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A N N E X E   VII
EXPOSES PRESENTES AU COURS DU SEMINAIRE

S E S S I O N   I

INTRODUCTION SUR LES PECHERIES NATIONALES

EXPOSE I - 1

LA POLITIQUE, LA SITUATION ACTUELLE DE LA PECHE ET SON ROLE DANS L'ECONOMIE NATIONALE

Par

ANDRIANAIVOJAONA Ch., Directeur - DPA

I. LA POLITIQUE POUR LE DEVELOPPEMENT DE LA PECHE ET DE L'AQUACULTURE

1.1. Les objectifs globaux

Le potentiel en ressources halieutiques et dulcaquicoles et marines exploitables dans la Zone Economique Exclusive malgache et à l'intérieur du pays est assez important (évalué à 445.000 tonnes), et pourrait s'il est exploité rationnellement, d'une part participer, pour une large part à :

  1. la satisfaction des besoins locaux en protéine d'origine animale, et d'autre part contribuer à:

  2. l'amélioration de l'équilibre de notre balance commerciale ; on ne saurait pas, par ailleurs, oublier les impacts socio-économiques découlant de l'exploitation desdites ressources, entre autres:

  3. l'élévation du niveau de vie des pêcheurs, et

  4. la création d'emplois (pêcheurs, armateurs, dockers, mareyeurs, main d'oeuvre pour la transformation et la conservation des produits, transporteurs, …).

1.2. La stratégie générale

Pour la concrétisation de ces objectifs, la politique préconisée dans le domaine halieutique est :

  1. le développement de la pêche traditionnelle en mer et en eau douce auquel doit s'ajouter la promotion de la pêche artisanale (effectuée à bord de petites embarcations motorisées) et de l'aquaculture, notamment la rizipisciculture;

  2. la diversification des produits halieutiques d'exportation dont l'exploitation est à programmer d'une façon judicieuse. Cette exploitation doit être, dans la mesure du possible réalisée avec des moyens à la portée des nationaux;

  3. la participation de plus en plus importante de la pêche industrielle dans le ravitaillement du marché intérieur en produits halieutiques;

  4. la recherche d'une contribution conséquente de la pêche industrielle dans le développement des autres branches du secteur halieutique (branches traditionnelle et artisanale).

A ces grandes orientations doivent s'ajouter des mesures d'accompagnement qui sont :

  1. la gestion rationnelle des stocks exploités en haute mer, en eaux côtières dans les lagons, lacs et rivières;

  2. la promotion de l'exploitation des stocks sous-exploités;

  3. l'identification et l'évaluation des stocks exploitables.

1.3. Stratégie sectorielle

1.3.1. La pêche traditionnelle

La pêche traditionnelle a et devra toujours avoir une place importante dans le ravitaillement du marché local en produits halieutiques.

Un effort soutenu doit être fourni à cette branche d'activité pour l'organiser et la dynamiser dans la pêche ou la collecte des produits d'exportation qui sont à la portée des moyens et des équipements dont elle dispose.

(ex : • les langoustes côtières,
• le crabe de palétuviers,
• les holothuries,
• les algues,
• Les anguilles, etc …)

Les actions à entreprendre doivent, et c'est patent, solutionner les problèmes rencontrés au niveau de cette pêche traditionnelle ; on peut citer:

  1. Désenclavement des villages de pêcheurs par :

  2. Mise à la disposition des pêcheurs des engins et matériel de pêche (filets, fils, hameçons, …) appropriés (suivant les normes fixées par l'administration des pêches);

  3. Organisation de la collecte des captures par la mise en place ou la restauration de sociétés de collecte ayant les équipements et la technicité nécessaires;

  4. Reconstitution des stocks surexploités par l'application de mesures appropriées (fermeture de la pêche, création de réserves ou cantonnements, réempoissonnement, …).

1.3.2. Aquaculture

Développer l'aquaculture, alors qu'il existe encore des ressources halieutiques naturelles peu ou pas exploitées parait, à priori, une thèse difficile à défendre.

Toutefois, il convient de préciser que :

L'aquaculture peut donc apporter un complément de protéine et de revenu à la population rurale malgache.

Pour des espèces que l'on peut destiner à l'exportation (exemple : crevettes), la promotion de l'aquaculture mérite d'être favorisée pour donner une production venant en complément de celle réalisée par la pêche.

1.3.3. Pêche artisanale

la pêche artisanale est à promouvoir surtout pour la pêche en eaux côtières. En effet, de par même l'exiguîté, la mauvaise tenue en mer et la faible autonomie de la pirogue monoxyle ou à balancier, le rayon d'action de la pêche traditionnelle est très limité; de ce fait l'on ne peut pas s'attendre même à long terme à une augmentation importante de la mise à terre de cette dernière.

