La République de Côte d'Ivoire s'étend sur une superficie de 322 463 km2 entre les 3ème et 9ème degrés de longitude Ouest et les 5ème et 11ème degrés de latitude Nord. Elle est bordée à l'ouest par le Libéria et la Guinée, au nord par le Mali et la Haute-Volta, à l'est par le Ghana et possède au sud une façade maritime de 550 km.
L'altitude augmente progressivement du sud vers le nord où elle atteint 400 mètres: les seuls reliefs sont des “inselbergs” alignés soit sous forme de collines orientées sud-ouest - nord-est, soit sous forme de buttes tabulaires ou de dômes granitiques isolés ou disposés en véritables champs. Il faut toutefois noter au nord-ouest le long de la frontière de Guinée une zone de relief de 500 à 1 750 mètres d'altitude constituant l'extrêmité orientale de la dorsale guinéenne.
On peut distinguer quatre principales zones climatiques:
le sud du pays (essentiellement la région forestière) connait quatre saisons: une grande saison des pluies (Avril-mi-Juillet); une petite saison sèche (mi – Juillet – mi–Septembre); une petite saison des pluies (mi-Septembre-Novembre) et une grande saison sèche (Décembre – Mars). Cette répartition schématique est compliquée par des intersaisons (surtout Avril et petite saison des pluies) marquées par des orages et des grains (improprement appelés tornades);
au centre, une saison sèche (Novembre – Mars) précède la saison des pluies marquée par deux maxima pluviométriques, l'un en Juin, l'autre en Septembre; mais les précipitations du mois d'Août sont relativement importantes et ce mois ne peut être qualifié de sec;
le nord-est est caractérisé par deux saisons: la saison des pluies s'étend de Juin à Septembre avec un maximum de précipitations en Août; la saison sèche est marquée par de très faibles pluies, surtout de Décembre à Février;
la région montagneuse de Man présente, à latitude égale, une pluviométrie annuelle beaucoup plus importante que celles de Bouaké ou Bondoukou; seuls les mois de Décembre et Janvier sont très peu pluvieux.
La population qui était de 5 100 000 habitants en 1970 est passée à 8 millions d'habitants en 1980, et s'accroît actuellement au taux annuel de 3,8%. La population des centres urbains est passée de 900 000 habitants à 2 700 000 habitants pendant le même période. Les deux-tiers de la population rurale se trouvent en zone de forêt et vivent grâce aux cultures traditionnelles riches (café, cacao, ananas, palmier à huile) et à l'exploitation forestière. De plus, 65% des travailleurs étrangers habitent et travaillent dans les zones de plantation (zones forestières). De grands mouvements de population ont eu lieu au cours des 15 dernières années dans la zone de forêt. Ces migrations ont essentiellement concerné la région du centre-ouest (Daloa - Issia - Gagnoa - Bouaflé) qui est la grande région de culture du café et a connu un grand développement à partir de 1965 et le sud-ouest dont la mise en valeur a débuté vers 1970. Les migrants sont venus essentiellement du centre du pays (Baoulés) et de Haute-Volta (Mossis). Leur action de défrichement de la forêt a été intense. En dehors de l'agglomération d'Abidjan et de la région qui l'entoure (au total plus de 2 millions d'habitants), trois zones ont une densité particulièrement importante: les régions de Man-Danané, de Korhogo et surtout de Bouaké.
1. Situation actuelle
1.1 Végétation ligneuse naturelle
1.1.1 Description des types de végétation
Aubréville distingue deux grandes zones phytogéographiques en Côte-d'Ivoire, séparées par une zone intermédiaire (1):
au nord: la zone des forêts claires et savanes boisées guinéennes. Les forêts claires (sous-entendu forêts sèches claires) ont l'aspect de véritables forêts car les arbres sont parfois assez serrés pour que les cimes paraissent jointives mais il n'y a pratiquement pas de sous-bois arbustif, le sol étant occupé par une savane parcourue par les feux de brousse en saison sèche. Cette forêt est généralement constituée d'espèces grégaires des genres Isoberlinia (sau), Monotes et Uapaca (somon). Les savanes boisées sont formées d'arbres mais surtout d'arbustes d'une densité très variable formant une mosaïque de savanes boisées riches, de savanes boisées pauvres (ou savanes arborées) et de savanes arbustives. La formation graminéenne est généralement épaisse. En réalité, toute cette zone était autrefois recouverte de forêts denses sèches à sous-bois arbustif, à tâches de graminées disséminées. En outre, le long des cours d'eau, on note la présence de prolongements aliformes de la forêt dense méridionale ou “galeries forestières”;
au sud la zone de forêt dense humide dans laquelle on peut distinguer deux types écologiques et floristiques:
la forêt dense humide sempervirente. Elle correspond à des pluies abondantes (plus de 1 600 mm) bien réparties dans l'année et à un degré hygrométrique de l'atmosphère constamment élevé. Elle occupe une bande côtière de largeur variable et remonte à l'ouest le long du fleuve Cavally, jusqu'aux lisières nord de la forêt dense;
la forêt dense humide semi-décidue, ainsi dénommée car une partie des grands arbres supérieurs sont défeuillés ensemble pendant une courte période en saison sèche. Elle occupe toute la partie centrale et septentrionale de la zone forestière;
enfin, les forêts denses des montagnes du pays de Man, situées à l'ouest, peuvent être classées à part car elles renferment certaines espèces endémiques du Fouta Djalon;
entre les deux zones s'étend une zone tampon dite préforestière dont la limite nord est approximativement le parallèle 8°N et la limite sud la lisière nord de la forêt dense humide semi-décidue. Cette zone renferme des ilôts de forêt humide en savane (région de Zuenoula - Tiebissou et de Bondoukou) et présente en outre un profond saillant (saillant Baoulé ou “V” Baoulé) qui s'enfonce vers le sud jusqu'au niveau du 6°S suivant l'axe Bouaké - N'Douci. L'origine de ce saillant occupé presque exclusivement par des savanes est encore contreversée (édaphique ou anthropique ?).
Cette première classification des zones phytogéographiques en Côte-d'Ivoire a été complétée en particulier par Schnell (3), Mangenot (5) et Guillaumet (16) et une synthèse réalisée en 1967 par l'Orstom sous la direction de Guillaumet et Adjanohoun (17) qui établirent une carte de végétation de la Côte-d'Ivoire au 1/500 000ème. Le pays y est subdivisé en domaines et secteurs basés sur les formations prédominantes dans le paysage et sur leur dynamisme:
le domaine guinéen:
climat dû à la latitude: secteur ombrophile (forêt dense humide sempervirente) et secteur mésophile (forêt dense humide semi-décidue);
climat dû à la proximité de la mer et à la nature des sols: secteur littoral;
climat dû à l'altitude: secteur montagnard;
le domaine soudanais: c'est le domaine des forêts claires et des savanes boisées avec aussi présence de quelques îlots de forêt dense sèche.
La description qui suit s'inspire de la notice de la carte de végétation de l'Orstom (17) et est présentée dans le cadre des grandes catégories utilisées dans cette étude.
