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PETITE IRRIGATION

Principaux résultats de l'étude des distinctions fondées sur le sexe dans les projets polyvalents (PP) des collines du Népal

Introduction

De nombreux ruisseaux et sources présentent un potentiel intéressant pour le développement de projets de petite irrigation et d'alimentation en eau au Népal. Une grande partie de ces projets ont été développés à l'initiative des utilisateurs qui en tirent avantage à de multiples points de vue. Ils sont en outre à la portée des ménages pauvres et marginaux. Partant de cette tendance, il a été décidé de lancer plusieurs projets polyvalents avec l'aide de l'initiative népalaise SIMI (Smallholder Irrigation Market Initiative), de l'IDE (International Development Enterprises) et d'autres bailleurs de fonds. Les projets polyvalents d'alimentation en eau fournissent de l'eau à la fois pour les besoins ménagers et pour l'irrigation. Ils sont gérés par les communautés qui participent dans une large mesure à leur exploitation. L'évaluation des répercussions de ces projets polyvalents (PP) sur les facteurs sexospécifiques dans les collines du Népal est importante. Cette étude évalue par conséquent l'aspect sexospécifique des PP et présente les premières constatations.

Méthodes/techniques de collecte des données

La collecte des données de base s'est faite à partir de discussions avec six groupes types originaires de trois districts des collines du Népal: Syangja, Palpa et Surkhet. Les discussions ont été organisées autour d'une liste de contrôle préparée à cet effet. Les participants étaient des membres des comités exécutifs et des usagers des deux sexes. Une comparaison de la situation «avant» et «après» a également été effectuée pour faciliter l'évaluation des répercussions des PP sur les femmes et les hommes.

Projets polyvalents

Les interventions sur les différents sites se fondent essentiellement sur trois stratégies.

  1. Intervention sur des projets entièrement nouveaux d'alimentation en eau potable et d'irrigation, conformes au schéma technique établi à partir des besoins des usagers de ces sites.

  2. Intervention sur des projets d'alimentation en eau potable déjà en place (Sorek et Pelakot dans le Syangja; Chhiskhola dans le Palpa).

  3. Intervention sur un projet (un réservoir souterrain) utilisé à la fois pour l'eau potable et l'irrigation (Dibindada dans le Palpa).

Les projets d'irrigation sont complètement nouveaux dans tous ces sites, mais des projets d'alimentation en eau potable déjà en place ou abandonnés ont été réhabilités ou combinés à d'autres usages dans le cadre de PP. La technologie employée dans un projet utilise une cuve thaïlandaise de 3 000 litres destinée à l'eau potable. Le trop-plein de cette cuve est recueilli dans un réservoir souterrain de 10 000 litres prévu pour l'irrigation et distribué aux champs des agriculteurs par un ouvrage de prise d'eau.

Principales constatations

Les hommes et les femmes de ces communautés se sont montrés très positifs au sujet des PP qui leur apportent de l'eau potable propre et des moyens d'irrigation permettant de cultiver des légumes grâce à un système de canalisations.

La consultation de ces hommes et de ces femmes a porté sur la définition et la sélection des problèmes et besoins liés à ces projets. Le technicien en irrigation de l'initiative SIMI a consulté les participants des deux sexes pendant les activités de planification et d'aménagement. Les hommes et les femmes ont participé à la construction. On a constaté que la plupart des hommes participaient à la planification et aux décisions alors que les femmes intervenaient surtout dans la mise en œuvre. Les discussions organisées dans les différents groupes de PP ont révélé une séparation du travail entre hommes et femmes. Les hommes se sont surtout occupés de casser des pierres et de construire des murs tandis que les femmes transportaient le sable et les pierres. Les six groupes effectuent régulièrement les travaux d'exploitation et d'entretien, une fois par mois. Les femmes nettoient l'ouvrage de captage et le réservoir d'eau. Les techniques d'entretien et de réparation, comme la plomberie, n'ont été enseignées qu'aux hommes.

