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5. LA CONSOMMATION DES PRODUITS D'ORIGINE ANIMALE

5.1 Introduction

Un bref aperçu du régime alimentaire au Rwanda est donné.

Il y a deux types de consommation alimentaire au Rwanda (avec tous les intermédiaires entre les deux):

Le régime alimentaire est en général caractérisé par:

Le TABLEAU 14 montre la disponibilité des substances nutritives pour l'ensemble du Rwanda.

TABLEAU 14: Disponibilité des substances nutritives (FAO, 1985)

 Disponibilité par habitant/jour% des besoins
Energie (kJ)908794
Protéines (g)       52,789
Graisses (g)      13,935

Ces chiffres semblent assez satisfaisants, mais il faut tenir compte du fait que la distribution alimentaire n'est pas uniforme dans le temps (périodes de soudure), sur le plan social (pauvres, groupes à risque) et sur le plan géographique (villes, zones rurales).

Concernant les protéines, la norme adaptée pour le besoin au Rwanda est de:

59 g de protéines/personne/jour dont 20 g d'origine animale (33, 9%).

Cet apport ne couvre que les besoins théoriques: c'est donc un minimum.

5.2 Résultats généraux et commentaires

L'enquête ECISA, qui a comme sujet “les consommateurs des produits d'origine animale”, nous a fourni les données suivantes (FIGURES 9 et 10)1:

1 TABLEAU 10 est calculé à partir des données du TABLEAU 9, tenant compte du contenu en protéines.

FIGURE 9

FIGURE 9: Consommation annuelle de produits d'origine animal par région (en kg/personne/an)

FIGURE 10

FIGURE 10: Apport journalier en protéine (en g/personne/jour)

Les moyennes pour toutes les régions dans lesquelles ECISA a eu lieu, sont mentionnées dans le TABLEAU 15.

TABLEAU 15: Consommation moyenne de produits d'origine animale

Produitconsommation en kg/personne/anconsommation en g de protéines/personne/jour
produits PECHE  3,8  4,4
produits ELEVAGE14,7  7,6
TOTAL18,512,0

Dans SCHMIDT et VINCKE (1981) nous retrouvons les données suivantes, utiles pour la comparaison:

DI LEO (1984) parle d'un apport journalier en protéines animales de 3,8 g (sans tenir compte de la consommation du lait) à 5,7 g par personne.

Les données par habitant ne fournissent qu'une indication de l'importance des produits de la pêche dans la nutrition. L'écart-type est très grand (1,36 kg/hab/an à Gitarama à 12,1 kg/hab/an à Gisenyi). La consommation de poisson dépend directement de sa disponibilité. Elle varie beaucoup selon la distance du lieu de débarquement et la condition de l'infrastructure routière. Dans les régions urbaines le pouvoir d'achat est plus élevé et des prix plus hauts sont payés pour les produits de la pêche.

Les résultats obtenus nous donnent une idée sur les quantités de produits d'origine animale consommées par le sujet d'ECISA. Ces quantités dépassent la moyenne nationale. Ce résultat provient du fait que l'enquête a été limitée aux consommateurs de poissons (TABLEAU 16). Pour évaluer l'importance relative des produits de la pêche, nous avons considéré la consommation totale de protéines par habitant et par jour au Rwanda égale à 53 g.

TABLEAU 16: Comparaison de l'importance des produits d'origine animale consommés avec la moyenne nationale

 ECISAMOYENNE NATIONALE
consommation de protéines animales (g/personne/jour)124
consommation de protéines venant des produits de la pêche
(g/personne/jour)
    4,4   0,1
apport relatif des protéines animales sur les protéines totales (%)  22,6   7,6
apport relatif des protéines de la pêche sur les protéines totales (%)    8,3   0,2
apport relatif des protéines de la pêche sur les protéines animales (%)  36,7   2,5

TABLEAU 17: Intervalle de consommation du produit de la pêche le plus souvent consommé par région (en jours)

REGIONGisenyiRuhengeriKigaliGitaramaButareCyanguguKibuyeECISA
PRODUITIs. fraisTil. fraisTil. fraisIs. séchéfar. Is.Is. séchéIs. fraisTil. frais
INTERVALLE61517202231825

Le TABLEAU 17 nous donne l'intervalle de consommation2 du produit de la pêche le plus souvent consommé. En général, le

régions riveraines du lac Kivu les Isambaza frais sont le plus souvent consommés (Gisenyi et Kibuye: chaque semaine).

2 Le nombre de jours entre deux repas contenant du poisson

Nous pouvons conclure que les consommateurs mangent une quantité considérable de produits d'origine animale. Leur régime alimentaire est plus équilibré3 que celui du reste de la population: 22,7% des protéines consommées sont d'origine animale. Néanmoins, les apports des produits de la pêche restent en dessous de la moyenne pour l'Afrique de l'Est (consommation: 5 kg/pers/an; apport relatif aux protéines totales: 13%; l'intervalle moyen de consommation: 18 jours) (TEUTSCHER, 1986).

