S E S S I O N I
INTRODUCTION SUR LES PECHERIES NATIONALES
EXPOSE I - 1
Par
ANDRIANAIVOJAONA Ch., Directeur - DPA
I. LA POLITIQUE POUR LE DEVELOPPEMENT DE LA PECHE ET DE L'AQUACULTURE
1.1. Les objectifs globaux
Le potentiel en ressources halieutiques et dulcaquicoles et marines exploitables dans la Zone Economique Exclusive malgache et à l'intérieur du pays est assez important (évalué à 445.000 tonnes), et pourrait s'il est exploité rationnellement, d'une part participer, pour une large part à :
la satisfaction des besoins locaux en protéine d'origine animale, et d'autre part contribuer à:
l'amélioration de l'équilibre de notre balance commerciale ; on ne saurait pas, par ailleurs, oublier les impacts socio-économiques découlant de l'exploitation desdites ressources, entre autres:
l'élévation du niveau de vie des pêcheurs, et
la création d'emplois (pêcheurs, armateurs, dockers, mareyeurs, main d'oeuvre pour la transformation et la conservation des produits, transporteurs, …).
1.2. La stratégie générale
Pour la concrétisation de ces objectifs, la politique préconisée dans le domaine halieutique est :
le développement de la pêche traditionnelle en mer et en eau douce auquel doit s'ajouter la promotion de la pêche artisanale (effectuée à bord de petites embarcations motorisées) et de l'aquaculture, notamment la rizipisciculture;
la diversification des produits halieutiques d'exportation dont l'exploitation est à programmer d'une façon judicieuse. Cette exploitation doit être, dans la mesure du possible réalisée avec des moyens à la portée des nationaux;
la participation de plus en plus importante de la pêche industrielle dans le ravitaillement du marché intérieur en produits halieutiques;
la recherche d'une contribution conséquente de la pêche industrielle dans le développement des autres branches du secteur halieutique (branches traditionnelle et artisanale).
A ces grandes orientations doivent s'ajouter des mesures d'accompagnement qui sont :
la gestion rationnelle des stocks exploités en haute mer, en eaux côtières dans les lagons, lacs et rivières;
la promotion de l'exploitation des stocks sous-exploités;
l'identification et l'évaluation des stocks exploitables.
1.3. Stratégie sectorielle
1.3.1. La pêche traditionnelle
La pêche traditionnelle a et devra toujours avoir une place importante dans le ravitaillement du marché local en produits halieutiques.
Un effort soutenu doit être fourni à cette branche d'activité pour l'organiser et la dynamiser dans la pêche ou la collecte des produits d'exportation qui sont à la portée des moyens et des équipements dont elle dispose.
(ex : • les langoustes côtières,
• le crabe de palétuviers,
• les holothuries,
• les algues,
• Les anguilles, etc …)
Les actions à entreprendre doivent, et c'est patent, solutionner les problèmes rencontrés au niveau de cette pêche traditionnelle ; on peut citer:
Désenclavement des villages de pêcheurs par :
l'amélioration des routes reliant les lieux de production aux centres de consommation et de ravitaillement avoisinants;
la construction d'unités de traitement et de stockage des produits (chambre froide, hangar de salage, de fumage ou de séchage).
Mise à la disposition des pêcheurs des engins et matériel de pêche (filets, fils, hameçons, …) appropriés (suivant les normes fixées par l'administration des pêches);
Organisation de la collecte des captures par la mise en place ou la restauration de sociétés de collecte ayant les équipements et la technicité nécessaires;
Reconstitution des stocks surexploités par l'application de mesures appropriées (fermeture de la pêche, création de réserves ou cantonnements, réempoissonnement, …).
1.3.2. Aquaculture
Développer l'aquaculture, alors qu'il existe encore des ressources halieutiques naturelles peu ou pas exploitées parait, à priori, une thèse difficile à défendre.
Toutefois, il convient de préciser que :
l'aquaculture peut et doit être pratiquée dans les zones peuplées;
les rizières irriguées existent en abondance, constituant autant de plans d'eaux (familiaux) qu'il suffit, après un aménagement minime, d'empoissonner;
le rendement minimum en rizipisciculture est de l'ordre de 100 kg/ha en quatre mois.
L'aquaculture peut donc apporter un complément de protéine et de revenu à la population rurale malgache.
Pour des espèces que l'on peut destiner à l'exportation (exemple : crevettes), la promotion de l'aquaculture mérite d'être favorisée pour donner une production venant en complément de celle réalisée par la pêche.
1.3.3. Pêche artisanale
la pêche artisanale est à promouvoir surtout pour la pêche en eaux côtières. En effet, de par même l'exiguîté, la mauvaise tenue en mer et la faible autonomie de la pirogue monoxyle ou à balancier, le rayon d'action de la pêche traditionnelle est très limité; de ce fait l'on ne peut pas s'attendre même à long terme à une augmentation importante de la mise à terre de cette dernière.
La pêche artisanale doit permettre l'exploitation des stocks qui se trouvent dans des zones inaccessibles aux pêcheurs traditionnels. Pour être rentable, elle doit être axée sur les espèces prisées aussi bien sur le marché intérieur qu'à l'exportation.
Le développement de la pêche artisanale nécessite, entre autres:
la création de complexes intégrés de pêche plus ou moins importants, offrant les facilités essentielles : équipement de pêche, stockage, distribution des produits, répartition des bateaux ;
l'intervention d'une société d'armement qui doit gérer techniquement et financièrement l'exploitation des bateaux et de l'ensemble des installations et équipements à terre, la formation des armateurs est une tâche urgente à mener ;
une source de financement appropriée, étant donné qu'une large partie des investissements se chiffre en devises. Un crédit maritime est à créer;
la mise en oeuvre de techniques de pêche rentables en commençant par des études et des essais pratiques suivis de démonstration auprès des pêcheurs.
1.3.4. Pêche industrielle
Compte tenu de l'importance des investissemnts à effectuer et de celle des charges d'exploitation à supporter, les modes d'exploitation préconisées sont :
l'exploitation par les navires d'Etats tiers sous licences pour les ressources dont le rendement à la capture et la rentabilité financière n'ont pas été vérifiés. C'est la solution d'attente aussi lorsque les investissements sont jugés trop lourds pour les fonds nationaux ;
l'exploitation par une société jointe pour les ressources dont l'exploitation a été démontrée rentable ;
l'exploitation par des opérateurs malgaches pour les ressources qui ont déjà fait l'objet d'une exploitation rentable et à condition que les nationaux possèdent le financement nécessaire, maîtrisent la technique à mettre en oeuvre, la gestion financière de l'entreprise et surtout la commercialisation sur les marchés extérieurs.
