La République Unie du Cameroun couvre 475 km2, de 2° à 13° de latitude nord (1 200 kilomètres environ) et de 8°30' à 16°10' de longitude est. La majeure partie du territoire se situe entre 200 et 800 mètres d'altitude. On peut distinguer schématiquement les régions géographiques suivantes, sur la base de critères climatiques et topographiques (1) (16) (42):
la zone méridionale, de 2 à 6°nord environ, d'altitude généralement inférieure à 800 mètres, caractérisée par une année à quatre saisons, une pluviométrie supérieure à 1 500 millimètres avec un maximum de deux mois secs. C'est le domaine de la forêt dense humide sempervirente ou semi-décidue formant un manteau continu au sud et se morcellant en ilôts au nord du quatrième parallèle. Elle correspond aux zones éco-floristiques “humide” et “subhumide de basse et moyenne altitude” (42):
la zone côtière, s'étendant sur une bande de 200 kilomètres le long de l'océan où les influences océaniques sont prépondérantes. Il n'existe qu'une seule saison sèche peu marquée et la pluviométrie décroît de 4 000 mm sur l'océan (Douala) à 2 500 à 3 000 mm à 50 kilomètres à l'intérieur des terres (Edea) et 2 000 mm au contact avec la zone précédente. Elle correspond à la zone éco-floristique “très humide de basse et moyenne altitude” (42) et est caractérisée par une forêt sempervirente différant floristiquement des forêts sempervirentes de l'intérieur. La zone côtière et la zone méridionale constituent la région floristique “congo-guinéenne” de Letousey (16);
la zone septentrionale, avec une année à deux saisons, une saison sèche de 6 à 8 mois, au climat soudano-sahélien (suivant Aubréville) et correspondant à la zone éco-floristique “très sèche” (42). C'est le domaine des savanes soudanaises à synusie ligneuse du plateau de l'Adamaoua et du bassin camerounais de la Benoué et des steppes sahélo-soudaniennes à épineux constituant la région floristique “soudano-zambésienne” (16);
le mont Cameroun (4 070 m), les montagnes et hauts plateaux du Cameroun occidental et de la frontière avec le Nigéria ainsi que les messifs isolés dans le nord du pays, tous éléments d'altitude supérieure à 800 mètres et pouvant atteindre jusqu'à 2 740 mètres (Mont Bambouto). Ils présentent des variantes climatiques par rapport aux zones voisines de plus basse altitude et sont recouverts d'une végétation quelque peu différente, qu'il s'agisse de forêts dense humides de montagne au sud et des savanes boisées d'altitude au nord. Ces régions correspondent aux zones éco-floristiques dites de “moyenne altitude” et “montagnarde” (42).
La population totale du pays est de l'ordre de 7 100 000 habitants croissant aux taux annuel de 2,1% environ. La densité moyenne est de 15 habitants au km2, forte par rapport à la République Centrafricaine et au Gabon mais faible par rapport à celle du Nigéria (80 hab/km2). La population est inégalement répartie: le pays Bamiléké, la région de Douala, le centre sud, les régions de Ngaoundéré et Maroua sont densément peuplées alors que la zone forestière du sud-est, la zone côtière sud, le quadrilatère compris entre les latitudes 4 et 7°nord et entre le méridien 11°est et la frontière orientale, ainsi que la région au nord-est de Ngaoundéré sont peu habitées. La ligne de séparation entre une Afrique occidentale peuplée et dans une grande mesure déforestée et une Afrique centrale très faiblement occupée et en grande partie intacte traverse en fait le Cameroun de part en part.
1. Situation actuelle
1.1 Végétation ligneuse naturelle
1.1.1 Description des types de végétation (1) (6) (42)
Formation forestières feuillues denses (NHC)
Les forêts denses humides sempervirentes de basse et moyenne altitude pouvent être regroupées en deux grandes catégories, celle de la forêt biafréenne constituant un arc de cercle autour de la baie de Biafra et la forêt congolaise plus à l'intérieur des terres.
Au sein de la forêt biafréenne on peut individualiser la forêt littorale de basse altitude à Lophira alata et Sacoglottis gabonensis, caractérisés également par Cynometra hankei et Coula edulis, qui est en fait une forêt de substitution, ayant recolonisé d'anciens défrichements (16). Cette forêt a fourni depuis longtemps des bois commercialisés, notamment le bongossi ou asobé (Lophira alata) et l'eteng ou ilomba (Pycnanthus angolensis). Le reste de de la forêt biafréenne est essentiellement une forêt à Légumineuses et accessoirement à Irvingiacées et Rosscées. Certaines des Caesalpiniées forment des peuplements purs de quelque importance comme Brachystegia, Cynometra hankei, Didelotia brevipaniculata, Gilbertiodendron brachystegicides, Julbernadia spp., Monopetalanthus spp. et Tetraberlinia spp.
La forêt dense humide sempervirente congolaise de moyenne altitude s'étend de la forêt biafréenne à l'ouest jusqu'aux environs du méridien 15°E. Elle se distingue floristiquement de la forêt semi-décidue plus au nord (voir ci-dessous) dont elle est séparée par une forêt de transition (14), et aussi de la forêt biafréenne par l'absence de Caesalpiniées grégaires à l'exception notable de Gilbertiodendron dewevrei qui y forme des peuplements peu importants plus ou moins localisés dans les vallées. Une autre caractéristique est l'importance prise par l'adjap, ou moabi du commerce (Baillonella toxisperma), une Sapotacée à bois dur et lourd et grain très fin, apprécié par les paysans pour la graisse de ses graines.
