Les volumes d'eaux usées industrielles et municipales évacués dans les eaux de surface sont de plus en plus importants et la nécessité de traiter les eaux usées et de contrôler la qualité des eaux se fait de plus en plus sentir pour protéger l'environnement et la santé humaine. L'optimisation des systèmes et normes municipaux pour préserver l'environnement et la qualité des eaux destinées à être réutilisées est un sujet majeur de préoccupation pour les planificateurs et décideurs œuvrant dans le domaine des ressources en eau. Il faut mettre en place un système de contrôle très complet pour garantir le traitement adéquat des eaux usées et la prévention des dégradations à l'environnement. En outre, tout projet utilisant des eaux usées traitées nécessite des opérations de contrôle et d'évaluation, qui doivent faire partie intégrante, de manière permanente, de l'exploitation et de la gestion.
Les méthodes de contrôle des systèmes d'irrigation sont encore plus poussées que celles des systèmes qui rejettent les eaux usées dans les cours d'eau en raison du critère de réutilisation qu'elles intègrent. Le programme de contrôle des sites d'irrigation a pour objectif de permettre la détection précoce des problèmes pour rectifier le fonctionnement d'une usine de traitement et éviter ainsi la pollution des eaux souterraines ou de surface et les problèmes sanitaires. Certains aspects du contrôle visent à protéger la santé publique et l'environnement: ces activités interviennent pour bien faire à quatre points du système de contrôle du site d'irrigation: 1) sur les effluents de l'usine de traitement; 2) à l'entreposage; 3) sur le système d'irrigation; 4) dans les zones où les eaux s'écoulent, telles que les sols, la végétation et les eaux souterraines. Un plan intégré de gestion devrait respecter la réglementation et comprendre les installations et la documentation de contrôle telles que l'échantillonnage, l'analyse et la comparabilité des données.
Les systèmes d'irrigation et le contrôle du milieu ambiant (débit final)
Le contrôle intégré de la qualité des effluents traités réutilisés pour l'irrigation a une incidence sur l'impact des composants des eaux usées traitées sur les sols, les eaux souterraines, les cultures et les éventuelles voies de pénétration dans les animaux et les humains qui consomment des cultures irriguées par des eaux usées traitées. Le contrôle de la qualité d'un système intégré vise à garantir que les eaux usées fournies répondent aux exigences sanitaires, agronomiques et écologiques pour la qualité correspondant aux cultures choisies. L'aménagement agricole, dont la sélection et la rotation des cultures, et les modes d'ensemencement doivent être pris en considération dans la définition des plans de contrôle et d'évaluation. Le contrôle des produits à la ferme ou au marché est aussi une étape importante de la vérification de l'efficacité des critères sanitaires fixés par l'OMS. Des tests devraient rechercher dans les produits la présence de colibacilles, d'organismes coliformes thermotolérants et d'autres agents pathogènes tels que les oeufs d'ascarides ou les rotavirus. La teneur en métaux ou produits chimiques comme l'arsenic, le cadmium, le nickel, etc., et en autres éléments potentiellement toxiques devrait être conforme aux normes du Codex Alimentarius et aux limites fixées pour la sécurité sanitaire.
En outre, le contrôle et l'évaluation sont également liés aux aspects environnementaux de l'utilisation des eaux usées dans l'agriculture, tels que la salinisation des sols de surface et la contamination des eaux souterraines et des eaux du drainage de surface qui se jettent dans les rivières. Parmi les paramètres contrôlés figurent le débit et la composition chimique des effluents, le niveau et la composition chimique des eaux souterraines profondes et peu profondes, la composition chimique des eaux de surface, la distribution des sels dans le profil pédologique, la teneur des sols en métaux lourds et le rendement des cultures. Les programmes de contrôle devraient idéalement examiner aussi les besoins en drainage et en engrais et le système sol-végétaux, et inclure la mise à jour d'une base de données technologiques pour déterminer l'impact de l'application des effluents sur l'environnement.
Les paragraphes suivants présentent, pour le domaine de l'irrigation, quelques paramètres chimiques généraux de la qualité que les agriculteurs pourraient contrôler régulièrement ou périodiquement, ou que les responsables pourraient vérifier pour les agriculteurs (FAO 2003):
Charge en sel ou ECw = Conductivité électrique exprimée en unités de dS/m mesurées à 25°C. C'est l'un des paramètres les plus couramment mesurés, en particulier dans les régions arides et semi-arides, pour estimer la quantité totale de sels solubles dans l'eau. La salinité est probablement le paramètre le plus important, qui détermine les systèmes de culture et la gestion des champs irrigués avec des eaux usées.