La pêche artisanale doit permettre l'exploitation des stocks qui se trouvent dans des zones inaccessibles aux pêcheurs traditionnels. Pour être rentable, elle doit être axée sur les espèces prisées aussi bien sur le marché intérieur qu'à l'exportation.

Le développement de la pêche artisanale nécessite, entre autres:

  1. la création de complexes intégrés de pêche plus ou moins importants, offrant les facilités essentielles : équipement de pêche, stockage, distribution des produits, répartition des bateaux ;

  2. l'intervention d'une société d'armement qui doit gérer techniquement et financièrement l'exploitation des bateaux et de l'ensemble des installations et équipements à terre, la formation des armateurs est une tâche urgente à mener ;

  3. une source de financement appropriée, étant donné qu'une large partie des investissements se chiffre en devises. Un crédit maritime est à créer;

  4. la mise en oeuvre de techniques de pêche rentables en commençant par des études et des essais pratiques suivis de démonstration auprès des pêcheurs.

1.3.4. Pêche industrielle

Compte tenu de l'importance des investissemnts à effectuer et de celle des charges d'exploitation à supporter, les modes d'exploitation préconisées sont :

Quant aux actions à entreprendre, il s'agit pour les produits destinés à l'exportation :

  1. de rentabiliser l'exploitation des crevettes pénéides côtières en répartissant judicieusement les efforts de pêche dans l'espace et dans le temps.

  2. de s'orienter vers d'autres produits tels que les crustacés en eaux profondes et les thonidés.

En ce qui concerne la participation de la pêche industrielle à la satisfaction des besoins protéiniques de la population, les actions sont à orienter :

  1. sur la récupération des poissons d'accompagnement du chalutage crevettier dans un premier temps, et du chalutage des crustacés en eaux profondes dans un second temps. Les produits qui sont impropres à la consommation humaine sont à transformer en farine;

  2. sur le débarquement des poissons autres que le thon et qui n'intéressent pas les armateurs thoniers. Une obligation de débarquement d'une partie des captures peut aussi être négociée;

  3. sur l'exploitation des petits pélagiques (sardinelles, anchois, …). Ces espèces sont en effet riches en graisses et protéines animales, elles sont d'un coût de production relativement bas et se prêtent à des transformations (mise en boîte, fumage, etc …) qui en facilitent le transport et la distribution.

Pour faire contribuer la pêche industrielle dans le développement des branches traditionnelle et artisanale du sous-secteur halieutique, les actions doivent être menées à deux niveaux:

  1. à l'amont des activités traditionnelle et artisanale, les armements à la pêche industrielle peuvent:

  2. à l'aval, les pêcheurs traditionnels et artisanals peuvent bénéficier :

II. POTENTIALITES DES EAUX MALGACHES

D'après l'état actuel des connaissances, les ressources exploitables des eaux malgaches sont de l'ordre de 445.000 tonnes. (cf. tableau 1).

Tableau 1 : Potentialités des eaux malgaches
R E S S O U R C E SP O T E N T I E L (tonnes)
I.Ressources marines et estuarines374.500
-Crevettes Pénéides du plateau conti- nentales (côtières)8.000
-Crevettes profondes1.000
-Crabes de palétuvier (Scylla Serrata)7.500
-Langoustes du plateau continental340
-Petits poissons pélagiques160.000
-Poissons démersaux45.000
-Thons51.600
-Algues rouges3.600
-Trépangs460
-Poissons des eaux estuarines40.000
-Mariculture de crevettes57.000
II.Ressources des eaux douces70.000
-Produits d'eaux douces dont : 
a) eaux continentales40.000
b) pisciculture30.000
III.TOTAL444.500

Sources : Rapport du projet MAG/77/009, du projet MAG/80/008 et de R/V Fridtjof Nansen (1983), du projet MAG/86/006, A. Ralison (1982), A. Ralison (1987), A. Collart et M. Vincke (1990), A. Rabelahatra (1990), Rapports DPA.

Il est à remarquer que, compte tenu de l'insuffisance des prospections et études réalisées, les évaluations sont assez grossières notamment pour les poissons pélagiques, les poissons démersaux et les crustacés d'eaux profondes. Pour d'autres ressources, comme les trépangs, les langoustes néritiques, les algues rouges, les chiffres avancés représentent la production maximale obtenue jusqu'à maintenant.

Parmi les ressources peu ou pas exploitées actuellement et qui pourraient à l'avenir attirer l'attention des opérateurs, figurent : les thonidés, les poissons démersaux et les petits pélagiques.

Il faudrait signaler que la côte occidentale est particulièrement propice à l'élevage de crevettes.

Les ressources en eau douce ne représentent que 11% du potentiel total.

