographique puisque 90% des bateaux de ce groupe (donc des sardiniers) sont de trois ports (Cala Iris, Djebha et M'Diq).
  • la classe 2 (25 bateaux) correspond à des bateaux relativement gros et puissants (58 tonneaux et 372 CV), dont 72% sont équipés d'un lamparo, qui présentent une capacité de stockage en caisses supérieure à la moyenne avec des cales isothermes (76%); il est observé que cette classe de sardiniers est surtout représentée dans des régions differentes de la classe précédente (50% des bateaux de Ras-Kebdana et 61% des bateaux de Al Hoceima sont dans la classe 2); la senne a une chute de 126 m.
  • la classe 3 (81 bateaux) présente des caractéristiques supérieures à la moyenne, avec une longueur moyenne de 20,9 m (338 CV; 61 tonneaux) et des unités équipées d'un vidéo-sondeur (96%), de stockage en vrac en cales non isolées (2,4 cales/bateau); ces bateaux sont mieux équipés, en général, en matériel de sécurité; la hauteur du filet (chute de senne) est en moyenne plus petite que sur les bateaux de la classe précédente (68,8 m); les bateaux de cette classe viennent aussi de certaines régions plus que d'autres (Agadir et le Grand Sud : Safi, Laayoune, Tan-Tan).

2.3- La typologie du groupe (ou branche) III (139 bateaux plutôt du type “palangrier”) distingue 5 branches dont 4 seulement sont pertinentes (l'une des classes ne comporte qu'un seul bateau):

  • la classe 1 (19 bateaux), constituée pour 47% de palangrier-sardinier et 16% de sardiniers, regroupe des bateaux âgés (22,2 ans avec un moteur acquis il y a 16 ans), possédant tous une senne, plutôt assez petite (en moyenne : = 289 m de long et 74 m de hauteur/chute), à 60% un filet maillant dérivant et pour certains un lamparo mais pas de ligne, et qui sont généralement peu équipés (l'équipement auxiliaire de pont limité à un cabestan mécanique, environ un cinquième des unités n'auraient même pas de compas de navigation, les trois quart n'ont aucun moyen de conservation de poisson particulier); ce type d'unité de pêche représente jusqu'à 75% de la flotte d'un certain port (Ras-Kebdana);
  • la classe 2 (90 bateaux) regroupe des bateaux à activité dominante palangrier dont 63% sont des ligneurs-fileyeurs (pratiquant surtout : palangre de fond et ligne à main), de caractéristiques techniques moyennes : longueur = 10,6 m; cv=83; TJB = 11 tonneaux, plutôt inférieures à la normale, sauf pour les unités utilisants les palangres de surface;
  • une troisième classe (23 bateaux) regroupe des fileyeurs (17% sont aussi ligneurs), de caractéristiques techniques moyennes sauf pour l'utilisation de filet trémail et filet maillant simple de dimensions supérieures à la moyenne; 48% des bateaux de la classe ont leurs cales isolées; cette classe d'unité est assez caractéristique de certains ports (Larache, pour 83% des bateaux; Mohamedia pour 75%;
  • une dernière classe inclue 6 bateaux de caractéristiques techniques plutôt supérieures dont l'activité principale est chalutier ou sardinier; mais l'une des caractéristiques des bateaux de cette dernière classe est d'avoir répondu “ne s'applique pas” aux questions concernant le compas: ce qui a été interprété comme le fait de ne pas avoir de compas. A ce propos il est intéressant d'observer que l'interprétation donnée a besoin d'être vérifiée en retournant aux fiches de terrain et que les 6 bateaux de ce groupe devraient faire l'objet d'une analyse cas par cas et d'une étude détaillée des données car leur distinction par rapport aux autres bateaux du même type ne paraît pas évidente; on peut même soupçonner des erreurs de saisie dans les données qui expliqueraient le rattachement de ces bateaux au groupe des palangriers.

Afin de résumer la structure de l'échantillon de la flotte côtière marocaine mise en évidence par l'analyse des caractéristiques techniques, il est possible de reconstruire un arbre illustrant les 4 typologies successives réalisées: cet arbre permet de visualiser l'enchaînement des 11 classes finalement conservées.

  • la séparation des 497 bateaux en 3 groupes, respectivement de 181, 177 et 139 bateaux, est tracée sur la base de l'arbre hiérarchique obtenu dans la typologie globale (sur l'ensemble des bateaux); on constate que la première dichotomie sépare le groupe de 181 bateaux (activité dominante : chalutier) des autres bateaux. La séparation des sardiniers et palangriers a lieu à un niveau inférieur : ce niveau (barre verticale correspondant à un nœud) est défini sur la base d'un indice issu de l'algorithme de classification, et traduisant le degré de ressemblance entre les éléments appartenant à une même branche ; ainsi l'ensemble des 177 + 139 bateaux des groupes II et III correspond à un groupe plus hétérogène que l'ensemble des 181 bateaux du groupe I (puisque l'éclatement de ce groupe en sous-groupes se fait à un niveau nettement inférieur (barre de division verticale plus à gauche sur la figure);
  • les paliers successifs des divisions de chacun des trois groupes I, II et III, sont ensuite tracés sur la base des trois arbres de classification issus des typologies sectorielles ; on peut donc “voir” le degré d'hétérogénéité de chacun des sous-groupes obtenus (par le niveau des divisions correspondantes, ainsi que par le niveau de la division suivante tracée pour chacun des sous-groupes obtenus); on s'aperçoit, par exemple, que le sous-groupe de 31 bateaux du groupe I de 181 unités, qui correspond aux grandes unités bien équipées, est plus hétérogène que le sous-groupe de 110 chalutiers (première branche en haut du dendrogramme) qui, malgré son effectif élevé, révèle un groupe relativement homogène au point de vue des caractéristiques techniques.

