Le projet a été exécuté conformément au plan de travail mentionné, mais le calendrier n'a pas été totalement respecté.
Après s'être familiarisée avec le projet pendant un certain temps, l'équipe du DGIS a exprimé comme suit son opinion sur l'exécution du projet par rapport aux objectifs fixés:
Une écloserie a été créée et des bassins expérimentaux ont été mis à la disposition du projet. Le filtre de sable, tel qu'il a été construit, s'est révélé plus utile comme filtre de décantation. L'écloserie est bien équipée et bien entretenue.
En ce qui concerne les résultats du plan de recherche tel qu'il a été exécuté jusqu'à maintenant, on peut faire les observations suivantes:
On a mené à bien la reproduction régulière de C. lazera et démontré que le potentiel de production de l'écloserie pouvait atteindre quelque 200 000 alevins par cycle de reproduction.
On a pu répéter la reproduction pendant toute l'année. Dans ce contexte il est intéressant de mentionner que les adultes élevés en bassin ont un cycle annuel de maturation, mais que ce cycle disparaît si on les laisse dans l'écloserie pendant une longue période afin d'obtenir de 8 à 10 cycles de reproduction par an.
L'élevage d'alevins a été effectué aussi bien en écloserie qu'en bassins et a donné des résultats qui sont en moyenne quelque peu inférieurs à ceux obtenus en laboratoire à l'Université agricole de Wageningen, mais qui doivent être néanmoins considérés comme prometteurs et tout à fait acceptables. Des essais de production d'alevins effectués dans les bassins de recherche ont montré que l'on peut atteindre une capacité de production de quelque 15 tonnes par hectare et par an.
On s'est beaucoup intéressé au remplacement d'Artemia salina dans le régime alimentaire des larves de poissons mais jusqu'ici il s'est avéré difficile. Toutefois, des calculs ont prouvé que les coûts d'Artemia ne sont que de 1,2–1,5 FCFA 1 par alevin obtenu, ce qui, sur la base des disponibilités actuelles d'Artemia sur le marché mondial, incite à continuer d'utiliser Artemia plutôt que de chercher à les remplacer.
Grâce à des études sur les sous-produits de l'agriculture et la transformation des produits agricoles disponibles localement, on a pu mettre au point des composés alimentaires pour l'élevage de C. lazera en bassin (aliments supplémentaires) et en écloserie (régimes alimentaires complets). Jusqu'ici la production d'alevins en écloserie a fait appel à des produits alimentaires importés spéciaux mais étant donné la quantité limitée nécessaire, il est douteux qu'il vaille la peine de chercher des produits de remplacement, bien qu'il soit intéressant d'essayer de réduire encore cette quantité.
1 Change: US$ 1, 00 = FCFA 370 (juin 1983)
On a mis au point, à l'intention de l'aquaculture rurale, un composé alimentaire dont les ingrédients ne coûtent que 45 FCFA alors que le taux relatif de conversion des aliments est d'environ 1, 5. Ce résultat doit être considéré comme très satisfaisant, notamment si l'on considére qu'en utilisant ces produits on a pu obtenir dans les bassins expérimentaux une production annuelle d'environ 7 tonnes par hectare. Ce potentiel de production soutient favorablement la comparaison avec la production normale de la pisciculture artisanale en République centrafricaine, cette dernière - composée essentiellement de tilapias - étant de plus ou moins 2 tonnes par hectare et par an.
Certains produits alimentaires à forte valeur nutritive ont permis d'obtenir une production de 16 à 17 tonnes par an, mais on considere qu'ils ne sont utilisables qu'à long terme, une fois que la commercialisation de Clarias sera bien établie.
Les composantes “recherche aquacole” des objectifs du projet ont été réalisées dans une large mesure mais il faut souligner que ces résultats ont été obtenus dans des conditions difficiles, ce qui est dans la nature d'un projet de développement. La continuité et la répétition de l'effort lui donneront un caractère plus routinier.
