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ANNEXE VII (Suite.)

S E S S I O N   I V

VALORISATION ET COMMERCIALISATION
DES PRODUITS HALIEUTIQUES

EXPOSE IV - 1

LES EXPORTATIONS DES PRODUITS HALIEUTIQUES

Par la

DIRECTION DE LA PROMOTION DES EXPORTATIONS
(Ministère du Commerce)

1. SITUATION DES EXPORTATIONS DE PRODUITS HALIEUTIQUES

Point n'est besoin de souligner que la relance de l'économie malgache repose en grande partie et pour encore longtemps sur le secteur des exportations qui offre des possibilités de développement nettement plus importantes que ne permet de l'envisager le marché intérieur. Les objectifs fondamentaux se trouvent donc de relancer les exportations par la diversification des produits d'exportation y compris les produits halieutiques, avec la mise en place d'un environnement incitateur et d'encadrement permettant de renforcer les activités exportatrices.

D'après des études perspectives de la Banque mondiale, le volume global des exportations pourrait passer, en monnaie courante, de 300 à plus de 800 millions de dollars en une dizaine d'années. Le développement considérable des exportations serait dû en particulier à l'essor des produits miniers, des textiles, des produits manufacturés, des cultures d'exportations ainsi qu'aux produits halieutiques dont les crustacés.

D'aucuns n'ignorent, certes, que tout développement de commerce extérieur s'avère toujours dépendant de la structure du marché international, sans pour autant feindre de méconnaître les facteurs endogènes liés aux caractéristiques des composantes intérieures, d'amont en aval, dudit commerce extérieur. Aussi, ce paragraphe sera-t-il développé selon deux rubriques essentielles pour mieux épouser l'ordre d'idées exposées ci-dessus.

1.1 Le marché international des produits halieutiques

L'analyse du marché international a pour objectif de déterminer les possibilités d'extension des exportations actuelles de produits halieutiques et de diversification vers de nouvelles spéculations.

1.1.1 Situations et perspectives globales

La prise mondiale en produits halieutiques a plus que doublé de 1960 (40 millions de tonnes) à 1985 (84 millions de tonnes). Le tiers environ du total des captures mondiales entre dans le commerce international. Ce qui se montre intéressant et encourageant est que les exportations des pays en développement ont augmenté relativement vite, atteignant actuellement presque le niveau des pays développés. Ainsi sont-ils devenus des exportateurs nets de produits de la pêche.

Parmi les types commercialisés, la crevette se taille la part la plus importante du marché par un chiffre de 20% environ du total, avec une tendance favorable vers la hausse ; tandis que les petits pélagiques sont tombés au bas de l'échelle par leur situation sur le marché des halieutiques et constituent ainsi les seuls produits de la pêche qui ont connu une chute des recettes d'exportation.

Du côté des importations, presque 90% (en valeur) sont concentrées sur les pays développés dont les principaux sont : les pays de la CEE, le Japon et l'U.S.A. Le plus frappant est la montée rapide du Japon au rang des plus grands marchés de poissons et de produits de la pêche, alors qu'en 1960, il ne revêtait pas encore la qualité d'exportateur net en ces produits.

Parler de la consommation en produits halieutiques, si les pays en développement n'en prennent en 1982/84 que 8kg/an/habitant, les pays développés pour la même période consomment 25kg/an/habitant, consommation qui ne cesse d'augmenter durant les 25 dernières années.

Perspectives de l'offre :

Considérant la tendance passée de la production, il est probable qu'en l'an 200, l'augmentation des captures proviendrait surtout des espèces pélagiques. La production de crevettes atteindrait probablement les quelques 2,5 millions de tonnes dont 20% proviendraient de l'aquaculture. On attend une augmentation de la capture de thon, grâce à l'expansion des captures de SKIPJACK.

Le total des captures est prévu à 90 millions de tonnes. Dépendant beaucoup de l'évolution de prix, on peut avancer que le développement des produits halieutiques pourrait être et serait obtenu à partir de :

Espèces les plus appréciées : les espèces halieutiques d'eaux chaudes (mer) se taillent la part du lion dans le commerce international et sont plus demandées au détriment des espèces d'eaux douces, sauf en Belgique où les espèces provenant de la mer du nord ont encore et toujours la préférence.

1.1.2 Situation et perpectives de l'offre de quelques produits halieutiques

1.1.2.1 Crevettes

- Place dans le commerce international : 20% de la valeur totale du commerce international des produits de la pêche sont contitués de crevettes. Le tiers environ de la production totale de crevettes entre dans le commerce international.

- Principaux pays producteurs : Chine, Inde, Thaïlande, Indochine, Malaisie, Mexique et U.S.A.. A noter que 70% de la production mondiale de crevettes proviennent des pays en développement. La plupart des stocks de crevettes sont fortement exploités. Certaines régions dont le Golfe du Mexique, Atlantique du Nord, Mozambique, Madagascar, etc…, sont même sur exploitées.

La production de l'aquaculture contribue à l'augmentation de la production et de l'offre de crevettes. Les principaux pays pratiquant l'aquaculture sont les pays asiatiques (Indonésie, Chine, Thaïlande).

- Importations de crevettes

Les principaux pays consommateurs sont : Japon, U.S.A., CEE, tous les pays développés.

- Enfin, la prévision de production de crevettes provenant de l'aquaculture est estimée à 0,5 million de tonnes/an d'ici l'an 2000.

1.1.2.2 Thon

75% environ des captures de thon proviennent de l'Océan Pacifique. Les principaux pays consommateurs de thons sont encore : Japon, U.S.U., et Europe. Les principales espèces commercialisées dans le monde sont : Skipjack, Yellowskin, Bluefin, Albacore. Les principaux producteurs de thons sont : le Japon produisant presque 40% des captures mondiales, viennent ensuite les U.S.A., l'Espagne, l'Indonésie, les Philippines, la France et le Taïwan produisant plus de 100.000 tonnes chacun.

Alors que dans le marché des U.S.A de d'Europe, les thons sont surtout consommés sous forme de conserves, le Sashimi avec le Kassuobushi (thons salés fumés utilisés pour l'assainissement) accaparant la part du lion sur le marché japonais. La conserve de thon n'est seulement apparue que depuis peu de temps sur le marché japonais - Japon a donc importé environ 105.000 tonnes de thons frais et congelés en 1988 et aussi en 1989 ; les U.S.A importaient pour 98.000 tonnes de conserves de thons en 1989, la France pour 54.800 tonnes et 1988 (conserves) et les Royaume-Unis pour 50.000 tonnes en 1988 (conserves).

La Tahïlande est le principal fournisseur du marché de thon en conserve aux Royaume-Unis, R.F.A., et elle essaie de pénétrer le marché japonais toujours en conserves de thon.

1.1.2.3. Poissons de fond

Les poissons de fond constituent le principal produit alimentaire à base de poisson des américains du nord et de l'Europe. A cause de la forte demande, les stocks de poissons de fond dans l'Atlantique du nord, Méditéranée et du nord–ouest du Pacifique ont été sujets à des sur-exploitations. Pratiquement tous les stocks de poissons de fond sont pleinement exploités, à part les potentiels existant dans le sud-ouest de l'Océan Indien et certainement dans le Pacifique central occidental. Le seul poisson de fond qui apparaît être sous-exploité est la merlue de l'Argentine. Les principaux pays qui capturent ces types de poissons de fond sont : les deux côtés de l'Atlantique du nord, l'URSS, le Japon et l'Espagne. Parmi les pays en développement, seule la Corée du sud arrive à capturer une quantité substantielle de poissons de fond (surtout des espèces Alaska Pollack). Les principaux pays consommateurs sont les U.S.A et l'Europe.

Les flux du commerce international sont soit intra–européens, soit intra–nord américain avec un flux relativement faible à travers l'Atlantique. La direction des flux dépend fortement de la valeur du dollar. Durant la période où le dollar est fort, plusieurs pays européens essaient de pénétrer plus le marché américain ; le reste du monde est pratiquement exclu de cet échange sauf pour les tranches de merlue d'Argentine et d'Uruguay. En Italie, la préférence va aux variétés telles que : bar, dorade, dentex.

