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Annexe D

ALLOCUTIONS D'OUVERTURE

Allocution de
Son Excellence Elliott Morley
Sous-Secrétaire d'Etat parlementaire
Département pour l'environnement, l'alimentation et les affaires rurales

Monsieur le Président, messieurs les délégués, mesdames, messieurs, je suis très heureux d'être ici aujourd'hui pour ouvrir la vingt-deuxième session de la Commission européenne consultative pour les pêches dans les eaux intérieures.

Tout d'abord, permettez-moi de me présenter. Je suis Elliott Morley, Sous-secrétaire d'Etat parlementaire auprès d'un département relativement nouveau: le Département pour l'environnement, l'alimentation et les affaires rurales. Certains d'entre vous savent sans doute que mes responsabilités actuelles sont assez étendues, puisqu'elles couvrent la santé animale et la protection des animaux, la chasse à la baleine, la foresterie, la défense contre les inondations et, bien sûr, les pêches. Toutefois, j'ai été pendant quelques temps Ministre des pêches et je connais bien les multiples questions différentes qui ont une incidence sur les pêches maritimes et en eaux douces et leur gestion.

Durant cette période, j'ai eu la chance de connaître personnellement certains d'entre vous, mais, avec 33 pays qui participent activement aux activités de la CECPI, je me rends bien compte qu'il y a ici bien d'autres personnes que je n'ai pas rencontrées, alors qu'elles jouent un rôle essentiel dans la gestion des pêches en eaux douces dans leurs pays respectifs.

Le but de cette vingt-deuxième session est d'examiner les réalisations récentes de la CECPI et de recommander des pratiques optimales pour la gestion des pêches dans les eaux intérieures. Je suis certain que le débat des prochains jours sera animé, instructif et productif. J'espère également que cette réunion sera pour nous une occasion précieuse de nous pencher sur des problèmes et des sujets de préoccupation communs, de partager des expériences et des connaissances, en particulier en ce qui concerne les travaux et les recherches qui sont en cours dans toute l'Europe.

Dans ce contexte, je tiens à souligner que nous avons récemment achevé notre propre examen indépendant des politiques et de la législation concernant le saumon et la pêche en eaux douces en Angleterre et au pays de Galles. Cet examen complet et détaillé visait à résoudre certains des problèmes auxquels nous sommes actuellement confrontés, et à nous permettre de saisir les opportunités et de relever les défis futurs. J'espère que certains d'entre vous ont connaissance de ce rapport et de la réponse officielle du gouvernement publiée en février 2001- en tout état de cause, je vous invite à le lire.

Bien que le rapport ait été établi spécifiquement pour l'Angleterre et le pays de Galles, il recommande de nombreuses mesures qui sont pertinentes et applicables ailleurs. Par exemple, il souligne, parmi tant d'autres questions, la nécessité de maintenir et d'améliorer la communication et la collaboration dans le domaine de la gestion des pêches. Des conférences comme celle-ci y contribuent et je suis certain que les participants tireront parti des réseaux et des contacts qu'ils établiront ici, au cours des semaines et des mois qui suivront.

La durabilité était un autre thème clé du rapport du Groupe d'étude. Le Gouvernement du Royaume-Uni est fermement déterminé à faire en sorte que les politiques halieutiques contribuent à l'aménagement durable, tout en procurant des avantages sociaux et économiques à tous les utilisateurs. Le développement durable est un processus qui suppose d'informer les décideurs à tous les niveaux (local, régional, national et mondial). Ce n'est pas une tâche que n'importe quel gouvernement peut, ou devrait, accomplir seul. Ceci ressort clairement des débats en cours au Sommet mondial pour le développement durable qui ont souligné la nécessité d'unir nos efforts pour atteindre des buts et des objectifs communs.

Le financement est toujours un problème important. Je pense pouvoir affirmer qu'aucun gouvernement ne dispose de ressources infinies et les demandes concurrentes sont si nombreuses qu'il faut souvent faire des choix difficiles. C'est pourquoi il est impératif que les fonds disponibles soient dépensés de manière avisée et efficace et pour les questions les plus importantes. Bien évidemment, les priorités diffèrent d'un pays à l'autre; il y a toutefois un fil commun, en ce sens que les projets halieutiques ne peuvent réussir que si les administrateurs comprennent bien les problèmes en jeu et conviennent d'une approche pour les traiter au mieux. Selon moi, la CECPI, qui est un organe compétent à l'échelle européenne, est particulièrement bien placée pour contribuer à garantir la coopération et la diffusion d'avis et de pratiques optimales. C'est pourquoi j'estime qu'il est important que la Commission continue à jouer un rôle actif dans ce domaine. Mais il est évident que la CECPI se trouvera aussi investie d'une certaine responsabilité, pour s'acquitter de son mandat.