Quant aux actions à entreprendre, il s'agit pour les produits destinés à l'exportation :
de rentabiliser l'exploitation des crevettes pénéides côtières en répartissant judicieusement les efforts de pêche dans l'espace et dans le temps.
de s'orienter vers d'autres produits tels que les crustacés en eaux profondes et les thonidés.
En ce qui concerne la participation de la pêche industrielle à la satisfaction des besoins protéiniques de la population, les actions sont à orienter :
sur la récupération des poissons d'accompagnement du chalutage crevettier dans un premier temps, et du chalutage des crustacés en eaux profondes dans un second temps. Les produits qui sont impropres à la consommation humaine sont à transformer en farine;
sur le débarquement des poissons autres que le thon et qui n'intéressent pas les armateurs thoniers. Une obligation de débarquement d'une partie des captures peut aussi être négociée;
sur l'exploitation des petits pélagiques (sardinelles, anchois, …). Ces espèces sont en effet riches en graisses et protéines animales, elles sont d'un coût de production relativement bas et se prêtent à des transformations (mise en boîte, fumage, etc …) qui en facilitent le transport et la distribution.
Pour faire contribuer la pêche industrielle dans le développement des branches traditionnelle et artisanale du sous-secteur halieutique, les actions doivent être menées à deux niveaux:
à l'amont des activités traditionnelle et artisanale, les armements à la pêche industrielle peuvent:
fournir des équipements et matériel de capture, y inclus les embarcations (avec ou sans moteur, pirogues, …) et ce, en octroyant des facilités de paiement (vente à crédit, location vente, …);
fournir des services tels que entretien et réparation des moteurs et des coques, ravitaillement en glace, carburant, … ;
à l'aval, les pêcheurs traditionnels et artisanals peuvent bénéficier :
d'un réseau de collecte (par terre et par mer) à organiser par la branche industrielle ;
d'un marché qui pourrait être constitué par les sociétés industrielles, si les produits intéressent celles-ci (crabes, poissons, fins, …).
II. POTENTIALITES DES EAUX MALGACHES
D'après l'état actuel des connaissances, les ressources exploitables des eaux malgaches sont de l'ordre de 445.000 tonnes. (cf. tableau 1).
R E S S O U R C E S | P O T E N T I E L (tonnes) | |
I. | Ressources marines et estuarines | 374.500 |
- | Crevettes Pénéides du plateau conti- nentales (côtières) | 8.000 |
- | Crevettes profondes | 1.000 |
- | Crabes de palétuvier (Scylla Serrata) | 7.500 |
- | Langoustes du plateau continental | 340 |
- | Petits poissons pélagiques | 160.000 |
- | Poissons démersaux | 45.000 |
- | Thons | 51.600 |
- | Algues rouges | 3.600 |
- | Trépangs | 460 |
- | Poissons des eaux estuarines | 40.000 |
- | Mariculture de crevettes | 57.000 |
II. | Ressources des eaux douces | 70.000 |
- | Produits d'eaux douces dont : | |
a) eaux continentales | 40.000 | |
b) pisciculture | 30.000 | |
III. | TOTAL | 444.500 |
Sources : Rapport du projet MAG/77/009, du projet MAG/80/008 et de R/V Fridtjof Nansen (1983), du projet MAG/86/006, A. Ralison (1982), A. Ralison (1987), A. Collart et M. Vincke (1990), A. Rabelahatra (1990), Rapports DPA.
Il est à remarquer que, compte tenu de l'insuffisance des prospections et études réalisées, les évaluations sont assez grossières notamment pour les poissons pélagiques, les poissons démersaux et les crustacés d'eaux profondes. Pour d'autres ressources, comme les trépangs, les langoustes néritiques, les algues rouges, les chiffres avancés représentent la production maximale obtenue jusqu'à maintenant.
Parmi les ressources peu ou pas exploitées actuellement et qui pourraient à l'avenir attirer l'attention des opérateurs, figurent : les thonidés, les poissons démersaux et les petits pélagiques.
Il faudrait signaler que la côte occidentale est particulièrement propice à l'élevage de crevettes.
Les ressources en eau douce ne représentent que 11% du potentiel total.
III. NIVEAU D'EXPLOITATION ACTUELLE
Mis à part les chiffres concernant la pêche industrielle crevettière, les données se rapportant aux autres espèces ne sont que des estimations. En effet, compte tenu de l'insuffisance de la couverture administrative pour toutes les régions, la Direction de la Pêche et de l'Aquaculture n'a pas pu mettre en place un système statistique permettant d'avoir des chiffres fiables sur la production.
Tableau 2 : Production halieutique et de l'aquaculture à Madagascar
No | Pêches | 1960 | 1970 | 1980 | 1989 |
I. | PECHE MARITIME | 3.500 | 9.376 | 13.618 | 69.412 |
1.1. | Pêche industrielle, dont: | - | 3.010 | 5.119 | 17.412 |
- crevettes | - | 2.910 | 4.913 | 6.962 | |
- poissons | - | 100 | 206 | 10.450 1 | |
1.2. | Pêche traditionnelle/artisanale | 3.500 | 6.366 | 8.500 | 52.000 2 |
II. | PECHE D'EAUX DOUCES | 22.500 | 35.090 | 38.700 | 30.215 |
2.1. | Pêche continentale | 21.621 | 34.510 | 38.350 | 30.0002 |
2.2. | Pisciculture en étangs | 864 | 508 | 250 | 100 |
2.3. | Rizipisciculture | 15 | 72 | 100 | 115 |
III. | PRODUCTION TOTALE | 26.000 | 44.466 | 52.319 | 99.627 |
1 dont 8.510 tonnes de thons pêchés par les bateaux sous pavillonétranger.
Source: Anonyme (1962), M. Vincke (1972), Statistiques de la Direction de la Pêche et de l'Aquaculture, Rapport d'activités de la DPA en 1989, A. Collart, M. Vincke (1989), Rapport No10.
L'on peut constater :
une augmentation de la production totale de 4 fois plus entre 1960 et 1989 ;
une progression constante de la production traditionnelle et des captures industrielles ;
une baisse de la production de la pisciculture dans son ensemble.
Enfin, si l'on compare la production totale en 1989 (100.000 tonnes) aux potentialités des eaux malgaches, l'on note que les ressources sont sous-exploitées surtout en eaux marines et estuarines.