La forêt dense semi-décidue de moyenne altitude est caractérisée par l'abondance de Sterculiacées comme Cola spp., l'eyong (Eribroma oblonga), le nkul, ou bété du commerce (Mansonia altissima), Nesogordonia sp., Pterygota spp., Sterculia spp., l'ayous ou samba ou obeche du commerce - (Triplochiton scleroxylon), et l'accompagnement de nombreuses Ulmacées parmi lesquels les Celtis sont les plus abondants. Comme les forêts semi-décidues voisines de la République Centrafricaine elles sont particulièrement riches en essences commerciales, notamment en essences de déroulage (ayous notamment), d'autant plus qu'elles contiennent un volume non négligeable de bois rouges de Meliacées, notamment l'asié, ou sapelli du commerce, (Entandrophragma cylindricum) et le bibolo, ou dibetou du commerce (Lovoa trichilioides) (12) (14).
Les forêts denses humides de montagne et de haute montagne constituent des peuplements de plus en plus homogènes avec l'altitude (peuplements presque purs de Cola sp. vers 1 500 – 2 000 mètres sur les monts Koupé et Nlonako au sud, de Syzygium parviflorum et Lachnopylis mannii au-dessus de 2 000 mètres dans le massif des Bamboutos en pays Bamileké). Un aspect intéressant est l'apparition de Podocarpus milanjanus, seule essence de conifère au Cameroun, vers 1 800 mètres, dans les différents massifs montagneux du sud. Sa présence, en général en mélange, et la surface très limitée des ilôts forestiers où il domine, permet de considérer que les peuplements naturels à prédominance de conifères (NS) couvrent une surface négligeable à l'échelle du pays (NS = 0).
Dans les savanes périforestières, les forêts galeries ont une composition qui diffère peu de celle de la forêt semi-décidue voisine. Au sud du parallèle 6°30' N la surface des galeries forestières de largeur supérieure à un kilomètre a été estimée à 145 000 ha (42), la largeur et la hauteur moyenne des galeries tendant à diminuer du sud vers le nord et avec l'altitude. Dans l'Adamaoua la végétation des vallons forestiers encaissés (avec Aubrevillea kerstingii, Eriocoelum kerstingii et Parinari kerstingii) et les syzygeraies (peuplements purs de Syzygium guineense) en amont des galeries forestières sont particulièrement caractéristiques (16).
Il existe de nombreux types de formations édaphiques forestières fermées parmi lesquelles il convient de citer:
les mangroves: elles s'étendent sur 272 000 hectares (42), à la frontière avec le Nigéria (rivières Akpa, Yafe, Ndian et Meme), tout autour de l'estuaire du Cameroun (rivières Bimbia, Mungo, Wouri et Dibamba), le long de la côte au sud de l'embouchure de la Sanaga, à l'embouchure de la Loukoundje et du Ntem. La mangrove externe ou “normale”, comporte deux espèces de Rhizophora (R. racemosa et R. mangle) avec très localement Avicennia nitida et Laguncularia racemosa. La mangrove interne est constituée de peuplements de Pandanus, de raphiales et de palmiers rotins;
les raphiales marécageuses et raphiales ripicoles couvrent une surface d'environ 150 000 hectares, où les espèces du genre Raphia (R. hookerei, R. monbuttorum, R. vinifera) voisinent avec Mitragyna ciliata, N. paludosa et Uapaca spp.;
les nombreux types de formations forestières marécageuses ou périodiquement inondées ou inondables comportent aussi certaines des essences précédentes. Deux formations édaphiques dans le sud-est du pays méritent une mention particulière: les peuplements à Guibourtia demeusei dans la forêt inondée de la Sangha (que l'on retrouve également au sud de la République Centrafricaine et dans le nord du Congo) constituant une frange étroite le long des rives de la Sangha et de la Ngoko, et la forêt marécageuse du Haut-Nyong à Sterculia subviolacea, essence qui en constitue exclusivement la strate dominante.
Formations forestières feuillues ouvertes (NHc/NHO)
Les savanes arborées, boisées et les forêts claires sèches soudaniennes s'étendent au nord de l'Adamaoua entre les parallèles 8° et 10° N approximativement. Leur composition floristique est assez nettement individualisée (1): peuplements de Monotes kerstingii et surtout massifs de Isoberlinia dalsielii, I. doka et Anogeissus leiocarpus accompagnés par les nombreuses essences arborées habituelles en zone soudanienne (Afzelia africana, Butyrospermum parkii, Daniellia oliveri, Parkia biglobosa, etc.) au sud de la rivière Benoué; et au nord de cette même rivière des concentrations de Burkea africana, baobab (Adansonia digitata), Anogeissus leiocarpus, Burkea africana, Prosopis africana et des éléments sahéliens tels que Acacia albida, A. caffra, A. sieberiana et Balanites aegyptiaca. En altitude les arbres de ces formations soudaniennes ont une hauteur noindre.
Une partie des savanes à Daniellia oliveri et Lophira lanceolata du plateau de l'Adamaoua peut être rangée dans la catégorie des formations arborées (et pas seulement arbustives), puisque notanment Daniellia oliveri est un arbre qui peut atteidre de grandes dimensions. Les savanes boisées à Burkea africana aux arbres à cimes jointives représentent un faciès particulier des savanes à synusie ligneuse de l'Adamaoua.
Dans le nord de cette région il convient de signaler également les touffes plus ou moins isolées de bambou (Oxytenanthera abyssinica).
Les peuplements de rôniers (Borassus aethiopum) constituent des peuplements importants dans le bassin de la Benoué (“vallée des rôniers” à l'ouest de Poli, autour de Rey Bouba, dans les vallées de la Vina et de la Mbéré).
Formation (essentiellement) arbustives (nH)
En plus d'une partie des savanes à synusie ligneuse de l'Adamaoua, on doit ranger dans cette catégorie les steppes à épineux dans la partie schélo-soudanienne au nord du parallèle 10° N. Elles sont constituées par les espèces ligneuses suivantes: Acacia spp. Balanites aegyptiaca, Zisiphus spp. ainsi que des éléments non épineux plutôt arbustifs. Acacia seyal couvre des surfaces importantes sur toutes les argiles noires (1). Les éléments soudaniens qui restent nombreux montrent que l'on a affaire à une “sahélisation” due à l'homme avec invasion par des espèces ligneuses typiquement sahéliennes des terrains de parcours et des cultures abandonnées.
