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PATHOLOGIE DE LA NUTRITION

A.G.J. TACON

Alors qu'en élevage extensif et semi-extensif, les poissons satisfont tout ou partie de leurs besoins nutritionnels dans leur environnement même, les sujets soumis à une culture intensive dépendent entièrement du régime alimentaire complet qui leur est fourni tout au long de leur cycle d'élevage. Pour de nombreuses espèces d'élevage, la mise au point des rations alimentaires complètes (en conditions de culture intensive) s'est faite en dépit du manque de données disponibles sur les besoins nutritionnels essentiels des poissons. Il n'est donc peut-être pas surprenant que des troubles se produisent souvent du fait de régimes incomplets ou mal équilibrés. Le présent article tente de mettre en lumière les principaux troubles nutritionnels observés chez des poissons soumis à un élevage intensif.

1.   TROUBLES DE LA NUTRITION PROTEIQUE

1.1.   Carence en acides aminés essentiels (AAE)

Bien que l'on ait constaté une croissance ralentie chez tous les poissons examinés jusqu'à présent, lorsqu'il y a une carence d'acides aminés dans leur régime alimentaire, d'autres anomalies anatomiques ont également été observées, en conditions expérimentales, chez des juvéniles à qui l'on distribuait des rations déficientes en un ou plusieurs AAE. (Tableau 1)

En pisciculture courante, les carences alimentaires en AAE peuvent avoir trois origines :

-   Mauvaise formulation de l'aliment du fait du déséquilibre dans les proportions de protéines utilisées présentant des carences naturelles spécifiques en AAE. Le tableau 2 donne les indices chimiques et les AAE limitants d'un certain nombre de protéines alimentaires sélectionnées dont disposent les fabricants d'aliments pour poissons. Dans un souci de comparaison, les indices chimiques ont été calculés pour des sources protéiques particulières par rapport aux besoins moyens en AAE de la truite arc-en-ciel et de la carpe commune (OGINO, 1980). Par rapport à la farine du poisson dont la formule en AAE est bien équilibrée, la plupart des sources protéiques étudiées présentent des déséquilibres en acides aminés qui les empêchent de satisfaire à elles seules les besoins protéiques des poissons : par exemple, carence en méthionine dans les protéines végétales, levures, farines de viande et d'os, farine de sang, farine de plumes hydrolysée ; carence en lysine dans les graines oléagineuses, les farines de plumes hydrolysées et les algues ; carence en thréonine dans certaines graines oléagineuses et légumineuses ; manque de tryptophane dans l'ensilage de poisson. Il est clair que, lors de la formulation des aliments, une attention particulière doit être apportée dans le choix de ces derniers pour obtenir le niveau global souhaitable d'AAE.

-   Les déséquilibres alimentaires peuvent aussi provenir d'une disproportion dans les niveaux d'acides aminés spécifiques, y compris les antagonismes leucine/isoleucine et, à un moindre degré, les antagonismes arginine/lysine et cystine/méthionine. Par exemple, la farine de sang est riche en valine, leucine et histidine, mais pauvre en méthionine et isoleucine. Cependant, compte tenu de l'effet antagonique dû à un excès de leucine par rapport à l'isoleucine, les animaux absorbant trop de farine de sang souffrent d'un manque d'isoleucine provoqué par un excès de leucine alimentaire (TAYLOR et al., 1977). Encore que des antagonismes semblables aient également été enregistrés pour la cystine/méthionine (utilisation de farine de plumes hydrolysée ; ICHHPONAMI & LODHI, 1976) et pour l'arginine/lysine (HARPER et al., 1970) chez les animaux terrestres, ils n'ont pas été observés chez des poissons dont le régime alimentaire contient un mélange d'acides aminés de synthèse (ROBINSON et al., 1981).

-   Les carences en AAE peuvent se produire lorsque les protéines sont soumises à une chaleur excessive au cours de la fabrication proprement dite des aliments. Ainsi, avec un traitement thermique excessif, les protéines deviennent plus difficiles à hydrolyser du fait de la liaison peptidique qui se crée entre la chaîne latérale de la lysine et celle de l'acide dicarboxylique. La fonction ε -aminée libre de la lysine est particulièrement sensible aux méfaits de la chaleur et produit avec les molécules non protéiques présentes dans l'aliment (sucres réducteurs) des matières premières accompagnatrices. La valeur biologique des protéines alimentaires peut être évaluée par une analyse chimique de la teneur en lysine libre ou disponible (disponibilité du groupe ε-aminé ; COWEY, 1979)

-   Les déficiences en AAE peuvent être provoquées par un traitement chimique des protéines alimentaires avec des acides (production d'ensilages) ou des alcalis, et sont attribuables à la perte de tryptophane libre et de lysine/cystine respectivement (KIES, 1981).

1.2.   Acides aminés non essentiels toxiques

Encore qu'il n'y ait pas de données sur ce sujet, les désordres nutritionnels peuvent être provoquées par l'ingestion de protéines alimentaires contenant des acides aminés toxiques. Dans les protéines connues pour contenir de tels acides, on trouve le soja traité à l'alcali (acide aminé toxique : la lysinoalanine), le cassie Leucaena leucocephala (acide aminé toxique : la mimosine) et la fève de marais, Vicia faba (acide aminé toxique : la dixydroxyphenylalanine).

2.   TROUBLES DE LA NUTRITION LIPIDIQUE

2.1.   Carence en acides gras essentiels (AGE)

Tous les poissons examinés jusqu'à présent montrent une croissance ralentie et un faible indice de consommation quand les régimes expérimentaux auxquels ils sont soumis présentent des carences en AGE. Voici, énumérés ci-dessous, les troubles anatomiques importants observés, en conditions expérimentales, chez les jeunes poissons recevant une telle nourriture (Tableau 3).

Les carences en acides gras essentiels résultent, en général, d'une mauvaise formulation de l'aliment.

2.2.   Toxicité des AGE

En conditions de laboratoire, on a trouvé qu'un excès alimentaire d'AGE peut avoir un effet négatif sur la croissance du poisson et sur le taux de conversion des aliments (Truite arc-en-ciel : YU et SINNHUBER, 1976 ; TAKEUCHI et WATANABE, 1979 ; Saumon coho : YU et SINNHUBER, 1979).

2.3.   Acides gras non essentiels toxiques

L'acide cyclopropénoïque est un acide gras toxique que l'on trouve dans la partie lipidique des tourteaux de graines de coton. Il a été prouvé expérimentalement que cet acide réduit le taux de croissance chez la truite arc-en-ciel et joue un rôle synergique très important dans la fonction cancérigène des aflatoxines (LEE et SINNHUBER, 1972 ; HENDRICKS et al., 1980). Parmi d'autres désordres observés chez la truite, citons une forte dégradation du foie (décoloration) avec un dépot de glycogène plus élevé et une teneur en protéines réduite, ainsi qu'une diminution de l'activité de plusieurs enzymes clés (TAYLOR et al., 1973 ; ROEHM et al.? 1970).

