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REGLEMENTATIONS SANITAIRES INTERNATIONALES D'AQUACULTURE

Hans ACKEFORS

INTRODUCTION

L'élevage des poissons ou d'autres types d'organismes aquatiques a été mis en pratique, pendant plusieurs siècles, en Asie. Plus de 80 pour cent de toute la production de l'aquaculture provient des pays asiatiques. En Europe, cette branche commerciale a aussi une longue tradition. A peu près 1,3 million de tonnes (ou à peu près 12 pour cent de la production mondiale totale) a son origine dans cette partie du monde. Les éco-systèmes artificiels pour la production de poissons et de crustacés, supérieurs en densité aux écosystèmes naturels, peuvent, cependant, causer des problèmes pathologiques. Le transfert de matériel vivant, d'une région à une autre, est aussi un risque et il ne faut pas oublier qu'il peut propager des maladies et des parasites. Le traitement des animaux malades avec des antibiotiques et des agents chimiothérapeutiques, qui est actuellement un procédé habituel dans les systèmes intensifs d'aquaculture doit être minimisé et une période d'arrêt des traitements est nécessaire avant l'“abattage” afin de protéger le consommateur. Les paramètres environnementaux officiels concernant les eaux utilisées pour la production, en aquaculture, doivent être établis en fonction du consommateur.

Les organismes internationaux sont concernés par ces problèmes. Le trafic international du poisson vivant et de l'oeuf ainsi que l'exportation et l'importation des poissons produits ont été analysés à différents points de vue. Les objectifs sont, la prévention et l'éradication des maladies des animaux afin d'éviter (1) les problèmes et les catastrophes dans les éco-systèmes aquatiques, (2) les risques pour la santé humaine.

Plusieurs organismes internationaux ont fait des recommandations en ce qui concerne la manipulation du matériel vivant, des poissons et des crustacés produits, e.g. the International Council for the Exploration of the Sea (I.C.E.S), the European Inland Fishery Advisory Committee (E.I.F.A.C.), l'Office International des Epizooties (O.I.E.), the Food and Agricultural Organization (F.A.O.) and the World Health Organization (W.H.O).

Tous ces organismes ont établi des codes internationaux de procédés et de recommandations visant à protéger la santé humaine et à prévenir/éradiquer les maladies animales dans l'environnement aquatique.

LES NORMES INTERNATIONALES ET LA REGLEMENTATION POUR LE MATERIEL VIVANT

A. L'introduction des espèces non-indigènes

L'introduction des espèces non-indigènes a sérieusement affecté plusieurs éco-systèmes. Les espèces introduites peuvent remplacer les espèces indigènes précieuses, propager les maladies communicables des poissons et introduire de nouveaux parasites. Les conséquences aussi bien écologiques qu'économiques des introductions peuvent être fatales. A I'I.C.E.S., le “groupe de travail sur l'introduction et le transfert des organismes marins” a travaillé pendant plusieurs années sur ce problème. Déjà en 1973, I'I.C.E.S a adopté un “code de procédés pour réduire les risques des effets nocifs provenant de l'introduction des espèces marines non-indigènes”. A la réunion statutaire de 1979, le conseil a adopté un code révisé (ANON, 1984). Ce code recommande aux pays membres de l'I.C.E.S de suivre certaines procédures afin de réduire les risques de propagation des maladies et des parasites. Le paragraphe suivant résume brièvement les recommandations concernant l'introduction des animaux (1) et celles concernant la procédure à suivre quand la décision de les introduire a été prise (2) :

1. Les procédures recommandées avant l'introduction sont :

  1. L'ICES devrait être informé par le pays membre pour que le Conseil considère l'issue possible de l'introduction proposée.

  2. Les autorités nationales appropriées devraient examiner chaque “candidat à l'admission”.

  3. On devrait estimer les effets possibles du “candidat” dans un environnement nouveau.

  4. Les résultats de (b) et de (c) devraient être envoyés au Conseil pour évaluation.

2. Procédure à suivre quand la décision d'introduction a été prise :

  1. Les géniteurs importés doivent être gardés en circuit fermé (quarantaine).

  2. Les eaux d'écoulement de la zone de quarantaine ou de l'écloserie devraient être stérilisées.

  3. Dans le cas de poissons, les géniteurs devraient être élevés à partir de stocks importés, tels que des oeufs ou des juvéniles.