5.3 Différents produits d'origine animale

5.3.1 Produits de la pêche

La différence régionale de la consommation des produits provenant de la pêche est très prononcée: à Gisenyi on mange presque 9 fois plus de poissons qu'à Gitarama.

La FIGURE 11 montre la consommation moyenne des différents produits de la pêche pour l'ensemble de notre échantillon. L'ANNEXE 2 montre la consommation des produits de la pêche par région.

FIGURE 11

FIGURE 11: Consommation annuelle des différents produits de la pêche

3 Un repas équilibré est constitué en théorie de:

15% de protéines (9% végétales; 6% animales); de l'apport calorique total
 
30% de graisses; 
55% de hydrates de carbone; 
 

Nous pouvons voir que le tilapia est le poisson le plus consommé. Kigali et Butare sont les régions où on le mange le plus. Dans la capitale il y a une demande énorme pour ce poisson: une livraison de Tilapia de 800 kg y est facilement vendue en 2 jours! Gitarama, Kibuye et Cyangugu connaissent une disponibilité faible de Tilapia.

Etant des préfectures riveraines, Gisenyi, Kibuye et Cyangugu sont les régions où on mange le plus de produits d'Isambaza. Les Isambaza frais y sont disponibles et les plus achetés. A Ruhengeri et Gitarama, 2 régions de l'intérieur du pays, les Isambaza séchés sont consommés: les frais n'y sont pas disponibles. Au moment de l'enquête les ndagalas séchés du lac Tanganyika n'entraient presque pas dans le pays. Dans les deux préfectures les plus proches du Burundi (Butare et Cyangugu), les ndagalas sont quand-même disponibles et consommés. A Gisenyi, Butare et Gitarama nous retrouvons les consommateurs de farine d'Isambaza. Seulement dans la ville où le pouvoir d'achat est fort (c'est-à-dire Kigali) les Isambaza congelés sont achetés.

Nous pouvons dire que la consommation de poissons (toutes sortes) la plus importante est observée à Gisenyi (grâce aux Isambaza), suivie par ordre descendant de Kibuye, Butare (grâce aux Tilapia) et Kigali. Gitarama est une région de forte demande et de faible disponibilité de poissons.

Le coût des protéines (d'origine animale, élevage, pêche) a été calculé par région (FIGURE 12). A Gitarama les protéines de la pêche coûtent le plus cher (faible disponibilité, grande demande); à Ruhengeri et Kibuye (grande disponibilité, faible demande) leur coût est le plus bas. Il n'existe aucune corrélation entre le coût et la consommation des protéines.

5.3.2 Produits d'élevage

La différence régionale de la consommation de viande est moins prononcée que celle des produits de la pêche: à Kigali 3 fois plus de viande est consommée qu'à Cyangugu.

Kigali et Gitarama sont les villes où on l'mange la plus grande quantité de viande (surtout la viande de boeuf). Kigali est l'endroit où il y a la plus grande diversité de produits et où le pouvoir d'achat est le plus élevé. A Gitarama, il y a peu de produits concurrents de la viande.

Le coût des protéines d'élevage varie moins par région que celui des protéines de la pêche: Kibuye est la région où ils sont les moins coûteux, tandis que Gitarama et Cyangugu sont les régions les plus chèrs.

Produits de'origine animale
FIGURE 12
Produits de peche
FIGURE 12
 
 
Produits d'elevage
FIGURE 12

FIGURE 12: Le coût des protéines par région

5.4 Contraintes de consommation

Si l'on se place dans une optique réaliste, pour assurer aux consommateurs de poissons un approvisionnement régulier, il est indispensable:

La réalisation de ces objectifs se heurte à des contraintes:

  1. les accès et les communications pour relier les 2 extrémités de la chaîne de distribution (les producteurs et les consommateurs).
    En effet, le Rwanda, pays montagneux, est doté d'un réseau routier ne reliant que les grandes localités, particulièrement les préfectures. Ainsi, l'échange reste encore réduit. Riveraines du Kivu, Gisenyi, Kibuye et Cyangugu sont en outre reliées entre elles par une piste non macadamisée reliant un certain nombre de marchés hors-projet qui se sont développés rapidement au cours des dernières années, témoignant de la réussite de la pêche au lac Kivu;

  2. la conservation des poissons
    Nous avons vu que la transformation des poissons - toujours dans le but d'assurer une meilleure conservation - permet l'écoulement et la diffusion de ces produits à travers le pays. Reste que toute transformation aboutira forcément à l'augmentation des prix et par conséquent au refus du consommateur à pouvoir d'achat limité. Il est cependant plus commode d'adopter une stratégie de commercialisation et de distribution des Isambaza à l'état frais, produit apprécié et revenant moins cher. Le projet RWA/87/012, projet de Développement de la Pêche au lac Kivu, s'est effectivement penché et a installé 2 conteneurs frigorifiques (un à Kigali et l'autre à Gisenyi, 2 villes où la demande est très importante).

  3. le type d'habitat
    A l'exception des centres urbains, il n'existe pas de grandes agglomérations et l'habitat est dispersé (95% de la population). Il est donc très difficile d'assurer à ce type de consommateur un approvisionnement régulier en poissons.


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