Formations forestières feuillues denses (NHC)
Les forêts denses comprennent des forêts denses humides constituant au sud du 8ème parallèle un ensemble de massifs forestiers de surface totale estimée à 4 millions d'hectares en 1980. Ces massifs sont les restes d'un massif forestier couvrant, il y a une quarantaine d'années, une superficie de 14,5 millions d'hectares et qui a subi depuis, et surtout au cours des 25 dernières années, une pression extrêmement forte de la part des agriculteurs qui l'ont en grande partie détruit. En outre, il existe environ 500 000 hectares de forêts denses sèches à Anogeissus leiocarpus associé à Cola cordifolia, Antiaris africana et Chlorophora excelsa dont les îlots succèdent à ceux de la forêt dense humide dans le nord de la Côte-d'Ivoire. Le sous-bois est totalement dépourvu de graminées et la plupart de ces îlots sont bien protégés parce que constituant des bois sacrés. Les différents types de forêt dense humide sont les suivants:
Les forêts sempervirentes
les forêts sur sols drainés
forêt à Eremospatha macrocarpa et Diospyros mannii: cette forêt doit être considérée comme le type fondamental déterminé par le climat et une économie en eau moyenne;
forêt à Diospyros spp. et Mapania spp.: cette forêt est conditionnée par des sols à forte capacité de rétention d'eau. Certaines espèces remontent en zone climatiquement défavorable le long des cours d'eau. Le niangon (Tarrietia utilis) y est très abondant. On y rencontre en outre des peuplements denses et presque monospécifiques du faux cacaoyer, Scaphopetalum amoenum, qui n'existent pas ailleurs;
forêt à Turraeanthus africanus et Heisteria parvifolia: ce type de forêt est strictement lié à des sols sablo-gréseux et passe brusquement au nord au type précédent et progressivement à l'ouest au premier type. Actuellement, cette forêt est en voie de disparition et il n'en restera bientôt que les 3 000 hectares du parc national du Banco aux portes d'Abidjan;
forêt à Uapaca esculenta, U. guineensis et Childlowia sanguinea: cette forêt déterminée surtout climatiquement, renferme en outre des Celtis, Triplochiton scleroxylon, Nesogordonia papaverifera, Chrysophyllum perpulchrum. C'est la zone d'élection du bossé (Guarea cedrata) et du makoré (Tieghemella heckelii);
forêt à Tarrietia utilis et Chrysophyllum perpulchrum: floristiquement très proche du type à Diospyros spp. et Mapania spp., mais nettement teinté d'influence semi-décidues, ce groupement recouvre le massif des Dans au-dessous du secteur montagnard;
les forêts sur sols hydromorphes: localisées dans les bas-fonds à hydromorphie constante, elles sont composées d'espèces très spécialisées: Mytragyna ciliata, Symphonia globulifera, Rhaptopetalum beguei, Uapaca paludosa, Raphia spp.. Les brousses à Marantacées du sud-ouest, appelées souvent à tort “savanes”, doivent être considéréees comme des formes de reconstitution de forêts périodiquement inondées;
la forêt littorale: elle est établie sur podzol. C'est une forêt de type sempervirente floristiquement voisine du type à Turraeanthus africanus et Heisteria parvifolia;
les mangroves: très limitées en surface, elles comprennent comme espèces arborées principales Rhizophora racemosa, Avicennia africana et Acrostichum aureum.
Les forêts semi-décidues
les forêts sur sols drainés
forêt à Celtis spp. et Triplochiton scleroxylon (samba): ce type fondamental renferme en outre le bété (Mansonia altissima), Chrysophyllum perpulchrum, Aningueria altissima et A. robusta;
forêt à Nesogordonia papaverifera et Khaya ivorensis: elle se caractérise par l'absence totale des principales espèces de forêt sempervirente et d'un bon nombre d'espèces de forêt semi-décidue. C'est le seul type de forêt où l'on rencontre: Cola attiensis et Cylicodiscus gabonensis et où Khaya anthotheca cohabite avec K. ivorensis;
forêt à Afzelia africana et Aubrevillea kerstingii: elle constitue la lisière de la zone forestière et l'essentiel des bosquets de savane guinéenne. Triplochiton scleroxylon y est présent mais les divers Celtis, Mansonia altissima, Chrysophyllum perpulchrum, Bussea occidentalis se font rares et même disparaissent. Cette forêt doit être considérée comme une forme dynamique qui vers le nord prépare la venue du type plus achevé de forêt semi-décidue;
les forêts sur sols hydromorphes: il n'y a plus dans ce secteur de grandes forêts marécageuses mais des franges plus ou moins larges, très nombreuses le long des cours d'eau, principalement dans les régions de Daloa et Abengourou. Pseudospondias micraster y apparaît caractéristique, accompagné de Mitragyna stipulosa et M. ciliata;
les forêts de la zone préforestière: cette zone présente des étendues herbeuses parsemées de petits arbres isolés ou rassemblés en bosquets, entrecoupées par des forêts galeries installées le long des cours d'eau. Ça et là existent des îlots boisés montrant d'évidentes affinités floristiques avec ces mêmes forêts. Ces boisements denses le long des cours d'eau sont dominés par Cola cordifolia, Carapa procera, Pycnanthus angolensis et l'abondance des palmiers à huile. La plus grande partie est localisée sur schistes sauf à proximité des villages où le substratum est indifférent et où l'homme les maintient comme lieux de culte ou cimetières
Les forêts denses humides de montagne
Elles se retrouvent en Côte-d'Ivoire au-dessus de la ligne altitudinale des 1 000 m et sont donc réduites à quelques sommets du massif des Dans et à la partie supérieure de la pente ivoirienne du Mont Nimba. Cependant, le faciès montagnard est encore présent, assez bas le long des ravins et des pentes encaissées. Le climat dominant est la forêt dense humide de montagne à Parinari excelsa et Uapaca chevalieri et on trouve également des forêts basses édaphiques à Memecylon fasciculare et Eugenia leonensis.
Formations forestières feuillues ouvertes (NHc/NHO) (4)
Les formations forestières mixtes arborées et graminéennes occupent la zone nord du pays couvrant 5,4 millions d'hectares sur une superficie d'environ 15 millions d'hectares. Les massifs y sont généralement plus grands que les massifs de forêt dense car la concentration des zones agricoles est plus forte dans le nord que dans le sud. L'agriculture maintient sur ces massifs une pression qui risque de s'accentuer durant les prochains années. Les feux sont partout un fléau contre lequel le service forestier reste actuellement impuissant. De ce fait, ces formations ont toutes été profondément modifiées par l'homme, si bien que les forêts claires typiques ne se trouvent que sporadiquement en dehors du parc national du la Comoé.
La forêt claire est composée de deux strates, l'une ligneuse avec Isoberlinia doka, Daniellia oliveri, Terminalia glaucescens, Parkia biglobosa, l'autre herbeuse avec Andropogon tectorum, Afromomum uniseta. Sa limite sud correspond à la limite septentrionale des savanes guinéennes préforestières.
Les savanes boisées: le groupement à Panicum phragmitoides déborde largement de la zone guinéenne et constitue l'unique groupement des savanes drainées s'enrichissant avec la latitude: Elionurus euchaetus, Andropogon ivorensis, etc.… Le peuplement ligneux présente la même composition que celui de la forêt claire.
Les forêts galeries à Soriendela juglandifolia s'amenuisent vers le nord pour être remplacées ensuite par une formation ouverte à Mitragyna stipulosa.
1.1.2 Situation actuelle de la végétation ligneuse
Surfaces actuelles
Les estimations de surface concernant la couverture ligneuse de la forêt ivorienne reposent sur deux groupes de données. Le premier groupe concerne les données recueillies en 1965 – 1966 par l'Orstom, le CTFT, à l'occasion de l'étude dite de “Reboisement et Protection des sols de la Côte d'Ivoire”, et la DRC 1 (11) (12) (14) (15) (17). Le second groupe est celui des données recueillies par la Sodefor (Société d'Etat Ivorienne pour le Développement Forestier) entre les années 1974 et 1978 à l'occasion de l'exécution de travaux de délimitation du domaine forestier et d'inventaires régionaux (31) (37) (43) (51) (56) et par la FAO (1973) pour l'“Etude sur le secteur de l'alimentation et de l'agriculture (y compris la foresterie)” (30).