2.4. Oxydation des lipides alimentaires

En l'absence d'une protection antioxydante convenable, les lipides riches en acides gras polyinsaturés (AGPI, y compris les AGE) sont fortement exposés à une autooxydation, une fois en contact avec l'oxygène de l'athmosphère. Dans ces conditions, le bénéfice nutritionnel des AGE devient, en fait, néfaste à la santé du poisson. Parmi les produits alimentaires riches en AGPI, particulièrement altérés par l'oxydation des lipides (rancissement d'oxydation), on rencontre les huiles de poisson, la farine de poisson, les issues de riz et les tourteaux de graines oléagineuses obtenus par pression continue, qui n'ont qu'une faible -ou même inexistante- activité naturelle antioxydante. Au cours du processus d'altération chimique des lipides par auto-oxydation, des composés se créent, comprenant des radicaux libres, des peroxydes, des hydroperoxydes, des aldehydes et des cétones qui, à leur tour, réagissent en présence d'autres éléments (vitamines, protéines et autres lipides), en réduisant leur valeur biologique et leur disponibilité durant la digestion. Actuellement, on pense que le rancissement d'oxydation constitue l'une des principales altérations se produisant dans les aliments stockés.

De nombreux signes de désordre anatomique sont observés chez les poissons dont le régime alimentaire contient des huiles de poisson et de plantes oxydées et manquant de substances antioxydantes telles que la vitamine E (Tableau 4).

A l'exception de l'étude de SOLIMAN et al., (1983) sur Oreochromis niloticus, il a été démontré que les effets pathologiques des lipides oxydés peuvent être prévenus par une alimentation complémentaire en acétate de dl-alphatocophéryle (vitamine E). Pendant les 6 semaines qu'a duré l'expérimentation de SOLIMAN et al., (1983) en ce domaine, la supplémentation en vitamine E d'un régime d'huile de poisson oxydée n'a empêché que l'apparition de la lordose. Bien qu'aucune analyse de la vitamine E n'ait été pratiquée dans le régime alimentaire ou dans les tissus des poissons à la fin de l'expérimentation, contrairement aux expériences précédentes menées sur des poissons tropicaux à croissance rapide, ces auteurs aussi, n'ont fait état d'aucun trouble pathologique chez des poissons dont l'alimentation contenait des lipides frais sans supplémentation en vitamine E. Il est évident que des études à long terme sont nécessaires.

En l'absence d'une protection convenable contre l'oxydation, on a constaté que le taux d'auto-oxydation des lipides dans les produits alimentaires de conserve augmente en présence d'une lipoxidase (dans le soja cru) ; de composés. hémaux (myoglobine/hémoglobine sont des oxydants présents dans les farines de viande et de poisson); de peroxydes (résultat de l'auto-oxydation des lipides) ; de la lumière solaire (rayonnement ultra-violet (UV) - formation d'une liaison simple oxygène/radicaux libres) ; d'une augmentation de température (taux de réaction) ; et oligo-éléments (on a trouvé que Fe et Cu accélèrent l'oxydation lipidique par un transfert direct des électrons dans les réactions Redox, tandis que Zn entraîne la dégradation des hydroperoxydes en radicaux libres (FAO, 1983).

3.   TROUBLES DE LA NUTRITION MINERALE

3.1.   Carence en minéraux essentiels

On a relevé les signes de troubles anatomiques (Tableau 5) chez de jeunes poissons dont le régime alimentaire expérimental était déficient en un ou plusieurs minéraux essentiels.

Malgrè la présence de macroéléments et oligoéléments dans pratiquement tous les éléments bruts couramment utilisés pour l'alimentation des poissons et la capacité de ces derniers à absorber certains éléments traces présents dans leur milieu aquatique environnant, des carences minérales peuvent exister, en conditions d'élevage intensif, pour les raisons suivantes :

-   Absence de préparation d'un mélange minéral spécifique à base de macroéléments ou oligoéléments dans le régime alimentaire (pour avoir des détails sur la formulation de ce mélange, voir NRC, 1983) ;

-   Biodisponibilité minérale réduite par suite de déséquilibres dans le régime alimentaire. La disponibilité et l'utilisation d'oligo-éléments alimentaires chez le poisson dépendent de l'origine de l'aliment, de la forme de l'élément ingéré, du bon niveau des réserves corporelles, des interactions avec d'autres éléments minéraux présents dans le tractus gastro-intestinal et dans les tissus (antagonismes) et enfin des interactions entre éléments minéraux et autres ingrédients de l'aliment ou avec leurs métabolites (vitamines, fibres, acide phytique) Le tableau 6, par exemple, montre les disponibilités realtives ou l'efficacité d'absorption apparente de diverses formes ou sources de phosphore alimentaire pour trois espèces de poissons.

Chez certaines espèces de poissons, la disponibilité et l'absorption du phosphore et autres éléments importants (calcium) contenus dans la farine de poisson et dans la farine de viande et d'os, sont encore sont encore compliquées du fait de l'absence d'un estomac sécrétant une substance acide, ce qui est essentiel pour une solubilisation normale des os. Pour ces espèces de poissons sans estomac, les sels inorganiques monobasiques solubles ou les sels organiques bio-disponibles doivent, par conséquent, être incorporés dans le régime alimentaire. Inversement, dans les protéines des plantes, le phosphore est largement présent sous forme de phytates liés organiquement. Non seulement l'acide phytique du phosphore n'est pas biologiquement utilisable, mais encore il a aussi la capacité de chélater d'autres oligo-éléments (fer, cuivre, zinc, cobalt, molybdène) et de les rendre ainsi eux-mêmes biologiquement indisponibles pour le poisson au cours de la digestion (SPINELLI, 1980).

En pisciculture courante, les signes de carence minérale apparaissent souvent à la suite d'un déséquilibre alimentaire en calcium, dû à l'effet antagoniste de l'excès de calcium sur l'absorption du phosphore (NAKAMURA, 1982) et des oligo-éléments (zinc, fer et manganèse ; LALL, 1979). Par exemple, la biodisponibilité du zinc et, à un moindre degré, celle du manganèse, dans la farine de poisson maigre, se révèlent bien moindres que dans la farine de poisson brune (qui contient moins de cendres et de calcium ; KETOLA, 1978 ; WATANABE et al., 1980). Ainsi, en conditions expérimentales, lorsque l'on soumet des truites arc-en-ciel, des saumons Chum et des carpes communes à un régime alimentaire dans lequel la farine de poisson blanche est utilisée sans supplémentation en oligo-éléments, on observe des signes évidents de carence en oligo-éléments, tels que croissance ralentie, nanisme et cataractes (WATANABE et al., 1980 ; SATOH et al., 1983a, b).