Je sais que Richard Cowan, Chef de la Division des pêches du Département pour l'environnement, l'alimentation et les affaires rurales, responsable de l'aquaculture, du saumon et des pêches en eaux douces, vous a déjà décrit dans les grandes lignes ce domaine de travail et nos plans pour l'avenir. Je voudrais vous informer de ce que nous faisons pour améliorer l'intégration et la coordination intra et inter départementale, car cela peut être utile aux discussions sur d'autres questions qui auront lieu ici cette semaine. La création du Département pour l'environnement, l'alimentation et les affaires rurales, a eu pour effet de transférer à un département du gouvernement la responsabilité de la formulation des politiques concernant toutes les questions, ou presque, qui ont une incidence sur les pêches en eaux douces. Ces questions sont notamment la qualité et la quantité de l'eau, l'agriculture, le drainage des terres et la pollution de sources diffuses et ponctuelles. Ainsi, une étude des problèmes des pêches peut à présent donner des informations plus pertinentes et être utile pour l'élaboration des politiques concernant non seulement l'agriculture, mais aussi la gestion des ressources en eau. Le principal objectif du nouveau département sera d'intégrer la formulation des politiques dans toute la gamme de questions dont il s'occupe aujourd'hui. Dans ce contexte, je me rendrais coupable de négligence si je ne saisissais pas cette occasion pour souligner le rôle crucial de l'Agence pour l'environnement dans la gestion des pêches en eaux douces en Angleterre et au Pays de Galles.

Pour beaucoup de personnes qui travaillent au Département pour l'environnement, l'alimentation et les affaires rurales et dans les secteurs de l'économie qui en dépendent, l'événement dominant de l'an dernier a été le foyer de fièvre aphteuse qui s'est déclaré en Angleterre et au Pays de Galles. Celui-ci a été lourd de conséquences, directes et indirectes, et montre à quel point les différents secteurs de l'économie sont aujourd'hui interdépendants. Il ne faut pas oublier cependant que les effets de cette sérieuse épidémie ont aussi été ressentis par les habitants des villes car un grand nombre des pêcheries et des entreprises connexes touchées sont basées dans les villes, ce qui est aussi le cas de nombreux pêcheurs à la ligne.

Si je cite ces exemples, c'est seulement pour montrer qu'il y a peu de questions qui peuvent être traitées isolément et pour souligner la nécessité d'améliorer la communication et la coopération. Il est clair que bon nombre des problèmes plus complexes auxquels sont confrontées les pêches continentales aujourd'hui ne peuvent pas être résolus sur le plan local, ni même national, mais qu'ils exigent une prise de conscience collective et un consensus à un niveau international plus large. Il nous faut aussi bien comprendre que la pêche en eaux intérieures est une branche importante du secteur des pêches dans le monde, et qu'elle doit être gérée avec la plus grande attention si l'on veut garantir sa durabilité écologique tout en maximisant les avantages économiques et sociaux. C'est une difficulté qui ne doit pas être sous-estimée.

Comme je l'ai déjà dit, je considère que la CECPI a une occasion unique de devenir le chef de file pour une vaste gamme de questions ayant trait à la gestion des pêches en eaux intérieures. Je note que le Symposium de la semaine dernière était centré sur plusieurs de ces questions, notamment la gestion des anguilles, les introductions et les repeuplements, les maladies des poissons et la restauration des habitats. Je propose que la vingt-deuxième session examine attentivement le rôle futur de la CECPI, ses priorités et les objectifs qu'elle veut atteindre. À mon avis, elle peut et devrait, oserai-je suggérer, être un organe dynamique qui cherche à influencer tous les aspects de la gestion des pêches dans les eaux intérieures. Avant de vous quitter, je dirais que la vingt-deuxième session devrait viser à fournir un point de référence à l'échelle européenne pour la gestion des pêches, durant le nouveau millénaire.