Comme végétation arbustive on peut également citer les fourrés arbustifs sur cordons littoraux sablonneux en arrière de la mangrove qui couvre une superficie négligeable au niveau de l'ensemble du pays.
1.1.2 Situation actuelle de la végétation ligneuse
Surfaces actuelles
Le pays a été divisé en deux parties pour l'estimation des surfaces des différents types de végétation ligneuse:
les deux tiers méridionaux, au sud du parallèle 6°30' N (ligne Mayo Darié - Tibati - Meiganga), couvrant exactement 320 400 km2 et cartographiée par le projet pilote FAO/PNUE/Cameroun de surveillance continue du couvert forestier, à partir des images des satellites Landsat, de reconnaissances aériennes et au sol et de divers documents; la date moyenne des images Landsat utilisées est approximativement la fin de l'année 1975 (42);
le tiers septentrional au nord du parallèle 6°30' N, couvrant 150 042 km2 exactement, avec comme seul document d'ensemble disponible la carte phytogéographique du Cameroun au 1/2 000 000 dressé par Letouzey (1) complétée par les descriptions données dans (16).
Les résultats tirés de ces deux documents, actualisés à la fin de 1980 sont résumés dans le tableau ci-dessous:
Surfaces estimées de végétation ligneuse naturelle à la fin de 1980
(en milliers d'ha)
NHCf1uv | NHCf1uc | NHCf1(u) | NHCf2(i) | NHCf | NHCa | NHc/NHO1 | NHc/NHO2i | NHc/NHO2r | NHc/NHO2 | NHc/NHO | NHc/NHOa | nH |
7000 | 9940 | 16940 | 980 | 17920 | 4900 | 2700 | 4800 | 200 | 5000 | 7700 | 1200 | 9500 |
Les précisions suivantes sont nécessaires:
on a estimé que l'ensemble des forêts denses se trouvait au sud du parallèle 6°30' N, et considéré comme négligeable la superficie des galeries forestières et des massifs forestiers isolés au nord de ce parallèle; dans la partie sud seules les galeries forestières de largeur supérieure à un kilomètre environ sont prises en compte, conformément à la convention adoptée par le projet FAO/PNUE/Cameroun;
les forêts denses improductives pour des raisons physiques (NHCf2i) sont les mangroves (272 000 ha), les raphiales (150 000 ha), les forêts périodiquement inondées (158 000 ha), la moitié des forêts denses de moyenne altitude (800 à 1 800 mètres) et la totalité des forêts montagnardes (au-dessus de 1 800 mètres), l'ensemble de ces deux dernières catégories couvrant 400 000 ha environ;
les formations arborées ouvertes productives (NHc/NHO 1) comprennent essentiellement les “savanes boisées” de la partie sud, un peu plus du quart des “savanes soudaniennes arborées et boisées et forêts claires sèches soudaniennes” et un peu moins de 10% des “savanes arbustives soudano-guinéennes de transition” et des “savanes arbustives soudano-guinéennes de l'Adamaoua” (ces dénominations sont celles utilisées dans (1));
les formations arborées ouvertes improductives (NHc/NHO2) comprennent 200 000 ha environ de formations arborées dans les parcs nationaur (essentiellement parcs de la Benoué et de Bouba Ndjida), 2 millions d'hectares environ de savanes arborées au sud du parallèle 6°30' N et 2,5 millions d'hectares au nord de ce même parallèle (40% environ des “savanes soudaniennes arborées et boisées et forêts claires sèches soudaniennes” et un peu moins de 15% de “savanes arbustives soudano-guinéennes de l'Adamaoua”);
les surfaces de jachères en savane arborée (NHc/NHOa) ont été estimées très sommairement à partir des surfaces des cultures principales, toutes annuellles (coton, sorgho/millet, autres cultures vivrières, arachides) et d'un temps de jachère moyen de 3 ans;
les surfaces des formations arbustives (nH) telles qu'elles sont données dans ce tableau regroupent essentiellement:
les deux tiers environ des “savanes arbustives soudano-guinéennes de transition” et des “savanes arbustives soudano-guinéennes de l'Adamaoua”;
un peu plus de 20% des “savanes soudaniennes arborées et boisées et forêts claires sèches soudaniennes”;
une petite partie des “groupements soudaniens d'altitude”;
10% environ de la zone sahélienne périodiquement inondée (peuplements d'Acacia nilotica et A. seyal);
dans la catégorie des formations arbustives (nH) sont incluses également les jachères agricoles correspondant à ces formations, et les parties arbustives des parcs nationaux.
Propriété
L'ordonnance No. 73/18 du 22 Mai 1973 fixant le régime forestier national distingue les forêts demaniales, les forêts des collectivité publiques, les forêts des particuliers et les forêts du “patrimonie collectif national”. La très grande majorité des forêts denses appartient à cette dernière catégorie. Les forêts domaniales incluent principalement les parcs nationaux (tous en zone de savane), les réserves de faune, des forêts de production et des forêts de protection. Il y avait, avant la promulgation de cette ordonnance, et correspondant à ces deux dernières catégories, 643 000 ha de “reserved forest” dans la partie occidentale (35) et 124 000 ha de “forêts soumises” dans la partie orientale (13).
Statut légal et aménagement
Il existe quatre parcs nationaux tous situés en zone de savane, à savoir les parcs nationaux de Waza (170 000 ha), de Bouba Ndjida (214 000 ha), de la Benoué (180 000 ha) et de Kalamahoué (4 000 ha) (10) (27) (30) (31) (36) (37). La surface des formations arborées ouvertes couvrant ces parcs a été estimée très approximativement à 200 000 ha d'après les descriptions faites de leur végétation. Plusieurs réserves de faune existent (Bafia, Campo, Dja, Douala-Edea, Faro, Kalfou, Nanga-Eboko, Ossa-Edea, Sanaga) dont certaines sont entièrement situées en forêt dense, notamment celle du Dja qui couvre 520 000 ha. Les droits d'usage autres que la pêche et la chasse peuvent y être autorisées et les surfaces des forêts denses qui en font partie n'ont donc pas été classées comme improductives pour raisons réglementaires (NHCf2r).
