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TRAITEMENTS ET CONTROLES : LES VACCINS

W. BRISINELLO

1.   HISTOIRE ET MOTIFS

Le premier succcès dans le domaine de la vaccination des poissons date d'une quarantaine d'année lorsque le premier résultat positif obtenu pour la vaccination de la truite a été observé avec Aeromonas salmonicida. Au cours de la même période, plusieurs produits thérapeutiques vétérinaires ont été mis sur le marché, et ceci a ralenti le processus de développement des méthodes d'immunisation pour le contrôle des maladies dans l'élevage des poissons. Ce n'est que récemment que plusieurs travaux de recherche ont été consacrés à l'étude de la vaccination et ceci pour plusieurs raisons.

  1. Il n'existe aucun traitement chimiothérapeutique contre les maladies virales.

  2. Les résultats obtenus avec l'utilisation des antibiotiques et des désinfectants contre les maladies bactériennes sont temporaires et ces traitements doivent être répétés régulièrement si l'on n'a pas réussi à éliminer la maladie.

  3. L'efficacité des traitements antiparasitaires est souvent incertaine et, sur une longue période, son succès n'est pas garanti.

Ces raisons, principalement sanitaires, sont liées aux sérieux problèmes économiques qu'un état sanitaire insuffisant et difficilement contrôlable détermine dans la gestion d'un élevage de poissons. L'attention doit être portée sur l'augmentation du coût de production due à l'achat de produits thérapeutiques et d'aliments médicamenteux, sur la baisse de production due à la perte des animaux et à un indice de conversion moindre lors du stress qui accompagne les états pathologiques et sur les difficultés des éleveurs à étendre les programmes de production, difficultés dues à l'imprevisibilité habituelle de l'irruption et de l'importance des maladies.

La vaccination est alors placée dans le cycle productif comme un coût quantifiable en priorité, ce qui permet d'éliminer ou au moins de réduire les coûts de la thérapie de la maladie et donne aux éleveurs la possibilité de produire en réduisant les risques de gestion.

2.   BASES BIOLOGIQUES

Les méchanismes biologiques qui sont activés par la vaccination, chez le poisson, ne sont pas aussi connus que ceux des mammifères et des oiseaux.

Le système immunitaire du poisson est, en fait, un peu différent de celui des mammifères et des oiseaux, car il est moins compliqué et moins sophistiqué. Il y a aussi beaucoup de différences entre les différentes espèces de poissons.

Il a été noté, chez le poisson, la présence à la fois d'un système de défense immunitaire aspécifique et d'un système de défense immunitaire spécifique qui confèrent au système immunitaire l'aptitude à “se rappeler” de la nature stéréo-chimique de l'antigène avec lequel l'organisme du poisson est entré en contact.

Les anticorps du poisson, appartenant chimiquement aux immunoglobulines, semblent appartenir à l'une des cinq classes trouvées chez les mammifères et en particulier les lgM.

L'action accomplie par ceux-ci peut être de trois types :

  1. Agglutinant : L'agrégation des anticorps avec l'antigène confère moins de toxicité et une meilleure possibilité d'être phagocyté.

  2. Précipitant : Cause la précipitation des antigènes toxiques solubles.

  3. Virus neutralisant : rend le virus incapable de pénétrer dans les cellules, grâce à la connection.

La formation des anticorps dépend de plusieurs facteurs physiologiques et environnementaux.

  1. La température : Il semble que seule la phase d'induction de la réponse primaire dépende de la température et non la libération des anticorps issus des cellules plasmatiques.

  2. Les facteurs du comportement : Les résultats de plusieurs observations sur des groupes de carpes ont montré que seuls les membres dominants du groupe ont produit des anticorps lors d'injections expérimentales

  3. Les facteurs physiologiques : Le niveau de développement du système immunitaire est très important et, pour une même espèce, dépend de l'âge de l'animal.

3.   VACCINS : QUE SONT-ILS ET COMMENT SONT-ILS PREPARES ?

Les vacccins sont formés par “une concentration” d'antigènes à pouvoir pathogène inactivé, présentée sous la forme la plus adaptée à la méthode d'administration choisie.

Pour obtenir de grandes quantités d'antigènes, il est nécessaire de s'adresser à un laboratoire parce que le développement des bactéries et des virus ne peut être réalisé que dans des milieux de culture appropriés.

Il y a aussi des cas exceptionnels, par exemple, la production de vaccins contre certains parasites, dans lesquels les antigènes sont obtenus grâce à des cultures de parasites similaires, capables de croître sur des milieux artificiels.

4.   METHODES D'ADMINISTRATION DES VACCINS

Ils peuvent être administrés par la pénétration forcée du vaccin ou par l'absorption naturelle.

Les principales méthodes d'administration des vaccins sont les suivantes :
déshydratante dans l'eau saiée (4 – 8 ) dans le but d'obtenir une absorption plus intensive de la solution du vaccin qui va suivre.

Néanmoins le bain hyper-osmotique est très stressant, surtout pour les alevins et donc, la vaccination par un bain normo-osmotique est préférable.

L'immunité qui résulte de cette technique est très bonne, l'opération est simple, rapide (Durée du bain : 5" à 30"), et n'exige pas d'équipement particulier, mais permet la vaccination de moins de poissons par litre de vaccin qu'avec la technique de vaporisation. La technique de vaccination par bain n'est pas valable pour les espèces qui sont abondamment couvertes de mucus (ex. anguilles, poissons-chats).

5.   FACTEURS QUI INFLUENT SUR LA REPONSE IMMUNITAIRE A LA VACCINATION

Les paramètres qui influent principalement sur la réponse immunitaire à la vaccination sont les suivants :

  1. Age du poisson : La réponse immunitaire est plus intense et plus durable chez le poisson adulte. L'immunité, chez les salmonidés, dure à peu près 120 jours chez les poissons de 1 g., à peu près 180 jours chez les poissons de 2 g., mais, chez les poissons de 4 g. ou plus, l'immunité dure une année ou plus.