1.1.2.4 Cephalopode

On a assisté à une augmentation remarquable des échanges mondiaux de cephalopodes (calmars, seiches et poulpes) au cours des 10 dernières années. Les importations mondiales ont atteint 507.000 tonnes en 1987 d'une valeur de 1,238 milliards de dollars. Les principaux pays exportateurs sont les pays et régions en développement (60% en quantité en 1987) qui pourraient donc ainsi profiter davantage de ce marché important et en expansion s'ils acceptent d'affronter une intense concurrence. Les principaux marchés sont : Japon (+ 50% des quantités offertes mais importations plafonnées), Espagne, Italie, France Hong–Kong, USA, Grèce, Singapour, Portugal et RFA. L'Espagne, l'Italie, la France et la Grèce ont manifesté une expansion spectaculaire car elles ont doublé en valeur leurs achats entre 1983 à 1987. L'accession des USA au rang des gros importateurs a constitué également l'un des faits marquants en 1987.

Situation de l'offre : les exportations mondiales de cepholopodes frais réfrigérés et surtout surgelés sont passées de 414.000 tonnes en 1983 à 482.000 tonnes en 1987, soit une augmentation de 16% en quantité et plus de 80% en valeur. Les trois premiers fournisseurs étaient des pays en développement : Thaïlande, Maroc et Mauritanie. Les principales espèces commercialisées sont : à 80% de calmar, 12% de poulpe et 8% de seiche. Elles sont le plus souvent importées surgelées ou sous forme de bloc car la congélation s'effectue généralement à bord du bateau (meilleure qualité). Le marché de conserve est très réduit et surtout centré sur la Grèce et la RFA. En outre, certains débouchés s'offent aux articles séchés, notamment en Asie où les ventes de calamars sous cette forme sont considérables.

Prix : du fait de la compétition internationale, les prix des différents marchés ont tendance, à moyen et long termes, à suivre des mouvements parallèles, la demande japonaise en impose la tendance. Mais en général, les importateurs japonais paient des prix plus élevés que ceux d'Europe ou ailleurs.

1.1.2.5 Concombre de mer

Il est largement consommé dans les restaurants et pendant les jours de fêtes chinoises de l'Asie du sud–est. Ce produit est surtout importé sous forme séchée. Les principaux marchés sont : Hong–Kong (5.896 tonnes en 1987), Singapour et Malaisie. Une part importante de ses importations est réexportée. Les principaux fournisseurs sont : l'Indonésie, les Philippines, le Singapour, l'Océanic, la Nouvelle Calédonie, le Fidji, la République Populaire de Chine, le Vietnam, pour être réexportés par la suite sur : la Malaisie, le Taïwan, la Chine, les USA et la Corée.

Période de commercialisation : comme la plupart des fournisseurs aux mois de février à septembre, les prix sont d'habitude bas durant cette période, mais aux mois de janvier, juillet et août, les prix sont très …??

1.2 Les exportations des produits halieutiques malgaches

En raison de son caractère insulaire, Madagascar offre une grande diversité de conditions favorables qui autorisent une large gamme de production halicutique susceptible d'exportation. Les variétés dominant la structure des exportations sont:

Mais soulignons que parmi ces ressources halieutiques, seules les crevettes, suivies de loin par la langouste, le poisson, les autres crustacés et mollusques, tiennent une place prépondérante en valeur aux exportations des produits de pêche. Les recettes d'exportation des produits de la pêche tiennent annuellement la seconde place après celle des produits agricoles depuis 1983 jusqu'en 1988, avec un léger recul de rang en 1989 où elle occupait la 4ème position après les produits manufacturés (dûs à la surproduction du sucre à cause du report de stock 1988) et les produits miniers (dûs à l'augmentation aussi bien en quantité qu'en valeur du chrome). Mais cette situation de la structure de nos exportations de 1989 n'était qu'exceptionnelle en raison des motifs visés ci-dessus, sinon les produits halieutiques sur un trand de terme long soigneraient toujours le second rang.

Si les produits agricoles accusent annuellement une persistance à la baisse sur la valeur totale des exportations, malgré une hausse constante des quantités embarquées, cas s'expliquant par la baisse tendantielle des cours des produits agricoles sur le marché international et aggravé en particulier par la chute libre des prix du café, les produits de la pêche se démarquent de leur côté par une augmentation annuelle de ses cours moyens de 16,5% environ si l'on ne se réfère qu'à l'intervalle des années 1985 à 1989 uniquement.

En retenant toujours ces mêmes coordonnées de temps ci-dessus (1985–1989), les quantités exportées en produits halieutiques connaissent un accroissement de 40% en passant respectivement de 4.560 tonnes à 6.351 tonnes, soit une croissance équivalente en valeur de 270% en partant d'une recette d'exportation de FMC 15,235 milliards en 1985 pour atteindre FMG 56,190 milliards en 1989.

Dans cette structure d'ascension des exportations de produits de la pêche, le cas des crevettes se distinguent nettement aussi bien en quantité qu'en valeur, occupant ainsi l'ordre de 95% de la quantité totale exportée en halieutique et représentant la concurrence de 85% de la valeur totale exportée. Il se trouvait même qu'en 1987–1988, les exportations des crevettes se classaient au 3ème rang sur le tableau des pourcentages des recettes globales d'exportation après le café et la vanille (en 1987–1988, respectivement le café a hauteur de 28,23% et 27,03%, la vanille de 25,64% et 15,07%, les crevettes de 9,85% et 11,06%).

Après la première position écrasante des crevettes dans la structure interne des exportations halieutiques, viennent de très loin les langoustes en passant en valeur de 2,33% en 1985 à 6,80% en 1989, soit les équivalents réels respectifs de 130 millions de FMG à 3.825 millions de FMG, face aux recettes d'exportations provenant des crevettes de 14,694 millards en 1985 et de 48,889 milliards en 1989.

Si l'on ne se réfère qu'aux recettes de 1989, parmi les 15 variétés récapitulées et exportées ci-dessus, seules les suivantes occupent des places relativement significatives dans la structure des produits halieutiques exportés: crevettes (87%), langoustes (6,80%), poissons (0,58%), autres crustacés (2,63%), mollusques/coquillages (1,16%), aileron de requin (0,34%) et trépang (1,45%).

Par rapport au marché international, et si l'on ne se réfère qu'à l'année 1985 où l'on dispose de données disponibles en captures mondiales en quantité de l'ordre de 84 millions de tonnes dont le tiers (28 millions de tonnes) écoulé sur le commerce mondial, nos prises de produits halieutiques exportés ne représentent que le 0,1 pour mille du marché.

2. CONTRAINTES ET PROBLEMES DANS LE SECTEUR “EXPORTATIONS DE PRODUITS HALIEUTIQUES MALGACHES”

Se gardant de prétendre tout récapituler pour s'en tenir à la dimension d'un exposé et pour avoir l'ambition de pouvoir établir une liste exhaustive des contraintes liées aux exportations halieutiques, les problèmes relevés dessous ne sont que l'issue et les résultats d'enquêtes menées près des opérateurs exportateurs jugés représentatifs de certaines filières importantes du secteur halieutique.

L'analyse de l'état actuel des captures halieutiques montre qu'une partie non négligeable des prises provient des artisans pêcheurs qui ne disposent pas d'outils et d'équipements de collecte et de transports adéquats, les exposant toujours à des opérations de faible productivité et de rendements médiocres. Par ailleurs, se posent les problèmes de défaut des moyens de transport quant à la collecte des produits issus de ces captures artisanales très éparses et diffuses, sans omettre de relever le rôle capital à cet effet joué par les voies de collecte qui sont pour une large part défectueuses sinon dans un état d'abandon, détérioration entraînant dans son sillage les problèmes d'évacuation des prises effectuées.

L'acuité des diverses contraintes dans les opérations de préacheminement s'impose également fort pertinente ; en effet, si l'exportation de certains produits (exemple : les langoustes ou crabes vivants) demeure tributaire d'une liaison aérienne directe entre le point de collecte et l'aéroport du client via Antananarivo, encore l'aéroport d'Ivato ne dispose-t-il pas de salle de stockage réfrigérée en attendant le transfert sur le “long-courrier”. De surcroît, l'utilisation de la voie aérienne pour certains produits s'avère inadéquate, du fait de l'absence à bord d'un équipement et de matériels de froid ou d'isothermie requis pour leur transport jusqu'à destination.

