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ANNEXE VII (Suite.)

EXPOSE I - 7

SITUATIONS ET PERSPECTIVES DU DEVELOPPEMENT DES PECHES DANS LE FARITANY DE TOLIARA

Par

FRANCOIS C.,
Chef SPPA - 6

1. INTRODUCTION

L'exploitation des ressources halieutiques connait un essor considérable dans le développement économique du Faritany de Toliara. La production des pêcheurs traditionnels, ayant une forte tradition marine, constitue un apport majeur de produits marins sur le marché local et en grande partie des produits d'exportation. Ainsi, à chaque Fivondronana producteur correspond un ou des produits spécifiques :

Dans le Faritany, les activités de la pêche continentale et maritime assurent l'existence et la survie économique des pêcheurs estimés à 18.000 individus, et des emplois et des moyens de subsistence à leurs familles et à d'autres travailleurs.

Au plan des technologies d'extraction, la pêcherie actuelle langoustière, restée à un stade primitif, constitue toujours la principale activité économique sur le littoral sud-est. Presque la totalité de la population active allant de Maroroy à Androka, pratique et vit de cette pêche. Plus rémunérateur, ce type de pêche attire de nombreux ruraux environnants et même des urbains sous-employés. Cette pêcherie constitue une source génératrice de rentrées de devises fortes. L'exploitation des stocks, quoique à caractère traditionnel au niveau pêche, revêt un aspect industriel du côté transformation et commercialisation. Le ramassage des algues connaît son plein essor dans le grand sud.

En ce qui concerne la crevette et le crabe, la collecte auprès des pêcheurs est la pratique courante, bien que le stock de la “Scylla Serrata” est pratiquement encore vierge de toute exploitation, dans la zone allant de Morombe Belo-sur-Tsiribihina. La pêche artisanale aux crevettes est déjà entreprise à Morondava. La production est irrègulière quant aux echinodermes puisque la cueillette est limitée aux époques favorables seulement.

Si la quasi totalité de la production des pêcheurs énumérés supra est destinée à l'exportation, la pêche aux poissons par contre, dont l'activité s'étale sur toute l'année, constitue une activité économique importante et assure l'apport protéique d'origine halieutique de la population.

La pêche continentale tient une place non négligcable dans le Faritany oú l'on note un grand effort de pêche déployé actuellement dans les régions de Morondava (Belo-sur Tsiribihina et Miandrivazo), de Toliara (lacs Iotry et Tongobory), et de Tolagnaro (lac Ambinanibe).

2. VALORISATION, COMMERCIALISATION ET CONSOMMATION DANS LE FARITANY

Le Faritany de Toliara contribue de manière importante à l'approvisionnement de produits marins dans les Hauts-Plateaux et les régions côtières déficitaires, approvisionnement assez régulier d'une grande quantité de produits halieutiques, facilité par de bonnes infrastructures routières et de transport.

La majeure partie de la capture est transformée par des techniques traditionnelles de salage, séchage et fumage. Le climat de la région, l'insuffisance ou l'absence même des moyens de transport obligent les pêcheurs à transformer leurs produits pour les conserver jusqu'à leur mise en vente. Les transformations ne valorisent pas pour antant le produit, ce qui représente une perte économique inévitable à cause de l'éloignement des lieux.

Le mareyage avec le paiement après vente démarre le circuit de commercialisation des produits. Outre la fonction commerciale, avec la fonction financière grâce à l'achat à crédit, le mareyeur est le pourvoyeur de fonds aux pêcheurs.

Parmi les agents de la commercialisation, on distingue:

Il existe trois circuits de commercialisation :

Le niveau de consommation du poisson tend à diminuer par suite de la faiblesse du pouvoir d'achat, situation aggravée par l'inflation généralisée. Les habitudes alimentaires sont dictées par le pouvoir d'achat.

3. IDENTIFICATION DES PRINCIPALES CONTRAINTES RENCONTREES PAR LES PECHEURS, TRANSFORMATEURS, COMMERCANTS, VILLAGEOIS ET PAR L'ADMINISTRATION DES PECHES DANS LE FARITANY

Dans le Faritany de Toliara, les pêcheurs, malgré le zèle, l'initiative et la persévérance qu'ils affichent, sont confrontés à de sérieux problèmes, qu'on pourrait classer en deux grands facteurs:

3.1 Facteurs endogènes (ceux qui dépendent des pêcheurs)

la mentalité:- esprit individualiste,
- réticence à toute innovation,
- habitude limitant la pratique des autres types de pêche plus rentable,
- persistance des tabous,
- bas niveau de scolarisation,
- bénéfices de la pêche non investis dans la pêche ou dans des biens plus sûrs et plus durables, mais dans l'achat de bétail (le nombre de boeufs acquis étant considéré comme symbole de richesse).
la coûtume:- exécution du culte des ancêtre,
- mobilisation générale à chaque funéraille.

3.2 Facteurs exogène (ceux qui ne dépendent pas des pêcheurs)

3.2.1 Facteur limitant les sorties : conditions hydrologiques et climatique difficiles et quasi permanentes. L'épargne occasionnée par les bonnes pêches est mobilisée de temps à autre lorsqu'une sortie en mer s'avère impossible, ce qui fait que les conditions de vie des pêcheurs demeurent stationnaires.

3.3.2 Facteurs techniques relatifs au moyens d'exploitation :

3.3.3 Facteurs socio-économiques

Concernant la commercialisation, le circuit intérieur actuel des produits, surtout séchés, forme un réseau assez compliqué faisant intervenir plusieurs agents allant du pêcheur jusqu'au consommateur final en passant par les collecteurs, les grossistes, les détaillants sans oublier les transporteurs qui alourdissent de façon conséquente le prix de revient des produits. De surcroît, les infrastructures de vente existant sur les marchés ne se prêtent guère à une préservation correcte du produit. Les marchés sont en plein air. Et en période de pluie, ces milieux constituent de véritables bouillons de culture à cause des quantités de détritus divers accumulés dans de telles conditions. Et sur les marchés, la vente ne se fait jamais par pesée mais en tas, par pièce et par tranche.

Le système actuel de commercialisation affecte davantage la qualité :

D'autres problèmes également plus importants sont :

Divers facteurs freinent le bon fonctionnement de l'administration pour le développement des pêches dans le Faritany, dont notamment :

4. IDENTIFICATION DES PRIORITES DE DEVELOPPEMENT ET PROPOSITION D'ACTIVITES OU DE PROJETS AFFERENTS

S E S S I O N   II

RESSOURCES ET LEUR NIVEAU D'EXPLOITATION

EXPOSE II - 1

LES POTENTIELS DES RESSOURCES HALIEUTIQUES MARITIME ET LEUR NIVEAU D'EXPLOITATION

Par

RALISON A.,

Consultant FAO

1. INTRODUCTION

Le développement de la pêche dans une aire martime déterminée y est subordonné à l'injection d'hommes, de capitaux et de technologie appropriée selon un dosage tenant compte de multiples considérations dont certaines à caractère économique et/ou politique. L'injection de ces facteurs de développement est déclenchée, sinon stimulée, par la connaissance préalable de l'existence en quantité exploitable des ressources halieutiques recherchées dans l'aire maritime considérée.

Dans le cas malgache, de multiples évaluation du potentiel halieutique maritime national ont déjà été établies par différents auteurs, à différentes époques; aucune n'est définitive et les évaluations récentes cernent un peu mieux la réalité que les plus anciennes. Dans la présente étude, on prendra en considération l'ensemble des données actuellement disponibles, à savoir;

2. LE MILIEU

Avec le nouveau Droit de la mer, les aires maritimes placées sous juridiction malgache se sont étendues. La zone économique exclusive malgache telle qu'elle peut être fixée en vertu de l'Ordonnance no 85–013 du 13/09/85 et on constate que le problème de la souveraineté sur les îles éparses doit être solutionné dans les meilleurs délais car, à défaut, de vastes zones maritimes avec leurs ressources restent sous un statut juridique plutôt flou, avec toutes les conséquences négatives que cela signifie au niveau des activités halieutiques et de la gestion des ressources naturelles. BEURRIER (1962) attirait l'attention sur la nécessité pour Madagascar de délimiter sa zone économique exclusive par voie d'accords bilatéraux, pour ce qui est de sa façade située dans le canal de Mozambique.

Soulignons que la proximité de cette multitude d'iles dépendant officiellement d'Etat tiers, ou sur lesquelles les souverainetés exercées sont encore du domaine du contentieux, rend inapplicable au stade actuel le principe des 200 miles de zone économique exclusive et ce au profit du principe de la ligne médiane.