Enfin, j'ai aujourd'hui une occasion rêvée de réaffirmer le soutien du Gouvernement du Royaume-Uni à la gestion et à la conservation des pêches en eaux douces. Je souhaite aussi renouveler notre engagement d'aider à élaborer une stratégie collective pour promouvoir et renforcer la conservation des stocks de poissons d'eau douce et maximiser les avantages économiques et sociaux que procurent les pêches en eaux douces, non seulement à court terme, mais aussi au profit des générations futures.

Je souhaite le plus grand succès à cette vingt-deuxième session.

Allocution de
Sir John Harman
Président de l'Agence pour l'environnement

Bonjour, je vous souhaite la bienvenue dans la Région des lacs.

L'Agence pour l'environnement (Angleterre et Pays de Galles), instituée en 1996, est le plus grand organisme européen de réglementation de l'environnement. Notre tâche est de protéger et d'améliorer l'atmosphère, la terre et l'eau. L'Agence a un domaine d'action étendu qui couvre la réglementation des grands procédés industriels, les émissions de polluants atmosphériques, la terre et l'eau, la réglementation des déchets, la défense contre les inondations, la conservation, les activités d'agrément, la navigation, les ressources en eau et, bien entendu, les pêches. Nous détenons aussi des informations sur l'environnement du Royaume-Uni et avons une obligation de faire rapport et de rendre ces informations accessibles au grand public - ce que nous faisons, par exemple, au moyen de notre Rapport sur l'état de l'environnement, de registres publics et de notre site Internet qui peut être consulté à l'adresse suivante: www.environment.agency.gov.uk.

En ce qui concerne la gestion des pêches, nous avons une obligation statutaire d'entretenir, d'améliorer et de développer les pêches, en utilisant nos pouvoirs de réglementation. Or cette obligation s'inscrit dans notre responsabilité de gérer l'ensemble de l'environnement aquatique, sur la base du bassin versant; et de contribuer au développement durable - un concept qui englobe, non seulement la dimension environnementale, mais aussi les aspects sociaux et économiques des pêches.

La vision de l'Agence pour l'environnement

En prenant pour point de départ la stratégie de développement durable du gouvernement, l'Agence pour l'environnement a publié, en janvier de l'an dernier, le document "An environmental Vision - the Environment Agency's contribution to sustainable development", qui décrit nos aspirations à long terme, en ce qui concerne l'environnement.

Ce document précise nos objectifs fondamentaux, à savoir: une meilleure qualité de vie pour tous et un environnement meilleur pour la faune et la flore sauvages.

Il décrit ensuite les réalisations écologiques vers lesquelles tendent nos efforts:

Les changements que nous chercherons à obtenir:

La vision énonce aussi les risques que nous aiderons à gérer:

Les deux thèmes fondamentaux, à savoir la "qualité de vie" et "l'amélioration de la faune et de la flore sauvages" sont à la fois tournés vers les populations et vers les pêches et reconnaissent, par conséquent, la nécessité d'améliorer les performances globales des pêches, en prenant en considération tous leurs aspects - stocks, habitats, captures de poissons, pêcheurs à la ligne et environnement collectif plus large.

Permettez-moi de vous donner quelques exemples de ce que cela signifie dans la pratique.

Une meilleure qualité de vie pour tous.

L'Agence pour l'environnement prévoit d'atteindre cet objectif en garantissant:

Un environnement amélioré pour la faune et la flore sauvages

Ce thème est dicté par nos fonctions en matière de conservation et de pêche et les objectifs sont les suivants:

Voici quelques exemples d'objectifs spécifiques que nous avons établis nous-mêmes: réduire les captures de saumon non déclarées et illicites (avec l'adjonction de 13 cours d'eau atteignant les limites fixées pour la conservation de l'espèce) et réduire les mouvements illicites de poissons, le risque d'introduction d'espèces étrangères et la propagation de maladies des poissons. Comme vient de le dire M. Elliott Morley, le Gouvernement a récemment publié un examen indépendant des politiques et de la législation concernant le saumon et la pêche en eaux douces en Angleterre et au Pays de Galles. L'Agence pour l'environnement a apprécié à la fois l'orientation principale du rapport indépendant et la réponse donnée par le Gouvernement - notamment la clarification des buts et des objectifs de la gestion des pêches.