IV. DESCRIPTION DES DIFFERENTES PECHERIES
4.1. Pêche traditionnelle
La pêche traditionnelle est définie comme celle réalisée par des pêcheurs utilisant différents types d'embarcations non motorisées ou pratiquant la pêche à pieds. Les engins de capture sont variés ; des filets divers, des lignes à main, des casiers, des moustiquaires, des barrages, …
4.1.1. Pêche traditionnelle maritime
Un recensement effectué en 1987/88 a permis de dénombrer quelques 42.556 pêcheurs traditionnels sont 11.836 travaillant à pieds. On estime à 21.455 le nombre total de pirogues. Le type d'embarcation la plus utilisée est la pirogue à balancier (63%), ensuite la pirogue monoxyle (36%).
Tableau 3 : Comparaison des effectifs de pêche maritime traditionnelle entre 1970/71 et 1987/88
No | E f f e c t i f s | 1970/71 | 1987/88 |
1 | Nombre de village des pêcheurs | 305 | 1.250 |
2 | Nombre de pêcheurs piroguiers | 5.822 | 30.720 |
3 | Nombre d'embarcations | 3.843 | 21.455 |
4 | Nombre d'engins de pêche dont : | ||
- sennes | 227 | 3.613 | |
- filets maillants | 1.629 | 13.344 | |
- lignes | 5.230 | 54.700 | |
- barrages | 95 | 2.090 | |
- masques à plonger | 347 | 4.175 |
Sources : A. Collart (1972), Rapport de terrain No4.
On remarque un net développement de la pêche traditionnelle maritime ; en l'espace de 17 ans :
le nombre des pêcheurs ainsi que celui des embarcations a quintuplé ;
on constate, une croissance spectaculaire de l'utilisation de deux engins : la senne et le barrage ;
l'augmentation du nombre de ces deux engins qui coûtent relativement chers et qui sont très productifs démontre une mutation de la pêche traditionnelle qui est passée d'une activité d'autosubsistance à une activité commerciale.
Les mises à terre de la branche traditionnelle sont estimées à 50.000 tonnes/an. Ce qui constitue 50% de la production totale des eaux malgaches et 61% des produits destinés à la consommation locale. Les captures sont essentiellement constituées de poissons. Toutefois on note une augmentation importante de la production de crevettes de 800 tonnes en 1970 à 1700 tonnes en 1989 ; de celle du crabe de 394 tonnes en 1975 à 1.020 tonnes en 1989 et enfin de celle des langoustes : 92 tonnes en 1975 à 321 tonnes en 1989. Cette augmentation s'explique par le fait que ce sont des produits très recherchés par les collecteurs car très lucratifs à l'exportation.
Le développement de la production de la pêche traditionnelle maritime est dû à la rentabilité de cette activité. Des études ont démontré que le pêcheur propriétaire de sa pirogue, spécialisé dans la capture des poissons, obtient un revenu net annuel de 780.000 FMG soit 65.000 FMG/mois.
3.1.2. Pêche traditionnelle continentale
La pêche continentale est pratiquée essentiellement dans les lacs, lagunes, marais et dans une moindre mesure dans les rivières. La surface d'eaux exploitées est estimée à 150 – 160.000ha. Des enquêtes réalisées en 1987, 1988, 1989 ont permis de recenser 17.279 pêcheurs et 7.023 embarcations.
En ce qui concerne les engins utilisés, l'on note une domination des filets maillants ; les autres sont principalement les nasses, la ligne, l'épervier et la senne.
La production totale de la pêche continentale est actuellement difficile à estimer. On pense qu'elle oscille entre 28.000 et 30.000 tonnes/an.
On observe une intensification de l'effort de pêche sur l'ensemble des plans d'eaux ces dernières années et sans l'application de mesures appropriées, on risque d'aboutir à la surexploitation des ressources ichtyques d'eau douce.
4.2. Pêche artisanale
La pêche artisanale se caractérise par l'utilisation d'embarcations motorisées avec deux (2) à cinq (5) hommes d'équipage et ayant une autonomie en mer inférieure à une semaine.
Les embarcations motorisées, utilisées pour la pêche et aussi pour la collecte, recensées en 1981 étaient au nombre de 62 employant environ 290 pêcheurs.
En 1990, la flotille artisanale compte une centaine d'embarcations dont 65 unités opérationnelles. Parmi ces embarcations en activités, 35 font la pêche et le reste est affectée à la collecte. Les engins utilisés sont la ligne à main et le filet maillant pour la capture des poissons et le chalut pour les crevettes.
La pêche artisanale offre selon un recensement en 1990 quelques 440 emplois.
La production de cette branche d'activité est estimée à 600 tonnes dont 180 à 200 tonnes de crevettes. Ce qui ne représente même pas 1 pour cent de la production halieutique globale de Madagascar.
Si l'on compare les chiffres de 1981 (62 embarcations) à ceux de 1990 (65 opérationnelles) on constate une stagnation dans le développement de ce sous-secteur et ce, malgré des investissements importants dans le cadre de la coopération avec le Japon. Cette situation s'explique par le fait que l'utilisation de ces embarcations à moteur nécessite des dépenses que ne connaissent pas la pêche traditionnelle (carburant, vivres, pièces détachées, …) et leur exploitation demande en conséquence une gestion rigoureuse. Or la pêche artisanale ne semble pas intéresser les sociétés industrielles, alors qu'elle n'est pas facilement à la portée des pêcheurs traditionnels. Dès lors, ce sont de nouveaux opérateurs, qui n'ont pas la connaissance du métier, qui s'aventurent dans cette pêche artisanale. La pêche expérimentale au poisson effectuée par un armateur artisanal utilisant un bateau mère, affrêté, autour duquel travaillent des petites embarcations motorisées est à suivre de près. Les résultats devraient être intéressants car le promotteur a déjà demandé à faire venir un autre bateau.
Pour le chalutage artisanal des crevettes, sa rentabilité est notoire. Cela explique l'intérêt de presque toutes les sociétés industrielles de venir en appui de cette activité d'une manière ou d'une autre.
4.3. Pêche industrielle crevettière
Les fonds de pêche se trouvent principalement sur la côte Ouest, particulièrement la côte Nord-Ouest où les potentialités sont estimées à 5.200 tonnes (cf. tableau 4).
