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3. PROBLEMES POSES PAR LES MAUVAISES HERBES DANS DES REGIONS SPECIFIQUES, TRAVAUX EFFECTUES PAR LA FAO ET SUCCES (EN COURS)


La FAO a conduit nombreuses initiatives en Afrique durant la dernière décennie pour contrôler les végétaux aquatiques envahissants. Des projets ont été menés aux niveaux régional et national.

3.1. Consultation internationale d'experts

La FAO a organisé une consultation internationale d'experts sur des stratégies pour le contrôle de la jacinthe d'eau, à Fort Lauderdale, en Floride (USA), en septembre 1995. La consultation avait deux objectifs principaux. Le premier objectif était de préparer des directives ad hoc pour le contrôle de la jacinthe d'eau dans les pays en voie de développement des régions tropicales et subtropicales, en indiquant la stratégie pour l'application des méthodes disponibles. Le deuxième objectif était la rédaction d'un rapport à jour sur l'état de la lutte biologique contre la jacinthe d'eau, y compris les ennemis naturels et les méthodes pour l'élevage et le lâcher, et donnant des conseils pour son application rapide et efficace dans les pays en voie de développement. D'excellents spécialistes ont participé à la réunion, pendant laquelle des problèmes et solutions spécifiques pour les pays africains ont été discutés. Les experts ont fourni des informations et rédigé une stratégie de lutte intégrée contre la jacinthe d'eau.

3.2. Projets sur le terrain

Suite à des requêtes d'assistance de la part des gouvernements des pays qui ont de graves problèmes causés par des mauvaises herbes aquatiques, la FAO a organisé et effectué des Projets de Coopération Technique dans les régions ou pays suivants:

3.2.1. Afrique de l'Est

Les pays de l'Afrique orientale partagent un vaste et interconnecté réseau de lacs, rivières et lagunes d'eau douce utilisé intensivement pour la navigation, la pêche, l'irrigation et la production d'énergie électrique. L'interférence des mauvaises herbes aquatiques avec ce réseau aquatique constitue un problème particulièrement difficile à cause de leur capacité de régénération et diffusion et à cause des divers effets négatifs sur les écosystèmes aquatiques. La principale mauvaise herbe aquatique en Afrique orientale est la jacinthe d'eau.

Les travaux conduits par la FAO ont aussi compris des consultations techniques et la provision d'agents de lutte biologique (insectes) par l'Office Agricole International du Commonwealth (CABI).

Contrôle de la jacinthe d'eau au Kenya, Rwanda, Tanzanie et Ouganda

Un projet régional a été mené durant 1993 - 1994 au Kenya, Rwanda, Tanzanie et Ouganda. Lors de ce projet (a) on a rédigé un document de projet de durée quinquennale pour établir un système de contrôle techniquement adéquat contre les mauvaises herbes aquatiques en Afrique orientale; (b) des politiques nationales ont été développées pour le contrôle de la jacinthe d'eau; (c) on a commencé un programme de lutte biologique contre la jacinthe d'eau dans la sous-région; (d) on a tenu un cours régional de formation sur le contrôle des mauvaises herbes aquatiques; (e) on a conduit des études sur la spécificité de Neochetina spp. (Coleoptera: Curculionidae) en Ouganda et au Kenya; et (f) un consensus technique au niveau régional a été développé sur l'adoption de la lutte biologique pour le contrôle de le jacinthe d'eau dans le Lac Victoria.

   

Infestations massives de jacinthe d'eau rendent très difficiles, ou impossibles, les opérations de pêche

 

Ce projet régional a posé les fondations pour l'application de la lutte biologique dans la région et il a été suivi par le programme formulé dans le document de projet - un des produits de ce projet - qui a été ensuite financé par la Banque Mondiale et est en cours.