Les mouvements des navires et des nefs de cabotage ne sont pas non plus sans poser de graves problémes affectant l'efficacité des opérations d'exportation. Certains exportateurs relèvent l'insuffisance des navires opérant à l'export de leurs captures tout en déplorant leur fréquence irrégulière au port. La suppression de certaines lignes “long-courrier” oblige l'utilisation des bâteaux “hors conférences” pour assurer l'affrêtement des produits jusqu'à destination, contraignant ainsi les exportateurs à user des prestations de transport maritime du type triangulaire. Le cas des langoustes du sud en constitue de puissants témoins : les langoustes congelées sont chargées sur bâteaux “hors conférences” qui assurent le pré-transport sur les Iles Réunion ou Comores pour un transbordement sur l'Europe. L'on déplore également le coût élevé de la mise FOB des produits, particuliérement le coût des containeurs et des opérations d'embarquement.

Certaines contraintes sont liées à la structure et au comportement du marché international. Nos exportations halieutiques comportent une grande variété de produits, comme il a été dit plus haut, mais beaucoup d'entre eux sont de plus en plus concurrencés et leur marché est limité ou en déclin. Les concurrences sont exercées par l'existence de certains produits de substitution et de succédanés se vendant à trés bas prix sur le commerce international; à titre d'exemple, le SURIMI qui est une chair de poisson aromatisée au crabe est vendu à vil prix, rébutant indubitablement nos exportations de crade au déclin. Certaines contraintes limitant la fidélité de la part de notre marché résident en la confusion ou au classement de nos produits avec ces produits du sud-est Asiatique qui ont une trés mauvaise réputation sur le commerce international (cas du crabe).

Devant le développement actuel des produits par l'aquaculture qui crient moins disant en prix sur le marché (cas des crevettes), la concurrence oscille à notre défaveur, cas d'espéce aggravé par une structure trés chargée de notre coût de revient. La perte partielle de notre part de marché mauricien et réunionnais l'illustrera : l'Inde vend à ces clients les crevettes à 4 $US/kg (soit 6.150 FMG) alors que le coût à Madagascar accuse un prix de revient égal à 6.500 FMG.

L'image de marque de certains cas de nos crevettes a été ternie par la baisse générale du niveau de qualité, due à la déresponsabilisation de certains opérateurs inexpérimentés intervenant en ordre dispersé dans la collecte des produits, méconnaissant les techniques de traitement et de conditionnement à utiliser.

Comme il a été stipulé ei-haut, la liste des problémes contraignant l'exportation ici établie ne revét aucunement un caractére exhaustif, aussi le dernier point limitant les actions de développement des exportations halieutiques reste-t-il au niveau de la formation des personnels et de la structure d'informations. L'insuffisance de connaissances scientifiques sur les stocks et ressources halieutiques malgaches décourage tout investissement pour une péche industrielle ou pour l'achat de matériels et équipements (bâteau, etc…) ou pour la mise en valeur d'une ressource démontrée inconnue, sinon l'investissement se revéle hasardeux en prenant d'énormes risques souvent onéreux. Par ailleurs, eu égard à l'éparpillement des opérateurs et à l'absence d'une structure d'informations fluides, les exportateurs ne se trouvent que mal informés sur les cours des produits ou sur le comportement général du marché international. Il n'existe pas d'organisations professionnelles structurées, frisant l'absence d'interlocuteur pouvant entreprendre des dialogues ou des doléances entre la profession et les pouvoirs publics. Il en résulte une impossibilité pour la profession de mener des actions concertées pour la promotion des produits ou la garantie de la qualité, ou des négociations avec les partenaires économiques.

A l'inexistence d'une structure d'informations fiables s'ajoutent l'insuffisance de personnels qualifiés et spécialisés, l'absence d'un support de formation traduisant l'afflux d'opérateurs occasionnels plus intéressés par une opération lucrative à court terme que par le maintien d'une réputation commerciale.

3. PERSPECTIVES ET RECOMMANDATIONS

L'environnement libéral qui prévaut actuellement, constitue un facteur dynamisant qui devrait permettre de renverser la tendance passée au désintérêt vis-à-vis des activités d'exportation. En particulier, le libre accés des opérateurs à ses activités ainsi que la simplification des procédures administratives diverses constituent un facteur hautement favorable. Les dévaluations successives et la suppression de nombreux droits et prélévements divers à la sortie des produits ont rétabli la postion compétitive de Madagascar face à ses concurrents potentiels et permettent, de ce fait, sur la plupart des produits, des exportations aux prix du marché avec des marges confortables.

les perspectives les plus prometteuses devraient provenir surtout des produits halieutiques, la croissance récente des crustacés et autres en est l'amorce. La valorisation optimale de ces produits doit être recherchée par la qualité et le conditionnement. Des liens priviligiés avec les importateurs peuvent permettre de fidéliser les parts de marché, par des accords commerciaux ou par des associations (joint-venture, co-entreprise, etc…).

Il convient d'installer une stratégie de défense de ces marchés à terme en sécurisant les importateurs par un approvisionnement régulier en qualité quantité et prix. Le suivi attentif des pays ou des produits concurrents s'impose pour permettre de réagir par une action concertée des prix ou par l'amélioration de la qualité.

En matiére d'information, il est capital, dans un environnement libéral où les prix ni les débouchés ne sont garantis, que les opérateurs soient informés sur les prix sur le marché.

Sur le plan de l'organisation professionnelle des exportateurs : la libéralisation du commerce a entraîné le transfert de l'Etat aux opérateurs de nombreuses fonctions. Leur coordination implique que la profession s'organise (en vue : concertation de la politique commerciale à mener, travailler sur la formation des personnels et des opérateurs nouveaux ou occasionnels, traduire les conditions d'accés à la profession compte tenu de la libéralisation prévalente,…

Pour terminer, il y a tout lieu d'appeler l'attention sur le fait que le secteur halieutique pourrait constituer le secteur-cible de nos exportations. En effet, Madagascar bénéficie, entre autres, de certains facteurs favorables pour le développement de ses exportations issues du secteur :

EXPOSE IV - 2

LE TRAITEMENT ET LA CONSERVATION DES PRODUITS

Par
RABESON Ch., Chef de la Division
Transformation et Conservation des Produits (DPA)

1. LES PROCEDES DE CONSERVATION

La conservation du poisson, produit très périssable est une nécessité pour les pays à climat tropical. Les procédés de conservation les plus utilisés sont de quatre ordres :

Peu coûteuses et facilement maîtrisées par les pêcheurs, ces trois derniéres méthodes sont à vulgariser.

1.1 Préparation

Toutes les espèces en parfait état de fraîcheur peuvent être traitées. Le meilleur moyen de garder le poisson frais aprés la capture est de la conserver sous glace. Dès que possible, on éviscère les poissons. On les écaille et les étête en arriére de la nuque au niveau de l'opercule. Le lavage se fait soigneusement à l'eau de mer pour éliminer toute trace de viscères ou de sang. Si l'épaisseur du muscle dépasse 3cm, on pratique des entailles espacées de 4cm pour faciliter la pénétration du sel et le séchage.

1.2 Salage

Les méthodes de salage de poisson les plus utilisées sont :

Dans ces méthodes, le sel doit être propre et contenir le moins possible d'impuretés. Dans le salage à sec on utilise de préférence un mélange des cristaux fins et de gros cristaux de sel. Pour 1kg de poisson vidé, on utilise 300 à 400gr de sel propre et stérilisé par chauffage à l'air sec. La durée du salage est fonction du poids du poisson et de sa constitution. Les épaisses masses musculaires et la présence des matiéres grasses conduisent à une plus lente pénétration du sel. Mais dans la pratique, le poisson reste dans les bacs pendant deux ou trois jours, ou un ou deux jours seulement, s'il s'agit de petites espèces. Aprés, il est rinceé à l'eau de mer propre.