La participation active est une condition préalable à la responsabilisation et au développement d'un réel sentiment d'appropriation. Par conséquent, pour évaluer la qualité de la participation des hommes et des femmes aux programmes et à l'organisation, on a demandé aux participants de situer le niveau d'intervention des femmes: a) bénéficiaires passives; b) participant aux travaux planifiés par d'autres; c) proposant des suggestions sur les besoins et problèmes; et d) participant aux décisions et à la planification. La plupart des femmes ont répondu qu'elles participaient en tant que bénéficiaires passives ou aux travaux planifiés par d'autres. Certaines femmes ont contribué aux propositions de suggestions sur les besoins et problèmes. Très peu se sont engagées activement dans le processus de prise de décision.

Les femmes des communautés se sont montrées positives concernant l'accès à l'eau, puisqu'il réduit considérablement le temps nécessaire pour aller chercher de l'eau. L'apparition des PP leur a permis d'économiser deux à trois heures selon la taille de la famille et la distance du point d'eau.

Grâce aux volumes d'eau disponibles pour l'irrigation, les activités agricoles ont augmenté et les femmes ont du temps pour la culture des légumes, qui permet aussi de gagner de l'argent. Elles sont toutefois tellement occupées par leurs activités agricoles, en plus des tâches ménagères, qu'elles ont moins de temps libre qu'avant.

Le niveau de revenu des communautés a augmenté avec l'apparition des PP. Les femmes, toutefois, ont moins accès à l'argent liquide et ne contrôlent pas leurs propres gains. Les choses sont différentes pour les ménages dirigés par une femme. Le graphique suivant montre les revenus des ménages.

Les hommes et les femmes ont reçu une formation sur divers aspects de la culture des légumes. Certaines femmes ont déclaré que la formation avait augmenté leur confiance en elles-mêmes.

On a constaté que la mobilité des femmes avait augmenté parce qu'elles devaient de temps en temps participer à des réunions en l'absence des hommes et aussi se rendre dans les marchés pour vendre leurs légumes.

La consommation de légumes dans les ménages a augmenté et cela devrait certainement contribuer à améliorer la santé de leurs membres.

Conclusions

La participation des femmes a augmenté dans les groupes de PP mais le nombre de femmes y détenant des rôles de décideurs est très faible. Bien que les femmes aient tiré avantage de ces projets, des efforts supplémentaires seront nécessaires pour parvenir à un meilleur équilibre entre les sexes, qui se manifesterait par une plus grande participation des femmes à la prise de décisions. Cela aurait un effet positif sur le développement institutionnel au niveau local.

Pour obtenir de plus amples
renseignements, contacter
Dhruba Pant: [email protected]
et Sabita Dhakhwa Shakya:
[email protected]

Le cas d'une participante
Chuya Aryal vit à Senapuk Pelakot VDC 9, dans le district de Syangja. Elle a deux filles et deux fils et vit dans une famille étendue de douze membres. Son mari possède un petit magasin dans le marché de Galyang. Elle a suivi l'école jusqu'en classe de cinquième. Elle a été heureuse de disposer d'eau potable et de moyens d'irrigation grâce à l'initiative SIMI. Avant, elle devait passer deux à trois heures par jour à aller chercher l'eau nécessaire aux besoins domestiques et à ceux du bétail. Elle peut maintenant utiliser le temps ainsi économisé de manière productive. En tant que membre d'un groupe de PP, elle a reçu une formation sur la culture des légumes et commencé à en faire pousser. Alors qu'auparavant sa famille achetait les légumes qu'elle consommait, maintenant elle dispose tout le temps de légumes frais. Chuya va elle-même au marché vendre ses légumes, et a gagné 5 000 Nr sur une saison en vendant sa production de concombres et 8 000 Nr sur une autre saison. Ces revenus contribuent à acheter les articles de papeterie et les repas de ses enfants pour l'école. Lorsqu'on lui demande qui dispose de l'argent et qui contrôle les revenus, elle déclare devoir donner l'argent gagné avec la vente des légumes à son mari ou à son beau-père, et que parfois sa famille la consulte sur les dépenses mais qu'elle n'a aucun contrôle sur les revenus.

