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ANNEXE VII (Suite.)

EXPOSE III - 2 C (i)

L'EXPLOITATION DES THONIDES

PAR

RABENOMANANA L. D.,
Chef, Service de la Pêche Industrielle (DPA)

1. PREAMBULE

Madagascar, dans sa phase actuelle ne participe pas encore à la pêche effective des thons aussi bien dans ses eaux que dans les eaux voisines et internationales.

Par ailleurs, l'évolution rapide de ces dernières années de la pêche thonière dans l'Océan Indien laisse entrevoir que dans un avenir proche, Madagascar figurera également parmi les pays producteurs où cette activité occupe une place prépondérante dans le développement de son économie nationale. En effet, en ce qui concerne particulièrement Madagascar, la pêche industrielle monospécifique qui se limite aux crevettes côtières semble déjà arriver à son niveau optimal de développement. Aussi, les thons étant entre autres disponibles dans ses eaux, Madagascar gagnerait-il à diversifier ses activités malgré l'importance de l'investissement qu'une telle exploitation requiert.

2. INTRODUCTION

Le thon est une monnaie mondiale au même titre que l'or. Il est la plus appréciée des espèces de poisson et son prix est côté dans les plus grandes bourses du monde.

Florissante vers les années 60, l'industrie thonière a été durement confrontée à une crise à partir de 1970. En effet, à la suite de l'augmentation des productions industrielles de poulets et de porcs - produits alimentaires de substitution du thon - le prix du thon a chuté considérablement alors que les coûts de capture sont montés en flèche. La situation a été durement ressentie par l'industrie thonière mondiale et rares sont actuellement les entreprises de pêche thonière qui arrivent à des résultats miraculeux comme il l'était auparavant.

Afin de rétablir la situation, des mesures rigoureuses ont été mises en ocuvre ayant abouti non seulement à la vente des navires non rentables, mais aussi à la recherche de nouvelles zones de pêche et de nouveaux marchés.

Le déploiement de la flotte thonière océanique européenne (France Espagne) dans la région de l'Océan Indien depuis 1980 s'insère dans ce cadre général, concrétisé par la signature de différents accords de pêche avec les états riverains: Seychelles, Madagascar, Comores, Mozambique, etc…

En ce qui concerne particulièrement Madagascar, il faudrait souligner que de 1972 à 1975, la pêche thonière a connu un début de développement très prometteur.

En effet, en 1971, une compagnie japonaise, la KAIGAI GYOGYO KABUSHIKI KAISHA ou K.G.K.K. a entrepris une campagne de prospection de pêche à la canne du thon dans la zone comprise entre Nosy Be, les Comores et les îles Aldabra.

Les 3 canneurs participant à cette campagne ont débarqué en une année quelques 4.000t de thon. Devant les résultats encourageants de cette campagne d'inventaire des possibilités offertes, une société malgacho-japonaise a été créée en 1973 sous le nom de COMANIP et qui exploita 9 canneurs entre 1973 et 1975. L'arrêt de l'activité de cette compagnie a des origines diverses non liées à l'abondance de la ressource qui a été justifiée.

On peut aussi noter la présence de la TOSHOKU dans les eaux malgaches qui pêcha avec un seul bateau de janvier à septembre 1973. Il en est de même de la MANIVICO, dont l'unique bateau fut basé à Antsiranana de septembre à décembre 1973.

L'on peut tout simplement dire que pour le cas de la pêche thonière, l'activité a été seulement expérimentée à Madagascar de 1971 à 1975. En 1974, on a pu enregistrer une capture de l'ordre de 11.000 t de thonidés et la possibilité de relancer ce type de pêche à la lumière des renseignements qui ont été recueillis a de forte chance d'être concrétisée.

Fort de ce constat, coscient de l'évolution des pêches mondiales, surtout depuis l'instauration des Zones Economiques Exclusives de 200 milles marins par beaucoup de pays à façade maritime, considérant l'importance des activités halieutiques dans la région de l'Océan Indien, Madagascar a donc décidé d'étudier les différentes conditions qui vont lui permettre de relancer l'exploitation thonière.

Pour concrétiser cette décision, des accords ont été passés avec des pays tiers. Madagascar a aussi participé à la réalisation d'un projet qui tend à mieux connaître les ressources et les conditions d'exploitation des thonidés. Différents projets sont enfin en vue de façon à ce que le pays puisse tirer le maximum de profit de l'exploitation, grâce, entre autres, à la mise en place d'une entreprise thonière de droit malgache. En aval de tous ces projets, l'usine de transformation de thon à Antsiranana sera fonctionnelle sous peu.

3. COMPORTÉMENT DES THONIDES

Les thons sont des poissons prédateurs migrants qui se déplacent à grande vitesse et sont capables de couvrir de grandes distances (200 km en une journée). Les thons sont les seuls poissons à sang chaud avec une température plus élevée que celle de l'eau environnante, ce qui rend leur travail musculaire plus efficace.

Ce déplacement permanent des thons durant toute leur vie entraîne une consommation d'énergie évaluée à plus de 15% de leur poids par jour. Il en résulte une répartition non aléatoire des thonidés dans les différentes zones de concertation, les migrations s'effectuent suivant des axes hydrologiques où chaque espèce, à chaque stade de sa biologie trouve son milieu optimal.

La température de l'eau et la concentration d'oxygène dissout sont les deux facteurs principaux qui permettent de délimiter l'habitat optimum du thon. Suivant les espèces, cette température se situe entre 20° et 30°C et l'oxygène dissout entre 1,5 et 3,0 ml/l.

Dans le sud-ouest de l'Océan Indien, les zones qui répondent aux exigences des deux espèces (listao et albacore) économiquement importantes sont : le Canal de Mozambique, les eaux autour de Madagascar, des Comores et des Seychelles.

Le comportement hautement migratoire des thonidés qui font fi des délimitations maritimes fixées par l'homme, permet de conclure qu'il n'y a pas de ressources thonières nationales. Leur exploitation rationnelle ne pourra en conséquence se faire que sous l'angle régional voire international.

4. ETAT DES RESSOURCES EN THON - POTENTIALITE

Les études qui ont été faites ne permettent pas encore de définir la potentialité exacte des eaux qui baignent la région. L'on sait tout simplement que quelques 200.000 t de thon ont été capturées dans les eaux de l'Océan Indien en 1989.

Les abords de Madagascar semblent être potentiellement riches en thons dits “majeurs” (tels l'albacore, le listao et le germon) bien que les prospections réalisées aient été limitées dans l'espace.

Par ailleurs, le thon a été observé en surface dans la région de Toliara et le germon doit être présent au sud de l'île. Les abords de Madagascar semblent en outre une zone de ponte privilégiée pour les grands migrateurs.

Les ressources en thons dits “mineurs” (tels la thonine ou ravil, l'auxide et autres petits thonidés) qui ne font pas l'objet d'un commerce international, ne sont pas bien connues notamment en ce qui concerne leur abondance dans les eaux malgaches. Elles existent vraisemblablement le long de la plupart des côtes malgaches : région nord et le long de la côte ouest jusqu'au Bane de l'Etoile du sud de l'île.

5. LES TECHNIQUES DE PECHE

Au niveau artisanal, la technique de pêche utilise soit des lignes pourvues d'appât, soit d'un filet maillant placé verticalement dans l'eau afin d'attraper le poisson par les ouïes.

Au niveau intermédiaire, trois méthodes de pêche se sont développées : la pêche à la traîne, la pêche à la canne et la pêche à la palangre où “long line”.

La pêche à la traîne est pratiquée à l'aide d'appât ou leurres traînés à la poupe d'une embarcation. Elle est largement pratiquée par les pêcheurs piroguiers et par la pêche sportive.

La pêche à la canne ou pêche à l'appât vivant fait déjà appel à l'usage d'une technologie plus avancée. L'appât vivant, constitué généralement de petits poissons pélagiques (sardinella sirm, selar crumenophtalmus, decopterus dayi, stilephorus indicus, …) est stocké dans des cuves ou viviers à bord du bateau, jusqu'à la découverte d'un banc de thons. L'appât est alors laneé par-dessus bord, afin d'attirer le thon et l'inciter à mordre. Cette pêche qui nécessite un nombre assez élevé d'équipage, est effectuée à l'aide d'une canne où l'hameçon, sans hardillon n'est pas appâté. Cette technique est très courante dans de nombreuses îles de l'Océan Indien et va certainement faire bientôt sa réapparition dans les eaux malgaches.