3.2.   Toxicité des principes minéraux de l'alimentation

L'utilisation d'ingrédients non courants dans les aliments peut avoir le grave inconvénient d'entraîner la contamination par les métaux lourds y compris les éléments cumulés cuivre, plomb, cadmium, mercure, arsenic, fluorure, selenium, molybdène et vanadium. La contamination par le cuivre peut, par exemple, se produire avec des produits fermentés, à l'intérieur de récipients doublés de cuivre (issues de brasseries et de malteries), ou dans des excreta de porcs et de volailles, animaux pour lesquels on utilise des stimulants de la croissance ou des agents anti-fongiques à base de cuivre. Parmi les autres ingrédients alimentaires susceptibles de contenir des contaminants métalliques, on trouve : les déchets de volailles arsenic ; les rebuts de pâte à papier : plomb ; les farines de poisson : mercure, sélénium, arsenic, cadmium et plomb ; les farines de résidus de volailles : zinc; farines de plumes hydrolysées : zinc ; les crustacés : zinc, cadmium ; les plantes sélénifères des genres Astragalus et Machaeranthera ou les céréales poussées dans des sols sélénifères; krill de l'Antarctique : fluorure.

Les marques de toxicité alimentaire observées sont montrées dans le tableau 7.

4.   TROUBLES DE LA NUTRITION VITAMINIQUE

4.1.   Carence en vitamines

Les signes de déficience anatomique importants relevés chez des poissons nourris avec de tels régimes sont montrés dans le tableau 8.

En élevage intensif et en l'absence de nourriture naturelle, voici les carences alimentaires en vitamines que l'on rencontre :

4.1.1.   Traitement et stockage des aliments

4.1.1.1. Riboflavine : utilisée sous forme de poudre sèchée, pulvérisée ou de dilution sèche, la riboflavine est généralement stable dans les prémélanges secs à base de multivitamines. Des pertes de fabrication de 26 % ont été enregistrées pour des aliments pressés donnés aux animaux familiers (NRC, 1983). Les aliments contenant de la riboflavine doivent être à l'abri d'une forte lumière ultraviolette (oxydation) et ne doivent pas se trouver en conditions alcalines.

4.1.1.2. Acide pantothénique : utilisé sous forme de d-pantothénate de calcium (92 % d'activité) ou de dl-pantothénate de calcium (46 % d'activité), l'acide pantothénique est généralement stable dans les prémélanges multivitaminés secs. Des pertes de fabrication durant la granulation ou l'extrusion peuvent aller jusqu'à 10 % (SLINGER et al., 1979).

4.1.1.3. Niacine : utilisée sous forme d'acide nicotinique ou de niacinamide et ajoutée en dilution sèche, la niacine est généralement stable dans les prémélanges secs multivitaminés. Des pertes de fabrication allant jusqu'à 20 % ont été enregistrées pendant la fabrication d'aliments pressés pour les animaux familiers (NRC, 1983). La stabilité de la niacine n'est bonne que si l'aliment est conservé dans des conditions de fraîcheur et de sècheresse.

4.1.1.4. Thiamine : utilisée sous forme de monotritate de thiamine (91, 80 % d'activité), la thiamine est stable dans les prémélanges multivitaminés secs sans addition de choline ou d'oligo-éléments. La thiamine est rapidement détruite en présence de conditions alcalines ou de sulfure. Au cours du traitement (granulation/extrusion) et du stockage (7 mois, température ambiante), on a enregistré des pertes de 0–10 % et 11–12 % respectivement (SLINGER, 1979).

4.1.1.5. Pyridoxine : utilisée sous forme de chlorhydrate de pyridoxine en dilution sèche, la pyridoxine est stable dans les prémélanges multivitaminés secs, sans addition d'oligo-éléments. Les aliments préparés qui contiennent de la pyridoxine doivent être protégés de la lumière du soleil (UV), de la chaleur et de l'humidité. Les pertes enregistrées au cours du traitement et du stockage (10 mois) étaient de 7–10 % (SLINGER et al., 1979).

4.1.1.6. Biotine : utilisée sous forme de d-biotine en dilution sèche, la biotine est généralement stable dans les prémélanges multivitaminés secs. On rapporte des pertes de 10 % au cours de la fabrication des granulés pour animaux familiers (NRC, 1983).

4.1.1.7. Acide folique : utilisé sous forme de cristaux et en dilution sèche, l'acide folique peut disparaître au cours du stockage des prémélanges multivitaminés secs, en particulier à des températures élevées (43 % de son activité peuvent être perdus après un séjour de 3 mois à température ambiante). Les pertes enregistrées au cours des opérations de traitement et de stockage s'élèvent à 3–10 % (SLINGER et al., 1979). L'acide folique est passible d'oxydation au cours du stockage à des températures élevées et d'une exposition à la lumière du soleil.

4.1.1.8. Vitamine B 12 : utilisée sous forme de cristaux et en dilution sèche, la stabilité de la vitamine B 12 dans les prémélanges secs multivitaminés dépend de la température de stockage ; des températures élevées réduisent son activité, en particulier en conditions moyennement acides.

4.1.1.9. Choline : utilisée en solution à 70 % de chlorure de choline ou en poudre sèche (25–60 % d'activité), le chlorure de choline est stable dans les prémélanges multivitaminés mais peut diminuer la stabilité des autres vitamines présentes. Elle est relativement stable au cours du traitement et du stockage. (NRC, 1983).

4.1.1.10. Vitamine C : elle est utilisée sous forme d'acide ascorbique L enrobé d'éthylcellulose ou de graisse (pour améliorer sa stabilité) et n'est généralement pas ajoutée aux prémélanges secs multivitaminés en raison de sa médiocre stabilité. Elle s'oxyde rapidement en présence d'humidité, d'oligo-éléments, de températures élevées, de produits d'oxydation ou de produits altérés par la lumière (huiles rances). La stabilité dépend du produit utilisé et de son traitement. Des pertes pouvant aller jusqu'à 90 % ont été enregistrées lorsque des méthodes à froid étaient utilisées pour la granulation et le séchage (teneur première en vitamine C : 400 mg/kg ; HILTON et al., 1977). Ces auteurs ont même fait état d'une perte de 70 % d'activité de la vitamine C lorsqu'on ajoute de l'eau au mélange d'aliments, avant de le réduire en granules. Au cours du traitement et du stockage d'aliments courants, les pertes enregistrées ont été jusqu'à 95 % pour la vitamine C non enrobée (SLINGER et al., 1979). REINITZ rapporte qu'en dégelant des granulés Orégon pendant 16 h à 2° C et 25° C, il a obtenu 53,7 % et 97,2 % respectivement, de pertes de vitamine C (REINITZ, 1984).

4.1.1.11. Vitamine A : utilisée sous forme d'est er d'acétate, palmitate ou propionate, généralement conditionnée en gouttes contenant aussi de la vitamine D3, la vitamine A est stable dans les prémélanges multivitaminés secs. Cependant, cette vitamine s'oxyde rapidement à des températures élevées de stockage et en présence de produits d'oxydation (huiles rances). On relève des pertes de 20 %, lors de la fabrication de granulés pressés pour animaux domestiques (NRC, 1983). De même, un stockage de 6 mois à température ambiante aboutit à une perte de 53 % (NRC, 1983). On peut améliorer la stabilité en utilisant un antioxydant convenable et en le vaporisant sur la surface externe des granulés dans un milieu lipidique (NRC, 1983).

4.1.1.12. Vitamine D : utilisée sous la forme de vitamine D3 - colécalciférol, et généralement employée en gouttes, avec de la vitamine A, ou sous forme de poudre sèche pulvérisée ou passée au tambour. La stabilité est, en général, élevée.

