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Expériences dans les pays


Au cours de la réunion, les représentants des gouvernements, des ONG et des organismes donateurs ont présenté de brefs rapports sur les stratégies et les activités destinées à atténuer l’impact du VIH/SIDA dans le secteur agricole. Les pays suivants ont participé: Afrique du Sud, Cambodge, Chine, Éthiopie. Kenya, Malawi, Ouganda, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe. Malgré quelques activités notables dans le domaine de la lutte contre le SIDA, les représentants des divers pays estiment que le secteur agricole ne dispose pas encore d’une véritable stratégie globale. Certains des exemples qui ont été présentés ont permis de discerner quelques pistes pour la mise au point d’une stratégie adaptée aux besoins du secteur agricole et de définir les lignes directrices des futures activités.

Une approche multisectorielle

Dans la plupart des pays qui ont participé à la réunion, la stratégie de lutte contre le VIH/SIDA est mise en œuvre au plan national par le Ministère de la santé. Les Ministères de l’agriculture ne perçoivent pas encore clairement la relation entre le VIH/SIDA et la sécurité alimentaire, ce qui a permis aux représentants d’affirmer que le principal obstacle à l’organisation de la stratégie du secteur agricole réside dans l’absence de prise de conscience et d’une volonté politique véritables. Une mise au point coordonnée nécessite une réforme structurelle et budgétaire des institutions gouvernementales, qui doivent passer d’un type de fonctionnement vertical (prédominance d’un secteur) à un fonctionnement horizontal (où c’est le travail d’équipe qui est essentiel), être capables de créer des partenariats, tant publics que privés) et amorcer un processus de décentralisation. Comte tenu du manque de fonds, de ressources et de données d’expérience, il s’agit là d’un véritable défi pour la plupart de ces institutions.

Des évaluations de l’impact du VIH/SIDA sur le secteur agricole ont été réalisées sur la demande des gouvernements du Malawi et d’Afrique du Sud. Le Malawi a également mis en place une politique en matière VIH/SIDA pour les services de vulgarisation agricole et le gouvernement de Tanzanie a intégré les questions relatives à l’épidémie dans la stratégie de développement du secteur agricole. Les représentants se sont généralement déclarés convaincus que les stratégies d’atténuation du secteur agricole ne doivent pas se calquer sur les activités du secteur de la santé en matière de soins et de prévention mais compléter les interventions sanitaires pour aboutir à une action intégrée et efficace répondant plus efficacement aux besoins de ceux qui sont le plus durement touchés par l’épidémie. Les représentants ont également admis que leur pays ne disposent pas de toutes les compétences techniques nécessaires à l’élaboration de solutions appropriées au secteur agricole et permettant d’entreprendre une intégration efficace de toutes les activités.

Nutrition

Tous les pays ont admis qu’il existe un lien évident entre l’état nutritionnel, les ressources alimentaires et l’accès à ces ressources. Il est en revanche plus malaisé de percevoir en quoi VIH/SIDA, nutrition et sécurité alimentaire sont intimement liés. Par ailleurs, on a tendance à considérer que l’intégration de la nutrition et des interventions relatives au VIH/SIDA relève plutôt des compétences du secteur de la santé. L’Ouganda a élaboré un programme sur la nutrition et le VIH/SIDA, mais, d’une manière générale, les pays ne considèrent pas encore les besoins nutritionnels comme faisant partie intégrante d’une stratégie de lutte dont pourrait se doter le secteur agricole.

Vulgarisation agricole

Dans plusieurs pays, des programmes d’atténuation des effets du VIH/SIDA ont été mis en œuvre pour protéger les agents de développement agricole. Ce type de programme constitue une piste à suivre pour le secteur agricole et nécessite généralement un renforcement des capacités des services de vulgarisation agricole à s’adapter aux nouvelles conditions imposées par la maladie. Une formation appropriée peut aider les agents de développement agricole à intégrer les questions relatives au VIH/SIDA dans leurs activités quotidiennes et à aider les membres de la communauté à accéder aux ressources appropriées. Il est évident que les agents de développement agricole doivent posséder des informations très précises sur la maladie ainsi que sur son impact sur la sécurité alimentaire et les moyens d’existences des communautés rurales, mais qu’ils n’ont pas à s’occuper de la diffusion des informations sur la santé.