Madagascar couvre une superficie de 596.000 km2 pour une longueur de côte de 4.500 km environ. La superficie de son plateau continental, qui est très étroit sur la côte est (3 à 5 milles, sauf en baie d'Antongil…), et relativement large dans le Canal de Mozambique (30 à 60 milles, sauf dans la paratie située au sud de Morombe…), est de 32.600 milles carrés se ventilant comme suit: (cf. tableau 1).

Le plateau est bordé au niveau du talus par des récifs barrières immergés et est parsemé en deçà de cette zone de massifs de coraux, concentrant ipso-facto la pêche par chalutage sur les fonds vaseux ou sablo-vaseux localisés dans, ou à proximité immédiate, des baies à fort taux de sédimentation.

Sur le plan météorologique, les côtes malgaches sont soumises à l'altérnance de la mousson du nord-ouest de novembre à mars (saison humide) et de la mousson du sud-est ou alizé, de mai à septembre (saison sèche), qui provoquent respectivement une houle nord-ouest et une houle nord-est.

Le tableau 2 que l'on doit à MOAL (1974), donne le nombre de jours de calme ou avec vents de vitesse inférieure à 10 km/h autorisant les sorties en mer avec de petites embarcations : on constate que seules les côtes ouest et nord-ouest sont clémentes aux petites pêcheries. Ces estimations, qui sont théoriques, ne sont pas vérifiées dans la pratique, toutefois, RAKOTOMAVO (1987) dénombrait entre 150 et 200 jours de mer pour les pêcheurs traditionnels de Toamasina (côte est) durant l'année 1986, contre 86 jours de mer pour les pêcheurs artisanaux d'une pré-coopérative de la même ville (la différence venait du fait que l'embarcation motorisée de ladite pré-coopérative était souvent en panne…).

Un élément météorologique important est constitué par les cyclones tropicaux qui rendent la navigation autrement plus périlleuse. La côte orientale est la plus exposée : de 1920 à 1972, 69 cyclones y sont passés, soit une moyenne de 1,3 cyclones/an.

Les côtes malgaches subissent dans leur ensemble l'influence du Courant Sud Equatorial (CSE) qui, après avoir buté sur les parties nord-est de celles-ci, se divise en deux branches : l'une qui longe la côte orientale en direction générale du sud, et l'autre qui déferle sur le Cap d'Ambre et le contourne par le nord pour se diriger ver la côte est-africaine. Cette deuxième branche donne dans le nord du canal de Mozambique des cellules anticycloniques, qui affectent la circulation sur les côtes nord-ouest de l'île.

Les eaux qui baignent les côtes malgaches sont chaudes et pauvres en éléments nutritifs dissouts venant des grandes profondeurs. L'hypothèse de l'existence d'un upwelling au large du cap Masoala sur lequel bute le CSE avait été émise par certains auteurs; les prospections par écho-intégration entreprises dans le cadre du projet FAO MAG/77/009 sur les côtes septentrionales malgaches ne perdront pas toutefois de déceler une concentration quelconque de poissons planctonophages, indice d'un boom planctonique consécutif à des remontées d'eaux froides riches en nutrients (POINSARD et RABARISON, 1982). Dans l'état actuel des connaissances, cette relative stabilité hydrologique ne serait troublée que par :

Tableau - 1 : Superficie du plateau continental
REGIONSUPERFICIE (m.n)2
- Côte ouest (du Cap d'Ambre au Cap Ste. Marie)21.700
- Côte est : 
- Baie d'Antongil
800
- Banc de l'Etoile (de Tolagnaro au Cap Ste. Marie)
2.500
- Zones restantes (de Taolagnaro au Cap d'Ambre, Baie d'Antongil exclue)
7.600
TOTAL32.600

Tableau - 2 : Nombre de jours avec vents de vitesse inférieure à 10km/h
REGIONMOISTotal
010203040506070809101112
Nord (Antsiranana)45322000001219
Antalaha à Ste. Marie85766344444459
Toamasina à Farafangana33310002222321
Sud Taolagnaro/Cap Ste. Marie44665578888773
Toliara à Morondava292922293030292928282628337
Maintirano/Mahajanga/Nosy-Be301919192018192012121517220

La production primaire des eaux des environs immédiats de Nosy-Be avait été étudiée par ANGOT (1964, 1965, 1968) et SOURNIA (1972), tandis que leurs aspects physico-chimiques avaient retenu l'attention de PITON et MAGNIER (1971, 1972), de MAGNIER et PITON (1972) et de PITON et al (1973). Des observations hydrologiques, en accompagnement des études biologiques entreprises dans la baie d'Ambaro sont par ailleurs nombreuses (PIGNON, 1966; CHABANNE et PLANTE, 1969; LE RESTE, 1970; FRONTIER, 1973…). MAGAZZU et al (sous-presse) de leur côté ont étudié les caractères physico-chimiques des eaux de la côte nord-ouest de Madagascar. A citer aussi les observations courantométriques directes de CREAZZO (1984) dans les eaux côtières de la même région.

Le Grand Récif de Toliara et ses environs immédiats qui avaient retenu l'attention de plusieurs auteurs sous leurs aspects bionomiques, constituent le deuxième ensemble géographique malgache qui soit relativement bien connu sous l'angle hydrologique fine (VASSEUR, 1964; MAESTRINI et PIZZARO, 1966…). Les zones restantes n'ont été par contre l'objet que d'observations hydrologiques très rapides et très dispersées (SCHIMIDT et DUPONT, 1974).

De cet ensemble de travaux, on peut retenir concernant les eaux malgaches, qu'en référence à des préoccupations essentiellement halieutiques, hydroclimat et climat y sont étroitement liés et que le facteur de différenciation des deux périodes climatiques reconnues (saison sèche et saison humide) est la pluviométrie se traduisant par une forte dessalure des eaux du plateau continental en février-mars (27%) et par une salinité maximale en août-octobre (35–36%).

Les baies et les estuaires qui découpent la côte nord-ouest fonctionnent par ailleurs, grâce à un système de circulation à deux couches de mouvements opposés, comme des trappes à matières organiques qui s'accumulent et se minéralisent à ras de côte. Cette richnesse organique est de toute évidence à la base de la forte productivité en crevettes Pensides constatée dans lesdites baies.

Dans l'état actuel de nos connaissances, la thermocline située autour de-150m sur la côte ouest est peu marquée; dans certaines régions elle disparaît. Sur la côte est par contre, elle est plus accentuée et ce vers - 100m.

3. LES RESULTATS DES PROSPECTIONS ET ETUDES DIVERSES

3.1 Les crustacés

3.1.1 Les crevettes néritiques

Les premières informations sur les Peneides malgaches et leurs possibilités de chalutage apparurent dans la littérature à la suite des traits historiques réalisés par le “Gabriel-II” (FOURMANOIR, 1952 (a) et (b), et l'“ORSOM-I” (CHARBONNIER et al, 1958) sur les côtes nord-ouest malgaches : Penaeus indicus, P. monodon et Metapenaeus monoceros y furent signalées, des fonds chalutables furent identifiés et des rendements intéressants furent enregistrés…

Il a fallu attendre, toutefois, les prospections effectuées sur une base commerciale par le “CHIDORIGO” en 1964 (VINCENT-CUAZ, 1964) et le “BIBELOT” en 1966 (VINCENT-CUAZ, 1966), appuyées par (i) la publication par CROSNIER (1965) d'une synthèse des prospections effectuées de 1958 à 1960 par l'“ORSOM-I”, le “MARANATHA” et l'“ALEXIS LALANNE” et (ii) le rapport d'expertise de MOAL (1966), pour que l'intérêt à l'endroit d'une pêche par chalutage des crevettes Peneides malgaches s'affirme et débouche sur des mesures concrètes aboutissant à la pêcherie actuelle.

3.1.2 Les crevettes profondes

En traînant un chalut à langouste, le bateau-langoustier la “BARBADE” avait décelé en 1969 devant Anakao (Toliary) des traces de Plesionika spp vers 130m de profondeur. Utilisant un chalut à crevettes de 14m de corde de dos à bord du N.O. “VAUBAN”, CROSNIER et JOUANNIC (1973) mirent en évidence sur le talus continental occidental malgache, lorsque le chalutage est possible, l'existence de 250 espèces de crustacés Décapodes dont une demi-douzaine d'espèces potentiellement commercialisables, SCHMIDT et DUPONT (1974) opérant avec un chalut à poisson de 23,5m de corde de dos dans le cadre d'un projet FAO, calculèrent des rendements en crevettes de profondeur entre Mahajanga et Toalagnaro. En 1983, le “FRIDTJOF NANSEN” prospecta avec un chalut de fond de 41m de corde de dos les côtes australes et austro-orientales malgaches; des rendements horaires en crevettes de profondeur furent ainsi calculés.