1.3 Séchage

Le sel facilite la conservation et prolonge la durée de stockage mais on peut sécher directement le poisson sans le saler. Les poissons éviscérés, étêtés sont étalés sur des claies et placés à un mètre au moins du sol pour éviter les souillures amenées par le vent. Ils sont retournés plusieurs fois au cours de la journée. Une deuxiéme technique consiste à suspendre les poissons à des baguettes ou à des fils de fer horizontaux au moyen de crochets. Le séchage est plus rapide puisque les deux faces du poisson sont soumis en permanence aux effets de l'air ambiant. On peut aussi proceéder au séchage à l'ombre, même sous un abri sommaire car l'exposition directe du poisson au soleil peut provoquer la formation en surface d'une couche imperméable empêchant la déshydratation de se poursuivre jusqu'à l'intérieur des masses musculaires. Le séchage peut durer cinq à quinze jours suivant la taille et l'espéce du poisson. On peut le parfaire par une exposition en plein soleil pendant un à deux jours. Les poissons gras séchent plus difficilement que ceux à chair maigre. Le produit est sec lorsque la pression du pouce sur les parties épaisses ne laisse pas d'empreinte. L'humidité de la chair ne dépasse pas 25%.

1.4 Fumage

Le fumage se pratique surtout dans l'est de Madagascar où l'on rencontre du combustible à volonté. Les poissons éviscérés, parfois étêtés, sont étalés sur des claies ou enfilés avec des baguettes avant d'être mis sur le feu. Au début du fumage, le feu doit être vif pour pouvoir enlever le plus d'humidité du produit. Ensuite, on diminue la flamme et on produit beaucoup plus de fumée. La durée du fumage dépend de l'épaisseur du poisson à traiter, de la nature du combustible.

On remarque que deux procédés peuvent être utlisés :

1.5 Méthodes de conservation du poisson sous glace

Il faut souligner que l'utilisation de la glace est surtout pratiquée non pas par les pêcheurs mais par les mareyeurs. La conservation sous glace n'est utilisée que lorsque les mareyeurs ou les collecteurs disposent d'une fabrique de glace (dans les zones côtiéres), mais on peut remarquer que des collecteurs de poissons d'eau douce utilisent aussi la glace, mais ne disposent pas de containers adéquats pour le transport. Dans ce dernier cas, les collecteurs s'approvisionnent en place à Antananarivo, la transportent en camionnette en la mélangeant avec des balles de riz vers le lieu de collecte (les balles de riz leur servent dans ce cas d'isolant pour freiner une fonte rapide). Le poisson est ensuite chargé dans la camionnette où il est disposé avec la glace et la balle de riz de telle sorte qu'une conservation passable est obtenue. Cette méthode est risquée en raison de la fonte rapide de la glace et le transport ne peut pas souffrir du moindre retard. Le produit obtenu sur le marché est toujours de mauvaise apparence : il semble être souillé à cause de la présence des balles de riz collées au poisson et la bonne qualité des produits n'est pas évidente.

2. LES PERTES APRES TRAITEMENT

Les pertes après traitement des produits sont en général dues à trois facteurs :

Dans la pratique, les méthodes de conservation décrites au paragraphe précédent ne sont pas celles appliquées par les pêcheurs. Ainsi, les produits obtenus sont toujours de qualité moyenne, à durée de conservation trés limitée et ne répondant pas toujours aux conditions actuelles de distribution (manque ou mauvais état des voies de communication, rareté des moyens de transport d'où en général probabilité d'une longue période de stockage au niveau des pêcheurs). Les conditions de stockage chez les pêcheurs ne permettent pas de maintenir la qualité des produits. Ils sont en général déposés en vrac dans des paniers et parfois à même le sol.

Enfin, les villages des pêcheurs sont souvent situés dans des zones enclavées, avec un accés difficile, ce qui provoque un mauvais écoulement des produits et toujours la détérioration de ces derniers.

3. LES SOLUTIONS PROPOSEES

3.1 A court terme

Il faudrait créer des villages pilotes où l'on expérimenterait les méthodes améliorées de traitement et de conservation (four de fumage, hangar de séchage et de stockage).

3.2 A moyen et long termes

A moyen terme, on pourrait effectuer la vulgarisation des méthodes expérimentées dans les villages pilotes.

A long terme, l'amélioration des voies de communication devrait être envisagée, pour pouvoir faciliter la distribution des produits et mettre en place des projects pour développer le secteur de la pêche.

Enfin, des études devront être menées pour vérifier la faisabilité de la construction d'installations telle que fabrique de glace et chambre froide.

EXPOSE IV - 3

COMMERCIALISATION SUR LES MARCHES INTERIEURS

Par

Z. KASPRZYK, CTP, MAG/85/014
N. RANDRIAMIARISOA, Professeur à
l'Université d'Antananarivo

1. INTRODUCTION

On sait que le développement de la pêche dépend en général de la disponiblité des ressources, d'une part, et des possibilités d'écoulement des produits soit pour la consommation locale, soit pour l'exportation. Ainsi, la connaissance des différents problémes de commercialisation : facteurs favorisants ou freinants l'écoulement des produits, ainsi que leur consommation apparaîssent trés important pour l'extension du secteur pêche.

Cependant, contrairement aux études consacrées à la production, celles sur la commercialisation sont moins nombreuses et moins approfondies.

Pour commencer à élargir les données et à approfondir les problémes sur ce sujet, une étude basée sur des enquêtes a été réalisée par le projet en 1989–90. Elles ont couvert tous les opérateurs du circuit commercial, du producteur jusqu'au consommateur, dans les principaux centres urbains de Madagascar. Il a été alors enquêtés 185 revendeurs (collecteurs, mareyeurs, grossistes), 495 détaillants et 2.033 ménages.

D'autres sources documentaires et de données ont été aussi utilisées pour enrichir et approfondir les analyses des résultats des enquêtes, par exemple les C.O.S., les rapports de la D.P.A., les données des services de contribution et des commerces, les publications et les statistiques de la Banque des données de l'Etat du Ministére de l'Economie et du Plan, etc.

Le présent exposé vise ainsi à :

Il faut souligner, toutefois, que les solutions proposées ne constituent qu'une premiére approche susceptible d'être débattue et critiquée pendant le présent séminaire.

2. CONSOMMATION

Pour la période 1987–90, la politique en matiére de production halieutique de la D.P.A., a prévu une consommation de 8 à 10kg par habitant et par an. En 1989, on constate une disponibilité théorique per capita de poisson de 7,6kg par an. Cette quantité reste encore un peu en dessous de la prévision. Toutefois, pendant la période 1970–89, la disponibilité a augmenté de 5,5 à 7,6kg, soit 38%, tandis que pour la même période la disponibilité théorique de la viande et abats a diminué de 22,3 à 18kg, soit une diminution de 24%.

L'enquête mentionnée ci-dessus permet de préciser un peu plus la répartition de la consommation entre les zones urbaines et rurales, ainsi qu'entre les villes des différentes provinces. Dans le milieu urbain, la consommation moyenne est de 15,4kg par habitant par an, tandis qu'en milieu rural, elle est estimée à 5,5kg par habitant.

Ensuite, en comparant la consommation par villes (en 1989), on constate une disparité trés élevée entre les villes de la côte ouest (province de Toliara et Mahajanga) où la consommation oscille autour de 30kg par habitant et les autres où elle ne dépasse pas 12,5kg sauf pour Antsiranana où elle est de 19kg. La consommation la plus basse est observée à Fianarantsoa (7,9kg). Il faut aussi remarquer que dans toutes les villes le taux de consommation a augmenté sauf à Toamasina où il a diminué par rapport à l'anneée 1970. Cette baisse de la consommation à Toamasina peut s'expliquer par la diminution de la capture dans le canal des Pangalanes et dans le Lac Alaotra dont la majorité des produits est commercialisée actuellement à Antananarivo. Elle est aussi liée avec la stagnation de la pêche maritime dans les Fivondronana de Toamasina I et II.

Maintenant, si on compare la part de la consommation urbaine dans la consommation totale de Madagascar, on constate qu'elle était de 25% (10.517 tonnes) au total en 1970–71 (Collart - 1973) tandis qu'en 1989 elle est de 43% (35.836 tonnes) de la consommation totale (82.678 tonnes). Donc, presque la moitié des produits disponibles est maintenant consommé par la population des villes. Ce fait montre qu'actuellement les producteurs s'orientent de plus en plus vers la production destinée aux marchés locaux urbains, alors qu'auparavant, ils produisaient en grande partie pour l'autosubistance et l'autoconsommation.

