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VII IMPORTATION ET EXPORTATION DES PRODUITS HALIEUTIQUES

1. Importation

Le commerce international des produits halieutiques est excédentaire pour Madagascar. La valeur des produits importés a constitué en 1989 seulement 3,4 % de la valeur des produits halieutiques exportés. D'après les chiffres présentés au tableau 21, le poids des produits importés (en 1989) a dépassé 400 tonnes, constituées essentiellement de conserves de sardines, de sardinelles, de sprats et de maquereaux (62,5 % de l'importation totale) en provenance du Maroc et de la France. Les autres conserves constituées de thons, anchois, mollusques ou crustacés ont été le plus souvent d'origine française, italienne, allemande et scandinave.

On note toutefois une légère tendance à la croissance (tableau 21) des importations dans la deuxième moitiè des années quatre-vingt, particulièrement en 1988 et 1989. Ces années correspondent au début de la libéralisation du commerce extérieur. Malgré cette progression, l'importation actuelle de produits de pêche reste toujours très loin des quantités importées en 1970 et en 1960 (respectivement 674 et 890 tonnes) (a). Cela s'explique en particulier par le niveau des prix plus élevés pour les produits importés que pour les produits de substitution locaux. Par exemple, une boîte de sardine marocaine de 125 gr coûtait en 1989 1.250 Fmg, tandis que un kilo de viande de boeuf avec os coûtait 1 700 Fmg.

2. Exportation

Les exportations se caractérisent par une croissance constante depuis la fin des années soixante, époque à laquelle la flotille des chalutiers crevettiers a commencé son activité. Actuellement, les produits de pêche occupent la troisième place parmi les principaux produits exportés de Madagascar après le café et la vanille (tableau 22). II faut rappeler qu'en 1960, le secteur pêche a exporté seulement 187 tonnes, alors qu'il a importé pour la même période 890 tonnes.

Le rapprochement de la situation de l'année 1960 avec celle de 1990 permet de tirer une conclusion de caractère général : durant une génération a été créée à Madagascar une nouvelle spécialisation exportatrice qui est devenue, ces dernières années, une des principales activités contribuant ainsi à l'objectif de l'équilibre de la balance des paiements par des rentrées substantielles de devises.

(1) D'après les «Statistiques du commerce extérieur de Madagascar en 1960 et 1970», disponibles à la Banque de données de l'Etat.

Tableau 21: Importation de produits halieutiques à Madagascar
Produits importés198019851986198719881989
QVQVQVQVQVQV
1. Produits halieutiques frais,
congelés, salés-séchés, fumés et vivants
0,38830,15180,91.5800,11.2730,31.1150,23.977
(4.179)(751)(2.207)(1.051)(713)(2.487)
2. Conserves74,549.627146,2302.891120,5200.619106,4246.093268,7778.719411,22.017.868
(234.865)(438.972)(280.194)(203.248)(498.125)(1.261.956)
TOTAL74,850.510146,3303.409121,4202.199106,5247.366269,0779.834411,42.021.845
(239.044)(439.723)(282.401)(204.299)(498.838)(1.264.443)

Q : Quantité en tonnes
V : Valeur CAF - première ligne, en millier de FMG- deuxième ligne, en dollars E.U

Source: Statistiques du commerce extérieurs de Madagascar, Banque de données de l'Etat.


Tableau 22: Exportation des principaux produits de Madagascar dont les différentes espèces halieutiques
Produits exportés1980198519861987198819891990(1)
QVQVQVQVQVQVQV
Exportation globale dont:372.00084.781290.743181.630313.633212.546310.735348.025416.143385.082482.319502.280441.660454.366
(401.235)(263.232)(296.852)(287.434)(246.326)(314.121)(304.097)
1. Café69.47045.11041.66263.56644.93792.09446.63397.03142.101101.65161.552126.71849.38263.353
(213.488)(92.125)(128.623)(80.140)(65.023)(79.248)(42.541)
2. Clou de girofle4.3606.58312.03124.46310.18318.1413.0658.9125.37421.43712.96151.10810.21229.876
(31.155)(35.454)(25.337)(7.360)(13.713)(31.962)(19.995)
3. Vanille4103.94562828.80668931.7991.26089.23662558.03159667.37479085.129
(18.670)(41.748)(44.412)(73.700)(37.121)(42.135)(56.975)
4. Produits pêche dont:3.4363.9144.43915.0514.52517.3945.72236.6615.93750.1176.34156.2396.91259.066
(18.523)(21.813)(24.292)(30.278)(32.058)(35.095)(39.532)
- crevettes3.1383.6824.25714.6944.27216.4995.14334.3004.89142.0915.22748.8275.08550.368
(17.425)(21.296)(23.043)(28.328)(26.924)(30.460)(33.710)
- langoustes17342013056523457471284.2121463.7911423.033
(161)(188)(730)(617)(2.694)(2.371)(2.030)
- crabes991121201621111182508842661.9293211.3585012.223
(530)(235)(304)(730)(1.234)(849)(1.488)
- poissons551721144850160276194370316330647951
(80)(20)(70)(229)(237)(206)(637)
- autres127692151381041244544581.5153311.9335372.491
(327)(74)(145)(375)(969)(1.209)(1.667)