Mais les résultats de prospections les plus intéressants, parce que les plus récents, dans ce domaine sont certainement ceux du “MASCAREIGNES-III” sur le talus continental au large de la baie de Fanemotra (22"05'S et 22"30'S, 43"00'E et 43"09'E) à partir des immersions - 300m jusqu'à - 850m (COSEL, 1987). Ces prospections furent effectuées de décembre 1985 à fin janvier 1986 et d'août à décembre 1986 avec un chalut à crevettes IFREMER de 48m de corde de dos (38 traits), un chalut à langouste LE DREZEN de 50,9m de corde de dos (89 traits) et un chalut à crevettes MEXIQUE modifié de 50,8m de corde de dos (19 traits).

Les espèces capturées, ventilées par catégorie d'intérêt commercial, sont données dans le tableau 3 ci-dessous.

Les rendements, toutes espèces confondues, calculées à partir des données de 146 traits entre 300m et 850m (les traits nuls ou presque nuls n'ont pas été retenus) sont de 26 kg/heure; soit encore 36 kg/heure pour les traits de jour (n = 119) et 16,1 kg/heure pour les traits de nuit (n=27). De l'avis de GUIDECELLI (1984), les rendements obtenus par les différentes prospections sont toutefois trop faibles pour justifier la mise en place d'une exploitation commerciale.

Tableau - 3 Crevettes bathyales an large de la baie de Fanemotra (d'après COSEL, 1987)
ESPECESPROFONDEURCATEGORIE
PENAEIDEAIIIIIIIV
- Haliporus taprobanensis600–850  X 
- Haliporoides sibogae madag.350–700X   
- Haliporoides cf. triarthus400–630  XX
- Psenaeopis balssi340–480 X  
- Metapenaeus scottiae320–350  X 
- Aristeus virilis350–850X   
- Aristeus antennatus350–850X   
- Aristeus mahahisse et app.850 X  
- Aristeomorpha foliacea350–790X   
- Plesicopenaeus edwardsianus420–850X   
- Plesipenaeus coruscans800–850  X 
- Parahipomadus vaubani750–850  X 
CARIDEA     
- Heterocarpus n. sp.340–620 X  
- Heterocarpus dorsalis950–850 X  
- Heterocarpus ensifer350–600 X  
- Heterocarpus leavigatus590–850 X  
- Heterocarpus lepidus400–650 X  
- Plesionika indica340–450 X  
- Plesionika alcocki610–850 X  
- Acanthephyra armata495–850 X  
- Caridea app.600–700   X

I - espèce commercialisable et capturée en quantité importante
II - espèce commercialisable et capturée en moindre quantité
III - espèce occasionnellement pêchée
IV - espèce rare ou trop petite pour être commercialisée.

3.1.3 Les langoustes

D'après les travaux de PICHON (1964) et de MARA (1990), six espèces de langoustes néritiques sont présentes sur les fonds rocheux ou coralliens malgaches : Panulirus homarus, P. japonicus, P. penicillatus, P. ornatus, P. versicolor et P. dasypus.

Les deux premières espèces constituent la majeure partie des captures de l'active pêche langoustière australe malgache qui déborde largement maintenant sur la côte est (à Sandravinany dans le Faritany de Fianarantsoa…), tandis que les trois espèces suivantes, plus connues sous la dénomination commerciale de “langoustes vertes”, font l'objet de quelques pêches sporadiques, disséminées sur l'ensemble des côtes malgaches. La dernière espèce est réputée ne se rencontrer que dans la région d'Antsiranana.

En référence au contexte écologique général des eaux du plateau continental malgache qui sont identiques à celles de beaucoup de pays tropicaux producteurs de langoustes néritiques, CUIDICELLI (1964) émettait l'hypothèse de l'existence entre 0 et - 10m de 21.000 km2 de zones rocheuses et coralliennes susceptibles de soutenir une production de 1.000 tonnes/an de langoustes vertes. La seule tentative entreprise jusqu'à présent aux fins de vérification de l'existence de ces stocks présumés, et ce sur la côte nord-ouest par une société de pêche locale, n'a pas été couronnée de succès toutefois.

L'espèce de profondeur Palinurus gilchristi, qui est chalutée sur le bord africain du canal de Mozambique, avait été prospectée à Madagascar. Cette campagne de prospection indicative menée par le langoustier “LA BARBADE” avait permis de démontrer que l'espèce est effectivement présente sur les accores de la région du sud de Madagascar vers 200–300m de profondeur. Très récemment, deux sociétés de pêche crevettière locale, exécutèrent des campagnes de prospection dans les eaux australes et austro-orientales malgaches. Sur la base des résultats obtenus, l'une de ces sociétés vient de décider de tenter une pêche lucrative de P. gilchristii avec un caseyeur.

Pour leur part CROSNIER et JOUANNIC (1973) signalaient la présence des langoustes de profondeur suivantes à intérêt commercial sur le bord malgache du canal de Mozambique : Justitia japonicus par - 100m devant Mahajanga et par -200m devant Taolagnaro ; Puerulus angulatus et P. carinatus sur les fond durs ou vaseux par - 450m.

3.1.4 Les crabes

Les mangroves, biotope de prédilection du crabe Scylla serrata, couvrent une superficie comprise entre 300.000 et 500.000 ha et sur la base d'une production théorique de 25 kg/ha/an, le potentiel de 7.500t/an de crabes de palétuviers est du domaine du possible.

La production de crabe de palétuviers, qui ne concerne que les mangroves accessibles à partir des centres de consommation, de traitement ou de groupage a atteint 1.000t en 1989 contre 830 t en 1988. Et ce, malgré la concurrence du surimi.

Une espèce cosmopolique a intérêt commercial du fait de sa dimension, Ceryon sp connue sous le nom de “crabe rouge de fond”, a été signalée par ailleurs entre 430m et 900m par CROSNIER et JOUANNIC (1973), CLEVA (1986) et COSEL (1987). Les échantillons furent capturés en quantité modeste au chalut de fond et il n'est pas exclu qu'une pêche aux casiers sur les immersions préférentielles de l'espèce puisse donner des rendements économiquement intéressants.

3.2 Les poissons

3.2.1 Les poissons de fonds meubles

De la synthèse des différents travaux sur l'ichthyofaune des fonds meubles du plateau continental, on peut retenir les points pricipaux suivants :

Une tentative d'évaluation de biomasse a été réalisée par le R/V “FRIDTJOF NANSEN” en 1983 le long des côtes australes et orientales malgaches. Les résultats obtenus sont donnés dans le tableau 4; on appliqué à leur endroit les équations suivantes pour évaluer le MSY, après avoir préalablement établie une valeur théorique des captures actuelles dans la zone considérée.

MSY=BM2 [2M - (Y/B)] d'après le modèle de SCHAEFER
MSY=MB exp. [(Y/MB) - 1] d'après le modèle de FOX
B=biomasse
M=Mortalité naturelle = 0,53
Y=
a=superficie en km2 de l'aire étudiée
A=superficie totale du plateau continental malgache = 117.000 km2
P=tonnage totale de poissons démersaux capturés en 1989 = 52.000t.

La majorité du talus continental est de topographie tourmentée et dans les rares zones où il est accessible au chalut, SCHMIDT et DUPONT (1974) avaient obtenus les rendements du tableau 5, en utilisant le chalut décrit plus haut.