4.1.1.13. Vitamine K : utilisée sous forme d'un sel de ménadione (K3), soit du bisulfite sodique de ménadione (50 % d'activité K3), soit un complexe de bi-sulfite sodique de ménadione (33 % d'activité). En l'absence d'oligo-éléments, la stabilité dans les prémélanges multivitaminés est bonne (FRYE, 1978). Lors du traitement, la chaleur, l'humidité, un pH alcalin et les oligo-éléments accélèrent la destruction des sels de ménadione (NRC, 1983). Il faut préserver les aliments de la lumière du soleil pour prévenir d'autres pertes oxydantes.

4.1.1.14. Vitamine E : utilisée sous forme d'acétate de dl-α-tocophérol soit séché par pulvérisation, soit absorbé. La vitamine E est stable dans les prémélanges multivitaminés secs sonservés à une température inférieure à celle de la température ambiante. La stabilité augmente quand la vitamine est utilisée sous la forme d'acétate, mais elle est encline à s'oxyder dans les opérations de stockage à températures élevées et en présence de produits d'oxydation (huiles rances).

4.1.2. Lessivage des vitamines hydrosolubles

Contrairement à ce qui se passe avec des vitamines solubles dans les graisses, (A,D, E, et K), celles solubles dans l'eau peuvent rapidement disparaître d'un aliment par un phénomène de lessivage, avant ingestion par le poisson. La perte de substances nutritives hydrosolubles est d'autant plus importante que la taille des particules alimentaires est plus petite et le temps de séjour dans l'eau, de l'aliment non consommé, plus long.

On a constaté que la vitamine C peut facilement être perdue par lessivage. Par exemple, malgrè des pertes excessives de vitamine C au cours de la préparation des aliments et de leur stockage (90–95 % de pertes, SLINGER et al., 1979), on observe une perte allant jusqu'à 50–70 % de l'activité résiduelle de la vitamine C par lessivage, après une immersion de 10 secondes dans l'eau (diamètre des granulés 1,18 – 2,36 mm). Dans la même étude, SLINGER et al., (1979) rendent compte également d'une perte d'activité de 5–20 % pour l'acide pantothénique, de 0–27 % pour l'acide folique, de 0–17 % pour la thiamine et de 3–13 % pour la pyridoxine, par lessivage après une période d'immersion de 10 s. dans l'eau. MURAI et ANDREWS (1975) font état d'une perte de 50 % pour l'acide pantothénique après immersion de 10 s. dans l'eau, d'un granulé pour truite contenant, à l'origine, 500 mg/kg d'acide pantothénique. De même, dans des tests de stabilité dans l'eau, opérés sur des régimes alimentaires complets destinés à des crevettes Penaeidae, on a observé des pertes de vitamines hydrosolubles se montant à 97 % pour la thiamine, 94 % pour l'acide pantothénique, 93 % pour la pyridoxine, 90 % pour la vitamine C, 86 % pour la riboflavine, 50 % pour l'inositol et 45 % pour la choline, après une période d'immersion de 1 h dans l'eau (CUZON et al., 1982).

4.1.3. Déficiences dues à la présence de facteurs antivitaminiques dans les aliments

4.1.3.1. Avidine : substance anti-biotine, instable à la chaleur, présente dans le blanc d'oeuf cru. Aisément détruite par un traitement thermique.

4.1.3.2. Thiaminase : substance anti-thiamine, instable à la chaleur, présente dans le poisson cru, les crustacés, les polissures de riz, les graines de moutarde indienne, les haricots Mungo (pois de Jerusalem) et les graines de lin (LIENER, 1980). On peut pallier la carence en thiamine d'un aliment par un traitement thermique de la matière première contaminée afin d'activer la thiaminase, ou par supplémentation en dibenzoyl-thiamine (DBT), utilisée comme une forme résistante de la thiamine alimentaire à la thiaminase.

4.1.3.3. Substances anti-vitamines A, E, D et B12 présentes dans le soja cru : peuvent être déactivées par la chaleur (LIENER, 1980).

4.1.3.4. Substance anti-pyridoxine présente dans les graines de lin ; traitement à la chaleur.

4.1.4. Deficiences dues à l'ajout d'un antibiotique

L'emploi d'antibiotiques pour traiter des maladies peut annihiler la capacité de synthèse des vitamines de la flore intestinale des poissons qui, chez les espèces omnivores/herbivores, semble jouer un grand rôle dans leurs besoins en vitamines (carpe, tilapia, poisson-chat : vitamine B12, acide folique, et peutêtre biotine, thiamine et vitamine K).

4.2. Toxicité des vitamines

Les poissons accumulent les vitamines solubles dans les graisses (A, D, E et K) lorsque la prise de nourriture excède la demande métabolique, alors qu'ils n'accumulent pas les vitamines hydrosolubles. Dans certains cas, l'accumulation est telle qu'un état toxique (hypervitaminose) peut s'installer. Encore que cette hypervitaminose ne puisse se produire dans des conditions d'élevage courantes, elle a été provoquée expérimentalement chez le poisson.

Les signes de toxicité relevés sont montrés dans le tableau 9.

5.   FACTEURS ANTINUTRITIONNELS PRESENTS DANS LES ALIMENTS D'ORIGINE VEGETALE

La présence de telles substances endogènes dans les aliments à base de plantes semble être le seul et le plus important facteur limitant pour leur utilisation en quantité importante, dans les aliments composés pour animaux, et, en particulier, pour les poissons. La figure 1 rassemble les principaux groupes de ces facteurs anti-nutritionnels présents dans les aliments d'origine végétale dont quelques exemples plus spécifiques sont donnés dans le tableau 10. Encore que ces substances soient plus ou moins toxiques pour le poisson, une grande partie d'entre elles peut être détruite ou inactivée par un traitement à la chaleur (TACON et JACKSON, 1984).

Malheureusement, des études toxicologiques n'ont pas été menées sur la plupart de ces substances anti-nutritionnelles ; d'une façon générale, on sait cependant que leur présence dans les produits alimentaires non traités aboutit à des phénomènes d'anorexie, de croissance ralentie et à un médiocre indice de consommation quand on les utilise à de fortes concentrations (NRC, 1983).

6.  FACTEURS TOXIQUES ACCESSOIRES DANS LES PRODUITS ALIMENTAIRES

Enfin, la présence de facteurs toxiques spécifiques dans certains produits peut entraîner des troubles de la nutrition, en particulier :

6.1. Pour les additifs introduits volontairement

-   agents liants et stabilisants (carboxy-méthyl-cellulose, alginates, gommes)

-   produits thérapeutiques (antibiotiques, sulfonamides, nitrofural, acide arsénique)

-   stimulants de la croissance (comme ci-dessus, plus stéroides anaboliques, androgènes de synthèse).

6.2. Facteurs toxiques provenant du traitement des produits

-   résidus de solvant dans les graines oléagineuses extraites à l'aide d'un solvant (chlorure de méthylène, dichlorure d'éthylène, trichloroéthylène, acétone, alcool isopropylique).

