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Action du secteur agricole


Les répercussions du VIH/SIDA sur la sécurité alimentaire et les moyens d’existence des communautés rurales sont extrêmement graves. Le secteur agricole doit résolument adopter une perspective globale et à long terme s’il veut mener la lutte contre la pandémie dans les meilleures conditions. Dans cette optique, les mesures préventives et les mesures correctives doivent se renforcer mutuellement. Le secteur agricole doit à la fois maintenir les moyens d’existence des sociétés rurales, réduire la vulnérabilité des familles d’agriculteurs aux répercussions du VIH/SIDA et se mettre au service de l’économie nationale, pour laquelle l’agriculture joue souvent un rôle déterminant.

La réunion a permis de dégager huit activités à mettre en œuvre par le secteur agricole. Chacune de ces activités, intégrée dans une stratégie spécifique, comporte une série d’interventions susceptibles de résorber les difficultés liées à l’épidémie. On trouvera dans le tableau 3 un essai de synthèse des stratégies en question, accompagné d’exemples d’activités qu’il serait souhaitable de mener à l’échelon des districts ainsi que de leurs résultats en termes de sécurité alimentaire. La mise au point des activités devrait reposer sur un certain nombre de principes généraux, au nombre desquels figure l’engagement en faveur de la diversité, de la lutte pour l’égalité entre les sexes, de la défense des droits de la personne et de la lutte contre l’ostracisme. Leur concrétisation nécessite des mesures à long terme, la création de partenariats et la mise en place de synergies créatrices avec d’autres secteurs.

Technologies permettant de réduire les besoins de main-d’œuvre

Parmi les préjudices dont souffrent les familles touchées par le SIDA, le plus courant et sur lequel nous disposons des informations les plus précises est la pénurie de main-d’œuvre. Le recours à des technologies permettant de réduire la main-d’œuvre est donc particulièrement indiqué pour atténuer les ravages de l’épidémie. Il faut mettre en place des technologies qui permettent d’économiser le temps consacré aux activités agricoles et domestiques et qui puissent être utilisées facilement par les jeunes et les personnes âgées. On peut en la matière recommander certaines pratiques, notamment les techniques culturales nécessitant de faibles quantités d’intrants, l’utilisation de charrues légères - et, d’une manière générale, d’outils maniables par les jeunes, les femmes et personnes âgées -, de semences améliorées (elles réduisent la main-d’œuvre nécessaire pour le sarclage), les cultures intercalaires, la préparation minimale du sol, ainsi que l’accès à l’eau potable, les techniques de récupération de l’eau et l’utilisation de fourneaux consommant peu de combustibles qui puissent permettre aux femmes de se consacrer à des activités plus rentables.

On peut également faire des économies de main-d’œuvre de manière indirecte, en renforçant par exemple les capacités de stockage - ce qui permettra notamment de réduire les pertes après récolte et d’améliorer la sécurité alimentaire. Le développement de cultures vivrières à haute qualité nutritive dans les jardins potagers familiaux pourrait enrichir la production alimentaire des ménages. La culture de ce type de jardins nécessite un travail assez important, mais qui présente l’avantage d’être constant pendant tout le cycle de production et de ne pas être concentré uniquement sur les périodes des semis. Les petits ruminants peuvent fournir une alimentation riche en protéines. Ce type d’élevage - qui peut se pratiquer à proximité du foyer - nécessite relativement peu de travail.

Réduction des intrants pour une agriculture durable en Tanzanie

Ce programme, destiné aux groupes les plus vulnérables des communautés agricoles locales (groupes qui englobent les ménages touchés par le SIDA) propose aux bénéficiaires une formation agricole qui leur permet d’augmenter la productivité de leur exploitation tout en réduisant les coûts et les besoins de main-d’œuvre. Il s’agit par exemple, de réduire la dépendance à l’égard des intrants chimiques et d’encourager pour cela l’utilisation des moyens disponibles sur place: le fumier organique et les cendres pour les engrais, les résidus de récoltes pour le paillage, les composés organiques provenant des herbes et arbustes pour le déparasitage. Il s’agit également de réduire les besoins de main-d’œuvre en favorisant l’utilisation d’outils de transport construits sur place, comme les brouettes en bois, et en utilisant des techniques culturales (sélection des cultures appropriées, pluriculture) propres à empêchent la prolifération des plantes adventives. Ces mesures ont toutes pour effet de réduire les coûts financiers et de maind’œuvre des agriculteurs. Le programme prévoit également une gestion communautaire des ressources naturelles, assurée par le biais d’une coopération entre les comités locaux et les instances opérant au niveau du district. Les réseaux de gestion des ressources collectives se trouvent ainsi renforcées.

Les agriculteurs qui participent à ce programme ont constaté une augmentation de leur productivité et une réduction de leurs investissements. Le coût de la main-d’œuvre agricole locale a augmenté, car les agriculteurs obtenant désormais de meilleurs rendements sur leurs propres parcelles et ayant moins besoin de faire appel aux services d’une main-d’œuvre rémunérée. Les terres prennent également de plus en plus de valeur, car les agriculteurs commencent à prendre conscience du potentiel productif de leurs parcelles.