III. NIVEAU D'EXPLOITATION ACTUELLE

Mis à part les chiffres concernant la pêche industrielle crevettière, les données se rapportant aux autres espèces ne sont que des estimations. En effet, compte tenu de l'insuffisance de la couverture administrative pour toutes les régions, la Direction de la Pêche et de l'Aquaculture n'a pas pu mettre en place un système statistique permettant d'avoir des chiffres fiables sur la production.

Tableau 2 : Production halieutique et de l'aquaculture à Madagascar

NoPêches1960197019801989
I.PECHE MARITIME3.5009.37613.61869.412
1.1.Pêche industrielle, dont:-3.0105.11917.412
- crevettes-2.9104.9136.962
- poissons-10020610.450 1
1.2.Pêche traditionnelle/artisanale3.5006.3668.50052.000 2
II.PECHE D'EAUX DOUCES22.50035.09038.70030.215
2.1.Pêche continentale21.62134.51038.35030.0002
2.2.Pisciculture en étangs864508250100
2.3.Rizipisciculture1572100115
III.PRODUCTION TOTALE26.00044.46652.31999.627

1 dont 8.510 tonnes de thons pêchés par les bateaux sous pavillonétranger.

2 A partir de 1988 la production estuarine, classée auparavant dans lapêche continentale, a été inclue dans la pêche maritime.

Source: Anonyme (1962), M. Vincke (1972), Statistiques de la Direction de la Pêche et de l'Aquaculture, Rapport d'activités de la DPA en 1989, A. Collart, M. Vincke (1989), Rapport No10.

L'on peut constater :

Enfin, si l'on compare la production totale en 1989 (100.000 tonnes) aux potentialités des eaux malgaches, l'on note que les ressources sont sous-exploitées surtout en eaux marines et estuarines.

IV. DESCRIPTION DES DIFFERENTES PECHERIES

4.1. Pêche traditionnelle

La pêche traditionnelle est définie comme celle réalisée par des pêcheurs utilisant différents types d'embarcations non motorisées ou pratiquant la pêche à pieds. Les engins de capture sont variés ; des filets divers, des lignes à main, des casiers, des moustiquaires, des barrages, …

4.1.1. Pêche traditionnelle maritime

Un recensement effectué en 1987/88 a permis de dénombrer quelques 42.556 pêcheurs traditionnels sont 11.836 travaillant à pieds. On estime à 21.455 le nombre total de pirogues. Le type d'embarcation la plus utilisée est la pirogue à balancier (63%), ensuite la pirogue monoxyle (36%).

Tableau 3 : Comparaison des effectifs de pêche maritime traditionnelle entre 1970/71 et 1987/88

NoE f f e c t i f s1970/711987/88
1Nombre de village des pêcheurs3051.250
2Nombre de pêcheurs piroguiers5.82230.720
3Nombre d'embarcations3.84321.455
4Nombre d'engins de pêche dont :  
 
- sennes
2273.613
 
- filets maillants
1.62913.344
 
- lignes
5.23054.700
 
- barrages
952.090
 
- masques à plonger
3474.175

Sources : A. Collart (1972), Rapport de terrain No4.

On remarque un net développement de la pêche traditionnelle maritime ; en l'espace de 17 ans :

Les mises à terre de la branche traditionnelle sont estimées à 50.000 tonnes/an. Ce qui constitue 50% de la production totale des eaux malgaches et 61% des produits destinés à la consommation locale. Les captures sont essentiellement constituées de poissons. Toutefois on note une augmentation importante de la production de crevettes de 800 tonnes en 1970 à 1700 tonnes en 1989 ; de celle du crabe de 394 tonnes en 1975 à 1.020 tonnes en 1989 et enfin de celle des langoustes : 92 tonnes en 1975 à 321 tonnes en 1989. Cette augmentation s'explique par le fait que ce sont des produits très recherchés par les collecteurs car très lucratifs à l'exportation.

Le développement de la production de la pêche traditionnelle maritime est dû à la rentabilité de cette activité. Des études ont démontré que le pêcheur propriétaire de sa pirogue, spécialisé dans la capture des poissons, obtient un revenu net annuel de 780.000 FMG soit 65.000 FMG/mois.

3.1.2. Pêche traditionnelle continentale

La pêche continentale est pratiquée essentiellement dans les lacs, lagunes, marais et dans une moindre mesure dans les rivières. La surface d'eaux exploitées est estimée à 150 – 160.000ha. Des enquêtes réalisées en 1987, 1988, 1989 ont permis de recenser 17.279 pêcheurs et 7.023 embarcations.

En ce qui concerne les engins utilisés, l'on note une domination des filets maillants ; les autres sont principalement les nasses, la ligne, l'épervier et la senne.

La production totale de la pêche continentale est actuellement difficile à estimer. On pense qu'elle oscille entre 28.000 et 30.000 tonnes/an.