Les résultats synthétiques sur l'analyse typologique des flottilles côtière marocaines à partir des caractéristiques techniques sont résumés dans les tableaux 1 et 2, présentés en fin de ce rapport (3.4. Présentation des résultats des résultats). On ne retiendra finalement que 9 classes significative, enlevant les 2 classes de faible effectif, n'appartenant pas au groupe principal associé et correspondant à un artéfact (classes 4 du groupe des chalutiers et 11 du groupe des palangriers).

3.2.3 Stratégies d'exploitation

Le résultat d'une typologie de flottilles à partir des stratégies d'exploitation est illustrée avec l'exemple de la flotte côtière marocame (voir figure 6). On rappelle que le but est d'obtenir une classification des 497 bateaux de l'échantillon représentatif de la flotte, selon leur stratégie d'exploitation décrite par leurs opérations de pêche (cf. annexe I et annexe III pour la rubrique “opérations de la flotte” du questionnaire et la liste des variables informatisées); on appelle “opération de pêche” (ou campagne) un ensemble de lieu, engin, période et cible de pêche; le changement d'un de ces critères (exemple, changement de zone de pêche) implique la description d'une nouvelle opération; chaque bateau pouvait décrire plusieurs opérations de pêche pratiquées au cours de l'année précédant l'enquête.

La première étape consistait à décrire et à caractériser les opérations de pêche, sachant que les bateaux ont effectué au maximum 4 opérations de pêche différentes au cours de l'année précédent l'enquête.

Description des opérations de pêche:

  • Les 497 bateaux de l'échantillon correspondent à 1064 opérations de pêche, ce qui fait 2,15 opérations en moyenne par bateau: 6,7% des bateaux n'ont pratiqué qu'un seul et même type de pêche toute l'année (un seul type d'opération ou campagne), la majorité (3/4) ont décrit deux opérations en 1995; les bateaux ayant fait plus de 2 campagnes appartiennent surtout à la catégorie des palangriers.
  • Les engins de pêche: 8 catégories d'engin ont été cités, avec par ordre d'importance: la senne (y compris la senne à thon), le chalut, le filet dérivant, la palangre, le filet simple, le filet trémail et la ligne à main, la nasse.
  • Les zones de pêche visitées sont au nombre de 26 zones différentes (déterminées, vue la situation géographique du Maroc, pour le coté Atlantique selon des tranches latitudinales et pour la Méditerranée, selon la longitude); certaines zones sont plus ou beaucoup plus visitées que d'autres (tels entre Tan-Tan et Laayoune, vers Agadir ou de Rabat a Essaouira et l'Ouest de Al Hoceima). Une même opération de pêche peut évidemment couvrir plusieurs zones, contiguës ou non. Une même opération couvre au maximum 12 zones (chalutier) mais la majorité des sorties se fait dans 2 à 3 zones au plus. On peut cependant observer très nettement que les chalutiers sont plutôt en Atlantique, les palangriers en Atlantique nord, les unités mixtes en Méditerrannée-est et les sardiniers en Méditerranée ouest et Atlantique centre et sud.
  • Les espèces: la majorité des opérations de pêche conduit à la capture de plusieurs espèces (la diversité va, selon la méthode de pêche et le type d'activité, de 1 seule espèce dans 15,1% des cas (surtout les palangriers,) à 2–4 espèces dans 56% des cas (surtout les sardiniers), enfin, à plus d'espèces dans les captures de chalutiers (en moyenne, 5 espèces); les espèces citées le plus souvent changent bien sûr en fonction du type d'activité: le chinchard et le merlu pour les chalutiers, l'espadon et le pageot pour les palangriers et évidemment la sardine pour le sardinier.
  • La période: la majorité des opérations couvre une période de 2 à 7 mois avec pour moyenne 5,5 mois: on ne note pas de différences entre les types de bateaux; seules 16% des opérations couvrent plus de 7 mois ; tous les mois sont couverts par des opérations de pêche, les mois les plus fréquents étant de juin à septembre.
  • La profondeur: les palangriers présentent en moyenne des valeurs de profondeurs plus élevées (139,5 m – 294,8 m) et les sardiniers les valeurs plus faibles (35,9 m – 129,9 m); les chalutiers sont en zone intermédiaire.
  • La nature du fond: on distingue 9 types de fond: doux, vase, vase mixte, sable, sablo-vaseux; sable dur; dur; roche et roche mixte. Ces catégories seront finalement regroupées en 4 classes au cours des traitements: doux, dur, sable/semi-dur et vase/semi-dur. les catégories “doux” et “dur” sont les plus fréquentes; cette dernière est plus caractéristique des palangriers mais est également citée par les autres activités.
  • Destination des produits: la majorité des opérations sont associées à une destination (seulement 9% des opérations sont décrites avec une destination secondaire des produits); la destination principale concerne les halles (66,4%), puis l'exportation (15,1%), l'usine de conserve (10,6%) et la farine de poisson (3,5%). Ces pourcentages varient selon l'activité dominante: la vente en frais (halle) étant plus caractéristique des chalutiers, l'exportation des palangriers et l'usine de conserve et farine de poisson des sardiniers.
  • Ports de débarquement: Des points principaux de débarquement sont identifiés (Tan-Tan, Laayoune, Agadir, Casablanca, Tanger puis Al Hoceima). Les ports de débarquement sont bien sûr fonction du port d'attache du bateau : un bateau débarque le plus souvent à son port d'attache.
  • Rendement moyen par marée : dans l'exemple marocain, le rendement moyen est égal à 7192 Kg ; augmentant des palangriers aux chalutiers, puis aux sardiniers;
  • Durée de la marée: égale à 2,4 jours, décroissante de chalutier à palangrier, puis mixte et sardinier ;
  • Nombre de coups de pêche par marée : égal à 7,5 ; décroissant de chalutier à sardinier et sardinier-palangrier, puis palangrier et palangrier-sardinier;
  • Temps du coup de pêche : égal à 4,5 heures; le plus long est observé pour les palangriers, diminuant pour les types de pêche mixtes, puis pour les chalutiers et, enfin, pour les sardiniers.