Un fonds d’aide a été créé dans le but assurer aux familles touchées une protection juridique et garantir leurs droits en matière d’héritage et de fournir un crédit aux personnes dont la situation est la plus préoccupante. Les membres de la communauté et les responsables locaux choisissent les bénéficiaires, les opérations d’aide étant prises en charge par des comités de soutien aux veuves et aux orphelins des villages.

On observe déjà un recul de l’ostracisme qui frappe habituellement les familles sans dirigeant et une implication plus active des instances dirigeantes de la communauté dans les activités d’aide aux personnes touchées par le VIH/SIDA.

Source: White, J. (2002)

La FAO et le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI) possèdent d’importantes connaissances sur les technologies qui permettent de réduire les besoins de main-d’œuvre. Il importe donc de se référer à tout ce qui a pu être acquis dans ce domaine; les connaissances permettant d’améliorer l’accès à ces technologies et leur compréhension pourraient être adaptées aux pénuries de main-d’œuvre imputables au VIH/SIDA.

Système de culture sans labour du sol au Brésil

Dans le sud du Brésil, les systèmes de culture sans labour du sol sont utilisés et perfectionnés par les agriculteurs depuis une trentaine d’années. Ce type de culture associe préparation minimale du sol, labours superficiels et rotation appropriée des cultures. Cette pratique a été adoptée par les agriculteurs brésiliens lorsqu’ils sont constaté que la préparation du sol et les labours entraînaient une forte érosion des sols et qu’il fallait donc recourir à d’autres techniques. Le principe en est simple: le sol doit être constamment couvert afin d’être protégé contre l’érosion due à l’eau, au vent et au soleil et l’ensemencement se fait directement dans le sol, à l’aide d’outils peu sophistiqués conçus pour pouvoir être utilisés manuellement ou par traction animale.

L’adoption de ce système s’est traduite par une diminution des besoins de main-d’œuvre pendant les périodes des semis. Cette diminution a permis aux agriculteurs de diversifier leurs activités et, souvent, de s’assurer des sources de revenus parallèles. Ce type de pratique a également pour effet d’accroître la biodiversité et la capacité de rétention d’eau du sol, ce qui, à long terme est la garantie de rendements plus élevés et plus stables. Son efficacité est toutefois assujettie à une double condition: il faut que les agriculteurs puissent compter sur l’appui de services de vulgarisation et de conseil compétents et se procurer à un prix raisonnable les outils d’ensemencement nécessaires.

Source: FAO (2001d)

PRINCIPES DIRECTEURS

Viser le long terme

L’épidémie de HIV/SIDA ayant des répercussions durables, les politiques et les programmes doivent, pour être véritablement efficaces, se placer dans une perspective à long terme et pouvoir aborder les questions relatives aux moyens d’existence des communautés rurales et à la sécurité alimentaire dans toutes leurs dimensions.

Créer des partenariats et développer des synergies

Compte tenu de la nature de l’épidémie et de ses répercussions sur les moyens d’existence, les partenariats doivent être l’élément clé de toute stratégie. La collaboration doit s’étendre du niveau local au niveau international et s’établir entre tous les secteurs. Il faudra renforcer les moyens dont les divers partenaires ont besoin pour s’engager activement dans un dialogue fondé sur la collaboration. Les organisations du secteur de la santé et les organisations non gouvernementales et locales ont acquis dans le domaine de la lutte contre le VIH/SIDA une expérience irremplaçable dont le secteur agricole pourra s’inspirer pour frayer sa propre voie.

Favoriser la diversité

Les moyens d’existence des communautés rurales se caractérisent par leur grande diversité. Pour les agriculteurs, la mise au point de nouvelles méthodes est rendue nécessaire aussi bien par les impératifs de la production que par les particularités agroécologiques de l’endroit où ils vivent. Les activités agricoles font partie intégrante de la vie des sociétés rurales et s’insèrent dans un ensemble de pratiques sociales et culturelles qui en règlent le fonctionnement et assurent notamment la protection de la communauté pendant les périodes difficiles.

Les interventions doivent donc tenir dûment compte de la spécificité des systèmes locaux de production et de reproduction ainsi que des règles qui les gouvernent. Cette diversité des pratiques locales peut être une source de grandes difficultés lors de la mise en place au niveau national des mesures de protection du secteur agricole.

