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Part II
COUNTRY BRIEFS (continued)

COTE-D'IVOIRE

La République de Côte d'Ivoire s'étend sur une superficie de 322 463 km2 entre les 3ème et 9ème degrés de longitude Ouest et les 5ème et 11ème degrés de latitude Nord. Elle est bordée à l'ouest par le Libéria et la Guinée, au nord par le Mali et la Haute-Volta, à l'est par le Ghana et possède au sud une façade maritime de 550 km.

L'altitude augmente progressivement du sud vers le nord où elle atteint 400 mètres: les seuls reliefs sont des “inselbergs” alignés soit sous forme de collines orientées sud-ouest - nord-est, soit sous forme de buttes tabulaires ou de dômes granitiques isolés ou disposés en véritables champs. Il faut toutefois noter au nord-ouest le long de la frontière de Guinée une zone de relief de 500 à 1 750 mètres d'altitude constituant l'extrêmité orientale de la dorsale guinéenne.

On peut distinguer quatre principales zones climatiques:

La population qui était de 5 100 000 habitants en 1970 est passée à 8 millions d'habitants en 1980, et s'accroît actuellement au taux annuel de 3,8%. La population des centres urbains est passée de 900 000 habitants à 2 700 000 habitants pendant le même période. Les deux-tiers de la population rurale se trouvent en zone de forêt et vivent grâce aux cultures traditionnelles riches (café, cacao, ananas, palmier à huile) et à l'exploitation forestière. De plus, 65% des travailleurs étrangers habitent et travaillent dans les zones de plantation (zones forestières). De grands mouvements de population ont eu lieu au cours des 15 dernières années dans la zone de forêt. Ces migrations ont essentiellement concerné la région du centre-ouest (Daloa - Issia - Gagnoa - Bouaflé) qui est la grande région de culture du café et a connu un grand développement à partir de 1965 et le sud-ouest dont la mise en valeur a débuté vers 1970. Les migrants sont venus essentiellement du centre du pays (Baoulés) et de Haute-Volta (Mossis). Leur action de défrichement de la forêt a été intense. En dehors de l'agglomération d'Abidjan et de la région qui l'entoure (au total plus de 2 millions d'habitants), trois zones ont une densité particulièrement importante: les régions de Man-Danané, de Korhogo et surtout de Bouaké.

1. Situation actuelle

1.1 Végétation ligneuse naturelle

1.1.1 Description des types de végétation

Aubréville distingue deux grandes zones phytogéographiques en Côte-d'Ivoire, séparées par une zone intermédiaire (1):

  1. au nord: la zone des forêts claires et savanes boisées guinéennes. Les forêts claires (sous-entendu forêts sèches claires) ont l'aspect de véritables forêts car les arbres sont parfois assez serrés pour que les cimes paraissent jointives mais il n'y a pratiquement pas de sous-bois arbustif, le sol étant occupé par une savane parcourue par les feux de brousse en saison sèche. Cette forêt est généralement constituée d'espèces grégaires des genres Isoberlinia (sau), Monotes et Uapaca (somon). Les savanes boisées sont formées d'arbres mais surtout d'arbustes d'une densité très variable formant une mosaïque de savanes boisées riches, de savanes boisées pauvres (ou savanes arborées) et de savanes arbustives. La formation graminéenne est généralement épaisse. En réalité, toute cette zone était autrefois recouverte de forêts denses sèches à sous-bois arbustif, à tâches de graminées disséminées. En outre, le long des cours d'eau, on note la présence de prolongements aliformes de la forêt dense méridionale ou “galeries forestières”;

  2. au sud la zone de forêt dense humide dans laquelle on peut distinguer deux types écologiques et floristiques:

  3. entre les deux zones s'étend une zone tampon dite préforestière dont la limite nord est approximativement le parallèle 8°N et la limite sud la lisière nord de la forêt dense humide semi-décidue. Cette zone renferme des ilôts de forêt humide en savane (région de Zuenoula - Tiebissou et de Bondoukou) et présente en outre un profond saillant (saillant Baoulé ou “V” Baoulé) qui s'enfonce vers le sud jusqu'au niveau du 6°S suivant l'axe Bouaké - N'Douci. L'origine de ce saillant occupé presque exclusivement par des savanes est encore contreversée (édaphique ou anthropique ?).

Cette première classification des zones phytogéographiques en Côte-d'Ivoire a été complétée en particulier par Schnell (3), Mangenot (5) et Guillaumet (16) et une synthèse réalisée en 1967 par l'Orstom sous la direction de Guillaumet et Adjanohoun (17) qui établirent une carte de végétation de la Côte-d'Ivoire au 1/500 000ème. Le pays y est subdivisé en domaines et secteurs basés sur les formations prédominantes dans le paysage et sur leur dynamisme:

  1. le domaine guinéen:

  2. le domaine soudanais: c'est le domaine des forêts claires et des savanes boisées avec aussi présence de quelques îlots de forêt dense sèche.

La description qui suit s'inspire de la notice de la carte de végétation de l'Orstom (17) et est présentée dans le cadre des grandes catégories utilisées dans cette étude.