Les opérations de pêche sont donc décrites par un très grand nombre de variables et dans certaines rubriques, ce nombre est beaucoup plus élevé que dans d'autres (espèces = 73; mois = 12, zones = 26). Il est donc nécessaire au préalable d'établir une synthèse par rubrique ramenant chacune d'elles à une seule variable qualitative avec un nombre équivalent de modalités: ceci est obtenu en effectuant une classification par rubrique. Par exemple, chaque opération de pêche est décrite par les espèces capturées. Au maximum on a 8 espèces pour une opération (certains chalutiers) pour un total de 73 espèces différentes recensées sur l'ensemble de l'échantillon. La classification des opérations de pêche décrites par la présence/absence des 73 espèces permet de grouper les opérations sur la base d'un type d'espèces capturées. Chaque opération est ensuite affectée du numéro de classe correspondant au type d'espèces capturées au cours de l'opération: le résultat de la classification est donc équivalent à une nouvelle variable qualitative, dont le nombre de modalités est égal au nombre de classes. Cette démarche est appliquée 4 fois, aux espèces capturées, aux zones, à la période et à la profondeur de pêche.

Analyse des espèces capturées (1064 opérations x 73 espèces) L'arbre de classification dégage une structure très nette en 5 branches: on distingue 2 classes importantes (I: 329 opérations et V: 482 opérations) correspondant respectivement à 79% des opérations des sardiniers et à 89,8% des chalutiers (cette dernière classe n'est cependant pas constituée uniquement d'opérations de chalutiers, 14% autres):

  • la classe I (329 opérations) correspond aux captures d'espèces pélagiques: sardine, anchois, maquereau, chinchard; constitués à 79% d'opérations des sardiniers;
  • la classe II (115 opérations) est caractérisée par des captures de thonidés: listao, thon rouge, melva, bonite; constituée à 47% d'opérations de palangriers, 46% de sardiniers et 6% de bateaux mixtes sardinier-palangrier; l'utilisation de filet maillant dérivant notamment ..... cette classe paraît surprenante et doit être vérifiée;
  • la classe III (96 opérations), caractérisée par l'espadon et les filets maillants, est composée à 75,7% d'opérations de palangrier et 10,2% de sardinier-palangrier; même remarque que pour la classe précédente;
  • la classe IV (42 opérations) est caractérisée par: rascasse, langouste, pageot, bar, dorade, mérou, pagre, congre, saint-pierre, homard, murène, résultant pour 66,8% d'opérations de palangriers à l'aide de palangres et filets trémails;
  • enfin la classe V (482 opérations) correspond aux espèces démersales: merlu, sole, crevette, poulpe, rouget, seiche, pageot, saint-pierre, prises pour 89,8% par des chalutiers.

Les données brutes ont révélé un problème d'identification pour les classes II et III: des filets maillants dérivants utilisés par des palangriers. Une vérification par les experts du domaine est nécessaire mais il peut aussi s'agir de problème de codage. Chaque opération de pêche est finalement caractérisée par une nouvelle variable qualitative à 5 modalités (numéro de la classe d'appartenance de 1 à 5) résumant le type d'espèces capturées.

Analyse des zones de pêche fréquentées (1064 opérations X 26 zones) La typologie sur la présence/absence des 26 zones élémentaires fréquentées met en évidence 7 plages géographiques principales prospectées lors des opérations de pêche: on illustre sous forme graphique ces résultats (Figure 8). 2 classes (II, III) correspondent à des opérations ayant lieu en Atlantique nord, dont une couvre la zone du détroit; les classes IV et V concernent des opérations en Méditerranée, respectivement ouest et est, et les classes VI et VII, de plus faibles effectifs, regroupent des opérations réalisées en atlantique sud et extrême sud; la classe I, la plus grosse, regroupe un ensemble d'opérations “autres”, qui correspond à une hétérogénéité de plages plus restreintes: Tan-Tan / Laayoune, Agadir et/ou Tanger. Une classification automatique donne souvent une classe hétéroclite qui regroupe des individus différents mais qui ne ressemblent pas aux autres classes constituées.


Analyse de la période de pêche (1064 opérations X 12 mois) L'arbre de classification dégage 4 classes très nettes: 1 er semestre, période chaude de mai à septembre, période froide d'octobre à mars, deuxième semestre (Figure 8).

Analyse des classes bathymétriques (1064 opérations X 6 profondeurs) Le même traitement est réalisé sur les classes de profondeur afin de dégager les plages bathymétriques prospectées au cours des opérations de pêche. L'arbre de classification dégage 8 classes (Figure 8): la première zone entre 55 et 270 mètres est plus caractéristique des chalutiers (64%, soit 37% des opérations de chalutage), alors que les faibles profondeurs (classes III, VII et VIII) sont associées à la senne; les classes IV, V et VI, caractérisées par une bathymétrie plus élevée, correspondent davantage au nord de l'atlantique et méditerranée, associées au filet trémail, filet maillant et palangre. Il est important de noter que les classes de profondeur montrant une bonne relation avec le type d'engin, cette variable ne sera pas utilisée dans l'établissement de la typologie des opérations; elle interviendra seulement en tant que variable supplémentaire.