Les droits de la personne

Le droit à une nutrition adéquate est un droit fondamental de la personne. La sécurité alimentaire suppose l’existence d’une quantité stable et suffisante de vivres. Une approche axée sur les droits de la personne, pour qui l’individu est l’élément essentiel, fournit une assise à la fois éthique et juridique aux politiques relatives à la sécurité alimentaire; elle rappelle l’importance de la non discrimination et souligne le rôle de l’État face à la maladie, aux infirmités, ou à tout autre cause faisant qu’une personne n’est plus en état de gagner sa vie. Dans cette perspective, on considère que, étant donné la quantité limitée de ressources disponibles, l’accès à une nutrition adéquate est un objectif qui ne peut être atteint qu’au terme d’un long processus; on estime également que les gouvernements doivent aller dans ce sens en prenant des mesures qui permettent de tirer le meilleur parti des ressources existantes. Une perspective fondée sur la prise en compte des droits de la personne met en avant la responsabilité des pouvoirs publics, mais aussi celle d’autres acteurs importants. Elle fournit une base solide pour les programmes en faveur des personnes vivant avec le SIDA et de ceux qui les soignent. La figure 4 détaille les mesures qui permettraient de garantir une sécurité alimentaire envisagée dans la perspective des droits de la personne. Toutes les politiques, les plans et les activités de lutte contre le VIH/SIDA devraient donc être évaluées à l’aune de trois impératifs: le respect, la protection et la satisfaction des droits de la personne.

Lutter contre l’ostracisme

L’ostracisme et l’ignorance freinent considérablement les efforts visant à atténuer les répercussions de l’épidémie de VIH. Il convient donc d’instaurer, au sein et à l’extérieur des organisations, un contexte favorable qui permette d’influer sur les comportements. Des stratégies de communication efficaces doivent faire participer activement les personnes vivant avec le SIDA et soutenir les activités novatrices.

Instaurer l’égalité entre sexes

Les répercussions de l’épidémie de VIH/SIDA sur les moyens d’existences des communautés rurales remettent profondément en question la répartition des rôles sociaux de l’homme et de la femme. Souvent, elles induisent une modification des relations productives et reproductives entre hommes et femmes, changement qui va dans le sens d’une aggravation des inégalités d’accès aux ressources. Toute stratégie d’atténuation adaptée au secteur agricole doit être conçue et formulée à partir d’une analyse des relations entre les sexes. Les efforts visant à réduire l’impact du SIDA fournissent l’occasion de s’interroger sur les inégalités liées aux différences d’âge et de sexe.

Figure 4: Grille applicable à la sécurité alimentaire et aux droits de la personne pour les personnes séropositives et celles qui sont indirectement touchées par la maladie


SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

RESPONSABILITÉ DES POUVOIRS PUBLICS

Adequate food supplyApprovisonnement suffisant en denrées alimentaires

Stabilité de l’approvisionnement et accès à celui-ci


Adéquat sur le plan nutritionnel

Sans danger

Une nourriture culturellement acceptable

Durable sur le plan environnemental et écologique

Durable sur le plan économique et social

RESPECT

Tenir compte de l’augmentation des besoins nutritionnels

Tenir compte du fait que la sécurité alimentaire est un véritable besoin

Respect de l’identité culturelle en matière d’alimentation

Respect des techniques de production vivrière traditionnelles respectueuses de l’environnement

Respect des droits coutumiers régissant la propriété des terres et des autres ressources productives

PROTECTION

Maintenir le régime alimentaire
Protéger contre la discrimination

Évaluation des risques
Législations et réglementations
Services de côntrole
Surveillance

Protection des cultures vivrières traditionnelles

Surveillance et traitement des maladies des cultures et du cheptel

Protection des intérêts économiques des personnes touchées par le VIH/SIDA

RÉPONSE AUX BESOINS
-organiser
-fournir

Services d’aide aux personnes touchées
Fourniture de rations alimentaires

Gestion des risques et communication
Planification des activités d’atténuation

Veiller à la disponibilité des aliments traditionnels locaux

Plan d’action pour l’atténuation des maladies des plantes et des animaux et de l’érosion écologique

Donner aux personne touchées les moyens de se procurer des vivres
Fourniture des ressources

Source: Oshaug, A., Engh I. (2002)

Préservation et transmission du savoir

Outre la question des technologies qui permettent de réduire les besoins de main-d’œuvre, les participants ont abordé un autre aspect du problème: la plupart des décès dus au SIDA touchent les personnes en âge de procréer, celles donc qui pourraient transmettre à leurs enfants les connaissances, les pratiques et les savoir-faire agricoles, qui sont dès lors voués à disparaître avec elles.

Des recommandations ont été formulées pendant la réunion sur les moyens de préserver ce patrimoine de connaissances et de le transmettre aux générations futures, hommes et femmes confondus. Les programmes de vulgarisation agricole et les organisations locales informelles doivent être réorientés de manière à pouvoir répondre à la demande d’informations des ménages dans lesquels un adulte est décédé. Les familles dirigées par un enfant ou par une femme et les personnes qui ont perdu leur conjoint ont besoin de savoir comment faire pour reprendre l’exploitation. Il faut donc s’assurer de ce que les ménages dans lesquels un adulte est décédé soient capables d’établir des plans de culture, de perpétuer les pratiques d’élevage, de stocker leurs céréales, de vendre leur production et soient également bien informés sur les pratiques propres à chaque sexe. L’évaluation et le contrôle de ces capacités constitueront le préalable à la conception et à la mise en place de stratégies efficaces propres à répondre aux besoins d’information de ces ménages.