Formations forestières feuillues denses (NHC)

Les forêts denses comprennent des forêts denses humides constituant au sud du 8ème parallèle un ensemble de massifs forestiers de surface totale estimée à 4 millions d'hectares en 1980. Ces massifs sont les restes d'un massif forestier couvrant, il y a une quarantaine d'années, une superficie de 14,5 millions d'hectares et qui a subi depuis, et surtout au cours des 25 dernières années, une pression extrêmement forte de la part des agriculteurs qui l'ont en grande partie détruit. En outre, il existe environ 500 000 hectares de forêts denses sèches à Anogeissus leiocarpus associé à Cola cordifolia, Antiaris africana et Chlorophora excelsa dont les îlots succèdent à ceux de la forêt dense humide dans le nord de la Côte-d'Ivoire. Le sous-bois est totalement dépourvu de graminées et la plupart de ces îlots sont bien protégés parce que constituant des bois sacrés. Les différents types de forêt dense humide sont les suivants:

Elles se retrouvent en Côte-d'Ivoire au-dessus de la ligne altitudinale des 1 000 m et sont donc réduites à quelques sommets du massif des Dans et à la partie supérieure de la pente ivoirienne du Mont Nimba. Cependant, le faciès montagnard est encore présent, assez bas le long des ravins et des pentes encaissées. Le climat dominant est la forêt dense humide de montagne à Parinari excelsa et Uapaca chevalieri et on trouve également des forêts basses édaphiques à Memecylon fasciculare et Eugenia leonensis.

Formations forestières feuillues ouvertes (NHc/NHO) (4)

Les formations forestières mixtes arborées et graminéennes occupent la zone nord du pays couvrant 5,4 millions d'hectares sur une superficie d'environ 15 millions d'hectares. Les massifs y sont généralement plus grands que les massifs de forêt dense car la concentration des zones agricoles est plus forte dans le nord que dans le sud. L'agriculture maintient sur ces massifs une pression qui risque de s'accentuer durant les prochains années. Les feux sont partout un fléau contre lequel le service forestier reste actuellement impuissant. De ce fait, ces formations ont toutes été profondément modifiées par l'homme, si bien que les forêts claires typiques ne se trouvent que sporadiquement en dehors du parc national du la Comoé.

1.1.2 Situation actuelle de la végétation ligneuse

Surfaces actuelles

Les estimations de surface concernant la couverture ligneuse de la forêt ivorienne reposent sur deux groupes de données. Le premier groupe concerne les données recueillies en 1965 – 1966 par l'Orstom, le CTFT, à l'occasion de l'étude dite de “Reboisement et Protection des sols de la Côte d'Ivoire”, et la DRC 1 (11) (12) (14) (15) (17). Le second groupe est celui des données recueillies par la Sodefor (Société d'Etat Ivorienne pour le Développement Forestier) entre les années 1974 et 1978 à l'occasion de l'exécution de travaux de délimitation du domaine forestier et d'inventaires régionaux (31) (37) (43) (51) (56) et par la FAO (1973) pour l'“Etude sur le secteur de l'alimentation et de l'agriculture (y compris la foresterie)” (30).

Le premier groupe des données permet de fournir une excellente estimation des surfaces fin 1966 sur l'ensemble du pays (voir tableau ci-joint). Deux documents ont été utilisés: le document de synthèse rédigé en 1968 par le CTFT (20) pour la partie forestière et la carte de végétation de l'Orstom pour la partie nord à partir de laquelle on a fait des estimations de surface. Il faut souligner qu'en ce qui concerne la partie sud, les chiffres des inventaires CTFT et DRC sont largement confirmés par la carte de l'Orstom (voir tableaux ci-joints).

Estimations de surfaces des inventaires forestiers dans la partie sud (fin 1965) (20)
(en milliers d'ha)

Code catégorie correspondantZone forestière inventoriée par le CTFTRégion sud-ouest (inventaire DRC)Total zone forestière Côte-d'Ivoire
Type de formationSurfaceType de formationSurfaceType de formationSurface
NHCfForêt danse intacte 6448“Haute forêt”1909Forêt utile
(massifs>500 ha)
 8357
Massifs forestiers de petites dimensions (10 à 500 ha)   571(non dénommé)   55Petits massifs
(10 à 500 ha)
   626
Total forêt dense 7019(non dénommé)1964Forêt dense 8983
(surtout NHCa)Forêt dégradée 5171Forêt dégradée
(petits massifs)
 550Forêt dégradée 5701
-Zone hors forêts   900Zone hors forêt   88Zone hors forêt    988
-Superficie totale13090Superficie totale2582Superficie totale15672

Surfaces occupées par les classes de la carte au 1/500 000e “Végétation de la Côte-d'Ivoire”
(par Guillaument et Adjanohoun 1966)
(en milliers d'ha)