Tableau 4 : Potentiel crevettier par zone
Z O N E | D E L I M I T A T I O N | P.M.E (tonnes/an) |
I | Baie d'Ambaro | 1.600 |
II | Baie de Narindra | 720 |
III | Baie de Mahajamba | 300 |
IV | Nord Mahajamba | 310 |
V | Sud Mahajamba | 910 |
VI | Cap Saint André | 1.370 |
TOTAL | 5.210 | |
VII à X Sud Cap Saint André | Plus de 2.000 tonnes dans l'état actuel des connaissances | |
Côte Est | Plus de 200 tonnes |
Six (6) sociétés s'adonnent à la pêche industrielle crevettière :
les “Pêcheries de Nossi-Be” (P.N.B), créées en 1976 à Nosy Be opèrent actuellement avec 16 bateaux, oeuvrant dans la zone I et les zones VII à X;
la “REFRIGEPECHE-Ouest”, installée à Mahajanga en 1985, exploite 2 chalutiers, opérant dans les zones VII à X;
la “REFRIGEPECHE-EST”, basée à Toamasina dispose de 2 chalutiers ;
la “Société Malgache de Pêcherie” (SOMAPECHE), à Mahajanga, fonctionne depuis 1967 (date à laquelle a débuté l'exploitation industrielle des ressources crevettières). Elle utilise 16 chalutiers opèrant dans les zones II à X ;
la “Société des Pêcheries du Boina” (SOPEBO), qui a repris les activités de la FAMAKO en 1982, et qui est aussi basée à Mahajanga, travaille avec 12 chalutiers dans les zones II à X.
le Groupe KALETA arme un chalutier travaillant dans les zones VII à X. Il a commencé ses activités en octobre 1990.
La flotte de pêche constituée de 49 unités de 150 à 1.250 CV est composée de deux types de chalutiers ; les glaciers et les congélateurs.
L'engin utilisé est le chalut à panneaux dont la forme et la taille diffèrent selon les navires et les armements. La technique utilisée est principalement le chalutage de type “Floridien” à double tangon.
L'industrie crevettière emploie près de 3.000 personnes.
La capture annuelle tourne autour de 7.000 tonnes (cf. tableau 5), chiffre avoisinant la prise maximale équilibrée.
ZONE | POTENTIEL | ANNEE | ||||
1985 | 1986 | 1987 | 1988 | 1989 | ||
I | 1.600 | 1.237 | 1.458 | 1.919 | 1.484 | 1.459 |
II | 760 | 751 | 610 | 795 | 620 | 613 |
III | 320 | 350 | 360 | 324 | 374 | 355 |
IV | 310 | 341 | 431 | 530 | 350 | 429 |
V | 910 | 457 | 581 | 937 | 505 | 541 |
VI | 1.270 | 596 | 751 | 906 | 951 | 979 |
VII à X | 2.000 | 2.359 | 2.657 | 2.308 | 2.748 | 2.410 |
Côte-Est | 200 | 67 | 75 | 135 | 131 | 171 |
T O T A L | 7.370 | 6.158 | 6.923 | 7.855 | 7.163 | 6.963 |
Source : DPA, rapport annuel.
L'espèce la plus pêchée est la crevette blanche ou Penaeus indicus (80% des captures).
En plus des crevettes, les chalutiers capturent aussi des poissons, dits d'accompagnement, de l'ordre de 20.000 tonnes et qui sont presque en totalité rejetés à la mer.
En 1989, 1.940 tonnes seulement de poissons étaient commercialisés (moins de 10% des prises globales). (cf. tableau 6).
Tableau 6 : Débarquement de poissons d'accompagnement (en tonne)
ANNEE | 1985 | 1986 | 1987 | 1988 | 1989 |
QUANTITE | 651 | 1.089 | 1.604 | 1.590,5 | 1.940 |
Source : Rapports annuels DPA.
Les crevettes sont destinées pour l'exportation et sont présentées sous plusieurs formes (cf. tableau 7).
Tableau 7 : Production crevettière industrielle par catégorie de produits
Produits | 1985 | 1989 | ||
Poids (T) | % | Poids (T) | % | |
Crevette entière | 783 | 18,6 | 2.121 | 40,6 |
Crevette étêtée | 3.469 | 81,3 | 3.002 | 57,5 |
Crevette décortiquée | 17 | 0,04 | 96 | 1,9 |
T O T A L | 4.267 | 100 | 5.219 | 100 |
Source : Rapports annuels de la DPA.
La recherche croissante de valeur ajoutée conduit certaines sociétés à s'orienter de plus en plus vers la production de crevettes entières (notamment cuites congelées).
4.4. Pêche thonière
Les études réalisées jusqu'à présent ne permettent pas encore d'apprécier la potentialité des eaux malgaches en thonidés qui, par ailleurs, sont des poissons migratoires ne faisant que passer à certaines périodes dans notre Z.E.E.
Des tentatives d'exploitation des thonidés de surface ont été réalisées entre 1971 et 1975 à Madagascar. Les captures réalisées avec 9 canneurs étaient de l'ordre de 11.000 tonnes en 1974. Elles étaient constituées de 80% de listao ou Katsuwonus pelamis.
L'exploitation s'arrête en 1975, à cause de l'éffondrement du cours du thon sur le marché mondial, et n'était reprise qu'en 1986 par le biais d'un accord passé avec la Communauté Economique Européenne. Cet acoord a été renouvelé en 1989 pour une période de 3 ans et permet à 45 thoniers senneurs européens de venir travailler dans nos eaux, contre paiment d'une redevance. D'autres accords ont été passés, la majorité en 1990 avec des sociétés étrangères leur permettant d'envoyer dans notre ZEE par l'achat de licences, 5 senneurs et 23 palangriers. Par ailleurs une société de droit malgache a été autorisée à affrêter 5 palangriers. La flotte autorisée à pêcher dans les eaux malgaches est donc constituée de 78 unités dont 50 senneurs et 28 palangriers.
En 1989 les captures réalisées dans la ZEE malgache sont estimées à plus de 8.500 tonnes, et les redevances ont permis une rentrée de devises équivalent à plus de 2 milliards de FMG.
Ce système de vente de licences ne peut être considérée que comme une solution d'attente d'un meilleur mode d'exploitation : celui de la création de sociétés mixtes. Le nombre de licences mises en vente doit être diminué au fur et à mesure que les sociétés de droit malgache augmentent leur flotte.
Dans le domaine thonier, il faudrait signaler la construction de la conserverie de thons à Antsiranana par la Société Pêche et Froid Océan Indien (PFOI). La capacité de production de cette usine est de 20.000 tonnes/an.
3.5. L'aquaculture
3.5.1. L'aquaculture en eau douce
Grâce à l'assistance financière et à l'appui technique de la FAO, l'aquaculture en eau douce a pu être redynamisée à partir de 1985 notamment dans les Faritany d'Antananarivo et de Fianarantsoa.
Il existe actuellement à Madagascar deux stations de recherches piscicoles et 31 stations de production d'alevins dont 7 sont fonctionnelles, 4 en cours de réhabilitations et 20 inactives.
Les espèces produites pour l'élevage au niveau de ces stations sont principalement la carpe, le tilapia et le cyprin doré.
La production de l'aquaculture en eau douce obtenue jusqu'à présent reste très modeste, malgré les efforts de développement déployés.
La production de 1989 qui est de 200 tonnes est encore de loin inférieure à celle de 1960 estimée à plus de 800 tonnes.