Les représentants ont également souligné que les capacités des services de vulgarisation agricole sont laminées par la réduction constante des effectifs consécutive aux maladies et aux décès provoqués par le SIDA. La réduction du personnel entraîne une baisse de la qualité du service, assortie d’une réduction de leur couverture géographique et d’une augmentation de leur coût. Certains pays ont également relevé que les difficultés d’accès aux communautés rurales constituent un véritable handicap pour la fourniture de services de qualité et que les activités du secteur agricole doivent s’étendre des centres de district vers les régions plus reculées. La situation semble cependant inextricable, compte tenu de la réduction des effectifs de vulgarisateurs agricoles et du nombre important de ménages touchés par le VIH vivant dans des campagnes reculées.

Sécurité alimentaire, nutrition et VIH/SIDA

La consommation alimentaire tend à décroître dans les familles confrontées au VIH/SIDA. Des recherches effectuées en Tanzanie révèlent que dans les ménages pauvres, la consommation alimentaire par habitant recule de 15 pour cent lorsqu’un adulte meurt. Selon une étude réalisée en Ouganda, l’insécurité alimentaire et la malnutrition sont les principaux problèmes auxquels doivent faire face les ménages dirigés par des femmes lorsqu’ils sont touchés par le SIDA. Les personnes séropositives sont de plus en plus vulnérables aux conséquences de la malnutrition, souffrent d’une fatigue chronique et sont de moins en moins productives. La question de la nutrition doit être au coeur de toutes les stratégies relatives aux soins et aux efforts d’atténuation. Dans les situations les plus graves, certaines mesures - la distribution d’une aide alimentaire ou la mise en place de programmes d’alimentation en faveur des groupes les plus vulnérables - peuvent se révéler inévitables. Il reste encore beaucoup à faire pour renforcer la sécurité alimentaire dans le long terme.

Source: FAO (2002d)

Cadre politique

De nombreux pays admettent que l’atténuation des effets de l’épidémie de VIH doit être facilitée par la création d’un cadre politique approprié. Des lignes d’action précises tenant compte de toutes les dimensions de la vie des communautés rurales doivent être suivies dans tous les secteurs. Il est essentiel, par exemple, de régler la question des droits de succession et de propriété des femmes et de leur famille afin qu’elles puissent accéder aux ressources et assurer la sécurité alimentaire de leur famille après la mort de leur mari. Dans certains pays, les mesures en matière de protection et de sécurité des enfants ne tiennent pas suffisamment compte des besoins des orphelins du SIDA, qui doivent lutter pour leur survie. Un bon exemple de collaboration intersectorielle est fourni par l’Afrique du Sud, où le Ministère de l’agriculture et le ministère des affaires territoriales collaborent à un programme de redistribution des terres. Le ministère des affaires territoriales a également mis en place une politique en matière de VIH/SIDA. Dans la plupart des pays, la mise en place coordonnée d’un dispositif approprié est toutefois freinée par le fonctionnement hiérarchique - ainsi que par la fréquente étanchéité - des départements ministériels.

Le programme plurinational de lutte contre le SIDA en Afrique

La Banque mondiale a lancé un programme de lutte contre le VIH/SIDA en l’Afrique (MAP), dont l’objectif est d’aider les pays africains à renforcer les activités menées dans le domaine de la lutte contre l’épidémie. Sur le plan du développement, il s’agit d’améliorer l’accès aux programmes de prévention, de soins et de traitements, en accordant une attention toute particulière aux groupes vulnérables.

En Éthiopie, le programme financera notamment le plan stratégique mis en œuvre par le gouvernement pour la période 2002-2004, dont un des volets porte sur le renforcement des capacités des institutions tant privées que gouvernementales. Les activités dans le domaine de la prévention, des soins et des traitements seront également financées, afin de développer les actions multisectorielles de la société civile et des collectivités contre l’épidémie de SIDA. Au Kenya, le programme intensifiera la lutte contre le SIDA et, en s’appuyant sur des travaux de recherche, des mesures de suivi et des évaluations, interviendra dans cinq catégories d’activités considérées comme prioritaires: la prévention, les campagnes de sensibilisation, les mesures visant à faire bénéficier les personnes touchées par le SIDA d’une gamme complète de traitements et de soins, la gestion et la coordination des activités et l’atténuation des conséquences sociales de la maladie.