Le VIH/SIDA et la biodiversité agricole

La biodiversité et le savoir local traditionnel sont deux outils irremplaçables pour permettre aux populations rurales de faire face à l’insécurité alimentaire et à toutes les répercussions de l’épidémie. A l’aide de ces ressources, accessibles sur place et peu onéreuses, il serait possible d’élargir l’éventail des moyens d’action des ménages touchés par le SIDA dans les domaines de l’agriculture, de la sécurité alimentaire, de la santé et des moyens d’existence. L’amenuisement, l’inaccessibilité ou la disparition des autres ressources rendent d’ailleurs ces deux-là de plus en plus précieuses; elles représentent souvent l’unique richesse des communautés rurales pauvres. Il est donc essentiel de reconnaître leur valeur, de les protéger et de les promouvoir.

Source: FAO (2002b)


Les écoles d’agriculture itinérantes de Kitovu (Ouganda)

Ce projet a pour but de permettre aux jeunes et aux orphelins d’assurer leur subsistance par le biais d’une formation agricole. Il aide également les jeunes à devenir indépendants en facilitant leur accès à la terre, qui est souvent prêtée par des curateurs ou des membres de la communauté. Ce projet est le fruit d’une collaboration entre les communautés rurales, les équipes chargées du projet et le gouvernement (bureau de l’Agriculture et département de l’Éducation). Toutes les ressources sont mises en commun: les communautés locales mettent à disposition des terres qui seront utilisées à des fins pédagogiques ou cultivées par les jeunes; le secteur de l’éducation met à disposition des locaux scolaires ainsi que des parcelles qui, situées tout près des écoles, servent à des exercices pratiques; la formation agricole est dispensée par des spécialistes engagés recrutés spécialement; le bureau local en charge de la production agricole se charge quant à lui de l’établissement du programme des cours et de la fourniture des conseils techniques. Cette formation pratique dans le domaine de la production agricole dure deux ans.

Source: White, J. (2002)

Renforcement des capacités des institutions rurales

Les stratégies visant à atténuer les effets de l’épidémie doivent être axées non seulement sur les individus et les familles, mais également sur les organisations et institutions locales. Il importe de renforcer les institutions rurales, qui elles aussi sont affectées par les pertes - pertes de personnel, perte des capacités opérationnelles, perte du savoir institutionnel - dues aux ravages du SIDA. Les institutions informelles sont affaiblies, car leurs membres ont moins de temps à leur consacrer.

L’ensemble des services dispensés dans les zones rurales - éducation, santé, développement agricole, crédit, finances, associations de femmes - ainsi que tous les groupes, comités et associations chargés des questions touchant la nutrition, l’irrigation et la maintenance - doivent bénéficier d’un soutien. Il faut informer le personnel des conséquences du VIH/SIDA sur les moyens d’existence des communautés rurales et les aider à intégrer dans leurs activités des stratégies qui tiennent dûment compte des problèmes liés à l’épidémie.

Certaines communautés ont à cet égard fait preuve d’une très forte capacité d’adaptation et ont su doter leurs institutions des moyens de faire face à tous les problèmes liés à l’augmentation de la morbidité et de la mortalité. Ce sont généralement la famille, les voisins ou les institutions locales qui viennent en aide aux ménages frappés par la maladie: il importe donc de tirer parti de leur expérience dans ce domaine. L’élaboration d’une stratégie adaptée aux besoins du secteur agricole devra également prévoir un vaste éventail d’activités - encadrement des institutions informelles traditionnellement chargées du partage du travail et des activités agricoles à l’échelon de la communauté, soutien aux initiatives personnelles en matière de soins aux malades et aux mourants, soins des enfants, mise en place de systèmes de crédit et d’épargne adaptés, offre d’une formation en apprentissage pour les orphelins, fourniture aux ménages en difficulté de l’aide nutritionnelle et éducative dont ils ont besoin.

Dans de nombreux pays, les coupes sombres effectuées dans les budgets des services publics au cours des dix dernières années ont entraîné une réduction des ressources et le non renouvellement du personnel dans de nombreux secteurs. Dans un tel contexte, les effets de l’épidémie de VIH/SIDA sont encore plus sensibles, car la maladie contribue à la réduction des ressources humaines et à la hausse des coûts de santé. Les pouvoirs publics doivent penser dans le long terme s’ils veulent continuer à fournir des services de qualité et efficaces et conserver leurs capacités.

Un nouveau type d’écoles d’agriculture pour la prévention du VIH au Cambodge

Dans le but de renforcer les capacités d’adaptation du secteur agricole face à l’épidémie de VIH, le projet de lutte contre le VIH et pour le développement en Asie du Sud-Est institué par le PNUD, en collaboration avec la FAO et le programme de lutte intégrée contre les ravageurs, ont mis au point un projet pédagogique expérimental. Dans les écoles créées à cette fin, les agriculteurs sont formés à l’écologie végétale et apprennent à distinguer les ravageurs utiles des nuisibles. Cette approche novatrice permet d’utiliser la connaissance des écosystèmes végétaux pour appréhender l’écosystème humain et découvrir les facteurs susceptibles de renforcer ou d’affaiblir la résistance de l’homme aux agressions, notamment à celle du VIH.