Cette chute de production est dûe à la régression rapide de la pisciculture en étang, alors que la rizipisciculture sur laquelle sont axés tous les efforts d'encadrement ne connaît qu'un développement assez lent auparavant. Mais depuis ces deux dernières années l'on constate, d'après les statistiques sur les alevins distribuées (cf. tableau 8) que les actions de vulgarisation commence à avoir des résultats positifs.
CAMPAGNE | Alevins distribués |
1975/1976 | 223.286 |
1979/1980 | 450.000 |
1984/1985 | 135.369 |
1985/1986 | 198.828 |
1986/1987 | 420.486 |
1987/1988 | 522.000 |
1988/1989 | 730.000 |
1989/1990 | 1.313.600 |
Source : Cahier d'information des pêches No3, 1990 et statistiques de la DPA.
3.5.2. Mariculture
L'élevage en milieu marin se limite pour l'instant à des expériences réalisées par l'administration : élevage de Chanos-chanos (milkfish), d'huîtres et de crevettes côtières.
Pour le Chanos-chanos, on a obtenu des rendements intéressants (570 Kg/ha en 4 mois sans apport d'aliment), mais l'expérience n'a pas pu être continuée faute de financement.
Madagascar possède de gisements naturels assez importants d'huîtres et de moules, deux produits qui ne sont pas encore entrés dans les habitudes alimentaires du malgache. Les besoins des restaurateurs semblent encore être couverts par la production à partir de ces gisements naturels.
D'après des études menées récemment la côte Ouest de Madagascar dispose de plus de 52.000 ha de terrain propice à l'élevage de crevettes. L'espèce la plus intéressante sur le plan rendement est le camaron ou Penaeus monodon. Le potentiel de production est de 57.000 tonnes soit 7 fois plus que la production par la pêche (8.000 tonnes).
C'est une activité d'avenir pour permettre d'augmenter les recettes d'exportation mais aussi pour offrir des emplois à la population.
Les opérateurs privés s'y intéressent, le ministère a actuellement reçu 6 idées de projets qui sont déjà plus ou moins avancées dans leur stade d'élaboration.
IV. CONCLUSION
La pêche et l'aquaculture jouent un rôle important dans l'économie nationale et elles pourront encore contribuer davantage au développement du pays.
Elle participe de plus en plus à satisfaire les besoins de la population en protéine d'origine animale (cf. tableau 9).
Tableau 9 : Disponibilité théorique de poisson par habitant
No | ANNEES | 1960 | 1970 | 1980 | 1988 |
1 | Production (en tonnes) | 26.000 | 44.466 | 52.319 | 91.344 |
2 | Importation (en tonnes) | 890 | 674 | 75 | 269 |
3 | Exportation convertie en produit frais (en tonnes) | 200 | 3.300 | 3.830 | 9.262 a |
4 | Consommation locale (en tonnes) | 26.690 | 41.834 | 48.564 | 82.351 |
5 | Population (en mille)* | 5.487 | 7.655 | 8.713 | 10.630 |
6 | Disponibilité théorique de poisson par habitant (Kg/an) | 4,9 | 5,5 | 5,6 | 7,7 |
7 | Disponibilité théorique de la viande par habitant (Kg/an)** | 25,1 | 22,3 | 21,8 | 18,0 |
a contient aussi 382 tonnes de thons pêchés par les bateaux étrangers.
Sources: tableaux 2, 3, et 4 (cf. chapitre I)
* Statistique de la Banque de données de l'Etat
Les exportations de produits halieutiques se caractérisent par une croissance constante. Ainsi ils ont permis des recettes en devises équivalentes à :
3,914 | milliards | FMG | en | 1980 |
15,051 | milliards | FMG | en | 1985 |
17,394 | milliards | FMG | en | 1986 |
36,661 | milliards | FMG | en | 1987 |
50,117 | milliards | FMG | en | 1988 |
59,597 | milliards | FMG | en | 1989 |
Enfin il faudrait signaler que la pêche et l'aquaculture offrent des possibilités d'emplois importantes. Avec un plan d'actions cohérent, compte tenu des potentialités assez importantes qui restent sous-exploitées, ce sous-secteur devra connaître un développement intéressant.
EXPOSE I - 2
Par
RAZAFIMBELO E., Chef SPPA - 2
1. INTRODUCTION
La présente note, rédigée à partir des éléments disponibles au niveau du SPPA-2 d'une part, et d'autre part prenant en compte les résultats du séminaire régional des 12–13 juin donne une courte description du Faritany d'Antsiranana avec la situation des pêches et ses problèmes et se termine par quelques propositions d'amélioration.
2. SITUATION ACTUELLE
2.1 Présentation du Faritany
Le Faritany d'Antsiranana, grâce à sa façade maritime longue de 800 km environ, ses plans d'eau intérieurs (lacs et rivières) non négligeables, possède les possibilités de support d'activités halieutiques tant maritimes que continentales.
2.1.1 La côte-est est caractérisée par:
son allure relativement rectiligne, par rapport à la côte-ouest échancrée tout de même par la grande baie de Diégo, la baie de Lokia, d'Irodo,
son plateau continental étroit (3–5 milles),
son exploitation quasi-permanente aux vents forts (Alizé du sud-est) rendant sa navigabilité très difficile,
l'existence de nombreux fleuves versant dans l'Océan indien dont les plus importants sont, du nord au sud : la Lokia, la Bemarivo, la Sambava, la Lokoho, l'Ankavanana et l'Ankavia (Antalaha),
l'existence des lacs comme : la Sahaka (1.000 ha), Antohomaro, Ampahana (371 ha).
2.1.2 La côte ouest se distingue par :
une allure déchiquetée avec de nombreuses baies et presqu'iles telles que: la baie du Courrier, la baie d'Ambaro, la baie d'Ampasindava;
l'existence d'îles et ilots dont les plus importants sont: Nosy Mitsio, Nosy Faly, Nosy-Be ;
la présence d'une zone de mangrove (baie d'Ambaro, baie d'Ampasindava), désservie par la Mahavavy et la Sambirano estimée à environ 33.200 ha de superficie ;
un plateau continental relativement large (40 milles)
un climat assez doux.
2.2 Les ressources
2.2.1 En eau marine
Selon Ralison A. (Consultant de la FAO), si les espèces cibles de la pêche traditionnelle sont très variées, celles qui font l'objet de la pêche artisanale et industrielle sont par contre d'éventail limité: crevettes pénéides et thonidés (Listao et Albacore).