On observe une intensification de l'effort de pêche sur l'ensemble des plans d'eaux ces dernières années et sans l'application de mesures appropriées, on risque d'aboutir à la surexploitation des ressources ichtyques d'eau douce.

4.2. Pêche artisanale

La pêche artisanale se caractérise par l'utilisation d'embarcations motorisées avec deux (2) à cinq (5) hommes d'équipage et ayant une autonomie en mer inférieure à une semaine.

Les embarcations motorisées, utilisées pour la pêche et aussi pour la collecte, recensées en 1981 étaient au nombre de 62 employant environ 290 pêcheurs.

En 1990, la flotille artisanale compte une centaine d'embarcations dont 65 unités opérationnelles. Parmi ces embarcations en activités, 35 font la pêche et le reste est affectée à la collecte. Les engins utilisés sont la ligne à main et le filet maillant pour la capture des poissons et le chalut pour les crevettes.

La pêche artisanale offre selon un recensement en 1990 quelques 440 emplois.

La production de cette branche d'activité est estimée à 600 tonnes dont 180 à 200 tonnes de crevettes. Ce qui ne représente même pas 1 pour cent de la production halieutique globale de Madagascar.

Si l'on compare les chiffres de 1981 (62 embarcations) à ceux de 1990 (65 opérationnelles) on constate une stagnation dans le développement de ce sous-secteur et ce, malgré des investissements importants dans le cadre de la coopération avec le Japon. Cette situation s'explique par le fait que l'utilisation de ces embarcations à moteur nécessite des dépenses que ne connaissent pas la pêche traditionnelle (carburant, vivres, pièces détachées, …) et leur exploitation demande en conséquence une gestion rigoureuse. Or la pêche artisanale ne semble pas intéresser les sociétés industrielles, alors qu'elle n'est pas facilement à la portée des pêcheurs traditionnels. Dès lors, ce sont de nouveaux opérateurs, qui n'ont pas la connaissance du métier, qui s'aventurent dans cette pêche artisanale. La pêche expérimentale au poisson effectuée par un armateur artisanal utilisant un bateau mère, affrêté, autour duquel travaillent des petites embarcations motorisées est à suivre de près. Les résultats devraient être intéressants car le promotteur a déjà demandé à faire venir un autre bateau.

Pour le chalutage artisanal des crevettes, sa rentabilité est notoire. Cela explique l'intérêt de presque toutes les sociétés industrielles de venir en appui de cette activité d'une manière ou d'une autre.

4.3. Pêche industrielle crevettière

Les fonds de pêche se trouvent principalement sur la côte Ouest, particulièrement la côte Nord-Ouest où les potentialités sont estimées à 5.200 tonnes (cf. tableau 4).

Tableau 4 : Potentiel crevettier par zone

Z O N ED E L I M I T A T I O NP.M.E (tonnes/an)
IBaie d'Ambaro1.600
IIBaie de Narindra720
IIIBaie de Mahajamba300
IVNord Mahajamba310
VSud Mahajamba910
VICap Saint André1.370
TOTAL5.210
VII à X Sud Cap Saint AndréPlus de 2.000 tonnes dans l'état actuel des connaissances
Côte EstPlus de 200 tonnes

Six (6) sociétés s'adonnent à la pêche industrielle crevettière :

La flotte de pêche constituée de 49 unités de 150 à 1.250 CV est composée de deux types de chalutiers ; les glaciers et les congélateurs.

L'engin utilisé est le chalut à panneaux dont la forme et la taille diffèrent selon les navires et les armements. La technique utilisée est principalement le chalutage de type “Floridien” à double tangon.

L'industrie crevettière emploie près de 3.000 personnes.

La capture annuelle tourne autour de 7.000 tonnes (cf. tableau 5), chiffre avoisinant la prise maximale équilibrée.

Tableau 5 : Evolution des captures de la pêche crevettière industrielle (en tonne)
ZONEPOTENTIELANNEE
19851986198719881989
I1.6001.2371.4581.9191.4841.459
II760751610795620613
III320350360324374355
IV310341431530350429
V910457581937505541
VI1.270596751906951979
VII à X2.0002.3592.6572.3082.7482.410
Côte-Est2006775135131171
T O T A L7.3706.1586.9237.8557.1636.963

Source : DPA, rapport annuel.

L'espèce la plus pêchée est la crevette blanche ou Penaeus indicus (80% des captures).

En plus des crevettes, les chalutiers capturent aussi des poissons, dits d'accompagnement, de l'ordre de 20.000 tonnes et qui sont presque en totalité rejetés à la mer.

En 1989, 1.940 tonnes seulement de poissons étaient commercialisés (moins de 10% des prises globales). (cf. tableau 6).

Tableau 6 : Débarquement de poissons d'accompagnement (en tonne)

ANNEE19851986198719881989
QUANTITE6511.0891.6041.590,51.940

Source : Rapports annuels DPA.