La pêche à la palangre ou “long line” consiste à pourvoir d'appâts des centaines ou des milliers d'hameçons, qui sont immergés sur une ligne à des profondeurs variables. La ligne peut avoir plusieurs kilomètres de longueur. Les japonais ont été les premiers à développer cette technique sur une base industrielle dans les régions de l'Océan Indien suivis des chinois, des formosans et des sudcoréens. Des palangriers sont actuellement présents dans les eaux malgaches.

Enfin, la technique la plus moderne est la pêche à la senne coulissante. Cette technique consiste à entourer un banc de thons à l'aide d'un immense filet mesurant en longueur entre 1.200 à 1.600m pour une chute de 150 à 220m. Les différentes opérations de mouillage sont conçues de façon à ce que le filet puisse descendre aussi rapidement que possible afin d'empêcher le thon de s'achapper. Le fond du filet est refermé à l'aide d'une corde qui coulisse à l'intérieur des anneaux fixés le long de la ligne de plomb comme pour le cordon d'une bourse. La capture est hisée à bord ou aspirée à la proue. La congélation se fait dans une saumure. Une opération bien mence peut permettre de capturer plusieurs centaines de tonnes de poissons.

La pêche à la senne fait actuellement intervenir des systèmes de détection de ressources très sophistiqués : helicoptère, avion, satellite, cartes thermiques.

Le bateau utilisé à cet effet fait généralement plus de 1.000 CV de puissance. Un bateau qui mesure 80m de long est équipé d'un système de stockage pour 1.000t de poissons.

6. L'EXPLOITATION

Comme il a été mentionné plus haut, Madagascar n'intervient pas encore dans la pêche proprement dite des thonidés. Les perspectives laissent toutefois présager qu'outre les différents accords de pêche passés avec les pays ou sociétés étrangères pour la vente des licences, l'armement thonier national qui fera intervenir du moins dans un premier temps les capitaux étrangers, effectuera son apparition dans le métier.

Les modes d'exploitation couramment adoptés dans le monde sont variés et sont indiqués ci-après par ordre décroissant, si l'on se réfère à la participation (donc aux risques) financière à apporter (à supporter) au niveau national :

Etant une île, Madagascar se doit d'exploiter avec le maximum de profit les ressources halieutiques de ses eaux marines aux fins :

Si tels sont les principaux objectifs de développement de la pêche, nombreuses actions ont été déjà accomplies, d'autres projetées pour les atteindre. Ceci requiert d'une part, la mobilisation des moyens nationaux propres et d'autre part, de trouver la meilleure formule concernant la coopération avec l'étranger.

A l'heure actuelle où Madagascar ne maîtrise pas encore les techniques d'exploitation du thon, qui par ailleurs est une espèce migratoire, il n'est pas prudent d'investir seul dans cette filière économique pour laquelle les équipements de production coûtent très chers. A titre indicatif, un investissement de l'ordre de 50 milliards de FMG est obligatoire si l'on veut monter un armement thonier d'une flotille de 2 à 3 unités.

Aussi, compte tenu de la spécificité de la pêche thonière d'un côté (haute technologie, financement onéreux, marché mondial difficile à maîtriser, ressources mal connues, etc…), et des réalités économiques malgaches de l'autre, la coopération avec l'étranger a été choisie dans un premier temps pour développer cette branche d'activité.

6.1 Les accords de pêche

La formule de vente de licences aussi bien à des bateaux senneurs qu'à des palangriers a été adoptée à Madagascar pour lui permettre de tirer un profit de la ressource thonière en rappelant :

Il faudrait rappeler qu'en ce qui concerne particulièrement les thoniers-senneurs, du fait du passage limité dans le temps des thons dans les eaux malgaches, les bateaux titulaires de licence n'y viennent pêcher que quelques mois dans l'année (3 mois environ). En d'autres termes, même si la licence octroyée est valable pour une période d'une année (la validité d'une licence étant rendue systèmatiquement à une année pour tous les bateaux de façon, entre autres, à prévenir toute intrusion éventuelle dans les eaux malgaches des bateaux non autorisés), elle ne peut être considérée que comme une simple autorisation permettant aux thoniers de travailler dans nos eaux quand les thons y passent et quand on les rencontre en une concentration beaucoup plus importante qu'ailleurs.

Liste des Accords et Protocoles de Pêche entre Madagascar et les Etats ou Sociétés étrangers

AnnéeNom de l'Accord ou du ProtocoleDate de SignatureType de PêcheNbre.de Bateau autoriséConditions de l'Accord
1986CEE/RDM28/1/86
(durée : 3 ans)
Senne86–87 : 25
87–88 : 38
88–89 : 40
- paiement redevance calculée en fonction de la capture,
- paiement compensation financière,
- octroi bourses d'études,
- financement campagne de prospection des crustacés d'eau profonde.
URSS/RDM5/12/86
(1 an)
Senne1- paiement redevances calculées en fonction de la capture.
1987KGKK/RDM26/8/87
(1 an)
Palangre1- redevances forfaitaires.
1988HOSUI/RDM (renouvellement Protocole KGKK/ RDM qui a été transféré par la suite à HOSUI)16/11/88
(1 an)
Palangre3- redevances forfaitaires fixées en fonction du tonnage des bateaux.
1989CEE/RDM28/4/89 renouveléSenne89–90 : 44
90–91 : 45
- mêmes conditions que précédemment
1990KGKK/RDM24/4/90
(1 an)
Palangre Senne5 palangriers
3 senneurs
- redevances forfaitaires
HASIKIN/RDM25/4/90
(1 an)
Palangre10- redevances forfaitaires
LUBMAIN/RDM14/5/90
(1 an)
Palangre5- redevances forfaitaires
HOSUI/RDM2/7/90
(1 an)
Palangre1- redevances forfaitaires
SOVRYBFLOT (URSS)/RDM21/9/90
(1 an)
Senne2- redevances forfaitaires

Le tableau ci-dessus résume les différents Accords de Pêche de Madagascar avec les étrangers depuis la relance de l'opération en 1986.

Tandis que pour les palangriers, on peut dire que les licences correspondantes sont exploitées pleinement car les bateaux travaillent généralement dix mois dans l'année dans les eaux malgaches.

A titre indicatif, un bateau de la HOSUI Co. Ltd., dans le cadre du protocole passé au mois de novembre 1988 a pu réaliser une capture de 385t sur un nombre total de 261 jours de pêche du mois de décembre 1988 jusqu'au mois de décembre 1989.

La totalité des senneurs européens ayant travaillé dans les eaux malgaches durant la campagne 1988–89 serait arrivée à une capture d'environ 8.000t.

6.2 Les sociétés mixtes

Cette forme d'exploitation n'existe pas encore à Madagascar. Il existe, par ailleurs, quelques projets identifiés dont l'objectif va dans ce sens :

6.3 Projet thonier régional

La Commission de l'Océan Indien a décidé, dès sa création en 1979, de se lancer dans un projet de développement de la pêche au thon.

Quatre Etats membres de la Commission de l'Océan Indien y participent, à savoir Madagascar, les Comores, l'île Maurice et la Réunion. Les Seychelles sont associées au projet en tant qu'observateur.

Ce projet a pour objet de définir, par une meilleure connaissance des ressources en thon dans cette zone, les conditions d'évaluation, de gestion et d'exploitation de ces ressources les mieux adaptées aux moyens des Etats de la région.

Démarré en juin 1986, le projet dans sa première phase prendra fin au mois de juin 1991 et serait suivie d'une nouvelle phase qui consisterait non seulement à finaliser les objectifs non réalisés initialement, mais aussi à :

Comme pour la première phase, le projet ne concerne que les thons uniquement.

7. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

L'exploitation des thonidés doit avoir une place importante à Madagascar.

7.1 La vente de licences lui permet des rentrées de devises, si minimes soient elles, au lieu de laisser passer les thons ou de permettre certains bateaux de les pêcher illicitement. Par ailleurs, elle permet d'attirer des partenaires potentiels.

7.2 Cette mesure toutefois, nécessite une collaboration étroite avec les différents pays de la région pour éviter une exploitation anarchique pouvant aboutir, par une politique mal adaptée d'un seul pays, à une surexploitation ou à la détérioration des intérêts qu'en peuvent tirer les autres. Dans ce sens, Madagascar doit adhérer dans des projets régionaux ou internationaux aidant à gérer rationnellement l'exploitation des ressources thonières de la région.

7.3 Les licences à vendre doivent non seulement être limitées, mais aussi réparties judicieusement à différents armateurs utilisant différents techniques de pêche. Cela permettrait d'exploiter à l'optimum les ressources thonières existantes tant en surface, qu'en profondeur.

