Page précédente Table des matières Page suivante


1. INTRODUCTION


1.1. Présentation générale de la Nouvelle-Calédonie
1.2. La végétation naturelle de Nouvelle-Calédonie
1.3. Régimes fonciers de Nouvelle-Calédonie
1.4. Politique et réglementation
1.5. Importance socio-économique des ressources forestières de Nouvelle-Calédonie
1.6. Importance écologique des ressources forestières de Nouvelle-Calédonie

1.1. Présentation générale de la Nouvelle-Calédonie

La Nouvelle-Calédonie est un des archipel les plus grands du Pacifique Sud avec une superficie totale des terres de 19 100 km2. Il est constitué de:

- l'île principale (la Grande Terre) dont la superficie totale est de 16 890 km2 (450 x 60 km);
- l'île des Pins au Sud;
- l'archipel des îles Loyauté à l'Est;
- les îles Bélep, Chesterfield et Huon-Surprise au Nord.
L'île principale représente 88 pour cent de la surface totale des terres du Territoire et elle inclue une série de montagne en son centre. L'altitude atteint son maximum au Mont Panié (1 628 m).

La population est constituée de 200 000 habitants, répartis de la façon suivante:

- Soixante-huit pour cent de la population est dans la Province Sud (densité de 19 habitants/km2).
- Vingt et un pour cent de la population est dans la Province Nord (densité de 4 habitants/km2).
- Onze pour cent de la population habite dans les îles Loyauté (densité de 10 habitants/km2).
La densité moyenne de la population calédonienne est de 10,6 habitants par km2 et le taux de croissance est estimé à environ 1,7 pour cent.

La roche éruptive ultrabasique (ultramafique) représente un tiers de la surface totale mais les sols sont très variés.

Le climat est de type subtropical avec quelques ouragans. La plupart des précipitations est concentrée dans la première partie de l'année.

La côte Est, au vent, est humide (2 à 4 mètres de précipitation par an) et celle à l'Ouest, sous le vent, est sèche (0,8 à 1,5 mètres de précipitation par an).

La Nouvelle-Calédonie est considérée comme un des 10 «hot spot» de la planète avec une flore naturelle très riche et plus de 3 300 espèces connues. Soixante-dix sept pour cent de ces espèces sont endémiques avec des caractères archaïques très forts. Il y a environ 600 espèces ligneuses, dont moins de 100 présentent un intérêt économique. Les familles les plus importantes (en nombre d'espèces) sont celle des Myrtaceae (223 espèces), Rubiaceae (218 espèces), Euphorbiaceae (150 espèces), Araliaceae (102 espèces), Cunoniaceae (90 espèces), Rutaceae (86 espèces), Cyperaceae (72 espèces), Gymnospermes (44 espèces), Pandanaceae (33 espèces) et celle des Palmae (32 espèces).

Cinq familles de plante sont endémiques:

- Amborellaceae (1 espèce);
- Oncothecaceae (2 espèces);
- Paracryphiaceae (1 espèce);
- Phellinaceae (10 espèces);
- Strasburgeriaceae (1 espèce).
La biodiversité de la Nouvelle-Calédonie (faune, flore, écosystèmes) intéresse de nombreux scientifiques des Etats-Unis d'Amérique, d'Australie, de Nouvelle-Zélande, d'Irlande, d'Allemagne, de France, d'Europe de l'Est, de Cuba, de Fidji, du Japon de du Royaume Uni.

1.2. La végétation naturelle de Nouvelle-Calédonie

Les facteurs écologiques déterminant la diversité, le taux d'endémisme et la localisation de la végétation naturelle calédonienne sont l'isolement géographique, la variabilité climatique (due au relief) et la diversité du substrat géologique (tableau 1).

Le taux de déforestation est important dans les forêts sclérophylles et durant un siècle et demi de colonisation, le nombre d'espèces disparues est de moins de dix.