Les buts et objectifs énoncés dans le rapport, et la réponse donnée par le Gouvernement, sont en rapport étroit avec les thèmes et les principes de notre Vision. Ils soulignent l'importance de la protection de la diversité biologique et de la réglementation de la pêche et de certaines activités comme l'utilisation des terres, pour garantir la durabilité des stocks. L'aspect biodiversité est important en raison des liens étroits entre les avantages que procurent les objectifs communs et les activités locales d'amélioration des habitats, pour les pêcheries et pour la conservation. Mais les buts et objectifs soulignent aussi l'importance de la gestion des pêches de loisirs, pour améliorer la qualité de vie de nombreuses personnes et accroître les avantages économiques et sociaux substantiels que procurent déjà les pêches et leur gestion.

Par exemple, en Angleterre et au Pays de Galles:

L'Agence pour l'environnement attend avec impatience une amélioration de ces statistiques. (Le gouvernement a du reste montré qu'il l'appuyait en raison de l'importance de la pêche en eaux douces, en accordant à l'Agence pour l'environnement un million de livres supplémentaires pour la gestion des pêches de loisirs, cette année.)

La pertinence de la CECPI

Le partenariat entre l'Agence pour l'environnement et la CECPI nous paraît donc important pour la gestion stratégique des pêches, en particulier en ce qui concerne:

Or, comme je l'ai déjà dit, tous ces avantages font partie de notre approche.

Notre personnel doit être constamment informé de l'actualité, qu'il s'agisse des courants de pensée ou des faits, et la CECPI nous permet de connaître la perspective européenne. Premièrement, en termes de gestion des stocks - ceux-ci étant notre ressource essentielle. Deuxièmement, en termes de groupes d'utilisateurs - pêcheurs à la ligne, propriétaires des pêcheries et organismes des pêches, et enfin en termes d'échange d'informations d'experts.

La pêche dans les eaux intérieures est une branche importante du secteur des pêches. Les travaux réalisés par les différents groupes de travail de la CECPI fournissent un appui et des informations sur des questions clés qui présentent de l'importance pour l'Agence pour l'environnement. Voici quelques exemples d'actualité:

Bienvenue à la CECPI

L'Agence pour l'environnement est impatiente d'utiliser les résultats de la vingt-deuxième session pour en informer son service de la gestion des pêches dans les eaux intérieures. Elle a été heureuse d'organiser, pour le compte du gouvernement d'accueil, cette session à laquelle nous souhaitons le plus grand succès. Bienvenue aux fonctionnaires, aux correspondants nationaux, aux délégués et aux invités de la CECPI en Angleterre, dans cette belle Région des lacs.

Allocution de
M. Heiner Naeve
Secrétaire de la CECPI

Monsieur le Sous-Secrétaire d'Etat parlementaire, Monsieur le Président de l'Agence pour l'environnement, Monsieur le Président de la CECPI, éminents délégués, mesdames, messieurs,

C'est un honneur pour moi de vous accueillir, au nom du Directeur général de la FAO, M. Jacques Diouf, et du Sous-Directeur général chargé du Département des pêches, M. Ichiro Nomura.

Avant tout, je tiens à exprimer mes remerciements sincères au Gouvernement du Royaume Uni, qui a bien voulu accueillir cette session, fournir ces excellents services de conférence et nous accorder l'hospitalité.

Je suis heureux que les délégués aient pu venir aussi nombreux à cette session et j'aimerais vous remercier tous à l'avance pour les contributions précieuses que vous ne manquerez pas de faire.

J'aimerais aussi mentionner le très réussi Symposium sur la gestion des pêches intérieures et l'environnement aquatique qui a précédé cette session, attirant largement plus de 100 scientifiques venus de 27 pays. Ceci témoigne de l'intérêt croissant que suscitent les travaux scientifiques de la CECPI. A cet égard, je tiens à remercier la Commission européenne pour son appui qui a permis à un certain nombre de confrères d'Europe de l'Est d'assister au Symposium.

Depuis sa création en 1957, la CECPI s'est agrandie, passant de 16 à 33 membres, et je suis heureux d'accueillir pour la première fois la Fédération de Russie, qui participe en qualité d'observateur.