Le premier groupe des données permet de fournir une excellente estimation des surfaces fin 1966 sur l'ensemble du pays (voir tableau ci-joint). Deux documents ont été utilisés: le document de synthèse rédigé en 1968 par le CTFT (20) pour la partie forestière et la carte de végétation de l'Orstom pour la partie nord à partir de laquelle on a fait des estimations de surface. Il faut souligner qu'en ce qui concerne la partie sud, les chiffres des inventaires CTFT et DRC sont largement confirmés par la carte de l'Orstom (voir tableaux ci-joints).
Estimations de surfaces des inventaires forestiers dans la partie sud (fin 1965) (20)
(en milliers d'ha)
Code catégorie correspondant | Zone forestière inventoriée par le CTFT | Région sud-ouest (inventaire DRC) | Total zone forestière Côte-d'Ivoire | |||
Type de formation | Surface | Type de formation | Surface | Type de formation | Surface | |
NHCf | Forêt danse intacte | 6448 | “Haute forêt” | 1909 | Forêt utile (massifs>500 ha) | 8357 |
Massifs forestiers de petites dimensions (10 à 500 ha) | 571 | (non dénommé) | 55 | Petits massifs (10 à 500 ha) | 626 | |
Total forêt dense | 7019 | (non dénommé) | 1964 | Forêt dense | 8983 | |
(surtout NHCa) | Forêt dégradée | 5171 | Forêt dégradée (petits massifs) | 550 | Forêt dégradée | 5701 |
- | Zone hors forêts | 900 | Zone hors forêt | 88 | Zone hors forêt | 988 |
- | Superficie totale | 13090 | Superficie totale | 2582 | Superficie totale | 15672 |
Surfaces occupées par les classes de la carte au 1/500 000e “Végétation de la Côte-d'Ivoire”
(par Guillaument et Adjanohoun 1966)
(en milliers d'ha)
Type de végétation | Surface | Code catégorie dominante | |
Domaine soudanien | 14880 | ||
Savanes arborées à Panioum phragmitoïdes | 4820 | NHc/NHo | |
Savanes boisées et forêts claires à Isoberlinia doka | 2710 | NHc/NHo | |
Savanes boisées et forêts claires à Uapaca somon | |||
Savanes soumises à l'agriculture | 4378 | ||
Galeries forestières (avec strate graminéenne) | 507 | NHc/NHO | |
Forêts denses à Anogeissus leiocarpus | 465 | NHCf | |
Domaine guinéen | 17366 | ||
Secteur préforestier | 1973 | ||
Savanes arborées guinéennes | 244 | NHc/NHo | |
Savanes arborées guinéennes soumises à l'agriculture | 857 | NHc/NHoa | |
Savanes herbeuses | 732 | ||
Savanes soumises à l'agriculture | 20 | ||
Galeries forestières semi-décidues | 120 | NHCf | |
Secteur forestier | 15393 | ||
Forêts semi-décidues | 4290 | NHCf | |
Forêts semi-décidues soumises à l'agriculture | 4924 | NHCa | |
Forêts sempervirentes | 4215 | NHCf | |
Forêts sempervirentes soumises à l'agriculture | 1144 | NHCa | |
Forêts littorales | 110 | NHCf | |
Formations diverses (brousses, prairies, fourrés, etc.…) | 590 | ||
Plantations agricoles | 120 | ||
Total | 32246 | - |
Le second groupe de données permet:
d'une part, de procéder à un certain nombre d'estimations concernant les surfaces occupées par les formations ligneuses dans certaines régions de Côte-d'Ivoire et de procéder ensuite par extrapolation pour les autres régions;
d'autre part, de procéder à un certain nombre d'estimations des surfaces occupées par les plantations agricoles industrielles et vivrières et par les jachères agricoles et d'en déduire les modifications de surfaces qu'elles ont entrainées au niveau des formations ligneuses.
Ces déductions sont rendues plus valables par la stratification géographique de la Côte-d'Ivoire en deux parties nord et sud correspondant chacune à une entité bien distincte à la fois sur le plan de la végétation ligneuse (formations fermées au sud, formations ouvertes au nord), de la population dense au sud, plus rare au nord et enfin de l'agriculture de plantation très active au sud, plus limitée au nord.
C'est finalement sur la base de ces dernières estimations (occupation des sols par l'agriculture) que l'on a évalué les surfaces à la fin de 1980 à partir des chiffres précédents à la fin de 1966 (paragraphe 2.1.1). En effet, la comparaison entre les surfaces agricoles de 1980 et celles de 1966 permet d'estimer les surfaces qui ont été prélevées de 1966 à 1980 sur les formations naturelles.
Surfaces estimées de végétation ligneuse naturelle à la fin de 1980
(en milliers d'ha)
NHCf1uv | NHCf1uc | NHCf1m | NHCf1 | NHCf2i | NHCf2r | NHCf2 | NHCf | NHCa | |
200 | 3094 | 1 | 3295 | 515 | 648 | 1163 | 4458 | 8400 | |
NHc/NHO 1(u) | NHc/NHO2i | NHc/NHO2r | NHc/NHO2 | NHc/NHO | NHc/NHOa | nH | |||
1798 | 2428 | 1150 | 3578 | 5376 | 6930 | 60 |
Le tableau précédent appelle les remarques suivantes:
la surface des forêts denses non encore exploitées (NHCf1uv) n'a pas pu être déterminée avec une grande précision. Ce qui est certain, c'est que cette surface ne dépasse pas quelques centaines de milliers d'hectares;
la surface des forêts denses déjà parcourues par l'exploitation (NHCf1uc) qui représente la quasi-totalité des superficies de forêts denses productives est composée de massifs qui sont dans des situations fort différentes. Certaines zones ne renferment pratiquement plus de bois actuellement exploitables (arbres des essences recherchées de dimensions exploitables) alors que d'autres n'ont été ecrêmées que de quelques essences et sont d'ailleurs actuellement l'objet d'une intense convoitise de la part des exploitants;
la superficie de forêts intensivement aménagées (NHCf1m) est en réalité de 1 200 ha et est constituée de 3 blocs de 400 ha aménagés intensivement par la Sodefor dans les forêts de la Téné, Irobo et Mopri par parcelles de 16 ha afin d'étudier l'influence sur la croissance de différente types d'interventions sylvicoles (voir documents (61) et (64)). Cette surface limitée devrait être progressivement étendue aux forêts classées;
la surface des forêts improductives pour des raisons physiques (NHCf2i) concerne les forêts situées sur les pentes et sommets des massifs forestiers de l'ouest (50 000 ha) et les forêts denses sêches à Anogeissus (465 000 ha) constituées de petit massifs que la coutume interdit à l'exploitation. Leur surface est celle donnée par la carte de la végétation de 1966; cependant une partie a pu être défrichée dans le cadre des programmes d'expansion agricole (coton);
la surface des forêts denses improductives à cause de leur statut (NHCf2r) correspond à celle des parcs nationaux. Il faut noter à ce sujet que toute la couronne extérieure du parc de Taï est en fait largement pénétrée par l'exploitation forestière et que la réserve de Nzo est autorisée à l'exploitation. D'où une réduction à 648 000 ha de cette surface (voir plus loin à la rubrique “statut légal et aménagement”);
les jachères forestières (NHCa) ont été estimées à partir de l'évaluation des surfaces occupées par les plantations pérennes et à partir des surfaces annuellement cultivées pour les plantations vivrières en tenant compte d'une durée moyenne de 7 ans de jachère. Il faut insister sur la pauvreté de cette jachère du point de vue floristique et écologique et également sur sa vulnérabilité quant à son avenir (menace de défrichement prématuré du fait de la réduction du temps de jachère);
la surface de formations forestières ouvertes improductives du fait de leur statut (NHc/NHO2r) est celle du parc national de la Comoé, situé au nord-est de la Côte-d'Ivoire et renfermant la grande majorité des formations typiques de forêts claires à sau et somon;
les surface de formations arbustives (nH) sont celles des formations buissonnantes littorales;
les surfaces de jachères de formations forestières ouvertes (NHc/NHo) sont celles des jachères de la zone nord (cf. paragraphe 2.1.1).