Figure 8

Figure 8: Représentation graphique des résultats de classification des zones, mois et profondeurs des opérations de pêche de l'échantillon de flottilles côtières marocaines (tous engins confondus); le nombre indiqué à droite de la figure correspond aux effectifs des classes, soit le nombre d'opérations de pêche de chacune des classes.

L'étape suivante consiste à faire la typologie des opérations de pêche décrites par 4 variables qualitatives dont le nombre de modalités est relativement équilibré: espèces * zones * période * engin. L'analyse est effectuée à partir d'une analyse des correspondances multiples, suivie d'une classification de Ward (voir schéma d'analyse de la figure 6). Toutes les autre variables quantitatives et qualitatives associées aux opérations de pêche sont conservées en variables supplémentaires.

Les 1064 opérations de pêche des 497 bateaux échantillonnés de la flotte côtière marocaine sont décrites par les 4 variables qualitatives issues des classifications précédentes, ce qui correspond à un total de 22 modalités: espèces = 5 classes; zones = 7 classes; période = 4 classes et engin = 8 catégories. La classification automatique est effectuée sur les coordonnées factorielles des opérations de pêche suite à une analyse des correspondances multiples mettant en évidence les relations entre les classes d'espèces, de période, de zones et d'engin; l'analyse dégage 16 campagnes-types regroupées en 4 branches principales:

  1. sennes capturant des petits pélagiques, caractéristiques des faibles profondeurs (<125 m), des plages géographiques 1, 4 et 5 (Atlantique centre et Méditerranée), sur fond dur et sableux, plutôt durant le premier semestre,
  2. filets maillants dérivants, ciblant les thonidés et espadon, dans les plages de profondeurs < 90 m, en été;
  3. palangres, filets trémails et filets maillants simples: associés à des fonds rocheux, couvrant toutes les gammes de profondeur, plus caractéristiques de la zone 2 (A1-Détroit), ciblant des espèces “nobles” (bars, mérous, langouste, espadon); pas de saison caractéristique ;
  4. chaluts (à 84%) couvrant une large gamme de profondeurs (30–270m), en substrat doux, plus caractéristiques du sud atlantique; pas d'espèces, ni de saison caractéristiques.

La discrimination des 4 branches principales en 16 classes, soit 16 campagnes-types, permet d'affiner cette classification trop évidente. Par exemple, dans la branche 1 (qui regroupe 120 opérations de pêche) présentée ci-dessus, un modèle de campagne-type (constituant la classe 1) peut être ainsi décrit: senneurs opérant toute l'année, plus caractéristiques du deuxième semestre (et des deux premiers mois de l'année), opérant en Atlantique sud, capturant des petits pélagiques: sardine > anchois > maquereau > chinchard > bonite > bogue; la profondeur est entre 33–101 m (2 classes caractéristiques: <30 et 30–90), fonds doux sableux; la destination la plus fréquente est l'usine de conserve, puis le guano, et les halles. Le rendement moyen est de 23,8 tonnes pour une marée d'un jour et 3,2 opérations / marée de 2,3 heures. La campagne dure 5,6 mois. Les ports de débarquement sont: Tan-Tan, Laayoune et/ou Agadir.

L'étape suivante permet de revenir à l'objectif même de la typologie des flottilles en repartant d'un fichier où les éléments sont les bateaux décrits par leur calendrier de pêche. Le calendrier de pêche, établi sur la base du temps passé dans les différentes opérations de pêche, préalablement classées en campagnes-types, permet d'appréhender les stratégies d'exploitation. Les stratégies d'exploitation peuvent être définies de différentes façons. Il peut s'agir, par exemple, du comportement de pêche à moyen ou long terme adopté par le bateau, en termes d'engins utilisés, de zones fréquentées, d'espèces ciblées, de période de pêche. De telles stratégies peuvent être étudiées d'un point de vue dynamique: il s'agit alors de l'étude de la répartition au cours du temps des choix effectués par le pêcheur ou à partir d'une synthèse sur une période donnée (ex: calendrier de pêche annuel résumant le nombre de jours passés dans les différentes tactiques adoptées à chaque sortie, dans les différentes campagnes-types de pêche adoptées sur plusieurs marées ou dans les différents métiers (pour les unités polyvalentes) adoptés au cours de l'année).

La typologie des 497 bateaux des flottilles côtières marocaines, du point de vue des stratégies d'exploitation, est établie à partir des calendriers de pêche construits sur la base des 16 campagnes-types et de la catégorie “arrêt”. Chaque colonne du tableau de données est décrite par le nombre de mois sur l'année passé dans la variable correspondante (campagne-type ou arrêt). La classification des 497 bateaux donne à nouveau 16 classes: la plupart des stratégies d'exploitation se caractérise par une seule campagne-type: les changements des opérations de pêche (3/4 des bateaux avaient décrits deux opérations) étant pris en compte dans la variabilité propre à la campagne-type (variation de profondeur, des espèces capturées ou des zones unitaires fréquentées mais au sein d'une même plage géographique). Seules 6 classes de stratégies (une classe de sardinier, deux de palangriers et mixtes et trois classes de palangriers purs) sont caractérisées par plusieurs campagnes-types, indiquant donc des changements importants dans la stratégie d'exploitation au cours de l'année. On donne l'exemple de la stratégie No 16, caractéristique de bateaux polyvalents:

Stratégie No16 (n=33): palangrier et mixtes qui se caractérisent par la campagne-type No8 (5,4 mois ± 2,1), la campagne-type No11 (2 mois ± 1,9), campagne-type No7 (0,9 mois ± 1,5) et/ou la campagne-type No9 (0,8 mois ± 1,5 mois); bateaux en activité à 90% de juin à août. (80% en décembre); pas de zone spécifique, sauf l'extrême sud de l'atlantique et zones plus fréquentée à 40%: A1–A3 ou M4–M5; espèces les plus citées: espadon > autres > merlu > pageot = langouste > bar tacheté.
Ces bateaux ont pour caractéristiques la présence de filet (beaucoup de bateaux étant codés pour le type de pêche “palangrier” possèdent en fait des filets): le nombre de filet maillant simple et filet trémail et une plus grande capacité de stockage en caisses par rapport à la moyenne des palangriers.