Les crevettes sont destinées pour l'exportation et sont présentées sous plusieurs formes (cf. tableau 7).

Tableau 7 : Production crevettière industrielle par catégorie de produits

Produits19851989
Poids (T)%Poids (T)%
Crevette entière78318,62.12140,6
Crevette étêtée3.46981,33.00257,5
Crevette décortiquée170,04961,9
T O T A L4.2671005.219100

Source : Rapports annuels de la DPA.

La recherche croissante de valeur ajoutée conduit certaines sociétés à s'orienter de plus en plus vers la production de crevettes entières (notamment cuites congelées).

4.4. Pêche thonière

Les études réalisées jusqu'à présent ne permettent pas encore d'apprécier la potentialité des eaux malgaches en thonidés qui, par ailleurs, sont des poissons migratoires ne faisant que passer à certaines périodes dans notre Z.E.E.

Des tentatives d'exploitation des thonidés de surface ont été réalisées entre 1971 et 1975 à Madagascar. Les captures réalisées avec 9 canneurs étaient de l'ordre de 11.000 tonnes en 1974. Elles étaient constituées de 80% de listao ou Katsuwonus pelamis.

L'exploitation s'arrête en 1975, à cause de l'éffondrement du cours du thon sur le marché mondial, et n'était reprise qu'en 1986 par le biais d'un accord passé avec la Communauté Economique Européenne. Cet acoord a été renouvelé en 1989 pour une période de 3 ans et permet à 45 thoniers senneurs européens de venir travailler dans nos eaux, contre paiment d'une redevance. D'autres accords ont été passés, la majorité en 1990 avec des sociétés étrangères leur permettant d'envoyer dans notre ZEE par l'achat de licences, 5 senneurs et 23 palangriers. Par ailleurs une société de droit malgache a été autorisée à affrêter 5 palangriers. La flotte autorisée à pêcher dans les eaux malgaches est donc constituée de 78 unités dont 50 senneurs et 28 palangriers.

En 1989 les captures réalisées dans la ZEE malgache sont estimées à plus de 8.500 tonnes, et les redevances ont permis une rentrée de devises équivalent à plus de 2 milliards de FMG.

Ce système de vente de licences ne peut être considérée que comme une solution d'attente d'un meilleur mode d'exploitation : celui de la création de sociétés mixtes. Le nombre de licences mises en vente doit être diminué au fur et à mesure que les sociétés de droit malgache augmentent leur flotte.

Dans le domaine thonier, il faudrait signaler la construction de la conserverie de thons à Antsiranana par la Société Pêche et Froid Océan Indien (PFOI). La capacité de production de cette usine est de 20.000 tonnes/an.

3.5. L'aquaculture

3.5.1. L'aquaculture en eau douce

Grâce à l'assistance financière et à l'appui technique de la FAO, l'aquaculture en eau douce a pu être redynamisée à partir de 1985 notamment dans les Faritany d'Antananarivo et de Fianarantsoa.

Il existe actuellement à Madagascar deux stations de recherches piscicoles et 31 stations de production d'alevins dont 7 sont fonctionnelles, 4 en cours de réhabilitations et 20 inactives.

Les espèces produites pour l'élevage au niveau de ces stations sont principalement la carpe, le tilapia et le cyprin doré.

La production de l'aquaculture en eau douce obtenue jusqu'à présent reste très modeste, malgré les efforts de développement déployés.

La production de 1989 qui est de 200 tonnes est encore de loin inférieure à celle de 1960 estimée à plus de 800 tonnes.

Cette chute de production est dûe à la régression rapide de la pisciculture en étang, alors que la rizipisciculture sur laquelle sont axés tous les efforts d'encadrement ne connaît qu'un développement assez lent auparavant. Mais depuis ces deux dernières années l'on constate, d'après les statistiques sur les alevins distribuées (cf. tableau 8) que les actions de vulgarisation commence à avoir des résultats positifs.

Tableau 8 : Cessions d'alevins
CAMPAGNEAlevins distribués
1975/1976223.286
1979/1980450.000
1984/1985135.369
1985/1986198.828
1986/1987420.486
1987/1988522.000
1988/1989730.000
1989/19901.313.600

Source : Cahier d'information des pêches No3, 1990 et statistiques de la DPA.

3.5.2. Mariculture

L'élevage en milieu marin se limite pour l'instant à des expériences réalisées par l'administration : élevage de Chanos-chanos (milkfish), d'huîtres et de crevettes côtières.

Pour le Chanos-chanos, on a obtenu des rendements intéressants (570 Kg/ha en 4 mois sans apport d'aliment), mais l'expérience n'a pas pu être continuée faute de financement.

Madagascar possède de gisements naturels assez importants d'huîtres et de moules, deux produits qui ne sont pas encore entrés dans les habitudes alimentaires du malgache. Les besoins des restaurateurs semblent encore être couverts par la production à partir de ces gisements naturels.