Type de végétationSurfaceCode catégorie dominante
    Domaine soudanien14880  
Savanes arborées à Panioum phragmitoïdes 4820 NHc/NHo
Savanes boisées et forêts claires à Isoberlinia doka 2710 NHc/NHo
Savanes boisées et forêts claires à Uapaca somon   
Savanes soumises à l'agriculture  4378  
Galeries forestières (avec strate graminéenne)    507 NHc/NHO
Forêts denses à Anogeissus leiocarpus    465 NHCf
    Domaine guinéen17366  
  Secteur préforestier  1973  
Savanes arborées guinéennes    244 NHc/NHo
Savanes arborées guinéennes soumises à l'agriculture    857 NHc/NHoa
Savanes herbeuses    732  
Savanes soumises à l'agriculture     20  
Galeries forestières semi-décidues   120 NHCf
  Secteur forestier15393  
Forêts semi-décidues  4290 NHCf
Forêts semi-décidues soumises à l'agriculture  4924 NHCa
Forêts sempervirentes  4215 NHCf
Forêts sempervirentes soumises à l'agriculture  1144 NHCa
Forêts littorales    110 NHCf
Formations diverses (brousses, prairies, fourrés, etc.…)    590  
Plantations agricoles    120  
    Total32246 -

Le second groupe de données permet:

Ces déductions sont rendues plus valables par la stratification géographique de la Côte-d'Ivoire en deux parties nord et sud correspondant chacune à une entité bien distincte à la fois sur le plan de la végétation ligneuse (formations fermées au sud, formations ouvertes au nord), de la population dense au sud, plus rare au nord et enfin de l'agriculture de plantation très active au sud, plus limitée au nord.

C'est finalement sur la base de ces dernières estimations (occupation des sols par l'agriculture) que l'on a évalué les surfaces à la fin de 1980 à partir des chiffres précédents à la fin de 1966 (paragraphe 2.1.1). En effet, la comparaison entre les surfaces agricoles de 1980 et celles de 1966 permet d'estimer les surfaces qui ont été prélevées de 1966 à 1980 sur les formations naturelles.

Surfaces estimées de végétation ligneuse naturelle à la fin de 1980
(en milliers d'ha)

NHCf1uvNHCf1ucNHCf1mNHCf1NHCf2iNHCf2rNHCf2NHCfNHCa 
200309413295515648116344588400 
NHc/NHO 1(u)NHc/NHO2iNHc/NHO2rNHc/NHO2NHc/NHONHc/NHOanH
17982428115035785376693060

Le tableau précédent appelle les remarques suivantes:

1 Developpement and Resources Corporation (New-York)

Propriété

Le code forestier du 20 décembre 1965 distingue le domaine forestier de l'Etat, des particuliers et des collectivités. La majeure partie des forêts exploitables est domaine de l'Etat, très peu de superficies étant enregistrées au nom de particuliers (36).

Statut légal et aménagement

Dès 1926, l'Administration commença à délimiter des forêts classées où une exploitation forestière était autorisée mais où les défrichements agricoles étaient interdits. Ce domaine s'étendit progressivement comprenant, en 1956, 240 forêts classées couvrant 5 800 000 ha dont 3 300 000 ha en zone de forêt dense et 2 500 000 ha en zone de savane. De 1960 à 1966, il fut procédé à un nombre considérable de déclassements de forêts en zone de forêt dense, faisant chuter la surface classée à 2,8 millionsha. Constatant que les défrichements illégaux se faisaient de plus en plus nombreux surtout en zone forestière, une étude menée par le CTFT en 1966 (12) proposa le déclassement de 610 000 ha (550 000 ha en forêt, 61 000 ha en savane) et le classement nouveau de 1 950 000 ha (1 425 000 en forêt et 525 000 ha en savane) conduisant à un domaine classé de 6 660 000 ha (3 660 000 en forêt dense et 3 000 000 en zone de savane). Malheureusement peu de forêts nouvelles furent classées si ce n'est celles de la Marahoué, du Mont Peko, du Banco et d'Assigny, au classement desquelles il faut ajouter la création du parc national de Taï.

La Sodefor entreprit alors, à partir de 1972, la délimitation des forêts classées, procédant pour chaque forêt à une étude préalable sur photos récentes puis à des reconnaissances au sol et enfin à des opérations de bornage. C'est à l'occasion de ces études qu'elle a pu mettre en évidence la situation dramatique créée par la déforestation rapide de la forêt dense (31). 20% de la surface des forêts classées avaient été illégalement défrichées. Des forêts classées entières avaient disparu.

Le décret du 15 mars 1978 a créé un “domaine forestier permanent” qui “produit du bois et garantit l'équilibre écologique”. Il est composé d'une part, d'un certain nombre de forêts déjà classées (2 404 270 ha dans la zone forestière et 1 222 190 ha dans la zone de savane) et, d'autre part, de “forêts qui présentent encore le caractère de massifs forestierset qui seront incorporées ultérieurement dans le domaine permanent par arrêté ministériel”. Les défrichements y sont strictement interdits, l'exploitation y sera poursuivie. D'autre part, il est créé un “domaine forestier rural” qui “constitue une réserve de terres pour les opérations agricoles et, en attendant son aménagement, est exploité pour son bois”. Il comprend outre un certain nombre de forêts antérieurement classées (713 750 ha situés principalement dans les régions d'Abidjan, Daloa et Bouaké), les forêts non classées qui ne font pas l'objet d'un statut particulier (parcs nationaux ou réserves) et dont la surface est de 1 972 600 ha (55).