La formation dispensée dans ces écoles permet aux agriculteurs d’acquérir un outillage théorique très riche et d’évoluer dans un cadre facilitant. La visée essentielle de ce projet est de promouvoir une stratégie de développement conçue dans une perspective holistique, c’est-à-dire dans laquelle les agriculteurs ne cherchent pas seulement à accroître les rendements de leurs cultures rizicoles mais s’efforcent de prendre en compte toutes les dimensions de leur existence. Cette approche leur permet de comprendre qu’ils ont en main les clés de leur avenir et de celui de leurs enfants.

Source: FAO, PNUD (2002).

Il faudra aider les services publics de vulgarisation agricole à réorienter leurs activités. Pour eux, l’objectif n’est plus seulement de créer de nouvelles méthodes pour répondre aux besoins et aux difficultés des groupes les plus vulnérables mais de pouvoir faire face à une réduction constante de personnel. Ils devront pour cela faire preuve de créativité et utiliser par exemple la radio ou s’appuyer sur des associations agricoles d’entraide.

Il faut organiser des campagnes de sensibilisation et prendre des initiatives susceptibles d’attitrer des investissements novateurs dans le secteur agricole. La mise en place d’une infrastructure rurale - construction et entretien de routes par exemple - doit cependant être encadrée par un ensemble de mesures visant à réduire la propagation du VIH pendant et après la réalisation du projet, en raison de l’afflux de travailleurs migrants que cela suppose.

Les organismes de microfinance et de crédit communautaire sont des exemples d’institutions rurales qui aident considérablement à faire face aux répercussions du VIH/SIDA. La microfinance joue un rôle important pour les ménages qui ne sont pas touchés par la maladie, car elle leur permet d’être économiquement productifs et de constituer l’épargne dont ils pourront avoir besoin. Lorsque la maladie et la mort touchent un ménage, les institutions de crédit jouent un rôle essentiel en assurant la stabilité financière des membres du ménage qui peuvent travailler et pourvoir aux soins des malades. Il faut inventer de nouveaux mécanismes de crédit, et prévoir par exemple, dans les cas où la maladie rend impossible le remboursement d’un prêt, la mise en place d’une assurance ou la désignation d’une personne qui assure le remboursement.

Les ONG locales et les institutions formelles et informelles sont le fer de lance de la lutte contre l’épidémie. Il faut savoir tirer parti de l’expérience qu’elles ont acquise dans ce domaine et ne pas hésiter à s’inspirer de certaines de leurs initiatives les plus novatrices. Il importe d’appuyer ces institutions locales - notamment en programmant des séances de travail - pour qu’elles soient en mesure d’assurer une fonction pédagogique et de diffuser des outils d’enseignement et des recommandations concernant les pratiques les plus efficaces. Le coût de ces activités doit être déterminé soigneusement pour que les gouvernements puissent évaluer les implications budgétaires de leur mise en œuvre. Il faut renforcer les capacités des pouvoirs publics à assurer à la fois le financement de ces innovations locales et leur développement progressif.

The African farmers’ organic research and training project (AfFOResT). Un projet du Zimbabwe.

Ce projet a été mis sur pied pour répondre à la demande d’agricultrices de la vallée du Zambèze. Dans cette région, les femmes de la terre sont souvent des veuves dont le mari est mort du SIDA. Quant aux autres, elles doivent s’occuper d’un mari malade ou des proches. L’objectif visé était d’accroître la rentabilité des petites exploitations de coton cultivé sans pesticides. Pendant la saison sèche, des agents de terrain ont reçu une formation scientifique pendant quatre semaines. Les agricultrices sont encouragées à alterner la culture du coton avec les cultures vivrières traditionnelles. Ces agents de terrain travaillent ensuite comme animateurs dans des écoles pratiques d’agriculture et sont supervisés tous les mois par le personnel du projet AfFOResT.

Quelques groupes d’agricultrices ont défini leurs propres interrogations et poursuivi leurs propres recherches, ce qui a permis d’élargir les perspectives dans le domaine de la production biologique. Bien que le coton de culture biologique ne permette pas d’obtenir des rendements aussi élevés que celui des cultures commerciales, l’expérience s’est révélée profitable, grâce aux économies réalisées sur les intrants et sur la main-d’œuvre. En effet, le temps de travail hebdomadaire nécessaire à l’épandage des pesticides est passé de 15 heures à 3 heures. Le désherbage des champs de coton a également nécessité beaucoup moins de travail, grâce à la pratique de cultures intercalaires (de doliques par exemple). L’entraide pratiquée dans les groupes a également été une source de réconfort pour un grand nombre de veuves. Des séances de formation ont été consacrées à des débats sur le VIH/SIDA et un stage de formation de trois jours, organisé autour du thème “La santé et le VIH”, a fourni aux participants des informations sur plusieurs thèmes - la maladie et le système immunitaire, l’alimentation saine, se nourrir avec les produits de son jardin, comment vivre avec le VIH, les herbes médicinales.