Source: Banque mondiale (2001)

Les initiatives des ONG

Les organisations non gouvernementales et communautaires, les groupes de femmes, les associations de personnes vivant avec le SIDA ont trouvé plusieurs solutions intéressantes pour organiser la lutte contre l’épidémie de VIH. Certaines de ces organisations ont, dans le cadre d’une approche participative, intersectorielle et flexible, mis en place des activités destinées à venir en aide aux femmes, aux orphelins et aux jeunes. La plupart des activités présentées lors de la réunion comportent plusieurs volets qui, insérés dans un programme global, portent sur des domaines aussi divers que l’agriculture, la formation, le microcrédit, les soins à domicile, les services d’aide et de conseil pour les personnes vivant avec le SIDA. Plusieurs organisations s’efforcent de venir en aide aux personnes vivant avec le SIDA, en travaillant notamment à la création d’un réseau d’aide pour les personnes positives et en appuyant la lutte contre l’ostracisme. Avec l’aide de leurs partenaires, elles s’efforcent également d’améliorer la qualité des campagnes d’informations sur le SIDA et de faire pression sur les autorités pour que les traitements soient plus largement accessibles aux milieux économiquement faibles.

Par la diversité de leurs activités, les ONG montrent la nécessité d’une action de grande ampleur contre le VIH/SIDA, allant au-delà des intérêts sectoriels, et favorisant un développement rural intégré dans lequel les communautés jouent un rôle essentiel. Ces activités sont le fer de lance de la lutte contre l’épidémie et il faut prendre en exemple les activités des ONG qui se sont intégrées avec succès à celles des pouvoirs publics ou d’un partenaire du secteur privé.

L’association UWESO (Uganda women’s effort to save orphans)

Cette ONG nationale, créée en 1986 par un groupe de femmes ougandaises, compte aujourd’hui dix mille adhérents dans tout le pays. Elle a initialement fonctionné comme une organisation humanitaire, distribuant des vivres et des médicaments dans les régions dévastées par la guerre, puis a élargi le champ de ses activités en s’occupant d’orphelins.

En Ouganda, les familles d’accueil sont majoritairement dirigées par des femmes (des veuves, des grand’mères, ou souvent des adolescentes, des tantes ou des cousines) qui doivent faire face à des difficultés de toutes sortes - manque de main-d’œuvre pour assurer la production alimentaire et les activités agricoles, problèmes de succession, baisse du pouvoir d’achat et de la solvabilité - qui constituent autant de menaces pour la sécurité alimentaire, l’état nutritionnel et la scolarisation des enfants.

Pour aider ces groupes vulnérables à se prendre en charge, l’UWESO a mis en œuvre un programme dont l’objectif est d’aider les familles d’accueil à acquérir les compétences nécessaire pour gérer un microprojet ou démarrer une activité et de leur faciliter l’accès au microcrédit, afin qu’ils puissent investir dans des activités rémunératrices. Le programme comporte plusieurs autres activités, notamment la formation sur les questions de sécurité alimentaire et nutritionnelle, ainsi que dans le domaine des soins et du conseil pour le VIH/SIDA. L’UWESO propose également aux orphelins non scolarisés une formation professionnelle et une possibilité d’apprentissage - généralement mécanicien de vélo, réparateur de radio, menuisier ou tailleur. En s’efforçant de combiner renforcement des capacités et accès au microcrédit, le projet a permis aux bénéficiaires de se doter de moyens d’existence plus fiables et plus durables et d’accroître ainsi sensiblement leurs revenus. Il prouve ainsi de manière convaincante que la formation technique et le microcrédit sont deux outils qui permettent de renforcer les capacités et les mécanismes d’adaptation des communautés.