Le domaine forestier de l'Etat est donc maintenant constitué de la façon suivante:

(a) Domaine forestier permanent

Région forestièreNombre de forêtsSurface (ha)
Zone forestière  
 Abidjan28718670
 San Pedro9661200
 Man20643750
 Daloa7205340
 Bouaké21163110
 Bondoukou112200
Sous-total zone forestière862404270
Zone de savane  
 Man220000
 Daloa6289000
 Bouaké24521980
 Bondoukou122800
 Korhogo27368410
Sous-total zone de savane601222190
 Total1463626460

(b) Domaine forestier rural

Type de statutSurface
(ha)
Anciennnes forêts classées 
 Région d'Abidjan242050
 Région de San Pedro57140
 Région de Man39700
 Région de Daloa145260
 Région de Bouaké218200
 Région de Bondoukou11400
 Sous-total      713750
Parcs nationaux et réserves 
 Parc national de la Comoé1150000
 Parc national de la Marahoué101000
 Parc national de Taï et réserve du Nzo499000
 Parc national du Banco93600
 Parc national d'Assagny
 Parc national du Mont Peko129000
 Réserve du Mont Nimba
 Parc national du Mont Sangbe
 Sous-total      1972600
 Total2686350

Exploitation forestière

Bois en grumes

(a) Historique

Connus en Europe dès le 18è siècle, les bois précieux d'ébénisterie ne furent exploités en Côte-d'Ivoire qu'à partir de 1880. Les Anglais furent les premiers à s'intéresser aux bois de la région d'Assinie et surtout à l'acajou bassam. A partir de 1890 des Français et des autochtones s'intéressèrent également à l'exploitation. Seuls, les arbres situés à proximité des voies d'eau étaient abattus et flottés vers Assinie mais, très vite, devant l'épuisement des peuplements d'acajou situés près des rivières, l'exploitation gagna l'intérieur. Les grumes étaient alors tirées sur des sortes de traîneaux ou sur des rondins jusqu'au cours d'eau le plus proche.

Peu à peu, on s'intéressa à d'autres essences, telles que l'acajou blanc, le makoré, l'avodiré et l'iroko; mais jusqu'en 1951, l'acajou bassam garda la première place (en 1927, il représentait les 4/5 des 170 000 tonnes exportées).

Jusqu'en 1957, l'exploitation se développa lentement, malgré l'ouverture en 1951 du port d'Abidjan rendant les exportations plus faciles. Ce n'est qu'à partir de 1958 que l'on assista à l'essor spectaculaire qui amena la production de grumes au niveau actuel. Les exploitations forestières, d'abord localisées vers le sud, autour des lagunes, se sont progressivement déplacées vers le nord et le nord-est avec l'épuisement des premiers chantiers. Ensuite, à partir des années 1960, un véritable front pionnier de l'exploitation forestière se développe dans le centre-ouest, puis vers le sud-ouest, après 1970; en même temps, les anciens chantiers du sud et de l'est étaient à nouveau parcourus à la recherche d'arbres trop petits lors des premiers passages ou de moins bonne qualité apparente ou d'essences délaissées auparavant.

Actuellement, l'exploitation forestière est concentrée dans l'ouest et surtout le sud-ouest, et à un degré moindre le long de la frontière du Ghana à l'est, les zones du sud et du centre voyant leurs réserves pratiquement épuisées. En outre, les chantiers de l'ouest, qui en sont seulement au premier ou au deuxième passage des forestiers, sont beaucoup plus productifs que ceux du sud ou de l'est, exploités depuis plus longtemps.

(b) Conditions juridiques de l'exploitation forestière

Le code forestier de 1935 définissait quatre types d'exploitation: en régie, par vente de coupe, par permis de coupe, et par permis temporaire d'exploitation (le plus souvent d'une durée d'un an).

En 1962 (décret 62.128 du 28 avril 1962) la durée des permis temporaires d'exploitation fut liée à la superficie des exploitations (cinq ans jusqu'à 50 000 ha, dix ans audelà).

Le nouveau code forestier ivorien entra en vigueur le 20 décembre 1965. Le droit de couper du bois y est soumis à la délivrance d'un permis temporaire d'exploitation valable 5 ans pour les exploitants simples, 10 ans pour les entreprises disposant d'une scierie, 15 ans pour les entreprises intégrées disposant d'une unité de transformation (déroulage-tranchage).

Grâce à cette législation devant favoriser l'implantation de complexes industriels, de vastes surfaces dépassant parfois 250 000 ha furent attribuées aux grandes sociétés. Les permis sont attribués par décret pour une surface unitaire par chantier de 2 500 ha soit généralement un carré de 5 × 5 km. L'attributaire doit être agréé par le Ministère des Eaux et Forêts et soumis à un certain nombre d'obligations consistant en:

Bien que le pourcentage de grumes transformées localement soit passé de 20% en 1960 à 27,5% en 1967, bon nombre d'usines ivoiriennes qui furent alors créées ne furent pas approvisionnées suffisamment. En effet les exportations de grumes, favorisées notamment par une demande extérieure en pleine expansion, se développèrent considérablement passant de 1 823 000 m3 en 1966 à 3 168 000 m3 en 1972 alors que les livraisons aux usines stagnaient entre 760 000 et 950 000 m3.