1 Developpement and Resources Corporation (New-York)
Propriété
Le code forestier du 20 décembre 1965 distingue le domaine forestier de l'Etat, des particuliers et des collectivités. La majeure partie des forêts exploitables est domaine de l'Etat, très peu de superficies étant enregistrées au nom de particuliers (36).
Statut légal et aménagement
Dès 1926, l'Administration commença à délimiter des forêts classées où une exploitation forestière était autorisée mais où les défrichements agricoles étaient interdits. Ce domaine s'étendit progressivement comprenant, en 1956, 240 forêts classées couvrant 5 800 000 ha dont 3 300 000 ha en zone de forêt dense et 2 500 000 ha en zone de savane. De 1960 à 1966, il fut procédé à un nombre considérable de déclassements de forêts en zone de forêt dense, faisant chuter la surface classée à 2,8 millionsha. Constatant que les défrichements illégaux se faisaient de plus en plus nombreux surtout en zone forestière, une étude menée par le CTFT en 1966 (12) proposa le déclassement de 610 000 ha (550 000 ha en forêt, 61 000 ha en savane) et le classement nouveau de 1 950 000 ha (1 425 000 en forêt et 525 000 ha en savane) conduisant à un domaine classé de 6 660 000 ha (3 660 000 en forêt dense et 3 000 000 en zone de savane). Malheureusement peu de forêts nouvelles furent classées si ce n'est celles de la Marahoué, du Mont Peko, du Banco et d'Assigny, au classement desquelles il faut ajouter la création du parc national de Taï.
La Sodefor entreprit alors, à partir de 1972, la délimitation des forêts classées, procédant pour chaque forêt à une étude préalable sur photos récentes puis à des reconnaissances au sol et enfin à des opérations de bornage. C'est à l'occasion de ces études qu'elle a pu mettre en évidence la situation dramatique créée par la déforestation rapide de la forêt dense (31). 20% de la surface des forêts classées avaient été illégalement défrichées. Des forêts classées entières avaient disparu.
Le décret du 15 mars 1978 a créé un “domaine forestier permanent” qui “produit du bois et garantit l'équilibre écologique”. Il est composé d'une part, d'un certain nombre de forêts déjà classées (2 404 270 ha dans la zone forestière et 1 222 190 ha dans la zone de savane) et, d'autre part, de “forêts qui présentent encore le caractère de massifs forestierset qui seront incorporées ultérieurement dans le domaine permanent par arrêté ministériel”. Les défrichements y sont strictement interdits, l'exploitation y sera poursuivie. D'autre part, il est créé un “domaine forestier rural” qui “constitue une réserve de terres pour les opérations agricoles et, en attendant son aménagement, est exploité pour son bois”. Il comprend outre un certain nombre de forêts antérieurement classées (713 750 ha situés principalement dans les régions d'Abidjan, Daloa et Bouaké), les forêts non classées qui ne font pas l'objet d'un statut particulier (parcs nationaux ou réserves) et dont la surface est de 1 972 600 ha (55).
Le domaine forestier de l'Etat est donc maintenant constitué de la façon suivante:
(a) Domaine forestier permanent
Région forestière | Nombre de forêts | Surface (ha) | |
Zone forestière | |||
Abidjan | 28 | 718670 | |
San Pedro | 9 | 661200 | |
Man | 20 | 643750 | |
Daloa | 7 | 205340 | |
Bouaké | 21 | 163110 | |
Bondoukou | 1 | 12200 | |
Sous-total zone forestière | 86 | 2404270 | |
Zone de savane | |||
Man | 2 | 20000 | |
Daloa | 6 | 289000 | |
Bouaké | 24 | 521980 | |
Bondoukou | 1 | 22800 | |
Korhogo | 27 | 368410 | |
Sous-total zone de savane | 60 | 1222190 | |
Total | 146 | 3626460 |
(b) Domaine forestier rural
Type de statut | Surface (ha) | |
Anciennnes forêts classées | ||
Région d'Abidjan | 242050 | |
Région de San Pedro | 57140 | |
Région de Man | 39700 | |
Région de Daloa | 145260 | |
Région de Bouaké | 218200 | |
Région de Bondoukou | 11400 | |
Sous-total | 713750 | |
Parcs nationaux et réserves | ||
Parc national de la Comoé | 1150000 | |
Parc national de la Marahoué | 101000 | |
Parc national de Taï et réserve du Nzo | 499000 | |
Parc national du Banco | 93600 | |
Parc national d'Assagny | ||
Parc national du Mont Peko | 129000 | |
Réserve du Mont Nimba | ||
Parc national du Mont Sangbe | ||
Sous-total | 1972600 | |
Total | 2686350 |
Exploitation forestière
Bois en grumes
(a) Historique
Connus en Europe dès le 18è siècle, les bois précieux d'ébénisterie ne furent exploités en Côte-d'Ivoire qu'à partir de 1880. Les Anglais furent les premiers à s'intéresser aux bois de la région d'Assinie et surtout à l'acajou bassam. A partir de 1890 des Français et des autochtones s'intéressèrent également à l'exploitation. Seuls, les arbres situés à proximité des voies d'eau étaient abattus et flottés vers Assinie mais, très vite, devant l'épuisement des peuplements d'acajou situés près des rivières, l'exploitation gagna l'intérieur. Les grumes étaient alors tirées sur des sortes de traîneaux ou sur des rondins jusqu'au cours d'eau le plus proche.
Peu à peu, on s'intéressa à d'autres essences, telles que l'acajou blanc, le makoré, l'avodiré et l'iroko; mais jusqu'en 1951, l'acajou bassam garda la première place (en 1927, il représentait les 4/5 des 170 000 tonnes exportées).
Jusqu'en 1957, l'exploitation se développa lentement, malgré l'ouverture en 1951 du port d'Abidjan rendant les exportations plus faciles. Ce n'est qu'à partir de 1958 que l'on assista à l'essor spectaculaire qui amena la production de grumes au niveau actuel. Les exploitations forestières, d'abord localisées vers le sud, autour des lagunes, se sont progressivement déplacées vers le nord et le nord-est avec l'épuisement des premiers chantiers. Ensuite, à partir des années 1960, un véritable front pionnier de l'exploitation forestière se développe dans le centre-ouest, puis vers le sud-ouest, après 1970; en même temps, les anciens chantiers du sud et de l'est étaient à nouveau parcourus à la recherche d'arbres trop petits lors des premiers passages ou de moins bonne qualité apparente ou d'essences délaissées auparavant.