7.4 La vente de licences ne peut être considérée que comme une solution d'attente d'une meilleure mode d'exploitation : celle de la création de sociétés mixte où les partenaires devront être choisis en fonction, entre autres, de leur savoir-faire dans la technique de capture et celle de la commercialisation. Il est patent qu'au fur et à mesure du développement des sociétés de droit malgache, le nombre de licences mises en vente doit être diminué progressivement.

7.5 Compte-tenu du caractère migratoire des thonidés, Madagascar gagnera à conclure des accords de pêche avec les pays voisins pour pouvoir faire travailler ses bateaux dans toutes les zones de la sous-région.

7.6 Il faudrait construire des infrastructures de stockage et de transformation pour fixer les flottes étrangères dans la région, tout en développant l'industrie thonière locale.

7.7 Il faudrait aussi continuer à améliorer les services d'entretien et de réparation des bateaux, de transbordement et de ravitaillement, ceux relatifs à la relève des équipages, …

7.8 Enfin, les chercheurs du Centre National Océanographique devraient, pour leur formation, participer dans différents projets permettant le suivi scientifique des ressources thonières de la région et utilisant des experts de renommée internationale.

A N N E X E

PECHE A LA SENNE
PECHE A LA LONGUE LIGNE

1- Pêche à la senne
(700 m de long 90 m de chute)

2- Pêche à la lonque ligne

EXPOSE III - 2 C(ii)

POSSIBILITES D'EXPLOITATION PAR MADAGASCAR DES RESSOURCES HALIEUTIQUES DE LA ZEE ET DES EAUX CONTINENTALES

Par

J.L. LABARRIERE

Ingénieur Halieutique

Expert - Consultant O.N.U.D.I.

Dans ce court exposé ll ne sera question que des ressources pélagiques directement accessibles à partir du port d'Antsiranana, c'est-à-dire, le aecteur Nord-Ouest (Mahajanga - Cap d'Ambre) et le secteur Nord-Eat (Antalaha - Antairanana). Par soucis de simplification les populations pélagiques aeront divisées en deux grands ensembles : les thonidar (Albacors, liataos, fermons) et les autres petits pélagiques côtiers (maquereaux, espagnols, anchois, sardinelles, ravils).

1o) Les thonidae

Un des éléments déterminant de la volonté gouvernementale de créer une activité de pêche industrielle du thon par une société d'armement malgache est la récente implantation à Antsiranana d'une conserverie spécifiquement axée sur la transformation des Thonidae. Les approvisionnementa en poissons de cette importante unité, sont, lorsqu'elle aura atteint son plein régime, 45.000 tonnes/an auraient été assurés par les captures de la flotille internationale de grands thoniers-senneurs opérant dans la sous-région.

Ceci revenait a acheter en devise une matiére première d'origine animale provenant, pour une quantité non négligeable, de l'exploitation d'une reasource présente dans les eaux malgaches et encore non exploitée. D'autre part, les résultats obtenus par la Société d'armement nipo-malgache “Comanif” en 1973–1975 permettent d'espërer des captures dans la région Nord-Ouest de Madagascar représentant un tonnage de 15.000 à 20.000 tonnes/an.

Volonté politique et présence plus que supposée d'une ressource abondante et accessible étaient amplement suffisantes pour que les autorités malgaches demandent à l'ONUDI et au PNUD de procéder à une étude de préfinancement d'une société d'armement de pêche au thon de droit malgache. Elle contribuernit aux approvisionnements de la conserverie Pêche et Froid Océan Indien par des apports pêchés par des bateaux battant pavillon national et par conséquent payés en monnaie nationale.

Cette étude terminée en Juin 1990 aboutissait à deux conclusions principales :

  1. Le genre de pêche le mieux adopté aux conditions particuliers de la zone visée est la pêche à la canne à l'appât vivant. Les bateaux seraient des thoniers canneurs de 35 métres, d'une puissance de 1.000 CV et pouvant porter 150 tonnes de poisson congelé. L'investissement pour une flotille de 8 navires serait de l'ordre de 60.000.000.000 (soixante milliards de francs malgaches).

  2. Cette conclusion est une conséquence directe de la première. Devant la hauteur de l'investissement d'une part et le manque de données récentes sur la ressource d'autre part, une campagne expérimentale d'un an a été préconisée. Celle-ci sera effectuée entre Novembre 1990 et Octobre 1991 par deux thoniers canneurs français opérant actuellement en Atlantique et basés à Dakar. La décision de créer un armement de droit privé malgache ne sera prise qu'en fonction des résultats constatés.

Enfin, cette campaqne dont le coût a été estimé à 10.000.000 FF (dix millions de francs français pour un montant de un peu plus de 3.000.000 FF. La différence devant être couverte par la pêche et, a'il en était besoin, par une contribution malgache par prélèvement sur les fonds versés par la C.E.E. aux titres des accords de pêche.

2o) Les autres petits pélagiques côtiers

Avec 471.000 km2 de plateau continental, Madagascar est une des îles de l'Océan Indien la plus favorisée et à ce titre, peut envisager à court terme un apport déterminant de ses ressources halieutiques à une autosuffisance alimentaire pour ce qui concerne la ration protéinique d'origine animale.

Pour le moment l'importance de la ressource est encore très mal connue et de ce fait les moyens à mettre en oeuvre pour son exploitation doivent faire l'objet d'une étude approfondje prehablement lonque et coûteuse. Il a'agira de définir les types de bateaux les mieux adaptés et les engins de pêches correspondant à un optimum de rendement pour un coût le plus proche possible des réalités économiques malgaches. Cet aspect de l'étude à entreprendre n'est pas, et de loin, le plus délicat à traiter. En effet, bien que très fragmentaires et imprécis les renseignements disponibles sur l'importance des stocks laissent à penser qu'une activité de pêche de type artisanal pourrait voir le jour avec des grandes chances de rentabilité.

Le réel problème se pose en terme d'utilisation du poisson capturé. Le manque de moyens de communication avec l'arriére pays oblige à doter les lieux de débarquement préalablement identifiés de structures de transformation pour permettre à la fois un de la durée de conservation à un prix de revient compatible avec le pouveir d'achat de la masse des consommateurs, une unité polyvalente intégrée de transformation implique d'une part l'assurance d'unerégularité temporelle et quantitative des efforts et, d'autre part, un réseau de commercialisation efficace basé, nous devons le rappeler, sur les possibilités économiques des populations.

On comprendra aisément que la réalisation d'un tel programme demande une structure d'étude et de réalisation lourde qui pourra certainement s'intégrer dans un programme cadre du PNUD devant commencer en 1992. Dans l'immédiat une cellule d'appui va être mise en place suivant les recommandations figurant dans l'étude première mentionnée plus haut. Le financement de cette première phase est assuré par la partie malgache par prélèvement sur les fonds versés par la CEE au titre des accords de pêche. Il est évident que durant les mois qui viennent il sera procédé à la recherche d'un appui financier permettant de mener à bien ce programme ambitieux, certes, mais déterminant dans l'évolution de l'économie malgache. La recherche de financement devant se faire auprès des organismes internationaux mais également et dès à présent auprès des opérateurs économiques nationaux qui pourraient être partie prenante dans la réalisation des objectifs.

EXPOSE III - 2 D(i)

RAPPORT DU SEMINAIRE SUR L'AMENAGEMENT DE LA PECHERIE DE LANGOUSTES AU NORD DE TOLAGNARO

Par

F. GILBERT (DPA), E.R. MARA (UFSH), B.R. BAUTIL (OISO), M.W. RABENEVANANA (UFSH), S. TOURETTE (Consultante OISO), SANDERS (OISO) et D. ARDILL (OISO).

INTRODUCTION

Le Séminaire sur l'aménagement de la pêcherie de langoustes au Nord de Tolagnaro s'est déroulé les 7 et 8 octobre à la Direction des Pêches et de l'Aquaculture (DPA) à Antananarivo sous le patronage de la DPA et du Projet Régional pour le Developpement et l'Amènagement des Pêches dans l'Ocean Indien Sud-occidental (OISO). L'Unité de Formation Supérieure Halieutique (UFSH) de l'Université de Toliara, le Centre National de Recherches Ocèanographiques (CNRO), les services décentralises de la DPA et les sociétès de collecte de lanqoustes étaient éqalement représentes.

Le Séminaire avait comme objectifs de passer en revue l'état actuel des connaissances sur cette pêcherie, d'évaluer le régime d'aménagement en vigueur, de statuer sur l'opportunité de modifier ce régime et de faire des recommandations sur les recherches à entreprendre à l'avenir.

Cinq communications ont été présentés:

Description de la pêcher ie de langoustes de la zone au Nord de Tolagnaro.

Présentation des résultats de l'étude sur l'état de la ressource et sur la bioloqie de la langouste P. homarus de la zone au Nord de Toiagnaro.

