Dans les grandes villes du haut plateau les besoins en poisson frais augmentent et si l'on examine les perspectives pour chaque région de production, on trouve:
Côte Ouest - bonnes routes à Morondova et à Mahajanga (12/13 heures en camionnette de Morondava à Antananarivo, (712 km environ). Mais la pêche est concentrée sur les crustacés pour l'exportation. Une partie importante de la pêche traditionnelle est liée aux sociétés de traitement des crevettes. Il sera toujours difficile d'augmenter les débarquements du poisson d'accompagnement aussi bien pour la pêche traditionnelle que pour la pêche industrielle. Toutes les tentatives pour une pêche artisanale (embarcations motorisées) ont échoué car ce type de pêche n'a pas pu être compétitif avec la pêche traditionnelle (Réf. 2). La plupart des vedettes introduites pour la pêche artisanale pêchent la crevette.
Côtes Nord et Sud - se trouvent loin des grandes villes du haut plateau et sont dépourvues de bonnes routes; il n'existe donc aucune perspective de développer la commercialisation du poisson frais sur ces grandes villes.
Côte Est - bonne route à Toamasina (sept heures en camionnette de Toamasina à Antananarivo (375 km environ). Les eaux de mer côtières accessibles à la pêche traiditonnelle sont souvent agitées et c'est pourquoi les captures sont si faibles. La seule façon d'augmenter la production est de développer une pêche industrielle ou semi-industrielle dans le domaine des espèces actuellement sous-exploitées (Réf. 2). Les deux chalutiers congélateurs de la Réfrigépêche-Est sont orientés vers la pêche à la crevette.
Le Conseiller technique principal du projet MAG/85/014 et le consultant pensent qu'une nouvelle pêcherie industrielle ou semi-industrielle, basée à Toamasina, pourrait augmenter la commercialisation du poisson de mer frais. Un projet pilote pour tenter ce genre de pêche a été proposé.
Des chalutiers de deux tailles sont proposés pour le projet pilote:
Longueur (m) | 15 | 20 |
Taux de capture (t/jour) | 1,5 | 2,0–2,5 |
Jours de pêche/an | 150–180 | 180–200 |
Débarquements annuels (t) | 225–270 | 360–500 |
L'objet du projet pilote (à part la recherche des lieux de pêche intéressants) sera de choisir le meilleur type de chalutier pour la pêche industrielle ou semi-industrielle de la côte Est.
Pour ce qui est des études de faisabilité pour l'augmentation de la commercialisation du poisson de mer frais, les hypothèses de production annuelle de 500, 1 000 et 3 000 t seront présentées (pour le poisson débarqué à Toamasina et commercialisé à Antananarivo).
En supposant que la pêche s'effectuera avec des chalutiers dont chacun fera 30 marées pendant une année de 350 jours ouvrables et des débarquements moyens annuels de 250 t, et, pour satisfaire les trois hypothèses de production annuelle, on aurait besoin de 2, 4 ou 12 chalutiers de ce genre. Le débarquement individuel moyen serait de 250/300 t c'est-à-dire 8,33 t par marée.
Du point de vue de la commercialisation, le problème qui se pose au niveau de la production est l'irrégularité des débarquements. Les bateaux d'une flotte de pêche comme celle-ci ont tendance à rentrer au port de façon irrégulière, avec des arrivées multiples dans une seule journée, même pour une seule flotte. L'annexe 12 donne les distributions des probabilités et des fréquences calculées pour les trois hypothèses de production. On peut prévoir par exemple 69 circonstances au cours de l'année, avec deux débarquements par jour pour une flotte de 12 chalutiers; 13 circonstances pour quatre chalutiers et même deux circonstances lorsque la flotte ne comprend que deux chalutiers.
C'est ce modèle de production qui influence le choix des capacités des moyens de stockage et de distribution à terre. Par exemple, avec quatre chalutiers on a besoin d'une capacité de stockage au port égale au total de deux débarquements (sans tenir compte de la seule journée attendue par an avec trois débarquements).
Afin d'élaborer une étude de faisabilité pour une chaîne de froid pour le poisson frais, le consultant a visité tous les fournisseurs d'installations frigorifiques à Antananarivo, quelques concessionnaires et des experts financiers. Il a trouvé les données techniques et financières nécessaires et il a pu vérifier certaines estimations des coûts en examinant des données tirées de différentes sources.
Au cours d'entretiens avec le consultant, la Société SMEF a proposé une chaîne de froid comprenant:
Toutes les étapes de cette chaîne sont présentées dans l'annexe 6 selon deux hypothèses, 500 et 1 000 t de poisson par an. L'annexe 7 présente les frais d'exploitation des sociétés liées à la SMEF (entrepôt, administration, transport) alors que les besoins en énergie des équipements de froid font l'objet de l'annexe 6.
Les capacités de stockage prévues satisfont les besoins implicites dans le modèle de production (section 3.3) avec une marge de sécurité prudente:
Capacité des chambres froides | ||||
hypothèses 500 t | hypothèse 1 000 t | |||
Tonnes | m3 | Tonnes | m3 | |
Toamasina | 16 | 50 | 24 | 75 |
Antananarivo | 12 | 40 | 16 | 50 |
Les fabriques de glace prévues pourraient produire deux tonnes de glace pour une tonne de poisson à Toamasina ainsi qu'une tonne de glace pour une tonne de poisson à Antananarivo. Les silos à glace au port ont une capacité prévue de cinq jours de production (trois jours à Antananarivo).