  4. La progéniture (F 1) peut être introduite en petits lots dans des eaux naturelles.

  5. Les individus primitifs (géniteurs) doivent être détruits.

3. Procédures recommandées pour les espèces transférées et introduites qui font partie de la pratique commerciale courante

  1. Inspection périodique par le pays récepteur du matériel avant la transplantation de masse pour confirmer l'absence de maladies et de pestes possibles.

  2. Inspection et contrôle de chaque expédition à l'arrivée.

  3. Quarantaine ou désinfection toutes les fois que c'est possible et approprié.

  4. Etablissement du stock de géniteurs certifiés exempts d'agents pathogènes spécifiques.

Des recommandations similaires sont apportées par l'EIFAC pour les espèces d'eau douce. Ces recommandations sont aussi applicables jusqu'à un certain point pour le transfert des espèces indigènes d'une région à une autre.

B. Le trafic international de poissons et d'oeufs de poissons.

Il y a un code international zoo-sanitaire. L'objectif de ce code est de contrôler la propagation des principales espèces de poissons échangeables. L'office International des Epizooties (OIE) de PARIS et la FAO de ROME ont, ensemble, élaboré une convention internationale selon l'objectif cité et se sont consultés pour aboutir à ces recommandations (ANON, 1977).

Les procédures recommandées comprennent de nombreux points, ce qui est logique si l'on considère les conséquences fatales que certaines maladies peuvent exercer en aquaculture. La base de la convention est l'établissement de certificats de santé internationaux qui suivent le poisson importé et les spécimens de crustacés, de semences ou d'oeufs. Les certifications sont fournies après la classification de la ferme et l'examen clinique qui suit et/ou des tests de laboratoire. La situation géographique de la ferme, l'état de santé du cheptel ainsi que les mesures d'hygiène et les techniques d'élevage pratiquées sont observés avant que la classification de la ferme individuelle ne soit établie.

La classification des fermes aquacoles est divisée en quatre catégories :

  1. Ferme exempte d'agents pathogènes inscrits au code(Coded Pathogen Free - CPF), selon le tableau 1.

  2. Ferme exempte de maladie codifiée (Coded disease free - CDF), selon le tableau 2.

  3. Ferme exempte de maladie spécifiée (Specified disease free - SDF), qui pourrait être infectée par une ou plusieurs des maladies codifiées dans le tableau 1.

  4. Ferme atteinte de maladie minime (Minimum disease - MD) qui ne doit en montrer aucun signe.

Tableau 1 - Agents pathogènes codifiés et maladies, cf. Tableau 2

Agent pathogèneMaladie
1. IPN VirusIPN
2. IHN VirusIHN
3. VHS VirusVHS
4. SV VirusSV   (Poisson Cyprinid)

La liste des maladies des poissons reconnues par la Convention s'établit comme suit (Tableau 2)

Tableau 2 - Maladies des poissons inscrites dans la Convention Zoo-sanitaire Internationale

A. Maladies des poissons incluses dans un but de certification

a) Famille des salmonidae

  1. La nécrose infectieuse pancréatique (IPN - Infectious pancreatic necrosis)

  2. La nécrose infectieuse hématopoïétique (IHN - Infectious haematopoietic necrosis)

  3. La septicémie hémorragique virale (VHS - Viral Haemorrhagic septicaemia)

b) Famille des cyprinidae

1) La virémie printanière (SV - Spring viraemia)

B. Maladies des poissons et conditions de ces maladies inscrites uniquement dans un but d'information.

a) Famille des salmonidae

  1. Myxosomiases

  2. Furonculoses

  3. Erythrodermatites

Les processus d'isolation et l'identification des agents pathogènes sont décrites (ANON, 1977). L'échantillonnage, comme le transport du matériel au laboratoire sont réglés dans le détail. Les analyses proposées sont largement décrites dans e.g. Les procédures pour l'identification de la furonculose. La procédure habituelle de l'identification bactériologique et sérologique est donnée dans le rapport. Les procédures de désinfection du matériel vivant, des bassins et d'autres récipients y sont décrits.

LES REGLES INTERNATIONALES ET LES REGLEMENTATIONS CONCERNANT LES POISSONS ET LES CRUSTACES

Les activités conjointes des FAO/WHO dans le “Codex Alimentarius Commission” ont abouti à des programmes alimentaires standards. A présent, il y a sept comités spéciaux s'occupant de ces sujets. Chacun d'eux couvre les procédures de manipulation des produits alimentaires en vue de la consommation humaine. Les comités sont nommés d'après leur compétence ou d'après leurs responsabilités ; (1) additifs alimentaires, (2) principes généraux, (3) résidus de pesticides, (4) marquage alimentaire, (5) analyse et échantillonnage, (6) hygiène alimentaire et (7) médicaments vétérinaires.