1.3. Régimes fonciers de Nouvelle-Calédonie

Les principaux régimes fonciers en vigueur concernant les terres forestières de Nouvelle-Calédonie sont brièvement décrits dans le tableau 2. Les populations n'utilisent pas les trois premiers types de forêt pour l'agriculture, mais elles préfèrent les savanes et les formations arbustives.

TABLEAU 1: LA VEGETATION NATURELLE DE NOUVELLE-CALEDONIE

Types

Précipitation (m/an)

Altitude (m)

Surface en ha (% de la surface totale)

Localisation

Caractéristiques

Forêt humide

1,5-3,5

300-1000

364000
(19%)

Vallées et pentes de la chaîne moyenne de la Grande Terre

Croissance non dynamique
Archaïsme
Contient des bois d'œuvre de grande valeur et la plupart des conifères calédoniens
Endémisme de 85 pour cent
Hauteur supérieure à 20 mètres
Diversité des sols et des espèces (arbres, fougères, palmiers, orchidées, etc.)
Environ 1 800 espèces de phanérogames
Volume de bois d'œuvre commercial supérieur à 60 m3/ha, total de 21 millions de m3

Forêt d'altitude

>3,5

1000-1500

10000
(0,5%)

Sommets et crêtes de la chaîne principale de montagne Grande Terre

Climat nuageux
Exploitation impossible
Hauteur inférieure à 15 mètres

Forêt sur sols calcaires

1,8

0-130

93000
(5%)

Iles Loyauté, île des Pins et quelques endroits sur la Grande Terre

Petits arbres (hauteur <20 mètres)
Densité importante d'arbres, de plantes et de plantes rampantes et grimpantes
Sols rocheux et terres sur plateaux calacaires
Exploitation limitée à des espèces d'Intsia et d'Araucaria

Forêt sclérophylle

£1

0-200

Environ
20 000
(1%)
Jusqu'à 400000 ha,
il y a 3500
ans

Côte Ouest de la Grande Terre

Menacée par les incendies, les défrichements pour les terres, le surpâturage et la sécheresse 379 espèces de plantes
Endémisme de 56 pour cent
Hauteur <15 mètres
Diamètre des tiges <40 cm
Pas de gymnospermes ni de fougères arborescentes ni de palmiers
Beaucoup de zones forestières dispersées

Savane arborescente

1-2,5

0-80

226 000
(12%)

Collines, pentes et plateaux de la Grande Terre

Flore limitée
Endommagée par les incendies
Présence d'une espèce résistante au feu, le Niaouli (Melaleuca quinquenervia)
Sous-bois dominé par des espèces exotiques (Guava, Lantana, Leucaena, etc.)

Maquis (Formations arbustives)

0,8-4

0- 1 300

412 000 (22%)

Roches ultramafiques

Non adapté aux cultures
Climax édaphique
Nombreuses espèces ligneuses
Endémisme de 90 pour cent


Pinus caribaea (et P. elliottii)

1-2,5

0-700

9200
(0,4%)

En général, sur les roches sédimentaires

Introduction en 1958
Accroissement en hauteur de 1 à 1,4 m/an
Accroissement en volume de 10 à 20 m3/an/ha
75% dans la Province Nord

Plantations

Eucalyptus

1-1,5

0-200

200

Idem

Essais pour la pulpe de bois


Espèces locales (feuillus)

1-3

50-500

440

Savanes et forêts

Famille des Araucariacées Plantation depuis 1966 Croissance lente Dégâts par les ouragans, les cerfs, etc.

Marécages

1-3

0

16000
(0,8%)

Nord et Sud de la Grande Terre

Faune variée

Mangroves

1

0

20000
(1%)

Nord et Ouest de la Grande Terre

Habitat important pour les poissons et les oiseaux
Hauteur < 10 mètres
Environ 20 espèces de plante


TABLEAU 2: PRINCIPAUX REGIMES FONCIERS DE NOUVELLE-CALEDONIE

Types de végétation

Tenures foncières

Activités/vocations

Forêts humides et d'altitude

Terres publiques (à 90%)

Conservation de la biodiversité, des eaux et des paysages
Chasse, pêche, exploitation forestière et tourisme