D'après des études menées récemment la côte Ouest de Madagascar dispose de plus de 52.000 ha de terrain propice à l'élevage de crevettes. L'espèce la plus intéressante sur le plan rendement est le camaron ou Penaeus monodon. Le potentiel de production est de 57.000 tonnes soit 7 fois plus que la production par la pêche (8.000 tonnes).

C'est une activité d'avenir pour permettre d'augmenter les recettes d'exportation mais aussi pour offrir des emplois à la population.

Les opérateurs privés s'y intéressent, le ministère a actuellement reçu 6 idées de projets qui sont déjà plus ou moins avancées dans leur stade d'élaboration.

IV. CONCLUSION

La pêche et l'aquaculture jouent un rôle important dans l'économie nationale et elles pourront encore contribuer davantage au développement du pays.

Elle participe de plus en plus à satisfaire les besoins de la population en protéine d'origine animale (cf. tableau 9).

Tableau 9 : Disponibilité théorique de poisson par habitant

NoANNEES1960197019801988
1Production (en tonnes)26.00044.46652.31991.344
2Importation (en tonnes)89067475269
3Exportation convertie en produit frais (en tonnes)2003.3003.8309.262 a
4Consommation locale (en tonnes)26.69041.83448.56482.351
5Population (en mille)*5.4877.6558.71310.630
6Disponibilité théorique de poisson par habitant (Kg/an)4,95,55,67,7
7Disponibilité théorique de la viande par habitant (Kg/an)**25,122,321,818,0

a contient aussi 382 tonnes de thons pêchés par les bateaux étrangers.

Sources: tableaux 2, 3, et 4 (cf. chapitre I)

* Statistique de la Banque de données de l'Etat

** H. Andriambololona (1990)

Les exportations de produits halieutiques se caractérisent par une croissance constante. Ainsi ils ont permis des recettes en devises équivalentes à :

3,914milliardsFMGen1980
15,051milliardsFMGen1985
17,394milliardsFMGen1986
36,661milliardsFMGen1987
50,117milliardsFMGen1988
59,597milliardsFMGen1989

Enfin il faudrait signaler que la pêche et l'aquaculture offrent des possibilités d'emplois importantes. Avec un plan d'actions cohérent, compte tenu des potentialités assez importantes qui restent sous-exploitées, ce sous-secteur devra connaître un développement intéressant.

EXPOSE I - 2

SITUATIONS ET PERSPECTIVES DU DEVELOPPEMENT DES PECHES DANS LE FARITANY D'ANTSIRANANA

Par

RAZAFIMBELO E., Chef SPPA - 2

1. INTRODUCTION

La présente note, rédigée à partir des éléments disponibles au niveau du SPPA-2 d'une part, et d'autre part prenant en compte les résultats du séminaire régional des 12–13 juin donne une courte description du Faritany d'Antsiranana avec la situation des pêches et ses problèmes et se termine par quelques propositions d'amélioration.

2. SITUATION ACTUELLE

2.1 Présentation du Faritany

Le Faritany d'Antsiranana, grâce à sa façade maritime longue de 800 km environ, ses plans d'eau intérieurs (lacs et rivières) non négligeables, possède les possibilités de support d'activités halieutiques tant maritimes que continentales.

2.1.1 La côte-est est caractérisée par:

2.1.2 La côte ouest se distingue par :

2.2 Les ressources

2.2.1 En eau marine

Selon Ralison A. (Consultant de la FAO), si les espèces cibles de la pêche traditionnelle sont très variées, celles qui font l'objet de la pêche artisanale et industrielle sont par contre d'éventail limité: crevettes pénéides et thonidés (Listao et Albacore).

Les ressources exploitables sont constituées par :

A part cela, on peut citer également l'holothurie, le calmar, la seiche, la poulpe et les coquillages.

2.2.2 En eau continentale

Peu d'informations sont disponibles sur les ressources en eau douce. On peut néanmoins donner les noms des espèces qu'on rencontre dans le Faritany :

Par ailleurs, Kiener signale l'existence en leur temps, des truites dans la station de la montagne d'Ambre.

Problèmes inhérents aux ressources

2.3 La production

2.3.1 Les moyens de production et les producteurs

Le tableau 1 suivant résume l'effectif des pêcheurs et des engins de pêche, en ce qui concerne le secteur traditionnel (eaux douces, estuaires, eaux marines), d'après les résultats d'une enquête cadre réalisée en 1988.