-   lipides dégradés par oxydation et/ou par chaleur (rancidité, produits d'oxydation).

6.3. Contaminants d'origine biologique

-   toxines protozoaires provenant de poissons contaminés

-   toxines algales provenant de crustacés et de poissons

-   toxines fongiques présentes dans les aliments stockés (i.e. aflatoxines)

-   toxines de bactéries provenant des aliments contaminés (toxines du bacille botulique)

-   éléments pathogènes (bactéries, virus et champignons viables)

6.4. Contaminants de synthèse

-   résidus de pesticides (hydrocarbures chlorés)

-   composés organochlorés (biphényles polychlorés)

-   hydrocarbures de pétrole

-   métaux lourds

Comme pour les produits à base de plantes, pour la plupart des contaminants ci-dessus, aucune étude toxicologique n'a été faite.

CONCLUSIONS

Le tableau 11 résume les déséquilibres alimentaires qui peuvent donner lieu à 6 sortes principales de troubles pathologiques : scoliose, lordose, cataracte, érosion des nageoires, dégénérescence lipidique du foie, exophtalmie et hémorragie de la peau et des nageoires. Jusqu'à présent, il n'y a eu aucune tentative sérieuse pour les individualiser chez les poissons. Espérons que cette revue bibliographique ouvrira la voir à des recherches ultérieures en pisciculture courante pour une meilleure connaissance des troubles pathologiques chez le poisson, provoqués par son alimentation.

PROTEINESINHIBITEURS PROTEASIQUES
HEMAGGLUTININES
  
 GLYCOSIDES COITROGENES
CYANOGENES
SAPONINES
OESTROGENES
  
PHENOLSGOSSYPOL 
TANINS
  
DIVERSANTI-MINERAUX
ANTI-VITAMINES
ANTI-ENZYMES
ALLERGENES
CARCINOGENES MICROBIENS ou VEGETAUX
ACIDES AMINES TOXIQUES

Figure 1. Classification, selon leurs propriétés chimiques, des facteurs toxiques endogènes trouvés dans les aliments d'origine végétale d'importance agricole (d'après Liener, 1975).

TABLEAU 1

AAE limitantsPoissonsSignes de carence*
Lysinetruite arc-en-cielérosion nageoires dorsale/caudale (1,2); mortalité accrue (2)
carpe communemortalité accrue (3)
Méthioninetruite arc-en-cielcataracte (4,5)
saumon atlantiquecataracte (6)
Tryptophanetruite arc-en-cielscoliose (7–10); lordose (7,10); calcinose rénale (8); cataracte (7,9); érosion nageoire caudale, moindre teneur de la carcasse en lipides (9); forte teneur de la carcasse en Ca, Mg, Na et K (7).
TryptophaneSaumon Sockeye
Scoliose (11)
DiversCarpe commune
Mortalité accrue et cas de lordose observés en des carences en leucine, isoleucine, lysine, arginine et histidine (3).

* 1-Walton et al., (1984a); 2-Ketola (1983); 3-Mazid et al., (1978); 4-Walton et al., (1982); 5-Poston et al., (1978); 6-Barash et al.,(1982); 7-Walton et al., (1984b); 8-Kloppel and Post (1975); 9-Poston & Rumsey (1983); 10-Shanks et al., (1962); 11-Halver &Shanks (1960).

Tableau 2. Index chimique et acides aminés essentiels limitants d'un choix de protéines alimentaires d'usage courant.1

1 Index calculés par rapport aux besoins en acides aminés essentiels de la truite arc-en-ciel et de la carpe (Ogino, 1980). La moyenne des besoins en AAE (exprimée en Z du total des AAE) étant : threonine 10,6; valine 9,5; méthionine 5,4; cystine 2,7; isoleucine 7,5; leucine 13,5; phénilalanine 9,5; tyrosine 6,5; lysine 16,8; histidine 4,8; arginine 11,6 et tryptophane 1,7.

2 Source : 1) Kay (1979); 2) Gohl (1980); 3) Bolton and Oloir (1977); 4) National Research Council (1983); 5) Tunnel AVERS Starches Ltd. UN; 6) Cowey et al. (1971); 7) . 8) Cowey and Sargent (1972); 9) Connell and Ilovgate (1958); 10) Jackson et al., (1980); 11) Tecon et al., (1963b); 12) Spinelli (1980).

3 Acides aminés essentiels limitants (inféricurs à 30% de la moyenne des besoins du poisson).

TABLEAU 3

PoissonsMarques de carence en AGE*
Truite arc-en-cielmortalité accrue, forte teneur du muscle en eau, nageoire caudale plus facilement érodée par Flexebacterium sp., affaiblissement ou état de choc, diminution du taux d'hémoglobine et du nombre des érythrocytes (1) ; infiltration adipeuse ou dégénérescence graisseuse du foie, foie décoloré et empâté, ralentissement de la fraie, taux d'éclosion et de survie bas (3)
Saumon Cohofoie décoloré et empâté, augmentation de l'indice hépatosomatique (infiltration graisseuse du foie) mortalité élevée
Saumon Chumfoie décoloré et empâté, augmentation de l'indice hépatosomatique (foie graisseux), mortalité élevée (2)
Carpe communemortalité accrue (4) ; foie graisseux (5)
Anguille japonaiseaugmentation de la mortalité (6)
Tilapia niloticafoie décoloré et empâté, infiltration graisseuse du foie (7)
Daurade japonaiseefficacité de fraie réduite (diminution du taux d'éclosion et de survie (3)

* 1-Castell (1972); 2-Takeuchi & Watanabe (1982) ; 3-Watanbe (1982) ; 4-Takeuchi & Watanabe (1977) ; 5-Farkas et al., (1977) ; 6-Takeuchi et al. (1980) ; 7-Takeuchi et al., (1983).

TABLEAU 4

PoissonEffets pathologiques des huiles de poisson oxydées*
Oreochromis niloticusCongestion prononcée, avec une certaine hémorragie, dans les vaisseaux dermiques autour du museau et à la base des nageoires dorsales et pectorales, lordose, exopthalmie, oedème abdominal, cararacte, affaissement orbitaire, assombrissement du foie, distension du conduit biliaire, stéatose de tout le tissu graisseux abdominal, dépôts de céride intracellulaire dans le foie, la rate, le rein et intracellulaire dans le foie, la rate, le rein et
Saumon Chinockcoloration foncée du corps, anémie, léthargie, pigmentation jaune brun du foie (dépôt de céride, rein anormal et épaississement des ouïes (2)
Carpe communecroissance médiocre, perte d'appétit, dystrophie musculaire, mortalité élevée, absorption réduite des lipides alimentaires (3–5)
Poisson chatcroissance médiocre, taux de conversion alimentaire médiocre, mortalité accrue, diathèse exsudative, dystrophie musculaire, dépigmentation, foies graisseux (6)
Sériolecroissance ralentie, foie gonflé, dépôt de lipides en diminution (7) ; anoréxie, affaiblissement du muscle dorsal (dystrophie musculaire (8)
Truite arc-en-cielcroissance ralentie (9,10) ; taux de conversion alimentaire médiocre (9) ; anémie microcytaire (10) teneur réduite en hématocrites et hémoglobine (9) ; dégénérascence lipidique du foie (accumulation de céride (10) ; sévère altération du foie (9) ; mortalité accrue et fragilité des érythrocytes (9, 11).