Q : Quantité en tonnes

V : Valeur FOB - première ligne en million de FMG
- deuxième ligne en millier de dollars E.U

(1) Données provisoires

Sources: Statistiques du commerce extérieur de Madagascar pour 1980 – 89, Banque de données de données de l'Etat, pour 1990 Ministère de l'Economie et du Plan, Rapports d'activités 1988, 1989 et 1990 DPA.

On peut toutefois noter que:

L'analyse du changement de la structure des produits halieutiques exportés permet de faire d'autres remarques. Ainsi l'exportation des produits de la pêche est basée essentiellement sur la vente des crevettes (en moyenne, plus de 90 % de l'exportation totale) bien qu'une tendance à la baisse se dessine à partir de 1985 (98 % en 1985 et 85 % en 1990) dûe à la croissance plus dynamique de l'exportation des autres produits halieutiques, tels que : langoustes, crabes, trépangs et différents poissons.

Madagascar exporte toujours peu de poissons (1,6 % des produits halieutiques exportés en 1990), mais beaucoup de crustacés (plus de 94 % de l'exportation des dernières années). Cette situation est liée à la demande mondiale, aux prix élevé des crustacés et à la position géographique de Madagascar qui se situe loin des principaux marchés de poissons. Les poissons sont exportés le plus souvent vers les îles voisines : Comores, Réunion et Maurice. Le commerce du poisson avec les pays situés en dehors de la sous-région de l'Océan Indien occidental est négligeable, compte-tenu de l'absence de compétitivité du poisson malgache, aggravé par le coût élevé du transport vers des destinations éloignées.

La crevette, principal produit exporté, est expédiée avant tout vers 2 pays : le Japon et la France (Métropole et Réunion). En 1990, une forte partie de la production (26,3 %) a été exportée vers les Pays Bas. Les principaux marchés pour les autres produits exportés sont les suivants:

-langoustes: France (Métropole et Réunion)
-crabes: France (Métropole et Réunion)
-trépangs: Singapour et Hong Kong
-ailerons de requin: Singapour et Hong Kong
-coquillages: Italie, France, Allemagne et Inde

II reste encore à noter qu'à partir de 1989 les exportations de produits halieutiques sont exonérés d'impôts et de taxes.

L'analyse menée auparavant permet de tirer quelques conclusions plus générales. Madagascar appartient au groupe des pays exportateurs nets des produits halieutiques. En conséquence, le marché interne est privé d'une certaine quantité des produits de pêche. II est difficile de trouver les facteurs qui pourraient changer à l'avenir cette situation. L'importation, même si elle est en augmentation sera toujours limitée par la disponibilité de ressources importantes en poissons et par le pouvoir d'achat très bas des malgaches.

Pour l'exportation, on peut prévoir, à court et moyen terme qu'elle va se développer, tant pour les crustacés que pour les poissons et les autres produits de mer. Mais ces exportations (en quantité) resteraient probablement toujours aux alentours de 10 à 20 % de la production annuelle de Madagascar. En 1990, l'exportation du secteur de pêche a atteint le niveau de 11.200 tonnes environ, (tonnage converti en produits entiers frais) soit 10,8 % de la prise totale. Prenant en considération ce pourcentage, qui est actuellement relativement bas, ainsi que la spécialisation des opérateurs malgaches dans l'exportation de crustcés, produits trop chers pour le malgache moyen, on peut constater que ce genre de commerce extérieur n'a qu'une influence très limitée sur la consommation locale des produits halieutiques.


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