TABLEAU - 1
PêcheursPiroguesFilet maillantSennesLignesHarpons-NassesBarrages
7.9644.2662.4666107.8144.904569

et le tableau 2 donne la répartition des pêcheurs traditionnels :

Effectif des pêcheurs trationnels et répartition

TABLEAU - 2
Eaux doucesEstuairesEaux marines
7203.2723.972
surtout :surtout :surtout :
- Ambilobe- Ambanja- Nosy-Be
- Sambava- Ambilobe- Antsiranana
- Andapa - Ambilobe
- Antalaha - Ambanja
  - Antalaha

Pour la pêche artisanale, le tableau 3 ci-dessous donne l'effectif des embarcations.

Embarcations motorisées dans le Faritany

Tableau - 3
LocalisationUtilisationNombre
CIRPA - AntsirananaPêche15
collecte7
CIRPA - Nosy-BePêche18
collecte9
CIRPA - Sambavacollecte3 (à Antalaha)
 Total52

Quant à la pêche industrielle, voici résumée dans le tableau 4, la situation de la flotte crevettiere des Pêcheries de Nosy-Be (P.N.B.).

Tableau - 4
Bateaux Industriels
NomsPuissance (CV)TypeNombre total
Nosy-Be 1 à 4150Congélateurs4
Nosy-Be 5 à 8500Congélateurs4
Nosy Iranja(280)(Claciers)8
Nosy Mitsia
Nosy Sakafia(287)(Glaciers)
Nosy Vorona
Beloha150Glaciers
Beravina
Mahavelona
Tsimanary
Nosy Valiha Bâteau-mère1
  Total17

Depuis 1986 jusqu'à ce jour, 26 autorisations d'exploitation (ex-arrêtés 1093 et 5751) ont été délivrées pour le Faritany d'Antsiranana, et détaillées de la manière suivante:

Tableau - 5
Autorisation d'exploitation
Année19861987198819891990Total
Nombre8642626

2.3.2 La production proprement dite

La production du secteur traditionnel est inconnue et difficilement estimable, d'ailleurs, c'est l'objet même de l'actuel projet d'assistance de la FAO.

Pour les opérateurs artisanaux, les produits pêchés et/ou collectés, se présentent selon le tableau 6 suivant pour l'année 1989.

Tableau - 6
Production des opérateurs artisanaux dans le Faritany d'Antsiranana en 1989 (en kilogramme)
ProduitsAntsiranana Nosy-BeVohémarTotal
- Poisson51.97060.35015.700128.020
- Crevette231.050362.7801.970595.800
- Camaron10.00012.3901.03023.420
- Langouste1.96019.59038021.930
- Crabe194.930126.600310321.840
- Céphalopode3407.39014.91022.640
- Cuisse de nymphe650--650
- Anguille170--170

En ce qui concerne la pêche industrielle, deux volets sont concernés : la pêche thonière et la pêche crevettière.

2.3.2.1 Pêche crevettière

Tableau - 7
Capture par zone des Pêcheries de Nosy Be (en kilogramme)
AnnéeZone-IZone-VIZone-VII-XTotal
19891.435.292295.196700.5022.430.990
1990 jusqu'au 30/06/19901.191.582166.312474.5471.832.441

Zone I : Côte nord-ouest : Nosy Be baie d'Ambaro
Zone VI: cap Amparafaka - Nosy Voalavo
Zone VII à X : côte ouest-sud ouest : Nosy Voalavo-Baie de St. Augustin

2.3.2.2 Pêche thonière

Depuis quelques années (1986–87), les thoniers senneurs européens fréquentent le port d'Antsiranana pour diverses raisons :

On peut affirmer qu'indubitablement la ville d'Antsiranana tire beaucoup d'avantages économiques générés par la présence de ces thoniers.

Ainsi, pour 32.325t de thons transbordés en 1990, 2.438t de sel ont été achetés par les thoniers à raison de 360 FF/tonne, soit en tout et en valeur : 877.680 FF, si 1 FF = 275 FMG, ceci donne 241.450.000 FMG environ, sans parler des travaux effectués à la SECREN (autour de 6,5 milliards de FMG en 1990) ni des billets d'avion pour les membres d'équipages.

Le tableau 8 suivant donne l'évolution des activités des thoniers transbordant à Antsiranana depuis 1987.

Tableau - 8 Transbordement thon
AnnéeNombre senneursNombre cargosTonnage transbordé
198719711.471
1988734.025
1989261215.028
1990461532.325

Par ailleurs, il faut signaler que le SPPA d'Antsiranana effectue un suivi statistique des thons transbordés avec l'ORSTOM des Seychelles et le Projet Régional Thon Océan Indien. En outre, l'usine de conserves de thon en cours de construction est prévue de fonctionner au début de 1991.

2.3.2.3 Problèmes sur la production

2.4 Commercialisation

Les destinations classiques des produits sont :

Au cours du ler semestre 1990, les produits destinés à la commercialisation intérieure par la pêche artisanale (dans les Faritany + expédition vers d'autres villes) représentent en valeur quelques 454.000.000 FMG (arrondi), les bagages accompagnés, la consommation locale au niveau des marchés publics, l'autoconsommation n'étant pas connus faute d'éléments chiffrés.