Présentation des résultats préliminaires de l'étude socio-économique sur les pêcheurs de langoustes.

Présentation de l'étude coûts-bénéfices de la pêcherie et de la collecte des langoustes.

Introduction aux options d'aménagement de la pêcherie de lanqoustes de la zone au Nord de Tolagnaro.

Résumé des conclusions du Séminaire

Caractéristiques de la Pêcherie

La pêcherie étudiée située sur la cote entie Tolagaro et le Nord de Maroroy. Elle emploie quelque 2.000 pêcheurs, dont plus de la moitié à piein temps. Les pêcneurs à temps partiel pratiquent l'agriculture comme activite secondaire.

La pêche est pratiquée en pirogue monoxyle non-motorisée. Chaque pirogue est armée de 4 à 5 pécheurs et oe 15 à 20 casiers à langoustes, exploitant les petits fondside la bande catière. Les casiers sont virés, viues de leurs captures, réappatés et mouillés tous les jours ou même plusieurs fois par jour, sujets à l'état de la mer, la disponibilité d'appâts et les pouvoirs célestes.

Les langoustes sont vendues aux debarcadéres aux agents de cing sociétés de collecte basées sur Tolaqnaro. Ces sociétés sont équipées de viviers pour les langoustes vivantes et d'installations de froid. La quasitotalite de la collecte est exportee sui l'Europe et le Japon.

Captures et effort de pêche

Les captures en provenance de cette pêcherie enregistrés en 1989 ont totalisées 261 tonnes. Trois espéces étaient représentées: Panulirus homarus (85X), P. longipes (14X) et P. pennicililatus (1%). L'effort de pêche étail estimé à 112 * 103 pêcheurs-jours et à 353 * 103 casiers-jours. Les taux de capture étaient de 2,33 kg/pêcheurs-jour et de 0,74 kg/casier-jour.

Revenus et coûts aux pêcheurs

Les prix aux producteurs en 1989 ont varie entre 4.000 et 12.000 FMG/kg. Au prix moyen de 6.000 FMG/kg, la vaieur de la pêcherie a atteint 1.568 millions de FMG. Les coûts majeurs encourus par les pêcheurs étaient liés à l'achat des pirogues et des casiers; ils n'ont vraisemblablement pas dépassé 20% des revenus bruts. L'étude socio economique à déterminé que 44% des revenus ont été investis par les pêcheurs en achats de zebus.

Revenus et coûts aux sociétés de coliecte

Compte tenu des pertes subséquentes à la capture1, le poids exporté en 1989 était estime aux environs de 200 tonnes. La ventilation des produits enregistrée par la DFA nous donnent 59% de queues congelées, 21% de langoustes cuites entiéres, 6% de langoustes entiéres crues conqeiées et 14% de lanqoustes vivantes. La tendance actuelle est de se concentrer sur les langoustes entiéres.

Les prix FOB déclarés étaient de 21.000 FMG/kg en moyenne pour les langoustes vivantes et 17.000 FMG/kg pour les langoustes entiéres congelé. Le prix moyen toutes categories se situait aux environs de 18.000 FMG/kg. Sur cette base, la vaieur des exportation de langoustes étaient de 3.600 millions de FMG. Une évaluation préliminaire situent les coûts de production aux environs de 75% de la valeur exportée.

1 Celles-ci peuvent sutrenir par mortalité et par perte de poles dues à la désiccation. Compte tenu au sable qui est pesé avec les langoustes à, l'achat au pertes, ces partes varient entre 10 et 15 a du torai collecté.

Prises Maximales Equilibrées et effort de pêche

L'étude des ressources donne une production maximale équilibrées (FME) entre 265 et 290 tonnes par an, toutes espéces confondues. Cette production serait réalisée au niveau d'effort contemporain avec un age à premiere capture des langoustes se situant entre 3,5 et 4,5 ans. Sous ce régime, une augmentation de l'effort à trois fois celui de 1989 donnerait une augmentation marginale des captures.

Le maintien de l'effort de pêche de 1989 (353 * 103 casiers-jours) permet une production de 90% du PME, sans autre moyen d'aménagement.

Toutefois, si l'age à la première capture des langoustes devail baisser, une augmentation de l'effort diminuel ait la production progressivement.

Regime actuel d'amènagement de la pêcherie

Le régime actuel, dont certains éléments datent de l administration coioniale, prévoit:

L'étude des ressources à démontré que les deux premières mesures ne sont pas respectées.

Options d'Aménagement

Fermeture de la pêcherie et protection des femelles ovées

La fermeture annuelle de la pêcherie était, avant 1962, entre octobre el fin janvier. Les raisons pour lesquelles ces dates ont été choisies. dans un cas comme dans l'autre, ne sont pas connues, mais pourraient avoir été liées à la saison de ponte des langoustes.

L'étude de la biologie démontre la présence de femelles ovées toute l'année, avec des maximums en août et en novembre/décembre dont 20% des femelles capturées sont ovées. Aucune donné n'est disponible concernant la période de fermeture, faute de captures et donc d'échautillonnage. En mai, très peu de femelles étaient ovées.

Sur la base de recherches entreprises ailleurs, la protection de femelles ovées ne parait pas justifié sur le plan bioloqique. Le recrutement semble, chez les lanqousies, dépendre plus de facteurs lies à l'environnement, dont surtout la disponibilité de substrats adéquals pour la “fixation” des langoustes juvéniles, que du potentiel reproducteur de la population.

La fermeture de la pêcherie peut être conçue sur le court terme comme une mesure indirecte limitant l effort de pêche. A moins que l'effort ne soit contrôle par d autres mesures, un régime d amènaqement basé sur ce mécanisme serait l équivalent d une gestion de la pêcherie par quota. La pêche étant extrêmement motivante pour les pêcheurs comme pour les collecteurs, ce régime conduirait avec une augmentation de l'effort à une saison de pêche trés courte. Cela aurait des retombées néfastes sur l'activite des pêcheurs durant le reste de l année. Eqalement, les collecteurs auraient augmenter la tailie de leurs installations pour pouvoir traiter les captures sur un laps de temps count, d ou augmentation de l'investissement.

Réglementation des tailies minimaies

L'étude des ressources démontre que la PME de P. homarus dans la zone étudiée est assurée par la mise en application (efficare) de ia légisiation actuelle sur les tailles à première capture. Cette taille donne un age à premiére capture de 3.5 ans pour les mâies et a ans pour les femeiles. Une reduction des ages à premiére capture à 2 ans aurait pour effet de réduire les captures de 20% au niveau d effort de 1989, la situation s'empirant avec toute auqmentation supplementaire de l'effort.

Un atout additionnel d'un réqiementation à cette taille serait qu'elle protéqe au moins 50% du potentiel reproducteur de la population actuelle. Four les raisons énoncés ci-dessus. Cet argument n es pas déterminant, mais. Il renforce la notion de l'abandon de la legislation basée sur les femelles ovees.

Les ecnantilionnaqes effectués au cours de l'étude, par contre, ont oemontié qu en 1989, au moins 57% des mâles et 62% des femelles collectées etaient en dessous de la taille regiementaire.

A la demande des participants, une simulation à été effectuée sur les pertes de captures qui resulteralent d'une mise en application de la legislation. Celle ci prévoit une perte de production de 38% dans la premiere annee. Comme les rejets sont composes uniquement des langousles, des plus petites tailles, plus sujettes à une mortalité avant conditionnement et moins valorisées sur le marché extérieur, la perte economique serait mois importante. Sur la deuxième année, la perte de production n'est que de 13%. Au bout de trois ans, les captures sont retournees au niveau 1989, mais avec. Une auqmentation à 410 g de la taille moyenne des langoustes2.

Contrôle de l'effort de pêche

le contrôle de l'effort oe pêche demanderait une limitation (au niveau 1989, du nombre de pêcheurs, du nombre, de la tailie et d'efficacité des casiers3 et du nombre de jours de pêche. Il est admis que ces contrôles ne sont pas possibles pour une pêche traditionnelle sur une côte longue et peu accessible. D'autre part, la perte de rendement économique est marginale, même a des efforts de pêche trois fois plus élevés que celui de 1989, en raison des investissements et des coûts de fonctionnement trés faibles dans cette pêche traditionnelle.

Contrôle par quota

La possibilite de l attribution à chaque société d'une part de quota a eqalement été examine. Cette formule aurait comme avantage de permettre aux sociétés de répartir la collecte sur l'année en fonction des facteurs opérationnels et économiques. Ce régime d'aménagement a l'inconvénient auditionnel de ne donner aucune garantie contre une sur-exploitation éventuelle, à moins de fixer le quota nettement en dessous de la PME: une augmentation de l'effort et la capture de langoustes plus petites peut réduire le potentiel de captures et mener à une sur-pêche.