Il n'existe pas actuellement de forêts aménagées intensivement (NHCf1m = 0) bien que des “working plans” soient mentionnés pour les principales réserves forestières de la région occidentale. Le périmètre de Dong-Dong (234 000 ha de forêts demaniales, 17 000 ha de forêt à classement différé, 115 000 ha de zone forestière reservés à l'agriculture) a été choisi depuis de nombreuses années comme zone pilote d'aménagement forestier et un plan d'aménagement forestier est en voie d'établissement (12) (20) (2) (22) (25) (38).
Si un aménagement forestier de type intensif n'existe pas, il convient cependant de signaler que de nombreux travaux d'enrichissement ont été réalisés, jusque vers 1960 environ, dans des réserves forestières de la région orientale, notamment dans les forêts de Mbalmayo, de Kienkié-Sud (Kribi), de Lungahe-Dibamba (Edea) et de Dibombe-Mabobe (Yabassi). Ces travaux consistaient à favoriser et à diriger la régéneration naturelle d'une ou plusieurs essences commerciales relativement abondantes et à compléter par des plantations en layons d'autres essences commerciales. C'est dans ces mêmes réserves forestières qu'ont été installés des chantiers de reboisement (voir paragraphe 1.2) (2) (9) (18).
Exploitation forestière
Bois en grumes
L'exploitation forestière pour les bois de sciage et de déroulage, axée en majorité sur l'exportation, a suivi la même évolution historique que celles des principaux pays forestiers africains de la côte atlantique (Côte-d'Ivoire, Ghana, Nigéria, Gabon et Congo). L'exploitation, limitée au début aux zones littorales et à un très petit nombre d'espèces d'exportation (azobé, et dans une moindre mesure, ilomba), s'est progressivement déplacée vers l'intérieur, le nombre d'espèces utilisées s'accroissant tout en restant cependant faible.
Le tableau suivant établi à partir des informations quelque peu divergentes des documents (19), (24), (26), (28) et des annauires FAO des produits forestiers (1976, 1977 et 1978) donne une estimation de l'évolution de la production annuelle de grumes dans les quinze dernières années.
Périodes | 1961–65 | 1966–1970 | 1970–75 | 1976–78 | ||
Ouest | Est | Total | ||||
Volumes (en milliers de m3) | 450 | 585 | 55 | 640 | 920 | 1 320 (est.) |
L'exploitation est restée selective comme le montre le tableau suivant donnant les pourcentages par espèces des bois exportés (19), (26), (28).
Nom commercial | Nom scientifique | 1966–67 % | 1970–73 % |
Azobé | Lophira alata | 24,3 | 22,0 |
Ilomba | Pyonanthus angolensis | 20,4 | 8,5 |
Doussié/Afzelia | Afzelia spp. | 15,6 | 8,6 |
Ayous/Obeche | Triplochiton scleroxylon | 2,8 | 12,3 |
Sapelli/Sapele | Entandrophragma cylindricum | 9,7 | 10,2 |
Sipo/Utile | Entandrophragma utile | 6,5 | 4,1 |
Acajous/Mahogany | Khaya spp. | 6,1 | 34,3 |
Dibetou/African walnut | Lovoa trichilioides | 4,5 | |
Iroko | Chlorophora spp. | 2,7 | |
Autres espèces | - | 7,4 | |
Total: 100,0 | 100,0 |
Le tableau montre une certaine diversification - ou à tout le moins une meilleure répartition entre les neuf essences principales - entre la fin des années 60 et le début des années 70. L'asobé reste de loin l'espèce la plus exportée, l'ayous (obeche) ayant progressé significativement, ce qui traduit un déplacement marqué de l'exploitation vers les forêts semi-décidues plus à l'intérieur.
Les rendements à l'hectare varient considérablement, de 2 m3 à plus de 20 m3 suivant les zones. Une moyenne pour l'ensemble du Cameroun a été prise égale à 6 m3 de volume de billes extraites sous écorce par ha de forêt (VAC).
La majeure partie de l'exploitation forestière se fait sur la base de licences attribuées pour une période de 5 ans renouvelable et ne pouvant excéder 25 000 ha. Avant 1965 les licences couvraient une surface de 2,8 millions d'hectares, auxquels se sont ajoutés 3,2 millions d'hectares en 1969 et 1970, et 4,4 millions d'hectares entre 1971 et 1973. La distribution des licences en 1970 et 1974 est celle indiquée dans le tableau suivant (26) (28):
Classes de surfaces (en milliers d'ha) | Novembre 1970 | Avril 1974 | ||||||||
Nombre | Surface totale | Production totale | Nombre | Surface totale | Production totale | |||||
(en milliers d'ha) | % | (en milliers d'ha) | % | (en milliers d'ha) | % | (en milliers de m3) | % | |||
0 – 10 | 22 | 145 | 2,4 | 170 | 21,6 | 70 | 2900 | 27,9 | 303 | 31,6 |
10 – 50 | 28 | 804 | 13,2 | |||||||
50 – 100 | 11 | 832 | 13,7 | |||||||
100 – 200 | 10 | 1484 | 24,7 | 195 | 24,8 | 20 | 2775 | 26,7 | 233 | 24,3 |
> 200 | 10 | 2774 | 46,0 | 420 | 53,6 | 17 | 4720 | 45,4 | 424 | 44,1 |
Total | 81 | 6039 | 100,0 | 785 | 100,0 | 107 | 10395 | 100,0 | 960 | 100,0 |
Les licences de moins de 10 000 ha, exclusivement réservées aux Camerounais et aux sociétés de nationalité camerounaise, répresentent une petite proportion de l'activité forestière. Les sociétés ayant des licences de plus grandes dimensions, et pratiquant une exploitation mécanisée, sortent probablement 90% ou plus du volume total de bois d'oeuvre.