Le tableau 9 suivant donne une idée sur la part respective des principaux produits dans cette commercialisation intérieure.

Tableau - 9
Commercialisation intérieure par la pêche artisanale, ler semestre 1990
Produits% en poids% en valeur
Crevette TV57,7876
Camaron TV2,157,6
Langouste TV5,112
Poisson7,272,7
Crabe TV0,30,2
Céphalopode0,30,1

Pour les opérateurs artisanaux, la France, et l'île de la Réunion sent les clients principaux, le Japon étant un acheteur occasionnel de coquillages.

Pour la pêche industrielle, la France est le premier acheteur, suivi par l'île de la Réunion et le Japon.

Pour les opérateurs artisanaux, l'exportation de tous produits confondus s'élève à environ FMG 551 milliards pour le ler semestre 1990.

En 1989, les PNB ont exporté pour une valeur de plus de 15 milliards de FMG et pour le premier semestre 1990 plus de 11 milliards de FMG.

2.4.1 Problèmes sur la commercialisation

2.5 Support institutionnel

2.5.1 L'administration de la pêche et de l'aquaculture

Au niveau du Faritany se trouve le SPPA 2 qui se divise en 3 CIRPA :

Le tableau 10 suivant montre la structure du SPPA 2.

Tableau - 10 Structure du S.P.P.A. - 2
SPPA-2CIRPASECPABRIPA
 AntsirananaAntsiranana AmbilobeBobasakoa (*)
ANTSIRANANANosy-BeAmbanja (*)(néant)
 SambavaVohemar
Antalaha(*)
Andapa (*)
Ampisikinana (*)

(*) Non fonctionnelle

Le tableau 11 donne l'effectif du personnel du SPPA 2.

Tableau - 11 Effectif du personnel du SPPA - 2
NiveauTechnAdminObs.ThnEnq.MarinsTotal
SPPA - 25990023
CIRPA 21220408
CIRPA 212100001
CIRPA 223501514
CIRPA 23020204
CIRPA 233100102
Total..121898552

2.5.2 Projet RDM/RFA (CTZ) “Promotion de la pêche maritime traditionnelle et artisanale dans le nord-ouest de Madagascar”

C'est un projet réalisé conjointement avec le Ministère de la Production Animale (Elevage et Pêche) et des Eaux et Forêts (MPAEF) d'une part, et la C.T.Z (RFA) d'autre part.

L'objectif principal du projet est l'augmentation de la production de poissons de mer dans la région d'Ambanja et de Nosy-Be. A cet effet, un centre de formation est installé à Hell-Ville pour l'initation des pêcheurs aux méthodes de pêche plus efficaces et à l'exploitation d'engins de pêche améliorés. Ce centre est pourvu d'infrastructures telles que bureaux, salles de classe, ateliers, dortoirs, matériel indispensable pour la formation (engins de pêche, etc…).

Le nombre de stagiaires choisis selon des critères déterminés est fixé à 20 par cycle de stage qui s'étale sur une période de six semaines pendant laquelle ils sont à la charge du projet.

Au terme de cette formation, ceux qui ont subi avec succès un examen final reçoivent deux filets à titre de prêt afin qu'ils puissent être opérationnels dès leur sortie de formation. Par ailleurs, récemment, un protocole d'accord tripartite BTM/CTZ/CIRPA Nosy-Be, relatif à la possibilité de consentir un prêt aux pêcheurs, a été signé.

Jusqu'à maintenant, 65 pêcheurs originaires de 20 villages ont été formés (trois séries de stage). Ils sont contrôlés dans leur village lors de la mise en opération des filets et opèrent par groupe de 2 personnes. Leur production semble satisfaisante (100 kg/jour de sortie/groupe). Cependant, Hell-Ville rencontre un problème de stockage de produits de mer (inexistence d'une assistance de chambre froide). Ainsi, les poissons tels que requins et caranguidés sont salés et séchés et vendus aux mareyeurs d'Hell-Ville et de Dzamandzar, ou à ceux provenant de la “grande terre”.

Le projet se limite au rôle d'assistance-conseil, permettant aux pêcheurs de trouver des débouchés stables et plus avantageux.

Une réunion sur la planification du projet par objectif (ZOPP) s'est tenue à Nosy-Be du 13 au 17 août 1990 au cours de laquelle on a identifié les activités à entreprendre pendant les années à venir (jusqu'en 1994) afin d'atteindre les objectifs initialement fixés.

2.5.3 Problèmes sur le support institutionnel

3. PROPOSITIONS D'AMELIORATION

3.1. Concernant la ressource

3.2 Concernant la production

3.3 Concernant la consommation

3.4 Concernant le support institutionnel


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