  2. Technique d'administration des vaccins.

  3. Temps de contact entre poisson et antigènes au moment de la vaccination : Par ex., dans la vaccination contre la vibriose, il apparaît qu'un temps d'immersion de moins de 5" ne garantit pas un niveau de protection suffisamment proche de celui qui doit être obtenu.

  4. Concentration en antigènes dans la solution de vaccin.

    Elle est bonne autour de 107 cellules/ml, par exemple dans la vaccination contre la vibriose et contre la maladie de la bouche rouge, et autour de 104 virus/ml peur la vaccination contre le S.H.V.

  5. Température de l'eau.

    Généralement plus la température est élevée, plus rapide est l'obtention d'un niveau élevé d'anticorps hématiques.

  6. Autres facteurs environnementaux (état sanitaire, etc… ).

6.   SITUATION ACTUELLE DU MARCHE

Le marché du vaccin est en expansion rapide. Il y a, à présent, sur le marché, des vaccins contre la vibriose, contre la maladie entérique de la bouche rouge et contre la furonculose.

Certains problèmes existent concernant l'introduction sur le marché de vaccins contre les maladies virales, parce que dans ces produits, les antigènes (virus) ne sont pas détruits et maintiennent donc une faible pathogénicité.

Les vaccins contre les maladies parasitaires ne sont pas disponibles sur le marché, mais la mise au point de certains d'entre eux est en train de se développer rapidement.

7.   EXPERIENCES DE VACCINATION CONDUITES PAR L'INSTITUT EXPERIMENTAL ZOO-PROPHYLACTIQUE DES REGIONS VENITIENNES

Les résultats obtenus à partir de certaines vaccinations contre la vibriose sont présentés synthétiquement dans le tableau 1.

Les essais ont été conduits dans le laboratoire d'ichthyopathologie de l'institut mentionné, en utilisant, dans la préparation du vaccin, la même souche bactérienne que celle utilisée plus tard pour la vérification de l'efficacité.

La vaccination a été mise en pratique en utilisant la technique du bain et le vaccin, dans les deux essais effectués. Il y avait un nombre de 109 cellules/ml.

a) Injection : Le vaccin est administré par injection intra-musculaire, intracoelomatique, ou directement dans le coeur, en fonction des espèces de poisson et du type de vaccin. Les inconvénients de cette technique sont nombreux et en particulier, en ce qui concerne la manipulation des poissons, la capacité opérative réduite et le coût élevé du travail demandé. Cette technique est souvent utilisée pour les géniteurs puisqu'ils sont habituellement en nombre réduit dans toutes les installations ; ceci est dû au fait que ces animaux ont une grande valeur.

Cette technique est aussi utilisée dans les recherches scientifiques car elle assure la pénétration du vaccin dans le poisson et permet d'étudier l'efficacité du vaccin indépendamment de son administration.

b) Vaporisation : Cette technique exige une vaporisation de la solution de vaccin sur le poisson. Les poissons sont déposés sur un transporteur placé au dessous de l'élément de vaporisation.

Cette méthode exige un équipement compliqué et coûteux mais assure, pour certaines espèces (ex. Truite arc-en-ciel - Salmo gairdneri), une bonne capacité d'absorption et un grand nombre de poissons peut être vacciné avec un litre de vaccin.

c) Au moyen d'aliments : Le vaccin est mélangé avec l'aliment, avalé par le poisson et est absorbé dans le système digestif.

La technique est très simple mais moins efficace en raison du processus de dénaturation des protéines d'antigènes par le pH acide de l'estomac.

d) Par bain : Cette méthode est basée sur la capacité naturelle du poisson à absorber l'eau environnante, a travers l'épiderme et par les branchies.

Souvent la vaccination par bain est précédée par une immersion

TABLEAU 1 - QUELQUES ESSAIS DE VACCINATION CONTRE Vibrio anguillarum

VACCINESPECES ET TAILLEBAIN DE VERIFICATION DE L'EFFICACITEMORTALITE% DU
GROUPES VACCINESGROUPES NON VACCINESNIVEAU DE PROTECTION
Pour la VibrioseLoup
(Dicentrarchus labrax)
Vibrio anguillarum3 × 503 × 50 
Produit par le laboratoire0,18 g.28 107 c/ml 15,4 %30,7 %50 %
18° C
30 min.
(1)(3)
Pour la VibrioseTruite arc-en ciel
(Salmo gairdneri
Vibrio anguillarum33 × 1003 × 100 
Produit par le laboratoire4,96 g.25 107 c/ml10,3 %74,3 %86 %
18° C
30 min.
(2)(4)

(1) Vérification après 10 semaines
(2) Vérification après 6 semaines
(3) P 0,01
(4) P 0,05

REFERENCES

  1. Office International des Epizooties (1984). Symposium on fish vaccination. Paris, 20 – 22 February 84.

  2. J.L. PREYER et al (1977). Developpement of bacterins and vaccines for control of infections diseases in fish. Oregon State University Sea Grant College Program. Publication No ORESU - T - 77 - 012. Dec. 77.

  3. K.A. JOHNSON, J.K. FLYNN & D.F. AMEND (1982). Duration of immunity in salmonids vaccinated by direct immersion with Yersinia ruckeri and Vibrio anguillarum bacterins. Journal of fish diseases, 1982, 5, 207 – 213.

  4. W. BRISINELLO et al. (1985) Vaccination trials against Vibriosis in Sea bass (Dicentrarchus labrax) fry. Bulletin of the E.A.F.P., No 3 - 1985


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