Forêts sclérophylles

Terres privées

Pâturage pour le bétail et les cerfs

Forêts sur sols calcaires

Terres mélanésiennes (à 95%)

Chasse
Conservation des sols et des eaux

Savanes

Terres publiques, privées et mélanésiennes

Pâturage pour le bétail
Cultures
Chasse

Maquis et forêts d'Araucaria

Terres publiques

Conservation de la biodiversité
Activités minières

Plantations

Terres publiques (à 85%) et mélanésiennes

Exploitation forestière (sciages, poteaux, haies)
Conservation des sols et des eaux

Mangroves

Terres publiques

Conservation Pêche

1.4. Politique et réglementation

En tant que Territoire français d'Outre-Mer (TOM), la Nouvelle-Calédonie a une longue tradition des lois et règlements. Depuis 1910, et du fait de l'autonomie de plus en plus marquée de la Nouvelle-Calédonie, beaucoup des règlements ont été adaptées par les autorités locales afin de prendre en compte son isolement, ses cultures européenne et mélanésienne, son histoire et statut singuliers, ses ressources minérales et naturelles, etc. Le premier service forestier calédonien a été créé en 1948 (voir l'annexe 2)

La France a ratifié la Convention sur la diversité biologique. Néanmoins, du fait de son statut légal, la Nouvelle-Calédonie ne peut pas appliquer les lois nationales françaises en matière de foresterie, d'espèces et d'habitats en danger, etc. Depuis 1989, chaque Province de Nouvelle-Calédonie possède sa propre politique. Ainsi, en 1995-1997, la Province Nord a décidé de[1]:

- limiter l'exploitation forestière dans quelques riches forêts humides accessibles (5% de la surface totale forestière);

- protéger les autres forêts natives;

- développer les plantations de pins afin de satisfaire 20 pour cent des besoins locaux (accompagnées de pépinières, routes, enquêtes économiques, tailles, éclaircies, etc.);

- augmenter la connaissance et la protection des espèces natives appartenant aux genres Araucaria, Agathis, Montrouziera et Santalum;

- réaliser le recensement et la cartographie des principales forêts (naturelles et artificielles);

- réaliser des enquêtes et des recherches sur les animaux sauvages (situations, menaces, habitats, etc.);

- aider les propriétaires privés et mélanésiens dans leurs projets de plantation et de développement;

- voter une loi contre les incendies de forêt;

- tester quelques espèces exotiques telles que le mahogany, khaya, grevillea;

- favoriser la découverte et le respect des forêts par les touristes et les populations locales;

Pour l'exploitation durable des forêts, le Permis temporaire d'exploitation (PTE) créé en 1980 (annexe 2) contient des règles précises:
- La coupe des «petits arbres» (tiges de diamètre inférieur à 50 cm) est interdite (exception pour les futures routes et les futurs chemins).

- Le permis est valable pour une période de cinq ans et ses frontières et surfaces sont limitées.

- Tous les arbres commerciaux sont mesurés, comptés et marqués par le Service forestier avant exploitation.

- Environ 10 pour cent des arbres (les spécimens remarquables) sont gardés pour la régénération.

- Les routes principales sont construites par des spécialistes selon les critères du Service forestier.

- Les dommages faits aux arbres, ruisseaux et aux régénérations sont contrôlés.

- Le déchargement et le transport des arbres entiers (fûts et branches) sont interdits.

- L'exploitation est limitée ou interdite durant les longues périodes pluvieuses (du fait des risques d'érosion des sols et pour la qualité des eaux).

- La plantation d'espèces natives après exploitation est possible et encouragée.

- Un permis spécial est nécessaire pour la coupe des perches, petits arbres et fougères arborescentes mortes sur les terres publiques.