Le code international s'occupant des poissons frais vise à protéger la santé du consommateur et à assurer des pratiques acceptables en ce qui concerne leur commerce (ANON, 1976). Le code international a besoin de modifications et d'amendements au niveau national, en tenant compte des conditions locales et des besoins spécifiques du consommateur local. Ceci signifie que les codes nationaux de pratiques basés sur le code international, devraient être élaborés pour guider les fermes aquacoles individuelles. Le code peut servir de guide pour l'élaboration des standards de qualité nationale pour le controle de la qualité et pour l'inspection des poissons. Des recommandations pour les traitements industriels y sont données. De plus, des propositions pour l'implantation de la ferme, les structures sanitaires, l'équipement, les pratiques opératoires, etc.. sont données en détail.

Le code international de pratiques recommandées pour les mollusques et les crustacés traite d'un sujet d'une extrême importance pour le consommateur (ANON, 1978). En effet, les mollusques et les crustacés sont plus sensibles à l'activité bactérienne que les poissons. C'est pourquoi le codex comprend des règles très vastes et des propositions pour, 1) L'hygiène environnementale dans les zones de croissance, (2) l'hygiène de la collecte et la protection de l'aliment, 3) et les procédures pour le transport.

Les standards environnementaux pour les animaux benthiques sessiles comme les palourdes et les moules sont indispensables pour un produit fini sain.

Une classification des zones de croissance et la connaisance de leur degré de pollution sont exigés aussi bien qu'un contrôle continu. Ceci est spécialement important en cas d'entérobactérie Escherichia coli et de dinoflagellés toxiques. Dans ce contexte, on doit aussi prendre en compte les polluants chimiques comme les hydrocarbures javellisés (PCB, DDT, etc…), les métaux lourds, e.g. mercure et cadmium et les contaminants radioactifs.

Les opérations d'aquaculture dans les unités de production ont une importance égale ou même plus grande que le contrôle de l'environnement. Des modèles spéciaux et des structures de fermes sont proposés. En conséquence, 1) la localisation, 2) les routes et les chemins utilisés pour le trafic routier dans la région, 3) le bâtiment et les structures, 4) les structures sanitaires, 5) Les équipements et le matériel sont sujets à de vastes recommandations. Un chapitre spécial est consacré aux exigences de l'hygiène des opérations et un autre à l'hygiène du personnel.

Les procédés de purification (dépuration) et de lacher des crustacés sont soumis à des recommandations détaillées de même que les procédés de production du produit fini.

Le stockage et le transport des mollusques et des crustacés sont des opérations délicates, comme c'est aussi le cas pour les poissons, lorsque l'on veut éviter la prolifération de micro-organismes et/ou la contamination. La protection contre la détérioration des produits est essentielle.

Les lois nationales et les réglementations

Toutes les règles internationales visent à servir de guide aux pays qui font des lois, au niveau national. Une étude comparative des lois et des réglementation régissant le trafic international des poissons vivants et des oeufs de poissons a été réalisée par l'EIFAC (ZENNY, 1969). Le rapport donne une description sommaire des lois et des réglementations en cours dans différents pays. De même, certains comités des différents pays faisant partie de la commission alimentaire Codex ont introduit des mesures existant dans certains autres pays. Dans une annexe du code de pratiques pour les mollusques et les crustacés, des procédures de laboratoire courantes sont décrites (ANON, 1978).

En Suède, la National Food Administration et le Veterinary Board sont principalement responsables de l'élaboration des lois, des réglementations, des directives et d'autres mesures destinées à prévenir la propagation des maladies animales et à protéger les consommateurs.

Après le vote parlementaire, les mesures doivent être suivies par toutes les compagnies et les individus concernés.

Compte tenu du fait qu'on s'intéresse à l'eau et à des organismes aquatiques, on doit prendre en compte les pollutions chimique et microbiologique. Les critères de qualité de l'eau dans les zones de culture sont les mêmes que ceux correspondants aux eaux de baignade. Ceci implique que les standards pour les opérations d'aquaculture soient établis comme suit :

Tableau 3

Critères suédois des standards microbiologiques de l'eau pour l'aquaculture

  1. Les bactéries coliformes thermostables :

    1. Acceptable : Inférieur à 100 par 100 ml d'eau

    2. Acceptable (sous contrôle) : entre 100 et 1 000

    3. Non acceptable : Supérieur à 1 000

  2. Nombre total des bactéries coliformes

    1. Acceptable : Inférieur à 1 000 par 100 ml d'eau

    2. Acceptable (sous contrôle) : Supérieur ou égal à 1 000.

Il n'est pas permis d'augmenter la quantité de poissons ou d'autres organismes aquatiques là où les concentrations en mercure (Hg) et en DDT/PCB chez les poissons sauvages, dépassent le niveau accepté par la loi suédoise. Dans de telles eaux, “blacklisted”, il n'est pas permis d'avoir une ferme aquacole.

