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Éditorial

Les peupliers et les saules

Pourquoi les peupliers et les saules? En raison de la grande polyvalence dont ils sont dotés. Ces membres de la famille des salicacées fournissent du bois, des fibres, des biocombustibles et d’autres produits forestiers, et jouent un rôle positif dans la remise en état des terres dégradées, la restauration des paysages forestiers, l’atténuation des changements climatiques et la création de revenus dans les régions tempérées et boréales du monde.

La vingt-deuxième session de la Commission internationale du peuplier (CIP), tenue à Santiago (Chili) du 28 novembre au 2 décembre 2004, a examiné les moyens de renforcer la contribution des peupliers (Populus spp.) et des saules (Salix spp.) à la foresterie durable et au développement rural, notamment dans les pays en développement et les pays en phase de transition économique. Les articles du présent numéro sont adaptés de rapports présentés à la réunion de la CIP, qui a été organisée par la FAO et accueillie conjointement par les Gouvernements chilien et argentin.

Le premier article, par J. Ball, J. Carle et A. Del Lungo, donne un aperçu des contributions environnementales et socioéconomiques des peupliers et des saules, ainsi que de la situation et des tendances de leur culture, leur gestion et leur utilisation, sur la base de rapports soumis par les pays membres de la CIP.

On a peu de connaissances sur la superficie réelle des écosystèmes de peupliers et de saules dans la Fédération de Russie, qui possède certains des peuplements naturels de salicacées les plus vastes du monde. A.P. Tsarev résume les données disponibles.

J. Ulloa et L. Villacura démontrent comment une industrie privée du peuplier au Chili contribue au développement rural durable, grâce à l’appui donné aux activités communautaires et à la conservation. L’industrie, qui associe la production et la transformation du bois de peuplier à l’agriculture et à l’élevage, est un important acteur économique et social dans la communauté où elle opère.

Il n’est pas nécessaire non plus que la biodiversité des plantations de peupliers soit limitée. A. Berthelot et ses coauteurs résument les résultats d’un inventaire de plantations de peupliers réalisé en Picardie (France), qui a révélé la présence d’une étonnante diversité de carabes, d’oiseaux et de plantes.

Au Canada, les ressources indigènes en peupliers dépassent celles de tout autre pays, mais la superficie plantée de ces essences commence à peine à s’accroître. Les expériences relatives à la culture de cette espèce dans les conditions qui règnent au Canada étant limitées, un groupe d’experts a récemment mis au point une méthode d’évaluation des dangers pour les plantations de peupliers que représentent le climat, les incendies et les ravageurs. W.J.A. Volney et al. montrent comment cet outil peut être utilisé pour adapter la gestion des plantations et optimiser les avantages qu’elles procurent.

En Turquie, les peuplements indigènes de peupliers noirs (Populus nigra) sont menacés. F. Toplu décrit les efforts que déploie le pays pour conserver ses précieuses ressources génétiques en peupliers.

Au titre du vaste programme chinois de lutte contre la désertification réalisé dans la région des Trois Nord, un projet a contribué au boisement, principalement à l’aide de peupliers, des terres sablonneuses de Korqin entre 1991 et 2002. J. Carle et Q. Ma passent en revue les connaissances techniques et les outils utilisés dans le cadre du projet, et énumèrent les difficultés que présente leur application sur une plus grande échelle.

Le peuplier est considéré comme un arbre modèle dans les études de génétique forestière et de biotechnologie, car il pousse rapidement et de nombreuses variétés peuvent être facilement reproduites par clonage. Populus est le genre arboré forestier le plus largement utilisé dans les études sur la modification génétique, et le deuxième genre le plus exploité par la recherche biotechnologique. Une série de graphiques élaborés par H. Marchadier et P. Sigaud démontrent l’importance des peupliers en biotechnologie.

Les trois articles suivants concernent les saules. A Chimbarongo (Chili), la culture du saule des vanniers (Salix viminalis) et sa transformation en meubles et objets d’artisanat font vivre les petites entreprises qui reposent sur l’économie rurale. M.I. Abalos Romero résume les efforts faits pour revitaliser le secteur en améliorant la qualité et en développant les marchés.

Les deux derniers articles sont consacrés à des emplois novateurs des saules dans la production d’énergie et la phytoremédiation, c’est-à-dire le nettoyage des sols contaminés. I. Dimitriou et P. Aronsson décrivent un certain nombre de systèmes de grande envergure appliqués en Suède, où les eaux usées servent à irriguer et à fertiliser des taillis de saules à courte révolution, contribuant par là même à la remise en état des sites dégradés. En effet, les saules absorbent les polluants et l’excès d’éléments nutritifs du sol, et leur combustion produit de l’énergie. L.B. Smart et ses coauteurs décrivent un programme d’amélioration aux Etats-Unis, visant à optimiser les caractères des saules arbustifs, afin de les utiliser dans des applications similaires.

Comme l’ont noté les pays membres de la CIP lors de sa réunion en 2004, des politiques, lois et stratégies cohérentes sont nécessaires pour renforcer au maximum la contribution des peupliers et des saules à la foresterie, à l’agriculture et au développement rural intégré. La recherche, l’éducation et la vulgarisation jouent un rôle crucial dans le transfert des connaissances et de la technologie relatives à la culture, la transformation et l’utilisation des peupliers et des saules, afin d’en optimiser les avantages sociaux, environnementaux et économiques. Par le biais de ses bureaux régionaux et nationaux et grâce au site Web de la CIP (www.fao.org/forestry/IPC), la FAO continuera à fournir des informations et un soutien technique aux petits propriétaires fonciers privés et aux agriculteurs pratiquant l’agroforesterie.

Ce numéro d’Unasylva met l’accent sur la diversité des bienfaits procurés par les peupliers et les saules. Malheureusement, il est impossible d’en approfondir tous les aspects. Selon le rapport de D. Charlton publié dans le numéro d’août 2004 de New Zealand Tree Grower, par exemple, l’alimentation des moutons à l’aide de fourrage tiré des peupliers accroît le taux de conception et le nombre d’agneaux nés. Est-ce là le résultat d’un effet aphrodisiaque? Qui a jamais dit que les peupliers ne sont pas sexy?

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