En ce qui concerne les taux de dépenses en poisson dans les revenus annuels des ménages dans le milieu urbain, on observe qu'ils sont assez proches les uns des autres dans les provinces d'Antananarivo, d'Antsiranana et de Toamasina (5,3% à 5,7%). Ils sont par contre plus élevés à Mahajanga et Toliara (8,1%) tandis qu'à Fianarantsoa le taux est le plus bas (4,1%). Ces taux de dépenses semblent être liés avec les différents niveaux de disponibilité des produits halieutiques. Par ailleurs, les dépenses en viandes dans les budgets des ménages varient de 15,9% pour Fianarantsoa, jusqu'à 20,4% à Antsiranana pour la période 1982–83 (Anonyme, 1985, tome II, Economie).

La clientéle qui achète les produits halieutiques est en général constituée par des ouvriers, des cadres moyens, des commercants et des paysans. Il s'agit donc de consommateurs qui disposent d'un revenu moyen, mais une partie des cadres supérieurs achéte aussi des poissons. Cette clientèle, dans la majorité des cas et dans l'ensemble des villes, préfèrent les poissons frais plus que les autres produits. Mais les produits congelés sont quand même moyennement appréciés quoique assez neuf sur le marché, sauf à Morondava, Mahajanga et Antsiranana. Toutefois, les préférences pour ces produits sont plus élevées à Antananarivo et à Antsirabe que dans les autres villes. Les autres produits traités tels que salés-séchés et fumés, traditionnellement commercialisés dans les villes, sont moins acceptés que les précédents, en particulier les produits fumés. Cette préférence pour les poissons frais semble pouvoir s'expliquer par la considération selon laquelle ces produits sont plus nutritifs que les autres et ont un prix moyen, plus accessible.

En outre, on constate aussi une préférence plus marquée pour les poissons d'eau douce par rapport aux poissons de mer. Cette préférence est plus remarquable dans les villes continentales où les poissons d'eau douce sont plus abondants et où il existe également une tradition de consommation de ce type de produit. En revanche, les poissons de mer sont plus préférés dans les villes côtiéres où leur disponibilité est plus élevée.

De même, les poissons de taille moyenne sont recherchés le plus souvent par les consommateurs. En ce qui concerne les modalités d'achat, on peut dire que les 2/3 des consommateurs préfèrent acheter leur poisson principalement chez les détaillants du marché, tandis que le 1/5 achéte chez les poissoniers. L'achat direct aux producteurs n'est pas trés important.

En considérant les facteurs favorisants la demande de produits halieutiques, on peut dire que parmi les facteur subjectifs, la qualité nutritive et l'habitude alimentaire sont considérés comme les plus importants. Tandis que parmi les facteurs objectifs, la croissance démographique et le niveau des prix du poisson (moins chére que la viande), sont les principaux éléments d'augmentation de la demande. Par contre, parmi les facteurs subjectifs qui freinent la demande, on peut mentionner la mauvaise présentation des produits et pour certains groupes de la population, l'habitude alimentaire. En revanche, la faiblesse du pouvoir d'achat et la disponibilité limité des produits halieutiques, en particulier par rapport à la disponibilité de la viande, contituent les facteurs objectifs qui limitent la demande de poisson.

3. LA COMMERCIALISATION

3.1 Zones de production et de consommation

Le manque de produit relevé par les consommateurs est aussi mentionné par les opérateurs du circuit commercial comme un des facteurs importants limitant leurs activités. En effet, on constate une certaine inadéquation entre les zones de production et les zones de grande consommation situées assez loin des premières. Cette inadéquation semble constituer un des facteurs les plus importants influencant l'offre de produits dans les centres de consommation.

D'abord, en ce qui concerne la disponibilité des produits, on constate que presque 85% des ressources halieutiques maritimes sont localisées dans la zone économique exclusive de la côte occidentale. De même, 2/3 des ressources estuarines sont concentrées dans la province de Mahajanga. Les eaux continentales a haute productivité sont par contre plus dispersées et se concentrent, en général, dans la partie centrale de Madagascar. Cependant, la population (69%) est concentrée sur les hauts-plateaux et sur la côte Est (provinces d'Antananarivo, de Fianarantsoa et de Toamasina).

Ensuite, cette inadéquation entrainait dans le passé l'exploitation intensive des lacs les plus accessibles et provoquait une surexploitation de certains plans d'eaux. En conséquence, actuellement, l'approvisionnement des zones très peuplées doit être assurée principalement par des plans d'eaux plus éloignés et par la pêche maritime de la côte Ouest.

Enfin, cette situation influence aussi l'organisation du commerce, de la technique de conservation et des prix des produits halieutiques.

3.2 Circuits de commercialisation

L'analyse de l'organisation de la commercialisation intérieure des produits halieutiques permet de distinguer deux catégories de circuits : le circuit spatial et le circuit par opérateurs. Le circuit spatial peut se diviser en circuit intra régional et inter régional. Le premier circuit est essentiellement occupé par les poissons frais, commercialisés en général entiers. D'après l'enquête déjà mentionnée, presque 3/4 des poissons frais sont commercialisés à l'intérieur des Fivondronana d'origine. La faiblesse sinon l'inexistence de chaine de froid (magasin frigorifique, transport spécialisé, production et utilisation de la glace…) détermine et justifie dans une certaine mesure la longueur limitée du circuit des poissons frais. Le sous développement de la chaîne de froid s'explique :

Le circuit inter-régional est emprunté par les produits traités qui peuvent rester dans le circuit plus longuement (de 2 semaines pour les produits fumés à plusieurs mois pour les produits séchés et congelés). L'analyse des COS montre que l'échange inter-régional pour presque 80% a lieu entre 3 provinces : deux provinces de production (Toliara et Mahajanga) et une province de consommation (Antananarivo). Ainsi, plus que 80% des produits fumés et salés-séchés proviennent de la province de, Toliara tandis que 67% des produits congelés sont expédiées par la province de Mahajanga. En revanche, la ville d'Antananarivo constitue le premier centre de consommation en absorbant presque 75% des produits, contrôlés par les COS. En outre, les poissons constituent l'essentiel des produits expédiés en dehors des Fivondronana dont 80% sont commercialisés entiers et 16% éviscérés. Il faut remarquer que les poissons d'eaux douces en sont pas contrôlés par les COS. d'aprés l'étude de RAFALIMANANA Th. (1990), une forte partie des poissons (généralement en l'état frais), est écoulée dans les grands centres de consommation de l'ile, notamment dans la capitale et à Antsirabe. Pour ces types de produits provenant des plans d'eau continentaux plus éloignés de la capitale, ils sont acheminés séchés et fumés.

Concernant le circuit par opérateurs, ses caractéristiques dépendent des produits, de la spécialisation des opérateurs et de la distance entre le lieu de production et le marché. On peut distinguer, selon le type et le nombre d'intermédiaires intervenant dans le circuit :

En ce qui concerne les caractéristiques socio-économiques de ces opérateurs, (collecteurs, maryeurs, grossistes et détaillants) le tome II de l'étude sur “la commercialisation et consommation des produits halieutiques à Madagascar”, réalisée par le projet donne des détails et des précisions utiles.

3.3 Distribution

L'organisation de la distribution influence largement, entre autres facteurs, la quantité et la qualité des produits offerts aux consommateurs. En effet, avant d'arriver aux consommateurs de poissons, les produits doivent passer par les différentes étapes de la distribution suivantes : le transport, le conditionnement et le strockage, les infrastructures et les modes de vente.