3.3 Exploitation globale des résultats

Les analyses typologiques de flottilles peuvent être effectuées dans plusieurs optiques, avec divers objectifs immédiats (contrôle des activités du secteur pêche, maîtrise de son développement, modernisation ou restructuration de la production) et, d'une façon générale, pour une bonne gestion durable et/ou de précaution de l'exploitation des ressources naturelles.

Les résultats de l'analyse obtenus à partir de l'échantillon restreint de la flotte sont ensuite extrapolés à l'ensemble de la population de bateaux. Les proportions de flottilles observées dans les classes de la typologie peuvent être appliquées à l'ensemble de la population, en fonction des règles du plan de sondage mis en œuvre pour le choix de l'échantillon. L'identification et la description des types de flottille reste quoiqu'il en soit pertinentes pour analyser la structure de la flotte et émettre des recommandations en rapport avec les objectifs visés par la typologie des flottilles. Par la répartition des unités de pêche dans des catégories définies sur la base d'un ensemble des variables décrivant un aspect de la pêcherie (équipements des bateaux, moyens mis en œuvre, comportement de pêche), la typologie permet une segmentation de la flotte de pêche suivant différents critères. Ces segments peuvent ensuite faire l'objet de mesures spécifiques dans des programmes d'aménagement de la pêcherie et de gestion des ressources.

Conclusions tirées de la typologie de flottilles côtières marocaines (Rapport technique 14 du Programme UTF/MOR /017/MOR “Assistance technique au programme de modernisation et de développement du secteur des pêches maritimes: options techniques de modernisation, et plan stratégique de mise en œuvre” (M. Taconet et O. Boumediene, octobre 1998).

"L'enquête typologie, portant sur un échantillon de plus de 500 navires, a été menée par l'équipe du STP à l'INRH, entre janvier et octobre 96, avec l'appui technique du siège de la FAO. Un expert statisticien a apporté une assistance pour le traitement de l'information. Les résultats des deux typologies réalisées (“caractéristiques techniques de la flottille” en mai-juin 97, puis “stratégies d'exploitation” en juillet-août 97) sont les suivants:

Une base de données typologie qui offer un riche potentiel d'analyse. La base d'information peut être valorisée par de multiples experts travaillant sur des problématiques de développement ou d'aménagement.

9 segments de flottille: les analyses statistiques menées dans le cadre de la typologie, en concertation avec les spécialistes des pêches marocaines et, en particulier, les experts en technologie, ont permis de décrire 9 segments de flottille basés sur les caractéristiques techniques des navires. Au sein de chacun des trois grands groupes dominants (chalutiers, sardiniers et palangriers), trois classes ont été différenciées sur les paramètres de localisation géographique, d'âge, de dimensions techniques (puissance, TJB) et/ou engins utilisés, de niveau d'équipement des navires, et de modalités de conservation des captures.

Cette segmentation fournit les bases techniques qualitatives et quantitatives à la définition des critères d'éligibilité au programme de modernisation, et à l'évaluation de l'enveloppe financière nécessaire au soutien de ce programme.

16 campagnes types et 16 stratégies d'exploitation: la typologie des stratégies d'exploitation fournit un instantané des différents “systèmes d'exploitation flottille côtière” en 1996. Basée sur les variables d'activité des navires, elle a permis de décrire en terme de zones exploitées, période d'activité, espèce ciblée et engin utilisé, 16 campagnes type. Chaque navire est susceptible de réaliser 1 à 3 de ces campagnes type pendant une année d'exploitation. C'est la manière dont un navire peut combiner différentes campagnes type qui mène à l'identification des stratégies d'exploitation : 16 stratégies d'exploitation ont ainsi été décrites.

La typologie met en évidence certains paramètres d'aménagement, comme les limites bio-géographiques d'exploitation (nord-sud et côte-large), les saisonnalités, les associations d'espèces, les interactions entre flottilles. L'analyse des stratégies d'exploitation fournit à un instant donné les éléments de décision du volet “systèmes d'exploitation” à prendre en compte pour l'élaboration des plans d'aménagement."

La typologie de flottilles permet de décrire la composition de la flotte, que ce soit du point de vue caractéristiques techniques, activités ou comportements de pêche et résultats. Ces informations sont essentielles pour mieux appréhender les problèmes de surcapacité de pêche et prendre des décisions pour la gestion en rapport avec l'effort de pêche (nombre et types de bateau), les zones ou les périodes autorisées. L'évolution de l'effort de pêche estimé à partir de caractéristiques globales des bateaux (exemple : la motorisation) ne permet pas de cerner la dynamique effective de la pêcherie, notamment dans le cas des pêcheries composites, multi-spécifiques. Mieux comprendre les relations entre efforts de pêche et impact des efforts sur la ressource nécessite de mieux décrire les comportements de pêche sous l'angle des choix stratégiques effectués par les pêcheurs.