Il à également été note que ce type d'amenagement pourrait stimuler le marché noir, difficile le contrôle.

Recommandations du Séminaire

le souci promordial des participants au séminaire était de déterminer si l'amenagement au tuel offrait suffisamment de protection à la ressource en ces o augmentation de l'effort de pêche.

Le consensus qui s'est est que la requiementation sur les tailles minimales devait être mise en application effective. Par ailleurs, la regiementation concernant les femelles ovées devrait être enlevé. La mise en de ces recommandation présuppose un renforcement des services de la DPA au niveau matériel et de la delegation des pouvoirs .

Ce consensus a tenu compte de la perte de production que cette mesure entraine sur oeux ans. On doit noter, toutefois, que les pêcheurs n'ont eu aucune opportunité de prendre connaissance de ces questions, ou de faire valoir leur position éventuelle.

2 La resarque a été faite que cette tailles est supérleure à celle préférée par le marchè japonais ce qui pourrait dans une les prix à l'exportation.

3 On appar plus auratie, par exemple, peut augmenter le nombre de jours de pêche effective.

Les représentants des sociétés de collecte ont propose que la fermeture de la pêcherie soit réduite à deux mois, août et septembre, au lieu des quaties mois (janvier à avrii) actuels. La production de langoustes est au plus faible durant ces mois de forts alizées et les accidents en mer sont nombreux. Finalement, la proportion de femelles ovées est élevés sur cette période.

Ici aussi, le séminaire a reconnu qu'en l'absence de consultation des pêcheurs, aucune décision ne devrait être prise concernant la fermentune. Il a été recommandé que l'UFSH entreprenne une étude supplémentaire, dans un délai aussi court que possible, sur les conséquences sorin économiques d'un changement des dates de fermeture. Cette etude devrait tenir compte des emplois alternatifs des pêcheurs en ce qui concerne le calendrier cultural et des opportunités alternatives de pêche (thonidés ou autres).

Les recherches additionnelles retenues comme étant indispensables concernent les autres especes et les autres zones de pêche, puisque la présente étude et les mesures d'aménagement proposées ne concernent que P. homarus sur la zone au Nord de Tolagnaro.

EXPOSE III - 2 D (ii)

RAPPORT DU SEMINAIRE SUR L'AMENAGEMENT DE LA PECHERIE EN CRABE DES MANGROVES (SCYLLA SERRATA) DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR

Le seminaire sur l'aménagement de la pêcherie en crabe des mangroves Scylla serrata, a été organise conjointement par la Direction des Pêches et de l'Aquaculture et le Projet Régional pour le Développement l'Aménagement des Pêches dans l'Océan Indien Sud-Occidental (Programme OISO). Il s'est tenu dans les locaux de la Direction des Pêches et de l'Aquaculture á Antananarivo le 10 octobre 1990.

Programme du Séminaire:

Présentation de la pêcherie

Madagascar, avec 3200 km2 de mangroves, posséde un grand potentiel en crabes des mangroves Scylla serrata. Les mangroves se répartissent essentiellement sur la côte Ouest du pays.

La pêcherie de Scylla serrata s'est surtout développée dans le Nord-Ouest du pays dans les mangroves comprises entre la baie de la Mahajamba et la cap St André.

En 1984, la société REFRIGEPECHE-OUEST s'installe dans la région de Mahajanga et achéte du crabes, des crevettes et du poissons auprés des pêcheurs traditionnels. A cette époque, les pêcheurs particuliers apportaient eux-mêmes leurs produits directement au siege de la societe

En juin 1987, la société démarre sa propre collecte de crabes dans les différentes mangroves. Des collecteurs boutiquiers sont installés au sein des neufs mangroves de la région et achétent á titre privé le crabe aux pêcheurs á 200 FMG le kilo. Ils le revendent á la société avec un bénéfice de 25 FMG/kg. C'est au moyen de vedettes achetées oú louées á des particuliers que la société collecte réguliérement les crabes.

Les coûts de collecte représentent plusieurs fois le coût de la matiére première, notamment en raison des fluctuations des livraisons et du taux de remplissage des vedettes qui ne dépassent parfois pas 30%. Les vedettes assurent des livraisons de produits de premiére nécessité aux collecteurs pour l'approvisionnement aux pêcheurs. Le crabe livré directement á l'usine est payée 600 FMG/kg.

Durant l'année 1987, les produits ont été exportés, essentiellement en morceaux congelés, vers le marché de la Réunion dont le potentiel d'absorption est estimé à 200 tonnes de crabes entiers par an.

En janvier 1988, une usine moderne de traitement du crabe a été construite à Mahajanga, sa capacité annuelle de traitement s'éléve à 1.000 tonnes de crabes entiers lavés. Cette usine permet un conditionnement du crabe en “entier-cuit-congelé”, en “morceaux-crus-congeles”, en “pinces-entiéres-cuites” et en pinces dites “cocktail”1. A partir du mois de mars 1988, une chaine d'extraction de chair de crabe était opérationnelle et de la chair de crabe surgelée constituait un nouveau conditionnement. Le développement de produits cuisinés à forte vaieur ajoutée se pour suit, mais les résultats économiques de cette activité n'est pas encore connue.

Afin d'assurer un approvisionnement régulier en crabes pour l'usine, la société a recrutée en 1988, huit groupes de 10 pêcheurs et les a équipés d'engins de pêche et de piroques. Ces pêcheurs sont des salariés que l'on dénomme “pêcheurs associés”, ils pratiquent la pêche toute l'année et pêchent essentiellement à l'aide de balances. En 1988, six de ces groupes étaient installés dans la baie de la Mahajamba.

En 1989, 717 tonnes, de Scylla serrata ont été collectées. La société REFRIGEPECHE-OUEST collecte 80% du total et les destinent au marché de l'exportation. Les marchés locaux de Mahajanga et d'Antananarivo ont absorbés 6,5% de la quantité collectée. La société MARTIN PECHEUR a collecté 13% de la production à destination du marché local.

Les produits de la société REFRIGEPECHE-OUEST sont commercialisés en France par la société GELPECHE. La société connaît dependant des difficultés financiéres liés à la chute du prix sur le marché français. En effet la concurrence exercée par certains pays comme la Thaïlande qui exporte en France la chair de Scylla serrata à moins de 26 FF/kg et la concurrence exercée par des produits teis que le “Surimi2”, ont entrainé la chute du prix du crabe de Madagascar. Le prix du kilo de chair est passé sur le marché français de 52 FF en septembre 1988 à 32 FF en février 1989.

1 Il s'aqit d'une pince cuite dont une partie de la carapace a été eaievé de naniére à la chair directement accessible à la consommation

2 Produit à base de poisson, aroatisé au crabe et présente sous de du de pinces de crabes.

Par ailieurs, les fluctuations des livraisons dues au cycle des marées et à la baisse de production en septembre-octobre causes des inefficiences au niveau du traitement.

Les résultats de l'étude socio-économique

La pêche au Scylla serrata se pratique à pied ou à partir d'une pirogue à l'aide de différents engins de pêche. La pêche á pieds s'effectue au moment des basses-eaux sur les étendues intertidales découvertes. Elle se pratique éqalement en bordure des chenaux. Les crabes sont souvent trouvés cachés dans des terriers templis d'eau, ils en sont extrait à l'aide d'un crochet.

La pêche en piroque nécessite différents engins teis que la balance, la ligne, la raquette. Le casier est rarement utilisé et parfois des crabes sont capturés dans les “valakira”3 lorsque les crabes se déplacent dans ces eaux peu profondes, en bordure des chenaux et des estuaires, ils sont visibles par transparence de l'eau, ils sont capturés à l'aide d'une raquette.

Les résultats de l'étude socio-économique ont prouvé que les pêcheurs de la région ne pratiquent pas uniquement la pêche au crabe mais éqaiement d'autres types de pêche (crevette, poisson, requin…). Les pêcheurs pratiquent parallélement l'agriculture.

Entre avril 1989 et mars 1990, 685 personnes ont pratiqué la pêche au crabe au moins une fois dans l'année. Cependant, le nombre de pêcheurs actifs durant une quinzaine ne dépasse pas 2804. Le calendrier cultural montre une correspondance entre les activités aqricoles et la période de faible effort de pêche. L' âge moyen des pêcheurs est de 31,6 ans, et 80% d'entre eux sont illettrés. La durée de vie de la pirogue est limité à deux ans et elle coûte 20.000 FMG. Les bovins ne constituent pas un investissement important pour le pêcheur de crabes.