En ce qui concerne le transport, on peut dire qu'il est déterminé par le rayon d'action de l'opérateur, le type de produit, l'accessibilité des lieux de débarquement, la disponibilité financiére et la quantité transportée. Tous les moyens de transports sont utilisés, mais les plus fréquents sont: les taxi-brouses, les transports à pied, les pousse-pousses, les camions et les camionnettes et enfin les pirogues. Les trois premiers modes de transport dominants sont liés aux faibles rayons d'action des opérateurs commerciaux, ainsi au'à la domination dans les circuits des poissons frais dont la quantité par achat est trés liminitée. Par exemple, les porteurs à pied transportent environ 30kg par achat, les taxi-brousses 145kg, tandis qu'à la pirogue, environ 100kg. Ce dernier mode de transport est surtout utilisé par les revendeurs dans les régions où l'accés aux villages des pêcheurs par voie terrestre est trés difficile ou impossible. C'est le cas de Morondava, de Toliary, de Mahajanga, de Manakara et d'Antsiranana. Par ailleurs, les camions et les camionnettes sont utilisés pour le transport des produits traités sur une distance plus longue avec une quantité moyenne par achat de 1.500kg à 2,000kg. Il faut aussi remarquer que les opérateurs commerciaux dans la majorité des cas, ne sont pas propriétaires de moyens de transport. Seulement 1/3 des revenderurs et 1/7 des détaillants enquêtés possédent leurs propres moyens de transport.

3.4 Conditionnement des produits concernés, valorasation et utilisation de la glace

D'une maniére générale, la valorisation des produits est effectuée par les producteurs. Cependant, ce traitement n'ajoute pas véritablement de la valeur aux produits, mais il sert plutôt à les conserver, faute de ne pouvoir les commercialiser à l'état frais. Il n'y a que 22% des revendeurs et 17% des détaillants enquêtés qui ont déclaré traiter les produits par le fumage, le salage séchage, la congélation et le découpage.

L'utilisation de la glace est trés limitée car sculement 15% des revendeurs et 10% des détaillants en produits frais ont déclaré utiliser de la glace, selon l'enquête. Les raisons pour lesquelles les opérateurs expliquent cette situation sont d'une part, la facilité d'écoulement des produits frais dans la journée de vente, et d'autre part, la nécessité de réduire les dépenses supplémeutaires. Toutefois, il faut aussi souligner que dans certaines régions, l'une des raisons principales, c'est la non-disponibilité de la glace. En effet, 80% de la production de glace sont concentrées dans deux provinces : Antsiranana et Mahajanga. De même, cette production est effectuée en grande partie par les sociétés de pêches industrielles et artisanales de ces deux provinces. A priori, elle n'est pas destinée à la commercialisation mais seulement au precessus de production en mer de ces sociétés. Il semble donc que d'une maniére générale, la capacité de production de glace est insuffisante et mal répartie par rapport aux besoins et aux principaux centres de production et de collecte.

Concernant les infrastructures et mode de vente, on peut dire que les moyens de stockage sont assez limités, les magasins de vente sont moins nombreux, et les étals au marché ou au bord de la mer constituent la majorité des points de vente. D'abord, il y a peu d'opérateurs commerciaux qui disposent de leurs propres magasins de stockage : magasin à température ambiante, réfrigérateur, entrepôt frigorifique et congélateur. La majorité des magasins de stockage frigorifiques appartient aux producteurs (sociétés de pêches industrielles, artisanales et certains producteurs privés). En se référant aux résultats des enquêtes, on constate que la majorité (87%) des détaillants vendent leurs produits sur des étals. Ceux vendant dàns des magasins ne constituent que 8% de l'ensemble des détaillants enquêtées. Les magasins de vente se trouvent surtout à Antananarivo, où on vend en particulier des produits congelés. En général, les produits offerts par ces magasins (poissonneries ou magasins mixtes) sont d'assez bonne qualité grâce aux équipements adéquats utilisés. Par contre, les produits vendus sur les étals présentent des qualités moindres surtout pour les produits frais. Cependant, la rapidité de l'écoulement de ces derniers produits limite quand même la détérioration de leur qualité. Par ailleurs, sur les 37 marchés visités dans les grands centres de consommation, 2/3 ont des étals abrités sous hangar et presque 60% disposent des paillasses. De même, il n'y a que ⅓ des marchés qui sont ravitaillés en eaux courantes, à savoir ceux d'Antananarivo, d'Antsiranana, de Fianarantsoa, de Toliara et de Toamasina. Le reste des marchés est privé d'eau et également d'électricité.

Le mode de vente le plus fréquent est la vente par tas qui concerne surtout les produits salés-séchés-fumés et la vente au poids pour la distribution de poissons congelés et frais.

3.5 Prix

D'après les résultats de l'enquête, les prix des poissons sont plutôt exprimés par les marchés que par les opérateurs. Il faut remarquer, cependant, que les prix sur les marchés sont assez différents selon les villes. Les prix dans les villes côtières sont naturellement beaucoup moins chers que dans les villes des hauts-plateaux, sauf à Toamasina et à Manakara oû les prix sont très proches de ceux des villes continentales. Cela, à cause d'une production assez limitée du fait des conditions de mer très difficiles dans ces régions.

De même, les prix des poissons d'eau douce sont généralement plus élevés que ceux des poissons de mer. En effet, les poissons d'eau douce sont préférés traditionnellement par la population alors que la production de la pêche continentale est stagnante à cause de la surexploitation des principaux plans d'eaux. Les autres raisons de la disparité des prix selon les villes sont : le niveau de la demande, l'espèce commercialisé, la concurrence, les lieux de vente, la distance des marchés par rapport au lieu de production, la qualité, la taille, la saison et également les prix des autres produits de substitutions, etc. Toutefois, les informations actuellement disponibles et la connaissance des mécanismes de formation des prix des poissons limitent la possibilité de mesurer les influences de chacun de ces facteurs.

Concernant les relations entre les prix d'achat aux producteurs et les prix de vente au détail, on peut remarquer que pour les produits frais, le prix est presque double et pour les autres produits traitès, l'augmentation est de 50% à 70%.

La marge commerciale brute varie selon les types des produits. Le partage de cette marge entre les opérateurs, c'est-à-dire entre les détaillants et les revendeurs, est presque égale. En ce qui concerne le revenu net en prenant l'exemple des revendeurs, il oscille entre 16% et 25%.

En comparant les prix du poisson à ceux de la viande, on constate que :

Cette situation est assez différente de celle que Collart a constaté en 1969. A cette époque, il a observé que les prix du poisson étaient globalement plus élevés que ceux de la viande. Le renversement des rapports de prix entre la viande et le poisson de 1969 à 1990 pourrait être une tendance favorable, à la demande de poisson.

3.6 Comportement des opérateurs

Les contraintes principales étant d'abord la disponibilité des produits et ensuite les niveaux de prix et du pouvoir d'achat des consommateurs, les opérateurs cherchent à s'adapter à ces contraintes, par la compression des coûts, en limitant autant que possible les frais supplémentaires, tels que les frais de conservation, de transformation et de stockage, ou encore en évitant le crédit bancaire dont le taux d'intérêt est considéré comme assez élevé.

La grande majorité de ces opérateurs agit comme entreprise du secteur informelle. Ils utilisent peu de salarié, peu de capital, etc… Leur investissement dans le secteur des pêches est généralement assez modeste, sauf pour certains revendeurs voulant maîtriser leurs sources d'approvisionnement.

3.7 Contraintes

En résumé, les contraintes principales pour le développement de la commercialisation et par voie de conséquence de la consommation des produits halieutiques, sont les suivants :

3.8 Perspectives

Dans l'avenir à moyen terme (jusqu'en 1995), la demande intérieure de poissons va augmenter sensiblement, cela à cause de la pression démographique et de la tendance à la baisse de l'offre de viande constatée actuellement.

Selon les hypothèses retenues (par exemple un taux de consommation de 7,6kg ou 10kg par habitant), les besoins vont augmenter respectivement de 20.000 tonnes ou de 47.000 tonnes pendant 6 ans. La couverture de ces besoins serait assez difficile. Cependant, le développement de la production maritime permettrait de satisfaire la majorité de ces besoins. En effet, la surexploitation des principaux plans d'eaux, continentaux et la faible production actuelle de l'aquaculture ne permettent pas d'espérer une augmentation suffisante des produits d'eau douce.

Par ailleurs, l'importation restera probablement à son niveau trés bas actuel et n'influencera pas la consommation locale, tandis que l'exportation ne diminuera pas significativement la disponibilité locale de poisson car elle restera concentrer sur les produits nobles.