* 1-Soliman et al., (1983); 2-Fowler & Banks (1969); 3-Watanabe & Hashimoto (1968); 4-Hashimoto et al., (1966); 5-Hata & Kaheda (1980); 6-Murai & Andrews (1974); 7-Park (1978); 8-Sakaguchi & Hamaguchi (1969); 9-Cowey et al., (1984); 10-Smith (1978); 11-Hung et al., (1981)

TABLEAU 5

Element/espèce de poissonsMarques de carence*
PHOSPHORE 
carpe communecroissance ralentie, médiocre indice de consommation (1,2) ; déminéralisation des os, déformation du squelette, calcification anormale des rayons osseux et mous de la nageoire pectorale (1) ; déformation du crâne (1,3) ; accroisscment graisseux des viscères (4)
Poisson chatcroissance ralentie, médiocre indice de consommation (5) ; déminéralisation des os 55,6)
Daurade japonaisecroissance ralentie, médiocre indice de consommation, déminéralisation des os, teneur lipidique en augmentation dans le muscle, le foie et les vertèbres (7) ; vertèbres lacuneuses arquées et hypertrophiées (8) ; glycogène du foie en diminution (9)
Anguille japonaiseanorexie, croissance ralentie (10)
Truite arc-en-cielcroissance ralentie (11) ; déminéralisation des os (12)
Saumon atlantiquecroisssance ralentie, médiocre indice de consommation, déminéralisation des os (13, 14)
CALCIUM 
Poisson chatcroissance ralentie, basse teneur en cendres de la carcasse, ainsi qubn Ca et P (régime pauvre en vitamine D, 6)
Truite arc-en-cielanorexie, croissance médiocre et mauvais indice de consommation (15)
Anguille japonaiseanorexie, croissance médiocre et mauvais indice de consommation (16)
Daurade japonaiseanorexie, médiocre croissance et mauvais indice de consommation (17)
MAGNESIUM 
Carpe communecroissance ralentie (11, 18) ; lenteur, anorexie, convulsions, mortalité élevée, teneur des os réduite en magnesium (11) ; cataractes (13)
Poisson chatanorexie, croissance ralentie, lenteur, flaccidité musculaire, mortalité élevée, moindre teneur en Mg dans le corps, le sang et les os (19)
Anguille japonaiseanorexie, croissance ralentie (20)
Truite arc-en-cielcroissance ralentie (21, 24) ; anorexie (22,23); cataractes (25) ; lenteur, calcinose des reins (21, 22) ; mortalité accrue, déviation vertébrale, dégénerescence des fibres musculaires et des cellules épithéliales des caeca pyloriques et des filaments branchiaux (23) ; teneur des os réduite en cendres, et Mg, teneur élevée en Ca (24)
FERanémie microcytaire hypochrome (carpe commune-26; daurade japonaise - 27 ; omble de fontaine - 28 ; anguille japonaise - 20)
ZINC 
Poísson chatcroissance et appétit en diminution, moindre teneur des os en Ca et Zn et du sérum en Zn (29)
Carpe communecroissance ralentie (30, 18) ; cataractes (18) ; perte d'appétit, mortalité élevée, érosion des nageoires et de la peau, concentration tissulaire élevée en Fe et Cu dans l'intestin et l'hépatopancréas (30)
Truite arc-en-cielcroissance ralentie (25, 31, 32) ; mortalité accrue (31, 32) ; cataractes (25, 31) ; nanisme du corps (25) ; érosion des nageoires (31)
MANGANESE 
Tilapia mossambicacroissance et appétit en diminution, perte d'équilibre, mortalité (33)
Carpe communecroissance ralentie (34, 18) ; nanisme du corps, cataractes (18)
Truíte arc-en-cielcataractes (25) ; croissance ralentie, nanisme du corps, taille anormale de la queue (34)
CUIVRE 
Carpe communecroissance ralentie (34, 18) ; cataractes (18)
SELENIUM 
Saumon atlantiquemortalité accrue, dytrophie musculaire, moindre activité peroxydasique du glutathion
Carpe communecroissance ralentie (18, 36) ; cataractes (18) ; anémie (36)
IODEhyperplasie de la thyroïde (goître) - omble de fontaine, saumon atlantique, brochet de lac, saumon Chinook (37, 38).

* 1-Ogino & Takeda (1976); 2-Yone & Toshima (1979); 3-Ogino et al., (1979); 4-Takeuchi & Nakazce (1981); 5-Andrews et al., (1973); 6-Lovell & Li (1978); 7-Sakamoto & Yone, (1980); 8-Sakamoto & Yone(1981); 9-Sakamoto & Yone (1978a); 10-Arai et al., (1974); 11-Ogino & Chiou (1976); 12-Ogino & Takeda (1976); 13-Ketola (1975); 14-Lall & Bishop (1977); 15-Arai et al., (1975a); 16-Arui et al., (1975b); 17-Sakamoto & Yone (1973); 18-Satoh et al., (1983b); 19-Gatlin et al.,(1982); 20-Arai et al., (cited by Nose & Arai, 1976); 21-Cowey et al., (1977); 22-Knox et al., (1981); 23-Ogino et al., (1978); 24-Knox et al., (1983a); 25-Satoh et al., (1983a); 26-Sakamoto & Yone (1978b); 27-Sakamoto & Yone (1978c); 28-Kawatsu (1972); 29-Gatliu & Wilson (1983); 30-Ogino & Yang (1979); 31-Ogino & Yang (1978); 32-WEkell et al., (1983); 33-Ishac & Dollar (1968); 34-Ogino & Yang (1980); 35-Poston et al., (1976); 36-Lall (1979); 37-Woodall & LaRoche (1964); 38-NRC (1983)

TABLEAU 6

Disponibilité ou absorption des diverses sources du phosphore alimentaire chez les poissons

Source
Poisson chat
%
carpe commune
%
truite arc-en-ciel
 %
PHOSPHATES   
mono phosphate de sodium
909498
mono phosphate de potassium
  -9498
mono phosphate de calcium
   
monobasique
949494
dibasique
654671
tribasique
  -1364
FARINES DE POISSON   
farine de poisson (blanc)
  -0–1866
farine de poisson (brune)
  -2474
farine d'anchois
40-  -  
farine de menhaden
39-  -  
SOURCES PROTEIQUES   
albumine d'oeuf
71-  -  
caséine
909790
levure de bière
  -9391
PRODUITS D'ORIGINE VEGETALE   
issues de riz
  -2519
germes de blé
  -5758
rémoulages
28-  -  
maïs
25-  -  
tourteaux de soja, non dépélliculés
50-  -  
tourteaux de sojo, dépélliculés
29–54-  -  
phytate
 08–380–19

Source - NRC (1983)

TABLEAU 7

ElémentPoissonSignes de toxicité*
ZincCarpe communecroissance ralentie (teneur supérieure à 300 mg/kg, (1)
CuivrePoisson chatcroissance ralentie (teneur supérieure à 15 mg/kg, (2)
SeleniumTruite arc-en-cielcroissance et indice de consommation réduits, mortalité élevée (teneurs supérieures à 13 mg/kg, (3)
CadmiumTruite arc-en-cielscoliose, hyperactivité, teneur des os en Ca en diminution (4, 5)
PlombTruite arc-en-cielscoliose, lordose, noircissement de la queue, anémie, dégénérescence de la nageoire caudale (6)
Mercure cataractes
ChromeTruite arc-en-cielcroissance et indice de consommation réduits (7)

* 1-Jeng & Sun (1981); 2-Murai et al., (1981); 3-Hilton et al., (1980); 4-Koyama & Itazawa, (1977a, b, 1979); 5-Roch & Maly (1979); 6-Johansson-Sjobeck & Larsson (1979); 7-Tacon & Beveridge (1982).