Tout au long de ces années, la Commission a accompli une tâche importante en attirant l'attention de ses membres sur l'importance du secteur des pêches intérieures et de l'aquaculture dans les contextes socio-économiques des pays.

La CECPI a continué à servir de tribune pour échanger des informations et garantir une approche commune des pêches intérieures à travers toute l'Europe. Plusieurs années après la fondation de la CECPI, il n'y avait encore aucun autre organisme chargé des aspects internationaux des pêches en eaux intérieures. Ceci a changé durant la dernière décennie et, avec l'accession imminente d'un certain nombre de pays d'Europe de l'Est à la Communauté européenne, le rôle de la CECPI est lui aussi en train de se transformer.

Les réalisations de la Commission sont celles de ses membres et les contributions volontaires des scientifiques de chaque pays ont beaucoup apporté à ses travaux. Les réalisations de la Commission ont été importantes, comme le reflètent les nombreuses publications de grande qualité. Ceci reste un exemple auquel aspirent d'autres commissions.

Durant les toutes dernières sessions, des membres de la Commission ont été invités à exprimer une opinion sur son utilité. La réponse a toujours été sans équivoque: la CECPI devrait poursuivre ses travaux, en tant qu'organe intergouvernemental chargé des pêches intérieures et de l'aquaculture en Europe. Toutefois, pour conserver son efficacité et attirer l'attention de tous ses membres, la CECPI devra se concentrer sur un programme de travail réaliste, en donnant la priorité aux questions essentielles pour la gestion des pêches intérieures et au développement d'une aquaculture durable. Je suis certain que cette Session y parviendra.

En tant que membres du Secrétariat, nous sommes convaincus que la CECPI continuera à jouer un rôle important et nous ferons tout notre possible pour faciliter son travail.

Permettez-moi de présenter, moi aussi, mes meilleurs vœux personnels à la CECPI pour l'avenir, puisque c'est la dernière session où je remplis les fonctions de Secrétaire.

Allocution de
M. Rudolf Müller, Suisse
Président de la CECPI

M. Morley, Ministre des pêches, M. Cowan, Directeur des pêches au Département pour l'environnement, l'alimentation et les affaires sociales, M. John Harman, Président de l'Agence pour l'environnement, éminents délégués, chers confrères et amis.

C'est avec grand plaisir que je vous souhaite la bienvenue à la vingt-deuxième session de la Commission européenne consultative de la FAO pour les pêches dans les eaux intérieures et au Symposium intitulé "Gestion des pêches intérieures et l'environnement aquatique: effets de la gestion des pêches sur les écosystèmes en eau douce", qui est organisé à cette occasion, à Windermere, dans cette belle région des lacs.

Au nom de tous les participants et délégués, je voudrais vous demander, M. Morley, de transmettre à votre gouvernement notre reconnaissance pour votre aimable invitation de tenir la vingt-deuxième session ici, au Royaume-Uni. Je félicite les organisateurs de l'Agence pour l'environnement d'avoir choisi un lieu aussi charmant que l'Hôtel Low Wood. Je remercie aussi le Président de l'Agence pour l'environnement, M. John Harman, du personnel qu'il met à disposition et de cette excellente organisation qui font que notre séjour à Windermere est à la fois réussi et agréable. Enfin, je voudrais aussi remercier le Département pour l'environnement, l'alimentation et les affaires sociales, représenté ici par M. Cowan, pour son généreux appui au Symposium.

C'est la seconde fois que la CECPI tient une session au Royaume-Uni; la première était la huitième session, qui a eu lieu à Aviemore, en Ecosse, en 1974: le Symposium tenu à cette occasion était consacré aux méthodologies d'enquête, de surveillance et d'évaluation des ressources halieutiques dans les lacs et les grands fleuves. Comme nous le verrons plus tard, ce sujet bénéficie d'un net regain d'intérêt depuis deux ans.

C'est avec un grand regret que je dois vous informer du décès de quatre collègues qui ont participé aux travaux de la CECPI.

Maria Bninska, de l'Institut des pêches intérieures d'Olsztyn, en Pologne, a été première Présidente de la Sous-Commission I, puis deuxième Vice-Présidente et enfin première Vice Présidente de la CECPI, fonction qu'elle a occupée jusqu'à sa mort.