Autres produits forestiers
Les productions annuellles de bois de service (essentiellement poteaux, pilotis, perches) et de bois de feu sont estimées à environ 550 000 m3 et 7 500 000 m3 respectivement par l'annuaire FAO des produits forestiers.
Parmi les autres produits forestiers faisant l'objet d'une collecte et éventuellement d'un commerce, on peut signaler (10): l'écorce de yohimbé (Pausinystalia johimbe), les graines de Strophantus gratus, le latex de Ficus, les copals de Copaifera, Guibourtia ou Tessmannia, les noix de karité (Butyrospermum parkiii), la gomme d'Acacia senegal (gommier) et d'A. seyal. Le caoutchouc sauvage des Funtumia elastica, disseminés en forêt (ou plantés jusqu'en 1945), n'est plus récolté.
1.1.3 Situation actuelle des volumes sur pied
Il n'existe pas d'inventaire forestier au niveau national, bien qu'une reconnaissance générale soit actuellement envisagée qui pourrait utiliser la carte du projet pilote FAO/PNUE/Cameroun comme base. Cependant des inventaires forestiers de reconnaissance ou de préinvestissement ont été réalisés sur quatre zones: inventaires de Deng-Deng (1965 et 1970) sur 293 000 ha de forêt (12) (20) (25), inventaire forestier préliminaire dans le Haut-Nyong et la Boumba-Ngoko (1966–67) sur 2 175 000 ha de forêt (14), inventaire papetier dans la région d'Edea (1968) sur 105 000 ha de forêt (17) et inventaire des forêts de la province du sud-ouest (régions de Mamfe et Kumba, 1975) sur 292 000 ha de forêt (29). La compilation des rapports correspondants et la comparaison avec des résultats de formations similaires dans des pays voisins a permis de déterminer des chiffres moyens de volume brut tige toutes essences au-dessus de 10 cm de diamètre (VOB) pour les principales catégories de forêt dense (NHC).
Volumes sur pied estimés à la fin de 1980
(totaux en millions de m3)
NHCf1uv | NHCf1uc | NHCf2 | NHc/NHO 1 | ||||||||
VOB | VAC | VOB | VOB | VOB | VAC | ||||||
m3/ha | total | m3/ha | total | m3/ha | total | m3/ha | total | m3/ha | total | m3/ha | total |
280 | 1960 | 6 | 42 | 270 | 2685 | 100 | 98 | 30 | 80 | 2 | 5,4 |
1.2 Plantations
1.2.1 Introduction (11) (39)
Les premières plantations furent réalisées dans la sone de forêt dense en 1937 avec l'ayous (Triplochiton scleroxylon) en forêt classée de Makak (à proximité du chemin de fer Douala-Yaoundé, à 90 kilomètres au sud-ouest de Yaoundé). Elles se sont poursuivies depuis sur le même chantier pour atteindre à l'heure actuelle plusieurs milliers d'hectares.
Des chantiers de reboisement en essences de bois d'oeuvre ont été créés:
dans la région de Kribi (Kienke), en 1950, essentiellement avec l'okoumé (Aukoumoa klaineana) et dans une moindre mesure, le framiré (Terminalia ivorensis);
dans la région de Douala (Bonepoupa), en 1953, avec l'azobé (Lophira alata), l'ilomba (Pycnanthus angolensis), le doussié (Afzelia spp.), le framiré;
dans la région de Yabassi, au nord de Douala (Solle), en 1953, avec l'ilomba, le dibétou (Lovoa trichilioides), l'acajou (Khaya spp.);
dans la forêt classée de Mbalmayo, avec le dibétou essentiellement et d'autres Méliacées;
dans la région de Foumban (Melap) et de Bafoussam (Baleng) où ont été plantées diverses essences de pins (essentiellement P. patula, P. khasya, P. caribaea, P. radiata) et d'eucalyptus (E. saligna surtout, E. grandis, E. Fostrata);
dans l'est du pays (Bertoua-Batouri) avec le teck;
dans l'ouest du pays avec Gmelina arborea pour la production de bois d'allumettes.
La création du Fonds National Forestier et Piscicole en 1965 a donné un nouvel élan aux plantations en forêt dense et de nouveaux chantiers de reboisement ont été créés (Ottotomo, Loum).
A partir de la fin de la deuxième guerre mondiale des programmes de plantation. en savane soit pour la production de bois de feu et de bois de service, soit pour la conservation des sols et la protection des cultures par bandes brise-vent ont été memés à bien. Les essences utilisés furent Cassia siames, Albisia lebbek, le neem (Asadirachta indica), Dalbergia sissoo, caïlcedrat (Khaya senegalensis) (7). Cassia siamea et Dalbergia sissoo se sont avérés à l'expérience donner les meilleurs résultats et les autres essences ont été pratiquement abandonnées. C'est ainsi que de 1946 à 1957 ont été entrepris des périmètres de restauration des sols avec plantation dans la région de Mokolo (Mogode) (6), (23) et de Yagoua (Doukoula-Tchatibali-Wina) (4) et des boisements collectifs pour le bois de feu et le bois de service dans les régions de Bafoussam, Foumbam, Ngaoundéré, Garoua et Maroua (5) (8).
Le nombre de chantiers de reboisement en savane s'est accru dans les dernières années grâce à des sources de financement nouvelles (“Sahel vert”, programme Semry à Yagoua) (34) (40) (41). Depuis plusieurs années les eucalyptus constituent le groupe d'espèces majoritaire des plantations en savane, et ils ne sont remplacés par d'autres essences que lorsque les dégâts par les termites sont trop importants.
Dans le Cameroun occidental, à la veille de l'unification en 1972, existaiené 400 hectares de Gmelina arborea pour la production de bois pour allumettes (35).
Tous les reboisements, qu'ils soient à but industriel ou non, ont été réalisés par la puissance publique à l'exception de plusieurs centaines d'hectares d' eucalyptus dans la région de Bafoussam, plantés par les communautés villageoises, et des plantations de Gmelina mentionnés ci-dessous.