Tableau - 4
Estimation de biomasse (d'après ANONYME, 1983) et de MSY de poissons démersaux du plateau continental des côtes australes et orientales
ZONECapture *MoyenneDensité (kg/km2)Aire (km2)Biomasse (T)MSY SchaeferMSY Fox
- Côte Sud (Toliary-Itaperina)27,61.64018.00029.52014.00013.160
- Côte Est (Itaperina-Toamasina)78,71.0128.0008.093

* capture moyenne en kg/heure

Tableau - 5 Capture en poissons sur le talus continental
 ZONEOBSERVATIONS
1.Maintirano-Morombe 
150 – 300 m-173 kg/h dont 54% de poissons de table (Sparidae, Lutjanidae, Serranidae, Mullidae, Triglidae,…)
300 – 450 m-120kg/h dont 32% en poissons de table (Triglidae,…)
450 – 790 m-171 kg/h dont seulement 5% de poissons de table (Lophius sp, Merlucius sp,…)
2.Large de Mahajanga 
150 – 300 m-80kg/h dont 70% de poissons de table (Sparidae, Lutjanidae,…)
300 – 450 m-28 kg/h dont 32% de poissons de table
3.Cap Ste. Marie à Tolagnaro  
150 – 300 m (2 traits)-7kg/h (Sparidae, Lutjanidae et Scorpaenidae..)
300 – 450 m-143 kg/h dont 49% de poissons de table (Scomber japonicus,…)
450 – 700 m-53 kg/h de poissons de farine uniquement
4.Banc de Parcel 
300 – 450 m-135 kg/h dont 33% de poissons de table (Shyraena sp et Lepidotrigla sp,…)
540 m (1 seul trait)-184 kg/h de poissons de farine

Tableau - 6
Résultats de campagnes scoustiques quantitatives par zones 1981–1982 (d'après ANONYME, 1985) et évaluation MSY
ZONEMOISAIRE
(Km2)
BIOMASSE
(T)
MSY
(T)
Côte ouest    
17°20'S à 16°10'Savril/mai13.016125.54730.000
16°10'S à 15°45'Savril/mai9.17094.13122.000
15°45'S à 13°15'Sfévrier/mars   
 mai/juin11.505102.67824.00
13°30'S à 11°57'Smai12.707249.42859.00
Sous-total46.398571.784135.000
Côte est    
11°57'S à 16°00'Snovembre/décembre-négligeable-
16°00'S à 18°10'Smars1.37422.3206.500
Baie d'Antongilmars3.09027.5005.300
Sous-total 4.46449.82011.800

Tableau - 7
Prises mensuelles en nombre de pièces de poisson par unité d'effort (CHABANNE, 1970)
 JFMAMJJASOND
Toutes zones694528252433273917323539
Baies8849040541311644392446
Bancs494030221945313122235535

3.2.2 Les poissons de fonds durs

Un récif barrière immergé court le long de la côte nord-ouest sur le bord du plateau continental. En se basant d'une part sur la similarité de la productivité globale des récifs qui serait de 4 à 6t/km2/an et d'autre part sur la superficie dudit récif entre le Cap St. Bastien et les Iles Radama, RAZAFINDRAINIBE (1985), émettait l'hypothèse de l'existence d'un potentiel exploitable de 800t/an composés essentiellement de Lutjanidae (Lutjanus bohar, L. rivulatus…) et de Serranidae. Les prises par unité d'effort en utilisant une simple ligne à main sont de 8 pièces/heure, soit 13,4 kg/heure dans la région des Mitsio et de 5 pièces/heure soit 16,2 kg/heure dans la zone de Nosy Iranga (les exemplaires sont plus petits dans les îles Mitsio du fait probablement d'une lourde exploitation ?…).

3.2.3 Les petits poissons pélagiques

Le groupe des petits poissons pélagiques avait fait l'objet d'exploitation (i) comme appâts vivants pour la pêche bonitière de la part de la COMANIP de 1972 à 1975 dans la région de Nosy-Be (DUPONT et RALISON, 1973 ; STEQUERT et al, 1975) et, (ii)comme matières premières destinées à l'approvisionnement de la conserverie MANIVICO à Antongombato (Antsiranana).

Ces entreprises ont cessé toutes activités depuis maintenant plus d'une décennie et aucune autre mise en valeur industrielle ou artisanale des petits poissons pélagiques n'a été constatée dès lors, exceptées les activités de la petite conserverie de la “RIAKE” de Taolagnaro (mise en conserve du maquereau Scomber japonicus…).

Des prospections effectuées par la FAO de 1968 à 1974 (SCHMIDT et DUPONT, 1974) et de 1980 à 1982 (POINSARD et RABARISON, 1982 ; ANONYME, 1985), permirent d'identifier les espèces à intérêt commercial présentes dans les eaux malgaches ainsi que leur lieux de concentration et à évaluer leurs biomasses vierges. L'application à ces données d'un taux d'exploitation de 23% de la biomasse vierge et ce d'après l'équation de BEDDINGTON et COOKE (1983) en prenant M = 0,8; k = 0,5 et 1 an comme âge de premier recrutement, a permis d'aboutir aux valeurs de MSY du tableau 6.

En 1983, le R/V “FRIDTJOF NANSEN” avait effectué une campagne d'échointégration doublée de pêche de contrôle au chalut pélagique et au chalut de fond dans les eaux du sud et dans celles d'une partie de la côte est malgache. Une biomasse vierge de 50.000t de petits poissons pélagiques fut ainsi calculée, donnant MSY de 12.000t/an environ et ce par application du même taux d'exploitation que cidessus, à souligner que si les rendements ont été de 5kg/h au chalut pélagique, au chalut de fond les captures en petits poissons pélagiques, qui montrent des migrations verticales circadiennes, ont été de :

- banc de l'Etoile63kg/h
- pointe Itaperina à Manakara170,5kg/h
- Manakara à nord Toamasina74kg/h.

Les principales espèces rencontrées au cours de ces prospections ont été:

- Sardinella gibosa- Decapterus macrosoma
- Sardinella sirm- Trachurus delagoa
- Sardinella jussieu- Scomber japonicus
- Stolephorus commersoni- Sphyraena obtusata
- Stolephorus heterolobus- Sphyraena barracuda
- Stolephorus indicus- Sphyraena blekeeri
- Rastrelliger kanagurta- Selar crumenophthalmus
- Alopes mate- Dussumiera accuta

3.2.4 Les gros poissons pélagiques

Le groupe de gros poissons pélagiques peut se subdiviser en Thonidés et en autres espèces. Ces dernières avaient fait l'objet de prospections par pêche à la traîne de 1965 à 1968 sur la côte nord-ouest malgache par CHABANNE (1970). L'unité d'effort étant 10 heures de pêche d'un bateau mouillant simultanément 6 lignes de traîne, les p.u.e. ont été de 38 pièces de poids moyen 4,6 kg/chaque immergés sur le rebard du plateau continental…).

Les captures étaient composées d'une trentaine d'espèces dont 11 Carangidés constituant 67,9% des prises (Caranx ignobilis ; C. melampigus et C. secfasciatus, notamment,…), 4 Scombridés pour 19,8% des prises (Scomberomorus commersoni) essentiellement,…), 5 Sphyraenidés pour 8,8% des prises, 3 Lutjanidés pour 3,1% des prises (Aprion virescers,…). (cf. tableau 7).

Une flotte de plus de 40 senneurs des pays de la CEE pêche dans l'Océan Indien du sud-ouest depuis maintenant quelques années et une partie des captures réalisées provient des eaux sous juridiction malgache : 3.776t en 1986, 7.576t en 1987, 1.163t en 1988 et 8.125t(*) en 1989. Et comme pour confirmer l'existence de la ressource à un niveau économiquement intéressant, une usine de conserve de thon est en cours de construction à Antsiranana.

Parallèlement à cette activité commerciale intense des armateurs de la CEE, des prospections prudentes sont effectuées par d'autres armements étrangers. Si il est trop tôt pour pouvoir établir une synthèse des différents résultats obtenus, on peut par contre affirmer qu les stocks de thonidés des eaux malgaches suscitent beaucoup d'intérêt chez les professionnels.

3.3 Les requins

Une trentaine d'espèces de requins pélagiques côtiers ou océaniques ont été identifiés dans les eaux malgaches. Bien que Madagascar soit exportateur d'ailerons de requin vers l'Asie et de chair de requin salée-séchée vers les Comores, aucune pêcherie spécifique n'existe jusqu'à présent. D'un autre côté, aucune prospection particulière sur ce groupe zoologique n'a été réalisé jusqu'à présent.

Toutefois, si l'on analyse les captures au chalut de fond du R/V “FRIDTJOF NANSEN” en 1983, on peut (i) établir un rendement en requin (et raie) de 36kg/h pour la côte sud, et de 63kg/h pour la côte est et (ii) émettre l'hypothèse de l'existence d'une biomasse vierge vulnérable au chalut de fond de 10.000t ; avec un taux d'exploitation de 6% en prenant K = 0,2 ; M = 0,2 et 2 ans comme âge de premier recrutement, le MSY est de 600t/an.

La présence de requins de profondeur qui sont recherchés tant pour leur chair que pour leur foie riche en huile contenant du squalène, est signalée par la littérature dans le canal de Mozambique (BASS et al, 1976). Une pêche exploratoire est actuellement réalisé sur cette ressource par un armateur local.

4. NIVEAU D'EXPLOITATION

Bien que les données sur les pêcheries, notamment traditionnelles et artisanales, soient lacunaires, on peut constater à travers celles qui sont disponibles qu'une véritable “explosion” de la pêche maritime malgache s'était produite durant ces deux dernières décennies :

Ce dynamisme a bien entendu des impacts sur les ressources halieutiques marines. Le tableau 8 donne un aperçu du niveau d'exploitation de quelques stocks. On constate que, mise à part les crevettes, toutes les autres ressources sont insuffisamment exploitées toutefois.