Les ressources exploitables sont constituées par :
les poissons d'accompagnement des stocks crevettiers avec un MSY de 2.000t/an environ,
les poissons de récifs avec un MSY de 800t/an environ,
les langoustes vertes,
les petits poissons pélagiques avec un MSY 60.000t/an sur la côte ouest,
les gros pélagiques (autres que thonidés) capturables à la traine dans les fonds de baie et sur les bancs récifaux du large de la côte ouest,
les thonidés qui font l'objet d'une pêche active par une flotte étrangère à la région actuellement.
A part cela, on peut citer également l'holothurie, le calmar, la seiche, la poulpe et les coquillages.
2.2.2 En eau continentale
Peu d'informations sont disponibles sur les ressources en eau douce. On peut néanmoins donner les noms des espèces qu'on rencontre dans le Faritany :
le sory (ou masovoatoaka) Paretroplus polyactis qu'on rencontre essentiellement sur la côte est, surtout dans la région de Sambava,
le tilapia : sur la côte est et en région centrale (Anivorano)
le cyprin doré,
la carpe (qui se raréfie à Andapa)
le fibata (côte est)
Panguille, rencontrée presque partout dans le Faritany et,
le crapaud.
Par ailleurs, Kiener signale l'existence en leur temps, des truites dans la station de la montagne d'Ambre.
Problèmes inhérents aux ressources
la non connaissance des paramètres biologiques permettant leur bonne exploitation (niveau du stock, cycle, taille maximale, …) ;
des cas d'intoxication par des petits poissons pélagiques ont été signalés en saison chaude sur une partie de la côte est en 1989 ;
la période de fermeture de la langouste actuellement appliquée (ler janvier au 30 avril), semble inadaptée aux espèces vertes existantes dans la région ;
dans certaines régions (Ampasindava, Ramena), on a signalé la raréfaction de certaines espèces de coquillage dont le genre turbo;
les tortues et les mammifères marins constituent les captures accidentelles des pêcheurs ;
la prolifération du fibata sur la côte est actuellement constitue un danger pour le peublement piscicole.
2.3 La production
2.3.1 Les moyens de production et les producteurs
Le tableau 1 suivant résume l'effectif des pêcheurs et des engins de pêche, en ce qui concerne le secteur traditionnel (eaux douces, estuaires, eaux marines), d'après les résultats d'une enquête cadre réalisée en 1988.
Pêcheurs | Pirogues | Filet maillant | Sennes | Lignes | Harpons-Nasses | Barrages |
7.964 | 4.266 | 2.466 | 610 | 7.814 | 4.904 | 569 |
et le tableau 2 donne la répartition des pêcheurs traditionnels :
Effectif des pêcheurs trationnels et répartition
Eaux douces | Estuaires | Eaux marines |
720 | 3.272 | 3.972 |
surtout : | surtout : | surtout : |
- Ambilobe | - Ambanja | - Nosy-Be |
- Sambava | - Ambilobe | - Antsiranana |
- Andapa | - Ambilobe | |
- Antalaha | - Ambanja | |
- Antalaha |
Pour la pêche artisanale, le tableau 3 ci-dessous donne l'effectif des embarcations.
Embarcations motorisées dans le Faritany
Localisation | Utilisation | Nombre |
CIRPA - Antsiranana | Pêche | 15 |
collecte | 7 | |
CIRPA - Nosy-Be | Pêche | 18 |
collecte | 9 | |
CIRPA - Sambava | collecte | 3 (à Antalaha) |
Total | 52 |
Quant à la pêche industrielle, voici résumée dans le tableau 4, la situation de la flotte crevettiere des Pêcheries de Nosy-Be (P.N.B.).
Noms | Puissance (CV) | Type | Nombre total |
Nosy-Be 1 à 4 | 150 | Congélateurs | 4 |
Nosy-Be 5 à 8 | 500 | Congélateurs | 4 |
Nosy Iranja | (280) | (Claciers) | 8 |
Nosy Mitsia | |||
Nosy Sakafia | (287) | (Glaciers) | |
Nosy Vorona | |||
Beloha | 150 | Glaciers | |
Beravina | |||
Mahavelona | |||
Tsimanary | |||
Nosy Valiha | Bâteau-mère | 1 | |
Total | 17 |
Depuis 1986 jusqu'à ce jour, 26 autorisations d'exploitation (ex-arrêtés 1093 et 5751) ont été délivrées pour le Faritany d'Antsiranana, et détaillées de la manière suivante:
Année | 1986 | 1987 | 1988 | 1989 | 1990 | Total |
Nombre | 8 | 6 | 4 | 2 | 6 | 26 |
2.3.2 La production proprement dite
La production du secteur traditionnel est inconnue et difficilement estimable, d'ailleurs, c'est l'objet même de l'actuel projet d'assistance de la FAO.
Pour les opérateurs artisanaux, les produits pêchés et/ou collectés, se présentent selon le tableau 6 suivant pour l'année 1989.
Produits | Antsiranana | Nosy-Be | Vohémar | Total |
- Poisson | 51.970 | 60.350 | 15.700 | 128.020 |
- Crevette | 231.050 | 362.780 | 1.970 | 595.800 |
- Camaron | 10.000 | 12.390 | 1.030 | 23.420 |
- Langouste | 1.960 | 19.590 | 380 | 21.930 |
- Crabe | 194.930 | 126.600 | 310 | 321.840 |
- Céphalopode | 340 | 7.390 | 14.910 | 22.640 |
- Cuisse de nymphe | 650 | - | - | 650 |
- Anguille | 170 | - | - | 170 |
En ce qui concerne la pêche industrielle, deux volets sont concernés : la pêche thonière et la pêche crevettière.
2.3.2.1 Pêche crevettière
Année | Zone-I | Zone-VI | Zone-VII-X | Total |
1989 | 1.435.292 | 295.196 | 700.502 | 2.430.990 |
1990 jusqu'au 30/06/1990 | 1.191.582 | 166.312 | 474.547 | 1.832.441 |
Zone I : Côte nord-ouest : Nosy Be baie d'Ambaro
Zone VI: cap Amparafaka - Nosy Voalavo
Zone VII à X : côte ouest-sud ouest : Nosy Voalavo-Baie de St. Augustin
2.3.2.2 Pêche thonière
Depuis quelques années (1986–87), les thoniers senneurs européens fréquentent le port d'Antsiranana pour diverses raisons :
On peut affirmer qu'indubitablement la ville d'Antsiranana tire beaucoup d'avantages économiques générés par la présence de ces thoniers.
Ainsi, pour 32.325t de thons transbordés en 1990, 2.438t de sel ont été achetés par les thoniers à raison de 360 FF/tonne, soit en tout et en valeur : 877.680 FF, si 1 FF = 275 FMG, ceci donne 241.450.000 FMG environ, sans parler des travaux effectués à la SECREN (autour de 6,5 milliards de FMG en 1990) ni des billets d'avion pour les membres d'équipages.