Le Gouvernement prit alors deux séries de mesures. Il fut tout d'abord décidé (décret du 9 février 1972) que “pour aider à l'exécution des plans de développement industriel” les permis temporaires d'exploitation de bois d'oeuvre et d'ébénisterie seraient regroupés en “périmètres d'approvisionnement” à l'intérieur desquels toute nouvelle attribution serait réservée soit aux industriels déjà installés, soit à des groupements d'exploitants liés à ces industriels par des contrats d'approvisionnement. Ce décret semble avoir eu un début d'application de 1974 à 1976. Cette année-là, des autorisations d'exploitation furent accordées à 280 exploitants travaillant sur 1 225 chantiers soit environ 3 000 000 ha. Depuis, il semble bien que ce décret soit retombé dans l'oubli.

Puis le 28 août 1972, un décret obligea les exportateurs de bois à livrer aux usines un pourcentage du volume de ces exportations fixé chaque année. Les quota fixés en 1972 furent de 33% pour la quasi-totalité des exportateurs et de 100% pour 7 d'entre eux nommément désignés et représentant 50% de la capacité de transformation. Le pourcentage de 33% fut porté à 66% en 1973 puis à 100% en 1975. Dès lors, le coefficient de transformation locale remonta de 23, 1% en 1973 à 42, 6% en 1978 (950 000 m3 livrés en 1972 et 1 873 000 m3 livrés en 1978). En outre, en 1978 il fut décidé que seuls pourraient être agréés comme exportateurs de grumes les propriétaires d'une usine de première transformation du bois.

(c) Les types d'exploitation

On peut distinguer en Côte-d'Ivoire plusieurs types d'exploitation forestière, en fonction de leur structure et de leur degré d'intégration. Les plus importantes sur le plan économique sont les entreprises intégrées, assurant la transformation sur place du bois dans des scieries ou des usines de déroulage et possédant leur propre service de commercialisation et d'exportation. Ces entreprises industrielles assurent la plus grande partie de la production. Il s'agit d'importantes sociétés financées par des groupes financiers européens à l'exception d'une société dirigée par un homme d'affaires ivoirien avec des capitaux en majorité ivoriens.

A côté de ces grosses entreprises, on distingue un certain nombre d'entreprises familiales. Beaucoup sont nées dans la première moitié du siècle avec les premiers “coupeurs de bois”. Un certain nombre d'entre elles ont su s'adapter aux techniques industrielles et se transformer en sociétés dont le capital (ou tout au moins une partie) est restée au sein de la famille. Le plus grand nombre a progressivement disparu au cours des 20 dernières années absorbé par les grosses entreprises.

Avec l'Indépendance se développe un nombre de plus en plus grand d'exploitations individuelles appartenant pour une large part à des Ivoiriens. En 1960, on comptait sur les 108 exploitants forestiers (57 sociétés et 51 individuels) 25 entrepreneurs ivoiriens (3 sociétés et 22 individuelles) et en 1970, on comptait 267 petites entreprises individuelles dont 213 ivoiriennes sur 371 entreprises.

“Beaucoup de ces nouveaux attributaires de permis ne possédaient ni les compétences techniques, ni les moyens nécessaires à une exploitation rationnelle des zones considérées… Ils se contentèrent le plus souvent de revendre leur droit d'exploitation” (29). Fin 1972, le syndicat des exportateurs et négociants en bois de Côte-d'Ivoire annonçait que le nombre d'exploitants agréés dépassait 700 et comprenait plus de 90% de nationaux occupant une superficie de 2,3 millions d'ha. A la même époque, le fermage, jusqu'alors légalement interdit fut autorisé et réglementé. Puis le décret du 19 septembre 1972 autorisa la création de “groupements d'exploitants forestiers”. Huit groupements réunissant 53 membres furent créés, mais un seul semble avoir fonctionné normalement. Enfin, le nombre de titulaires de permis fut diminué (550 titulaires ivoiriens en 1977).

(d) Production

La production de bois en grumes, après une évolution lente pendant les années 1970, s'est surtout développée à partir de l'Indépendance, répondant aux besoins d'un marché national de plus en plus important, mais surtout à une forte demande de la part des pays industrialisés. De 650 000 m3 en 1958, elle est passée à 4 269 000 m3 en 1969 et à 5 191 000 m3 en 1973. La crise économique fit diminuer cette production en 1974 et 1975 et le relèvement opéré en 1976 et 1977 (5 239 000 m3 en 1977) est dès maintenant enrayé par suite de l'appauvrissement des forêts (baisse de 16% de la production en 1978) (55).