Ouganda

En 1991 le Gouvernement ougandais et la FAO ont démarré un court projet sous le Programme de Coopération Technique de la FAO pour déterminer les dimensions des infestations de la jacinthe d'eau dans le secteur ougandais du Lac Victoria et dans le Lac Kyoga. Ce projet a vivement recommandé de démarrer immédiatement des mesures de contrôle avec l'utilisation d'agents de lutte biologique - par exemple les charançons N. eichhorniae et N. bruchi - en combinaison avec des mesures pour des résultats à court terme.

Puis le projet régional mentionné ci-dessus a suivi durant la période 1993 - 1994 au Kenya, Rwanda, Tanzanie et Ouganda.

En Ouganda on a aussi conduit pendant 1996 - 1997 un projet de courte durée sous le Programme de Coopération Technique de la FAO. Ce projet a permis (a) la construction d'unités d'élevage et la formation de personnel en techniques de lutte biologique; (b) la formation de 18 fonctionnaires de Districts de Pêche sur l'utilisation de la lutte intégrée contre la jacinthe d'eau, pour une sensibilisation ultérieure des communautés locales à de sites d'accostage des bateaux de pêche avec des invasions de mauvaises herbes; (d) et la création d'équipes de travail formées pour l'élimination manuelle de la jacinthe d'eau, comme prévu par les groupes de la communauté pour la gestion de la jacinthe d'eau. A présent plus de 60 pour cent de la jacinthe d'eau dans le Lac Victoria a été détruit par les agents de lutte biologique.

3.2.2. Afrique de l'Ouest

Les mauvaises herbes aquatiques flottantes comme la jacinthe d'eau, la salade d'eau et la fougère d'eau représentent un danger pour le milieu aquatique de l'Afrique occidentale, où elles ont envahi les eaux internes de plusieurs pays au début des années 1980.

Mali

Le niveau d'infestation de mauvaises herbes aquatiques dans le fleuve Niger est devenu un problème, en particulier pour la navigation, l'irrigation en rizière, la circulation de l'eau dans les canaux d'irrigation, la pêche, la santé humaine et - spécialement au Mali - le fonctionnement des centrales hydroélectriques. Les infestations les plus importantes au Mali sont représentées par la jacinthe d'eau dans les districts de Loulikoro et Bamako et par la salade d'eau à Koulikoro, Bamako, Ségou et Mopti.

Un projet pour la gestion des mauvaises herbes aquatiques a été conduit au Mali en 1996 - 1997. Durant ce projet on a (a) effectué une formation sur le contrôle des mauvaises herbes aquatiques; (b) déterminé les niveaux d'infestation des mauvaises herbes aquatiques flottantes dans le fleuve Niger et rédigé un inventaire des espèces présentes; (c) démarré un programme de lutte biologique pour la jacinthe d'eau et la salade d'eau; (d) identifié une stratégie de lutte intégrée; et (e) établi une unité d'élevage pour agents de lutte biologique.

   

Formation effectuée au Mali

 

Ce projet a été suivi par le projet régional mentionné ci-dessous, concernant le Bénin, Mali, Niger et la Nigeria, qui a démarré en octobre 2000.

Contrôle de mauvaises herbes aquatiques dans le bassin du Niger

Un projet régional impliquant le Bénin, Mali, Niger et la Nigeria, a démarré en octobre 2000, pour (a) effectuer une formation en méthodes de surveillance de mauvaises herbes aquatiques et sur l'élevage des charançons Neochetina spp. et d'autres ennemis naturels de la jacinthe d'eau; (b) l'introduction d'agents de lutte biologique dans le pays et pour établir des unités d'élevage; (c) la création d'une base de données sur les niveaux d'infestation en végétaux aquatiques envahissants dans le bassin du fleuve Niger et sur la présence, niveaux de population et impact des organismes relâchés; (d) l'organisation d'un réseau pour la coopération sur le contrôle de la jacinthe d'eau dans les pays concernés; et (e) la formulation d'un projet à long terme à soumettre à des donateurs. Un cours sous-régional de formation sur le contrôle de mauvaises herbes aquatiques dans le bassin du Niger a été effectué et d'autres activités sont en cours.