Ions positifs et négatifs (Ca, Mg, Na, CO3, HCO3, SO4, Cl). Certains de ces ions peuvent être contrôlés au début, puis périodiquement.
Certains autres ions comme le bore (B) doivent être régulièrement contrôlés dans les zones où les détergents contenant du bore sont très utilisés. La présence de bore dans les eaux usées peut être la principale restriction à leur réutilisation pour l'irrigation.
Le rapport d'adsorption du sodium est l'index le plus couramment utilisé pour mesurer les modifications physico-chimiques dans les sols:
SAR = Na/[(Ca+Mg)/2]1/2
où les concentrations ioniques sont exprimées en meq/l.
Les métaux lourds et les éléments traces (Al, As, Ba, Cd, Cr, Cu, Fe, Pb, Li, Mn, Hg, Ni, Se) doivent être vérifiés au moins une fois avant la première irrigation.
Gestion efficace à des niveaux adéquats
La responsabilité du contrôle général de la qualité des eaux usées était auparavant confiée aux instances gouvernementales sans que les agriculteurs, qui sont pourtant directement sur les sites de réutilisation, participent beaucoup au processus. La qualité dépend du traitement lui-même, de l'entretien et de l'exploitation du système de traitement et de la qualité du personnel en charge à l'usine de traitement. Une formation restreinte, à base de tests visuels ou simples, a toutefois été mise en oeuvre pour les agriculteurs, mais elle pourrait s'avérer très utile pour évaluer la qualité des eaux usées avant l'irrigation. Les agriculteurs pourraient recevoir une formation portant sur l'aspect des eaux usées dans lesquelles la présence d'un développement d'algues ou la couleur pourraient indiquer qu'elles contiennent des produits chimiques et des éléments nutritifs, et dont l'odeur pourrait révéler une insuffisance du traitement. Pour les agriculteurs, le droit d'avoir accès à l'information sur la qualité de l'eau et le type d'eau récupérée et traitée qu'on leur fournit est un aspect important des plans globaux de contrôle et d'analyse des données.
Activités de la FAO
L' Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) offre aux pays avec lesquels elle travaille une assistance technique sur la gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) et l'utilisation sans risque des eaux récupérées, sur la prévention de la pollution de l'environnement pour la protection de la santé et des écosystèmes, et sur la collecte et le contrôle des données à l'échelle internationale.
La FAO a mis au point une base de données sur les eaux usées
(http://www.fao.org/landwater/aglw/waterquality/dboverview.stm) à partir des réseaux reconnus, qui présente des informations sur la production, le traitement et la réutilisation des eaux usées, ainsi que les renseignements d'ordre économique fournis par les Etats membres. La FAO offre aussi aux pays un appui direct, par divers mécanismes, sur le traitement et la réutilisation des eaux usées, avec pour principal objectif d'améliorer l'efficacité de l'utilisation des eaux pour la production agricole en assurant un traitement adéquat des effluents d'eaux usées employés pour l'irrigation. La FAO s'est également engagée dans les fermes-écoles pour former les agriculteurs à la réutilisation sans risque des eaux usées traitées pour l'irrigation et au contrôle de la qualité des eaux, et dans la rédaction de manuels sur la réutilisation sans risque des eaux usées traitées pour l'irrigation.
En résumé, l'aggravation de la pénurie d'eau et des problèmes de pollution a fait que les enjeux internationaux portant sur les bassins transfrontaliers et la pertinence de la planification et de la gestion des ressources en eau, et notamment du développement de l'irrigation, ont pris de plus en plus d'importance. Il est impossible d'appréhender l'ampleur réelle de ces problèmes sans un système de contrôle adéquat. Plusieurs initiatives internationales visent à mettre en place un cadre intégré permettant d'aborder avec une vigueur nouvelle les questions liées à l'eau, à l'agriculture et à l'environnement ainsi qu'à l'activité économique et sociale et au développement. Pour réaliser les améliorations souhaitables permettant d'envisager un avenir durable, une vraie volonté à tous les niveaux du spectre politique et économique est indispensable, ainsi que la participation de partenaires multilatéraux.
Pour obtenir de plus amples renseignements, contacter Sasha Koo-Oshima, Spécialiste de la qualité des eaux et de l'environnement. [email protected]
Introduction
Le gouvernement de la Colombie a développé environ 600 petits périmètres irrigués au bénéfice de 24 000 familles de petits agriculteurs sur une superficie d'environ 40 000 hectares. La mise en oeuvre de cette infrastructure fait partie d'une stratégie de développement rural, connue sous le nom de programme national pour la petite irrigation (Programa Nacional de Pequeña Irrigación) et appuyée par la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement.