En effet, bien que dès 1960, les auteurs des “Perspectives décennales 1960–1970” aient souligné que la forêt ivoirienne avait été jusqu'alors écrémée, et aient recommandé de ne pas dépasser le niveau annuel de production de grumes atteint en 1961 (soit un peu plus de 1,2 millions de m3 dont 1 million m3 pour l'exportation), l'évolution des exportations a été explosif, portant sur un petit nombre d'espèces particulièrement appréciées telles que l'aboudikro (sapelli), l'acajou, l'assamela, le makoré, le samba, le tiama et surtout le sipo (8) (9) (12).

Il fallut attendre 1968 pour qu'à la suite des inventaires réalisés par le CTFT et la DRC, on prenne conscience du fait que certaines essences, notamment l'assamela et le sipo, étaient menacés de disparition rapide.

Le 4 juillet 1969, on fixa des plafonds annuels de production pour l'aboudikro, l'acajou, l'assamela, le makoré et le sipo mais ce décret ne fut jamais appliqué et fut abrogé en 1970. On entreprit alors de rendre la fiscalité à l'exportation un peu plus sélective, mais ceci resta sans effet et le décret du 9 février 1972, réglementant l'exploitation et prévoyant le contrôle de l'abattage des essences les plus rares, ne put être réellement appliqué sur le terrain à cause du manque de personnel du service forestier.

Cependant, à partir de 1972 la promotion des essences les moins connues fut un relatif succès. Traduite par une action de propagande entreprise sur le plan commercial, elle s'est également concrétisée dans les textes législatifs assimilant pour le calcul des quotas les exportations d'essences secondaires à des livraisons aux usines (arrêté du 19 décembre 1975) et sur le plan fiscal par un renforcement de la sélectivité de la fiscalité à l'exportation, (taux d'imposition de sortie des essences traditionnelles porté de 28 à 44% de 1972 à 1979 alors que celui des essences à promouvoir ne passait que de 18 à 24%).

La production de grumes a enregistré une légère reprise en 1979 (3,3%) après la forte diminution de 1978 (-16, 1% par rapport au record de 1977). Les livraisons de grumes aux industries locales ont par contre poursuivi en 1979 leur diminution entamée en 1978 (-11, 7% en 1979). Leur part dans la production de grumes se maintient aux environ de 40%: 37,8% en 1977, 42,6% en 1978 et 38,6% en 1979.

Production totale, livraison aux industries locales et exportation des grumes de 1970 à 1979
(en milliers d'ha)

Années1970197119721973197419751976197719781979
Production3460388341185191462640315072523843924540
Livraisons  950 950  9501594159615531797198318731751
Exportations2510293331683497303024783275325525212789

L'évolution des exportations par essence montre la diminution régulière des ventes du sipo (678 302 m3 en 1978, bois rouge en voie de disparition), le maintien au ler rang du samba malgré une baisse de 50% sur 1973 (1 024 937 m3) et l'apparition en 1976 de l'aningueri (aniégré) au 2ème rang.

Exportations de grumes par essence de 1957 à 1978
(en milliers de m3)

Essences195719601970197219741975197619771978
Samba 2601887178869058361019801535
Aningueri 2.....601338825178229219
Ilomba168311010897136153123
Iroko 1 2..4047929886118134111
Kotibé 1 2.........8286130170102
Fraké 1..14234267285100
Fromager 1.....273694601019285
Framiré 1 2..1237105122839210881
Tiama 22147127168117779511577
Acajou 25197137195107819811273
Niangon..6353778245777472
Sipo 238159462461194123837963
Aboudikro 218521201539362718252
Makoré 2327715418211368637453
Bété 21415212312262887860
Total 15 essences2227462180272323591817242123861806
Proportion des exportations totales  86,9%86,0%67,5%73,3%73,9%73,3%71,6%

1 Essences connues mais peu commercialisées, en promotion avec l'aide de la Communauté Economique Européenne.

2 Essence quota dont l'exportation est assujettie à la fourniture aux industries du bois de Côte-d'Ivoire d'une contrepartie en grumes d'essences quota proportionnelle au volume des grumes à exporter.

1.1.3 Situation actuelle des volumes sur pied

Les inventaires forestiers réalisés en forêt dense en Côte-d'Ivoire sont les suivants:

1966:inventaire du potentiel de bois d'oeuvre sur 13 100 000 ha (zone forestière, à l'exception du sud-ouest): comptage de 46 essences à partir de 36 cm de diametre (11);
1966:inventaire du sud-ouest de la Côte-d'Ivoire en 1966 (2 580 000 ha): comptage de toutes les essences à partir de 10 cm de diamètre (15);
1968:inventaire des forêts de la région de Yaou (près d'Abidjan) 51 000 ha: comptage de toutes les essences à partir de 10 cm de diamètre (19);
1969:inventaire “d'aménagement” d'un bloc de 2 500 ha en forêt d'Oumé: comptage de toutes les essences au-dessus de 20 cm de diamètre (21);
1972:inventaire forestier de la région de Soubré (450 000 ha): comptage de toutes les essences à partir de 20 cm (25);
1973:inventaire papetier de San Pedro (225 000 ha): comptage de toutes les essences à partir de 15 cm de diamètre (22) (26);
1975:inventaire papetier complémentaire dans le sud-ouest (106 675 ha): comptage de toutes les essences à partir de 15 cm (42);
1975:inventaire de la région nord-ouest:1 344 000 ha (37)comptage de toutes les essences Æ> 40;90 essences au-dessus de 20 cm
1976:inventaire de la région centre-sud:1 366 000 ha (43)
1977:inventaire de la région centre-est:1 224 000 ha (51)
1978:inventaire de la région centre-ouest:   895 000 ha (56)
1979:inventaire de la région est:   300 000 ha (uniquement les forêts classées)