Le tableau 8 suivant donne l'évolution des activités des thoniers transbordant à Antsiranana depuis 1987.
Année | Nombre senneurs | Nombre cargos | Tonnage transbordé |
1987 | 19 | 7 | 11.471 |
1988 | 7 | 3 | 4.025 |
1989 | 26 | 12 | 15.028 |
1990 | 46 | 15 | 32.325 |
Par ailleurs, il faut signaler que le SPPA d'Antsiranana effectue un suivi statistique des thons transbordés avec l'ORSTOM des Seychelles et le Projet Régional Thon Océan Indien. En outre, l'usine de conserves de thon en cours de construction est prévue de fonctionner au début de 1991.
2.3.2.3 Problèmes sur la production
Suivi statistique très difficile, voire inexistante pour certains secteurs ou certaines ressources ;
zones de pêche non distinctes pour les différents types de métier, engins fixes non balisés (valakira);
problème de poisson d'accompagnement du chalutage crevettier ;
non sélectivité et prolifération des “valakira” ;
contrôle difficile de la pêche étrangère (pas d'envoi d'observateurs, non fourniture de renseignements);
insuffisance et non performance des moyens de production du secteur traditionnel surtout;
inexistence des stations piscicoles fonctionnelles pour la fourniture d'alevins;
non exploitation de certaines ressources (anguilles);
la plupart des producteurs titulaires des décisions d'exploitation ne fournissent pas les renseignements demandés;
certains opérateurs se soucient peu de la gestion des équipements des “dons” qu'ils gèrent par le biais d'une convention ; le matériel de pêche “don” cédé aux pêcheurs est difficile à contrôler.
2.4 Commercialisation
Les destinations classiques des produits sont :
Au cours du ler semestre 1990, les produits destinés à la commercialisation intérieure par la pêche artisanale (dans les Faritany + expédition vers d'autres villes) représentent en valeur quelques 454.000.000 FMG (arrondi), les bagages accompagnés, la consommation locale au niveau des marchés publics, l'autoconsommation n'étant pas connus faute d'éléments chiffrés.
Le tableau 9 suivant donne une idée sur la part respective des principaux produits dans cette commercialisation intérieure.
Produits | % en poids | % en valeur |
Crevette TV | 57,78 | 76 |
Camaron TV | 2,15 | 7,6 |
Langouste TV | 5,1 | 12 |
Poisson | 7,27 | 2,7 |
Crabe TV | 0,3 | 0,2 |
Céphalopode | 0,3 | 0,1 |
Les produits pêchés à Vohémar, pour une partie, consommés sur place, pour une autre, expédiés à Sambava et enfin, le reste, commercialisés à Andapa.
Les langoustes pêchées à Antalaha par le seul opérateur agréé (collège St. Jean) sont vendues à Antananarivo.
Les expéditions hors du Faritany sont destinées pour (dans l'ordre) : Antananarivo et Mahajanga.
Pour les opérateurs artisanaux, la France, et l'île de la Réunion sent les clients principaux, le Japon étant un acheteur occasionnel de coquillages.
Pour la pêche industrielle, la France est le premier acheteur, suivi par l'île de la Réunion et le Japon.
Pour les opérateurs artisanaux, l'exportation de tous produits confondus s'élève à environ FMG 551 milliards pour le ler semestre 1990.
En 1989, les PNB ont exporté pour une valeur de plus de 15 milliards de FMG et pour le premier semestre 1990 plus de 11 milliards de FMG.
2.4.1 Problèmes sur la commercialisation
2.5 Support institutionnel
2.5.1 L'administration de la pêche et de l'aquaculture
Au niveau du Faritany se trouve le SPPA 2 qui se divise en 3 CIRPA :
CIRPA 21 (Antsiranana) ayant la SECPA d'Ambilobe. En outre, la Brigade de Pêche (BRIPA) de Bobasakoa devrait lui être rattachée si l'on tient compte de l'organigramme de la Direction de la pêche et de l'aquaculture.
CIRPA 22 (Nosy-Be) devant avoir la section d'Ambanja, dont l'ouverture est fortement sollicitée par les autorités locales.
CIRPA 23 (Sambava) avec une section à Vohémar et selon l'organigramme, devrait avoir deux sections : Antalaha et Andapa. Par ailleurs, une BRIPA devrait exister à Ampasikinana.
Le tableau 10 suivant montre la structure du SPPA 2.
SPPA-2 | CIRPA | SECPA | BRIPA |
Antsiranana | Antsiranana Ambilobe | Bobasakoa (*) | |
ANTSIRANANA | Nosy-Be | Ambanja (*) | (néant) |
Sambava | Vohemar Antalaha(*) Andapa (*) | Ampisikinana (*) |
Le tableau 11 donne l'effectif du personnel du SPPA 2.
Niveau | Techn | Admin | Obs.Thn | Enq. | Marins | Total |
SPPA - 2 | 5 | 9 | 9 | 0 | 0 | 23 |
CIRPA 21 | 2 | 2 | 0 | 4 | 0 | 8 |
CIRPA 212 | 1 | 0 | 0 | 0 | 0 | 1 |
CIRPA 22 | 3 | 5 | 0 | 1 | 5 | 14 |
CIRPA 23 | 0 | 2 | 0 | 2 | 0 | 4 |
CIRPA 233 | 1 | 0 | 0 | 1 | 0 | 2 |
Total.. | 12 | 18 | 9 | 8 | 5 | 52 |
2.5.2 Projet RDM/RFA (CTZ) “Promotion de la pêche maritime traditionnelle et artisanale dans le nord-ouest de Madagascar”
C'est un projet réalisé conjointement avec le Ministère de la Production Animale (Elevage et Pêche) et des Eaux et Forêts (MPAEF) d'une part, et la C.T.Z (RFA) d'autre part.
L'objectif principal du projet est l'augmentation de la production de poissons de mer dans la région d'Ambanja et de Nosy-Be. A cet effet, un centre de formation est installé à Hell-Ville pour l'initation des pêcheurs aux méthodes de pêche plus efficaces et à l'exploitation d'engins de pêche améliorés. Ce centre est pourvu d'infrastructures telles que bureaux, salles de classe, ateliers, dortoirs, matériel indispensable pour la formation (engins de pêche, etc…).
Le nombre de stagiaires choisis selon des critères déterminés est fixé à 20 par cycle de stage qui s'étale sur une période de six semaines pendant laquelle ils sont à la charge du projet.
Au terme de cette formation, ceux qui ont subi avec succès un examen final reçoivent deux filets à titre de prêt afin qu'ils puissent être opérationnels dès leur sortie de formation. Par ailleurs, récemment, un protocole d'accord tripartite BTM/CTZ/CIRPA Nosy-Be, relatif à la possibilité de consentir un prêt aux pêcheurs, a été signé.