1.2.2 Surfaces des plantations réalisées
Plantations industrielles
Il s'agit essentiellement des plantations de bois d'oeuvre et d'industrie dans la sone forestière.
Surfaces estimées des plantations industrielles réalisées à la fin de 1980 1
(en milliers d'ha)
Catégorie | Essences | Années | 76–80 | 71–75 | 66–70 | 61–65 | 51–60 | 41–50 | Avant 41 | Total |
Classe d'âge | 0–5 | 6–10 | 11–15 | 16–20 | 21–30 | 31–40 | > 40 | |||
PHL 1 | Essences locales de bois d'oeuvre 2 | 3,7 | 1,2 | 0,7 | 1,0 | 2,2 | 0,2 | ε | 9,0 | |
Aucoumea Klaineana (okoumé) | ||||||||||
Terminalia ivorensis (framiré) | ||||||||||
Tectona grandis (teck) | ||||||||||
PHH 1 | Gmelina arborea | 0(0,2) | 0(0,2) | 0,2 | 0,2 | 0,4 | ||||
PH. 1 | Seus-total essences feuillues | 3,7 | 1,2 | 0,9 | 1,2 | 2,2 | 0,2 | 9,4 | ||
(3,9) | (1,4) | (0,7) | (1,0) | |||||||
PS. 1 | Pinus spp.3, autres résineux 4 | 0,5 | 0,2 | 0,1 | 0,1 | 0,1 | ε | 1,0 | ||
P. . 1 | Total plantations industrielles | 4,2 | 1,4 | 1,0 | 1,3 | 2,3 | 0,2 | ε | 10,4 | |
(4,4) | (1,6) | (0,8) | (1,1) | (2,3) | (0,2) | (ε) |
3 Pinus caribaea, P. insignis, P. khasya, P. patula, P. tenuifolia.
4 Cupressus forbesii, C. benthamii et Podocarpus spp. essayés près de Bafousses et dans l'Adamaoua.
Dans les plantations feuillues pour le bois d'oeuvre (PHL 1), l'okoumé represente 50% environ, les Meliacées (dibétou et sapelli surtout) le tiers, l'ayous 5%, l'ilomba 4%, le fraké et le framiré 3%, les quelques pour cent restants étant partagés entre l'asamela, l'asobé, le doussié, le moabi et le teck.
Ambres plantations
Il s'agit de plantations de bois de service et de bois de feu et de plantations de conservation des sols et de protection des cultures par bandes brise-vent.
Surfaces estimées des plantations non-industrielles réalisées à la fin de 1980 1
(en milliers d'ha)
Catégorie | Essences | Années | 76–80 | 71–75 | 66–70 | 61–65 | 51–60 | 41–50 | Avant 41 | Total |
Classe d'âge | 0–5 | 6–10 | 11–15 | 16–20 | 21–30 | 31–40 | > 40 | |||
P..2 = PHH 2 | Cassia siamea, Dalbergia sisso, Eucalyptus spp. 2 et divers | 2,3 (5,7) | 0,9 (2,4) | 0,6 | 1,0 | 2,8 | 0,5 | 8,1 |
2 Ce sont surtout Eucalyptus saligna et accessoirement E. grandis et E. rostrata
3 Le neem (Azadirachta indica), le caïlcedrat (Khaya senegalensis) et Albizia lebbek ont été utilisés dans les premiers reboisements en savane mais ont été plus ou moins abandonnés après 1960.
Toutes plantations
Surfaces estimées des plantations réalisées à la fin de 1980
(en milliers d'ha)
Catégorie | Essences | Années | 76–80 | 71–75 | 66–70 | 61–65 | 51–60 | 41–50 | Avant 41 | Total |
Classe d'âge | 0–5 | 6–10 | 11–15 | 16–20 | 21–30 | 31–40 | > 40 | |||
PHL | Essences de bois d'oeuvre locales et introduites | 3,7 | 1,2 | 0,7 | 1,0 | 2,2 | 0,2 | ε | 9,0 | |
PHH | Gmelina arborea, | 0(0,2) | 0(0,2) | 0,2 | 0,2 | 0,4 | ||||
Cassia siamea, Dalbergia sissoo, Eucalyptus spp. et divers | 2,3 (5,7) | 0,9 (2,4) | 0,6 | 1,0 | 2,8 | 0,5 | 8,1 | |||
Sous-total essences feuillues à croissance rapide | 2,3 (5,9) | 0,9 (2,6) | 0,8 | 1,2 | 2,8 | 0,5 | 8,5 | |||
PH | Sous-total essences feuillues | 6,0 (9,6) | 2,1 (3,8) | 1,5 (0,7) | 2,2 (1,0) | 5,0 (2,2) | 0,7 (0,2) | ε | 17,5 | |
PS | Pinus spp. autres résineux | 0,5 | 0,2 | 0,1 | 0,1 | 0,1 | ε | 1,0 | ||
P | Total plantations | 6,5 (10,1) | 2,3 (4,0) | 1,6 (0,8) | 2,3 (1,1) | 5,1 (2,3) | 0,7 (0,2) | ε | 18,5 |
1 Les chiffres entre parenthèses pour les plantations feuillues à croissance rapide correspondent aux surfaces par classes d'âge des rejets après une ou deux révolutions de 10 ans.
1.2.3 Caractéristiques des plantations
Très peu d'informations dendrométriques ont été trouvées dans la bibliographie disponible. (29) propose les extrapolation suivantes pour le teck dans la réserve forestière de Bambuko au Cameroun occidental (1 800 mm de pluviométrie annuelle avec trois mois secs):
Intervention | Année | Nombre de tiges restantes | Produits par ha |
1ère éclaircie (systématique) | 8 | 800 | 5–700 poteaux de ligne |
2ème éclaircie (systématique) | 15 | 400 | 75 m3 de poteaux et sciages |
3ème éclaircie (systématique) | 200 | 50–75 m3 de sciages | |
4ème éclaircie (sélective) | 100 | 50–75 m3 de sciages et tranchage | |
Exploitation finale (diamètre moyen: 80 cm) | 50–60 | 0 | 250 m3 ou plus de bois utile |
Le même document fait les estimations suivantes pour des plantations de Méliacées dans la reserve forestière “Southern Bakundu” de la province du sud-ouest.