William A. Dill, surnommé "Bill", a été l'un des fondateurs de la CECPI. Alors qu'il travaillait à la FAO, il a organisé la première réunion internationale sur les pêches intérieures, à Helsinki en 1956, qui a débouché sur l'établissement de la CECPI en 1957. Son étude sur les pêches européennes en eaux douces, publiée par la FAO, est renommée.

Dick E. Van Drimmelen, ancien Directeur de l'OVB (Organisation pour l'amélioration des pêches dans les eaux intérieures) aux Pays Bas, avait collaboré avec la CECPI, dès le départ, d'abord en tant que co-fondateur et délégué national, puis en tant que Président de la Sous Commission II et enfin en tant que Président de la CECPI, de 1976 à 1978.

Antonin Lelek, dit "Tony", avait travaillé plusieurs années pour la FAO avant de devenir chef de la Section ichtyologie à l'Institut de recherches de Senckenberg, en Allemagne. Il était l'organisateur du Groupe de travail sur la cartographie de la répartition des poissons et la qualité des habitats aquatiques, établi en 1998.

La coutume voudrait qu'à ce point de l'ordre du jour, l'on passe en revue les travaux accomplis par la CECPI durant l'intersession. Je n'en ferai rien. Je préfère me limiter à souligner un petit nombre de points qui me paraissent particulièrement importants pour la CECPI et je vous renvoie aux documents de la session pour un compte rendu plus détaillé.

Premièrement, je suis heureux de dire que les documents du Symposium sur les pêches et la société, tenu à l'occasion de la vingt et unième session de la CECPI en 2000, ont été publiés dans un volume spécial de la revue Fisheries Management and Ecology.

Dans le secteur des pêches en eaux intérieures en Europe, le sort et l'avenir de l'anguille sont une préoccupation majeure. Le stock d'anguilles européennes est à son plus bas niveau de tous les temps et en-deçà des limites biologiques de sécurité. Le Groupe de travail ad hoc mixte CECPI/CIEM sur les anguilles s'est réuni l'an dernier à Copenhague pour s'acquitter des tâches suivantes:

Le Groupe de travail a recommandé entre autres de:

Le problème des oiseaux prédateurs, en particulier des cormorans, préoccupe depuis longtemps la CECPI. Durant le dernier exercice biennal, un Symposium sur les interactions entre les poissons et les oiseaux, tenu à l'Université de Hull (Royaume-Uni), et plusieurs sessions du projet REDCAFE financé par l'UE, ont été organisés en collaboration avec la CECPI. La situation du cormoran varie suivant les pays, de même que l'impact de ce prédateur sur les pêches en Europe. Il est désormais clair qu'il n'y a pas de solution unique valable pour tous les cas où l'on signale des problèmes. Il est également devenu évident qu'un dialogue ouvert entre des ornithologues et des gestionnaires des pêches est impératif pour résoudre les problèmes. Les mesures visant à réduire les conflits entre les oiseaux et les poissons semblent être plus efficaces si elles sont prises à l'échelon local.

En décembre 2000, la Commission européenne a publié la Directive-cadre sur l'eau (DCE), qui demande que l'état "écologique" des plans d'eau soit évalué sur la base de critères de la qualité biologique. Ainsi, l'état de la faune ichtyologique devra être évalué suivant des critères spécifiques. L'échantillonnage du poisson à l'aide de méthodes normalisées est une question sur laquelle un Groupe de travail de la CECPI se penche depuis plusieurs années. Un groupe de liaison de la CECPI a été établi pour faciliter l'échange d'informations sur la normalisation des programmes de surveillance entre les nombreux partenaires concernés, en particulier le Comité européen de normalisation (CEN). Ce domaine d'activité sera très probablement au centre de l'attention de la CECPI.

Un autre point d'intérêt commun entre la CECPI et la Communauté européenne est le potentiel futur de l'aquaculture en eaux douces en Europe. Un Groupe de travail ad hoc s'est réuni au Siège de la Communauté européenne à Bruxelles en mai 2001 pour évaluer les perspectives de marché de ce secteur. Il a été noté que les produits aquacoles étaient très demandés, mais que leur commercialisation demanderait des efforts particuliers. Une Conférence internationale sur les aspects économiques et commerciaux de l'aquaculture, qui se déroulera en septembre-octobre 2002 à Szarvas (Hongrie), identifiera des options et des mesures supplémentaires.