L'absence de méthodes d'évaluation faisant intervenir les communautés participant au projet interdit d'apprécier les avantages des nouvelles infrastructures ou les éventuels dommages qu'elles ont pu entraîner par l'analyse de leurs effets et répercussions. En général, les évaluations ne prennent en considération que les aspects institutionnels, techniques ou économiques et ne tiennent pas compte de l'avis des utilisateurs de ces périmètres. Une méthode alternative a été proposée par Castro et Chaves (1994) pour analyser une étude de cas en Colombie: le périmètre irrigué d'Albesa dans le département de Cundinamarca.
Méthodes
La méthode proposée est fondée sur les éléments suivants:
La reconstruction analytique du problème à partir, entre autres, des éléments suivants: i) l'identification et la caractérisation des acteurs engagés; ii) la définition du problème essentiel à l'origine du projet; iii) la détermination des descripteurs du projet et iv) l'élaboration du diagramme analytique et opérationnel du problème.
L'évaluation de la cohérence interne du projet, y compris: i) l'examen des études de faisabilité et de la conception du projet; ii) l'appréciation du développement et de la réalisation des objectifs généraux et spécifiques; et iii) l'identification des populations participantes et de la sphère sociale représentée.
L'évaluation de la gestion et de l'efficience du projet, par le biais de: i) l'analyse de la concordance entre les raisons supposées du diagnostic et les descripteurs du problème; et ii) l'analyse de la concordance entre les multiples facteurs en jeu et les objectifs spécifiques du projet.
Tableau 1. Résultats du projet par rapport aux objectifs et à l'exploitation (en pesos colombiens)
Objectif spécifique | Objectif initial | Objectif final | Efficacité * | Calendrier initial | Calendrier final | Ressources prévues | Ressources finales | Efficacité ** |
Superficie | 250 ha | 253 ha | 1.01 | 18 mois | 54 mois | 471 mill. | 471 mill. | 0.33 |
Familles | 181 | 175 | 0.96 | 18 mois | 54 mois | 471 mill. | 471 mill. | 0.33 |
Travaux | 250 prises | 280 | 1.12 | 3 mois | 5 mois | 50 mill. | 50 mill. | 0.67 |
Exploitation | Objectif initial | Objectif final | Efficacité * | Calendrier initial | Calendrier final | Ressources prévues | Ressources finales | Efficacité ** |
Etudes et conception | Rapport | Rapport | 1.0 | 8 mois | 8 mois | 12.3 mill. | 12.3 mill. | 1.0 |
Construction | 1 périmètre | 1 périmètre | 1.0 | 10 mois | 40 mois | 359.2 mill. | 359.2 mill. | 0.25 |
Formation pour l'exploitation | 1 cours de formation | 1 cours de formation | 1.0 | 60 mois | 120 mois | 0.5 mill. | 0.5 mill. | 0.5 |
* efficacité = objectif final/objectif initial
** efficacité = calendrier initial/calendrier final
1 $EU = 2 350 pesos colombiens (2004)
Tableau 2. Quelques effets des activités opérationnelles du projet
Effets | Indicateurs | Sans le projet | Avec le projet | Type d'effet | Facteurs d'incidence attribués au projet |
1. Qualité de vie | |||||
Eau potable, électricité, téléphone | % d'application | 70 | 95 | Social | Augmentation des revenus |
Qualité de l'environnement | Bonne, moyenne, faible | Moyenne | Moyenne | Environnemental | Problèmes diversifiés |
2. Production de revenus supplémentaires | |||||
Haricots | Nombre de jours de travail | 167 | 219 | Économique | Plus d'emplois |
Oignons | Nombre de jours de travail | 181 | 243 | Économique | Plus d'emplois |
Pois | Nombre de jours de travail | 120 | 156 | Économique | Plus d'emplois |
3. Changements technologiques | |||||
Production | Type | Culture sèche traditionnelle | Irrigation technologique | Technologique | Effet du projet |
Haricots | t/ha | 15.0 | 20.0 | Technologique | Effet du projet |
Oignons | t/ha | 13.5 | 20.0 | Technologique | Effet du projet |
Pois | t/ha | 5.3 | 8.0 | Technologique | Effet du projet |
Tableau 3. Quelques exemples des répercussions du projet
Répercussions | Facteurs d'incidence | Indicateurs | Type d'impact | Notes |
1. Sur les utilisateurs | Bien-être | 100% favorables | Social | Le projet a amené des changements |
Création d'emplois ruraux | 50 nouveaux jours de travail/ha/an | Les travaux intensifs nécessitent plus d'employés | ||
2. Productivité agricole | Gestion d'une culture intensive | Technologique | Evolution de la culture sèche à l'irrigation | |
Augmentation des rendements | Augmentation de 30% des rendements | Risques pour l'environnement dus à l'utilisation de produits agrochimiques | ||
Utilisation intensive des sols | 3 récoltes /an | Pratiques de conservation nécessaires | ||
3. Création de valeur ajoutée | 80% d'efficacité dans les opérations | Économique | Le projet a produit de la valeur ajoutée | |
Offre de produits augmentée et diversifiée | 5 nouveaux produits offerts | L'oignon est la culture la plus importante | ||
Augmentation de la valeur des terres | Augmentation de plus de 100% | Augmentation de la valeur des terres due à l'eau disponible | ||
4. Objectifs du programme national pour la petite irrigation | Exploitation dans les périmètres par les utilisateurs | Institutionnel | Objectifs remplis | |
Les agriculteurs restent sur leurs terres | Aucune migration vers la ville | Social et culturel | Interaction avec la ville plutôt que migration | |
Réduction du déficit hydrique | Volume d'eau 100 l/sec | Technique | Pas de dépendance par rapport aux précipitations |
La reconstruction du problème qui était à l'origine du projet a indiqué, entre autres, les facteurs d'incidence suivants: faibles revenus des agriculteurs; déracinement et migration des familles des zones rurales; extrême inefficacité de la commercialisation; pénurie d'eau d'irrigation; et insuffisances des agro-écosystèmes productifs.
