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Améliorer la production des pêches en eaux intérieures


L'amélioration des pêches suppose des activités conçues pour augmenter la taille et le nombre de poissons présents dans les eaux intérieures mais elle sert aussi à préserver des espèces menacées et à améliorer la productivité de stocks de poisson particulièrement précieux. C'est devenu une pratique courante dans le monde entier, notamment dans les endroits où les activités autres que la pêche menacent ou détruisent des espèces importantes ou simplement là où davantage de poissons est souhaitable.

Il y a plusieurs manières d'améliorer une pêche. On peut recourir à l'empoissonnement, c'est-à-dire l'ajout de poissons dans une masse d'eau, pour augmenter l'offre mais aussi pour encourager la croissance d'espèces appréciées ou introduire de nouvelles espèces. Lorsque les poissons qui sont introduits dans une pêche en eaux intérieures proviennent d'une écloserie aquacole, on parle de pêche fondée sur l'élevage. Dans certains endroits, les alevins ou les petits poissons adultes sont enlevés à leur milieu naturel et élevés dans des étangs dans lesquels on ajoute des nutriments et des aliments pour poisson. Dans ce cas, on parle d'«élevage». Il est possible de modifier génétiquement le poisson (par exemple, en choisissant la meilleure espèce à élever ou en manipulant ses chromosomes) afin d'obtenir une meilleure croissance ou une plus grande résistance aux maladies. Plus tard, le poisson d'élevage est récolté pour les besoins alimentaires ou rendu à son milieu d'origine.

On peut également améliorer les populations de poisson par la connaissance et les pratiques traditionnelles, par exemple en plaçant des haies ou des plantes dans les masses d'eau. Ces pratiques sont complexes et se fondent habituellement sur des valeurs et des croyances communautaires établies et acceptées. On considère qu'il s'agit d'aquaculture si le poisson qui est stocké est reconnu comme appartenant à un particulier ou à un groupe («les éleveurs») pendant la période de croissance jusqu'à la capture (c'est-à-dire le temps qu'il lui faut pour atteindre une taille convenable pour être récolté). Toutes ces pratiques font partie des systèmes de production aquatique dans de nombreuses régions du monde et elles contribuent à la sécurité alimentaire et aux moyens de subsistance ruraux.

En plus d'être stockées dans des eaux naturelles ou dans des étangs aquacoles, certaines espèces alimentent le commerce des poissons d'ornement. Ces poissons ne sont pas vendus pour être consommés mais pour être exposés dans des jardins ou des aquariums.

Des populations saines de poisson permettent d'améliorer le régime alimentaire et d'augmenter le revenu des personnes vivant au sein de communautés de pêcheurs. Cependant, les activités d'amélioration peuvent avoir des effets négatifs sur la disponibilité naturelle de poisson. Parfois, l'introduction de nouvelles espèces entraîne l'élimination des espèces originales (poissons autochtones). L'essentiel des efforts de conservation dans les zones où l'environnement a été altéré par l'activité humaine vise à rétablir la «durabilité» des ressources (c'est-à-dire la possibilité de les utiliser pendant longtemps sans les endommager). Il faudrait mener des études sur les activités d'amélioration et, s'il s'avère que ces activités sont nuisibles, éviter d'introduire des espèces qui ne conviennent pas.

Dans la majorité des cas, les eaux intérieures du monde ne retourneront jamais à leur état original. Lorsqu'un barrage a été construit, que les terres humides ont été asséchées, que le lit de la rivière a été modifié, que les lacs sont pollués ou qu'une nouvelle espèce a été introduite dans une masse d'eau, il est difficile de rétablir les conditions initiales même une fois que les nuisances ont cessé. Il faudra peut-être reconstituer certaines caractéristiques naturelles de l'endroit, c'est-à-dire tenter que les eaux retrouvent un état proche de leur état naturel propice au développement du poisson.

Lorsque le tracé du cours d'une rivière a été redressé de façon artificielle à la suite d'un projet industriel ou maritime, il est possible de prendre une série de mesures correctives, comme par exemple ajouter des blocs de roche ou de la végétation le long des berges pour recréer des îlots dans la rivière. Dans les endroits où un barrage ou une autre structure empêchent les poissons de se déplacer en amont et en aval, on peut installer des passes à poisson, des écluses ou des conduits de dérivation pour permettre aux poissons de passer par-dessus l'obstacle ou de le contourner. Si des plaines inondables qui se prêtent au développement et à la reproduction du poisson sont coupées de façon permanente du lit d'une rivière, on pourra enlever les structures artificielles comme des digues pour permettre à la rivière d'inonder les plaines et laisser le poisson se déplacer entre plaine et rivière.

De même, il est possible d'améliorer la qualité de l'eau dans les rivières et les lacs pollués. On peut traiter la pollution (causée par exemple par les déchets industriels) qui menace les stocks de poisson en implantant des usines de traitement des déchets.

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En plus d'avoir développé la pêche pour satisfaire les besoins alimentaires, de nombreux pays utilisent maintenant leurs eaux intérieures pour les loisirs. Si l'on peut pratiquer une pêche de subsistance dans une zone de pêche de loisir, le poisson capturé est réservé à l'usage personnel et non à la vente commerciale. La pêche de loisir peut apporter des avantages économiques et financiers substantiels aux communautés vivant des eaux intérieures. Les pêcheurs de loisir dépensent de l'argent pour les licences et le droit d'accès aux lieux de pêche, le matériel, les transports et le logement. Ceux qui en tirent un profit financier sont les propriétaires des ressources (qui peuvent exiger un droit de pêche), les employés et les guides dans la zone de pêche, les propriétaires d'embarcation et ceux qui offrent des services de transport et des logements.

Il y a peu de chance que pêche commerciale de subsistance et pêche de loisir coexistent dans un même lieu. Étant que la pêche de loisir risque de générer davantage de revenus pour l'endroit, elle pourrait supplanter la pêche de subsistance existante. Pour éviter de tels conflits, les pays devraient évaluer le potentiel qu'offre l'amélioration de la pêche commerciale et celui qu'offre la pêche de loisir.


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