En collaboration avec les experts du projet CAF/80/002, quelques idées préliminaires ont été formulées en vue de l'établissement d'une politique de distribution d'alevins de C. lazera. D'ici un mois, quelques expériences pilotes conçues comme un “programme de crédit” auquel participeront quelques pisciculteurs artisanaux, seront effectuées mais l'on estime que cet objectif ne sera pas atteint de façon satisfaisante avant la fin du projet (voir également paragraphe 3.2).
La formation du personnel de contrepartie a été organisée mais elle est compromise par le fait que ce personnel n'a été affecté au projet que tard et irrégulièrement. Malgré ces circonstances la situation actuelle est la suivante:
La formation de l'homologue (M. B. Ndodet, qui étudie actuellement à l'Université agricole de Wageningen) est bien avancée et il sera en mesure de diriger l'écloserie quelque temps après son retour sur le lieu du projet (voir également annexe 3). Il est recommandé ici que M. Ndodet vive sur le lieu du projet après son retour des Pays-Bas afin d'être disponible immédiatement en cas d'urgence dans l'écloserie.
Le seul moniteur disponible s'est révélé très capable et enthousiaste. Il a malheureusement dû interrompre son travail pendant quelques mois en raison d'un accident de voiture. Un second moniteur prévu dans le plan d'opérations n'a pas encore été affecté au projet par manque de fonds.
Trois agents spécialisés ont été formés dans l'écloserie et sont maintenant en mesure de mener à bien la reproduction de Clarias, d'entretenir l'écloserie et de préparer les aliments nécessaires. Ces travailleurs sont payés par le projet.
Deux ouvriers chargés d'entretenir les bassins expérimentaux et de se livrer à d'autres activités logistiques travaillent bien et sont également payés par le projet.
Trois veilleurs de nuit (écloserie, bassins, maison d'hôte) sont également payés par le projet.
Des notes techniques sur les résultats obtenus dans le projet sont en préparation et seront distribuées à d'autres agents et à d'autres centres sur le terrain qui s'intéressent au progrès de la pisciculture dans les pays en développement.
Comme on l'a mentionné précédemment, la vulgarisation de l'élevage de Clarias au niveau artisanal devrait débuter en juillet 1983. Ceci reste l'objectif à long terme pour la réalisation duquel il faudra de 1 à 2 ans.
Puisque la recherche effectuée jusqu'ici a donné des résultats à la fois intéressants et prometteurs en réussissant à résoudre des problèmes qui jusqu'ici compromettaient l'élevage de Clarias dans la région Centrafrique, on estime que la façon dont le projet est exécute correspond aux objectifs fondamentaux du programme d'enseignement et de recherche du Gouvernement néerlandais.
Sur la base des résultats obtenus à l'heure actuelle, on espère que, dans un avenir assez proche, le personnel formé sera en mesure d'exécuter le travail sans la supervision d'un expert extérieur.
Les possibilités d'élevage de C. lazera en tant qu'espèce propre à l'aquaculture ont été établies dans des conditions locales - bien qu'à une échelle limitée, et dans des conditions contrôlées - et la réalisation de ce potentiel dans la pisciculture rurale est en cours.
Le projet a souffert des contraintes suivantes bien qu'il faille souligner que ces contraintes ont pesé sur l'avancement du projet plutôt que sur le projet lui-même.
a) Retard
L'électrification et la remise en état des bassins expérimentaux ont demandé plus de temps que prévu, de sorte que les activités de pisciculture proprement dite n'ont pu commencer qu'en août 1981.