A ces inventaires importants s'ajoutent de nombreux autres portant sur des surfaces restreintes tels que ceux dont les resultats sont fournis dans les documents (23) et (32). Les forêts denses de Côte-d'Ivoire sont donc bien connues. Cependant, beaucoup d'inventaires réalisés à des fins essentiellement économiques ne fournissent pas d'estimation du volume brut total (sur écorce) des arbres au-dessus de 10 cm de diamètre (VOB). On a donc dû extrapoler à l'ensemble de la Côte-d'Ivoire des chiffres provenant d'inventaires géographiquement limités en extension. Ceci comporte un certain risque d'erreurs car on a pu constater des variations importantes selon les inventaires réalisés concernant ce volume VOB: 230 m3/ha dans la région de Yaou (sud-est); 255 m3/ha en moyenne dans le sud-ouest (DRC 1966); 280 à 370 m3/ha dans les secteurs du périmètre papetier de San Pédro; 310 m3/ha pour la forêt d'Oumé.

Il s'agissait dans tous les cas (sauf pour la région de Yaou) de forêts n'ayant encore jamais été exploitées. Celles-ci sont actuellement fort réduites (estimées à 200 000 ha, environ en grande majorité dans le sud-ouest). Le volume brut moyen retenu pour l'ensemble de ces forêts denses productives non exploitées (NHCf1uv) est de 270 m3/ha. Le volume brut sur pied des forêts déjà exploitées (NHCf1uc) a été pris égal à 230 m3/ha.

Volumes sur pied estimés à la fin de 1980
(totaux en millions de m3)

NHCf1uvNHCf1ucNHCf1mNHCf2
VOBVACVOBVACVOBAACVOB
m3/hatotalm3/hatotalm3/hatotalm3/hatotalm3/hatotalm3/hatotalm3/hatotal
2705425523071215462300,230,2ε200232

NHc/NHO1
VOBVAC
m3/hatotalm3/hatotal
305423,6

Des précisions complémentaires sur les caractéristiques des peuplements peuvent être apportées (21) (26) (32) (34) (37) (42) (43) (51) (56):

1.2 Plantations

1.2.1 Introduction

(a) Les reboisements anciens (2) (7) (18) (39) (50) (53) (65)

Les travaux de reforestation remontent à une époque déjà lointaine. Il semble, en effet, que ce soit en 1926 que furent entrepris les premiers reboisements d'Etat. Par ailleurs, des sociétés ou des particuliers réalisèrent aussi, il y a longtemps déjà, quelques plantations de kapokier, teck, gmelina et acajou.

- Zones nord et centre (savane et forêt semi-décidue) 1

Les reboisements débutèrent en 1929 dans la région de Bouaké. Ils furent exécutés le plus souvent en association avec des cultures vivrières suivant la méthode taungya, sauf pour les 950 ha de Matiemba et les 2 516 ha des périmètres de Korhogo réalisés avec des moyens mécaniques. Ils eurent lieu dans des forêts classées le plus souvent, mais aussi dans des périmètres de reboisement, et aussi en milieu villageois. Les espèces les plus employées furent: teck, Cassia, Gmelina, neem (Azadirachta indica), anacardier. Quelques essais portèrent aussi sur Anogeissus, des eucalyptus et des pins. Les réalisations dont on trouve mention furent les suivantes:

-1929 – 1959:5 625 ha “divers”,
-1960 – 1962:555 ha “reboisements coopératifs”,
-1961 – 1962:1 329 ha “peuplements forestiers artificiels en savane”,
-1963 – 1966:10 137 ha “reboisements en savane”,
-1964:770 ha “opération sol/forêt”,
-1965 – 1969:2 516 ha “développement Bandama” et zone pilote Korhogo.

Sur ce total, environ 4 500 ha ont été plantés en milieu villageois (dont 3 000 ha d'anacardier) et 15 400 ha en forêts classées et périmètres de reboisement comprenant pour ces derniers: 8 500 ha de teck, 2 350 ha d'anacardier, 1 750 ha de Gmelina, et 800 ha de divers (neem, Cassia et mere (Parkia biglobosa)).

