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PRESENTATION DU PROJET PNUD/FAO/MAG/88/005 “PROMOTION
DE L'AQUACULTURE ET PRIVATISATION DE LA PRODUCTION D'ALEVINS”

Johannes Janssen, CTP du projet MAG/88/005

I. Introduction

Les activités dans le secteur de la (rizi) pisciculture à Madagascar ont pour une grande partie débuté avec la venue du projet multidisciplinaire PNUD/ FAO/MAG/76/002 “Développement de la pêche continentale et de l'aquaculture” qui avait entre autres objectifs d'assister les services techniques gouvernementaux en équipant certains centres piscicoles et en formant les, cadres nationaux aux techniques d'exploitation. Ensuite, le projet PNUD/FAO/MAG/82/014 “Vulgarisation de la pisciculture et développement de la pêche continentale” a concentré ses activités sur la vulgarisation piscicole dans la Circonscription de la Pêche et de l'Aquaculture (CIRPA) du Vakinankaratra. Ce projet, démarré en janvier 1985 et terminé en juillet 1988, a créé un réseau de 30 secteurs piscicoles, chacun animé par un vulgarisateur, permettant l'encadrement de plus de 7.000 paysans pisciculteurs et assurant la distribution de 400.000 alevins de carpe commune var. royale (Cyprinus carpio L.) aux paysans pisciculteurs lors de la campagne 87–88. Ainsi, la surface cultivée est de l'ordre de 500 ha dont 475 ha en rizipisciculture et 25 ha en pisciculture pour une production qui dépasse légèrement 100 t/an.

Bien que la (rizi) pisciculture ait été l'objet d'une attention particulière des autorités responsables depuis plusieurs décennies, les résultats obtenus jusqu'à présent restent encore modestes. Les plus importants facteurs limitants de cette activité sont d'une part la capacité de production en alevins des centres piscicoles et d'autre part la distribution de ces alevins par les unités décentralisés du Gouvernement. A titre d'exemple, la production d' alevins en 1988 était seulement d'environ 600.000 alevins.

Il faut souligner que : (i) Madagascar dispose de 1.200.000 ha de rizières irriguées ce qui correspond à un potentiel de production de l'ordre de 50.000 à 70.000 t/an (surface propice à la rizipisciculture 20% ; production 200 à 300 kg/ha/cycle) ; (ii) cette quantité de poissons est produite et consommée dans des zones à forte densité démographique, loin des grands marchés de poissons, par la couche de la population la plus rurale ; (iii) l'intérêt des paysans pour la (rizi) pisciculture est d'autant plus fort qu'elle ne requiert pas de frais considérables et qu'elle génère un revenu monétaire complémentaire non négligeable pour l'exploitant de l'ordre de 25% en plus de son revenu rizicole.

C'est dans ce contexte que le Gouvernement de la République Démocratique de Madagascar a sollicité une prolongation de l'assistance technique auprès du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) respectivement comme bailleur de fonds et agence d'exécution. Le Ministère de la Production Animale (Elevage et Pêche) et des Eaux et Forêts a été désigné comme organisme d'exécution du Gouvernement. Ainsi le document de projet fut signé le 30 Août 1988 et le projet MAG/88/005 “Promotion de l'aquaculture et privatisation de la production d'alevins” a pu prendre la relève en Janvier 1989 avec l'arrivée de l'expert en vulgarisation/formation, 8 mois après la fin du projet précédent. Le projet, prévu pour une période de 3 années, devrait donc prendre fin en Décembre 1991. La contribution du bailleur de fonds est de 756. 685 dollars E.U. et celle du Gouvernement 507.500.000 FMG. La zone d'intervention du projet reprend celle du projet précédent (CIRPA du Vakinankaratra, zone Nord) à laquelle s'ajoute la CIRPA de Fianarantsoa (zone Sud), le projet collabore étroitement avec le Service Provincial de la Pêche et de l'Aquaculture (SPPA) de Fianarantsoa.

II. Objectifs du projet

L'objectif de développement (section III.8.2.2. du Plan de Développement 1986–1990) auquel contribuera le projet est l'augmentation de l'apport protéinique des produits de pêche continentale par la production de 118.000 t/an en 1990. Cet objectif est à comparer avec une production estimée à 60.000 t/an en 1988.