La typologie des tactiques de pêche effectuée sur les ligneurs de la pêcherie artisanale de Kayar au Sénégal (Figure 4) a permis de décomposer l'évolution des efforts de pêche en catégories plus fines que celles utilisées dans le système de statistiques de pêche le nombre de sorties classées en fonction des 6 tactiques de pêche. Lors des enquêtes, les efforts pour les ligneurs étaient codés en fonction du type de moteur de la pirogue : sans moteur, moteur < 9 CV et moteur > 9 CV ; les sorties de pêche étant inférieures à 12 heures, l'effort a été mesuré par le nombre de sorties par catégorie de pirogues. On illustre ci-dessous les deux types de profils temporels obtenus avec le nombre de sorties par type de moteur et le nombre de sorties par tactique de pêche. La dynamique de la pêcherie apparaît dans toute sa complexité dans le deuxième cas, reflétant un changement de tactiques de la part des pêcheurs au cours du temps.

Pour chaque tactique, il est possible de repérer et de suivre les captures des différentes espèces ciblées, de mieux comprendre les interactions entre les tactiques, que ce soit du point de vue des zones visitées ou du type de pirogues et d'étudier l'évolution des rendements.

On illustre ci-dessous deux tactiques différentes dans la relation effort-rendement : les ligneurs à dorades et les ligneurs à mérous. L'évolution temporelle des ligneurs à dorades est très contrastée et les efforts suivent les rendements de pêche du pageot; cette flottille est composée essentiellement de pêcheurs migrants venus du nord. Les pêches de mérous aux lignes montrent une augmentation de l'effort au moment des pics de migration du mérou avec un cycle marqué par les saisons froides et chaudes comme pour le pageot, mais les rendements restent globalement stables. L'augmentation des efforts de tactique “mérou” correspond à la baisse de l'effort tactique “dorade” et reflète un changement de tactiques de pêche.

3.4 Présentation des résultats

La présentation des résultats d'une typologie peut être de deux types : à but d'analyse scientifique ou pour présentation à un public plus large.

Exemple de résultats pour scientifiques : Le résultat d'une typologie de flottilles se présente en général sous la forme d'un tableau récapitulatif résumant les caractéristiques des unités de pêche qui ont été regroupées. On ne retient que les variables qui montre une différence significative entre chacune des classes et la population globale soumise à la typologie. Les caractéristiques du tableau dépendent de la nature des variables :

On donne ci-dessous la description de la première classe obtenue dans la typologie des caractéristiques techniques des flottilles côtières marocaines : le “ V-Test ”, fourni par le logiciel de statistique SPAD, permet de juger du degré de signification de la modalité ou de la variable pour caractériser la classe (une valeur absolue du V-Test supérieure à 2 correspond à une probabilité significative : la modalité ou la variable est retenue pour décrire la classe. Le poids, à droite, indique l'effectif, ici le nombre de bateaux, concernés par la modalité.

CARACTERISATION
PAR LES MODALITES

V.TESTPROBAPOURCENTAGESMODALITES CARACTERISTIQUESDES VARIABLESPOIDS
CLA/MODMOD/CLA GLOBAL
    36.42CLASSE 1 181
22.740.00097.7194.4835.21activite chalutierACDO Activite dominante175
17.880.00097.0472.3827.16chalutierTYPE type de bateau de enquete135
12.000.00061.6984.5349.90GlacPCONS moyen de conservation248
9.810.00048.4796.1372.23BOISSTOCK Mode de stockage359
9.550.00060.8769.6141.65isolationIso: cale isotherme207
6.950.00084.7821.55  9.26POLYRevet: revetement cale46
5.480.00054.5546.4130.99ORDRevet: revetement cale154
3.830.00067.5713.81  7.44chalutier-sardinierTYPE type de bateau de enquete37
2.980.00160.5312.71  7.65Region 10 LaayouneREGION38
2.980.00160.5312.71  7.65LaayounePORT Port de l'enquete38
2.910.00272.227.18  3.62EssaouiraPORT Port de l'enquete18
2.480.00656.4112.15  7.85CasablancaPORT Port de l'enquete39

CLA/MOD est la mesure de spécificité de la classe et MOD/CLA, la mesure d'homogénéité. Par exemple, pour le port de Essaouira, on a 18 bateaux dans l'échantillon global ; par rapport à l'effectif de la classe (181 bateaux), cette dernière ne présente pas d'homogénéité pour ce port (puisque seulement 7% des bateaux de la classe sont de Essaouira), mais la majorité des bateaux d'Essaouira sont dans la classe ; cette dernière est donc spécifique à ce port.