Depuis 1970, les reboisements dans les zones nord et centre ont pratiquement cessé. Actuellement (fin 1980) beaucoup d'anciens reboisements villageois ont disparu. Ceux qui restent sont utilisés pour les besoins domestiques locaux. Les reboisements en forêt classée présentent des résultats très inégaux selon la qualité du sol, les entretiens et la surveillance dont ils bénéficièrent. En 1970, fut créée la Division de gestion des plantations forestières de la Sodefor qui entreprit l'inventaire puis la gestion des principaux périmètres de reboisement. Il ne faut prendre en compte à l'heure actuelle que ces superficies gérées par la Sodefor à savoir (49) (57):

ForêtSous-PréíectureSurface traitée (ha)Superficie portant effectivement des reboisements (ha)Essence
BamoroBouaké2280 1 875 Teck
Gmelina
Cassia
KokondekroBouaké1672 900 Teck
Gmelina
Cassia
BennafokoBouaké975 525 Teck, Cassia
RaviartDidiévi750 450 Teck
KanougouDidiévi725 375 Teck
MaliembaSakassou2000 1100 Teck
SanvanDimbokro975 250 Teck
AhuaDimbokro1000 550 Samba
TosBouaflé500 300 Teck
BetefiaYamoussokro125 100 Teck
Sous-total région centre11002 6425  
KouinFacobly1350 750 Teck
Framiré
FlansoblyFacobly350 200 Teck
SangouinéMan1300 475 Teck
Sous-total région ouest3000 1425  
FoumbouDikodougou500 300 Teck
KoroghoKorogho1525 - -
Périmètre reboisement “allemand”Korogho-Napié2516 2000 Anacardier
Teck
Cassia
Sous-total région nord4541 2300  
Total18543 10150  

Sur un total de 10 150 ha de plantations existantes à l'heure actuelle 7 850 ha se trouvent en zone guinéenne (préforestière et semi-décidue) et 2 816 ha en zone soudano-guinéenne. Parmi ces plantations, les teckeraies aménagées représent ent les surfaces suivantes:

Année de plantationSurfaces (ha)Année de plantationSurfaces (ha)
avant 1941  101954–1955185
1941–1945  941956–1957266
1947–19492121958–1959165
1950–19513021960–1962619
1952–19532021963–19662072  
   Total: 4127

Ne sont pas comprises dans ce total:

On a donc pour le teck le récapitulatif suivant:

teck de bois d'oeuvre:4 126 ha
teck pour bois de service et bois de feu:2 800 ha
2 800 ha
 Total:6 926 ha

Les surfaces de plantations d'autres essences dans les forêts classées sont approximativement les suivantes:

anacardier:1 700 ha
Cassia:  300 ha
Gmelina:1 200 ha
 Total:3 200 ha

Ces reboisements datent pour la plupart de la période 1960–1966. Environ la moitié des plantations de Gmelina peut être considérée comme producteur de bois d'oeuvre, soit 600 ha. Le reste et les plantations de Cassia doivent être considérés comme producteur de bois de feu.

Enfin, malgré les grandes destructions opérées en particulier par le passage des feux, on peut considérer qu'il reste environ 2 000 ha d'anacardiers existant en milieu villageois.

Les teckeraies aménagées ont été classées en deux séries. La première série est constituée par les peuplements ayant un accroissement moyen supérieur à 10 m3/ha/an. Ces peuplements sont situés essentiellement à Matiemba, Bamoro et Kokondekro (3 000 ha). Les éclaircies ont lieu en principe à 4, 10 et 17 ans (18) (49).

- Zone sud

Les premiers reboisements eurent lieu en 1926 dans la forêt de Banco puis s'étendirent aux régions d'Abidjan, Grand Bassam, Sassandra et Agboville. On procéda tout d'abord à des plantations serrées sous forêt: 1 000 à 2 500 plants/ha étaient mis en place dans des parcelles dont seul le sous-bois avait été préalablement abattu, les arbres étaient ensuite annelés: seuls 200 ha de niangon furent réussis en 1930 et 1931. On réalisa ensuite des plantations sur des layons ouverts en forêt. De 1932 à 1934, 800 ha furent plantés avec des layons distants de 10 m, avec un taux de réussite assez bon. Puis de 1935 à 1946, l'écartement des layons fut porté à 25 m sur une superficie totale de 12 000 ha. Les résultats furent très médiocres, faute d'intervention suffisante sur le couvert forestier des interbandes. A partir de 1947, on fit appel à une méthode d'amélioration naturelle en délianant des parcelles choisies pour leur richesse en essences de valeur de petite taille, en empoisonnant les arbres concurrents et en effectuant des plantations complémentaires sur les limites de parcelle. Cette action fut un échec, faute d'intervention suffisante dans le couvert forestier. Cette méthode fut abandonnée en 1960. En 1961 et 1962, on effectua des plantations moyennement serrées sous forêt éclaircie ou abattue sur 300 ha seulement, mais avec de bons résultats. 30 000 ha avaient ainsi été traités (Agboville 13 000, Abidjan 11 000, Aboisso 3 000, Lahou 1 000 et Sassandra 1 000). Peu de choses en reste. Beaucoup de parcelles se sont refermées et les plants ont été étouffés. Beaucoup de forêts ont été déclassées et (ou) défrichées. On peut estimer en conclusion que ce qui reste de ces plantations aciennes en zone sud est bien limité en superficie (quelques dizaines d'hectares) et correspond à des parcelles actuellement conservées pour la recherche. On ne peut donc en tenir compte dans les statistiques de plantations.

1 Ces reboisements sont souvent à tort appelés reboisements “ en savane”.


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