5. CONCLUSIONS

Des trois océans existants, l'Océan Indien est le plus pauvre biologiquement. D'un autre côté, on admet que les eaux tropicales chaudes sont moins riches que celles des hautes latitudes, à moins qu'elles soient le siège d'upwelling comme les eaux marocaines ou péruviennes. En matière de richesse halieutique marine. Madagascar n'occupe donc pas une place privilégiée comparativement à celle prise par d'autres pays à façade maritime.

Cette appréciation est toutefois des plus relative : (i) même si les biomasses exploitables par type de ressource sont de volume modeste, elles représentent des potentialités économiques non-négligeables au regard de la dimension de l'économie nationale et (ii) beaucoup de stocks étant peu ou non-exploités, leurs rendements sont très élevés et justifient les nouveaux investissements en faveur de leur mise en valeur.

Tableau - 8 Etat de quelques stocks
RessourceslocalisationMSY (T)Exploitation
Crevettes néritiquesToutes zones vaseuses du plateau continental (ouest et est)8.000- pêche optimale: probablement surexploitation dans certaines
Crevettes profondesZone vaseuses du talus continental de la côte ouest - non-exploitées; rendements peu intéressants d'après les pêches exploratoires.
Crabes et palétuviersToutes zones à mangroves7.500- sous exploités
Langoustes rougesZones rocheuses australes et austro-orientales - plus de 300t de production en 1989
Langoustes vertesToutes zones rocheuses1.000- sous exploitées
Langoustes de profondeurTalus continental austral et austro-oriental - non exploitées
Poissons de chalutZones chalutable15.000- sous-exploités
- 20.000t de production industrielle actuellement (“by-catch” des crevettes)
Poisson de fonds dursZones rocheuses et coraliennes - sous-exploités
Petits poissons pélatiquesToutes zones160.000- non exploités
Cros pélagiquesToutes zones - sous-exploités
- 8.000t de production en 1989

EXPOSE II - 2

LES RESSOURCES EN PECHE DANS LES CRANDS PLANS D'EAUX CONTINENTEAUX

Par

RABELAHATRA A.,
Directeur National du Projet MAC/88/005

Cette étude sur les ressources en pêche concerne uniquement les plans d'eau continentaux exploités assez intensivement, jouant un rôle marquant dans la production piscicole. Ces plans d'eau couvrent une superficie de 63.230 ha ; il s'agit des lacs principaux des Haut-Plateaux, de basse et moyenne altitude : Alaotra, Itasy, Mantasoa, Tsiazompaniry, Kinkony, lacs de la zone Maevatanàna-Ambato-Boéni, lagune des Pangalanes.

1. SITUATION ACTUELLE DES PECHERIES ET EVOLUTION

1.1. Lac Alaotra

La surface d'eau libre du lac Alaotra est d'environ 22.000 ha. C'est un lac eutrophe, en voie de comblement par le phénomène d'érosion de toutes les collines qui le bordent. Le climat de la cuvette est caractérisé par une pluviométrie moyenne de 1.500 mm et une température moyenne de 27°7 avec une saison froide très nette (30° en décembre-janvier-février et 10° en juillet août). La profondeur maxima en année de pluviosité normale est très faible de l'ordre de 3,50m. Les eaux du lac sont très turbides (0,25m à 0,40m en période de hautes eaux et 1,70m en période de basses eaux). Le pH est neutre (6,8 - 7), le SBV 1,49.

Le phytoplancton est assez varié et le zooplaneton assez pauvre ; les végétaux supérieurs sont caractéristiques du lac : Cyporus sp ou zozoro ou herana, Phragmites communis ou bararata, Eichornia crassipes ou jacinthe d'eau. Ces végétaux offrent aux carpes et aux tilapias des zones refuges où ils peuvent frayer à l'abri des voraces et des pêcheurs.

L'introduction d'espèces étrangères a certainement modifié et enrichi le peuplement piscicole assez pauvre du lac puisque jadis, ce sont les espèces suivantes qui le peuplaient : Rhéocles alaotrensis, ou katrana, Eleotris legendrei, ou sondro, Paratilapia polleni, ou fony (= marakely), Anguilla mossambica, ou amalomaitso, Anguilla marmorata. Les espèces introduites furent : Carassius auratus (cyprin doré ou trondro gasy), Cyprinus carpio (carpe commune), Tilapia rendalli, Tilapia macrochir, Tilapia nilotica et Tilapia mossambica. En 1952, la carpe représentant 80–90% de la pêche, mais régressait à partir de 1970. Il en est de même pour le Tilapia rendalli. Tilapia macrochir dominait largement, suivi de Tilapia nilotica et de Tilapia mossambica.

Selon les données disponibles, les stocks ichtyologiques du lac Alaotra ont évolué comme suit de 1962 à 1989 :

Tableau - 1 Composition du peuplement piscicole du lac Alaotra
Espèces1962/63
% en nbre.
1969
% en nbre.
1970
% en nbre.
1978
% en nbre.
1989 (*)
Tilapia macrochir77,362,049,061,1 
Tilapia rendalli3,124,024,011,6 
Tilapia nilotica--4,04,7 
Tilapia mossambica--2,012,9 
Ensemble Tilapia80,486,079,090,31
Cyprinus carpio19,210,020,06,62
(Variété miroir)     
Micropterus salmoides-4,01,01,06
Carrassius auratus0,1--1,34
Anguilla sp.---0,87
Paratilapia polleni0,3---8
Ophicephalus sp.----3
Hydrotelphusa sp.----5

(*) Classification par ordre d'importance en poids.1 est l'espèce la plus importante, valeurs décroissantes pour les autres espèces: 1 – 2 – 3 …

Sources : CTFT 1964; Collart, Rabelahatra, Rasolofo, 1980; Rafalimanana 1988/89.

Ce tableau montre que :

Une étude rapide du milieu réalisée en 1980 (Rapport Woynarovich, 1980) soulignait que les stocks actuels composant la faune ichtyologique du lac sont incapables d'utiliser rationnellement les ressources naturelles présentes et naturellement renouvelables pour parvenir à la productivité optimum. Il conviendrait alors d'introduire une espèce phytophage exploitant les ressources des eaux pélagiques et une espèce nécrophage susceptible d'utiliser les quantités énormes de détritus provenant de l'immense marais de Cypéracées.

L'étude du lac commencée en 1961 évalue la production totale du lac Alaotra à 4.000t soit 181,8 kg de poisson par hectare et par an. Calculée sur les bases de l'effort de pêche, la production totale était de 3.700t en 1978, soit un rendement de 168 kg/ha/an (Collart et al., 1980). Selon l'enquête cadre, la capture annuelle était estimée à 3.079t soit 139 kg/ha/an. Cette baisse constante de la production est un signe évident de surexploitation du lac. Des observations statistiques de production et de commercialisation doivent se poursuivre régulièrement, comptetenu de la place de choix qu'occupe le lac Alaotra dans l'approvisionnement en poissons d'eau douce des villes de Toamasina, d'Antananarivo et de la zone périphérique de Moramanga.

1.2 Le lac de Mantasoa

Construit en 1935 aux fins hydro-électriques et d'irrigation des périmètres rizicoles, le lac de Mantasoa occupe une superficie moyenne de 1.375 ha. Il a été aménagé sur la rivière Varahina sud qui aurait été jadis peuplé de Carassius auratus (cyprin doré ou trondro gasy) de Cyprinus carpio, variété spécularis (carpe commune écailleuse), d'Anguilla mossambica (anguille noire ou amalomainty), de Cobius aenofuscus (toho ou toho vokoka).

Il y a eu diverses introductions d'espèces étrangères : Osphromenus goramy (gouramier) en 1941, Tilapia rendalli, Tilapia macrochir et Paratilapia polleni (marakely) en 1952–53, Micropterus salmoïdes (black-bass) et Carassius auratus (trondro gasy) en 1953, Tilapia nilotica (1970).

Tableau - 2 Composition du peuplement piscicole du lac Mantasoa
 19701988/89
Espèces% en nombre% en poidsClassification par ordre d'importance en poids(*)
Tilapia rendalli79,460,81 (Tilapia sp.)
Cyprinus carpio8,533,83
Micropterus salmoïdes11,85,22
Carassius auratus0,30,26
Ophicephalus sp.(Fibata)--4
Astacoïdes madagascariensis--5

* 1 est l'espèce la plus importante : valeurs décroissantes pour les autres espèces: 1 – 2 – 3 …

Sources : CTFT, 1970; Rafalimanana, 1988/89.