Actuellement, l'exploitation forestière est concentrée dans l'ouest et surtout le sud-ouest, et à un degré moindre le long de la frontière du Ghana à l'est, les zones du sud et du centre voyant leurs réserves pratiquement épuisées. En outre, les chantiers de l'ouest, qui en sont seulement au premier ou au deuxième passage des forestiers, sont beaucoup plus productifs que ceux du sud ou de l'est, exploités depuis plus longtemps.
(b) Conditions juridiques de l'exploitation forestière
Le code forestier de 1935 définissait quatre types d'exploitation: en régie, par vente de coupe, par permis de coupe, et par permis temporaire d'exploitation (le plus souvent d'une durée d'un an).
En 1962 (décret 62.128 du 28 avril 1962) la durée des permis temporaires d'exploitation fut liée à la superficie des exploitations (cinq ans jusqu'à 50 000 ha, dix ans audelà).
Le nouveau code forestier ivorien entra en vigueur le 20 décembre 1965. Le droit de couper du bois y est soumis à la délivrance d'un permis temporaire d'exploitation valable 5 ans pour les exploitants simples, 10 ans pour les entreprises disposant d'une scierie, 15 ans pour les entreprises intégrées disposant d'une unité de transformation (déroulage-tranchage).
Grâce à cette législation devant favoriser l'implantation de complexes industriels, de vastes surfaces dépassant parfois 250 000 ha furent attribuées aux grandes sociétés. Les permis sont attribués par décret pour une surface unitaire par chantier de 2 500 ha soit généralement un carré de 5 × 5 km. L'attributaire doit être agréé par le Ministère des Eaux et Forêts et soumis à un certain nombre d'obligations consistant en:
un chaier des charges particulier (réalisations d'ouvrages d'intérêt généralroutes, écoles, etc… - et paiement de certaines taxes d'attribution et d'exploitation);
un cahier des charges général, portant obligation du marquage des grumes et de la tenue d'un carnet de chantier.
Bien que le pourcentage de grumes transformées localement soit passé de 20% en 1960 à 27,5% en 1967, bon nombre d'usines ivoiriennes qui furent alors créées ne furent pas approvisionnées suffisamment. En effet les exportations de grumes, favorisées notamment par une demande extérieure en pleine expansion, se développèrent considérablement passant de 1 823 000 m3 en 1966 à 3 168 000 m3 en 1972 alors que les livraisons aux usines stagnaient entre 760 000 et 950 000 m3.
Le Gouvernement prit alors deux séries de mesures. Il fut tout d'abord décidé (décret du 9 février 1972) que “pour aider à l'exécution des plans de développement industriel” les permis temporaires d'exploitation de bois d'oeuvre et d'ébénisterie seraient regroupés en “périmètres d'approvisionnement” à l'intérieur desquels toute nouvelle attribution serait réservée soit aux industriels déjà installés, soit à des groupements d'exploitants liés à ces industriels par des contrats d'approvisionnement. Ce décret semble avoir eu un début d'application de 1974 à 1976. Cette année-là, des autorisations d'exploitation furent accordées à 280 exploitants travaillant sur 1 225 chantiers soit environ 3 000 000 ha. Depuis, il semble bien que ce décret soit retombé dans l'oubli.
Puis le 28 août 1972, un décret obligea les exportateurs de bois à livrer aux usines un pourcentage du volume de ces exportations fixé chaque année. Les quota fixés en 1972 furent de 33% pour la quasi-totalité des exportateurs et de 100% pour 7 d'entre eux nommément désignés et représentant 50% de la capacité de transformation. Le pourcentage de 33% fut porté à 66% en 1973 puis à 100% en 1975. Dès lors, le coefficient de transformation locale remonta de 23, 1% en 1973 à 42, 6% en 1978 (950 000 m3 livrés en 1972 et 1 873 000 m3 livrés en 1978). En outre, en 1978 il fut décidé que seuls pourraient être agréés comme exportateurs de grumes les propriétaires d'une usine de première transformation du bois.
(c) Les types d'exploitation
On peut distinguer en Côte-d'Ivoire plusieurs types d'exploitation forestière, en fonction de leur structure et de leur degré d'intégration. Les plus importantes sur le plan économique sont les entreprises intégrées, assurant la transformation sur place du bois dans des scieries ou des usines de déroulage et possédant leur propre service de commercialisation et d'exportation. Ces entreprises industrielles assurent la plus grande partie de la production. Il s'agit d'importantes sociétés financées par des groupes financiers européens à l'exception d'une société dirigée par un homme d'affaires ivoirien avec des capitaux en majorité ivoriens.
A côté de ces grosses entreprises, on distingue un certain nombre d'entreprises familiales. Beaucoup sont nées dans la première moitié du siècle avec les premiers “coupeurs de bois”. Un certain nombre d'entre elles ont su s'adapter aux techniques industrielles et se transformer en sociétés dont le capital (ou tout au moins une partie) est restée au sein de la famille. Le plus grand nombre a progressivement disparu au cours des 20 dernières années absorbé par les grosses entreprises.
Avec l'Indépendance se développe un nombre de plus en plus grand d'exploitations individuelles appartenant pour une large part à des Ivoiriens. En 1960, on comptait sur les 108 exploitants forestiers (57 sociétés et 51 individuels) 25 entrepreneurs ivoiriens (3 sociétés et 22 individuelles) et en 1970, on comptait 267 petites entreprises individuelles dont 213 ivoiriennes sur 371 entreprises.
“Beaucoup de ces nouveaux attributaires de permis ne possédaient ni les compétences techniques, ni les moyens nécessaires à une exploitation rationnelle des zones considérées… Ils se contentèrent le plus souvent de revendre leur droit d'exploitation” (29). Fin 1972, le syndicat des exportateurs et négociants en bois de Côte-d'Ivoire annonçait que le nombre d'exploitants agréés dépassait 700 et comprenait plus de 90% de nationaux occupant une superficie de 2,3 millions d'ha. A la même époque, le fermage, jusqu'alors légalement interdit fut autorisé et réglementé. Puis le décret du 19 septembre 1972 autorisa la création de “groupements d'exploitants forestiers”. Huit groupements réunissant 53 membres furent créés, mais un seul semble avoir fonctionné normalement. Enfin, le nombre de titulaires de permis fut diminué (550 titulaires ivoiriens en 1977).
(d) Production
La production de bois en grumes, après une évolution lente pendant les années 1970, s'est surtout développée à partir de l'Indépendance, répondant aux besoins d'un marché national de plus en plus important, mais surtout à une forte demande de la part des pays industrialisés. De 650 000 m3 en 1958, elle est passée à 4 269 000 m3 en 1969 et à 5 191 000 m3 en 1973. La crise économique fit diminuer cette production en 1974 et 1975 et le relèvement opéré en 1976 et 1977 (5 239 000 m3 en 1977) est dès maintenant enrayé par suite de l'appauvrissement des forêts (baisse de 16% de la production en 1978) (55).
En effet, bien que dès 1960, les auteurs des “Perspectives décennales 1960–1970” aient souligné que la forêt ivoirienne avait été jusqu'alors écrémée, et aient recommandé de ne pas dépasser le niveau annuel de production de grumes atteint en 1961 (soit un peu plus de 1,2 millions de m3 dont 1 million m3 pour l'exportation), l'évolution des exportations a été explosif, portant sur un petit nombre d'espèces particulièrement appréciées telles que l'aboudikro (sapelli), l'acajou, l'assamela, le makoré, le samba, le tiama et surtout le sipo (8) (9) (12).