La cohérence interne du projet a été déterminée par la corrélation entre les raisons du diagnostic, le développement et les objectifs spécifiques.
En ce qui concerne l'évaluation de la gestion et de l'efficience du projet, les descripteurs et les raisons du diagnostic ont présenté un rapport d'incidence moyen. Les raisons supposées du diagnostic présentant le principal niveau de concordance étaient les initiatives des responsables pour la réalisation du projet, l'existence d'organisations communautaires soutenant le projet, et l'appui du programme national pour la petite irrigation et du projet de développement rural intégré (Proyecto de Desarrollo Rural Integrado). A l'inverse, la pénurie de ressources en eau, la faible productivité des sols et la faiblesse des revenus sont les facteurs critiques les plus souvent liés à l'exploitation du projet.
Evaluation des résultats
La collecte de l'information s'est faite sur 45 journées de travail. Les résultats sont résumés dans les tableaux suivants selon les différents éléments considérés dans les exercices d'évaluation, soit les objectifs, l'exploitation, les effets et les répercussions.
Conclusions et recommandations
L'objectif général du projet était d'évaluer de manière participative les effets et répercussions de la construction et du travail sur le périmètre de petite irrigation d'Albesa. L'évaluation s'est faite par l'application de méthodes adaptées. Pour évaluer le projet, on a comparé la situation «sans» et «avec» le projet, ce qui a permis de déterminer les effets reconnus par les indicateurs sélectionnés au préalable. Des informations supplémentaires ont été obtenues pour définir les répercussions liées aux objectifs de la participation de l'institution au programme national d'adéquation des terres.
Les résultats du projet par objectifs spécifiques indiquent qu'ils ont été remplis en ce qui concerne les superficies touchées, le nombre de familles bénéficiaires et les ouvrages construits. C'est dans l'utilisation des ressources et dans les délais qu'une certaine inefficacité a été constatée. Il y aussi eu une grande efficacité dans la réalisation des objectifs de formation opérationnelle, et en particulier dans les ateliers, mais de l'inefficience dans les activités de formation prévues pour les questions organisationnelles.
Pour ce qui est de l'exploitation, les activités les plus efficaces ont été celles liées aux études initiales et à la conception, qui ont été totalement satisfaisantes. Les moins efficaces se sont rapportées au calendrier de construction des ouvrages, dont l'installation des prises, à la détermination des familles d'effectuer les améliorations nécessaires et à leur participation financière pour finaliser les travaux de distribution d'eau à l'échelle des exploitations.
Les effets les plus positifs et évidents du projet ont été la création de nouveaux emplois, la mise en application de changements technologiques, la modification des rapports commerciaux et le renforcement organisationnel. Aucun effet négatif n'a été constaté.
Au niveau des recommandations, il faut souligner que la participation des utilisateurs à toutes les phases du projet est fondamentale pour que les communautés agricoles s'approprient le système d'irrigation et le territoire, ce qui montre la valeur des travaux collectifs effectués pour leur développement. La perspective institutionnelle de l'adéquation des terres devrait incorporer des considérations anthropologiques permettant d'envisager l'agriculture irriguée de manière plus intégrée et pouvoir définir des politiques plus cohérentes qui cadrent avec la réalité sociale du projet.
Pour obtenir de plus amples renseignements, contacter Alvaro Bocanumenth P.: [email protected]
Le site Web CapDevWater : http://www.fao.org/landandwater/cdwa