CARACTERISATION
PAR LES CONTINUES

V. TEST PROBAMOYENNESECARTS TYPESVARIABLES CARACTERISTIQUES
CLASSEGENERALCLASSEGENERALNUMERO.LIBELLE
 CLASSE 1    (   POIDS =       181.00             EFFECTIF =    181 )
20.840.0000.940.350.230.4811.TREU Presence de treuil
20.820.0000.940.350.240.4835.presence chalut
16.610.00011.965.715.605.9818.AUTO Autonomie du bateau
15.870.0002.120.781.611.4123.NBCA Nombre chalut atomique
14.890.000751.37357.12410.99422.0246.STPC capacite de stockage en caisse
14.880.0002.610.982.191.8422.NBCF Nombre chalut Francais
13.280.00010969.515480.796205.506598.3547.STGL capacite de stockage de glace
10.960.00043.6026.6822.8524.74117.PRDR Portee radar
10.290.00011161.937198.556469.886414.7520.COMB capacite en combustible
 9.890.0000.720.430.450.4949.ISO presence absence d'isolation
 9.690.000317.51238.43106.68137.505.CV puissance du moteur
 8.910.0001.421.150.280.4117.HEL Dimension de l'helice
 8.400.00051.9438.9620.2026.033.TJB tonnage brut
 8.220.0002.361.850.880.97112.NBEX Nobre d'extincteur
 8.150.0000.880.650.320.4891.RDR presence radar
 7.330.0000.330.120.730.4724.NBCI Nombre chalut italien
 7.200.0000.190.080.390.2793.GPS presence GPS
 7.150.0001.541.320.510.52107.NBRV Nombre radio et VHF
 7.060.0000.560.360.500.4889.RDO presence radio
 6.970.0009.225.4312.058.8416.CV+ puissance moteur auxiliaire
 6.890.0002997.781981.743201.032457.3521.EAU capacite en eau
 6.590.0000.960.730.440.60108.NBRD Nombre radar
 6.070.0000.630.450.480.509.MOTA Presence de moteur auxiliaire
 5.910.000399.51310.77238.54239.69113.PES1 Portee echo-sondeur 1
 5.780.0000.360.131.070.6725. NBC4 Nombre chalut 4 faces
 5.750.0000.500.211.220.85103.ACPS age GPS
 5.590.00018.7116.152.984.841.LONG longueur
 5.240.0004.333.123.973.88101.ARDR age radar
 5.190.0000.080.030.280.1710.TUYE Presence de tuyere
 4.600.0002.802.182.361.462.CREU tirant d'eau
 4.120.0002.131.870.971.01111.NBBO Nombre de bouees
 3.590.000308.47240.87339.74314.07115.PVS1 Portee vedio-sondeur 1
 3.540.0000.980.860.530.54105.NBES Nombre echo-sondeur
 3.220.0013.592.644.794.9899.ARDO age radio
 3.170.0011.000.970.000.1892.CMP presence compas
 2.860.0020.850.780.360.4185.ES1 presence Echo-sondeur 1
 2.840.00258.8836.51173.29131.94114.PES2 Portee echo-sondeur 2
 2.490.0061.111.040.380.46109. NBCA Nombre canot de sauvetage

Les équipements ayant été codés 0 ou 1 (absence/présence), et donc traités comme des variables quantitatives, la moyenne de la classe indique le pourcentage de la classe possédant l'équipement ; on a par exemple, 94 % des bateaux de la classe 1 qui sont équipés d'un chalut et d'un treuil, alors que seulement 35% de l'échantillon de bateaux possède cet équipement : ces deux variables sont caractéristiques de la classe.

La typologie des stratégies d'exploitation, outre le résumé sous forme de tableaux sur les caractéristiques des bateaux appartenant aux différentes stratégies, montre souvent les spécificités des stratégies au point de vue calendrier de pêche. On illustre graphiquement, par exemple, le temps passé pour chaque stratégie dans les différents métiers, campagnes-types ou tactiques de pêche. La figure 9 présente les résultats obtenus dans l'identification des stratégies d'exploitation de 30 pêcheurs de Kayar (Sénégal) (Ferraris in Rochet et al., 1994). Ces stratégies ont été obtenues par typologie des calendriers de pêche (nombre de jours passés dans les différentes sorties de pêche classées au préalable en 7 activité-types). L'encadré ci-dessous résume les résultats obtenus.

Figure 9

Figure 9: Représentation des stratégies d'exploitation de 30 pêcheurs de Kayar (Sénégal) analysées par typologie des calendriers de pêche de 1992.

L'analyse des profils d'efforts de 30 unités de pêche suivies à Kayar sur un cycle annuel, du 15/12/91 au 15/12/92, a été réalisé en plusieurs étapes. Les unités de pêche ont été caractérisées par le nombre de jours passés dans les différents types d'activités: ligne poisson, ligne céphalopode, filet, mixité de lignes, mixité ligne + filet, mixité de filets, arrêt bref ou repos, arrêt prolongé et migration dans un autre port. La typologie des unités de pêche a permis de dégager une structure intéressante par rapport à l'objectif visé, soit la mise en évidence de comportements stratégiques en regard des critères de mobilité et de mixité d'utilisation des engins de pêche. La première dichotomie de l'arbre hiérarchique sépare la classe 7 des unités de pêche passant une période supérieure à 90 jours à l'extérieur de Kayar. La classe 7, constituée à 90% de pirogues immatriculées à Kayar, se caractérise par une moyenne de 80 jours de repos sur l'année. Les classes 3 et 4, constituées de Saint-Louisiens (migrants du nord du Sénégal), se distinguent par la pratique de mixité alternée “ligne et filet dormant” et par un nombre de jours en repos inférieur à la moyenne, traduisant une activité intense au cours de leur séjour à Kayar. Les classes 1 et 2 se distinguent par le fait de pêcher ou non le poulpe à la turlutte.

Exemple de résultats vulgarisés:

Les résultats seront présentés sous la forme de graphes (Figures 10) et de tableaux synthétiques résumant les principaux points retenus. Ces tableaux seront notamment construits afin de présenter les classes obtenues en fonction de critères parlant pour le lecteur auquel on s'adresse, par exemple: répartition des effectifs des classes selon un critère géographique, la licence de pêche ou l'activité dominante (Tableau 1). Ils peuvent également présenter des statistiques simples (moyenne ± écart-type) par classe pour des variables d'intérêt, par exemple pour un programme de modernisation de flottes: âge des bateaux, longueur, tonnage, puissance et isolation de leurs cales (Tableau 2). Un résumé (encadré) tiré de l'analyse de ces tableaux donne les principaux résultats de la typologie sur les caractéristiques des flottilles.

Figure 10

Figure 10: Répartition des bateaux dans les flottilles côtières marocaines par groupe de la première typologie sur les caractéristiques techniques des bateaux et par type de bateau (CHAL: chalutier, CHPA: chalutier-palangrier, CHSA: chalutier-sardinier. DIV: divers, SARD: sardinier, SECH: senneur-chalutier, SEPA: senneur-Palangrier, PASA: palangrier-sardinier, PALA: palangrier).