Il fallut attendre 1968 pour qu'à la suite des inventaires réalisés par le CTFT et la DRC, on prenne conscience du fait que certaines essences, notamment l'assamela et le sipo, étaient menacés de disparition rapide.
Le 4 juillet 1969, on fixa des plafonds annuels de production pour l'aboudikro, l'acajou, l'assamela, le makoré et le sipo mais ce décret ne fut jamais appliqué et fut abrogé en 1970. On entreprit alors de rendre la fiscalité à l'exportation un peu plus sélective, mais ceci resta sans effet et le décret du 9 février 1972, réglementant l'exploitation et prévoyant le contrôle de l'abattage des essences les plus rares, ne put être réellement appliqué sur le terrain à cause du manque de personnel du service forestier.
Cependant, à partir de 1972 la promotion des essences les moins connues fut un relatif succès. Traduite par une action de propagande entreprise sur le plan commercial, elle s'est également concrétisée dans les textes législatifs assimilant pour le calcul des quotas les exportations d'essences secondaires à des livraisons aux usines (arrêté du 19 décembre 1975) et sur le plan fiscal par un renforcement de la sélectivité de la fiscalité à l'exportation, (taux d'imposition de sortie des essences traditionnelles porté de 28 à 44% de 1972 à 1979 alors que celui des essences à promouvoir ne passait que de 18 à 24%).
La production de grumes a enregistré une légère reprise en 1979 (3,3%) après la forte diminution de 1978 (-16, 1% par rapport au record de 1977). Les livraisons de grumes aux industries locales ont par contre poursuivi en 1979 leur diminution entamée en 1978 (-11, 7% en 1979). Leur part dans la production de grumes se maintient aux environ de 40%: 37,8% en 1977, 42,6% en 1978 et 38,6% en 1979.
Production totale, livraison aux industries locales et exportation des grumes de 1970 à 1979
(en milliers d'ha)
Années | 1970 | 1971 | 1972 | 1973 | 1974 | 1975 | 1976 | 1977 | 1978 | 1979 |
Production | 3460 | 3883 | 4118 | 5191 | 4626 | 4031 | 5072 | 5238 | 4392 | 4540 |
Livraisons | 950 | 950 | 950 | 1594 | 1596 | 1553 | 1797 | 1983 | 1873 | 1751 |
Exportations | 2510 | 2933 | 3168 | 3497 | 3030 | 2478 | 3275 | 3255 | 2521 | 2789 |
L'évolution des exportations par essence montre la diminution régulière des ventes du sipo (678 302 m3 en 1978, bois rouge en voie de disparition), le maintien au ler rang du samba malgré une baisse de 50% sur 1973 (1 024 937 m3) et l'apparition en 1976 de l'aningueri (aniégré) au 2ème rang.
Exportations de grumes par essence de 1957 à 1978
(en milliers de m3)
Essences | 1957 | 1960 | 1970 | 1972 | 1974 | 1975 | 1976 | 1977 | 1978 |
Samba 2 | 60 | 188 | 717 | 886 | 905 | 836 | 1019 | 801 | 535 |
Aningueri 2 | .. | ... | 60 | 133 | 88 | 25 | 178 | 229 | 219 |
Ilomba | 1 | 6 | 83 | 110 | 108 | 97 | 136 | 153 | 123 |
Iroko 1 2 | .. | 40 | 47 | 92 | 98 | 86 | 118 | 134 | 111 |
Kotibé 1 2 | .. | ... | .. | .. | 82 | 86 | 130 | 170 | 102 |
Fraké 1 | .. | 1 | 4 | 2 | 34 | 26 | 72 | 85 | 100 |
Fromager 1 | .. | ... | 27 | 36 | 94 | 60 | 101 | 92 | 85 |
Framiré 1 2 | .. | 12 | 37 | 105 | 122 | 83 | 92 | 108 | 81 |
Tiama 2 | 21 | 47 | 127 | 168 | 117 | 77 | 95 | 115 | 77 |
Acajou 2 | 51 | 97 | 137 | 195 | 107 | 81 | 98 | 112 | 73 |
Niangon | .. | 63 | 53 | 77 | 82 | 45 | 77 | 74 | 72 |
Sipo 2 | 38 | 159 | 462 | 461 | 194 | 123 | 83 | 79 | 63 |
Aboudikro 2 | 18 | 52 | 120 | 153 | 93 | 62 | 71 | 82 | 52 |
Makoré 2 | 32 | 77 | 154 | 182 | 113 | 68 | 63 | 74 | 53 |
Bété 2 | 1 | 4 | 152 | 123 | 122 | 62 | 88 | 78 | 60 |
Total 15 essences | 222 | 746 | 2180 | 2723 | 2359 | 1817 | 2421 | 2386 | 1806 |
Proportion des exportations totales | 86,9% | 86,0% | 67,5% | 73,3% | 73,9% | 73,3% | 71,6% |
1.1.3 Situation actuelle des volumes sur pied
Les inventaires forestiers réalisés en forêt dense en Côte-d'Ivoire sont les suivants:
1966 | : | inventaire du potentiel de bois d'oeuvre sur 13 100 000 ha (zone forestière, à l'exception du sud-ouest): comptage de 46 essences à partir de 36 cm de diametre (11); | ||
1966 | : | inventaire du sud-ouest de la Côte-d'Ivoire en 1966 (2 580 000 ha): comptage de toutes les essences à partir de 10 cm de diamètre (15); | ||
1968 | : | inventaire des forêts de la région de Yaou (près d'Abidjan) 51 000 ha: comptage de toutes les essences à partir de 10 cm de diamètre (19); | ||
1969 | : | inventaire “d'aménagement” d'un bloc de 2 500 ha en forêt d'Oumé: comptage de toutes les essences au-dessus de 20 cm de diamètre (21); | ||
1972 | : | inventaire forestier de la région de Soubré (450 000 ha): comptage de toutes les essences à partir de 20 cm (25); | ||
1973 | : | inventaire papetier de San Pedro (225 000 ha): comptage de toutes les essences à partir de 15 cm de diamètre (22) (26); | ||
1975 | : | inventaire papetier complémentaire dans le sud-ouest (106 675 ha): comptage de toutes les essences à partir de 15 cm (42); | ||
1975 | : | inventaire de la région nord-ouest: | 1 344 000 ha (37) | comptage de toutes les essences Æ> 40;90 essences au-dessus de 20 cm |
1976 | : | inventaire de la région centre-sud: | 1 366 000 ha (43) | |
1977 | : | inventaire de la région centre-est: | 1 224 000 ha (51) | |
1978 | : | inventaire de la région centre-ouest: | 895 000 ha (56) | |
1979 | : | inventaire de la région est: | 300 000 ha (uniquement les forêts classées) |
A ces inventaires importants s'ajoutent de nombreux autres portant sur des surfaces restreintes tels que ceux dont les resultats sont fournis dans les documents (23) et (32). Les forêts denses de Côte-d'Ivoire sont donc bien connues. Cependant, beaucoup d'inventaires réalisés à des fins essentiellement économiques ne fournissent pas d'estimation du volume brut total (sur écorce) des arbres au-dessus de 10 cm de diamètre (VOB). On a donc dû extrapoler à l'ensemble de la Côte-d'Ivoire des chiffres provenant d'inventaires géographiquement limités en extension. Ceci comporte un certain risque d'erreurs car on a pu constater des variations importantes selon les inventaires réalisés concernant ce volume VOB: 230 m3/ha dans la région de Yaou (sud-est); 255 m3/ha en moyenne dans le sud-ouest (DRC 1966); 280 à 370 m3/ha dans les secteurs du périmètre papetier de San Pédro; 310 m3/ha pour la forêt d'Oumé.