Parmi les nombreux nouveaux points qui apparaissent, je voudrais mentionner en premier le problème du bien-être des poissons dans les pêcheries et les établissements d'aquaculture. Il a été proposé, à la Session, d'établir un nouveau Groupe de travail sur la manipulation des poissons dans les pêcheries et les établissements d'aquaculture, dont la principale tâche serait d'élaborer un code rassemblant les pratiques appropriées dans ce domaine. Cette tâche me paraît très opportune.

La gestion des esturgeons sera un autre nouveau point. Les esturgeons sont classés comme espèces menacées et par conséquent protégés par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES). Ainsi pour exporter légalement des produits à base d'esturgeon, en particulier du caviar, provenant par exemple du Danube, de la mer Noire, de la mer Caspienne et de la mer Adriatique, il faut démontrer que l'espèce est gérée selon de bonnes pratiques. Conformément à une demande de la Roumanie, un Groupe de travail mixte CECPI/CGPM sera établi pour traiter ce problème et pour trouver des moyens d'exploiter de manière durable les ressources restantes, en particulier dans la région du Danube.

Passons maintenant au rôle et aux travaux futurs de la CECPI. Notre époque moderne est caractérisée par une frénésie - à moins que ce ne soit une espèce de virus ? - qui nous pousse à tout changer, surtout les organisations bien établies et les programmes de travail réussis, non pas parce que les choses ne fonctionnent pas bien, mais simplement pour le plaisir de les faire différemment. Je ne veux pas dire par là qu'il faille adhérer pour toujours à des structures et à des procédures traditionnelles, mais que les changements devraient être adaptés à la situation et raisonnables, afin d'affronter comme il convient les besoins et les problèmes qui apparaissent. Grâce à son système de Sous-commissions et de Groupes de travail thématiques dont elle examine les travaux tous les deux ans, la CECPI a fait preuve d'une capacité d'adaptation remarquable tout au long de son existence qui dure depuis plus de quarante ans. En outre, le rôle et les activités de la CECPI ont été analysés à fond à la dix-huitième session, à Rome en 1994. Ainsi, pour la CECPI, le fait de revoir et d'ajuster le plan de travail n'est pas une question de mode, cela fait partie de sa nature. Il est clair que rien n'est parfait. C'est pourquoi, nous discuterons durant cette session de la meilleure manière d'évaluer les travaux effectués par la CECPI, et de la manière dont les performances peuvent être évaluées, voire renforcées. Cette action est conforme à une proposition faite par le Comité des pêches de la FAO, à sa vingt-deuxième session, à Rome, en mars 1997.

L'autre point particulier qui me préoccupe, c'est qu'en Europe, bon nombre de spécialistes de l'écologie des poissons et de personnes qui travaillent dans le secteur des pêches, en particulier dans des universités et dans des instituts non gouvernementaux, n'ont qu'une vague idée des travaux de la CECPI, si tant est qu'ils connaissent son existence. La création d'une page d'accueil sur Internet a sans doute été utile, mais nous devons redoubler d'efforts pour faire mieux connaître notre mission et notre programme de travail. Nous devons recruter des gens nouveaux qui ont envie de travailler avec nous et qui ont la possibilité de participer aux réunions des Groupes de travail. Pour y parvenir, je compte sur les correspondants nationaux dont la noble tâche consiste, non seulement à faire en sorte que l'information circule et atteigne les gens qui travaillent dans le secteur, même dans les zones les plus reculées de leur pays, mais aussi à solliciter les réponses de leurs collègues, et à servir de point de contact pour les personnes qui cherchent des informations ou qui souhaitent pouvoir adhérer à l'un de nos groupes de travail. Ce jeu a un nom, il s'appelle "Création de réseau".

Permettez-moi de conclure par une remarque personnelle. Comme vous le savez tous, l'Organisation des Nations Unies est l'Organisation mère de la FAO et de la CECPI. Mais ce que vous ne savez peut-être pas, c'est que mon pays d'origine, la Suisse, est membre de la FAO, mais pas des Nations Unies - pas encore ! Je suis très heureux de vous informer que le 3 mars 2002, la Suisse a décidé, à l'issue d'un vote extrêmement serré, mais positif, d'adhérer enfin à l'Organisation des Nations Unies - elle est l'avant-dernier Etat de la planète à le faire.

Je vous remercie de votre attention.


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