1.5. Importance socio-économique des ressources forestières de Nouvelle-Calédonie

Le Produit intérieur brut (PIB) de la Nouvelle-Calédonie est de 11 800 dollars EU par habitant et par an. La consommation locale de bois de sciage en 1997 a été estimée à 18 196 m3 avec une production locale constituant 18 pour cent de la consommation pour cette même année (soit 3 220 m3) et 30 pour cent pour l'année 1987. Les importations, quant à elles, représentaient 82 pour cent de la consommation (soit 14 976 m3) en 1997, et 70 pour cent pour l'année 1987. Les importations sont constituées de bois de conifères provenant essentiellement de Nouvelle-Zélande, Australie, Fidji et Etats-Unis d'Amérique. L'origine des bois locaux est détaillée dans le tableau 3 et les informations concernant les compagnies d'exploitation forestière et les scieries de Nouvelle-Calédonie dans le tableau 4.

Les revendications foncières et les événements politiques en Nouvelle-Calédonie (années 80), mais également la compétition avec le bois importé bon marché, font que la production locale a chuté (tableau 5).

La première exploitation de pins a eu lieu en 1994. Cette production augmente actuellement, spécialement en Province Nord, où sont situés 85 pour cent des plantations productives.

TABLEAU 3: ORIGINE DES BOIS LOCAUX

Provinces

 

Production de grumes (m3)

Forêts humides

Plantations de pin

Total

1997

1998

1997

1998

1997

1998

Sud

1 482

757

468

516

1 950 (50%)

1 273 (28%)

Nord

942

1423

981

1810

1 923 (50%)

3 233 (72%)

Iles Loyauté

0

0

0

0

0

0

Total

2 424
63%

2 180
48%

1 449
37%

2 326
52%

3 873
100%

4 506
100%


TABLEAU 4: LES COMPAGNIES FORESTIERE D'EXPLOITATION DE NOUVELLE-CALEDONIE


Province Nord

Province Sud

Compagnies d'exploitation forestière

2

3

Scieries

2

4

Nombre d'employés

35

38


TABLEAU 5: PRODUCTION DE GRUMES AVANT LA PROVINCIALISATION (1989)

Périodes

Production totale (m3)

Espèces principales

Houp (Montrouziera cauliflora)

Tamanou (Calophyllum caledonicum)

Kaori (Agathis moorei)

Hêtre (Kermadecia leptophylla)

Sapin (Araucaria heterophylla)

1948-88

392 449

98 843

73 530

58 657

47 034

22 805

Maximum en 1979

21 110

Ces espèces représentent 77% de la production totale

Minimum en 1950

3 030



Le surface exploitée en forêt dense humide depuis 1960 est d'environ 10 000 hectares (3% de la surface totale de cette forêt). De plus, la surface moyenne de forêt humide exploitée annuellement est de 25 à 80 hectares, avec un volume moyen variant de 10 à 30 m3 par hectare.

Le bois d'œuvre en Nouvelle-Calédonie est principalement utilisé pour les meubles, les piquets de haies, la sculpture, les poteaux de ligne téléphonique et électrique, les ponts, etc. Le bois est gratuit à l'exception des royalties payées au Territoire, qui représentent 2 pour cent du prix moyen du mètre cube de bois de sciage calculé pour chaque espèce.

Depuis 1986, le prix de vente moyen du bois de sciage est de 35 000 à 80 000 Francs Pacifique (F CFP) par mètre cube[2]. Pour un produit de qualité équivalente, la différence de prix d'achat entre du bois de sciage local et importé peut atteindre 100 pour cent.

1.6. Importance écologique des ressources forestières de Nouvelle-Calédonie

Les arbres et les forêts sont importants pour:

- les habitats des espèces animales endémiques, spécialement la faune entomologique, herpétologique et l'avifaune;

- les ressources de bois pour des utilisations locales ou industrielles;

- les plantes et substances médicinales;

- la protection des sols, eaux et paysages contre les incendies, les pluies tropicales, etc.;

- la chasse et la pêche;

- la culture mélanésienne (ancêtres, cimetières, contes et légendes);

- l'importante biodiversité biologique calédonienne.


[1] Source: Développement forestier en Province Nord - Janvier 1995)
[2] 1 Euro équivaut à 119 Francs Pacifique (F CFP)

Page précédente Début de page Page suivante