Il s'agissait dans tous les cas (sauf pour la région de Yaou) de forêts n'ayant encore jamais été exploitées. Celles-ci sont actuellement fort réduites (estimées à 200 000 ha, environ en grande majorité dans le sud-ouest). Le volume brut moyen retenu pour l'ensemble de ces forêts denses productives non exploitées (NHCf1uv) est de 270 m3/ha. Le volume brut sur pied des forêts déjà exploitées (NHCf1uc) a été pris égal à 230 m3/ha.
Volumes sur pied estimés à la fin de 1980
(totaux en millions de m3)
NHCf1uv | NHCf1uc | NHCf1m | NHCf2 | ||||||||||
VOB | VAC | VOB | VAC | VOB | AAC | VOB | |||||||
m3/ha | total | m3/ha | total | m3/ha | total | m3/ha | total | m3/ha | total | m3/ha | total | m3/ha | total |
270 | 54 | 25 | 5 | 230 | 712 | 15 | 46 | 230 | 0,23 | 0,2 | ε | 200 | 232 |
NHc/NHO1 | |||
VOB | VAC | ||
m3/ha | total | m3/ha | total |
30 | 54 | 2 | 3,6 |
Des précisions complémentaires sur les caractéristiques des peuplements peuvent être apportées (21) (26) (32) (34) (37) (42) (43) (51) (56):
le nombre d'arbres par hectare au-dessus de 10 cm de diamètre varie de 150 à 250 dont 16 à 25 de diamètre supérieur à 60 cm, les moyennes se situant à 200 arbres/hectare au-dessus de 10 cm et 19 arbres au-dessus de 60 cm;
deux types physionomiques des forêts ivoiriennes ont été mis en évidence par les récents inventaires:
des forêts ouvertes, caractérisées par la présence de gros arbres laissant entre eux des trouées occupées par des fourrés et des lianes, les étages inférieurs étant peu fournis en effectif (arbres de 10 à 60 cm). La surface terrière y varie de 16 à 20 m2 selon les zones et le degré d'ouverture du couvert. Ces forêts sont soit des forêts semi-décidues, soit des forêts marquées par le passage de l'exploitation;
des forêts fermées caractérisées par une densité plus grande d'arbres à l'hectare, un sous-bois beaucoup plus clair et propre, une plus grande rareté des très gros arbres (diamètre> 120 cm). La surface terrière y varie de 22 à 27 m2. Ces forêts sont plus caractéristiques des zones sempervirentes ou des forêts situées en haut de pente;
les variations n'existent pas seulement selon le degré d'ouverture du couvert mais également selon le type de sol. Les forêts sur sol marécageux qui représentent de 5 à 10% des superficies forestières selon les zones ont une densité en jeunes tiges du même ordre de grandeur que celle des forêts fermées mais la surface terrière y est nettement moins importante compte-tenu de l'absence de très gros arbres. Le cas des peuplements de Gilbertiodendron bilineatum doit être mis à part, car leur surface terrière peut dépasser 28 m2/ha;
le volume brut moyen des arbres de diamètre supérieur à 55 cm est sensiblement égal à celui des arbres de diamètre 10 à 55 cm, soit une moyenne de 115 m3/ha pour les forêts ayant déjà été exploitées et 135 m3/ha pour les forêts “intactes”;
les volumes extraits des forêts ivoiriennes par l'exploitation sont considérables: une vingtaine de millions de m3 commercialisés avant 1966 et une cinquantaine de millions de m3 commercialisés de 1966 à 1980, soit 70 millions de m3 correspondant à environ 150 millions de m3 de bois sur écorce des forêts. On peut affirmer que la quasi-totalité des forêts exploitées avant 1966 ont disparu aujourd'hui. La situation des forêts exploitées de 1966 à 1980 mérite d'être analysée plus en détail. Si on prend comme hypothèse que tout le bois exploité provient de zones qui ont ensuite été défrichées - hypothèse que bien que vérifiée dans beaucoup de cas - les défrichements suivant l'exploitation - n'est pas générale -, on s'aperçoit que la totalité des forêts actuelles ne devraient pas avoir encore été touchées par l'exploitation car le volume théoriquement commercialisable des espèces ayant été exploitées dans les forêts ultérieurement défrichées dépasse de beaucoup le volume total extrait des forêts. Ceci est contredit par la réalité: la quasi-totalité des forêts ivoiriennes ont été parcourues par l'exploitation. Mais cette exploitation a été d'intensité fort variable selon les endroits et les volumes estimés par les inventaires régionaux réalisés par la Sodefor de 1975 à 1979 le montre clairement (variations de 1 à 5 suivant les secteurs de surface moyenne de 40 000 ha en ce qui concerne le volume des 50 essences principales);
on considère donc actuellement que dans les forêts déjà exploitées, il subsiste en moyenne 50 m3 brut sur pied exploitables représentant 30 m3 commercialisables en essences diverses. Dans l'état actuel du marché des bois, on doit limiter à 15 m3/ha le volume actuellement commercialisable (VAC) de ces forêts tandis que celui des forêts intactes peut être estimé à 25 m3/ha comme indiqué dans le tableau;
la composition en essences de ce volume est fort difficile à apprécier. Le volume de “bois rouge” (sipo, sapelli, makoré, dibétou, kosipo, acajou, tiama, niangon) ne représente plus que 0 à 5 m3/ha, le sipo étant en voie d'épuisement ainsi que le makoré et le dibétou. L'essentiel des gros arbres est constitué d'arbres propres au déroulage (ako, ilomba, fromager, etc…) auxquels il faut adjoindre le samba qui, bien que très exploité et surtout très atteint par les défrichements, reste l'essence la plus abondante en Côte-d'Ivoire.
1.2 Plantations
1.2.1 Introduction
(a) Les reboisements anciens (2) (7) (18) (39) (50) (53) (65)
Les travaux de reforestation remontent à une époque déjà lointaine. Il semble, en effet, que ce soit en 1926 que furent entrepris les premiers reboisements d'Etat. Par ailleurs, des sociétés ou des particuliers réalisèrent aussi, il y a longtemps déjà, quelques plantations de kapokier, teck, gmelina et acajou.
- Zones nord et centre (savane et forêt semi-décidue) 1
Les reboisements débutèrent en 1929 dans la région de Bouaké. Ils furent exécutés le plus souvent en association avec des cultures vivrières suivant la méthode taungya, sauf pour les 950 ha de Matiemba et les 2 516 ha des périmètres de Korhogo réalisés avec des moyens mécaniques. Ils eurent lieu dans des forêts classées le plus souvent, mais aussi dans des périmètres de reboisement, et aussi en milieu villageois. Les espèces les plus employées furent: teck, Cassia, Gmelina, neem (Azadirachta indica), anacardier. Quelques essais portèrent aussi sur Anogeissus, des eucalyptus et des pins. Les réalisations dont on trouve mention furent les suivantes:
- | 1929 – 1959 | : | 5 625 ha | “divers”, | |
- | 1960 – 1962 | : | 555 ha | “reboisements coopératifs”, | |
- | 1961 – 1962 | : | 1 329 ha | “peuplements forestiers artificiels en savane”, | |
- | 1963 – 1966 | : | 10 137 ha | “reboisements en savane”, | |
- | 1964 | : | 770 ha | “opération sol/forêt”, | |
- | 1965 – 1969 | : | 2 516 ha | “développement Bandama” et zone pilote Korhogo. |
Sur ce total, environ 4 500 ha ont été plantés en milieu villageois (dont 3 000 ha d'anacardier) et 15 400 ha en forêts classées et périmètres de reboisement comprenant pour ces derniers: 8 500 ha de teck, 2 350 ha d'anacardier, 1 750 ha de Gmelina, et 800 ha de divers (neem, Cassia et mere (Parkia biglobosa)).