Source: White, J. (2002)

Égalité entre hommes et femmes

Bien que la problématique de l’égalité entre les sexes ne concerne pas le seul secteur agricole, sa relation avec la pandémie de VIH/SIDA ainsi qu’avec ses répercussions sociales et économiques est tellement déterminante qu’elle devrait être prise en compte dans toutes les stratégies agricoles visant à atténuer l’impact de l’épidémie. Les femmes sont en effet particulièrement vulnérables sur le plan physique (elles encourent un risque d’infection par le VIH plus élevé), mais également sur les plans social et économique, où les conséquences du VIH/SIDA sont particulièrement lourdes.

Le VIH/SIDA a souvent pour effet d’empêcher les femmes d’accéder aux ressources et aux moyens d’existence et d’en disposer librement. La discrimination qui les frappe en matière d’accès aux ressources - terres, crédit, emploi, éducation et information - accroît encore leur vulnérabilité. Certains pays ont adopté une législation qui confère aux femmes des droits égaux en ce qui concerne l’héritage des terres à la mort de leur mari. Il s’agit évidemment d’un progrès considérable sur le plan juridique; l’application de cette loi étant toutefois considérablement freinée par le poids des traditions locales, il convient d’appuyer les autorités locales pendant la période de transition.

Nombre de questions relatives à l’égalité entre les sexes touchent au coeur même du fonctionnement social et nécessitent un réexamen en profondeur des relations entre les femmes et les hommes, ce qui implique une remise en cause des structures de pouvoir et la mise en place de politiques et de législations novatrices aux niveaux local, national et régional. Il faut par ailleurs tenir compte des différences entre les diverses régions et cultures et reconnaître que les questions touchant la propriété des terres, l’accès au travail et à l’eau ne présentent pas partout le même caractère d’urgence.

Le secteur agricole doit, dans le domaine de ses compétences, promouvoir activement l’égalité entre les sexes et viser en priorité l’accès des femmes aux ressources productives - notamment les terres, le crédit, les connaissances, les intrants agricoles et la technologie - ainsi que leur libre disposition de ces ressources.

Amélioration de la nutrition

Le lien entre le VIH/SIDA et la nutrition apparaît lorsqu’un membre actif d’un ménage tombe malade et que la perte de productivité qui en découle entraîne un déficit alimentaire pour le ménage en question. L’insécurité alimentaire est synonyme de problèmes nutritionnels, de santé fragile, de baisse de la productivité. Il semble par ailleurs que la malnutrition aggrave les conséquences de l’infection par le VIH et, en revanche, qu’un régime alimentaire équilibré aide l’organisme à lutter contre les infections opportunistes qui accompagnent la maladie. Pour rester actives et prolonger leur espérance de vie, les personnes séropositives doivent bénéficier d’un apport nutritionnel supérieur à la normale.

Il existe également un vaste éventail de mesures préventives à mettre en œuvre dans le domaine nutritionnel: mise au point de programmes éducatifs ciblés sur les nourrissons, les enfants, les adultes et les personnes âgées, fourniture d’une aide nutritionnelle et éducative aux personnes touchées, mise en place de programmes de soutien en faveur des orphelins, augmentation de la production agricole par l’utilisation de variétés de plantes améliorées et l’amélioration des techniques culturales. Le jardinage peut également fournir les éléments nutritifs nécessaires et permettre aux familles de varier leur alimentation.

Les femmes transmises en héritage et le VIH/SIDA au Kenya

Dans certains districts du Kenya, il est encore courant que les femmes soient transmises en héritage à la mort de leur mari. Dans le contexte de l’épidémie de SIDA, cette pratique, qui est un mécanisme d’aide traditionnel garantissant aux veuves l’accès aux ressources et à la famille étendue, pourrait être un facteur de propagation du VIH. Il est en effet probable que les femmes dont le mari est mort du Sida ou d’une des maladies qui l’accompagnent soient séropositives, même si elles ne présentent aucun symptôme. En outre, une femme malade a peu de chances d’être transmise en héritage. Dans les zones rurales du Kenya, rares sont les personnes qui ont accès à des services de dépistage, et les gens ne savent généralement pas s’ils sont infectés ou non. Il est donc peu probable qu’une veuve sache si elle est séropositive; elle peut en outre ne pas vouloir révéler la vérité, car le fait d’être transmise en héritage est souvent pour elle l’unique source de sécurité, qui va lui permettre de nourrir ses enfants et de protéger ses biens.