L'augmentation de la demande de poissons frais et congelés devra entraîner une amélioration des conditions de conservation et de commercialisation, d'autant plus que la part des produits de mer dans la consommation des villes intérieures va augmenter. Cela entraînera également un investissement plus élevé et l'utilisation de matériels plus spécialisés, tant à l'intérieur du circuit commercial qu'au niveau des places du marché. Par conséquent, une certaine concentration des capitaux et la création de petites entreprises de commercialisation ayant une taille plus grande qu'actuellement, devra se développer.

4. RECOMMANDATIONS

Stimuler l'offre par les producteurs en favorisant l'implantation d'entreprises de pêche artisanale et semi-industrielles aux poissons en les faisant bénéficier des dispositions du code des investissements et les réglementations subséquentes en les adaptant aux conditions spécifiques de ces pêcheries.

De même, favoriser le développement de la pêche traditionnelle en améliorant les conditions d'acquisitions d'engins et de matériels de pêche.

Encourager les sociétés industrielles de pêche crevettiére à augmenter en quantité beaucoup plus élevée qu'actuellement, la production de poissons d'accompagnement.

Mettre en place des conditions plus favorables à l'exercise des activités des collecteurs pour augmenter l'offre de poissons. Par exemple, une assistance plus concentrée dans la gestion de leurs entreprises, dans l'accès au crédit, dans la préparation de dossiers et dans le suivi des projets, ainsi que la création d'un statut professionnel de ces opérateurs en collaboration avec les Chambres de commerce.

Faire bénéficier les opérateurs commerciaux de la même facon que les producteurs, des avantages prévus par le code des investissements et les réglementations subséquentes.

En particulier concernant les produits frais, l'administration des villes devrait améliorer ou réhabiliter les infrastructures commerciales et frigorifiques des marchés.

EXPOSE IV - 4

LE CONTROLE DE QUALITE DES PRODUITS HALIEUTIQUES

Par

E. RANAIVOSON - U.F.S.H.

Depuis toujours d'aucun ne peut ignorer qu'à Madagascar, les produits de la pêche, frais ou transformés, livrés à la consommation humaine sont en général d'une qualité douteuse ou déplorable qu'ils soient issue de la pêche traditionnelle ou d'autres types de pêcheries. Ceci est facilement vérifié quand on visite dans pratiquement toutes les régions de Madagascar, les lieux de débarquement, les lieux ou certaines usines de transformation, les marchés aux poissons ou les poissonneries. Ces observations cont confirmées par les résultats de quelques analyses organoleptiques et bactériologiques effectuées dans le cadre de la formation des Ingénieurs Halieutes au niveau de l'U.F.S.A. et des mémoires de Fin d'Etudes ou au cours du séminaire sur “la technologie et le contrôle de qualité des produits halieutiques commercialisés à Madagascar” réalisé à Mahajanga en Mars 1990 avec l'appui technique et financier de DANIDA/FAO.

Les constats sont ainsi appuyés par des résultats obtenus auprés des hôpitaux sur le cas d'intoxications alimentaires dues à la consommation de produits de la pêche.

En réalité, la qualité et le contrôle de qualité des produits halieutiques ont été toujours négligés voire ignorés.

QUELLES EN SONT LES CAUSES ?

  1. - Qu'on soit pêcheur, intermédiaire, vendeur ou opérateur, la notion d'hygiéne et de salubrité qui est l'un des facteurs déterminants de la qualité d'un produit n'est pas encore une de nos préoccupations quotidiennes.

  2. - Les législations en matière de contrôle de qualité des produits de la pêche datent de longue date (1962 ?), n'ont jamais fait l'objet de réactualisation et n'ont jamais été mises en application.

  3. - L'organisme responsable du contrôle de qualité des produits de la pêche n'est pas bien défini car d'une part, il existe les Certificats d'Origine et de Salubrité (COS) délivrés par le Service des Pêches, d'autre part, des certificats sont établis par le Service de l'Elevage au même titre que les autres produits d'origine animale exportés par voie aérienne.

  4. - Madagascar n'est pas doté de laboratoires spécialisés dons le contrôle de ces produits dont les tests analytiques sont totalement différents des autres denrées alimentaires étant donné son caractère très périssable.

    Au vu des résultats de quelques analyses, certes non diffusés ; des cas d'intoxications alimentaires enregistrées, de cas de refoulement de produits exportés qui existent mais qui ne sont pas tous récensés officiellement et avec la politique d'ouverture de plus en plus importante des marchés des produits de la pêche et celle du Marché Commun 1992, des mesures et des actions doivent être rapidement menées pour :

QUELLES SONT LES SOLUTIONS QUI PEUVENT ETRE APPORTEES ?

Tout d'abord, il faut souligner qu'au stade actuel, l'inspection de ces produits ne doit en aucun cas être répressive. Elle doit être pragmatique en tenant compte des réalités nationales et internationales.

En ce qui concerne Madagascar, aprés l'établissement des textes législatifs en matière de contrôle de qualité des produits halieutiques, il serait urgent d'EDUQUER tous ceux qui sont impliqués dans la pêche (des pêcheurs jusqu'aux consommateurs) sur les codes d'usages fondamentaux d'HYGIENE de MANUPENTION, de TRANSFORMATION - de VULGARISER intensivement l'utilisation de la glace surtout auprès des pêcheurs traditionnels qui approvisionnent nos marchés locaux et la majorité des Sociétés de pêche exportatrices ou non, et les bonnes pratiques de transformation (salage, fumage, séchage, de congélation, de stockage et de commercialisation. On doit y rajouter la vulgarisation des méthodes améliorées de transformation (fumage, séchage, salage) augmentant la qualité et la durée de conservation des productions à l'échelle traditionnelle.

Pour ce faire, les inspecteurs doivent être formés. Dans ce sens, l'U.F.S.H. de par sa vocation, a essayé depuis sa création de développer l'enseignement sur la technologie et le contrôle de qualité par les Ingénieurs Halieutes, de recycler dans ce domaine, des fonctionnaires de la D.P.A. ainsi que des responsables des Sociétés par le biais du premier atelier et de ceux qui sont prévus ultérieurement et d'organiser à la demande des Sociétés de Pêche, des cours équivalents à celui assuré aux Ingénieurs mais davantage pratiques aux agents de ces Sociétés.

Actuellement, un cours de formation de technicien de laboratoire est effectué par le projet MAG 89/008 à l'I P M. Par ailleurs, le seul et unique service responsable du contrôle de qualité des produits de la pêche doit être fixé. Il est, en effet, déconseillé que plusiers organismes établissent les Certificats de salubrité car personne n'ignore que plus il existe différents responsables, moins le contrôle se fera correctement et même ne se fera pas du tout.

En ce qui concerne le Laboratoire SPECIALISE dans le contrôle de qualité des produits de la pêche, il doit exister. Il serait même souhaitable de créer des petits laboratoires régionaux dans les zones de pêche très actives notamment à Mahajanga, Morondava et à Tolagnaro pour accélerer et assurer l'analyse des échantillons à traiter. Jusqu'à présent, du moins dans le cas de la Refrigépêche-Ouest dont l'autocontrôle est effectué au laboratoire de l'U.F.S.H. à Mahajanga, les compléments d'analyse sont réalisés à l'I.P.M.

Etant donné l'éloignement du laboratoire au Centre de Production, les résultats peuvent être biaisés et surtout retardent les délais de livraison, d'expédition des produits. Dans le cas de Mahajanga, l'UFSH se propose d'utiliser son laboratoire au service des Sociétés à condition d'obtenir des compléments d'équipements adéquats et suffisants en plus de la formation des Ingénieurs halieutes qui doit néanmoins rester prioritaire. Si les codes d'usage et les bonnes pratiques sont scrupuleusement respectés, les analyses de laboratoire ne seront plus obligatoires d'autant plus qu'elles sont relativement chéres. Ces laboratoires serviront beaucoup plus à l'auto contrôle des Sociétés (en notre connaissance seules les P.N.B. possèdent leur propre laboratoire) qui est malheuresement indispensable pour éviter toute surprise en particulier dans les exportations et pour les exigences des Pays importateurs qui deviennent de plus en plus sévéres en matiére de qualité des produits halieutiques.

