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6. CONCLUSION

Les conflits entre pêche artisanale et pêche industrielle soulève le problème des priorités données par l'Etat à l'une ou l'autre pêche.

Au niveau des crédits par exemple il ne semble pas que la pêche industrielle jouisse de facilités alors que des prêts avantageux sont accordés par la Banque Nationale de Développement agricole aux pêcheurs artisanaux s'ils s'organisent en GVC. (Dans les faits pourtant ces prêts sont peu importants 0,8% du total de l'octroi de crédits en 1980/81 encore que ce chiffre englobe l'élevage et la pêche (1)).

(1) Côte d'Ivoire, Crédits à la pêche, projet de pêche artisanale en lagune Aby. Annexe 3

Les priorité peuvent être données en modifiant l'accès aux ressources par des licences ou par des interdictions de pêche par exemple (premier mille marin).

On a vu que les conflits en Côte d'Ivoire concernent surtout les chalutiers et les sardiniers confrontés aux pirogues et à leurs engins. Ces conflits peuvent également se traduire par une compétition au niveau de la ressource qui est partagée.

Les problèmes concernant l'exploitation de la crevette demandent que de nombreuses considérations socio-économiques et d'autres purement économiques soient pris en considération par l'Etat si l'on veut établir un plan d'aménagement global. Des mesures devraient être prises bientôt si la ressource vient à diminuer en taille ou en quantité. Il semble que pour l'instant les choses soient laissées au hasard et que les conflits directs qui éclatent entre pêcheurs crevettiers et autochtones soient réglés au coup par coup sans pour autant que les problèmes soient résolus ou tout au moins allégés.

Il n'est pas de notre ressort de donner des conclusions sur l'exploitation partagée des sardinelles. Elle nous semble inévitable et la seule améliorartion que nous pourrions envisager est une meilleure efficacité dans le réglement des conflits résultant de la destruction d'engins.

De même pour la pêche chalutière, nous ne pouvons nous prononcer sur les incidences qu'auront les deux pêches conjointes sur le stock de poisson du premier mille marin et s'il y a destruction par l'une ou l'autres pêche des juvéniles. En ce qui concerne néanmoins les destructions de filets nous pouvons affirmer que la fréquentation du premier mille par les chalutiers tend à confirmer que l'effort de pêche tendra à accroître les chances d'affrontement entre pêche artisanale et pêche industrielle. En règle générale il apparait que les fonds sont d'autant plus exploités qu'ils sont plus côtiers, étant fréquentés par les deux pêches.

Les pêcheurs piroguiers ignorent souvent que le premier mille est interdit de pêche aux chalutiers - ceci peut être une des raisons pour lesquelles ils ne contactent pas les Centres des pêches - mais s'ils réagissent il faudrait que la position officielle soit claire. Pourquoi a-t-on fait une loi si rien n'est entrepris pour la faire respecter? Doit-on la modifier ou faire un effort pour lui redonner vigueur?

Il ne nous appartient pas de donner un réponse mais, puisque la Direction des Pêches Maritimes et Lagunaires insiste sur le développement de la pêche artisanale maritime nous pensons que ces questions valent la peine d'être posées. En effet, même si les affrontements ne sont pas dramatiques aussi bien au niveau de la ressource qu'au niveau de la destruction des filets, ils entravent pourtant un développement harmonieux de la pêche artisanale sur le littoral ivoirien.

Nous aimerion relever enfin - de nouveau - que le fait que les pêcheurs maritimes artisanaux soient étrangers est probablement un handicap sérieux dans leur intégration. Les efforts faits à Grand Béréby sont prometteurs, pourquoi ne pas les entreprendre autre part?


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