Source: Buckley, S. (1997)

Réseaux de protection économique et sociale

Les communautés ont mis au point diverses stratégies pour aider leurs membres à faire face aux ravages du VIH/SIDA comme de tout ce qui peut menacer leurs moyens d’existence. La plupart de ces stratégies reposent généralement sur l’aide prodiguée par la famille élargie et jouent un rôle essentiel dans l’appui prodigué aux ménages touchés par le VIH/SIDA. Les services d’aide sociale, les associations d’épargne et de crédit, les groupes d’entraide, les organisations locales, les projets rémunérateurs et les initiatives personnelles ont tous un rôle fondamental à jouer dans la protection des moyens d’existence dans les zones rurales. La solidarité communautaire, concrétisée par le partage du travail et de la production des parcelles communales, est quelque chose d’extrêmement précieux pour les ménages touchés par le VIH/SIDA. Les donateurs, les ONG, les organisations religieuses et les autres groupes devraient donc favoriser les initiatives de type communautaire.

Aide alimentaire d’urgence

L’aide alimentaire d’urgence est une solution à court terme au problème de la forte insécurité alimentaire liée à l’épidémie de VIH/SIDA. Le ciblage de l’aide alimentaire - que les bénéficiaires soient des particuliers, des ménages ou des communautés - est une opération délicate qui doit répondre à des principes éthiques pour ne pas susciter une nouvelle forme d’ostracisme. Parmi les bénéficiaires pourraient figurer les ménages dirigés par des orphelins ou les familles adoptives ou celles qui ont perdu un ou plusieurs des leurs, mais, là encore, le ciblage doit se faire selon des critères à la fois précis et flexibles. La fourniture de rations alimentaires aux écoliers est indispensable pour couvrir leurs besoins nutritionnels. En leur fournissant également une ration supplémentaire qu’ils pourront ramener à la maison, on pourrait éviter qu’ils soient contraints de quitter l’école pour aider les membres de la famille à se nourrir. Les stratégies à long terme doivent essayer d’intervenir au niveau des ressources et comporter notamment la fourniture de semences et la diffusion de technologies permettant de réduire les besoins de maind’œuvre; il s’agit en l’occurrence d’aider les ménages à reconstituer l’infrastructure qui leur permettra de reprendre leurs activités agricoles et de les encadrer pendant la période de transition.

Faire face aux problèmes posés par le virus du SIDA par des interventions dans le domaine de la foresterie

Depuis que le virus du SIDA décime la main d’œuvre agricole et épuise les ressources, les ménages utilisent de plus en plus fréquemment les forêts naturelles et les terres régies par la loi coutumière pour en tirer de la nourriture, un revenu, des pâturages et des matériaux de construction. Le secteur forestier peut contribuer à faire face au problème du manque de main d’œuvre et de ressources de la manière suivante:

  • Les arbres peuvent être utilisés pour accroître la capacité d’adaptation des ménages ruraux. Les plantations dans des jachères abandonnées permettent de préserver la terre qui sera exploitée par les ménages, de remettre en état les sols appauvris et de fournir des produits (combustible, fourrages, fruits) qui seront consommés ou vendus.

  • Les systèmes de production traditionnels offrent un certain nombre de possibilités d’utilisation des zones forestières avec peu de main d’œuvre qui permettent de maintenir le capital que représente le sol et la production qui est tirée de la terre, lorsque la main d’œuvre fait défaut.

  • Manquant de main d’œuvre pour défricher les terres, les communautés victimes du SIDA sont contraintes de pratiquer des brûlis pour débroussailler les terres destinées aux cultures. Des programmes qui associent une sensibilisation au problème du SIDA à une gestion des brûlis sur les terrains boisés peut permettre de faire face efficacement à l’épidémie.

  • Certaines essences d’arbre peuvent aider à traiter des infections opportunistes du SIDA. Les arbres à usage médicinal pourraient constituer une composante importante des programmes forestiers concernant le SIDA.

    Source: FAO (2003): voir aussi: http://www.fao.org/forestry/index.jsp

Suivi et évaluation des stratégies

Les stratégies doivent être soigneusement contrôlées et évaluées si l’on veut qu’elles soient utiles à la conception et à la mise en place de programmes permettant de mieux atténuer les répercussions du VIH/SIDA sur les moyens d’existence des communautés rurales et sur la sécurité alimentaire. Il conviendrait également de créer des systèmes de suivi permettant aux personnes concernées de mesurer elles-mêmes les progrès accomplis.

Il existe déjà un certain nombre d’instruments internationaux de mesure de la vulnérabilité, dont:

Il importe que ces instruments intègrent systématiquement dans leurs données les indicateurs relatifs au VIH/SIDA; il importe à cette fin de mettre au point de nouveaux indicateurs et des méthodologies appropriées.

La mise au point d’indicateurs globaux ne doit pas faire oublier l’importance des relevés locaux ni la nécessité d’établir les profils de vulnérabilité des divers pays et régions. L’établissement de profils différenciés permettra en effet d’adapter les interventions aux besoins et aux capacités des communautés touchées par le VIH/SIDA et de tirer parti des stratégies déjà utilisées. Les caractéristiques générales de l’impact du VIH/SIDA sur le secteur agricole sont déjà largement connues, mais les données régionales sont encore insuffisantes et l’on manque encore d’informations plus précises sur les effets de la pandémie sur certains secteurs spécifiques - pêche, élevage, milieux commerciaux - ainsi que sur les systèmes d’exploitation agricole.