Essence | Accroissement annuel sur le diamètre | Révolution | Coupe finale (bois utile) |
Acajou (Khaya spp.) | 1 cm | 80–100 ans | 300–400 m3 |
Sapelli-sipo (Entandrophragma spp.) | 0,8–0,9 cm | 90 ans | 250 m3 |
2. Tendances actuelles
2.1 Végétation ligneuse naturelle
2.1.1 Déforestation
Il n'existe pas d'étude sur la déforestation au Cameroun ni même d'évaluation sommaire de son importance. Pour essayer d'estimer le taux de destruction des forêts denses on a repris les statistiques de surfaces agricoles par cultures et par région ((3) et Annuaire FAO de la production (vol.32)), puis déterminé les nouvelles surfaces mises en culture chaque année en zone forestière (surtout cacao et cultures vivrières) et estimé la proportion de ces défrichements en forêt dense (NHCf), en jachères, forestières (NHCa), et dans les zones non forestières. Un ordre de grandeur plausible paraît être de 80 000 ha de déforestation annuelle se répartissant comme indiqué ci-dessous:
Déforestation annuelle moyenne
(en milliers d'ha)
Périodes
1976–80 | 1981–85 (projections) | |||
NHCf1uv | NHCf1uc | NHCf1 | NHCf2 | NHCf |
3 | 75 | 78 | 2 | 80 |
Presque tous les défrichements en forêt dense (NHCf) s'ajoutent aux jachères forestières déjà existantes (NHCa), le reste (moins de 10% et 5 000 ha environ) étant affecté à l'agriculture permanente, l'urbanisation, les défrichements non récupérables en zones de montagne et les plantations forestières.
Une augmentation d'environ 2% par an des cultures en région de savane entraîne le déboisement des formations mixtes forestières et graminéennes (NHc/NHO) et leur affectation dans les surfaces de jachères correspondantes (NHc/NHOa et partie de nH). Letouzey (correspondance personnelle citée dans (42)) indiquait en 1976 les zones de défrichements importants suivantes:
en zone forestière:
Edeka - Bipindi: zone située entre les routes Edea-Kribi et Edeka-Bipindi, entre les fleuves Nyong et Lokoundjé;
Campo: secteur de 30 kilomètres de rayon au nordest de Campo;
Mbam: zone bordée par la rivière Mbam à l'ouest entre 5°20' et 5°50' N, limitée par le méridien 11°30' E à l'est;
massif du mont Okou (nord-est de Bamenda);
Bwam - Bertoua;
Ebolowa;
en zone de savanes post-forestières ou de savanes soudaniennes avec galeries forestières;
Betare Oya: parallélogramme d'axe nord-est sud-ouest de 30 kilomètres sur une ligne Betare Oya - Garoua Boulaï;
Meiganga: zone située entre la rivière Lom et la frontière au sud-est de Meiganga;
Ngaoundéré - Garoua: piedmont de la falaise septentrionale de l'Adamaoua aux abords de la route Ngaoundéré Garoua (7°40' – 7°50'N, 13°30'–13°40'E);
Vina: secteur limité par la rivière Vina au nord, le méridien 15°20' E à l'ouest et la frontière centrafricaine.
Une étude comparative des photographies aériennes des annés cinquante et soixante et des reconnaissances aériennes effectuées en 1978 a montré les résultats suivants (42):
zones (i) et (ii): les défrichements restent disséminés et à une distance peu importante des routes. Il n'y a pas eu aggravation sérieuse de la déforestation;
zones (iv), (v) et (vi): la déforestation s'est accélérée au cours des dernières années, notamment dans la zone (v) où l'ouverture d'une route importante reliant Belabo sur le chemin de for et le grand axe routier Yaoundé-Bertoua a attiré de nombreux immigrants;
zones (vii) et (viii): il y a eu emprise des forêts galeries par les cultures et grignotage par les feux, ainsi que dégradation des savanes environnantes sur les crêtes notamment.
Des forêts denses peuvent être aliénées pour l'agriculture sans qu'il y ait déforestation totale pour des plantations de cacao notamment, un certain ombrage par les arbres de l'étage dominant étant nécessaire pour un bon développement de ces cultures. Ces surfaces ont en principe été comptabilisées comme jachères forestières (NHCa) et non pas comme forêt (NHCf).
Il convient toutefois de noter que des phénomènes de reforestation naturelle ont été mis en lumière par Letouzey dans les hautes vallées du Mbam et de la Sanaga (15). Des recrûs forestiers se forment spontanément sur des centaines de milliers d'ha à la périphérie septentrionale de l'actuel massif de forêt dense dans des zones auparavant cultivées mais à faible population, où les feux ne sont ni trop violents ni annuellement répétés. Ils se transforment progressivement en forêt semi-décidue et leur développement peut être observé sur des photographies aériennes prises à quelques années d'intervalle.
2.1.2 Dégradation
Les phénomènes de dégradation dans les formations mixtes forestières et graminéennes (NHo/NHO et nH) sont les mêmes que ceux qu'on observe dans toutes les zones soudaniennes et sahéliennes de l'Afrique au sud du Sahara. Certaines régions de savane en sont relativement protégées du fait d'une faible densité de population comme, par exemple, le trapèze limité au nord par la Benoué et son affluent le Mayo Kébi et au sud par la falaise septentrionale de l'Adamaoua. D'autres au contraire entourant des carrefours importants ont subi une dégradation très forte: zones d'élevage de Meiganga, de Ngaoundéré, de Tignère et de Banyo, monts Mandara, plaine de Maroua (16). L'élevage tient un rôle important dans tout le nord du Cameroun et le pâturage et la transhumano des 2,9 millions de bovins et 3,5 millions d'ovins et caprins entraîne des modifications plus ou moins profondes de la végétation, soit directement soit indirectement par l'emploi du feu pour le renouvellement du pâturage.