L'enquête n'a touchée que les pêcheurs livrant du crabe à la REFRIGEPECHE. Par manque de donnés comparatives, il n'a pas été possible de déterminer le statut du pêcheur de crabes comparé à celui du reste de la population locale ou même les éléments précis qui motives les pêcheurs à s'adonner à cette activité. Toutefois, le prix offent au pêcheur pour le crabe (200 FMG/kg) n'est pas trés motivant en comparaison des prix offents pour d'autres produits (crevettes. poisson…). L'activité de pêche au crabe se pratique pour financer des besoins ponctueis.

3 Dispositifs traditionneis pour capturer les crevettes. Pour plus de detail sur les engins de pêche voir HOEKSTRA et RAZAFINDRAINIBE, 1989.

4 D'aprés HOEKSTRA et RAZAFINDRAINIBE, 1989 Paranétres socio-économiques de la pêche au crabe liée a REFIGEPECHE-OUEST, Mahajanga.

Les résultats de l'étude sur la ressource

Les quantités totales collectées sont passées de 562,6 tonnes en 1988 à 413,4 tonnes en 1989. Entre avril 1989 et mars 1990, le total était de 387,4 tonnes. Pour ces périodes, la manqrove la plus importante était celle de la Mahajamba qui totalisait plus de 30% des captures annuelles

Les quantités collectées connaissent une fluctuation saisonniére marquée, les maximums de captures s'observent de mars à juin, en fin de saison des pluies. De juillet à août, en début de saison séche, une diminution s'observe, le minimum étant atteint en septembre-octobre. De novembre à février, au début de la saison des pluies, les collectes auqmentent, pour atteindre à nouveau le maximum en mars et juin.

Entre avril 1989 et mars 1990, la majeure part des captures a été réalisée à la balance, constituant 42% du total. Les captures au crochet ont constitués 38% du total. Ces deux engins de pêche totalise 80% des captures. Les captures réalisées a la raquette, représente 16%, celles à la ligne et au “valakira” constituent respectivement 3 et 1%.

Les quantités mensuelles capturées au crochet sont trés variables dans l'année, présentant un maximum en mars, avril et mai en fin de saison des pluies et un minimum en septembre. Les captures réalisées à la balance sont moins variables, elles sont faibles en septembre-octobre et en avril. Ces faibles captures en avril coincident avec la période du maximum de captures observée au crochet.

La capture moyenne par unité d'effort réalisée au crochet varie entre 8,5 kg/pêcheur-jour et 15,4 kg/pêcheur-jour. La moyenne annuelle est de 11.9 kg par pêcheur-jour. Les captures par unité d'effort de cet engin sont élevées en saison des pluies à partir du mois de novembre, pour atteindre le maximum en mars, ce qui indique une plus grahde abondance des crabes dans les zones intertidales en cette période. Ensuite, les taux de capture diminuent durant la saison séche

Les captures par unité d'effort à la balance varient entre 8,1 kg et 14 kg, la capture moyenne étant de 11 kg par pêcheur-jour. Des faibles captures par unité d'effort sont observées en janvier, février et mars. Elles s'élévent en avril et mai pour atteindre le maximum en juin

Les production de crabes des mangroves sont étroitement liées à l'effort de pêche pratiqué, elles sont maximaies lorsque l'effort est maximal et diminuent aver ce dernier. Le maximum de production observé en fin de saison des piuies est la conjonction d'un effort de pêche et d'un taux de capture élevés.

Pour l'ensemble des mangroves, les productions actuelles sont de quatre fois inférieures à la production maximale équilibrée de la ressource. Les simulations de productions montrent que sur l'ensemble des mangroves suivies, en augmentant l'effort de pêche actuel, 38.212 crochets-joun, à 750.000 crochets-jour (19 fois), les productions atteindraient 2.063 tonnes.

La superficie des sept mangroves étudiées en 1989–1990 est de 861 km2, La vaieur de la production maximale équilibrée est de 2.063 tonnes; cela nous donne une production de 2,4 tonnes/km2.

En se basant sur un production maximale équilibrée de 2 tonnes par km2, le potentiel pour chacune des mangroves a été déterminé

MangrovePME (tonnes)Production actuelle
Baly13149
Maramoitsy18729
Namakia-Kompasy31176
Boeny10815
Ampasimariny319
Marosakoa3315
Mahajamoa861212

Il apparait que la ressource en Scylla serrata est loin de la PME; toute augmentation de l'effort de pêche doit s'accompagner d'une augmentation des captures. Cependant, les faibles captures par unite d'effort observees de juiliet à decembre indiquent qu il est preferable d'augmenter l'effort de pêche au crocnet en saison des pluies, moment du le taux de capture est élevé. De plus, la pêche au crochet ne peut se pratiquer que lors des marees basses, lorsque les terriers sont accessibles. Scylla serrata etant essentiellement une espéce subtidale, la fraction importante de la population se trouve en deça des zones intertidales. A Madagascar cette zone est sous-exploitée et depasse rarement 15 métres de profondeur. Il est donc souhaitable d'augmenter l'effort de pêche sur la zone subtidale au moyen d'engins adaptes à cette pêche en eaux plus profondes (casiers, balances, lignes).

Conclusions du séminaire

Malgré une production de devises importante au niveau de l'économie nationale, l'activité de REFRIGEPECHE semble souffrir du fait des prix faibles à l'exportation. Le bilan financier de l'entreprise doit être établi par une étude coûts-bénéfices.

Les prix offerts ne sont pas motivants pour les pêcheurs independants, pour qui les ventes de crabe representent une activité répondant à des besoins ponctuels. Il y a aussi une rotation importante des pêcheurs des groupements.

Les coûts de collecte semblent être l'élément majeur, associés aux prix du crabe traité à l'exportation, qui grévent le bilan financier et limitent les prix aux producteurs.

Afin d'obtenir un approvisionnement suffisant pour l'usine de crabe et compenser les fluctuations saisonnieres observées, une pêche en eau plus profonde au moyen de bateaux et techniques de capture adaptés est souhaitable. Cette pêche serait complémentaire de la collecte auprés des pêcheurs traditionnels. Le maintien de cette activité peut se faire en paralléle avec la collecte d'autres produits comme la crevette, permettant de rentabiliser l'operation. Une aide est à prévoir pour cette activité.

Le développement d'une exportation vers des marchés plus remunérateurs demanderait une étude de marché au niveau international. Cette étude devrait aussi déterminer le type de produit adapté à tout nouveau marché, et aider aux essais de fabrication et de vente des produits adaptes.

En raison de l'effort de pêche minime compare a la ressource, un aménagement de la pêcherie ne semble pas nécessaire; les conditions de marché limiteront les captures aussitôt que les taux de celles-ci flechissent.

Les besoins de recherche additionnelies sur la ressource devraient done se limiter à l'analyse des donnés récoltées sur la deuxieme année, afin de confirmer les résultats obtenus. Un complément de l'etude socio-économique touchant le reste de la population des manqroves permettrait une meilleure interprétation de la présente étude.

EXPOSE III - 2.E(i)

LA PECHE MARITIME TRADITIONNELLE

Par

RAFALIMANANA Th.,
(DASS/DPA/MPAEF)

La pêche maritime traditionnelle malgache présente une grande diversité quant aux produits recherchés. Elle comprend la pêche à partir d'embarcations non motorisées et à pied dans la zone intertidale. Ce secteur se caractérise par leur dispersion, ses caractéristiques socio-économiques confinés à une étroite bande de terre et de mer entourant leur collectivité et rigoureusement tributaire des ressources locales.

La présente intervention reprend les résultats des trois enquêtes successifs au niveau des Faritany intéressant le secteur :

1. CARACTERISTIQUES STRUCTURELLES

1.1 Répartition des villages de pêcheurs

Durant l'exécution de l'enquête cadre, on a recensé 1.250 villages de pêcheurs maritime traditionnelle (Tableau - 1), dont 370 à Antsiranana, 346 à Mahajanga, 263 à Toliara, 200 à Toamasina et 71 à Fianarantsoa. Il faut noter que les villages d'Antsiranana ont de faible taille en nombre de pêcheur, plus de la moitié représente moins de 20 pêcheurs par village. Par contre, on trouve un bon nombre de villages dans le Faritany de Toliara qui ont plus de 100 pêcheurs.

1.2 Répartition des pêcheurs

On a estimé à 42.556 le nombre de pêcheurs traditionnels maritimes sur l'ensemble de la côte malgache. Les Faritany de Toliara et de Mahajanga concentrent l'essentiel de l'effectif humain avec 15.269 pêcheurs et 11.593 pêcheurs respectivement.