TABLEAU 8

Vitamine/PoissonMarques d'anomalies
RIBOFLAVINE 
Salmonidésanorexie, croissance médiocre, vascularisation de la cornée, cristallins troubles, érosion du museau, déviation de la colonne vertébrale, taux de mortalité en augmentation, importante érosion des nageoires, hémorragie des nageoires, mouvement operculaire rapide, faiblesse musculaire visible, pigmentation claire ou foncée, resserrement strié de la paroi abdominale, photophobie, manque de coordination, léthargie, anémie (1–10)
Carpe communeanorexie, croissance médiocre, taux élevé de mortalité, hémorragie dans la peau et les nageoires, nervosité, photophobie (13, 14)
Poisson chatnanisme, anorexie, croissance médiocre, cataracte (11, 12)
Dauvade japonaisecroissance médiocre (15)
Anguille japonaisehémorragie des nageoires, photophobie, croissance médiocre, anorexie, léthargie (16).
ACIDE PANTOTHENIQUE 
Salmonidésanorexie, croissance réduite, nécrose/épaississement des branchies, anémie, branchies couvertes de mucus, lenteur, opercules distendus (1–5, 17)
Carpe communeanorexie, croissance réduite, lenteur, anémie, hémorragie de la peau, exopthemie (14)
Poisson chatanorexie, branchies épaissies, peau érodée, mâchoires et tête affaissées, anémie (11, 18, 19)
Daurade japonaisecroissance médiocre, comportement de nage anormal, lésions de la peau (16)
NIACINE 
Salmonidésanorexie, croissance médiocre, indice de consommation réduit, coloration sombre, nage erratique, spasmes musculaires en position de repos, oeème de l'estomac, sensibilité aux coups de soleil (1–3, 10, 21)
Carpe communehémorragie de la peau, mortalité élevée (22)
Poisson chathémorragie et lésions de la peau et des nageoires, mâchoires déformées, anémie, exopthalmie, mortalité élevée (11, 23)
Daurade japonaisecroissance médiocre (15)
Anguille japonaisehémorragie et lésions de la peau, croissance ralentie, ataxie (nage anormale), sombre coloration (16)
THIAMINE 
Salmonidésanorexie, croissance médiocre, désordres d'origine nerveuse, métabolisme altéré des glucides sensibilité accrue à la répercussion des chocs contre le bac de transport ou à des éclairs lumineux (1–3, 5, 17)
Carpe communecongestion et hémorragie des nageoires, nervosité, altération de la couleur du corps, anorexie, croissance médiocre (24)
Poisson chatanorexie, croissance médiocre, coloration sombre, mortalité (11, 25)
Daurade japonaiseanorexie, croissance médiocre (15)
Anguille japonaiseanorexie, croissance médiocre, ataxie, syndrome du tronc arqué, hémorragie des nageoires (16, 26)
PYRIDOXINE 
Salmonidésdésordres d'origine nerveuse, hyperirritabilité, anorexie, absence de réaction à la lumière, apparition rapide de rigor mortis, ataxie, oedème de la cavité péritonéale, flexion excessive des opercules, nage erratique et rapide, coloration bleu vert de la peau, anémie, respiration rapide et baillements (1–5, 17, 27– 30)
Carpe communeanorexie, croissance médiocre, désordres d'ordre nerveux (31)
Poisson chatanorexie, désordres d'ordre nerveux, nage erratique, extension des opercules, tétanie, coloration vert-bleu de la surface dorsale
 (11, 32)
Daurade japonaisecroissance mediocre (15)
Anguille japonaiseanorexie, croissance médiocre, désordres d'ordre nerveux (16)
Turbotcroissance réduite (33)
Dorade royaleanorexie, croissance médiocre, mortalité élevée, hyperirritabilité, nage erratique, médiocre indice de consommation (34)
Sériolecroissance réduite (35)
BIOTINE 
Salmonidésanorexie, croissance ralentie, mortalité accrue, médiocre indice de consommation, mucus bleuté (omble de fontaine seulement); lésions du côlon, atrophie musculaire, convulsions spasmodiques, lamelles branchiales épaisses, branchies décolorées (2, 3, 5, 17, 36–40)
Carpe communecroissance ralentie, activité réduite (41)
Poisson chatdépigmentation (coloration légère), anémie (42)
Daurade japonaiseaucun signe de déficience n'est détecté (15)
Anguille japonaisecroissance médiocre, coloration sombre, comportement de nage anormale (16)
ACIDE FOLIQUE 
Salmonidésanémie mecrocytaire normochrome, croissance médiocre, anorexie, léthargie, coloration sombre, branchies décolorées, exopthalmia, dilatation de l'abdomen due à plusieurs types d'ascite (1–3, 5, 17)
Anguille japonaiseanorexie, croissance médiocre, coloration sombre (16)
Daurade japonaiseaucun signe de déficience n'a été détecté (15)
Carpe communeaucun signe de déficience n'a été détecté (22)
Rohucroissance ralentie et hématocrite médiocre (43)
Poisson chatanorexie, mortalité accrue, léthargie (11)
VITAMINE B 12 
Salmonidésanorexie, croissance ralentie, anémie mycrocytaire hypochrome, érythrocytes fragmentés, médiocre indice de consommation, pigmentation sombre (3, 44)
Carpe communeaucune anomalie détectée (45, 46)
Poisson chatcroissance ralentie, hématocrite médiocre (11, 47)
Anguille japonaisecroissance médiocre (16)
Daurade japonaisecroissance médiocre (15)
Rohucroissance ralentie, hématocrite médiocre, anémie mégaloblastique (43)
CHOLINE 
Salmonidéscroissance ralentie, foie graisseux, mauvais indice de consommation, reins et intestin hémorragiques (1–3, 5, 17, 20, 48)
Carpe communecroissance ralentie, foie graisseux (49)
Poisson chatcroissance ralentie, foie hypertrophié, reins et intestin hémorragiques (11)
Daurade japonaisecroissance ralentie, mortalité (15)
Anguille japonaiseanorexie, croissance ralentie, intestin blanc gris (16)
INOSITOL 
Salmonidéscroissance ralentie, abdomen distendu, coloration sombre, augmentation du temps d'évacuation de l' estomanc (1–3, 17)
Carpe communecroissance ralentie, lésions de la peau et des nageoires ainsi qu'hémorragie, perte du mucus dermique (50)
Poisson chataucune anomalie décelée (51)
Daurade japonaiseaucune anomalie décelée (15)
Anguille japonaisecroissance ralentie, intestin blanc-gris (16)
ACIDE ASCORBIQUE (Vitamine C) 
Salmonidéscroissance ralentie, mauvaise formation du collagène, scoliose, lordose, hémorragie interne et des nageoires, filaments branchiaux déformés et tordus, hématocrite bas, médiocre cicatrisation des blessures, taux de mortalité en augmentation (1, 52–57)
Carpe communenon testée
Poisson chatcroissance ralentie, scoliose, lordose, sensibilité accrue aux maladies, collagène des os en diminution, fracture du dos, hémorragies interne et externe, érosion des nageoires, sombre coloration de la peau, anorexie (58-§ é)
Daurade japonaisecroissance ralentie (15)
Anguille japonaisecroissance ralentie, érosion des nageoires et de la tête, érosion de la mâchoire inférieure (16)
Ophicéphalidéscoliose, lordose, anémie, filaments branchiaux déformés (63)
Tilapiascoliose, lordose, croissance et cicatrisation des blessures ralentie, hémorragies interne et externe (64)
VITAMINE A 
Salmonidéscroissance ralentie, exopthalmie, dépigmentation, obscurcissement et épaississement de l'épithélium cornéen, dégénérescence de la rétine (17, 65, 66)
Carpe communeanorexie, pâlissement de la couleur du corps, hémorragie des nageoires et de la peau, exopthalaie, opercules branchiaux défermés (67)
Daurade japonaisenon testée
Poisson chatdépigmentation, yeux opaques et exorbités (exopthalmie), atrophie, oedème, hémmoragie rénale, mortalité accrue (11)
Anguille japonaisecroissance ralentie (68)
VITAMINE D 
Salmonidéscroissance ralentie, indice de consommation en diminution, anorexie, tétanie, teneur lipique du muscle et du foie en augmentation, niveaux T3 du plasma accrus (69–71)
Carpe communenon testée
Poisson chatcroissance ralentie, basse teneur en cendres du corps ainsi qu'en P et Ca (72, 73)
Daurade japonaisenon testée
Anguille japonaisenon testée
VITAMINE K 
Salmonidéstemps de coagulation du sang plus long, anémie, branchies, yeux et tissu vasculaire à tendance hémorragique (44, 74, 75)
Carpe communenon testée
Poisson chathémorragie de la peau (11, 76)
Daurade japonaisenon testée
Anguille japonaisenon testée
VITAMINE E 
Salmonidéscroissance ralentie, exopthalmie, ascites, anémie branchies épaissies, épicardo-péricardite, dépôt de céride dans la rate, mortalité accrue, branchies décolorées, augmentation de la teneur en graisses et en humidité de la carcasse, fragilité des érythrocytes, dégénérescence et déterioration du muscle, taux d'éclosion des oeufs en diminution ainsi que celui de la fraie (77–80)
Carpe communedystrophie musculaire, mortalité accrue, exopthalmie
 (81–82)
Poisson chatcroissance ralentie, médiocre indice de consommation, diathèse exsudative, dystrophie musculaire, dépigmentation, foie graisseux, anémie, atrophie du tissu pancréatique, mortalité (11, 83)
Daurade japonaisenon testée
Anguille japonaisenon testée