Pour terminer, il faut insister sur l'aménagement de tous les étals de vente de poissons et des poissonneries des marchés locaux pour présenter aux consommateurs des produits de qualité marchande, hygiénique et nutritionnelle la plus acceptable possible sinon tous les efforts de pêche, de traitement et de conservation seront vains.

Parallélement, une SENSIBILISATION des consommateurs sur tous ces problémes de qualité doit être menée de façon soutenue. Ils doivent exiger des pêcheurs et de tous les opérateurs de secteur pêche des produits de fraîcheur irréprochable.

En définitif, la responsabilisation de tout un chacun est base même des solutions ou des mesures à préconiser dans l'amélioration de la qualité de produits de la pêche qui sont considérés comme produits nobles.

S E S S I O N   V

SUPPORTS INSTITUTIONNELS DU SECTOR DES PECHES

EXPOSE V - 1

LE ROLE ET LES ACTIVITES DES INSTITUTIONS DE RECHERCHE

Par

RAKOTOFIRINGA Sylvére Lalao

Directeur de la Planification et de la Programmation

MINISTERE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNOLOGIQUE
POUR LE DEVELOPPEMENT

Mon intervention sur “le rôle et les activités des institutions de recherche” se situe dans ce séminaire dans le cadre de réflexion sur les supports institutionnels du secteur des pêches. Ce qui constitue déjà un élément de réponse à la question à laquelle mon exposé va essayer de répondre et qui est celle-ci : comment les activités des institutions de recherches interviennent-elles dans les politiques et la planification des pêches à Madagascar ?

I - RECHERCHE ET DEVELOPPEMENT

Avant de répondre de façon directe à cette question, permettez-moi de considérer la situation à un niveau plus global et plus général, qui est celui du rapport qu'il y a lieu d'établir entre la recherche et le développement. Plus personne, de nos jours, ne se permet de mettre en doute ou de remettre en question la nécessaire complémentarité de la recherche et du développement. La longue histoire de l'humanité est riche d'exemples qui démontrent si besoin est, qu'un développement florissant est inséparable d'une recherche dynamique et créatrice. Il faudrait toutefois dépasser le stade du simple constat d'un truisme pour essayer de définir le mécanisme afin de le maîtriser et de le perfectionner.

Pour cela, je repcendrai les propos de Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, dans sa préface à l'ouvrage “Réflexions sur la politique de la recherche à Madagascar”, ouvrage publié par le Ministre de la Recherche Scientifique et Technologique pour le Développement, dans laquelle il affirme “la nécessité de considérer la Recherche, non comme un luxe, mais comme l'une, sinon la première des conditions d'un développement maîtrisé et assumé,” souhaitant que les “responsables du Développement se préoccupent des orientations des résultats de la Recherche dans l'élaboration de leurs projets de Développement”. En d'autres termes, la recherche a pour vocation de fournir aux responsables du développement les données fiables leur permettant de définir des orientations et des priorités et d'en mesurer les risques. Si je me suis quelque peu étendu sur ces généralités, c'est pour mieux cerner la question : il s'agit, en effet, de bien situer la place et le rôle de la recherche dans le développement afin de bien situer aussi le rôle et les activités des institutions de recherche, comme supports institutionnels du secteur des pêches, Vous saurez ainsi ce que vous êtes en droit d'attendre de la recherche, ce qui ne veut pas dire qu'elle vous l'apportera totalement et tout de suite, et ce qui ne relève pas d'elle.

II - ROLE DE LA RECHERCHE DANS LES POLITIQUES ET LA PLANIFICATION DU DEVELOPPEMENT DES PECHES A MADAGASCAR

Dans le domaine qui nous préoccupe, celui des pêches, la recherche, à travers les institutions de recherche, se propose de fournir des données susceptibles d'aider à définir les politiques et la planification du développement des pêches à Madagascar et ces données concernent les différentes étapes du processus : en amont, la recherche apporte des données sur les ressources à exploiter, au cours de l'exploitation elle contribue au perfectionnement des méthodes et techniques, en aval elle aborde les problèmes inhérents à la valorisation des produits.

1 - Les données sur les ressoources à exploiter

Pour qualifier les ressources que la nature nous offre dans le domaine des pêches, je voudrais analyser, à ma façon, un mythe de l'antiquité, celui de la naissance de Vénus, la plus belle des déesses, dont le nom n'est inconnu pour personne. Selon les Anciens, Vénus naquit de l'écume des eaux : n'est-ce pas une façon poétique d'exprimer la richesse et la beauté des ressources que nous offrent les eaux ? Il s'agit de bien connaître ces ressources pour bien les exploiter. Faire l'inventaire des ressources halieutiques, étudier leur biologie, évaluer les stocks, voilà les trois principales orientations de la recherche dans cette étape. Inventaire et biologie des ressources, évaluation des stocks fournissent des données à intégrer dans la définition d'une exploitation judicieusement menée. La mer et les eaux nous fournissent des ressources variées et abondantes, mais il ne s'agit pas de les exploiter, comme nos ancêtres ont exploité les ressources naturelles dans les temps préhistoriques, au temps de la cueillette. Il s'agit de procéder à une exploitation rationnelle, tenant compte de l'évaluation à court, moyen et long terme de ces ressources : il s'agit donc d'une exploitation capable d'attitude prospective. Les données de la recherche sont indispensables pour mettre en oeuvre une exploitation de cette qualité. Elles donnent une meilleure connaissance des ressources, ce qui permet :

2 - Le perfectionnement des techniques et des méthodes d'exploitation

Comme pour les autres domaines d'activités humaines, la pêche a besoin de perfectionner constamment ses techniques et ses méthodes.

Depuis les équipements les plus sophistiqués des bâteaux de pêche industrielle aux améliorations de filets artisanaux, la recherche intervient de multiples façons. A titre d'exemple, on pourrait citer :

3 - L'amélioration de la valorisation des produits

La dernière étape du processus est celui du traitement des produits dont il faut éviter la détérioration, le gaspillage et la déperdition. D'où :

4 - Les destinataires des résultats

Jusqu'à présent, je me suis préoccupé essentiellement de répondre à la question, “la recherche pour quoi ?”, il ne faut pas pour autant occulter l'autre face du problème, c'est-à-dire “la recherche pour qui ?” autrement dit, qui sont les utilisateurs ou les destinataires de toutes ces données ?

La réponse évidente est qu'elles s'adressent à tous ceux qui sont concernés par le développement des pêches : les responsables et les décideurs aux différents niveaux, les exploitants aux différents niveaux (industriel et artisanal) et aux différents stades de l'exploitation.

Il faudrait souligner que certaines recherches sont effectuées à la demande des autorités compétentes pour une sorte d'audit biologique afin de déterminer si l'exploitation de telle ou telle ressource peut être autorisée.

III - LES ACTIVITES DES INSTITUTIONS DE RECHERCHE

Je pense à travers ces quelques éléments avoir répondu, ne serait-ce que partiellement, à la première partie de l'intitulé de mon intervention. En analysant le rôle de la recherche dans la définition des politiques et de la planification du développement des pêches à Madagascar, j'ai aussi défini les objectifs des institutions de recherche qui sont les organismes de concrétisation de ces principes. Parmi les Centres Nationaux de Recherches (CNR) qui sont les organismes de recherche relevant directement du Ministère de la Recherche Scientifique et Technologique pour le Développement (MRSTD), le Centre National de Recherches Océanographiques (CNRO) est celui dont le domaine d'activités est le plus concerné par le sujet de ce séminaire. Sans entrer dans une présentation détaillée du CNRO, je me contenterai d'énumérer les thèmes de recherche à son programme.

Comme vous pouvez le constater, aucune des étapes du processus de la pêche n'est délaissée dans ce programme.

Quand j'ai abordé mon exposé, mon objectif était de répondre à la questior suivante : comment les institutions de recherche interviennent-elles dans les politiques et la planification des pêches à Madagascar ? J'ai essayé d'y répondre en montrant que ces institutions mettent en oeuvre à travers leurs activités une certaine philosophie et une certaine politique de la recherche, dont le souci majeur est d'épanouir l'homme dans le respect et la valorisation de son environnement. C'est une tâche ambitieuse et sans fin, qui met à leur véritable place les activités de recherche, porteuses de solides promesses certes, mais aussi de mises en garde sévères.-


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