Le tableau 2 montre que:

Jusqu'en 1967, la pêche était l'apanage des pêcheurs sportifs. A partir de 1968, le lac était exploité intensivement par les pêcheurs professionnels et les produits étaient écoulés à Mantasoa, Manjakandriana et Antananarivo.

En 1970, la production était de 55t soit un rendement de 40 kg/ha/an. D'après les résultats de l'enquête-cadre qui restent à vérifier, elle serait de 186t en 1989, soit un rendement de 130 kg/ha/an.

1.3 Lac Itasy

Situé à 140 km seulement d'Antananarivo, ce lac de barrage de 3.500 ha de superficie est établi sur un terrain volcanique. Il a un climat tropical tempéré par l'altitude (1.200m); la température moyenne annuelle est de 20°C, la pluviosité de 1.500 mm (mi-octobre à fin mars). La profondeur moyenne de l'eau est de 4m, le pH voisin du neutre mais les eaux de nombreuses zones marécageuses bordant le lac sont nettement acides (pH supérieur à 6). Les eaux paraissent bien oxygénées (5,8m – 14 mg/1).

Le lac joue un rôle important dans l'approvisonnement en poisson des marchés de la capitale. Il a fait l'objet de nombreuses études : Louvel (1930), Lemasson (1953), Kiener (1963), CTFT (1964), CTFT (1970), Moreau (1979) Woynarovich (1980), Matthes (1985), Rafalimanana (1988–89), Raharisoavelohanta (1989–90).

Jadis, le peuplement piscicole du lac Itasy comprenait des anguilles (Anguilla mossambica) et (Anguilla nebullosa labiata), des trondro mainty ou marakely à bosse (Ptychochromis betsileanus), des marakely, (Paratilapia polleni), des tohofotsy (Eleotris legendrei), des cyprins dorés ou trondro gasy (Carassius auratus et des toho (Cobius manorhynchus).

Divers déversements successifs ont bouleversé à chaque fois la composition du peuplement et modifié l'exploitation : Cyprinus carpio (carpe commune) en 1932, Cambusia holbrooki (1950), Tilapia rendalli en 1955, Tilapia macrochir (malemiloha) en 1958, Tilapia mossambica, Tilapia nilotica et Tilapia zillii en 1961–62 Micropterus salmoïdes (black-bass) en 1961. L'Ophicephal us sp. a fait son apparition dans le lac en 1985. Les caridines (Caridina sp.) sont aussi pêchées dans le lac, ainsi que les petits crabes Hydrotelphusa sp.

En 1961, on a remarqué la disparition des espèces autochtones (marakely et marakely à bosse). Tilapia mossambica et Tilapia zillii ne se sont pas acclimatés tandis qu'en 1966–67, est apparu le Tilapia 3/4, hybride entre Tilapia macrochir et Tilapia nilotica (Tilapia nilotica × Tilapia nigra selon Matthes, 1985).

Les compositions de la faune piscicole du lac Itasy en 1970 et en 1989/90 apparaissent au tableau 3.

Tableau - 3 Composition qualitative du peuplement piscicole du lac Itasy
 19701989/90
Espèces% en nbre.% en poidsClassification par ordre d'importance en poids (*)
Tilapia nitotica5,5517,78Tilapia sp. 1
Tilapia 3/491,6973,80
Tilapia mocrochir0,840,81
Tilapia randalli0,200,11
Cyprinus Carpio0,663,652
Micropterus salmoïdes0,993,533
Carassius auratus0,060,105
Ophicephalus sp.--4
Anguilla sp.--6

* 1 est l'espèce la plus importante ; valeur décroissante pour les autresespèces : 1 – 2 – 3 …

Sources : CTFTT, 1970; Rafalimanana, 1989/90.

L'étude réalisée en 1988/89 ne précise pas les noms scientifiques des espèces de tilapia inventoriées.

L'essentiel des captures d'anguilles se fait à l'exutoire du lac où sont installés les cases-pièges (fefy). On ne dispose pas de données chiffrées récentes sur cette espèce.

Malgré la fermeture annuelle du lac (novembre-décembre), la production de poisson est caractérisée par une baisse constante due à la surexploitation, aux facteurs écologiques dont les bouleversements dans la composition des espèces introduites et à l'apparition récente du carnivore Ophiocephalus sp.

1963/64:1.460t soit 417kg/ha/an
1969:830t soit 237"
1985:545t soit 161"
1988/89:285t soit 81"
1989/90:211t soit 60,5"

A noter que les deux derniers résultats ne reflètent pas en fait les réalités, la collecte des données ayant servi à l'estimation de la production a été effectuée sur une courte période (enquête-cadre et mémoire de fin d'études).

1.4 Le lac de Tsiazompaniry

C'est une retenue artificielle de 2.333 ha construite en 1954 pour les besoins hydro-électriques et pour l'irrigation des périmètre rizicoles. Le barrage a été établi sur sol latérique enrichi par les cultures de riz en amont ; la rivière Varahina nord sur laquelle a été édifié le barrage était pauvre en faune icthyologique : quelques anguilles, cyprins dorés et toho (Cobius aenofuscus). Divers empoissonnements ont été effectués : Tilapia rendalli, Micropterus salmoides (black-bass) en 1957, Tilapia mossambica en 1962, Tilapia nilotica en 1962.

En 1969, la production du lac était estimée à 45t mais l'étude réalisée a montré qu'il ne s'agissait que d'exploitation de subsistance. Le peuplement était composé de Tilapia rendalli, de Cyprinus carpio (carpe miroir), de Micropterus salmoïdes (black-bass) et de Carassius auratus (cyprin doré). Aucune espèce autochtone ne se retrouvait plus dans les captures ; on n'a pas non plus pêché les espèces déversées au lac telles que le Tilapia mossambica, le Tilapia nilotica.

L'enquête-cadre 1988 a estimé la capture annuelle du lac à 77t; la production a augmenté de plus de 70% en presque 20 ans. Ce qui est tout à fait logique, l'exploitation étant à caractère commercial depuis 1970, année à partir de laquelle le lac était amodié ; les produits sont facilement écoulés sur les centres de consommation environnants et sur la capitale.

Tableau - 4
Composition du peuplement du lac de Tsiazompaniry
 19701989/90
Espèces% en nbre.% en poidsClassification par ordre d'importance en poids (*)
Tilapia rendalli53,315,71
Cyprinus Carpio43,383,32
Micropterus salmoïdes2,30,84
Carassius auratus0,90,23

* 1 est l'espèce la plus importante ; valeur décroissante pour les autresespèces : 1 – 2 – 3 …

Sources : Vincke, 1972; Rafalimanana, 1988/89).

D'après ce tableau, les espèces capturées en 1972 et en 1988 restent identiques ; l'enquête-cadre réalisée en 1988 ne permet pas de connaître les pourcentages en poids réels capturés pour analyser l'évolution des espèces. Le lac est indemne d'Ophicephalus sp. pour le moment.

1.5 Le lac Kinkony

Couvrant une superficie de 15.000 ha, le lac de Kinkony offre un type de lac de barrage par alluvionnement en voie de comblement très avancé. Situé à 87 km au sud-ouest seulement de Mahajanga, le lac n'est pas accessible en saison de pluie et la pêche ne se pratique que pendant 8 mois. Il communique avec la mer par l'intermédiaire de la Kotomay et de la Mahavavy, mais l'eau est constamment douce sauf aux embouchures.

Les eaux sont relativement chaudes, avec une température de 31° 2 à 1m de profondeur et à 16h. Le climat est du type côte ouest (saison chaude d'avril à novembre, alternant avec la saison de pluie). Il y tombe 1.500 mm de pluie en moyenne en 75 j/an. Les eaux sont alcalines (pH = 6,7 – 8,3; SBV : 1,1 – 2,9), favorable à la vie et à la croissance des poissons. Le plancton et le benthos sont assez riches et assez variés.

Des essais ont mis en évidence des migrations de cinq espèces de poissons dominantes dans le lac : Megalops cyprinoïdes (besisika), Arius madagascariensis (gogo), Chanos chanos (vango), Mugil robustus (bika) et Liza macrolepis (zompona). Ce mouvement de poissons est un facteur important car il sert de régulateur dans la mesure où il y a surexploitation.

La faune autochtone est assez riche si l'on compare avec celle des Hauts-Plateaux (CTFT, 1967); on en dénombrait 26 espèces auxquelles s'ajoutent des espèces introduites par la Mahavavy : Carassius auratus (cyprin dore ou trondro gasy) vers 1900, Tilapia rendalli en 1957 et Tilapia macrochir en 1961.