Jusqu'à maintenant, 65 pêcheurs originaires de 20 villages ont été formés (trois séries de stage). Ils sont contrôlés dans leur village lors de la mise en opération des filets et opèrent par groupe de 2 personnes. Leur production semble satisfaisante (100 kg/jour de sortie/groupe). Cependant, Hell-Ville rencontre un problème de stockage de produits de mer (inexistence d'une assistance de chambre froide). Ainsi, les poissons tels que requins et caranguidés sont salés et séchés et vendus aux mareyeurs d'Hell-Ville et de Dzamandzar, ou à ceux provenant de la “grande terre”.
Le projet se limite au rôle d'assistance-conseil, permettant aux pêcheurs de trouver des débouchés stables et plus avantageux.
Une réunion sur la planification du projet par objectif (ZOPP) s'est tenue à Nosy-Be du 13 au 17 août 1990 au cours de laquelle on a identifié les activités à entreprendre pendant les années à venir (jusqu'en 1994) afin d'atteindre les objectifs initialement fixés.
2.5.3 Problèmes sur le support institutionnel
3. PROPOSITIONS D'AMELIORATION
3.1. Concernant la ressource
Délimiter les différentes zones de pêche pour pouvoir surveiller les activités de chaque type de métier (traditionnel, artisanal, industriel), donc d'obtenir un rendement économique optimum tout en veillant à la pérennité du stock.
Réaliser les études nécessaires sur certaines espèces très sensibles (langoustes, coquillages, etc…), notamment la saison de pêche, la taille marchande, le stock.
Etudier les mesures réglementaires concernant la prolifération des “valakira”, et trouver des solutions de substitution pour sauvegarder aussi bien les mangroves que les populations juvéniles de crevettes. Prendre en considération le contexte socio-économique local pour que les mesures envisagées soient adaptés.
Entamer sans tarder une étude pour la création de zones de réserves pour sauvegarde des milieux écologiques. Mention particulière sera apportée pour les récifs coralliens, les ilots de reproduction des tortues.
Interdire la capture et la mise à mort de toute espèce de tortue marine et de mammifères marins, ainsi que la vente de leurs oeufs ou de tous les produits qui en sont issus.
Trouver une solution adaptée au problème du poisson d'accompagnement du chalutage crevettier.
Continuer l'inventaire des zones déjà infestés par le FIBATA, mettre au point une technique de capture efficace, encourager sa consommation par la vulgarisation des nouvelles méthodes de valorisation organoleptique, tel que le fumage. Approfondir les connaissances actuelles sur la biologie et l'ethologie alimentaire de cette espèce.
Relancer les activités des stations piscicoles pour la production d'alevins.
Renforcer l'application de la réglementation existante concernant le contrôle de l'introduction d'espèces ichlyques nouvelles à Madagascar.
Interdire le défrichement de la zone des mangroves lors de l'installation des fermes aquacoles.
Inventorier les stocks des espèces pas ou peu exploitées telles que : crapauds, crevettes d'eau douce, bichiques, anguilles.
Définir, dans un cadre régional, le rôle que devrait jouer le SPPA d'Antsiranana au titre du suivi de la ressource thonière.
3.2 Concernant la production
Exonérer de toutes taxes les matériels de pêche et les carburants utilisés par les groupements de pêcheurs traditionnels.
Encourager la mise au point et l'utilisation par les armateurs industriels de la pêche crevettière de filet sélectif réduisant la capture et le rejet important de poissons d'accompagnement en attendant l'apport de solution aux problémes s'opposant à la mise en valeur industrielle et massive desdits poissons.
Faire appliquer l'accord de pêche CEE/RDM afin que l'embarquement des observateurs sur les thoniers communautaires opérant dans la région soit effectif et étudier la possibilité de délivrance d'un livret maritime auxdits observateurs.
Favoriser le recrutement des officiers et des matelots malgaches sur les thoniers.
Etudier et mettre en place un circuit de vente des matériels de pêche.
Exploiter l'anguille en vue, éventuellement, de la commercialiser hors des zones où sa consommation rencontre des interdits.
Trouver une formule (autre que la Convention) plus efficace de façon à ce que les matériels de “Don” soient bien gérés par les opérateurs qui les utilisent.
3.3 Concernant la consommation
Sur le plan conditionnement et hygiène des produits halieutiques destinés à la consommation :
promouvoir les lieux d'embarquement d'installation frigorifique pour la préservation de la qualité des produits avant leur expédition,
installer des laboratoires de contrôle de la qualité des produits,
créer des marchés spécialisés pour les poissons qui réunissent les conditions adéquates nécessaires pour préserver l'hygiène et la salubrité des produits.
Faire respecter les normes de qualité des produits par tous les exportateurs pour ne pas ternir l'image de marque des produits malgaches sur le marché extérieur.
Equiper les bâteaux de transport de containers isofrigorifiques pour faciliter les expéditions par voie maritime.
Etendre la couverture administrative du SPPA 2 pour inspecter les produits et assurer la délivrance des COS (Antalaha, Ambanja,…).
Mettre en place une organisation inter-départements pour contrôler la circulation des produits.
Créer et faire fonctionner un système médiatique pour éduquer le public sur la consommation des produits halieutiques.
Mettre en place une organisation orientant les écarts de triage de la production thonière vers un circuit commercial exclusif de celui suivi par les captures des pêcheurs locaux et ne concurrençant pas celles-ci sur le marché intérieur.
3.4 Concernant le support institutionnel
Augmenter la couverture administrative du SPPA 2, en complétant toutes les structures figurant à l'organigramme d'une part et en prévoyant la mise en place d'enquêteurs vulgarisateurs au niveau des plus importants centres de pêche d'autre part. Le maintien de l'effectif actuel des enquêteurs du projet MAG/85/014 est très souhaité; former techniquement ces enquêteurs pour qu'ils deviennent des vulgarisateurs.
Instituer un système d'aide aux opérateurs (pêcheurs, commerçants, mareyeurs, …) du secteur halieutique.
Sensibiliser les ONG et les autres opérateurs sur les possibilités de développer la pêche et l'aquaculture.
Prévoir des primes pour les enquêteurs, observateurs thoniers pour travaux durs à bord.
Revoir la législation sur la pêche et l'aquaculture et l'adapter au contexte actuel.
Instituer un organisme interprofessionnel sur la pêche au niveau du Faritany pour discuter des problèmes de ce secteur.
Inviter le CNRO à porter à la connaissance des opérateurs économiques intéressés, toutes informations scientifiques et techniques disponibles, nécessaires à leurs activités.