Structure des revenus avant et après l'apparition des PP (roupies népalaises, Nr)Source: Étude sur le terrain 2005
1 $EU = 70 Nr

Diffusion et adoption de la pompe à pédales en Afrique de l'Ouest: rendement, problèmes et perspectives

Introduction

En Afrique de l'Ouest, comme dans de nombreuses autres régions du continent, l'irrégularité des précipitations, au cours de l'année comme entre les différentes années, a créé chez les producteurs des zones d'agriculture pluviale un climat d'incertitude et fait ressortir la nécessité de recourir à l'irrigation. Les moyens traditionnels employés pour l'élévation de l'eau, soit le seau et la corde, sont insuffisants pour atteindre le niveau d'efficacité requis. C'est pourquoi l'ONG EW (Enterprise Works) a fait adopter la pompe à pédales dans la sous-région. La pompe à pédales est une pompe actionnée par l'homme pour de faibles élévations mais des débits importants, conçue pour irriguer un hectare de terres agricoles. Son coût est faible par rapport à celui des pompes motorisées et devrait être accessible aux agriculteurs de tous les niveaux de revenus qui constituent plus de 60 pour cent de la population rurale de la sous-région.

Stratégies de fabrication, de commercialisation et d'incitation à l'utilisation des pompes à pédales en Afrique de l'Ouest

Enterprise Works a commencé à encourager l'utilisation des pompes à pédales en Afrique de l'Ouest au début des années 1990. Leur diffusion a démarré en 1995 au Sénégal et au Mali et vers la fin de 1996, leur production avait atteint respectivement 1 900 et 600 pompes. EW intervient également au Ghana, au Niger, en Guinée-Bissau, au Bénin, en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso. Les pompes d'EW s'inspirent du modèle utilisé au Bangladesh modifié au niveau du refoulement sous pression. Les pompes à pédales ont essentiellement été fabriquées par des fabricants locaux formés et disposant d'ateliers fonctionnels. EW donne un appui initial au démarrage, tel qu'une formation, veille au contrôle de la qualité et offre une compétence publicitaire, une stratégie de commercialisation et un service après-vente pour améliorer la satisfaction de la clientèle et la viabilité de la fabrication.

Utilisation d'une pompe à pédales à Lomé, Togo

La stratégie de promotion et de commercialisation d'EW est semblable à celle des entreprises privées et utilise la radio, la télévision et des démonstrations sur les marchés ou les lieux d'utilisation pour diffuser les produits. On trouve aussi couramment des ventes organisées avec le concours d'un agriculteur; dans ce cas, on encourage un exploitant qui a déjà adopté la pompe à pédales à promouvoir la technologie auprès de ses voisins en échange d'une commission de vente réglée par le fabricant. EW incite les bénéficiaires à acheter ces pompes directement chez les fabricants ou représentants commerciaux locaux à des prix non subventionnés, sans intervention du projet. Cette stratégie de commercialisation s'est avérée efficace, comme en témoigne l'augmentation du nombre de participants économiques (définis en tant que fabricants, représentants commerciaux et agriculteurs).

Nombre de participants économiques à la vente de pompes à pédales en Afrique de l'Ouest

Pays200220032004
Bénin4 3835 0434 486
Burkina Faso4 3716 8509 074
Ghana29311 701
Mali7 8498 9095 139
Niger3 4352 3092 259
Sénégal2 6291 9721 479

Source: EW (2004)

Parmi les facteurs qui ont pesé sur l'adoption de cette technologie, comme le révèle une récente étude menée par l'IWMI au Ghana, figurent la diminution du travail pénible (59 pour cent), la réduction du temps passé à l'irrigation (49 pour cent), l'augmentation de la taille des exploitations (31 pour cent), le fait qu'aucun combustible ne soit nécessaire (29 pour cent) et le prix abordable (8 pour cent) (voir figure). Les raisons indiquées par les personnes qui n'ont pas adopté la pompe à pédales sont: le prix trop élevé (58 pour cent), la forte intensité de main d'oeuvre requise (31 pour cent), le fait que la technologie n'est pas adaptée à la culture de grandes superficies (19 pour cent), le manque d'information (15 pour cent) et le manque de fiabilité des ressources en eau (4 pour cent).