Le lac semble être exploité à fond, toutes les niches écologiques étant occupées par des espèces de différents régimes alimentaires : herbivores (Tilapia rendalli, Paretroplus petiti ou kotso, Scatophagus tretracanthus ou hintra), omnivores fouilleurs de fond (Arius madagascariensis ou hintra), carnassiers (Megalops cyprinoïdes ou besisika, Anguilla sp., Caranx sp. ou kikao, Pristis microdon ou poisson-scie ou vavaha, Carcharinus sp. ou requin ou ankiho, Cobius giuris ou borodoa, Eleotris fusca ou toho).

Paretroplus dami ou damba est en régression depuis la disparition de l'herbier Nymphes ou makamba qu'il consomme et où il dépose les oeufs.

On note la baisse des captures si on se réfère aux études entreprises de 1966 à 1988/89 :

- 1966/67: 800t soit 53,3 kg/ha/an (CTFT)
- 1968: 760t soit 50 kg/ha/an (CTFT)
- 1988/89: 357t soit 23,8 kg/ha/an (Enquête-cadre).

Tableau - 5
Composition du peuplement piscicole du lac Kinkony
 1966/671988/89
Espèces% en nombre% en poidsClassification par ordre d'importance en poids(*)
Megalops cyprinoïdes19,7030,395
Tilapia macrochir26,9228,841 (Tilapia sp.)
Arius madagascariensis38,1525,382
Chanos chanos1,536,10 
Paretroplus petiti2,552,44 
Mugil robustus2,902,24 
Caranx sp.0,761,23 
Tilapia rendalli1,170,97 
Ambassis sp.3,710,77 
Scatophagus tetracenthus1,820,59 
Paretroplus dami--3
Heterotis niloticus--4
Cyprinus carpio--6

* 1 est l'espèce la plus importante ; valeur décroissante pour les autresespèces : 1 – 2 – 3 …

Sources : CTFT, 1967 ; Rafalimanana, 1988/89).

L'enquête a mentionné les remontées dans le lac des espèces euryphalines : Pristis microdon, Chanos chanos, Mugil robustus, Carcharinus sp., sans toutefois préciser l'importance.

Compte-tenu de l'effort de pêche actuel, des facteurs physico-chimiques et biologiques du milieu eau et des migrations des poissons venant de la mer, on ne peut parler de surexploitation du lac. L'exploitation du lac semble en effet insuffisante à tous les stades (pêche - conservation - écoulement). Il y a donc lieu de reprendre les études faites précédemment.

1.6 Les lacs de la région de Maevatanàna - Ambato-Boéni

La zone comprend environ 145 plans d'eau de superficies variables et dont certains sont temporaires, se vidant plus ou moins complètement en saison sèche. Ces lacs sont importants par les produits qu'ils procurent et par leur rôle de régulateur du débit de la Betsiboka et de ses deux affluents, le Kamoro et l'Ikopa qui les alimentent. Ils couvrent en tout 8.000 ha environ, les principaux sont :

- Amparihibe-sud1,247 ha
- Ambanja909 "
- Ampanihy821 "
- Tseny641 "
- Bendrony502 "

Ces superficies varient d'une année à l'autre suivant le régime pluviométrique et sont généralement difficiles d'accès. Le peuplement piscicole n'est pas homogène dans tous les lacs, une espèce existante dans un lac est absente dans l'autre.

La première étude sur ces plans d'eau a été réalisée par le Centre Technique Forestier Tropical (CTFT) en 1964 ; la production a été estimée cette année-là à 2.000 t soit 250 kg/ha/an. Du fait du bitumage de la route Mahajanga-Antananarivo, elle était évaluée en 1969 à 2.400t. La plupart des pêcheurs sont des migrants ; les locaux sont à la fois cultivateurs-éleveurs.

Tableau - 6
Composition du peuplement piscicole des lacs amparihibe et Ambanja
 Lac AmbanjaLac Amparihibe
 % en nbre.% en poids% en nbre.% en poids
Cyprinus carpio15,4621,9931,4054,58
Arius madagascarienis9,1426,729,2211,20
Megalops cyprinoïdes3,458,2119,1917,27
Tilapia mossambica64,0634,0128,128,22
Tilapia macrochir5,753,085,201,70
Tilapia rendalli0,480,400,180,08
Carassius auratus0,020,020,090,03
Liza macrolepis---5,45

Source : CTFT, 1964)

On remarque l'apparition de Tilapia mossambica, de Tilapia macrochir et de Tilapia rendalli dans les captures qui n'existaient pas encore en 1955.

Lors de l'enquête-cadre (novembre 1988), la production annuelle des lacs visités a été estimée à 285t pour la zone Port-Bergé - Mampikony (4 lacs) et 570t pour la zone Ambato-Boéni - Maevatanàna (16 lacs). Pour la première zone, les espèces capturées sont par ordre d'importance en poids : Tilapia sp., Ophicephalus sp. (fibata), Cyprinus carpio (carpe commune), Heterotis niloticus (vangolaopaka), Arius madagascariensis (gogo), Anguilla sp.. Pour la seconde zone, ce sont : Ophicephalus sp., Heterotis niloticus, Cyprinus carpio, Tilapia sp., Pellonulops madagascariensis (varilava), l'Arius madagascariensis, Ptychochromis oligacanthus, Mugil sp., (bika), Megalops cyprinoïdes.

Ce sont des espèces dulcaquicoles et euryhalines.

On constate l'expansion du FIBATA dans la région ; cette espèce occupe de loin la première place dans la zone Ambato-Boéni - Maevatanàna.

Les poissons frais sont vendus sur les marchés locaux. Les poissons fumés ou séchés sont, soit écoulés sur les marchés environnants, soit collectés par des mareyeurs pour être transportés jusqu'à Antananarivo.

1.7 Les Pangalanes

L'ensemble des Pangalanes couvre une superficie de 18.000 ha (lacs, marais, estuaires). Deux secteurs ont fait l'objet d'études complètes par le CTFT en 1967: le secteur nord (Toamasina, Andevoranto) de 11.022 ha et le secteur sud (zone Farafangana) de 2.800 ha. Les eaux des Pangalanes sont du type oligohalines, étant en communication permanente ou temporaire avec la mer. En dehors des zones de communication avec la mer, l'ensemble est pauvre en substances nutritives, en plancton avec des eaux de faible turbidité et d'un fond généralement sableux. Les sols des bassins versants sont dépourvus de matière fertilisante, chimiquement pauvre avec un pH acide. La température de l'eau oscille entre 21°C et 34°C mais parfois on observe des températures excessives supérieures à 40°C sur le fond. L'oxygène dissout varie de 3,41 mg/1 à 9mg/1, ne montrant pas de valeur excessivement basse.

Le tableau 7 fournit la composition du peuplement piscicole en poids et en nombre du secteur nord.

Tableau - 7
Composition du peuplement piscicole des Pangalanes (Toamasina - Andevoranto)
 1967
Espèces% en nombre% en poids
Caranx melampygus (antriotrioka)31,7731,41
Ptychochromis oligacanthus (saroy)25,3014,62
Ambassis commersoni (ambatsy)8,652,78
Tilapia rendalli8,3911,21
Eleotris fusca (amborodoka)6,2011,31
Ptychochromis polyactis(masovoatoaka)3,883,70
Mugil robustus (jebojebo)3,625,45
Tilapia mossambica3,625,38
Leiognatus equula (anketraketraka)2,072,42
Liza macrolepis (zompona)0,654,51

Source : CTFT, 1967.

D'après le tableau 7, la faune ichtyologique est dominée par les espèces marines et les espèces carnivores représentent 50% des captures en poids. Diverses espèces ont été introduites aux Pangalanes : Osphromenus goramy (gouramier) en 1857, Cyprinus carpio et Carassius auratus en 1925/30. Ces trois espèces ne sont pas maintenues. En plus, il y a eu le Tilapia rendalli, le Tilapia macrochir, le Tilapia mossambica de 1953 à 1963, l'Heterotis niloticus en 1963/65 et la carpe royale en 1975/76. Ces introductions n'ont pas résolu pour autant le problème de la chute des rendements.

Le mulet zompona fait l'objet d'importantes pêches commerciales, les géniteurs étant capturés avant de pouvoir effectuer leur ponte en mer. Les captures ont diminué : 37,5t en 1959, 7,5t en 1967 et 3t en 1969. L'espèce est aussi menacée de disparition.