En outre, une sécheresse exceptionnelle a sévi pendant les premiers mois de 1983. En fait, le pays a connu la saison la plus sèche depuis 1916 selon les statistiques locales. Les résultats ont été désastreux pour les progrès de la recherche en écloserie et comme la recherche dans les bassins de pisciculture ne peut se faire qu'avec des larves et des alevins produits en écloserie, ce programme a également souffert.
b) Contribution du personnel de contrepartie
Comme on l'a déjà mentionné et signalé dans les rapports semestriels, le Gouvernement de la République centrafricaine n'a fourni le personnel de contrepartie qu'irrégulièrement et à un stade très avancé du projet. Ceci tient,
d'une part au manque général de fonds mais aussi au fait que des postes analogues dans d'autres disciplines (chasse, fonctionnaires de projets des pêches, etc.) comportent plus d'avantages.
c) Formation
L'une des contraintes importantes est que le projet doit former lui-même tout le personnel à tous les niveaux dans toute la gamme d'activités, ce qui a considérablement surchargé l'expert chargé du projet et compromis l'avencement de ce dernier. On estime également qu'il a fallu un certain temps au début pour que l'expert passe de la recherche en laboratoire à la recherche appliquée sur le terrain mais au stade actuel du projet on ne peut que le complimenter pour ses réalisations et la façon dont il a obtenu ces résultats.
d) Maladies
Les maladies - spécialement au cours de la première année d'exécution de la composante “pisciculture” proprement dite - ont compromis assez gravement l'exécution du projet. En effect, les maladies ont une double influence négative sur les projets de recherche d'une part, elles conduisent à des résultats d'expériences incohérents et, d'autre part, elles retardent les activités. Le spécialiste des maladies des poissons (M. R. Bootsma) a contribué dans une large mesure à optimiser les conditions sanitaires (notamment par des mesures prophylactiques et thérapeutiques) et ses conseils ont été strictement suivis. En ce qui concerne les deux cycles de reproduction de 1983 on ne signale aucune perte anormale.
e) Composantes des produits alimentaires
L'irrégularité des approvisionnements d'un certain nombre de matières premières nécessaires à la production des aliments pour poisson a fortement incité à consacrer d'importantes ressources à des essais d'alimentation dans le but d'adopter une politique d'interchangeabilité des matières premières. Bien qu'on ait mis au point des aliments très prometteurs, comme on l'a mentionné ci-dessus au paragraphe 3.1.2 (grâce également au travail et au temps qu'y ont consacrés les étudiants diplômés de l'Université agricole de Wageningen), on estime que cet élément du projet devrait être renforcé.
f) Coordination et convergence
On a déjà mentionné à la section 1 la convergence du projet GCP/CAF/007/NET avec les activités des autres organismes concernés et sa coordination sous la direction du projet CAF/80/002. L'équipe du DGIS estime que chaque composante est bien intégrée dans les objectifs d'ensemble du développement de la pisciculture en République centrafricaine. Toutefois, la nature des composantes respectives diffère parfois, par exemple la vulgarisation d'un élevage “établi” de tilapia et la recherche visant à développer l'élevage de C. lazera dans les conditions locales afin d'entreprendre la vulgarisation de cette espece.
A cet égard, il faut souligner qu'il existe de grandes possibilités de convergence et donc également un besoin accru de coordination, d'autant plus que la vulgarisation des méthodes d'élevage de C. lazera est actuellement en cours et que les deux composantes du projet pourraient heureusement se compléter.
Il ressort de ce qui a été mentionné dans les sections et paragraphes précédents, que l'on peut parvenir à réaliser les objectifs du programme mais pas dans le temps actuellement prévu (voir aussi Section 6).
La vulgarisation de l'élevage de C. lazera pourra se faire dans les deux types pratiqués à l'heure actuelle en République centrafricaine, à savoir la pisciculture familiale et la pisciculture artisanale.
Pour la première, qui nécessitera des recherches plus approfondies sur le terrain, on envisage une polyculture tilapia-C. lazera, alors que pour la seconde une monoculture de C. lazera présente d'intéressantes possibilités pour une entreprise de pisciculture commerciale (voir également 3.1.2 et Section 4).
Lorsque la phase de recherche et de formation sera terminée, on pourra parvenir à un degré d'autofinancement élevé, sinon total d'un centre de reproduction de Clarias (voir également Annexe 4).