1.3 Répartition des embarcations

Globalement, les pirogues sont de type monoxyle simple sur la côte est et de type à balancier ; monoxyle réhaussée de planches, sur la côte ouest. Pourtant, on trouve des pirogues à balancier dans une zone protégée de Toamasina, plus particulièrement dans la région de Fénérive-Est. La présence de vraie pirogue à planches aussi est une des caractéristiques des pêcheurs de la région du sud-est (Manakara et Vangaindrano, dans le Faritany de Fianarantsoa).

On a estimé à 21.493 le nombre total de pirogues de pêche opérant sur la côte dont plus du tiers des effectifs se trouve dans le Faritany de Toliara.

1.4 Répartition des engins de pêche

Les engins de pêche utilisés sont nombreux et variés. Ceux-ci pouvant revêtir un caractère traditionnel, dépendra du produit recherché mais aussi des conditions locales.

Les sennes sont utilisés principalement pour la capture des crevettes à Antsiranana et à Mahajanga et principalement pour la capture de poissons dans les autres Faritany.

Les filets maillants sont utilisés spécifiquement pour la capture des poissons.

Les nasses sont utilisées pour le piégeage des langoustes (casier) á Tolagnaro (Faritany de Toliara) et particulièrement pour la capture de Siganus à Nosy-Be (Faritany d'Antsiranana).

Les barrages servent surtout à la capture de crevettes dans les Faritany d'Antsiranana et de Mahajanga.

Spécifiquement, les masques à plongé sont utilisés pour la capture de langouste à Antalaha (Faritany d'Antsiranana) et à Tolagnaro. Les pêcheurs de Toliara utilisent aussi le masque pour la collecte de coquillages dans les récifs coralliens.

La pêche au crabe est faite à main nue ou avec une “raquette” à Mahajanga et avec une “balance” à Manakara.

La pêche à pied au “moustiquaire” est commune mais spécifique pour certaines régions. Cénéralement utilisé pour la capture de chevaquine mais utilisé à une certaine époque pour la recherche de crevettes Penaeides à Mahajanga et pour le ramassage de bichiques dans les embouchures de la côte de Fianarantsoa.

2. CONSIDERATIONS SOCIO-METRIQUES

Comme le développement de la pêche traditionnelle associent et touchent en premier lieu les pêcheurs, il faut prendre en considération leurs qualités et valeurs ainsi que leurs motivations et attitudes à l'égard de leurs activités. L'enquête socio-économique propose le Tableau - 2 suivant de quelques données socio-métriques par Faritany de la pêche maritime traditionnelle malgache.

2.1 Niveau des activités de pêche

A part le Faritany de Toamasina, la pêche avait un caractère d'activité à plein temps. Mais en fonction des bénéfices tirés de cette activité, il est paradoxal de constater que le Faritany de Toliara en représente le moins de pourcentage.

2.2 Expérience dans la pêche

C'est dans les Faritany de Mahajanga et de Toliara que les pêcheurs débutent tôt dans le métier. Les Faritany de Toliara, Antsiranana et Fianarantsoa ont en moyenne des pêcheurs plus âgés, les Faritany de Mahajanga et de Toamasina les plus jeunes. Le taux d'activité des femmes dans la pêche représente le niveau le plus élevé dans les Faritany de Fianarantsoa et de Toamasina. Ce qui correspond à la spécialisation à la pêche aux bichiques et des petits poissons à l'aide des “moustiquaires”.

2.3 Tradition dans la pêche

Les pêcheurs des Faritany de Fianarantsoa et de Toamasina se caractérisent par un niveau d'éducation scolaire trés bas. Ils ont vécu dans le village et font la relève du métier de leurs ascendants. Les pêcheurs des autres Faritany ont eu une éducation scolaire assez importante mais retournés volontairement ou non dans la pêche.

2.4 Possession de moyen navigant

Le fort pourcentage de pêcheurs propriétaire d'aucune embarcation observé dans les Faritany de Toliara correspond probablement à la pratique de pêche à pied aux langoustes, aux chevaquines, aux trépangs et aux poulpes. Par contre, celui d'Antsiranana reflète relativement le mode d'exploitation existant. En effet, c'est dans ce Faritany que présente le système de part entre assistant et patron de pêche.

2.5 Difficultés d'écoulement des produits

Ce sont les Faritany de Toamasina et de Toliara que l'on rencontre les taux les plus élevés de difficultés d'écoulement des produits. Ceux-ci ne sont pas nécessairement liés à l'absence de circuit de commercialisation mais peut avoir pour origine la chute des valeurs des produits en période de grande production.

2.6 Attitude envers la pêche

Le Faritany de Fianarantsoa se caractérise par le faible taux de pêcheurs qui voudraient que leurs fils deviennent pêcheurs mais à un taux le plus élevé de vouloir rester toujours dans la pêche. Ceux-ci du fait de l'absence d'autre possibilité malgré les nombreux risques du métier. Les pêcheurs de Toliara considère que la pêche est fatigante mais très intéressante. C'est un bon métier pour les jeunes.

3. ESTIMATION DES PRISES ET RENDEMENT

3.1 Estimation globale

Les résultats de l'estimation présentés dans le Tableau - 3 ci-après ont été les fruits de quelques mois de fonctionnement du système d'enquête mise en place pour le secteur des pêcheries maritimes traditionnelles de Madagascar.

3.1.1 Estimation annuelle des prises

La production nationale tourne autour de 45.000 tonnes. Il ressort de ce tableau que le Faritany de Mahajanga débarque le plus fort tonnage (40,96%) alors qu'il ne représente que 27,24% de l'effectif des pêcheurs. Les Faritany de Toamasina et de Fianarantsoa ne représentent que 9,95% et 8,71% des captures estimatives.

3.1.2 Rendement moyen

Les prises par unité d'effort exprimées en nombre de sortie, tout engin confondu, pour chaque Faritany sont données au Tableau - 3. Le Faritany de Mahajanga figure le rendement le plus élevé avec ses sennes de plage à crevettes dans la zone d'Analalava, ses filets maillants et ses collectes de crabes et de trépangs dans la zone de Soalala.

Le Faritany d'Antsiranana ne manque pas aussi son importance dans les fonds de baies riches en produits halieutiques.

3.2 Estimation pour la pêche traditionnelle crevettière sur la côte nord-ouest

Cette partie de la communication présente les résultats de l'étude sur la pêche traditionnelle crevettière sur la côte nord-ouest de Madagascar. Les données recueillies de juin 1989 à mai 1990, dans les trois centres d'enquêtes de la baie d'Ambaro (Antsiranana) et dans les deux centres d'enquêtes de la baie de Narindra (Mahajanga) ont été employés pour faire des estimations des captures et des rendements moyens mensuels. Les résultats de l'enquête cadre de 1988 ont été repris pour faire l'extrapolation régionale.

3.2.1 Estimation annuelle des prises de crevettes

La pêche traditionnelle crevettière du nord-ouest de Madagascar utilise principalement comme engin des “valakira” et des sennes et accessoirement des “poteaux” et des “kopiko”. Cette activité emploie directement environ 2.760 pêcheurs. Son apport annuel en produits halieutiques peut atteindre 3.215t dont 53% constitués de crevettes et de camarons. Les 1.660t de crevettes et 38t de camarons estimées en 1989/90 ont été répartis en :

La pêche traditionnelle crevettière est très rentable économiquement, mais il semble que les habitudes de dépenses de beaucoup de pêcheurs soient des facteurs de paupérisation. Les pêcheurs gaspillent de l'argent pour l'alcool, les femmes et les cérémonies, et les fonds acquis ne sont pas réinvestis dans la pêche.

3.2.2 Rendements moyens

La production crevettière connaît une meilleure époque de pêche de mars à juin et une période de faible production d'une durée double s'étalant de juillet à février.

Pour le “valakira”, le rendement en crevettes est très élevé pendant les périodes de bonne saison. Par contre, on a enregistré un meilleur rendement de la senne en pleine période creuse, notamment aux mois de novembre et décembre.

Le “valakira” apporte 73,8% des mises à terre de crevettes et ses meilleurs rendements ont été obtenus, en premier lieu, pendant les périodes de nouvelle lune et, en second lieu, pendant les périodes de pleine lune. Les plus mauvais rendements ont été constatés d'abord en dernier quartier et ensuite en premier quartier.

Malgré le fort apport en crevettes de pêche de jour, il faut noter que les meilleurs rendements sont toujours obtenus de nuit, mais c'est la sortie de pêche qui en limite la production.

La senne a son importance avec les 25,5% de la production globale estimée de crevettes. Le rendement des sennes est toujours plus élevé par rapport à celui des “valakira”, en moyenne de 7 à 27kg par sortie et de 5 à 15kg par sortie respectivement. La pratique de pêche nocturne est très rare et les cycles lunaires et donc l'amplitude de la marée n'influent pas directement sur la pêche à la senne.