Bien que le projet vise à court terme une augmentation de la production halieutique provenant de la (rizi) pisciculture, la conception générale est basée sur la mise en place d'un réseau de producteurs privés d'alevins en milieu rural, autonome et indépendant afin d'assurer la production d'alevins, nécessaire aux empoissemenents des rizières et des étangs de pisciculture. Ce rôle est actuellement pris en charge par les services d'état.

(i) Au niveau des paysans pisciculteurs

Augmentation de la production (risi) piscicole de 100 t/an à 325 t/an dans la région d'Antsirabe (zone nord) et jusqu'à 140 t/an dans la zone de Fianarantsoa (zone sud) au terme du projet ; étalement de la production dans le temps, par l'introduction et l'utilisation de techniques adéquates de production et de conservation des produits.

(ii) Au niveau des producteurs d'alevins privés

Zone nord : capacité de produire et de commercialiser au moins 1 million d'alevins de carpe royale. Cette capacité sera répartie à travers la zone de manière équilibrée dans une trentaine de points de production capable de produire entre 20.000 à 50.000 alevins chacun.

Zone sud : après la mise en place d'un système de vulgarisation, une quinzaine d'unités de production d'alevins avec une production de 250.000 alevins au terme du projet (campagne 90/91)

(iii) Au niveau des services d'appui (les stations piscicoles)

Consolidation de la capacité du service d'appui existant dans les domaines de la conservation et de l'amélioration des souches, de la mise à la disposition des producteurs privés de géniteurs appropriés ainsi qu'un appui initial au secteur de production privée, en assurant la production d'au moins 2 (deux) millions d'alevins cessibles par an, en attendant que les producteurs privés puissent prendre la relève. Chaque zone assurera 1 (un) million d'alevins produits respectivement par la station d'Ambatofotsy/Ambatolampy (zone nord) et la station d'Ampamaherana (zone sud).

(iv) Au niveau des structures d'appui (services de vulgarissation)

Maintien et consolidation de la capacité des services d'appui dans les domaines d'encadrement technique des producteurs privés d'alevins et des paysans pisciculteurs en matière notamment de complément d'alimentation et de l' identification des canaux de commercialisation (zone nord) et mise en place d' un tel service avec la même capacité d'encadrement (zone sud).

III Personnel du projet

A présent le projet dispose de :

  1. Personnel national : un Directeur National ; un ingénieur chef CIRPA de Vakinankaratra ; un adjoint technique, chef de la station d'Ambatofotsy/Ambatolampy ; un adjoint technique, responsable de la formation (zone nord) ; deux adjoints techniques, responsables de la vulgarisation (zone nord et sud), 5 vulgarisateurs permanents (chefs de zone) pour la zone nord et 30 vulgarisateurs pour la zone sud.

  2. Personnel international : un Conseiller Technique Principal, responsable du projet et responsable des activités de la zone nord ; un expert vulgarisateur/formateur, responsable des activités de la zone sud et responsable de la formation et un cadre associé, responsable de la vulgarisation (zone nord).

Deux ingénieurs dont un chef CIRPA de Fianarantsoa et un chef de station d'Ampamaherana, du côté Gouvernement ainsi qu'un cadre associé, responsable de la vulgarisation (zone sud) et deux volontaires des Nations Unies, un gestionnaire pour la station d'Ambatofotsy/Ambatolampy et un pisciculteur pour la station d'Ampamaherana du côté PNUD/FAO sont attendus dans les meilleurs délais.

IV. Activités du projet

Le plan de travail élaboré par le projet prévoit une vingtaine d'activités prinicipales dont les plus importantes sont :

(i) Au niveau des paysans pisciculteurs

Continuation de l'effort de vulgarisation auprès des 8.000 paysans de la CIRPA du Vakinankaratra et identification et encadrement de 8.000 paysans de la CIRPA de Fianarantsoa.

(ii) Au niveau des producteurs privés d'alevins

Selection parmi les vulgarisateurs actuellement employés et les meilleurs pisciculteurs des futurs producteurs privés d'alevins et assistance à leur installation par l'entremise d'un fonds de roulement et de l'appui technique nécessaire (zone nord). Cette même activité ne sera commencée qu'à partir de la deuxième année dans la zone sud.