 ACTIVITÉ DOMINANTE
CLASSES
de caractéristiques techniques
CHALUTIERSARDINIERSENNEUR-PALANGRIERPALANGRIER-SARDINIERPALANGRIER
Nombre de bateaux de l'échantillon175188133118
GROUPE I     
1 = I.163%    
2 = I.217%    
3 = I.318%    
4 = I.4 5%  5%
GROUPE II     
5 = II.1 36%23%  
6 = II.2 28%   
7 = II.3 43%   
GROUPE III     
8 = III.1 3%73%90% 
9 = III.2 <1%  75%
10 = III.4 <1%  19%
11 = III.52%1%   

Tableau 1: Répartition des bateaux de l'échantillon de flottilles côtières marocaines classés par activité dominante en fonction des 11 sous-groupes issus de la typologie effectuée sur les caractéristiques techniques. Ce tableau montre l'hétérogénéité des bateaux identifiés au sein d'une même activité dominante mais qui partiennent à plusieurs flottilles (exemple: les 118 palangriers sont séparés en trois groupes: 75% en classe 9, 19% en classe 10 et 5% en classe 4); la lecture horizontale fournit une information sur l'activité (ou les activités) dominante(s) pratiquée(s) par chacune des flottilles.

CLASSES de caractéristiques techniquesÂGELONGUEUR
(m)
PUISSANCE
(CV)
TJB
(tonneaux)
ISOLATION
(% de cales)
GROUPE I12,8±9,018,7±3,0317,5±107,051,9±20,369%
1 = I.111,9 ± 7,818,9 ± 2,4329,5 ± 72,952,8 ± 13,866%
2 = I.216,7 ± 13,016,1 ± 1,8173,1 ± 36,929,8 ± 9,766%
3 = I.312,2 ± 7,721,4 ± 2,1432,9 ± 85,675,2 ± 21,084%
4 = I.412,4 ± 9,314,8 ± 4,4261,0 ± 122,436,6 ± 18,770%
GROUPE II17,3 ± 12,218,6 ± 3,8270± 118,845,8±25,125,4%
5 = II.119,4 ± 14,915,5 ± 3,0156,8 ± 68,324,3 ± 12,429%
6 = II.217,7 ± 10,919,9 ± 1,5371,7 ± 93,257,9 ± 12,376%
7 = II.314,6 ± 8,020,9 ± 3,0337,9 ± 71,361,0 ± 22,76%
GROUPE III15,2 ± 10,011,2 ± 3,295,2 ± 71,013,3 ± 12,625,9
8 = III.122,2 ± 11,911,6 ± 2,477,1 ± 33,810,2 ± 8,816%
9 = III.214,9 ± 10,310,6 ± 2,582,7 ± 36,611,0 ± 6,720%
10 = III.412,5 ± 5,911,4 ± 3,386,6 ± 40,212,5 ± 8,648%
11 = III.512,8 ± 9,519,5 ± 1,7373,3 ± 81,260,2 ± 13,966%

Tableau 2: Moyenne et écart-type par classe de la typologie effectuée sur les caractéristiques techniques de la flottille côtière marocaine (11 classes) et 5 variables d'intérêt pour le programme de modernisation de la flotte. Les valeurs indiquées en gras et en italique correspondent à des variables qui montrent des différences significatives entre la classe et l'ensemble des bateaux échantillonnés.

Résumé des résultats de typologie des caractéristiques techniques des bateaux de la flottille côtière marocaine:

La classification des unités de pêche sur la base des caractéristiques techniques des bateaux, exprimées en terme de présence-absence des équipements, puis de leur dimensionnement, permet de retrouver globalement l'activité dominante des bateaux.

On note cependant quelques anomalies: des sardiniers et palangriers regroupés avec les chalutiers et réciproquement, ce qui peut correspondre à des bateaux se révélant mieux équipés, plus jeunes et plus performants (plus grande autonomie, cale isolée avec revêtement polystyrène) que les bateaux de la même catégorie ou au contraire des bateaux moins bien équipés: toute hypothèse reste à confirmer et à analyser cas par cas, car l'appartenance des bateaux à une classe ne correspondant par à leur catégorie peut également résulter d'erreurs dans les données.

La prise en compte des dimensions des équipements discrimine les bateaux d'une même activité dominante en fonction de la taille mais également du type d'équipement, ce qui donne une typologie sur une base qualitative: les classes obtenues dans chacun des groupes distinguent les types de bateaux qui devraient être associés à des comportements de pêche particuliers: chalutiers plus gros et bien équipés; sardiniers de la Méditerranée avec lamparo, cales isolées et une grande senne (plus grande qu'en atlantique); sardiniers d'atlantique sans cales isolées (stockage du poisson en vrac); sardinier ou palangrier-sardinier (âgés) de Méditerranée équipés de filet maillant et d'une petite senne; et des palangriers fileyeur/ligneur ou fileyeur avec des filets trémail et filets maillants simples plus grands. L'âge du bateau n'apparaît significatif que pour la classe III.1, soit les sardiniers et palangriers-sardiniers équipés d'une petite senne, qui sont plus petits et dont peu sont équipés de cales.

Les résultats peuvent finalement être présentés sous une forme très synthétique résumant les principaux points dégagés de l'analyse. La figure 11 illustre la présentation de la typologie de la flotte côtière marocaine selon les caractéristiques techniques donnée dans le rapport technique produit dans le cadre de l'assistance technique au programme de modernisation et de développement du secteur des pêches maritimes (Projet FAO UTF/MOR/017/MOR; Rapport Technique 14; Annexe 4; Taconet et Boumediene, Oct. 1998).

Figure 11

Figure 11: Présentation synthétique des résultats de la typologie des flottilles côtières marocaines obtenues à partir des caractéristiques techniques

(tiré de Taconet Boumedien, 1998).


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