En outre, cette activité capture une proportion appréciable de petites crevettes de faible valeur commerciale (40% de la capture). On doit noter, toutefois, que compte tenu de la mortalité naturelle croissante avec l'âge, la totalité de ces jeunes crevettes n'arriverait pas à terme dans les zones chalutables.

3.2.3 Suggestions

Comme le “valakira” est classé dans les établissements fixes prévus par le code maritime, il faudrait avoir une autorisation de la marine marchande pour son implantation. Un dispositif de balisage devrait être étudié pour délimiter l'emplacement de cet engin. L'effectif de “valakira” ne peut pas augmenter sensiblement en raison du manque d'espace disponible. Il serait souhaitable d'envisager leur remplacement petit à petit par des sennes de plage; beaucoup plus sélectifs.

4. SYNTHESE

Le développement économique doit tenir compte de la nature humaine des habitants des lieux de pêche. Le sort d'un programme peut dépendre des structures socio-culturelles qui établissent les normes et les attentes des communautés des pêcheurs. Par conséquent, nous voulions comprendre à partir des données restreintes des résultats des enquêtes successifs comment pourraient révéler les importantes différences de rendement des Faritany. A cette fin, nous désirons:

4.1 Interrélation entre les variables socio-économiques

Les corrélations que nous avons pu quantifier sur les caractéristiques socioéconomiques des pêches maritimes traditionnelles sont présentées au Tableau - 4. C'est à partir de ce tableau que nous avons pu noter les tendances les plus importantes en relation directe avec le rendement:

4.2 Schéma de partition de Faritany

D'après la constatation ci-dessus, nous avons pu établir un schéma récapitulatif de partition de Faritany en fonction des principaux facteurs de descrimination.

P.U.E.
ANTSIRANANA
FIANARANTSOA
MAHAJANCA
TOAMASINA
TOLIARA

Niveau d'éducation des pêcheurs

élevé  faible
 ANTSIRANANAFIANARANTSOA 
 MAHAJANGATOAMASINA 
 TOLIARA  

Taux de traditionalisme à la pêche

élevéfaibleélevéfaible
ANTSIRANANA MAHAJANGATOLIARAFIANARANTSOATOAMASINA
très fortefortemodéréefaible

Ces informations et constations qui pourraient être nécessaires pour développer la pêche traditionnelle maritime malgache sont plus indicatives qu'exhaustives. Les renseignements recueillis devraient permettre de définir les base socio-économiques générales des petits pêcheurs. Pour être plus complet, il faudrait incorporer dans le cadre d'analyse les conditions du milieu dans lesquelles ils opérent et intégrer les paramètres biologiques de la pêche.

CODE DES CARACTERISTIQUES

CODES CARACTERISTIQUES
PPT:Pourcentage de pêcheurs à plein temps
PBE:Pourcentage de pêcheurs se considérant comme “Pêcheur” en fonction des bénéfices
DEB:Age moyen de commencement à la pêche
AGE:Age moyen des pêcheurs
FEM:Pourcentage des femmes pratiquant la pêche
JEN:Pourcentage de jeunes pratiquant la pêche
CHA:Nombre moyen de personne à charge du pêcheur
EDU:Pourcentage de pêcheurs ayant terminé l'éducation de base
TRA:Pourcentage de pêcheurs ayant comme parent ou tuteur pêcheur
RES:Pourcentage de pêcheurs résident dans le village à moins de 5 ans
VPE:Nombre moyen de pêcheurs par village
VPI:Nombre moyen de pirogue par village
PPP:Pourcentage de pêcheurs pratiquant la pêche à pied
PPI:Pourcentage de pêcheurs ne possédant pas d'embarcation
PUE:Prise par unité d'effort
APE:Pourcentage de pêcheurs désirant de rester dans la pêche
AFI:Pourcentage de pêcheurs souhaitant leurs fils de pratiquer la pêche
VEN:Fréquence mensuelle de difficultés d'écoulement des produits.

EXPOSE III - 2.E(ii)

LA PECHE MARITIME ARTISANALE MALGACHE

Par

RAHARIMANANA F.,
Chef de la Division Pêche Maritime

1. DEFINITION

la pêche artisanale est celle pratiquée à bord d'embarcation motorisée, dont la puissance motrice n'excède pas les 25 CV, pratiquant toutes les méthodes de pêche. Cette puissance est illimitée pour le moteur hors-bord pratiquant la méthode de pêche autre que le chalutage. Font partie également du secteur pêche artisanale les activités des mareyeurs, collecteurs de produits frais ou vivants.

Cette pêche artisanale comprend trois activités :

Le chalutage et la pêche à la ligne sont les méthodes les plus couramment utilisées.

2. HISTORIQUE

Dans les années 70, le service de la pêche maritime estimait indispensable la création d'une petite pêche motoriséc. Il entreprenait alors des études et des essais techniques pour identifier le type d'embarcation qu'on pouvait vulgariser. Il s'agit du “catcher” : long de 7,50m, en contre plaqué marine, doté d'un moteur Yanmar de 14–18 CV, remplacé plus tard par un moteur plus puissant (25 CV).

Quelques années après, cette action gouvernementale fut créée à Mahajanga une association philantropique, le Comité d'Aide au Développement de la Pêche Artisanale (CADEPA) qui mettait á la disposition des pêcheurs un autre type d'embarcation, le “doris” long de 8m, doté d'un moteur diésel de 18 CV.

Des petites embarcations propulsées par des hors-bord de 9 à 25 CV continuent à être exploitées par les pêcheurs d'Antsiranana.

Enfin, ces dernières année, Madagascar a reçu du gouvernement japonais de petites embarcations de 7,5 à 9m dotées de moteur hors bord ou inbord de 10 à 25 CV. D'autres équipements sont également offerts, notamment des matériels de pêche (filet, ligne, hameçon, …), des chambres froides, des machines à glace, des véhicules de transport, etc…

Sur les 100 embarcations environ qui constituent la flotille de la pêche martime artisanale, celles qui sont en activité sont estimées à 70 dont 45 issues du don japonais. Les embarcations immobilisées sont pour la plupart récuparables. La remise en état n'a pu être effectuée en raison, soit de la disponiblité financière des propriétaires, soit de la défaillance des concessionnaires des marchés qui ne prévoyaient pas de stock de pièces de rechange suffisant, soit enfin de l'irresponsabilité des villages de pêcheurs.

3. LES ACTIVITES DE LA PECHE MARITIME ARTISANALE

3.1 Pêche crevettière

Elle est concentrée sur la côte nord-ouest, principalement à Mahajanga et à Nosy-Be.

Une embarcation fait en moyenne une marée de 4 à 6 jours environ. Celle qui travaille avec la flotte de la pêche industrielle peut rester quelques semaines en mer (facilités de transbordement et de ravitaillement).

Les minichalutiers ont débarqué en 1989, 180t de crevettes.

3.2 Pêche du poisson

La pêche du poisson est plus active à Antsiranana, à Toamasina, à Antalaha et à Mahajanga. La durée d'une marée varie d'un jour à une semaine. La pêche à la ligne (de fond et de traine) est la technique la plus utilisée.

3.3 Les mareyeurs-collecteurs

Les mareyeurs-collecteurs de produits frais ou vivants constituent une profession bien organisée. Ils sont pour la plupart bien équipés et ne s'intéressent en général qu'aux produits recherchés sur le marché extérieur (langouste, crevette et crabe). Ils disposent de chambre froide, de machine à glace, de bassin-vivier de véhicule et de vedette de transport.

Les quantités collectées en 1989 (données partielles contrôlées par la DPA) sont:

- langoustes:   320 tonnes
- crevettes:   810 tonnes
- poissons:   500 tonnes
- crabes:   180 tonnes

4. POURQUOI DEVELOPPER LA PECHE ARTISANALE

Le développment d'une pêche maritime artisanale revêt un caractère prioritaire car :

5. PROBLEMES

Nous ne citons que quelques-uns :

6. SOLUTIONS PROPOSEES

A notre avis, il ne s'agit pas d'oeuvrer pour la mutation de la pêche traditionnelle en pêche artisanale, mais de mettre en place et d'encourager le développement d'une petite pêche motorisée, bien organisée. Toutefois, les deux secteurs, traditionnel et artisanal, resteront encore complémentaires. Il ne s'agit pas non plus de faire des études qui s'éternisent sur des questions qui ne l'exigent pas du tout. Par contre, il faut créer un environnement, un cadre qui encourage les bonnes initiatives. La liste ci-dessous n'est pas exhaustive:


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