Les bâtiments proposés sont construits en lamelles de bois; ils sont de bonne qualité et de prix modéré.
Le consultant estime qu'une étude de faisabilité de la chaîne de froid de premier ordre n'est pas nécessaire et ce pour les raisons suivantes:
tout le processus de commercialisation du port au consommateur court des risques avec un investissement qui est inévitablement trop lourd;
cette étude propose des points de vente d'un genre actuellement inconnu en ce qui concerne le poisson frais;
les prix d'achat (700 FMG/kg) et les prix de vente au détail (1 500 FMG/kg) prévus pour les espèces pêchées au chalut sur la côte Est rendent cette chaîne de froid peu rentable.
L'annexe 8 présente une chaîne de froid basée sur les propositions de l'annexe 6 mais réduite:
gamme réduite; commercialisation du port aux détaillants de Antananarivo;
technicité réduite; camions isothermes, camionnettes bâchées, pas de fabrique de glace à Antananarivo;
marge de sécurité (stockage de glace) réduite (2–3 jours de production);
coûts des bâtiments réduits: le coût total de construction dans l'annexe 5 est de l'ordre de FMG 600 000/m2. D'après les autres sources, on peut construire un simple abri pour FMG 200 000/m2 et un bâtiment industriel avec bureaux pour FMG 400 000/m2. On a donc choisi un bâtiment à FMG 240 000/m2 (20% à FMG 400 000, 80% à FMG 200 000) afin de minimiser les frais de construction;
frais généraux réduits, sauf un expatrié pour les deux premières années.
Cette chaîne de froid réduite est élaborée sous les trois hypothèses de production (500, 1 000, 3 000 t de poisson/an).
Les estimations pour les hypothèses de 3 000 t/an viennent des extrapolations à partir des autres hypothèses et du modèle de production (Section 3.3).
Pour évaluer les coûts d'un camion isotherme, on a réduit les coûts d'un camion frigorifique en fonction des prix de location:
Prix de location du camion de Toamasina à Antananarivo:
- frogorifique | = | 85 FMG/kg + TUT |
- isotherme | = | 60 FMG/kg + TUT (voir annexe 5) |
Pour toutes les autres hypothèses voir annexe 8.
L'annexe 9 donne les analyses financières selon les trois hypothèses de production. Le prix de vente aux revendeurs (FMG 1 250/kg) est un prix moyen pratiqué à l'achat aux détaillants et à la vente aux revendeurs pour la zone de Antananarivo (Réf. 2, section 2.3.3).
Les ventes de glace aux chalutiers sont proposées sur la même base de l'étude de faisabilité proposée pour le projet pilote de chalutage sur la côte Est (85 FMG/kg, 0,7 kg de glace/kg de poisson).
Le projet pilote de chalutage souhaiterait que le prix d'achat du poisson au port soit de FMG 700/kg.
Les coûts capitaux sont établis sur une base CAF plus le montage hors-taxes d'importation, droits de douane et TUT. On suppose que l'entreprise est exonérée de la TUT. Il se peut qu'il y ait un agrément à titre de petite et moyenne entreprise (code des investissements) avec les avantages fiscaux de l'Article 28 du code. Pour toutes les données fiscales et le code d'investissements voir annexe 5.
Il se peut que la production de la première année d'exploitation atteigne un niveau de 50% de la capacité indiquée. Il serait donc évident que le taux de rentabilité interne estimé (TRI) n'intéresse pas les privés au niveau de 500 t/an (voir taux de crédit, annexe 5) mais qu'il commence à devenir intéressant pour les privés à partir de 1 000 t/an. Une baisse du prix de vente de 20% éliminerait tous les bénéfices au niveau de 1000 t/an et diminuerait sérieusement les bénéfices au niveau des 3 000 t/an.
La sensibilité du TRI aux frais d'exploitation est grande; une hausse des frais occasionne une baisse sérieuse de la rentabilité.
Le TRI est légèrement sensible aux variations du coût capital.
L'annexe 9 présente aussi l'analyse économique selon les trois hypothèses de production (valeur, bénéfices, salaires et gas-oil exempts de toutes taxes).
Le coût d'opportunité de la main-d'oeuvre malgache est estimé à 25% du coût financier. Il y a un manque d'offres d'emploi (même pour les personnes qualifiées), avec une très forte demande.
On ne prévoit ni bénéfices, ni coûts extérieurs. Avec un manque d'approvisionnement en poisson frais dans les grandes villes du haut plateau, il est peu probable que les ventes des autres produits halieutiques diminuent. On peut prévoir comme bénéfice extérieur le transport des marchandises du haut plateau vers la côte.
On ne prévoit pas une baisse des prix de vente, même pour une production de 3 000 t/an (manque d'approvisionnement actuel, taux de croissance de la population, tendance du prix de la viande, baisse récente de l'inflation de 25% à 12%, et partant une légère hausse du pouvoir d'achat).
Compte tenu du fait que les coûts des capitaux financiers sont hors-taxes, et puisque le régime fiscal (Article 28 du Code des investissements) n'est pas sévère, et puisque les salaries des nationaux (et donc les impôts sur les revenus) ne sont pas élevés, on estime que le taux de rentabilité interne économique est semblable au TRI financier.
La sensibilité du TRI économique est semblable à la sensibilité du TRI financier.