Depuis 1970, les reboisements dans les zones nord et centre ont pratiquement cessé. Actuellement (fin 1980) beaucoup d'anciens reboisements villageois ont disparu. Ceux qui restent sont utilisés pour les besoins domestiques locaux. Les reboisements en forêt classée présentent des résultats très inégaux selon la qualité du sol, les entretiens et la surveillance dont ils bénéficièrent. En 1970, fut créée la Division de gestion des plantations forestières de la Sodefor qui entreprit l'inventaire puis la gestion des principaux périmètres de reboisement. Il ne faut prendre en compte à l'heure actuelle que ces superficies gérées par la Sodefor à savoir (49) (57):
Forêt | Sous-Préíecture | Surface traitée (ha) | Superficie portant effectivement des reboisements (ha) | Essence | ||
Bamoro | Bouaké | 2280 | 1 875 | Teck | ||
Gmelina | ||||||
Cassia | ||||||
Kokondekro | Bouaké | 1672 | 900 | Teck | ||
Gmelina | ||||||
Cassia | ||||||
Bennafoko | Bouaké | 975 | 525 | Teck, Cassia | ||
Raviart | Didiévi | 750 | 450 | Teck | ||
Kanougou | Didiévi | 725 | 375 | Teck | ||
Maliemba | Sakassou | 2000 | 1100 | Teck | ||
Sanvan | Dimbokro | 975 | 250 | Teck | ||
Ahua | Dimbokro | 1000 | 550 | Samba | ||
Tos | Bouaflé | 500 | 300 | Teck | ||
Betefia | Yamoussokro | 125 | 100 | Teck | ||
Sous-total région centre | 11002 | 6425 | ||||
Kouin | Facobly | 1350 | 750 | Teck | ||
Framiré | ||||||
Flansobly | Facobly | 350 | 200 | Teck | ||
Sangouiné | Man | 1300 | 475 | Teck | ||
Sous-total région ouest | 3000 | 1425 | ||||
Foumbou | Dikodougou | 500 | 300 | Teck | ||
Korogho | Korogho | 1525 | - | - | ||
Périmètre reboisement “allemand” | Korogho-Napié | 2516 | 2000 | Anacardier | ||
Teck | ||||||
Cassia | ||||||
Sous-total région nord | 4541 | 2300 | ||||
Total | 18543 | 10150 |
Sur un total de 10 150 ha de plantations existantes à l'heure actuelle 7 850 ha se trouvent en zone guinéenne (préforestière et semi-décidue) et 2 816 ha en zone soudano-guinéenne. Parmi ces plantations, les teckeraies aménagées représent ent les surfaces suivantes:
Année de plantation | Surfaces (ha) | Année de plantation | Surfaces (ha) |
avant 1941 | 10 | 1954–1955 | 185 |
1941–1945 | 94 | 1956–1957 | 266 |
1947–1949 | 212 | 1958–1959 | 165 |
1950–1951 | 302 | 1960–1962 | 619 |
1952–1953 | 202 | 1963–1966 | 2072 |
Total: 4127 |
Ne sont pas comprises dans ce total:
les teckeraies du reboisement de Korogho-Napié dont les 1 342 ha inventoriés en 1969 puis 1971 ont montré que 1 000 ha étaient réussis (dont 100 ha seulement étaient aptes à fournir du bois d'oeuvre, le reste ne pouvant être utilisé que pour le bois de feu);
les teckeraies de Dikodougou: 300 ha;
les teckeraies non aménageables pour le bois d'oeuvre parce que de productivité insuffisante: 1 500 ha environ.
On a donc pour le teck le récapitulatif suivant:
● | teck de bois d'oeuvre | : | 4 126 ha |
● | teck pour bois de service et bois de feu | : | 2 800 ha 2 800 ha |
Total | : | 6 926 ha |
Les surfaces de plantations d'autres essences dans les forêts classées sont approximativement les suivantes:
● | anacardier | : | 1 700 ha |
● | Cassia | : | 300 ha |
● | Gmelina | : | 1 200 ha |
Total | : | 3 200 ha |
Ces reboisements datent pour la plupart de la période 1960–1966. Environ la moitié des plantations de Gmelina peut être considérée comme producteur de bois d'oeuvre, soit 600 ha. Le reste et les plantations de Cassia doivent être considérés comme producteur de bois de feu.
Enfin, malgré les grandes destructions opérées en particulier par le passage des feux, on peut considérer qu'il reste environ 2 000 ha d'anacardiers existant en milieu villageois.
Les teckeraies aménagées ont été classées en deux séries. La première série est constituée par les peuplements ayant un accroissement moyen supérieur à 10 m3/ha/an. Ces peuplements sont situés essentiellement à Matiemba, Bamoro et Kokondekro (3 000 ha). Les éclaircies ont lieu en principe à 4, 10 et 17 ans (18) (49).
- Zone sud
Les premiers reboisements eurent lieu en 1926 dans la forêt de Banco puis s'étendirent aux régions d'Abidjan, Grand Bassam, Sassandra et Agboville. On procéda tout d'abord à des plantations serrées sous forêt: 1 000 à 2 500 plants/ha étaient mis en place dans des parcelles dont seul le sous-bois avait été préalablement abattu, les arbres étaient ensuite annelés: seuls 200 ha de niangon furent réussis en 1930 et 1931. On réalisa ensuite des plantations sur des layons ouverts en forêt. De 1932 à 1934, 800 ha furent plantés avec des layons distants de 10 m, avec un taux de réussite assez bon. Puis de 1935 à 1946, l'écartement des layons fut porté à 25 m sur une superficie totale de 12 000 ha. Les résultats furent très médiocres, faute d'intervention suffisante sur le couvert forestier des interbandes. A partir de 1947, on fit appel à une méthode d'amélioration naturelle en délianant des parcelles choisies pour leur richesse en essences de valeur de petite taille, en empoisonnant les arbres concurrents et en effectuant des plantations complémentaires sur les limites de parcelle. Cette action fut un échec, faute d'intervention suffisante dans le couvert forestier. Cette méthode fut abandonnée en 1960. En 1961 et 1962, on effectua des plantations moyennement serrées sous forêt éclaircie ou abattue sur 300 ha seulement, mais avec de bons résultats. 30 000 ha avaient ainsi été traités (Agboville 13 000, Abidjan 11 000, Aboisso 3 000, Lahou 1 000 et Sassandra 1 000). Peu de choses en reste. Beaucoup de parcelles se sont refermées et les plants ont été étouffés. Beaucoup de forêts ont été déclassées et (ou) défrichées. On peut estimer en conclusion que ce qui reste de ces plantations aciennes en zone sud est bien limité en superficie (quelques dizaines d'hectares) et correspond à des parcelles actuellement conservées pour la recherche. On ne peut donc en tenir compte dans les statistiques de plantations.
1 Ces reboisements sont souvent à tort appelés reboisements “ en savane”.