Source: FIDA (2001b)

Table 3: Résumé des activités présentées au cours de la réunion

Pays

Exemples d’activités

Groupes cibles

Activités

Cambodge

Écoles d’agriculture, programme de gestion intégrée des ravageurs
www.unaids.org/publications/documents/sectors/agriculture/Jc-faoe.pdf

Agriculteurs

Recherche d’actions participatives

Analyse et élaboration de stratégies locales

Promotion d’une stratégie de développement de type holistique

Lesotho

Le projet de lutte contre le VIH et le SIDA mis en œuvre à Maluti

Pour de plus amples informations, contacter: [email protected]

Malades Orphelins

Activités rémunératrices

Soins à domicile

Conseil

Soins des orphelins

Tanzanie

Projet concernant les moyens d’existence dans les villes mis en œuvre à Mwanza

Pour de plus amples informations, contacter: [email protected]

Groupes présentant un risque élevé d’infection par le VIH

Personnes vivant avec le SIDA

Ménages pauvres et vulnérables, dirigés notamment par des femmes, des enfants, des orphelins et des veuves

La communauté au sens large

Prévention du SIDA par ‘éducation par les pairs

Promotion de l’égalité entre hommes et femmes

Assainissement de l’environnement

Formation dans le domaine de la micro-finance et de la création d’entreprises

Tanzanie

Low external inputs for sustainable agriculture (LEISA)

Pour de plus amples informations, contacter: [email protected]

Agriculteurs

Groupes vulnérables, surtout les orphelins et les veuves

Autorités locales et organisations

Camps de pêche et adolescents

Formation aux techniques culturales appropriées

Octroi de prêts pour l’achat de moyens de transport de fabrication locale

Prêts pour activités rémunératrices

Campagnes de sensibilisation sur le VIH/SIDA

Ouganda

Ugandan Women’s effort to save orphans (UWESO)
www.uweso.com/

Orphelins

Tuteurs d’orphelins

Systèmes de crédit et de prêt

Formation professionnelle

Ouganda

National community of women living with AIDS (NACWOLA)

Pour de plus amples informationsm contacter: AIDS Support Unit, Action [email protected]; [email protected]

Femmes séropositives

Enfants de personnes vivant avec le VIH

Communautés vivant avec le VIH

Conseil, soins à domicile

Soutien au générateur de revenue

‘Projet-memoire’

Sensibilisation

Ouganda

People with AIDSdevelopment association(PADA)

Pour de plus amplesinformations, contacter:AIDS Support Unit, [email protected]; [email protected]

Personnes vivant avec le SIDA

Soins à domicile et soutien

Conseil

Activités rémunératrices

Ouganda

The AIDS serviceorganization (TASO)
www.taso.co.ug/

Personnes vivant avec le SIDA

Hygiène alimentaire

Régime alimentaire équilibré

Aliments locaux à haute valeur nutritive

Ouganda

Les écoles d’agriculture itinérantes de [email protected]

Adolescents non scolarisés

Formation agricole et professionnelle

Apprentissage d’un métier

Ouganda

African rural development initiative (ARDI)

Pour de plus amples inforrmations, contacter: AIDS Support Unit, [email protected]; [email protected]

Jeunes mères

Personnes vivant avec le SIDA

Jeunes

Enseignement «ménager»

Allocations aux jeunes mères

Conseils et visites à domicile

Zimbabwe

Projet d’écoles d’agriculture

Agriculteurs marginalisés(surtout les veuves et les femmes qui dirigent un ménage)

Formation agricole et appui

Cours d’hygiène de vie pour les personnes vivant avec le VIH/SIDA

Zimbabwe

African farmers’ organic research and training project (AfFOResT)

www.unaids.org/publications/documents/sectors/agriculture/Jc-faoe.pdf

Veuves du SIDA

Formation des travailleurs agricoles

Participation des formateurs aux activités des écoles d’agriculture

Zambie

Sécurité alimentaire et alimentation des ménages

www.unaids.org/publications/documents/sectors/agriculture/Jc-faoe.pdf

Ménages ruraux

Augmentation de la production alimentaire

Favoriser l’accès à des aliments à grande valeur nutritionnelle

Diminution de la charge de travail par le biais de technologies appropriées

Campagnes de sensibilisation sur les besoins nutritionnels des groupes vulnérables


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