* 1-McLaren et al., (1947); 2-Phillips & Brockway (1957); 3-Halver (1957); 4-Phillips (1959a); 5-Kitamura et al., (1967a); 6-Poston et al., (1977); 7-Takeuchi et al., (1980); 8-Hughes et al., (1981a); 9-Woodward (1982); 10-Woodward (1984); 11-Dupree (1966); 12 Murai & Andrews (1978b); 13-Aoe et al., (1967a); 14-Ogino (1967); 15-Yone (1975); 16-Arai et al., (1972a); 17-Coates & Halver (1958); 18-Murai & Andrews (1979); 19-Wilson et al., (1983); 20-Phillips (1959b); 21-Poston & DiLorenzo (1973); 22-Aoe et al., (1967c); 23-Andrews & Murai (1978); 24-Aoe et al., (1969); 25-Murai & Andrews (1978a); 26-Hashimoto et al., (1970); 27-Smith et al., (1974); 28-Jurss (1981) 29-Jurss (1978); 30-Hardy et al., (1979); 31-Ogino (1965); 32-Andrews & Murai (1979); 33-Adron et al., (1978); 34-Kissil et al., (1981); 35-Sakaguchi et al., (1969); 36-Walton et al., (1984c); 37-Poston & McCartney (1974); 38-Poston (1976); 39-Castledine et al., (1978); 40-Poston & Page (1982); 41-Ogino et al., (1970a); 42-Robinson & Lovell (1979); 43-John & Mahajan (1979); 44-Phillips (1963); 45-Kashiwada & Teshima (1966); 46-Kashiwada et al., (1970); 47-Limsuwan & Lovell (1981); 48-Ketola (1976); 49-Ogino et al., (1970b); 50-Aoe & Masuda (1967); 51-Burtle (1981); 52-Kitamura et al., (1965); 53-Hilton et al., (1978); 54-Sato et al., (1978); 55-John et al., (1979) 56-Poston (1967); 57-Halver et al., (1969); 58-Lovell (1973); 59-Andrews & Murai (1974); 60-Lovell & Lim (1978); 61-Wilson & Poe(1973) 62-Lim & Lovell (1978); 63-Mahajan & Agrawal (1979); 64-Soliman (personal communication); 65-Kitamura et al., (1967b); 66-Poston et al., (1977); 67-Aoe et al., (1968); Hagashi et al., (1960); 69-Barnet et al., (1979a); 70-George et al., (1979); 71-Leatherland et al., (1980); 72-Lovell & Li (1978); 73-Andrews et al., (1980); 74-Poston (1964); 75-Poston (1976b); 76-Murray & Andrews (1977); 77-Woodall et al., (1964); 78-Poston (1965); 79-Poston et al., (1976); 80-Cowey et al., (1984a); 81-Watanabe et al., (1970a); 82-Watanabe & Takashima (1977); 83-Murray & Andrews (1974).

TABLEAU 9

VITAMINE A 
Salmonidéscroissance ralentie et hématocrite médiocre, forte nécrose et érosion des nageoires anale, caudsle, pelvianne et pectorale, scoliose, lordose, mortalité accrue, foie fragile d'une couleur jaune pâle, graisse corporelle en réduction (1, 2)
VITAMINE D 
Salmonidéscroissance ralentie, léthargie, coloration foncée (3)
Poisson chatgain de poids réduit, mauvais indice de consommation (4)
VITAMINE E 
Généralcroissance médiocre, réaction toxique du foie, mortalité (3)

1-Hilton (1983);
2-Poston (1971);
3-Halver (1980);
4-Andrews et al., (1980).


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