A noter que depuis deux ans, l'Institut Malgache d'Innovations a procédé à l'aménagement des Pangalanes sur le tronçon Toamasina - Mananjary (430 km). On ignore l'interférence de ces travaux sur la population piscicole.

La production était estimée en 1967 à 38t pour le secteur nord soit un rendement de 34 kg/ha/an. En 1978, un bilan de la situation des pêches aux Pangalanes effectué par le projet PNUD/FAO MAG/76/002 a trouvé un rendement de 7 kg/ha/an et selon l'auteur du rapport, on pourrait s'attendre à une baisse de ce chiffre jusqu'à 1–2 kg/ha/an pour 1990. Cette chute des rendements est due à :

1.8 Productions des 7 principaux lacs

Le tableau 8 résume les productions des 7 principaux lacs.

Tableau - 8
Chiffres de production
Plans d'eauCTFT
(1960–69)
VINCKE
(1972)
Enquête-cadre
(1988–89)
(1)(2)(1)(2)(1)(2)
Alaotra4.0001814.0001813.079139
Mantasoa35255540188136
Itasy1.40040083023728581
Tsiazompaniry451952227734
Kinkony80053,37605035723
Lacs de la région de Maevatanàna - Ambato-Boéni2.0002502.400300855107
Pangalanes38134,633530--
TOTAL…8.6611378.3801224.84186

(1) Production en tonnes
(2) Rendement en kg/ha/an

En se référant aux chiffres de rendements, on constate que déjà, dès 1969, les niveaux d'exploitation des lacs Alaotra, Itasy et Ambato-Boéni - Maevatanàna atteignaient et dépassaient le maximum soutenable de 150 kg/ha/an. Aux Pangalanes, on fait face à la désertification biologique de cette lagune avec un rendement de 7 kg/ha/an en 1978.

Par contre, les rendements des lacs de Kinkony, de Tsiazompaniry et de Mantasoa pourraient encore être améliorés.

En ce qui concerne les productions, on assiste à leurs baisses. Elles sont réduites de 42% de 1972 à 1989. Il faut cependant mentionner qu'en 1989, l'enquête-cadre n'a couvert que 20 lacs sur 145 et que les Pangalanes n'ont pas été étudiées.

2. PROBLEMES ET CONTRAINTES

• Exception faite du lac de Kinkony qui dispose d'une faune assez variée (marine et euryhaline), étant en communication permanente avec la mer, la faune piscicole naturelle des eaux continentales malgaches est pauvre, comparée à celles des autres régions du globe, notamment celles du continent africain et des Indes. Les espèces autochtones n'ont pas les qualités requises pour en faire des poissons d'exploitation intensive.

Pour remédier à cette pauvreté, 21 espèces de poissons ont été introduites de 1857 à 1963. En 1982, quelques spécimens de carpes exotiques, Hypophtalmychtys molitrix et Aristichtys nobilis ont fait l'objet d'études de comportement en rizière. La plupart de ces introductions ont été un succès ; actuellement, la plus grande partie des captures dans les principaux plans d'eau est constituée par des espèces introduites et selon Kiener (1963), elles ont permis d'augmenter la production piscicole malgache. D'autres espèces par contre ne se sont pas acclimatées (brochet, tanche, saumon, gardon rouge, blue gill) ; il y en a qui ont réussi dans des régions très limitées (gouramier aux Pangalanes).

A mentionner aussi que certaines espèces introduites se sont substituées aux espèces autochtones pour lesquelles il y avait une forte demande sur le marché (marakely, trondro mainty ou marakely à bosse, damba, sory). Les pêcheurs regrettent leur régression ou leur disparition et demandent leur réintégration.

Aujourd'hui, l'essentiel des ressources piscicoles des eaux intérieures est donc composé de carpe et de tilapia. Aux lacs Itasy et Alaotra, on assiste à une succession de ces deux espèces ; la carpe diminue et cède la place de plus en plus au tilapia. Ces deux espèces s'avèrent cependant incapables d'exploiter à elles seules toutes les ressources nutritives naturelles et renouvelables des principaux lacs.

• Le chapitre “Situation actuelle des pêcheries et évolution” fait apparaître qu'il n'existe pas, à Madagascar, de véritables statistiques de production des plans d'eaux continentales. En 1962, sans fournir des détails, Kiener estimait la production à 25.000t. A défaut d'éléments de base sur le terrain, ce chiffre était considéré comme les premières données officielles et on appliquait par la suite le taux de croissance de 2–3% pour l'estimation de la production totale en eau douce. En 1989, celle-ci serait de l'ordre de 60.000t. Durant la période 1960–69, le CTFT a entrepris une série d'études en vue du développment des 7 principaux lacs de l'île. Depuis 1970, ces études n'étaient plus poursuivies, mises à part l'enquêtecadre réalisée en 1980–89 par le projet MAC/85/014 et les études effectuées dans les cadres de missions de consultation ou de mémoire de fin d'études (Pangalanes, 1979 ; Itasy, 1985 et 1989) qui ne résultent donc pas d'observations statistiques méthodiques et ne fournissent pas d'informations permettant de connaître les niveaux actuels d'exploitation réels.

• Matthes (1985), Collart et Vincke (1989) précisent qu'au lacs Itasy, Alaotra, Mantasoa et Tsiazompaniry, certaines niches écologiques restent disponibles ; ce qui n'est pas le cas du lac Kinkony qui est caractérisé par sa grande richesse planctonique. Par ailleurs, ils ajoutent que certains stocks sont en voie de dégénérescence aux lacs Kinkony, Itasy, Mantasoa, Tsiazompaniry et Alaotra.

• L'Ophicephalus sp. (appelée communément FIBATA), espèce strictement carnivore, à maturité sexuelle précoce et à croissance rapide gagne du terrain et peuple les principaux lacs à l'exception de Kinkony et de Tsiazompaniry. Une première liste des plans d'eau indemne et infestés de FIBATA est dressée.

Les premiers spécimens sont apparus vers le début des années 80 ; actuellement, cette espèce se situe au 3ème rang des espèces les mieux représentées dans les captures après le tilapia et la carpe, sinon le premier dans la zone Ambato-Boéni - Maevatanàna.

Selon Raminosoa (1987), l'Ophicephalus sp. ne manquera pas à la longue de perturber l'équilibre ichtyologique des plans d'eau où il s'est implanté du fait de son régime alimentaire; il restera le prédateur et les autres les proies. Elle ajoute que l'apparition d'Ophicephalus sp. a causé la disparition de l'espèce endémique Paratilapia polleni (marakely). Ce qui semble corroborer les assertions des pêcheurs selon lesquelles cette espèce est à l'origine de la diminution de la production piscicole dans les plans d'eau. A mentionner que l'Ophicephalus sp. n'est pas très apprécié des consommateurs.

Les anguilles se font de plus en plus rares aux lacs Itasy, Alaotra, Mantasoa.

3. SOLUTIONS PROPOSEES

• Compléter la faune carpe-tilapia par une association d'autres espèces nouvelles, choisies en raison de :

On devrait aussi rechercher les espèces aptes à éliminer ou à réduire les vecteurs de la bilharziose (mollusque) et du paludisme (moustiques).

• Mettre en place un système permanent de collecte et de suivi des statistiques de base sur les captures et l'effort de pêche des pêcheries d'eau douce maintenant que l'enquête-cadre a permis la connaissance préalable des caractéristiques structurelles existantes. Ce système permettra de faire :

Afin de maintenir à un taux normalement supportable, le peuplement d'Ophicephalus sp., pour l'équilibre des stocks en eaux fermées (5–10% de voraces), il y a lieu de :

Toutes ces actions pourraient être concrétisées dans cadre d'un projet.

• Rénforcer l'application de la réglementation concernant le contrôle de l'introduction d'espèces ichtyologiques nouvelles à Madagascar afin d'éviter que le phénomène FIBATA ne se répète.

• Pour le cas des Pangalanes, réouvrir les communications avec la mer, seuls aménagements possibles permettant le recrutement d'espèces en provenance de la mer et l'enrichissement du milieu eau en substances nutritives dissoutes et en plancton.

• Inventorier :

Itasy et Alaotra.

• Protéger les bassins versants surplombant les lacs Itasy et Alaotra afin de limiter le comblement de ceux-ci.

En attendant que soient connues les données réelles de production, rationaliser la pêche dans les plans d'eau menacés de surexploitation par l'application stricte de la réglementation existante (mailles de filets minima, fermeture annuelle), par la limitation de l'effort de pêche à son niveau actuel, par la surveillance continue de l'état des stocks et par leur reconstitution afin d'utiliser les niches écologiques disponibles.


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