Le VIH/SIDA pendant les conflits, les crises et les périodes consécutives aux conflits

La pauvreté, l’insécurité alimentaire chronique, la prévalence du VIH/SIDA et les situations de crise sont des phénomènes qui s’aggravent mutuellement et génèrent des situations complexes qu’il convient d’aborder avec détermination dans une perspective globale et intersectorielle. En cas de situation d’urgence, les mesures d’intervention doivent porter sur la prévention, les soins et l’atténuation des effets de l’épidémie. Les programmes d’aide alimentaire peuvent jouer un rôle à court terme car ils renforcent la sécurité alimentaire des ménages. La fourniture de rations alimentaires aux écoles permet de répondre aux besoins nutritionnels des enfants et d’inciter les parents à leur faire poursuivre leur scolarité. Les stratégies d’atténuation axées sur le long terme devraient essayer d’intervenir au niveau des ressources. Les programmes de distribution de semences dont l’objectif est d’aider les ménages à redémarrer leurs activités agricoles peuvent être un gage de sécurité pendant la période où les familles travaillent à se remettre à flot. Le suivi et l’évaluation des diverses activités doivent permettre d’évaluer leurs effets sur les moyens d’existence et la sécurité alimentaire.

Avant de démarrer une activité, il est essentiel d’effectuer des analyses préliminaires portant sur certains groupes vulnérables - les personnes atteintes par le VIH/SIDA, leur famille, les orphelins - car cela améliorera les connaissances des effets du VIH/SIDA ainsi que des facteurs qui, dans une communauté donnée, permettent de passer de la pauvreté à l’autonomie. Il sera alors possible de fonder les projets sur une connaissance précise des problèmes liés au VIH/SIDA et de les orienter en conséquence. En effet, toute intervention qui n’est pas fondée sur une claire compréhension de la dialectique complexe qui s’établit entre le VIH/SIDA et la pauvreté risque d’aggraver les difficultés. La situation des veuves, des orphelins et des jeunes doit être abordée en priorité du fait de leur grande vulnérabilité aux conséquences du VIH/SIDA; il importe que toutes les mesures de lutte contre la pauvreté prévoient l’allocation des ressources nécessaires pour répondre à leurs besoins.

Pour l’heure, le VIH/SIDA ne fait pas partie intégrante des programmes des instituts de recherche agricole. L’Association pour le développement de la riziculture en Afrique de l’Ouest (ADRAO), l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), le Service international de la recherche agricole nationale (SIRAN) et la FAO ont proposé le lancement d’une Initiative mondiale sur le VIH/SIDA, l’agriculture et la sécurité alimentaire (GIAFFS), sous forme de projet commun entre les centres du GCRAI et les instituts nationaux et internationaux de recherche agricole. L’objectif de cette initiative est d’utiliser la recherche dans le domaine agricole pour réduire l’impact du VIH/SIDA sur l’agriculture et la sécurité alimentaire et pour mieux comprendre les effets de la pandémie de VIH/SIDA sur les moyens d’existence des milieux ruraux, périurbains et urbains, l’utilisation des terres, la sécurité alimentaire et nutritionnelle et les structures sociales. Cette initiative devrait permettre de diffuser des politiques novatrices et des instruments qui permettront aux institutions d’être mieux armées pour la mise au point d’une stratégie agricole de lutte contre l’épidémie.

Intégration des questions relatives au VIH/SIDA

Il faut tirer parti de l’expérience acquise dans tous les secteurs et par tous les partenaires dans le domaine de la lutte contre l’épidémie de VIH/SIDA pour être en mesure d’élaborer une stratégie efficace pour le monde agricole. Il existe déjà des activités spécifiquement axées sur le VIH/SIDA - notamment des programmes de responsabilisation des femmes, les initiatives concernant l’enseignement de notions élémentaires de droit, le crédit rural, etc. - dont le secteur agricole pourrait s’inspirer. On observe cependant que l’impact du VIH/SIDA sur la sécurité alimentaire et la production n’a pas encore été clairement compris par les principaux acteurs du secteur agricole; de ce fait, il n’existe pas de véritable volonté politique et les ressources allouées aux programmes de prévention ou d’atténuation du VIH/SIDA ne sont pas suffisantes.

Il importe que les problèmes posés par l’épidémie puissent être abordés à tous les échelons, de la région au district, ce qui n’est pas chose aisée; cela implique en effet que toutes les questions soulevées par l’épidémie soient clairement comprises à tous les niveaux de la société, de telle sorte que le VIH/SIDA devienne une problématique globale par laquelle chacun se sent concerné. Les personnes qui travaillent à l’intégration des questions liées au VIH/SIDA dans la problématique du développement peuvent tirer de riches enseignements des activités analogues menées depuis quinze ans dans le domaine de l’égalité entre les sexes. On peut d’ores et déjà retenir les éléments suivants:


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