(iii) Au niveau des services d'appui (stations et vulgarisation)

Zone nord : redéfinition d'une structure de vulgarisation avec le maintien de 5 vulgarisateurs permanents permettant l'encadrement des producteurs privés et les paysans pisciculteurs ; mise en place d'un service d'appui technique et de fourniture d'intrants aux producteurs privés ; supervision technique de la production piscicole sur la station d'Ambatofotsy/Ambatolampy.

Zone sud : recrutement, formation théorique et pratique de 30 vulgarisateurs piscicoles ; identification de 30 secteurs piscicoles appropriés ; élaboration et mise en oeuvre d'un programme de vulgarisation ; assistance technique à la redynamisation de la production massive d'alevins sur la station d'Ampamaherana ;

Commun aux deux zones : organisation et réalisation des campagnes de cession ; mise en place des structures pour l'amélioration et le maintien des stocks de géniteurs et à la production des hypophyses nécessaires ; recyclage semestriel du personnel de vulgarisation et du personnel cadre aux techniques de gestion ; élaboration et mise en place d'un système de suivi et d'évaluation des programmes.

V. Avancement et résultats du projet

Bien que le projet soit à ses débuts et que les résultats de la première campagne (89/90) ne soient disponibles qu'à partir de mars 1990, les plus importants résultats du projet jusqu'à présent sont :

(i) Au niveau des paysans pisciculteurs

Zone nord : le dernier recensement en date d'avril 1989 fait ressortir un nombre de 8.000 encadrés dont rizipisciculteurs et 4.000 pisciculteurs (certains exploitants pratiquent la rizipisciculture et la pisciculture en étang) pour une surface cultivée de 570 ha et 100 ha respectivement. La production de ces exploitants piscicoles est estimée à environ 150 t/an.

Zone sud : cette zone n'a pas encore été encadrée et les premières données ne seront disponibles qu'après la campagne 89/90.

(ii) Au niveau des producteurs privés

Zone nord : une étude de milieu et une étude de faisabilité ont été réalisés. Jusqu'à présent nous avons reçu et étudié 18 dossiers ; 14 exploitants ont démarré les travaux d'aménagement des étangs piscicoles et 9 stations sont opérationnelles, dont 8 ont reproduit, dès cette campagne, des alevins de carpe commune var royale. La production est estimée à environ 100.000 alevins commercialisés.

Zone sud : il est prévu de démarrer cette activité en 1990.

(iii) Stations piscicoles

Zone nord (Ambatolampy) : 150 femelles ont été reproduites semi-artificiellement (sur kakaban) et artificiellement (incubation sur kakaban et dans des bouteilles de Zoug). La production de larves s'élève à environ 4 millions (25.000/femelle) et la production est estimée à 1 Million d'alevins cessibles dont 800.000 commercialisés.

Zone sud (Ampamaherana) : Seule la Vallée Heureuse (série C) a été utilisée pour cette campagne pour la production d'alevins. La production est estimée à environ 300.000 alevins cessibles dont 250.000 commercialisés.

(iv) Vulgarisation

Zone nord : le système de vulgarisation a été redéfini en fonction des changements du personnel d'encadrement. Les vulgarisateurs seront graduellement remplacés par les producteurs d'alevins (secteur privé), seul 5 encadreurs permanents (chefs de zone) restent pour assurer l'encadrement des producteurs privés (contact individuel) et des paysans pisciculteurs (contact par groupe). Pour la campagne de cession 89/90, 650.000 alevins ont été commandés.

Zone sud : une étude de milieu a permis le choix d'une zone d'intervention composée de 6 Fivondronana : Fianarantsoa I et II, Ambalavao, Ambositra, Ambohimahasoa et Fandriana, ainsi que 30 secteurs piscicoles. 30 vulgarisateurs piscicoles ont été sélectionnés et formés et un système de vulgarisation a été élaboré et mis en place. Pour la campagne 89/90, 600.000 alevins ont été commandés. Ce chiffre démontre l'intérêt et confirme la potentialité de cette zone pour la pisciculture et surtout la rizipisciculture.


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