Ghana

Un projet financé par la Commission Européenne a été mené par la FAO, avec consultations de l'Organisation du Commonwealth pour la Recherche Scientifique et Industrielle (CSIRO), durant 1994 - 1996 sur la lutte intégrée de mauvaises herbes aquatiques au Ghana. En particulier, les objectifs de ce projet étaient de (a) quantifier les problèmes posés par les mauvaises herbes aquatiques; (b) renforcer les capacités nationales pour la gestion des mauvaises herbes aquatiques; (c) renforcer la collaboration internationale; et (d) préparer un projet sous - régional pour les pays membres de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (ECOWAS) sur la lutte intégrée contre les mauvaises herbes aquatiques. Le projet a effectué des études au niveau national sur 36 bassins (réservoirs, lagunes, rivières et lacs), en évaluant les principales mauvaises herbes et l'extension de leurs populations.

Durant ces études on a recensé des nouvelles espèces comme envahissantes, notamment Limnocharis flava (Butonaceae) et Vallisneria gigantea (Hydrocharitaceae). On a également effectué une vaste campagne d'éducation publique au niveau national, en utilisant des affiches d'avertissement, documentaires vidéo, matériel imprimé et électronique ainsi que communication dans des réunions publiques. Le projet a aussi introduit avec succès et a établi trois agents de lutte biologique pour la jacinthe d'eau et un agent de lutte biologique chacune pour la salade d'eau et la fougère d'eau. Le contrôle manuel et chimique (en utilisant le Glyphosate) ont été effectués avec degrés de succès et coûts variables. L'expérience acquise avec ce projet a été profitable non seulement pour le contrôle des mauvaises herbes au Ghana, mais aussi en Côte d'Ivoire, Burkina Faso, Mali et Sénégal.

Après ce projet, le projet régional mentionné ci-dessous a commencé en juin 2000 au Burkina Faso, Ghana et Togo (en cours).

Contrôle de mauvaises herbes aquatiques dans le bassin du Volta

Un projet régional a commencé en juin 2000 dans le bassin du Volta, concernant le Burkina Faso, le Ghana et le Togo. Dans ces pays les mauvaises herbes aquatiques représentent une menace pour la pêche, l'aquaculture, la navigation, le drainage, l'irrigation, la disponibilité d'eau pour usage domestique et pour la production d'électricité. L'objectif de ce projet, qui a suivi un projet de la Commission Européenne sur la lutte intégrée des mauvaises herbes aquatiques au Ghana, est d'assister les gouvernements de ces pays dans la prévention de la diffusion ultérieure de mauvaises herbes aquatiques et de coordonner les activités relatives à la gestion des mauvaises herbes aquatiques. En particulier, on a effectué une formation et on conduit des activités pour (a) établir des systèmes de surveillance des mauvaises herbes aquatiques dans ces pays; (b) introduire, élever et relâcher des agents de lutte biologique à utiliser contre la jacinthe d'eau, la salade d'eau et la fougère d'eau; (c) établir une unité d'élevage dans chaque pays; (d) effectuer des campagnes pour la prise de conscience de la part de la population rurale des problèmes posés par les mauvaises herbes aquatiques et des méthodes à utiliser pour le contrôle, en impliquant les communautés rurales dans le lâcher d'agents sélectionnés pour la lutte biologique; (e) établir des comités nationaux pour le contrôle des mauvaises herbes aquatiques; et (f) établir une coopération entre les pays et un échange d'information en matière de contrôle des mauvaises herbes aquatiques.

Un cours régional de formation sur la gestion des mauvaises herbes aquatiques a été conduit et les autres activités sont en cours.

Côte d'Ivoire

Depuis le début des années 1980 les bassins d'eau douce de la Côte d'Ivoire ont été envahis par plusieurs espèces de mauvaises herbes aquatiques, y compris la jacinthe d'eau, la salade d'eau, la fougère d'eau, Nymphea (quatre espèces), le lotus (Nelumbo nucifera), Polygonum (cinq espèces), Leersia et d'autres espèces. Les trois premières parmi les espèces mentionnées ci-dessus étaient les principales.