2.1.3 Tendances dans l'exploitation forestière
On peut penser que la réglementation en vigueur, l'augmentation de la proportion des bois transformés sur place (l'objectif étant d'atteindre 60% comme fixé par l'ordonnance du 22 Mai 1973 (33)) et le déplacement vers l'est et les forêts semi-décidues de l'exploitation forestière, permettront d'accroître quelque peu le rendement moyen à l'hectare, assez faible actuellement. Des prévisions faites en 1975 donnaient pour un rendement moyen atteignant en 1990 15 à 20 m3 à l'ha une production totale de grumes commerciales de 2,5 millions de m3 en 1985, 5 millions de m3 en 1990 et 9 millions de m3 en 1995–2000 (32). Le même document précisait que ces chiffres supposaient l'établissement d'une infrastructure routière et portuaire adéquate.
2.1.4 Surfaces et volumes sur pied à la fin de 1985
Surfaces de végétation ligneuse naturelle estimées à la fin de 1985
(en milliers d'ha)
NHCf1uv | NHCf1uc | NHCf1(u) | NHCf2(i) | NHCf | NHCa | NHc/NHO1 | NHc/NHO2i | NHc/NHO2r | NHc/NHO2 | NHc/NHO | NHc/NHOa | nH |
6000 | 10550 | 16550 | 970 | 17520 | 5280 | 2650 | 4700 | 200 | 4900 | 7550 | 1350 | 9500 |
Volumes sur pied estimés à la fin de 1985
(en millions de m3)
NHCf1uv | NHCf1uc | NHCf1(u) | NHCf2 | NHCf | NHc/NHO1 | ||
VOB | VAC | VOB | VOB | VOB | VOB | VOB | VAC |
1680 | 36 | 2850 | 4530 | 97 | 4630 | 80 | 5,3 |
2.2 Plantations
Surfaces estimées des plantations industrielles réalisées à la fin de 1985 1
(en milliers d'ha)
Catégorie | Essences | Années | 81–85 | 76–80 | 71–75 | 66–70 | 56–65 | 46–55 | Avant 45 | Total |
Classe d'âge | 0–5 | 5–10 | 11–15 | 16–20 | 21–30 | 31–40 | > 40 | |||
PHL 1 | Essences locales de bois d'oeuvre, Aucoumea klaineana (okoumé), Terminalia ivorensis (framiré) Tectona grandis (teck) et autres feuillus | 4,0 | 3,7 | 1,2 | 0,7 | 2,6 | 0,7 | 0,1 | 13,0 | |
PHH1 | Gmelina arborea | 0(0,2) | 0(0,2) | 0 | 0,2 | 0,2 | 0,4 | |||
PH.1 | Sous-total essences feuillues | 4,0 | 3,7 | 1,2 | 0,9 | 2,8 | 0,7 | 0,1 | 13,4 | |
(4,2) | (3,9) | (1,2) | (0,7) | (2,6) | ||||||
PS.1 | Pinus spp. et autres résineux | 0,5 | 0,5 | 0,2 | 0,1 | 0,2 | ε | ε | 1,5 | |
(0,6) | (0,5) | (0,2) | (0,1) | (0,1) | ||||||
P..1 | Total plantations industrielles | 4,5 | 4,2 | 1,4 | 1,0 | 3,0 | 0,7 | 0,1 | 14,9 | |
(4,8) | (4,4) | (1,4) | (0,8) | (2,7) |
Surfaces estimées des plantations autres qu'industrielles réalisées à la fin de 1985 1
(en milliers d'ha)
Catégorie | Essences | Années | 81–85 | 76–80 | 71–75 | 66–70 | 56–65 | 46–55 | Avant 45 | Total |
Classe d'âge | 0–5 | 5–10 | 11–15 | 16–20 | 21–30 | 31–40 | > 40 | |||
P..2 = PHH 2 | Cassia siamea, Dalbergia sissoo, Eucalyptus spp. et divers. | 2,5 (4,9) | 2,3 (5,7) | 0,9 | 0,6 | 2,6 | 1,7 | 10,6 |
Surfaces estimées des plantations réalisées à la fin de 1985 1
(en milliers d'ha)
Catégorie | Essences | Années | 81–85 | 76–80 | 71–75 | 66–70 | 56–65 | 46–55 | Avant 45 | Total |
Classe d'âge | 0–5 | 5–10 | 11–15 | 16–20 | 21–30 | 31–40 | >40 | |||
PHL | Essences de bois d'oeuvre (locales et introduites) | 4,0 | 3,7 | 1,2 | 0,7 | 2,6 | 0,7 | 0,1 | 13,0 | |
PHH | Gmelina arborea | 0(0,2) | 0(0,2) | 0 | 0,2 | 0,2 | 0,4 | |||
Cassia siames, Dalbergia sissoo, Eucalyptus spp. et divers | 2,5 (4,9) | 2,3 (5,7) | 0,9 | 0,6 | 2,6 | 1,7 | 10,6 | |||
Sous total essences feuillues à croissance rapide | 2,5 (5,1) | 2,3 (5,9) | 0,9 | 0,8 | 2,8 | 1.7 | 11,0 | |||
PH | Sous-total essences feuillues | 6,5 (9,1) | 6,0 (9,6) | 2,1 (1,2) | 1,5 (0,7) | 5,4 (2,6) | 2,4 (0,7) | 0,1 | 24,0 | |
PS | Pinus spp., autres résineux | 0,5 (0,6) | 0,5 (0,5) | 0,2 (0,2) | 0,1 (0,1) | 0,2 (0,1) | ε | ε | 1,5 | |
P | Total toutes plantations | 7,0 (9,7) | 6,5 (10,1) | 2,3 (1,4) | 1,6 (0,8) | 5,6 (2,7) | 2,4 (0,7) | 0,1 | 25,5 |