Facteurs stimulant l'adoption
des pompes à pédales

Répercussions de l'adoption des pompes à pédales

A l'heure actuelle, des milliers de pompes à pédales sont utilisées par les petits exploitants agricoles d'Afrique de l'Ouest. Le nombre de pompes vendues dans la sous-région a atteint le chiffre de 8 469, avec un revenu annuel de 349 dollars EU par pompe et un bénéfice économique global de 20,9 millions de dollars EU.

Plusieurs études ont mis en évidence l'augmentation appréciable de la taille des exploitations grâce à l'adoption de la pompe à pédales. Campbell et Lyman (2000) ont signalé une augmentation de 130 à plus de 200 pour cent. Au Sénégal, la taille des exploitations a augmenté de 40 pour cent et le temps consacré à l'irrigation a diminué de presque douze heures-personnes par jour à environ quatre heures-personnes par jour (Perry, 1997). Au Ghana, on a relevé une diminution de 34 pour cent du nombre total d'heures consacrées à l'irrigation après l'adoption de la technologie (Kamara et al, 2004). Au Niger, c'est une diminution de 23 pour cent du temps de travail qui a été observée pour les adultes (hommes et femmes), et de 25 et 29 pour cent pour les jeunes hommes et femmes respectivement (Naugle, 2000). Dans l'ensemble, la pompe à pédales a eu un impact très positif sur l'amélioration de l'efficacité d'emploi de la main d'oeuvre.

Pompe de rivière modifiée par IDE, Zambie.

L'évaluation d'EW a constaté que les revenus des agriculteurs avaient doublé en raison des économies de main d'oeuvre, de l'agrandissement des exploitations et des économies d'échelle (Enterprise Works, 2004). Pour environ 50 à 100 dollars EU par unité, la pompe à pédales aide les agriculteurs à augmenter les revenus annuels dégagés par la production végétale. L'augmentation de la taille des parcelles irriguées et les meilleurs rendements ont permis aux maraîchers sénégalais d'obtenir un accroissement de leurs revenus annuels nets de 850 dollars EU, ce qui représente un rendement de 750 pour cent de l'investissement d'origine de 100 dollars EU dans l'achat de la pompe à pédales. Au Niger, une étude récente menée par l'Agence nigérienne de promotion de l'irrigation privée (ANPIP) montre qu'avec l'utilisation de la pompe à pédales, les superficies consacrées à la culture des légumes ont plus que doublé et que les revenus annuels nets des petits exploitants agricoles ont été multipliés par un facteur de 2,5, passant de 232 à 594 dollars EU. En général, on a constaté une augmentation des revenus annuels nets des exploitants agricoles utilisant la pompe à pédales de 230 à 780 dollars EU (Enterprise Works, 2004).

Défis, perspectives et suggestions pour la viabilité de l'utilisation de la pompe à pédales

EW a cessé ses activités d'incitation à l'utilisation de cette technologie dans de nombreux pays d'Afrique de l'Ouest et il s'est avéré difficile de maintenir les bons résultats obtenus dans quelques-uns de ces pays. Une récente étude menée au Ghana met en évidence les problèmes suivants: baisse des ventes de pompes à pédales à la fin du projet d'EW, manque de compétences des agriculteurs pour effectuer les petites réparations nécessaires sur les pompes, incapacité à entretenir correctement le matériel après l'achat et faible niveau d'information dans certains districts.

La vente de pompes à pédales présente pourtant un potentiel certain, comme le montrent les records d'augmentation des ventes réalisés pendant la période d'activité d'EW. De plus, il est possible de se procurer localement le matériel nécessaire à la fabrication de ces pompes. Les agriculteurs ont exprimé leur volonté d'adopter cette technologie, mais souhaiteraient que l'entretien du matériel soit assuré. Il faudrait donc, pour maintenir les bons résultats obtenus, améliorer le service après-vente et mettre en place un organisme de coordination doté d'un programme à plus long terme, comme AproTEC en Afrique de l'Est.

Pour obtenir de plus amples renseignements, contacter le Dr. Boubacar Barry; [email protected]; Dr. Adesola Olaleye [email protected]; Dr. Adetola Adeoti [email protected]


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