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4. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS

4.1 Moyens nécessaires pour les études typologiques: personnel, coût et durée

La présentation de la méthodologie de mise en œuvre d'une typologie de flottilles a souligné l'ensemble des compétences sollicitées pour ce type de travail. Les moyens à mettre en œuvre, du point de vue humain, financier et temps, dépendent bien sûr de l'ampleur de la tâche liée, d'une part, à la taille de la pêcherie et, d'autre part, aux compétences disponibles au sein du service en charge de la typologie et du coût de la main d'œuvre. Une typologie peut très bien être réalisée par une seule personne (par exemple dans le cadre d'un travail de thèse) qui se chargerait de la collecte, du traitement et de l'interprétation de l'information. On peut faire appel à différents moyens pour la collecte ou le pré-traitement des données, comme par exemple l'implication, dans le cadre de programmes scolaires, d'étudiants qui, avec un suivi adéquat permet à moindre coût la collecte d'informations difficiles à obtenir à cause de la nature même des données ou de leur répartition géographique, comme par exemple pour les enquêtes des pêcheries d'autoconsommation (of. FAO Fisheries Circular No962, Hosch, G. 2000).

Les principales compétences requises pour une typologie de flottilles sont donc:

Une tel entreprise nécessite un chargé de projet qui veillera à la réalisation des différentes étapes présentées dans ce rapport, de l'identification des objectifs à la planification des tâches, jusqu'à leur réalisation (la typologie des flottilles côtières marocaines a été en partie réalisée par l'Institut National de Recherche Halieutique qui possède des capacités de recherche et d'analyse non négligeables après avoir bénéficié d'une assistance internationale régulière pour la mise en place de structures de recherche et la formation des scientifiques. L'enquête typologie a été menée sous la responsabilité du Service Technique des Pêches. Un support extérieur s'avérait cependant nécessaire dans des domaines particuliers, tels que le traitement des données).

A titre d'exemple des moyens nécessaires pour une étude typologique, on donne dans l'encadre cidessous les moyens mis en œuvre en 2000 pour réaliser une typologie de pêcheurs non professionnels (pêche de subsistance et de loisir) dans une île du Pacifique sud (Nouvelle-Calédonie).

Une enquête sur la pêche vivrière et plaisancière des lagons de Nouvelle-Calédonie a été réalisée en 1999–2000 dans le cadre du Programme ZoNéCo (Evaluation des ressources de la Zone Economique de Nouvelle-Calédonie). L'objectif de cette opération était d'évaluer les besoins de la pêche par une enquête auprès de la population et, plus particulièrement, d'estimer le volume des activités, recenser les méthodes de pêche, appréhender l'impact socio-économique des activités de pêche vivrière et définir la perception qu'ont les utilisateurs des ressources lagonaires et de leur gestion.

L'opération a été réalisée en plusieurs phases:

  • planification de l'échantillonnage de la population;
  • élaboration et validation du questionnaire;
  • administration du questionnaire;
  • traitement et analyse des données;
  • recommandations.

L'ensemble de ces tâches a été réalisé par des prestataires de service. L'échantillon de la population calédonienne (environ 200 000 personnes) a été sélectionné sur la base d'un sondage par quotas, en fonction de la communauté d'appartenance - Mélanésiens, Européens, Polynésiens ou Autres - et de la zone géographique; l'objectif de l'enquête visait un échantillon de 1000 personnes pratiquant la pêche de plaisance ou de subsistance. La planification de l'enquête, avec l'étude des besoins, et l'élaboration et la validation du questionnaire ont été réalisés par un premier consultant. Le questionnaire comportait 54 questions réparties en 4 thèmes: halieutique (activités de pêche), impact socio-économique (devenir du produit de la pêche), perceptions et données complémentaires relatives à l'administré, notamment pour vérifier la représentativité de l'échantillon par rapport à la population globale (communauté, sexe, âge, catégorie socio-professionnelle, zone et habitat). L'administration du questionnaire a été réalisé en faisant appel à des étudiants du BTS “Assistant de gestion” d'un lycée local. Le travail de terrain a impliqué la participation de 24 élève du 22 au 27 mai 2000, répartis dans toutes les régions de la Calédonie (Provinces Nord, Sud et Îles et le Grand Nouméa). Les étudiants étaient encadrés par une équipe formée de 4 superviseurs et de leur professeur. Les données ont été saisies et compilées à l'aide du logiciel SPHYNX lors des travaux pratiques au cours des semaines suivant le travail de terrain. Les coûts de l'enquête englobent les frais de déplacement des étudiants, la reprographie des questionnaires et du rapport (production de tous les tableaux de fréquences des 54 questions et certains tableaux croisés) et la prestation dont le montant devait contribué au voyage d'étude des étudiants à la fin de leur scolarité. L'analyse statistique proprement dite, réalisée par un deuxième consultant, a fait l'objet de plusieurs traitements multivariés dans le but d'établir des typologies des pêcheurs en fonction de paramètres halieutiques (ressources, engins), de variables socio-économiques et des perceptions qu'ont les pêcheurs de l'environnement et de la réglementation. L'ensemble des étapes pour établir la typologie de la pêche de subsistance et de loisir de Nouvelle-Calédonie a représenté un coût global de 242 000 FF (à relativiser avec de niveau de vie élevé de la Nouvelle-Calédonie), dont 25% pour l'étape de planification de l'enquête et préparation du questionnaire, 14% pour l'administration du questionnaire, la saisie et le pré-traitement des données, 52% pour l'analyse des données et la restitution des résultats (rapport) et 9% de consommables et frais généraux.

4.2 Actions de suivi nécessaires et/ou souhaitables, actions complémentaires

La typologie de flottilles, et donc la classification des unités de pêche en différents segments de la pêcherie, ne constitue pas une fin en soi. La typologie, comme on l'a souligne à différentes reprises, dépend d'une part des méthodes statistiques utilisées et, d'autre part, des unités de pêche à partir desquelles sont effectuées les analyses. Il est donc nécessaire de mettre en place des actions complémentaires pour confirmer et valider les résultats de la typologie. L'analyse statistique proprement dite répond à une démarche heuristique (“qui sert à la découverte”) pour aider les scientifiques ou les gestionnaires à mieux appréhender le phénomène complexe qu'est le “système pêche”. Les classes, dont on soupçonnait l'existence, seront précisées d'un point de vue quantitatif (nombre de bateaux) et qualitatif (type de bateaux). Les classes non soupçonnées interpelleront les personnes concernées par les objectifs ciblés par la typologie. Les hypothèses émises lors de l'interprétation des résultats devront être vérifiées avec éventuellement la mise en place de nouvelles enquêtes.

Une typologie sur les caractéristiques globales de la pêcherie, suite à un premier questionnaire, pourra déboucher sur la mise en place d'un suivi d'unités de pêche représentatives (les parangons) des différents segments mis en évidence. Un tel suivi sur quelques pêcheurs volontaires permettra de préciser la dynamique de la pêche et de répondre à des objectifs différents de ceux de la première typologie.

Enfin, la dynamique et la complexité du “système pêche” nécessite de définir des indicateurs utiles aux décideurs. Deux types d'indicateurs permettent d'apprécier les tendances de l'évolution d'une pêcherie:

Les analyses typologiques constituent une première étape pour explorer les phénomènes et aider à définir des indicateurs utiles à la compréhension et à la gestion des pêcheries.


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