Un projet financé par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a été effectué durant la période 1994 - 1999, adressé spécifiquement au (a) contrôle de la jacinthe d'eau, de la salade d'eau et à la fougère d'eau en utilisant leurs ennemis naturels; (b) surveiller la dynamique de population des plantes cible et des agents de lutte biologique; (c) étudier la biodiversité dans le milieu aquatique; (d) renforcer les capacités nationales en termes de lutte intégrée et coordination avec projets conduits dans d'autres pays; et (e) disséminer les résultats des travaux dans d'autres pays ayant des problèmes similaires. Durant ce projet des spécialistes en mauvaises herbes ont été formés, quatre agents de lutte biologique ont été importés avec succès, élevés et relâchés (les charançons Neochetina bruchi et N. eichhorniae contre la jacinthe d'eau; le charançon Neohydronomus affinis contre la salade d'eau; et le charançon Cyrtobagus salviniae contre la fougère d'eau). Ils sont tous établis. Des tentatives d'élever le lépidoptère Niphograpta (Sameodes) albiguttalis contre la jacinthe d'eau ont été sans succès. Un certain contrôle de la jacinthe d'eau a été obtenu, mais étant donné l'infestation très forte, des moyens additionnels seraient désirables pour obtenir un contrôle assez rapidement. Un contrôle satisfaisant de la salade d'eau a été obtenu. Ce projet a été mené avec la collaboration du CSIRO, qui a fourni des consultations et de l'Institut International pour l'Agriculture Tropicale (IITA), qui a fourni des agents pour la lutte biologique.

   

Récipients utilisés pour l'élevage d'organismes pour la lutte biologique: Neochetina spp. and Cyrtobagous salviniae La Me, Côte d'Ivoire

 

Contrôle de la fougère d'eau en Mauritanie et au Sénégal

La fougère d'eau a été officiellement signalée dans le fleuve Sénégal en septembre 1999, près des villages de Khor et Rosso, environ 60 km du barrage de Diama. A l'origine cette plante a été introduite en culture à Khor pour son usage comme intégrateur de l'alimentation de la volaille. Malheureusement des inondations ont permis à la plante d'échapper à la culture et d'envahir les deux rives du fleuve Sénégal sur une longueur d'environ 70 km. La fougère d'eau a ensuite envahi aussi bien les canaux dans la région que les fleuves Lampsar et Gorom. On a estimé qu'en 2000 la fougère d'eau et Tipha australis infestaient dans l'ensemble une surface de 18 694 ha, dont 10 854 du côté sénégalais et 7 840 ha du côté mauritanien.

Un projet régional a démarré en février 2001 en Mauritanie et au Sénégal pour (a) créer deux unités pour l'élevage du charançon Cyrtobagous salviniae (une unité dans chaque pays); (b) relâcher le charançon; et (c) établir un système de surveillance pour la fougère et le charançon. A l'heure actuelle les tâches suivantes ont été accomplies: (a) le charançon a été introduit, l'élevage est en place et le charançon a été relâché; (b) Cyrtobagous salviniae s'est établi aux sites où il a été relâché, où il a contrôlé efficacement la mauvaise herbe; les autorités et les communautés locales (environ 26 000 personnes de 23 villages dans la zone envahie) ont été sensibilisées sur l'importance de contrôler les mauvaises herbes aquatiques. Suite aux excellents résultats obtenus précédemment étaient concentrées des nappes denses de fougère d'eau, ont été complètement libérées de la présence de cette mauvaise herbe. Le projet est encore en cours.

   
Infestation de fougère d'eau dans le fleuve Sénégal AVANT (haut) et APRES (bas) la lutte biologique (lâchers de Cyrtobagous salviniae)  
   


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