Puisque l'intérêt d'un projet de recherche exécuté dans le cadre du Programme d'enseignement et de recherche néerlandais consiste à déterminer les possibilités d'utilisation des méthodes on peut faire les observations suivantes.
Lorsque les objectifs du projet auront été atteints on disposera d'une production régulière d'alevins de C. lazera qui pourront être distribués aux pisciculteurs formés par le Service de vulgarisation.
D'après les visites et les entretiens avec les pisciculteurs ruraux tant dans la zone de Bangui que dans celle de Bouar, la demande d'alevins viendra de la pisciculture familiale et de la pisciculture artisanale (semi-commerciale).
Les caractéristiques de la pisciculture familiale sont les suivantes:
En ce qui concerne la demande de la pisciculture artisanale, on pourrait dire que:
Compte tenu du rôle de C. lazera dans le développement de la pisciculture en République centrafricaine, et du potentiel de production de l'écloserie, cette dernière devrait pouvoir satisfaire la demande telle qu'on la prévoit dans un proche avenir, pourvu que les alevins de 1 à 2 grammes se prêtent aussi bien à l'élevage que l'ont fait les alevins de 10 grammes dans les expériences menées jusqu'ici dans le cadre du projet.
Etant donné le potentiel de production de C. lazera (voir paragraphe 3.1.2) ainsi que les possibilités de son utilisation, comme on l'a mentionné au paragraphe ci-dessus, le projet aura essentiellement pour effets secondaires bénéfiques:
Comme on l'a déjà mentionné à la Section 1, le Gouvernement a placé l'accent, dans son Programme national d'action 1982–1985, sur le rôle important que la pisciculture peut jouer en améliorant l'apport de protéines animales à la population des zones rurales et des zones urbaines. En outre, ce programme souligne que, dans la situation financière actuelle, un tel effort sera long. Dans le même Programme, le gouvernement exprime son désir sincère de poursuivre cet effort et souligne le rôle des projets CAF/80/002 et GCP/CAF/007/NET, ainsi que les apports d'autres organismes, notamment en ce qui concerne les possibilités de parvenir avec le temps à un certain niveau de commercialisation de la pisciculture.
L'objectif ultime est de produire 30 000 tonnes de poisson par an contre une production estimée à l'heure actuelle à environ 13 000 tonnes. En ce qui concerne ce dernier chiffre, les membres de la mission jugent qu'il est surestimé, d'autant plus que des calculs approximatifs montrent que pour l'atteindre, le rendement par hectare dans les bassins fluviaux devrait être d'environ 100 kg, ce qui semble difficile.
Néanmoins, on peut accroître la production grâce à la pisciculture et à l'amélioration des pêches dans le nord, si l'on dispose des fonds nécessaires.
Etant donné les coûts d'exploitation des ressources aquatiques et la situation financière de la République centrafricaine, le gouvernement a déclaré à la mission que l'absence de nouveaux engagements d'aide extérieure compromettrait gravement ses efforts.
L'importance de C. lazera est soulignée, en raison spécialement de ses possibilités de commercialisation comme on l'a déjà mentionné dans ce rapport. Il est donc souhaitable de donner ici plus de détails sur ces derniers:
jusqu'à maintenant, la pisciculture a surtout porté sur les tilapias, et, récemment sur des C. lazera;
la production nationale moyenne de la pisciculture rurale est actuellement de quelque 2 tonnes par hectare et par an (tableau 1, paragraphe 1.2.2);
les expériences effectuées dans le cadre du projet GCP/CAF/007/NET ont révélé que les essais de recherche en milieu rural pourraient donner environ 7 tonnes de C. lazera par an et par hectare;
Pour le tilapia, aucun apport supplémentaire n'est nécessaire pour obtenir une production de 2 tonnes, mais pour C. lazera, il faut disposer de sous-produits de l'agriculture et de la transformation et par conséquent d'un effectif de main-d'oeuvre et de spécialistes plus importants;
les apports supplémentaires de nourriture par hectare pour C. lazera atteignent 10 500 kg de composés (coût 45 FCFA/kg), soit 472 000 FCFA;
en ce qui concerne la main-d'oeuvre supplémentaire, il faut compter trois ouvriers ordinaires et un contremaître “spécialisé” par hectare soit:
3 × 12 × 15 000 | = | 540 000 FCFA |
1 × 12 × 25 000 | = | 300 000 FCFA |
Coût total | 840 000 FCFA |
les prix de C. lazera sont environ les mêmes que ceux du tilapia (ou légèrement superieurs en raison de sa grande taille), 510 FCFA/kg;
le revenu brut est d'environ 1 200 000 FCFA par hectare et par an pour l'élevage du tilapia et d'environ 2 330 000 FCFA pour C. lazera (moins le coût de la main-d'oeuvre et des produits alimentaires).
Comme on le voit, l'élevage du tilapia est un moyen très bon marché de produire des protéines, et l'élevage de C. lazera un moyen plus rentable; ceci illustre les possibilités commerciales de ce dernier, qui coïncident avec les objectifs du gouvernement, bien que l'introduction de C. lazera en milieu rural n'ait pas encore été mise à la même épreuve que le tilapia.
Pour illustrer plus en détail les points ci-dessus mentionnés, l'annexe 4 donne une analyse économique de l'élevage commercial intensif de C. lazera en Afrique centrale.
Si l'on tient compte des principaux objectifs du Programme de coopération internationale néerlandais, ainsi que des résultats obtenus jusqu'ici par le projet, on ne peut que déclarer que le projet, comme son exécution, correspondent à leurs principaux objectifs pour les raisons suivantes:
en premier lieu, la recherche déjà effectuée ou à effectuer résoudra les difficultés qui ont jusqu'ici compromis le potentiel de production d'alevins de C. lazera;
En second lieu, la recherche a prouvé qu'il est possible d'élever C. lazera jusqu'à une taille commerciale à l'aide de composés alimentaires d'origine locale;
en troisième lieu, les possibilités de développement et de commercialisation de la pisciculture ont été démontrées dans le cadre du projet de recherche.
Ce dernier a fait amplement progresser la poursuite des objectifs du Programme d'enseignement et de recherche du Gouvernement néerlandais et montré que la formation et la recherche peuvent contribuer à accroître l'autodépendance des populations rurales des pays en développement dépourvus de littoral.