En ce qui concerne le mercure, le brochet, le sandre et la lotte en ont des taux élevés, dans plusieurs lacs suédois qui excèdent le niveau p.p.m établi par la loi suédoise. C'est un fait qui a été déjà observé au milieu des années 60 (Cf ACKEFORS, 1968 ; ACKEFORS et al, 1970 ; ACKEFORS, 1971).

Cependant, il est tout à fait évident, à partir des analyses effectuées par la Swedish National Food Administration que la bioaccumulation en Hg, DDT, et PCB sur les poissons cultivés est très peu élevée. La concentration en mercure est de l'ordre de 0,02–0,15 mg par kg de chair. Les niveaux en DDT et PCB sont inférieurs à 0,05 et à 0,01 respectivement, chez les poissons et légèrement supérieurs chez les moules bleues. C'est un niveau inférieur à celui des spécimens sauvages. Les additifs alimentaires, pour les saumons, ne sont pas réglementés. La politique générale est que de telles substances, e. g. Cantaxanthine, devraient être évitées.

On a observé des quantités croissantes d'antibiotiques et d'agents chimiothérapeutiques. En Suède, 125 kg de substances antibiotiques (substance active) ont été utilisés en 1983 (LUNDBERG, Comm. pers.). On peut comparer ce chiffre avec ceux de la Norvège, qui en a utilisé 10 tonnes en 1983 et 20 tonnes en 1984 (NIDTLYNG, 1985). Selon la loi suédoise, la période d'arrêt de telles substances est la suivante : tableau 4.

Tableau 4

AgentPériode d'arrêt
Oxytétracycline9° C30 jours
   
Sulfamérazine9° C60 jours
   
Furanace9° C40 jours
   
Trimétroprimasulfa9° C80 jours
   
Néguson (Parasites) 14 jours

L'introduction d'espèces non-indigènes suit le code de pratique ICES (EIFAC). Cependant, plusieurs introductions ont été réalisées plus tôt. Les civelles importées de France et d'Angleterre doivent être mises en quarantaine. Ces directives comprennent une période de quarantaine de 6 semaines. Les tests effectués sur les poissons de la famille des salmonidés sont utilisés pour contrôler la présence de virus IPN ou VHS chez les civelles. Toute eau qui sort des bassins de quarantaine doit être stérilisée.

REFERENCES

Ackefors, H., 1968 : A survey of the mercury problem in Sweden with special reference to fish - ICES, C.M. 1968/E:3, Fisheries Improvment Committee.

Ackefors, H., 1971 : Mercury pollution in Sweden with special reference to conditions in the water habitat - Proc.Roy.Soc. Lond.B 177, 365–387.

Ackefors, H.,G. Löfroth § C.-C Rosen, 1970 : A survey of mercury - pollution problem in Sweden with special reference to fish .- Oceanogr. Mar.Biol.Am. Rev., 8, 203–224.

Anon, 1976 : Recommended International Code of Practice for Fresh Fish. - Joint FAO/WHO Food Standards Programme. Codex Alimentarius Commission. CAC/RCP 9 - 1976.

Anon, 1977 : Control of the Spread of Major Communicable Fish diseases. - FAO Fish. Rep. No 192

Anon, 1978 : Recommended International Code of Practice for Molluscan Shellfish - Joint FAO/WHO Food Standards Programme. Codex Alimentarius Commission. CAC/RCP 18 – 1978.

Anon, 1984 : Guidelines for Implementing the ICES Code of Practice Concerning Introductions and Transfers of Marine Species. - Coop.Res.Rep. No 130. ICES, August 1984.

Midtlyng , P.J., 1985 : Bruk av medikamenter og desinfeksjonsmidler i norske fiskeppdrettsanbyg.- Vann, 20 (3) : 177–180.

Zenny, F.B.., (ed) 1969 : Comparative study of laws and regulations governing the international traffic in live fish and fish eggs. - EIFAC Tech. Paper No. 10.


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